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Dans l’air du Temps

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Portrait

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© PHOTOS D.R.

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FÉMINISTE,“LE GROS MOT” LA BELLE INITIATIVE TEXTE > JOSÉPHINE TERREISSA ILLUSTRATION > SERGE ZACORE

“Féministe”. Le mot ne cesse d’être brandi dans les débats publics et parfois avec une certaine connotation. Mais ce terme pluriel, apparu dès 1872 (merci Olympe de Gouges) englobe bien plus de causes et de combats que ceux qu’on ne lui prête aujourd’hui. Et désormais, il a même un festival à La Réunion.

terme féministe, montrer que ce n’est pas forcément vouloir faire sans les hommes, mais bien avec eux, “parce qu’on a tou. te.s à y gagner” insiste la militante. Pour cela, le festival s’est donné comme mission de parler de tout, sans tabou, mais dans “une ambiance familiale et culturelle”.

À BON ENTENDEUR

Le festival La Houle est encore à la recherche de fi nancement, en quête active de sponsors et de partenaires afi n de permettre la (bonne) tenue de cet événement. La Houle”. Comme quelque chose qui déferle, inéluctable, incessant, violent. La Houle, comme le féminisme, ce mot que l’on trimbale de siècle en gouvernement, de combat en déraison. La Houle, c’est justement le nom choisi par les associations “Komela Média” et “Au bout du Rêve”, qui portent le projet du premier festival “féministe” de La Réunion, ou plutôt “de la femme”, comme le précise Sandrine Luminet, qui fait partie de l’équipe. La Houle part donc de l’idée folle d’un groupe de copines : “créer un festival de la femme, pour tout le monde”. L’objectif étant de rassembler les Réunionnais.e.s à l’occasion d’un moment festif autour de la femme, de dédramatiser le

Invitation à s’interroger

Au programme, plusieurs pôles (militant, culturel, santé, entrepreneuriat, sport, et “piment”), ponctués de conférences, d’animations, de performances, le tout saupoudré de musique et d’événements. Étant ouvert à tous les publics, chacun.e est libre de venir d’assister et de partager, selon ses envies et ses centres d’intérêt. Il y a à la fois, du militantisme, du partage, de la célébration et de l’information. Les femmes représentent la moitié de la population à La Réunion. Cette moitié de la population a de l’ambition et sait faire preuve d’audace. Le féminisme péi a un goût plutôt épicé. Avec pudeur, ce festival dévoile les dessous de l’histoire et de l’actualité locale autour du féminin. Une vitrine du potentiel féminin, visant une éducation à l’égalité. La Houle vous porte et vous transporte ainsi dans une réfl exion du féminisme sur l’île.

CHIFFRES

La Réunion est la seule île au monde à recenser deux espèces endémiques de pétrels : le Pétrel de Barau compte entre 14 à 20.000 couples et le Pétrel (Noir) de Bourbon avec seulement 120 à 180 couples. L’île répertorie également le puffin Tropical ainsi que l’espèce dite du Pacifique.

BÉBÊTE LA NUIT

A La Réunion, le Pétrel Noir de Bourbon a longtemps effrayé les habitants de Grand-Bassin à cause de son cri strident qui résonnait dans les falaises de la Montagne. Ce bruit a même donné naissance à une créature imaginaire : le Timize.

L’ENVOL DU PÉTREL

PAR UNE NUIT SANS LUMIÈRE

Personne ne les voit et pourtant ils sont connus de tous. Eux ce sont les pétrels, de Bourbon, de Barau, Tempête et autres Puffin nicheurs ; ces oiseaux pélagiques qui volent de nuit, pour certains endémiques de La Réunion, sont en voie de disparition. Souvent considérés comme des oiseaux de mauvais augure (lire encadré), ils sont de véritables navigateurs, “des mini-albatros”, capables de voler pendant des milliers de kilomètres sans se fatiguer.

Une chaîne de solidarité

Tous les ans, leur migration les mène sur les hauts sommets de l’île de La Réunion – comme le Grand Bénard ou le Piton des Neiges, pour y faire leur nid dans des cavités naturelles. Un seul œuf y est déposé, délicatement, sur la roche nue, pour une incubation qui dure un peu plus d’un mois, sous le regard des deux parents. “Cette période se situe en avril, avec des premiers envols dès la première semaine et un pic vers la quinzaine” explique François-Xavier Couzi, directeur de la SEOR (Société d’Études Ornithologiques de La Réunion). Ils restent en mer plus de trois ans avant de revenir dans l’île, sur la falaise où ils sont nés, pour s’accoupler. C’est grâce aux reflets de la lune sur l’océan que les pétrels parviennent à s’orienter vers le large. Mais la pollution lumineuse des villes les trompe et les fait s’échouer. “Beaucoup de ces juvéniles s’écrasent pour ne plus repartir. Une fois à terre, ils sont incapables de redécoller” déplore le directeur de la SEOR. C’est pour cela que depuis plus de dix ans, une chaîne de solidarité s’est mise en place – bénévoles de l’association, agents du Parc National et riverains s’organisent pour récupérer, soigner et relâcher les oiseaux.

Un dispositif utile

Éteindre la lumière pour préserver la biodiversité, c’est le principe édicté par la SEOR en collaboration avec le Parc National et des acteurs privés dont EDF. L’opération consiste à obtenir des collectivités ou des entreprises l’extinction des éclairages extérieurs les plus puissants durant tout le mois d’avril. Alors que “Les Nuits Sans Lumière” ne duraient que trois jours sur tout autant de communes en 2009 à son lancement, en 2022, ce sont dix-sept des trente-deux villes de l’île qui y ont pris part tout le mois d’avril. Et cela fonctionne. Cette année, seuls 630 Pétrels de Barau se sont échoués ; 553 ont pu reprendre leur envol et 77 sont morts. Un bilan plus positif qu’en 2021, indique la SEOR., puisque 1.541 oiseaux s’étaient retrouvés au sol, avec un même taux de mortalité. Outre les éclairages publics, une lune noire ou la météo jouent un rôle dans ce phénomène d’échouage des oiseaux, les nuages amplifiant la pollution lumineuse. “Le fénoir”. La nuit à La Réunion apporte avec elle son lot de superstitions et d’histoires. Mais c’est aussi un moment propice pour certains animaux, comme les Pétrels de Barau juvéniles, de s’envoler pour la première fois depuis les sommets de l’île. Pour leur sécurité, il existe un dispositif “sans lumière” mis en place par la SEOR il y a plus de dix ans. Explications.

TEXTE > JULES BERCANTO PHOTOS > JULES BERCANTO ET DR

EDF ET LA LUMIÈRE

Depuis le début de l’opération “Nuits Sans Lumière” EDF est l’un des partenaires forts aux cotés de la SEOR et du Parc National. En effet, même si cela peut paraître paradoxal, le fournisseur d’électricité lutte contre la pollution lumineuse, dans un objectif de sobriété énergétique. Ainsi, la SEOR et EDF accompagnent les entreprises qui souhaitent réduire leur impact dans le remplacement de leur enseigne lumineuse. “Il n’y a pas que l’extinction ou le noir complet qui fonctionne, mais aussi le changement de systèmes vieillissants et polluants par un système LED par exemple, largement suffisant” souligne François-Xavier Couzi. On préfèrera aux blancs, les jaunes, avec des lumières de 2.700 kelvins maximum. Parfois c’est encore plus simple : il suffit de réorienter le faisceau lumineux en direction du sol.

) PARC NATIONAL DE LA REUNION ( © PHOTO STEPHANE MICHEL © PHOTO MARTIN RIETHMULLER

LES BIENFAITS DU FÉNOIR POUR LA SANTÉ

Selon les spécialistes, plusieurs troubles observés chez l’être humain seraient causés par une exposition excessive aux éclairages : troubles du sommeil et de la concentration, agressivité, diminution des performances… L’excès de lumière artificielle est néfaste et la nuit noire est essentielle au maintien de notre rythme naturel.

Pour réduire la facture d’électricité En adaptant les éclairages publics et privés, il est possible de faire des économies de 25 à 50 % sur la facture énergétique globale. Certaines communes de l’île ont d’ailleurs déjà passé le cap en éteignant leurs lampadaires, généralement entre 22 h et 4 h du matin, et ce 365 jours par an.

Pour faire vivre la culture créole Dans les années 80, le poète réunionnais Alain Lorraine parle de “culture du fénoir”, désignant ces arts et traditions qui se pratiquent la nuit comme le rakontaz zistoir (les contes), le maloya, le moringue et certains rituels. Avec la modernisation du territoire (électricité, lumière, télévision, routes…), la culture locale a laissé place aux nouveaux divertissements et loisirs. En éteignant, c’est donc faire revivre la culture créole.

LA FORÊT

DES POSSIBLES

À les voir crapahuter dans la forêt de la Crête, dans les hauts de Saint-Joseph, en contre-bas du Piton de la Fournaise, à dormir deux, parfois trois jours durant dans une case en tôle rudimentaire, où baigne la douce odeur du feu de bois – celui qui réchauffe et nourrit, on pourrait croire que Nicolas et Grégory mènent une vie d’ascètes. Pourtant, malgré ce côté “rustique”, c’est une vie bienfaisante et choisie par les deux hommes.

TEXTE > LAURIE FERRÈRE PHOTOS > BASTIEN DOUDAINE

Grégory était menuisier et Nicolas travaillait dans le commerce international. En quête de sens et d’un retour à la nature, tous les deux se rencontrent sur les bancs du CFPA – Centre de Formation pour Adultes. L’un a des ambitions de maraîchage, quand l’autre affectionne davantage le côté “public” et les plantes médicinales. Après leur formation, ils ont l’opportunité d’acquérir et d’exploiter un terrain en lisière du Parc National. Quelques hectares en friche, abandonnés depuis plus de cinquante ans, où jadis on cultivait du géranium. Depuis, les espèces invasives de type longoses, goyaviers et vignes marrones ont pris possession des lieux. Il leur faudra plus d’un an pour nettoyer l’espace et commencer la mise en culture. Pendant ce laps de temps, Grégory Alleyron-Biron et Nicolas Choisis se forment auprès de Jean-Daniel Turpin à la reconnaissance et l’exploitation des plantes médicinales et endémiques de La Réunion. En 2018, alors que la zone est dite naturelle et ECB – Espace Boisé Classé, donc non exploitable, les deux jeunes agriculteurs parviennent à trouver un accord avec le Parc National. “L’agriculture en milieu forestier est un atout, puisque l’on permet de lutter contre les espèces invasives” explique Nicolas Choisis. De là, naît tout un projet : la commercialisation de huit plantes médicinales, sous la marque “Tisane du Volcan”.

Grégory

Nicolas

Produire différemment

Mais aussi d’une agroforesterie dans son ensemble, avec sur une même exploitation des plantes endémiques, aromatiques, maraîchères et fruitières, ainsi que des ruches. Lorsqu’ils travaillent sur le terrain, c’est toute une liste de tâches à effectuer : les abeilles, la cueillette, le désherbage, la récolte ou encore la plantation, etc. Nicolas et Grégory ont ainsi réussi à créer un écosystème vivant autour de la ferme. Ils montrent par-là également, leur volonté d’être des acteurs différenciant dans les processus de production et ainsi devenir une référence dans la protection des zones sensibles des hauts, et pourvoyeurs d’emplois. Les principes de l’agroforesterie montrent qu’il est possible de produire en respectant les lieux et l’environnement, régénérer des espaces en faisant sens. Demain Grégory et Nicolas espèrent développer la partie pédagogie active de leur projet, faire (re)découvrir au public le patrimoine naturel de La Réunion, et se projeter dans l’agroécologie : travailler des zones en friche pour créer des plantations.

LA TISANE DU VOLCAN

Les huit plantes endémiques et médicinales des “Tisane du Volcan” sont à retrouver en pharmacies et magasins spécialisés : fleur jaune, ambaville, change écorce, bois maigre, joli cœur, bois d’olive, bois d’hosto et café marron. Issue de l’agriculture biologique, la plantation de Nicolas et Grégory est également estampillée de la marque “Esprit Parc”.

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