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Société
from BuzBuz #46
by BuzBuz
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La fi erté un objectif ; le moyen d’y arriver La visibilité Parce que la communauté LGBTQIA+ de La Réunion n’en est qu’au début de son histoire, qu’elle a aujourd’hui, et plus que jamais, besoin de soutien, de relai et de visibilité, la Marche des Visibilités et l’association Requeer ont toutes les raisons d’exister.
TEXTE > LAURIE FERRÈRE PHOTOS > GUILLAUME HAURICE
En mai dernier, plus d’un millier de personnes ont bravé la pluie et le vent qui fouettaient l’asphalte de Saint-Denis pour défi ler lors de la seconde édition de la Marche des Visibilités de La Réunion. Ne dites pas “Gay Pride” ou “Marche des Fiertés”. Le choix des mots est important pour Brandon Gercara et Samuel Perche-Jeannet de l’association Requeer, initiateurs de l’événement.
Des particularités propres à l’île
La visibilité, c’est ce qui est perceptible, sensible, à l’œil, par les autres, ce qui est vu et su. C’est démontrer l’existence de quelque chose, de quelqu’un. C’est aussi cesser de nier. “Par le terme visibilité, on souhaite insister sur le côté militant et se dissocier également de la marche de Paris, festive, capitaliste et fi ère” souligne Samuel Perche-Jeannet. Pour iel et lui, il est compliqué d’être fi er.e, lorsqu’on est inapparent, discriminé. “La Marche des Visibilités possède une forme politique, et on ne peut pas être fi er
Brandon Gercara et Samuel Perche-Jeannet de l’association Requeer.
tellement c’est encore compliqué” reprend Brandon Gercara. Il en veut pour cause le poids des “on dit”, le regard et le jugement de la famille, les questions religieuses, la situation post-coloniale – autant de caractéristiques propres à l’île qui font qu’ici le combat reste encore à mener, quand ailleurs (peut-être) est-il déjà gagné. Autant de particularités à prendre en compte lorsque l’on parle de la communauté LGBTQIA+ de La Réunion.
Un mois d’événements
Pour l’association Requeer et tous les autres qui se battent pour les droits et la visibilité des diversités, tant qu’il y aura encore des jeunes (et moins jeunes) exlu.e.s en raison de leur identité de genre et orientation amoureuse, il faudra s’engager. “De la même façon qu’il faut lutter contre les inégalités et les discriminations de manière générale – peu importe sur quoi elles portent” estime Samuel Perche. Le but étant d’avoir des individus dans leur plénitude, chaque personne singulière trouvant sa place et s’incluant dans la société. “La fi erté c’est l’objectif, la visibilité le moyen d’y arriver” tranche Samuel Perche-Jeannet. Après une première édition à succès, la Marche des Visibilités est donc venue réaffi rmer sa voix, en 2022 avec deux déambulations, l’une à Saint-Denis et l’autre à Saint-Pierre, ainsi que tout un mois d’évènements : projections de fi lms sur le voguing ou de documentaires sur l’exil de personnes LGBTQIA+, Kiki Ball, groupes de parole sur le “Chemsex” ou encore sur la parentalité, expositions, villages associatifs, ateliers d’écriture, after au Kabardock etc.
“Kwir Nou Exist”
Par peur du rejet ou de la violence, aujourd’hui encore à La Réunion, il est diffi cile pour certain.e.s d’assumer leur orientation sexuelle ou leur identité de genre. Ces évènements sont là pour leur prouver qu’iels ne sont pas seul.e.s, que d’autres vivent ces mêmes émotions, doutes et envies et “qu’il existe une communauté identifi able”. D’où le choix du slogan : “Kwir Nou Exist”. “C’est une façon de montrer qu’on est là, qu’on existe, nombreux.ses, partout”, sourit Brandon Gercara ; à la fois différents et communs. Pour cette seconde édition, le succès n’est, encore une fois, pas à démontrer. D’autant que l’association Requeer a réussi à faire valoir la créolité de ces questions et à créer une réelle territorialité autour de ses différents évènements ouverts à tous. tes, qui ont permis à la population de participer, selon ses centres d’intérêt, et de prendre la parole. Être visible pour faire évoluer les mentalités, parce que vivre caché pour vivre heureux n’est pas une réalité.