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Société

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Le point culture

Le point culture

Comme Ulysse, le voyage de Fréderick Cadet fut long et mouvementé. Et il l’est encore aujourd’hui. Mais comme Ulysse aussi, ce voyage est semé de péripéties et d’évènements heureux. Un voyage, une histoire contre la fast-fashion, comme une Odyssée.

TEXTE > LAURIE FERRÈRE PHOTOS > STUDIO ODYSSÉE

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UNE ODYSSÉE

CONTRE LA FASTFASHION

Après des études d’infographie, spécialiste en animation 3D à Montpellier, Frédérick Cadet revient en son île natale. C’est un jeune trentenaire à l’âme d’artiste, il créé sous différentes formes : musique, dessin, écriture, etc. “C’est en travaillant à la création d’un projet personnel musical et en voulant faire du merch que je m’intéresse à l’industrie textile”, explique le créateur. Un heureux hasard, diront certains. D’autres l’appellent la sérendipité.

Raconter l’histoire, autrement

Mais derrière les strass et les paillettes du monde de la mode, c’est le choc. Frédérick Cadet est ébranlé par ce qu’il découvre, l’ampleur des dérives de ce secteur : la fast-fashion. Ainsi, en Europe, un vêtement n’est porté que sept fois avant d’être délaissé. Sept fois. Au Ghana, pays d’Afrique de l’Ouest près de 15 millions de vêtements sont envoyés chaque semaine, qui proviennent tous des bornes de recyclage et de dons de textile d’Occident. Si le but de cet exutoire est de recycler la matière, la mauvaise qualité de plus en plus courante des pièces oblige à en faire des déchets, intraitables, invendables. Face à cette réalité dont beaucoup se gardent bien de détourner les yeux, Frédérick Cadet décide de créer une marque de vêtement, bio et équitable : “Odyssée”. Il part de rien – il façonne tout, le logo, le concept, les pièces, réalise le travail de sourcing et de recherche des prestataires en local. “C’est l’une des notions qui m’est le plus chère, le local” insiste Frédérick Cadet.

Une logique qui fait sens

Hélas, tout ne peut pas être fait à La Réunion, par manque de structure d’une filière mode sur l’île. Faire appel à l’extérieur exige d’autant plus un regard attentif aux matières premières. Chez Odyssée, la majeure partie de la fibre de coton vient du Portugal et d’Inde, le lin de Métropole, le tout ensuite tissé, filé et teint aux normes tricolores, à Longes, et certifié GOTS (textile biologique). Une chemise devient alors une matière écoresponsable et durable, plus chère à l’achat certes, mais d’une qualité exceptionnelle, au porté différent, au prix juste qui rémunère et permet à tous les artisans intervenus sur la chaine de production de (bien) vivre de leur travail. Chaque collection raconte une histoire, comme la chemise “Ti Pêcheur” qui rend hommage aux quartiers des pêcheurs de Terre Sainte. L’inspiration, Frédérick la puise autour de lui dans les textures, les lumières et les motifs qu’il voit. Pour le modélisme, dessins, prototypage et confection, c’est l’atelier Mode and Déco, des Makes qui donne son coup pédale. Avec Odyssée, la mode est durable, unisexe, juste et équitable ; et s’appuie sur le business model de la lenteur, qui fait sens.

Sérendipité : n.f (anglicisme).

Frédérick Cadet en donne une très belle définition dans son chemin de vie : “L’imprévu et les erreurs ont fait ma formation. Ne pas savoir quoi faire et tenter quelque chose et arriver à un résultat auquel on ne s’attendait pas”.

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