巴黎国立高等装饰艺术学院毕业作品2010

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Catalogue des dipl么m茅s 2010

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Catalogue des diplômés 2010 École nationale supérieure des Arts Décoratifs



Préface

Surprenants, innovants, ces Grands Projets (projets de diplôme) illustrent la diversité et la richesse des créations de la promotion 2010 de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs. Ils ouvrent aussi la nouvelle collection que lance l’École qui, chaque année, publiera le cata­ logue des projets de ses étudiants diplômés. Cohabitation de l’écrit et de l’écran, transformation d’entrepôts en lieu de culture, observation de la nature à la loupe, recherche de pointe sur le son à l’usage de jeunes handicapés, objets destinés aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer… et aussi espaces irréels, senti­ ments exacerbés, violence contenue, ces projets de fin d’études manifestent une conscience de l’époque qui n’empêche pas une utopie joyeuse ou quelques clins d’œil moqueurs. Obtenu à l’issue de cinq années d’études, s’inscrivant dans le cadre de la réforme de l’ensei­ gnement supérieur européen (LMD), de niveau Master, le diplôme de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs comprend, avec le Grand Projet, un Mémoire réalisé lors de la quatrième année. L’intitulé du Mémoire figure au-dessus de la présentation du projet de chaque diplômé. Puisse cet ouvrage séduire par l’invention et la réflexion dont il est porteur tous ceux qui se passionnent pour les formes du futur. Geneviève Gallot, directrice de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs


Secteurs et jurys

I Architecture intérieure Ce secteur conduit à imaginer des espaces à vivre, nouveaux, au carrefour des arts plastiques, décoratifs et industriels. II Art espace Ce secteur forme des plasticiens aptes à intervenir dans les espaces de l’art, naturels ou urbains, publics ou privés. III Cinéma d’animation L’enseignement vise à développer une maîtrise de l’expression par l’image en mouvement, ayant pour objectif la créativité et l’innovation. IV Design graphique / multimédia L’apprentissage du graphisme couvre l’ensemble des outils de conception et de production liés au support papier et au multimédia. V Design objet Ce secteur intègre les différentes pratiques contemporaines du design : design industriel, design mobilier, design de services.

VI Design textile La formation suit une progression qui va de la connaissance des composantes du textile à son exploitation créative en intégrant les contraintes techniques, industrielles et économiques. VII Design vêtement La formation prépare à tous les types de production, de la série à la pièce unique, en passant par la prospective liée au vêtement, à la mode, aux accessoires. VIII Image imprimée Ce secteur a pour vocation la formation de concepteurs-créateurs d’images avec comme base le dessin. IX Photo / vidéo La formation dispensée a pour objectif la réalisation et la finalisation de projets photo et vidéo, tant dans le champ artistique que dans celui du documentaire ou de la communication. X Scénographie Art de la représentation, la scénographie requiert la mobilisation potentielle de toutes les formes expressives au service d’une tension dramaturgique entre un espace et une narration.


I – X

I 16 juin 2010 Charlotte Lardinois, architecte d’intérieur Michel Girard, architecte d’intérieur Bernard Michel, plasticien et scénographe II 17 et 18 juin 2010 Daria de Beauvais, curator au Palais de Tokyo Hugues Reip, artiste et enseignant Jean-François Courtilat, artiste et enseignant III 17 et 18 juin 2010 Joris Clerte, réalisateur et musicien Gilbert Dutertre, ingénieur chef de projet – INA / Contemporary Audiovisual Creation Olivier Catherin, producteur – Les 3 Ours IV 21 et 22 juin 2010 Franck Houndegla, scénographe, designer et enseignant Jordi Cano, graphiste et enseignant – Eumografic, université de Barcelone, Espagne Odile Khoury, graphiste et responsable du département graphisme – université Usek, Liban V 17 et 18 juin 2010 Jean-François Serre, chef du bureau du design et de la création (DGCIS, Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services) Joseph Mazoyer, designer industriel (Design Office)

VI 17 juin 2010 Yannick Corbel, dirigeant de la société Synergies Paris SAS Valérie Pavard, designer Élie Top, designer – Lanvin VII 16 juin (défilé Palais-Royal) et 18 juin 2010 Cécile Daumas, journaliste mode – Libération Gilles Rosier, créateur Michel Mallard, directeur artistique VIII 23 et 24 juin 2010 Serge Bloch, dessinateur et directeur artistique Joëlle Jolivet, illustratrice Guillaume Dege, illustrateur et enseignant – Esad (École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg) IX 7, 8 et 9 juin 2010 Caroline Rose, photographe Philippe Ramette, artiste Hopi Lebel, auteur et réalisateur de documentaires sur l’art X 17 et 18 juin 2010 Muriel Delamotte, architecte scénographe Pascal Kirsch, metteur en scène Nicole Concordet, architecte


Diplomés 2010

A Karine Aboudarham   1 Samuel Aden   2 Anaïs Albar   3 Anne-Gaëlle Amiot   4, 90 Clara Apolit   5 B Chloé Bergerat   6 Clémentine Berry   7, 58 Mélissa Bertauld   8 Florian Bezu   9 Clément Bigot   10, 38, 75, 86 Anne-Florence Blondeau   11 Samuel Bonnet   12 Alice Bureau   13 C Jean-Baptiste Caron   14 Marie Champenois   15 Maïda Chandèze-Avakian   16 Julie Charpentier   17 Olivier Chiron   18 Pierrette Clain   19 Valentine Cloix   20 Charlotte Collin   21 Laure Cottin   22 Cindy Crambac   23 D Marilou Dadat   24 Julien Devaux   25 Lucas Di Napoli   26 Min Ding   27 Delphine Dubuisson   28 Camille Dumant   29, 45, 59 Timothy Durand   30

Projet, collaboration

E Mimosa Echard   31 Matthieu Escande   32 F Sylvie Faucher Damien Fauret Amandine Faynot   33 Alice Ferré   34 Annabelle Folliet   35 Amélie Fontaine   36 Pascaline Frégière   37 Nicolas Fuminier   10, 38, 75, 86 G Marion Gamba   39 Laure Giletti   40 Charlotte Gonzalez   41 Yacine Gouaref   42 Cédric Guillermo   43 H Lucas Hoffalt   44, 55 Michaël Horchman   29, 45, 59 Maud Hostache   46 Antony Huchette   47 J Sarah Jacquemot-Fiumani   48 Julien Jourdain de Muizon   49 Sophie Jousse   50 Fabienne Julien   51 K Hee-Chung Kim   52 Anna Kobylarz   53 Anja Kocovic   54


A – Z

L Samuel Lamidey   44, 55 Fanny Laplane   56 Léopold Lauga   57 Fanny Le Bras   7, 58 Elsa Le Calvez-Amsallem   29, 45, 59 Emmanuel Le Cerf   60 Ludovic Legrand   61 Leah Léonard   62 Maud Le Roy   63 Léopold Lescop de Moÿ   64 Mathilde Lesueur   65 Quentin Levasseur   66 Thomas L’Excellent   67 Ying Liu   68 Ana Lorenzana   69 Gaëlle Lukàcs   70 M Irène Marinari   71 Jonathan Martin   72 Tiffany Martin   73 Pauline Martinet   74, 101 Léa Mathé Anaëlle Moreau   10, 38, 75, 86 Alban Morinière   76 Pierrick Mouton   77 N Zaven Najjar   78 Léa Neuville   79 Chloé Nicolas   80 Élodie Nouiga   81 O Mathilde Ollitraut-Bernard   82 P Maya Palma   83 Ronan Pecher Marion Perrichet   84 Pia du Pont de Compiègne   85 Thomas Poulain   10, 38, 75, 86

R Camille Renot   87 Baptiste Rischmann   88 Vincent Robert   89 Charlotte Rosenzweig   4, 90 Barbara Ryckewaert   91 S Eva de Sainte-Lorette   92 Aamu Salo   93 Alexia Sangay   94 Maryline Santos   95 Elsa Simon   96 Ouidade Soussi Chiadmi   97 Karin Sunvisson   98 T Maxime Talan   99 Christophe Tallec   100 Zoé Texereau   74, 101 Hannah Thual   102 Anne-Sophie Turion   103 Lucile Tytgat   104 V Fanny Vandecandelaere   105 Lucie Van der Elst   106 Gala Vanson   107 Mathieu Ventayol   108 Julien Villeneuve W Geoffroy Wagon   109 Avi Wanono   110 Lucie Wullschleger   111 Z Laura Zimmermann   112



1 Karine Aboudarham Design objet Ensemble sur un banc Mémoire dirigé par Constance Rubini Collision continentale Au sein d’un musée scientifique, les visiteurs ont des intérêts communs mais ne partagent pas forcément les informations reçues et ne débattent pas non plus des problématiques abordées dans l’exposition. Comment un dispositif pédagogique peut-il permettre des échanges entre les visiteurs eux-mêmes ? Collision continentale est une machine à fabriquer des montagnes. Fondée sur la géologie, elle illustre la rencontre de deux plaques continentales convergentes, donnant naissance à un massif montagneux. La table de jeu peut accueillir de un à six joueurs. Collision continentale rassemble ainsi sans contraindre. L’intérêt du groupe pour le mouvement des plaques tectoniques permet l’émergence d’un but commun et, sans doute, un échange verbal favorisé par la forme conviviale de l’objet. En partenariat avec la Cité des sciences et de l’industrie de La Villette, travail inscrit au sein de l’exposition « Ma Terre Première. »


1 Karine Aboudarham Design objet

Collision continentale


2 Samuel Aden Design objet

Écouter autrement Flampoule et chaises


2 Samuel Aden Design objet Matière sonore Mémoire dirigé par Constance Rubini Écouter autrement Comment percevoir les sons de notre environnement à l’aide d’un autre sens que l’ouïe ? Peut-on percevoir des bruits, un paysage sonore, des paroles ou même de la musique en étant sourd ? Cette réflexion s’adresse de prime abord aux personnes atteintes de surdité ; en réalité, tout le monde pourrait expérimenter l’écoute corporelle, notamment les en­ fants, afin de découvrir la résonance de leur corps avec les sons et développer leur sensibi­ lité réceptive. La fonction première de ces dispositifs est l’écoute polysensorielle : perce­ voir, prendre conscience et observer son environnement sonore grâce à un changement de point de vue sensoriel. Deux approches ont été expérimentées. La première est une approche visuelle et l’autre, une approche tactile. D’un côté, un objet hybride questionnant la matérialisation du son par la lumière et, de l’autre, une assise de pratique instrumentale permettant de percevoir les vibrations des fréquences sonores. L’interface est le lien qui permet de transmettre à l’utilisateur des paramètres acoustiques tels que des pleins et des vides (le son et le silence), des hauteurs (sons graves et aigus), des timbres (couleur et matière du son) et, enfin, des intensités (crescendo, volume sonore). Ces paramètres constituent une série de variables qui permettent d’entendre le langage musical avec le corps. Ce projet de recherche s’inscrit dans un contexte pédagogique et didactique en partenariat avec l’Inshéa (Institut national supérieur de formation et de recherche pour l’éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés).

Mémoire et Grand Projet avec les félicitations du jury


3 Anaïs Albar Image imprimée La caravane des rêves Mémoire dirigé par René Lesné L’antichambre des rêves De la naissance à la mort, la chambre est le théâtre des relations que la nuit tisse entre réel et imaginaire. Réceptacle des plaisirs, elle abrite le secret des amants. Elle est le témoin, le refuge, l’enveloppe des corps amoureux. Nid tendre et complexe. La chambre est un tissu de secrets. Métaphore de l’intériorité, sa clôture protège l’intimité de ceux qu’elle abrite. Au centre de la chambre est le lit dont les draps indiscrets révèlent tant de choses. La chambre est dans l’histoire une retraite féminine, des générations de femmes qui se sont recueillies entre ces murs. Tricotant, brodant, lisant, elles ont inspiré mon travail. Le fil tisse le lien entre les femmes et la chambre, comme elles, incitatrices à la rêverie. Le fil du temps dis­ paraît ; à travers la broderie, je ralentis les événements, à contresens telle Pénélope. Destinée avant tout à un regard de femme, la broderie me permet de parler de sexualité féminine, de la subvertir, d’utiliser le cliché pour mieux exhiber. La femme devient toute-puissante, maîtresse de ses pulsions. J’ai cherché à utiliser le dessin et la gravure comme la broderie, en prenant le temps de me perdre dans les détails. Projet d’installation dans la « Rotonde », lieu d’exposition de l’École, et création d’un livre d’artiste autour du thème de la chambre, du secret et de la sexualité féminine. Les gravures et dessins présents dans l’installation sont rassemblés sous la forme d’un livre où tout commence par un conte, L’Aquarium érotique.

Grand Projet avec les félicitations du jury


3 Anaïs Albar Image imprimée

L’antichambre des rêves


4   90 Anne-Gaëlle Amiot Image imprimée

Administration / Administrés, 21 × 29,7cm, 500 pages, papiers Munken Print Cream 80 g / m2 et Bengali Recycled 80 g / m2 Antalis, typographies Trade Gothic (Jackson Burke, 1948) et Base (Zuzana Licko, 1995)


4   90 Anne-Gaëlle Amiot Image imprimée Badland Mémoire dirigé par Matthew Staunton Administration / Administrés Notre travail propose une immersion dans le monde de l’administration française. « Vous pouvez venir un matin, la queue c’est jusqu’au tramway. Là il n’y a personne car il n’y a plus de tickets, Mais normalement les gens viennent à 4 heures. Venez un matin et allez voir. Juste : regardez. Ne demandez à personne, mais regardez. »

Mémoire et Grand Projet avec les félicitations du jury


5 Clara Apolit Design textile L’origine mutante Mémoire dirigé par René Lesné Abysse Abysse évoque le monde des grandes profondeurs, peuplées d’étranges et mystérieuses créa­ tures. Ce microcosme énigmatique nous révèle un univers poétique, fragile et surprenant. Ces abîmes, considérés pendant très longtemps comme peu propices à la vie aquatique, recèleraient en fait une multitude d’espèces différentes dont beaucoup sont encore à découvrir et seraient, à ce titre, le plus important réservoir de la biodiversité sur terre. Bien que plongés dans les ténèbres, de nombreux organismes produisent leur propre éner­ gie : ainsi, la bioluminescence, très répandue dans les eaux où la lumière est insuffisante. Comme une signalétique sublimée, le phénomène permet à certaines espèces animales de communiquer avec leur environnement. Invisible, insoupçonnable, la lumière frappe et traverse l’organisme, révélant, comme par magie, la richesse de la matière, son état de surface. Ici encore, la science dépasse la fiction. Elle nous invite, entre obscurité et lumière, à une poétique des profondeurs.

Mémoire avec les félicitations du jury


5 Clara Apolit Design textile

Abysse


6 Chloé Bergerat Design graphique / multimédia

Solanum tuberosum (dit « patate »)


6 Chloé Bergerat Design graphique / multimédia Les icônes contemporaines Mémoire dirigé par Jean-Louis Pradel Solanum tuberosum (dit « patate ») La cuisine est omniprésente dans nos vies. Elle est question de savoir-faire, d’histoire, d’ingrédients, de plaisir. De l’essentiel au superflu, on la retrouve à travers le monde et à travers les âges. La cuisine est un sujet dont le graphisme a encore beaucoup de facettes à explorer. Ainsi mon projet Solanum tuberosum utilise-t-il la pomme de terre comme champ d’expérimentation. La pomme de terre n’est pas seulement frite, ragoût ou tartiflette. C’est aussi une forme vaguement définie, grossière mais reconnaissable entre toutes, une palette de couleurs, une culture, un remède à la famine. Elle est présente dans toutes les cuisines mais la connaissezvous vraiment ? Mon projet, en explorant la pomme de terre, tente de rassembler les connaissances qui gra­ vitent autour de la cuisine, et pas seulement les recettes. Je propose un dispositif où se côtoient savoirs techniques et théoriques pour aller au-delà de ce qui se trouve dans votre assiette. Bon appétit !

Mémoire avec les félicitations du jury


7   58 Clémentine Berry Design graphique / multimédia Le livre numérique Mémoire dirigé par Jean‑François Depelsenaire Contraintes Contraintes est un projet de revue envisagée comme un support d’expérimentation ouvert à tous les champs de la création. De l’architecture au design, de l’industrie cinémato­ graphique à l’art contemporain, du théâtre au jeu vidéo. La revue s’intéresse principalement aux contraintes, avec lesquelles tout créateur doit composer. Qu’elles soient matérielles, culturelles, temporelles ou financières, les contraintes rencontrées par l’artiste sont diver­ ses et bien réelles. Chaque numéro s’empare d’un type de contraintes, qui lui donne son thème. Il s’articule autour d’un corpus d’articles de fond, de focus et de pratiques artisti­ ques ouvrant un champ de recherches et d’investigations sur la contrainte dans la création. Le but est de libérer les points de vue, les regards et les singularités. La revue débute avec la publication de deux numéros autour de deux thèmes : les contraintes du temps et celles de la censure. Le premier numéro s’intéresse aux contraintes du temps dans la création contemporaine et observe dans quelle mesure celles-ci, au cœur du processus de création, peuvent devenir un moteur d’inventivité. Le second numéro traite des limitations arbitraires et doctrinales de la liberté d’expression et étudie dans quelles circonstances ces incidences peuvent devenir une source de recréation pour l’artiste. Contraintes n’est pas un dogme. La revue n’a aucune leçon à donner, seulement des problèmes à soulever, des situations à expérimenter. Ce projet de diplôme a été réalisé à trois : Fanny Le Bras (Image imprimée), Clémentine Berry (Design graphique / multimédia) et Romuald Roudier-Théron (Métiers des arts et de la culture, Paris I – La Sorbonne).

Grand Projet avec les félicitations du jury


7   58 Clémentine Berry Design graphique / multimédia

Contraintes « # 1, Le temps »


8 Mélissa Bertauld Photo / vidéo

Postures


8 Mélissa Bertauld Photo / vidéo Regards de femme Mémoire dirigé par Fabienne Vansteenkiste Postures Postures est une série de photographies réalisée avec des professeurs de yoga. Selon cet ensei­ gnement, la sculpture et l’architecture corporelle sont les outils qui structurent l’esprit. Les postures sont mises en scène dans des lieux extérieurs et en intérieur. Le mobilier est utilisé de façon détournée et sert de support à un corps architecturé. L’espace photo­graphié devient le reflet d’un état mental.


9 Florian Bezu Image imprimée La fabrique d’imaginaire Mémoire dirigé par René Lesné Happy Place « C’est assurément ne pas connaître le cœur humain que de penser qu’on ne peut le remuer par des fictions » (Voltaire, De la tragédie). Le titre Happy Place* est un clin d’œil au discours de Walt Disney prononcé lors de l’inau­ guration de Disneyland à Los Angeles en 1955. Happy Place trouve l’une de ses origines dans une réflexion abordée au cours de l’écriture de mon Mémoire, La fabrique d’imaginaire, dans lequel je me suis intéressé à la propagation de la fiction dans l’espace réel, notam­ment dans les jardins et les parcs d’attraction. De ces lieux clos, où l’architecture n’est plus qu’un décor thématique, un modèle réduit ou un jouet surdimensionné, est née l’idée d’élaborer un vocabulaire de formes, à la fois esquisses et vestiges, symboles d’un décor, pas encore créé et déjà disparu… Où commence le vrai, le faux ? Le réel, l’imaginaire ? La vacuité de ces frontières est au cœur de mes préoccupations. À travers l’installation, l’idée est de rendre compte d’un ailleurs, à la fois personnel et collectif. La céramique explore tour à tour l’aspect mélancolique du sou­ venir et l’imaginaire du modèle réduit. La gravure représente le goût des ruines et du « pit­ toresque ». Le dessin, effacé, ne laisse qu’une empreinte, marque de la disparition… Enfin, la photographie met en scène l’univers artificiel du divertissement et de la fête… Chaque ruban, chaque morceau de céramique, chaque motif graphique, chaque photo compose une invitation, un rappel de cet Happy Place originel, éclaté en fragments épars. *« To all who come to this happy place – welcome. Disneyland is your land. Here age relives fond memories of the past and here youth may savor the challenge and promise of the future. Disneyland is dedicated to the ideals, dreams and the hard facts that have created America… with the hope that it will be a source of joy and inspira­ tion to all the world » (Walter E. Disney, July 17th, 1955). « À tous ceux qui pénètrent dans cet endroit enchanté – bienvenue. Disneyland est votre pays. Ici les anciens revivent les souvenirs plaisants du passé et ici les jeunes peuvent goûter aux défis et aux promesses du futur. Disneyland est voué aux idéaux, aux rêves et aux événements indiscutables qui ont créé l’Amérique… avec l’espoir d’être une source de joie et d’inspiration pour le monde entier » (Walter E. Disney, 17 juillet 1955).

Mémoire avec les félicitations du jury


9 Florian Bezu Image imprimée

Happy Place « Underwater », eaux-fortes et aquatinte, 44 × 57,5 cm « Décor d’aquarium », eaux-fortes et aquatinte, 25 × 32,5 cm


10   38, 75, 86 Clément Bigot Cinéma d’animation

6 Octobre 1625, court métrage d’animation, 12 mn, 2D, dessin papier et colorisation informatique, couleur


10   38, 75, 86 Clément Bigot Cinéma d’animation La brèche Mémoire dirigé par Matthew Staunton 6 Octobre 1625 Pour notre film de fin d’études, nous avons choisi d’aborder la réalisation dans une démarche collective. Nous avions l’habitude de travailler ensemble et projetions de le faire à l’avenir, mais nous n’avions jamais réalisé de film en groupe. Cette expérience s’est déroulée en deux phases. La première a mêlé le débat d’idées, les concessions, la recherche, pour aboutir à la conception scénaristique et graphique du film. Dans un second temps, chacun a pu exprimer son savoir-faire au moment de la fabrication, occupant son poste de prédilection. Nous nous sommes réunis autour d’un projet de dessin animé traditionnel, reproduisant à notre échelle, de la façon la plus professionnelle possible, la méthode d’un studio d’animation. Nous voulions parler aux enfants, laisser une trace positive, joyeuse et colorée pour marquer la fin de nos études. Sur une île perdue au milieu d’un océan ensoleillé, s’ennuie une colonie de singes et de perroquets. Les animaux, cantonnés à leur habitat isolé, ont fini de jouir de leur situation pourtant paradisiaque. C’est l’arrivée d’une bande de pirates sur un fier galion qui va éveiller leur curiosité. Les intrus, venus là déterrer un trésor enfoui, vont célébrer leur course avide lors d’une festive et merveilleuse nuit. Ce n’est que le lendemain matin qu’ils découvriront, interdits, la disparition de leur vaisseau. Les animaux, laissant là le trésor et les brigands, ont pris le large à bord du navire et quittent enfin leur prison idyllique. Le format court et didactique de notre propos a immédiatement fait référence à la fable. Nous utilisons la symbolique animale pour planter notre histoire. Le passage d’un état fleg­ matique à celui de la réalisation d’un rêve qui paraît impossible – voler un bateau pirate – se fait de manière fantastique à travers une nuit magique. C’est lorsque tout est à portée de main que la situation nous condamne souvent à l’immobilisme le plus total. Nous dévelop­ pons le symptôme de l’enfant gâté. Retenus dans ce microcosme trop calme, nous perdons tout désir. En réaction à ce constat, ce film prône la curiosité et la découverte.


11 Anne-Florence Blondeau Design objet Alzheimer : éthique et esthétique Mémoire dirigé par Sylvain Dubuisson Keep in Touch ! La stimulation tactile et le lien avec une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer. Cette maladie dégénérative entraîne, au-delà des troubles de la mémoire, l’altération du jugement et de l’estime de soi. Elle conduit à une perte d’identité et à une absence de communication. Le malade souffre de cette situation ainsi que tous ceux qui l’entourent. En partenariat avec l’hôpital Bretonneau (XVIIIe arrondissement de Paris), mon objectif est de redonner une place à la communication et de préserver les liens intimes et familiaux brisés par la maladie. Ma proposition se compose d’objets supports de stimulations sen­ sorielles et physiologiques, destinés, d’une part, au patient et, d’autre part, aux proches qui le soutiennent. Le projet propose deux kits spécifiques. À usage domestique, le pack de stimulation tactile et de revalorisation de la toilette au domicile propose plusieurs accessoires qui aideront à restaurer une relation digne, apporteront de la détente durant cet instant ainsi qu’une reconstruction des liens intimes avec son corps par le toucher et le contact humain. À usage hospitalier, le livret ludique et dynamique est un support de stimulation et de com­ munication entre les proches et le malade lors des visites en centre hospitalier. Exploiter les technologies « high-tech » et « low-tech » permet d’apporter une stimulation physique et psychique aux personnes séjournant dans les hôpitaux de psychogériatrie. Des activités fondées sur les développements d’associations d’idées, d’images, d’odeurs, de sensa­ tions et de sons sont proposées afin de faire émerger des réflexes mnémotechniques et certains souvenirs.

Mémoire et Grand Projet avec les félicitations du jury


11 Anne-Florence Blondeau Design objet

Keep in Touch ! Pack de toilette, livre de stimulation


12 Samuel Bonnet Design graphique / multimédia

Self Initiation Supports imprimés (affiches, livres, photos)


12 Samuel Bonnet Design graphique / multimédia Méthodes graphiques pour une bibliothèque Mémoire dirigé par Pierre Alferi Self Initiation Autour de la double traduction des mots self (auto et moi) et initiation (initiation et éduca­ tion), nos axes de travail et de réflexion tentent de définir une pratique du design graphique en sa qualité de pratique culturelle, à la fois comme moyen pour apprendre, partager des connaissances et émettre des opinions. Envisagée dans un contexte spécifique – deux étudiants : Samuel et Maël, deux écoles : EnsAD et RCA (Royal College of Art), deux lieux : Paris et Londres) – cette recherche s’ex­ prime à travers deux entités. SA|M|AEL est un studio créé par Samuel Bonnet et Maël Fournier-Comte pour la vérifi­ cation d’hypothèses de travail sur des projets réels : réalisation de l’identité visuelle et du catalogue de l’exposition John Smith Solo Show au RCA, design de la revue spécialisée sur le design graphique Manystuff #1 One Possible Catalyst. Parallel School of Art, école virtuelle et hypothétique, réunit des étudiants d’écoles diverses (RCA, EnsAD, Geritt Rietveld Academie à Amsterdam, UDK / Universität der Künste Berlin …) lors d’ateliers itinérants auto-initiés et organisés par les étudiants. Projet en binôme avec Maël Fournier-Comte, étudiant en M.A. (Master of Arts) Communication Art & Design au RCA.


13 Alice Bureau Design vêtement Song for a Broken Soul Mémoire dirigé par Werner Bouwens Open Space Espace de personne, espace de personnes, à l’uniformité taillée, cornée, gribouillée, tâchée, accumulée, rangée, dérangée. Espace ordonné d’esprits débordés, formellement disposé, discrètement dissipé. Enfermés dehors, ces corps dévoilés. L’Open Space, celui de l’inti­ mité dévoilée, dont le vêtement vient parler…


13 Alice Bureau Design vĂŞtement

Open Space


14 Jean-Baptiste Caron Art espace

Sur le fil de l’horizon « Mobile de poussières », poussières, fils, plexiglas, dimensions variables « L’Anima », bois, pmma (polyméthacrylate de méthyle), aspirateur, polystyrène, 200 × 65 cm « Alea jacta est », grès, dimensions variables


14 Jean-Baptiste Caron Art espace De la dynamique ascensionnelle dans l’art contemporain Mémoire dirigé par Catherine Strasser Sur le fil de l’horizon Nous évoluons dans un monde de contrastes, de paradoxes, à la recherche d’un équilibre : c’est à partir de cette tension que s’élabore ma réflexion. Elle se déploie à travers mon œuvre avec comme axe principal cette ambivalence qu’est la dialectique de la verticale, où s’entre­ mêlent les problématiques du bas et du haut, du lourd et du léger, de la pesanteur et de l’impesanteur. Mon travail opère un glissement vers l’immatériel, vers une dissolution de la matière, se situant à la frontière du tangible, du visible et de l’invisible, en convoquant des principes tels que la transformation et la disparition, notions inhérentes à la prestidigitation, pratique parallèle que je distille dans mes propositions plastiques. Il s’agit de créer des univers différents en résonance avec le monde qui m’entoure, de créer des micros-utopies, de l’ordre du presque rien. Je fouille tel un archéologue la banalité de notre quotidien, segmente l’invisibilité de notre environnement afin d’en extraire une forme de poésie. Je vais puiser dans les mythes que je m’emploie à réinterpréter, en essayant de « prendre conscience de ce qui reste encore de mythique dans l’existence moderne » comme le sug­ gère Mircea Eliade, tout en arpentant avec humour l’histoire de l’art que je réinvestis avec les particularités qui jalonnent mon univers. J’utilise des médiums tels que l’air, la poussière, convoque des processus fondés sur des procédés techniques précis qui se déploient sur la verticale ou sur l’horizontale de manière arithmétique, tel un scientifique qui tente de cartographier l’inframince.

Mémoire et Grand Projet avec les félicitations du jury


15 Marie Champenois Photo / vidéo « This is the Girl », images troublantes de la féminité Mémoire dirigé par Paul Sztulman Feeling Without Touching Présentation de deux projets photographiques : portraits et paysages. J’ai décidé de réunir ces deux thèmes sous un même titre afin de souligner leur influence réciproque et leur complémentarité. Feeling Without Touching se réfère clairement à un sentiment sensoriel. Il me rappelle le désir éprouvé avant de prendre en photo un paysage et ou un personnage.


15 Marie Champenois Photo / vidéo

Feeling Without Touching, photographies couleur, noir et blanc, dimensions variables « Colin », « Mimosa », « Pauline », « Mehdi »


16 Maïda Chandèze-Avakian Scénographie

Hall intrus d’après Jean-Luc Nancy


16 Maïda Chandèze-Avakian Scénographie La plage Mémoire dirigé par Annabel Vergne Hall intrus d’après Jean-Luc Nancy En réponse à une commande sur « la venue de l’étranger », Jean-Luc Nancy, philosophe, écrit L’Intrus, récit de sa greffe de cœur. Il raconte l’arrivée difficile de cet élément étranger en lui. Dans cette expérience d’accueil intime, on comprend l’histoire d’un organisme, d’un pro­ cessus qui autorise ou non l’entrée de l’élément étranger, ici ce cœur intrus mais vital. J’ai cherché dans mes expériences quotidiennes des lieux mettant en jeu ce sentiment d’intrusion. Je me suis intéressée au hall d’immeuble, seuil ayant pour fonction d’auto­ riser ou de refuser l’entrée à l’immeuble, « partie commune » intermédiaire entre l’espace public et l’espace privé. Son architecture, notamment à partir des années 1980, est faite de transparences, d’opacités, de miroirs : un aménagement intérieur à vocation sécuri­ taire producteur d’un jeu permanent entre l’intérieur et l’extérieur. J’ai choisi d’utiliser le hall d’immeuble comme référence pour construire mon dispositif scénographique de théâtre. Les spectateurs, assis sur de longs bancs publics, sont installés devant une façade d’immeuble. Un personnage, mi-intrus, mi-invité, va essayer d’entrer à l’intérieur. Le hall décor fonctionne dans ce spectacle comme un organisme. Son langage sonore, lumineux et architectural est mis en scène. Le hall décor est organisé en cinq sas (entrée, espace inter­ phone-miroir, boîtes aux lettres, ascenseur, etc.). Chacun d’eux correspond à une étape du récit de Jean-Luc Nancy et est construit selon les images « doubles » repérées dans des halls (reflets, superpositions, apparitions…). Ce hall décor fonctionne comme une machi­nerie théâtrale : l’un après l’autre, les sas arrivent devant l’entrée ; la scène se joue puis le sas transite sur le côté cour laissant place au suivant. Les changements de décor se font à vue comme des transitions qui participent aux différentes étapes du récit. À la fin, le person­ nage monte dans l’ascenseur et accède à l’intérieur de l’immeuble. Le spectacle se termine et le hall se referme. Une bande sonore accompagne le trajet de ce personnage : bruits du hall rythmés, associés à une voix off d’extraits du texte de Jean-Luc Nancy, voix qui apporte la réflexion du philosophe sur ce sentiment de l’intrus, nouvelle lecture de l’arrivée de l’étranger, ici un intrus dans un hall. Représentation d’une durée de 30 minutes, jauge de 50 personnes, avec possibilité de jouer le spectacle plusieurs fois d’affilée (décor en boucle). Recherches collectives autour du thème de l’hospitalité effectuées avec Gala Vanson et Elsa Simon (Cinéma d’animation).


17 Julie Charpentier Art espace La commande d’œuvres d’art en France pour l’espace public Mémoire dirigé par Jean-Louis Pradel Trésor Chaque pièce présentée cette année a comme point commun un détournement d’objet. Les objets de deuxième main m’intéressent. Étant brocanteuse, je puise dans cette ri­ chesse pour mes travaux. L’accumulation d’objets ou de matières récupérés me permet de construire sans ajouter trop d’éléments extérieurs. Transformer pour créer des histoires. S’inventer des histoires comme les enfants qui re­ cherchent un trésor pendant des heures. L’inatteignable, la maison fermée et les coins mystérieux sont de bonnes sources de fantasmes. J’ai donc travaillé sur cette idée de ca­ chette pour beaucoup de mes travaux.


17 Julie Charpentier Art espace

Trésor « Le collier », photographies anciennes de portraits, ficelles, perles « Les marronniers », fleurs de marronniers séchées, branches, peintures vertes et colle « Gustave », céramique, verre, terre cuite, colle


18 Olivier Chiron Art espace

48° 50' 35" N, 2° 20' 39" E « Into the Void », « S.A.R.A. », « Chinampa »


18 Olivier Chiron Art espace Massacre à la tronçonneuse allemande. Une vision moderne de l’engagement Mémoire dirigé par Jean-Louis Pradel 48° 50' 35" N, 2° 20' 39" E De Teotihuacán à Spielberg, d’Abu Simbel à Kraftwerk, de la ligne de foulée au stoner cali­ fornien en passant par la conquête spatiale et les forteresses de Vauban, mes préoccupa­ tions sont le fruit de la somme des aventures humaines qui me précèdent. Qu’elles soient anecdotiques ou fondamentales, impies ou religieuses, scientifiques ou culturelles, architec­turales ou agricoles, elles s’entremêlent et agissent les unes sur les autres pour s’enrichir et s’affiner. Ce projet est conçu selon un principe similaire : faire se confronter de manière intuitive tous les thèmes et inspirations que j’ai traités au cours de mes études pour mieux les ras­ sembler dans un paysage mental. L’ensemble des analogies qui ont conduit à la réalisation des sculptures présentées constitue une cartographie précise de mon travail en général. Le titre 48° 50' 35" N, 2° 20' 39" E fait allusion aux coordonnées géographiques du lieu où elles ont été pensées, fabriquées et présentées, laissant supposer qu’un axe vertical invisible se serait décomposé comme dans un prisme pour aboutir à chacune d’elles.

Mémoire avec les félicitations du jury


19 Pierrette Clain Photo / vidéo Faits et méfaits du droit en photographie Mémoire dirigé par Bernard Gomez Corporate Plus qu’un mot, ce terme est aujourd’hui une sorte de boîte à outils où les professionnels viennent puiser leur vocabulaire, leurs codes vestimentaires mais aussi une véritable manière d’être. Mes photographies proposent une restitution distanciée et critique des techniques de communication de professionnels aguerris : leurs gestes, positions ou attitudes, leur assurance ou leur apparente décontraction, parfois contrariées par de légers troubles.


19 Pierrette Clain Photo / vidéo

Corporate, 30 photographies 30 × 45 cm, 1 photographie 35 × 150 cm, 1 photographie 47 × 160 cm, impression jet d’encre sur papier mat, contre-collages PVC


20 Valentine Cloix Design vĂŞtement

Rocks May Fly


20 Valentine Cloix Design vêtement Catwalks Mémoire dirigé par Véronique Breton Rocks May Fly Explorer plusieurs manières d’exprimer le mirage, une nouvelle dimension, une projec­ tion, une apparition. Nouvel horizon, nouvelle dimension. Ce qui s’offre à nous est un paysage d’une autre nature, un nouveau paradigme. L’image de la forme que l’on reçoit n’est plus la même. Par un jeu de courants d’air et de réfraction de la lumière, une nouvelle géographie, éphémère, se met en place. C’est un équilibre instable, un entre-deux, un entre-couche, un mélange, comme s’il nous était donné de voir une fusion : un dégradé coloré de ce qui composait le paysage. Parfois même une cristallisation de plusieurs couches. C’est une perturbation, surnaturelle, qui vient bousculer le paysage. Une projection, un hologramme. Une illusion réelle. Un prolongement du réel. Cette collection tente de retranscrire quelque chose d’impalpable. Une manière de lier, perturber, inverser, décaler les formes et les images pour laisser entrevoir une nouvelle lecture. Un voyage qui ouvre sur de nouvelles perceptions. Structures déstabilisées : une forme vient perturber une autre forme ; les éléments sont répétés, inversés, brisés comme une fracture qui donne naissance à un nouvel équilibre. Impressions dégradées, images confuses : l’image est perturbée, la lecture est floutée, les choses se mélangent. Dégradées, drapées, comme si les images se diluaient. L’image n’est jamais effacée, simplement transformée. Nouvelle empreinte topographique, nouveaux reliefs : l’image se contracte, se rétracte suivant les reliefs qui apparaissent. Des reliefs que l’on perçoit mais qui restent creux, éphémères, fragiles. La forme, cette fois perceptible et reconnaissable, est celle de l’abondance.


21 Charlotte Collin Design graphique / multimédia Archiver Mémoire dirigé par Pierre Alferi Fin de partie Fin de partie est une pièce vidéographique pour deux écrans qui met en scène le dialogue Fin de partie de Samuel Beckett. Les corps et les mots sont chorégraphiés dans une danse qui fait se rencontrer corporéité et scripturalité. Le texte devient matière picturale, flux de formes qui vont sans cesse s’agrégeant et se désagrégeant. Les plans glissent, les contours vibrent, les corps se fondent dans un gris vacillant, toujours en sursis d’évanescence et de disparition. La lumière grésille et bourdonne. L’équilibre est précaire. Le mouvement épuise les figures de la ritournelle, de l’errance, de la prostration dans l’incapacité de tran­ cher et de faire un choix. L’écriture beckettienne se limite à un pur flux de mots qui ne parvient plus à dire les choses, ni à définir les personnages, ni à les situer dans un espace-temps fictionnel. Le dialogue, chez Beckett, n’a pas la même fonction que dans le théâtre classique : souvent il n’est au service d’aucune action. C’est un langage qui a perdu son pouvoir d’agir et de faire. Il résulte d’une combinaison astucieuse d’éléments langagiers, picturaux et gestuels. La pièce est suivie d’une performance dans laquelle un danseur équipé d’un capteur mo­ dule la lumière et le son en fonction de sa respiration. Fondée sur le texte de Gilles Deleuze à propos de Beckett, L’Épuisé, la chorégraphie se réduit à une rythmique qui radote et qui, dans sa pauvreté, exprime la dépossession, la fébrilité du mouvement, la difficulté de se mouvoir. Gestes et déplacements sont intégrés au rythme du souffle, qui est accentué par la lumière et le son, dans une scansion qui bat la mesure jusqu’à l’épuisement.


21 Charlotte Collin Design graphique / multimédia

Fin de partie Performance, installation vidéo


22 Laure Cottin Photo / vidéo

No Blood in my Body, 28 mn, film noir et blanc, 4 / 3 stéréo, DVcam MOR (mouvement oculaire rapide), édition photo noir et blanc, couleur, formats variés, 33 images, 75 pages


22 Laure Cottin Photo / vidéo Le cri de femme au cinéma Mémoire dirigé par Benjamin Delmotte No Blood in my Body « Hier, Claudia et moi avons eu une conversation. Pourquoi avons-nous choisi cette vie ? Quitter une drogue, plonger dans une nouvelle, devenir des junkies. J’aime ma vie, je l’ai choisie. J’ai été très confus pendant les 30 dernières minutes. J’ai essayé de joindre Claudia au télé­ phone, Il fallait qu’on rentre à Bièvres. Elle avait pris 2,6 ml de GBL. Elle a arrêté de respirer. J’ai essayé de la faire respirer de nouveau. Préparé et fait un shoot. Mon amour était incons­ cient. J’ai cru qu’elle allait mourir. – Est-ce que ça va nous tuer ? – Non Claudia, ça ne nous tuera pas. » Extraits tirés du journal intime de Thomas, l’un des deux personnages du film. MOR (mouvement oculaire rapide) Comment donner une forme à la réalité ? Quelque chose a bien lieu, pourtant les images demeurent hermétiques et silencieuses en dépit du nombre ; elles partagent le même climat. Une méfiance envahit les visages. Tenons-nous en à un rapport simple, premier et terrible avec un monde dans lequel nous attendons d’être saisis par une sorcellerie de sens et de signes.

Mémoire et Grand Projet avec les félicitations du jury


23 Cindy Crambac Architecture intérieure La flexibilité du logement Mémoire dirigé par Fabrice Dusapin Entrepôts Macdonald (reconversion des entrepôts Macdonald en un lieu d’activité nocturne) J’y ai programmé deux espaces typiquement nocturnes, un restaurant et une boîte de nuit, auxquels j’ai ajouté une piscine pour l’attrait. La plupart des piscines fermant tôt, l’idée était de proposer un tel lieu où venir se détendre avant de dîner ou d’aller danser, les boîtes de nuit ouvrant assez tard. La difficulté majeure a résidé dans la mise en relation de ces trois programmes qui répondent à des attentes différentes. Alors que le restaurant est un lieu plutôt calme, la boîte de nuit est au contraire un endroit agité. La piscine, assez proche de la boîte de nuit, avec ses corps en mouvement et ses jeux de séduction, est tout à la fois un lieu de détente ou une aire d’activités sportives. Malgré leurs caractéristiques très dif­ férentes, il était important que ces trois activités soient regroupées dans un espace le plus ouvert possible. Il a donc fallu trouver une répartition de l’espace où toutes les activités puissent se dérouler pleinement tout en communiquant entres elles… Mine the Gap (concours Mine the Gap, musée de l’Audiovisuel) En raison de la crise, Chicago a dû interrompre la réalisation de la tour Spire dessinée par Santiago Calatrava. Avec pour ambition de devenir le plus grand gratte-ciel résidentiel au monde, avec ses 150 étages et ses 610 mètres de hauteur, la tour n’a finalement laissé comme trace que ses fondations de 31 mètres de diamètre et 24 mètres de profondeur. L’objet du concours était d’imaginer un programme pour occuper cette excavation. La tour est idéa­ lement située sur une place cernée par un quartier d’affaires, le canal Ogden au nord, un grand boulevard à l’est, la rivière Chicago au sud et des immeubles résidentiels à l’ouest. Chicago exerce un réel attrait pour la culture, la musique (depuis 1900, Chicago est une scène et un tremplin pour de nombreux artistes), le cinéma (Chicago a à de nombreuses re­ prises servi de décor de films), et pour les médias. J’ai donc voulu proposer un espace fort, un point de repère combinant toutes ces activités. Professionnels et amateurs pourraient ainsi se retrouver sur cette place pour se rencontrer, se divertir, apprendre, pratiquer, échan­ ger… Pour ce faire, le trou devenait un atout majeur. Coupé des circulations, des activités extérieures et en partie de la lumière du jour, il permettait d’accueillir ces infrastructures culturelles – studios d’enregistrement et de répétition de musique, studios de théâtre et de cinéma, médiathèque ou musée – qui ne nécessitent pas forcément de lumière naturelle mais ont justement besoin d’isolation phonique. Il ne me restait plus qu’à organiser les espaces dans ce trou avec pour seule contrainte de le laisser tel quel et de réfléchir égale­ ment à cette grande place représentant 80 % de l’emprise au sol de la parcelle. Satellites (concours Construire acier) Imaginant de construire une école d’architecture sur 1 000 m2 au sol, nous avons choisi de l’implanter dans le XIXe arrondissement de Paris, à proximité du bassin de La Villette. Le quartier connaît une mutation urbaine et témoigne d’une grande hétérogénéité architec­ turale. Adossé au pont métallique de la rue de l’Ourcq, le bâtiment s’inscrit dans une parcelle trapézoïdale de 6 mètres de dénivelé ouvrant sur le canal de l’Ourcq. Seulement à quelques minutes à pied de l’école d’architecture Paris La Villette, notre petite école doit devenir un lieu dynamique, connecté aux autres écoles, réactif à l’actualité, ouvert sur la ville et engagé dans la promotion du travail des étudiants. En collaboration avec Ludovic Legrand.


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Cindy Crambac Architecture intérieure

Entrepôts Macdonald (reconversion des entrepôts Macdonald en un lieu d’activité nocturne) Mine the Gap (concours Mine the Gap, musée de l’Audiovisuel) Satellites (concours Construire acier)


24 Marilou Dadat Design vĂŞtement

Dry Clean Only


24 Marilou Dadat Design vêtement Street Style Photography / Regards sur la mode Mémoire dirigé par Jean-Michel Bertrand Dry Clean Only La collection s’inspire de l’atmosphère d’un pressing. Elle s’est nourrie d’une fascination pour le charme de l’ordinaire, des sacs plastiques aux marques du fer. Les ballots de linge se transforment en robes, les housses brillantes se figent, les habits pliés se déploient. Le repassage dessine des lignes tandis que le cintre laisse son empreinte sur les cols. Le corps est à son tour emballé et le style, nettoyé à sec.


25 Julien Devaux Design objet Designers sans frontière pour un design humanitaire Mémoire dirigé par Patrick Renaud Noroc (santé, bonheur, chance) Ce projet s’inscrit dans une démarche de solidarité internationale en partenariat avec l’as­ sociation Moldavenir. Enclavée entre la Roumanie et l’Ukraine, la république de Moldavie est incontestablement le pays le plus pauvre d’Europe. Ces dernières années, la misère et les difficultés du quotidien ont poussé un tiers de ses habitants à émigrer. Noroc a ainsi pour principal objectif de proposer aux jeunes en situation précaire du village de Dubasarii Vechi une activité rémunérée régulière afin qu’ils y trouvent un soutien finan­ cier et surtout une alternative à l’émigration. Dans ce contexte difficile, le projet encourage la transmission du savoir-faire entre les générations, par le biais de création d’objets d’usages divers. D’éléments récupérés dans les décharges, malheureusement florissantes dans les paysages, et détournés par une inter­ vention artisanale spécifique à ce village (la vannerie, savoir-faire traditionnel tendant à disparaître) naît une collection unique et décalée. Les décharges offrent un véritable gisement de matières premières et d’objets témoignant du mode de vie des villageois moldaves (seau pour transporter l’eau du puits, lessiveuse pour la toilette, etc.). C’est donc en s’appuyant sur les ressources locales et les potentiels humains et matériels que le projet prend vie. Les objets créés lors de mon diplôme sont autant d’exemples pour insuffler une dynamique au sein de la population. La construction d’un atelier de création équipé pour la pratique de diverses réalisations artisanales relève du développement à venir de ce projet.


25 Julien Devaux Design objet

Noroc (santé, bonheur, chance) Vue d’ensemble des objets recyclés « Père Alex », tabouret « Tania », vide-poche


26 Lucas Di Napoli Cinéma d’animation

Noumeno


26 Lucas Di Napoli Cinéma d’animation L’utopie Mémoire dirigé par Bernard Schira Noumeno Qui je suis ? Où suis-je quand je suis absent de moi ? Quand je suis ? Où je vais ? Cette série de questions, maintes fois formulées, est en ce moment d’une extrême impor­ tance pour moi. Avoir des questions à une époque où beaucoup pensent avoir les bonnes réponses me ramène à l’exigence originelle de l’enquête intellectuelle : l’investigation concernant la réalité tout en sachant ne pas savoir. Noumeno (chose en soi) définit juste­ ment cela, à savoir la manière dont la pensée essaye de se représenter ce qui est au-delà de sa capacité de connaître. Effleurer chez le spectateur, ne serait-ce qu’avec un éphé­mère soupçon de doute, la vision catégorique qu’on a du monde est la raison principale de la naissance de Noumeno Le but de ce projet est de donner des clefs de réflexion empruntées à une ligne générale de la pensée qui a traversé les siècles et nos cultures. Les anciennes philosophies religieuses comme le bouddhisme, la philosophie antique ou moderne avec, entre autres, Parménide et Schopenhauer, ainsi que les dernières théories de la physique quantique, ont permis une variation infinie dans la formulation des mêmes questions, qui ont toujours abouti à une même vision. Cette continuité de pensée dit en synthèse ce qui suit : la réalité comme on la voit n’est qu’une projection arbitraire de notre ego collectif sensible. Communiquer cet ensemble, avec l’intention cependant d’éviter la pure spéculation méta­ physique, pour arriver à quelque chose de sensiblement perceptible, a imposé dans ce projet un certain nombre de choix : un récit qui part du point de vue personnel d’un personnage archétype, une recherche technique expérimentale pour traduire simplement un concept évanescent, l’utilisation centrale du langage universel absolu de la musique. Le récit se concentre sur une journée ordinaire d’un sujet qui, à travers ses gestes quoti­ diens, communs à tous, parvient à des intuitions extraordinaires. Tout ça est exposé techni­ quement par une traduction littéraire de l’idée de base du film, c’est-à-dire la projection d’une réalité illusoire sur la réalité matérielle (vidéoprojection sur maquette) qui progresse au fur et à mesure avec un décalage de plus un plus important. La musique aide à la com­ munication rythmée de ce crescendo en insistant sur le décalage entre ce qu’on voit et ce qui, parfois, quand on s’échappe de toute conscience, nous parvient à l’esprit dans des instants de foudroiement.

Mémoire avec les félicitations du jury


27 Min Ding Design graphique / multimédia L’enjeu des nouvelles technologies Mémoire dirigé par Jean-Louis Boissier LibreVision J’ai conçu un dispositif de réalité augmentée, avec lunette réalité virtuelle, au service d’un projet de signalétique en milieu urbain à l’adresse de touristes étrangers. Actuellement, les touristes non occidentaux sont contraints de visiter les villes européennes en voyage accompagné avec interprète. Ce projet vise à leur donner plus d’autonomie pendant leurs séjours. Ma recherche consiste à développer un système d’information et d’orientation dans l’espace urbain, destiné à des usagers – qui vont découvrir une ville et ne parlent pas la langue locale –, grâce aux nouvelles sources d’information disponibles dans un espace public. Ce système possède différentes fonctions : traduction en temps réel, organisation de la ville, information sur l’histoire des lieux et localisation des monuments remarquables, information et orientation sur les transports en commun.


27 Min Ding Design graphique / multimédia

LibreVision


28 Delphine Dubuisson Design graphique / multimédia

Imagine Coordinata


28 Delphine Dubuisson Design graphique / multimédia Le territoire du graphiste contemporain Mémoire dirigé par Constance Rubini Imagine Coordinata Lorsqu’il élabore une identité, met au point une collection d’ouvrages ou travaille sur un magazine, un designer graphique se confronte à la création de formes en mouvement. Pour ce type de production, il génère des signes qui auront la capacité d’évoluer. Il ne produit plus simplement des images figées. Il devient expérimentateur et son atelier se transforme en laboratoire. Au moyen de son répertoire de signes, il enchaîne, remplace partiellement, coordonne, lie, combine, crée l’homogénéité dans l’hétérogénéité. En italien, c’est le terme imagine coordinata qui est utilisé pour désigner le domaine de l’iden­ tité visuelle : un nom approprié qui révèle littéralement qu’une identité graphique est avant tout relationnelle et non absolue. Ainsi, ce travail s’intéresse aux notions d’évolutivité, de flexi­ bilité, de dynamisme et de durée de vie des signes graphiques. Tout en questionnant leurs limites à travers des systèmes d’identification, il tente par une série d’exercices d’associer successivement constantes et variables, en un parcours sérendipien d’images en devenir.

Grand Projet avec les félicitations du jury


29   45, 59 Camille Dumant Design graphique / multimédia RytCommuniquer, circuler, observer, dans l’œuvre de Jacques Tati Mémoire dirigé par René Lesné Vous êtes ici ? Notre intention est de réfléchir et de parler d’espace avec des personnes sensibilisées ou non à ces questions et du faire dans l’espace public. L’objectif est d’impulser un proces­ sus de rencontre, d’échange et de travail en commun dans l’espace public. Avec pour fina­ lité de faire naître ainsi un projet construit qui donne corps à un lieu accueillant ce type de processus pour ses usagers, à l’occasion d’un projet de réaménagement. Nous avons choisi de définir durant cette année ce travail spatial et graphique, de lui don­ ner un sens et une dimension sociale et de le faire par des interventions spatiales éphé­ mères de natures différentes. Pour cela, nous avons choisi un lieu réel d’expérimentation, la place du 11-Novembre à Malakoff (Hauts-de-Seine), et une situation réelle : le projet de réaménagement sur cette place au cœur de la ville. Nous avons implanté directement sur la place un lieu de travail nous représentant, permettant ainsi de travailler in situ. Ces tentatives nous ont permis de penser un outil à destination du public de la place, lui permettant d’être à même de participer à une concertation plus propice à produire un pro­ jet commun de réaménagement. Il est idéalement imaginé pour s’implanter sur n’importe quel espace public faisant l’objet d’une réflexion collective tant urbaine que sociale. Scénographie : Elsa Le Calvez, Michaël Horchman Design graphique / multimédia : Camille Dumant


29   45, 59 Camille Dumant Design graphique / multimédia

Vous êtes ici ?, maquettes, interviews, supports graphiques, photos, vidéos, dessins


30 Timothy Durand Image imprimée

Un film de « Lieux et personnages », affiche, série de tirages sérigraphiques (60 × 80 cm) et numériques (60 × 80 cm) « L’homme en fuite », livre, 120 pages « Alphaville », film d’animation, 8 mn 44 s


30 Timothy Durand Image imprimée Le carnet, journal Mémoire dirigé par René Lesné Un film de Ce projet prend appui sur le cinéma de Jean-Luc Godard. Les personnages, les lieux, les situations, la façon de raconter une histoire, les plans, les cadrages, etc., sont autant d’as­ pects qui m’intéressent dans l’œuvre de ce metteur en scène. Mais tout en ayant en tête tous ces aspects, je me suis concentré sur ses personnages et les lieux devenus, à mon sens, des archétypes. Propices à la narration, ils stimulent mon imagination. En passant d’une image filmique à une image graphique, j’ai eu envie de me les réapproprier selon mon propre registre d’expression : la ligne, l’aplat, la mise en pages… Mon interprétation se développe en trois volets. Au centre, le livre assure le pivot entre images fixes et images animées. Les images fixes, sortes d’affiches muettes, isolent la dimension archétypale des personnages et des lieux. Les images animées jettent un pont vers le cinéma avec lequel elles renouent et prennent leur distance tout à la fois. « Lieux et personnages ». Ces images affirment le principe graphique adopté et l’univers dans lequel je souhaite évoluer. Les lieux et personnages que j’ai choisis sont moins des reprises littérales que des synthèses imaginaires. Cette série d’images est finalement ma palette de personnages que je mets en scène par la suite sous deux formes distinctes : le livre et l’animation. « L’Homme en fuite ». Le livre met en relation lieux et personnages. Il obéit à un scénario composé à la manière de Godard (sampling, références variées, narration sans trop de début ni de fin, juxtaposition de plans sans raccord, etc.). C’est une histoire sans histoire, celle d’un homme en fuite dont on ne sait pourquoi il fuit ; on assiste à son parcours, à sa fuite vers autre chose. « Alphaville ». Ce long métrage est la référence filmique du réalisateur qui me captive le plus. J’ai décidé de travailler explicitement sur sa trame en changeant un peu le fil de l’histoire. Visuellement, le support de l’animation me permet de travailler sur de nouvelles relations entre les images (mouvements de caméra, interpolations), de voir comment elles peuvent fonctionner les unes par rapport aux autres, autre façon de procéder qu’avec le support papier.


31 Mimosa Echard Art espace Hütte Mémoire dirigé par René Lesné Pour changer de forme D’abord le dessin, puis le volume. J’essaye de donner à mes dessins la densité et la pré­ sence d’une sculpture. À l’inverse, en passant du dessin, objet mental, au volume, réalité physique, je m’attache à ce qu’on puisse retrouver la même qualité graphique et imagi­ naire dans le réel. Les différentes pièces se font écho et s’enchaînent. Les formes sont répétées et trans­formées peu à peu, si bien que chaque forme en contient d’autres. Ainsi un personnage de dessin animé peut devenir une caverne, une casquette puis un œil, une arche, une montagne, un caillou… Dans cette répétition de formes, où tout semble pouvoir se métamorphoser, la figuration est comme une étape pour une nouvelle transformation : un instant saisi dans un processus continu. Le rapport à la nature est important dans mon travail. Enfant, j’ai vécu un temps dans une cabane. Les objets de la nature se confondaient avec les objets domestiques : les pierres, le bois, les plantes se mélangeaient avec les vêtements, les couverts, la télévision. Cette idée de va-et-vient entre, d’une part, le naturel et le sauvage et, d’autre part, le domestique et le familier traverse chacune de mes pièces. Dans un chapitre de Walden ou la Vie dans les bois (1854), Henry David Thoreau raconte une idée similaire, quand il dispose ses meubles hors de sa cabane pour y faire le ménage. « C’était une joie de voir le soleil briller sur le tout et d’entendre souffler dessus la libre brise, tant les objets les plus familiers paraissent plus intéressants dehors que dans la maison. Un oiseau perche sur la branche voisine, l’immortelle croît sous la table aux pieds de laquelle la ronce s’enroule ; des pommes de pin, des bogues de châtaigne, des feuilles de fraisier jonchent le sol. Il semblait que ce fût la façon dont ces formes en étaient venues à se transmettre à notre mobilier, aux tables, chaises et bois de lit, parce qu’ils s’étaient jadis tenus parmi elles. »

Mémoire et Grand Projet avec les félicitations du jury


31 Mimosa Echard Art espace

Pour changer de forme, installation, dessin, céramique, mosaïque « Batman », grès et émail « Matthew », craie à l’huile et encre graphite, 100 × 70 cm « Pivoine », craie à l’huile et graphite, 70 × 100 cm


32 Matthieu Escande Architecture intĂŠrieure

Le cargo Les lignes


32 Matthieu Escande Architecture intérieure La vitrine : une architecture corporative Mémoire dirigé par Sylvestre Monnier Le cargo Il s’agit de réhabiliter une partie des entrepôts du boulevard Macdonald situés dans le XIXe arrondissement de Paris. Dans une logique de reconversion, l’entrepôt Macdonald se présente comme un socle formant une structure vide dans laquelle les nouveaux pro­ grammes peuvent aisément s’intégrer. Le but est de conforter la structure d’ensemble afin d’assumer au mieux l’installation de nouvelles fonctions à l’intérieur et sur la terrasse. La nuit est une parenthèse incertaine, un territoire temporel, qui propose des valeurs qui lui sont propres. Loin de tout cacher, la nuit ne fait que suggérer, dévoiler ce que le jour tente vraiment de dissimuler. Comment faire accepter la fête sans dénaturer la nuit, créer un lieu où la révolte, l’excès et l’interdit sont possibles ? La réponse proposée est un lieu pouvant se métamorphoser en fonction des besoins du programme envisagé. En effet, j’ai voulu souligner le côté indus­ triel du lieu en imaginant un ballet mécanique, une chorégraphie d’éléments dans cet es­ pace de jeux interdits où les clients ont souvent recours à des paris, bien que l’on puisse intégrer des activités moins illicites ! Les lignes (concours de dessin David-Weill) La parcelle choisie se trouve entre les cimetières du Père-Lachaise et de Charonne, rue Stendhal dans le XXe arrondissement de Paris. Le paysage se compose d’une accumula­ tion de constructions hétéroclites sur les vestiges d’un passé rural dont ne subsistent que quelques fragments. Néanmoins, le quartier entourant le site connaît un phénomène d’embourgeoisement. Il s’agit de réfléchir sur le thème du développement durable en créant un équipement par­ tagé, à partir d’un programme issu du croisement et de la mutualisation de deux équipe­ ments existants mais fonctionnant actuellement de manière autonome. Aussi ai-je décidé d’associer des piscines « semi-collectives » et un marché couvert. En effet, ce programme répond aux attentes des habitants du quartier de même qu’à celles des clients du Mama Shelter, nouvel hôtel de luxe aménagé par Philippe Starck, implanté dans ce quartier qui n’offre aucun loisir de proximité à ses clients. Ce travail s’articule et se désarticule en même temps, il est simple dans ses médiums : le Rotring©, encre noire. En effet, j’utilise le médium qu’employaient les architectes il y a quelques années. Des couches, des strates, des niveaux de lecture se croisent, s’entre­croisent, se repoussent et s’épousent pour créer des leurres et poser des questions en puisant dans une sous-culture, tout en proposant au spectateur un accès simplifié par le dessin.


33 Amandine Faynot Photo / vidéo Une dispute pour un tapis Mémoire dirigé par Clarisse Hahn Adak (Offrande) J’ai choisi la Turquie comme lieu de tournage dans l’idée précis de chercher dans le sacri­ fice musulman du mouton l’expression d’une transmission patriarcale d’un savoir-faire rituel. Au fil de mes rencontres, mes idées préconçues sur le sacrifice se sont modifiées ; en anthropologue, j’ai découvert les différentes manières d’accomplir ce rite. En décembre 2008, je me suis rendue à Diyarbakir, à l’est de la Turquie. J’ai suivi la fête du sacrifice, im­ mergée au cœur d’une famille qui vivait le rite religieux d’une manière traditionnelle pour finalement m’arrêter à celui d’Eyüp à Istanbul. Mon intérêt s’est déplacé, passant de l’idée d’un sacrifice familial intime et privé à un sacrifice organisé et structuré dans l’espace public. À Istanbul, le sacrifice du mouton, rituel encore récemment orchestré par le père de famille, est désormais accueilli dans une enceinte publique municipale. En effet, une loi nouvellement adoptée interdit aux particuliers d’accomplir ce sacrifice dans l’espace public et privé. Des sacrificateurs professionnels mettent en scène une mise à mort en série, codifiée, parfaitement réalisée dans des lieux ad hoc. La catharsis provoquée par le sacrifice existe-t-elle encore lorsque la violence est institu­ tionnalisée ? À travers ce film, j’interroge ma place de réalisatrice à l’intérieur du triangle sacrificateur-famille-animal. Comment regarder la violence ? Comment la représenter ? Représenter une violence mise en scène, est-ce bien encore de la violence ? La question de la violence quotidienne est récurrente dans mon travail vidéo, en particulier la violence tolérée et excusée. Mon film précédent avait pour sujet la chasse au sanglier et la manière dont une société vit avec cette violence légitimée. J’ai cette fois rencontré des difficultés quant à l’élaboration du projet, filmant pour la première un sujet sans lien direct (affect ou parenté) avec moi-même. Ce décalage culturel m’a poussé à filmer le réel d’une manière détachée et discrète.

Grand Projet avec les félicitations du jury


33 Amandine Faynot Photo / vidéo

Adak (Offrande), vidéo 23 mn, DV-PAL


34 Alice Ferré Photo / vidéo

Instantanés bureaucratiques « Ressources humaines », installation vidéo sur trois écrans, 18 mn (boucle) « Instantanés bureaucratiques », livre


34 Alice Ferré Photo / vidéo Instantanés bureaucratiques Mémoire dirigé par Catherine Strasser Instantanés bureaucratiques « Aujourd’hui, je commence au service Identification. J’ai rendez-vous à 8 h 15 aux ressources humaines, pour signer mon contrat. Ça fait trois fois que j’y viens, aux ressources humai­ nes, bureau 36E. Pour y aller, c’est la première à droite après le distributeur, puis monter l’escalier avec les reproductions de Van Gogh. Arrivée au premier étage, je suis le couloir rendu étroit par des armoires de Formica©. La moquette, bleu électrique sur les côtés, est devenue toute passée au centre, traçant un chemin châtain. Bureau 36E, voilà. Je frappe, pas de réponse. Je rentre quand même, je dis : bonjour, bonne année. Mme Castale, la res­ ponsable des RH, m’invite à m’asseoir. On me donne ma carte de cantine, sur le dos de laquelle mon nom est inscrit sur un Post-it© bleu, et ma feuille de congés. J’ai le droit à 2,5 jours ce mois-ci. Elle me dit : bonne continuation. Je repasse par la moquette usée pour rejoindre mon bureau situé au quatrième étage. Dans l’ascenseur, il faut un code, parce qu’on a eu des problèmes avant : 2012, pour que tout le monde s’en souvienne » (A. F., agent de gestion documentaire). Trait essentiel du paysage contemporain, le bureau constitue un patrimoine visuel universel qui possède une forme précise dans l’imaginaire collectif. Auscultant les sous-produits du bureau, documentant ses reliquats, j’étudie les signes produits en marge des activités administratives. Proche de l’ironie, j’archive des images récupérées dans la sphère publique afin de me ressaisir des clichés qu’elles véhiculent et de créer ainsi une radiographie sati­ rique du bureau. Quels sont les fantasmes gravitant autour de ce lieu a priori clos ? Quelles images le bureau renvoie-t-il et quel portrait en dressent-elles ?


35 Annabelle Folliet Photo / vidéo Vider la ville Mémoire dirigé par Bernard Gomez La mémoire du caméléon Ce projet mêle deux notions : le lieu et la mémoire. Les lieux sont principalement urbains, photographies prises dans six capitales d’Europe que je ne connaissais pas, où je suis allée me perdre. Peu d’indices sont donnés pour savoir où l’on se trouve, le spectateur pouvant seulement l’imaginer. Ces images sont dépourvues de présence humaine. En revanche, les textes ou morceaux de dialogue nous rattachent à cette présence. Pour décider de l’assemblage texte / image, j’ai fait un travail d’associations libres, cherchant chaque fois à créer un espace, un déca­ lage entre ces deux langages. Cet espace entre les deux est aussi signifié par la présentation de ce travail. Le texte est intégré à l’image sous forme de tirettes, ou pop-up, que le spectateur ne peut manipuler. En outre, l’accrochage n’est pas définitif, il peut être modifié pour créer des rythmes, des récits différents.


35 Annabelle Folliet Photo / vidéo

La mémoire du caméléon, série de 30 photographies couleur de 50 × 50 cm, textes intégrés aux photographies par découpage, cadres 50 × 50 × 4,5 cm


36 AmĂŠlie Fontaine Image imprimĂŠe

Le rideau


36 Amélie Fontaine Image imprimée La microédition Mémoire dirigé par Sébastien Laudenbach Le rideau Je ne vous cache pas que le rideau vous dissimule des choses. Pour savoir, il faudrait voir derrière. Quand on montre quelque chose, on se dévoile forcément. Ce sont les sentiments comme la honte, la pudeur, la timidité qui nous empêchent de tout montrer. Ce thème implique le regard des autres. J’ai donc voulu faire des images qui se cachent, qui se dérobent. Ces images sont liées au désir, à l’inconscient, à l’interdit, à la censure, mais également à la peur. Une peur sourde car je ne vois pas tout, certains éléments restant dans l’ombre. Comment dire la chose sans prononcer son nom ? Le corps est mon acteur principal. Ce corps tour à tour exhibé ou caché par les vêtements, ce visage qu’on expose ou qu’on masque. Mes images fonctionnent comme un rêve éveillé : elles s’articulent entre elles par associa­ tions d’idées, une sorte de langage d’images qui finit par raconter une histoire. Ce sont des scènes ironiques, elles ont l’air naïves mais sont souvent un peu cruelles (heureusement). On y trouve aussi d’étranges matières soyeuses, on dirait des cheveux. Des poils aussi, ceux qu’on préférerait cacher. Des motifs géométriques qui habillent les personnages. J’ai réalisé tout d’abord des dessins à la mine de plomb puis des gravures et, enfin, des séri­ graphies. La pointe sèche se révéla le médium idéal, faisant la part belle au dessin et donc au trait, mais aussi aux matières. À l’impression, ce trait devint légèrement flou et vaporeux et encore plus étrange. La sérigraphie est venue en dernier. Elle m’a permis une seconde lecture de certaines images en les retravaillant en grand format, en faisant ressortir les matières par la superposition des couches et en introduisant doucement la couleur. Dès le départ, l’idée a été de réunir mes images dans un livre. Je voulais travailler l’objetlivre parce que c’est un objet intime, que chacun feuillette à sa manière, car son contenu n’est jamais visible dans l’ensemble. C’est un livre d’images sans texte. Seules quelques phrases annoncent des chapitres qui se déclinent en sept thèmes : les mon(s)trés, les dénudés, les masqués, les voilés, les pliés-dépliés, les écorchés, les décadrés. Le travail que je présente comprend un livre ainsi qu’une série de gravures et un jeu de séri­ graphies. Les premières appellent un regard intime, sollicitant la proximité du spectateur. Les secondes, de plus grand format, lui font davantage « signe ».


37 Pascaline Frégière Design textile Au contact de la terre Mémoire dirigé par Isabelle Guédon Intus Le nom latin de ma collection signifie « au-dedans », « à l’intérieur »… Je me nourris de l’imaginaire à la fois fascinant et étrange de l’anatomie humaine. Je travaille sur la double approche de la science et de la poésie, qui sont deux voies d’accès à la connaissance. Elles permettent de révéler l’essence des choses, la première par l’induction et la seconde par l’intuition. Je joue sur le décalage entre l’image que le corps nous renvoie et l’esprit de raffinement que je veux insuffler à ma collection. Mes textiles révèlent ce que le corps ne peut à lui seul dévoiler. Je propose une collection de tissus destinés à la mode féminine haut de gamme printempsété 2012, pour des femmes à l’allure douce et enjouée. Mon objectif est de séduire un panel large et éclectique de femmes par l’émotion que provoque en elles ma collection, en dépassant le clivage des goûts personnels. Il s’agit d’une collection véhiculant un univers personnel fort et unique. J’imagine des associations simples et évidentes, pour une garde-robe féminine et intemporelle. Je pro­ pose une collection de tissus et matières à la fois organique et sensible. Mon objectif est non pas de concevoir une pièce à durée de vie limitée, mais plutôt d’apporter à celles qui le portent une élégance audacieuse, se focalisant davantage sur l’exaltation de la féminité que sur le respect des tendances. La démarche créative de Dries Van Noten a guidé mon travail tout au long de l’année. Selon lui, pour qu’ils soient désirables, les vêtements doivent refléter – ou être en contradiction avec ce qui se passe dans le monde –, mais ce n’est pas une tendance qu’il veut dicter, ni suivre. Son travail se caractérise par un grand métissage d’influences qui se traduisent à travers des imprimés, des motifs très présents, un recours aux matières animales, des couleurs habilement associées et audacieuses. Ces dernières jouent sur le contraste entre des tons intenses et acidulés et des teintes chair délicates, parsemées de touches lumineuses et précieuses. J’ai choisi de travailler sur la progression pour organiser mon concept harmonique. Plus on pénètre dans le corps, plus les couleurs s’intensifient.


37 Pascaline Frégière Design textile

Intus « Somnia », impression sur soie « Fusus », chaîne et trame coton


38   10, 75, 86 Nicolas Fuminier Cinéma d’animation

6 Octobre 1625, court métrage d’animation, 12 mn, 2D, dessin papier et colorisation informatique, couleur


38   10, 75, 86 Nicolas Fuminier Cinéma d’animation Autopsie d’un décor de cinéma Mémoire dirigé par Fabienne Vansteenkiste 6 Octobre 1625 Pour notre film de fin d’études, nous avons choisi d’aborder la réalisation dans une démarche collective. Nous avions l’habitude de travailler ensemble et projetions de le faire à l’avenir, mais nous n’avions jamais réalisé de film en groupe. Cette expérience s’est déroulée en deux phases. La première a mêlé le débat d’idées, les concessions, la recherche, pour aboutir à la conception scénaristique et graphique du film. Dans un second temps, chacun a pu exprimer son savoir-faire au moment de la fabrication, occupant son poste de prédilection. Nous nous sommes réunis autour d’un projet de dessin animé traditionnel, reproduisant à notre échelle, de la façon la plus professionnelle possible, la méthode d’un studio d’animation. Nous voulions parler aux enfants, laisser une trace positive, joyeuse et colorée pour marquer la fin de nos études. Sur une île perdue au milieu d’un océan ensoleillé, s’ennuie une colonie de singes et de perroquets. Les animaux, cantonnés à leur habitat isolé, ont fini de jouir de leur situation pourtant paradisiaque. C’est l’arrivée d’une bande de pirates sur un fier galion qui va éveiller leur curiosité. Les intrus, venus là déterrer un trésor enfoui, vont célébrer leur course avide lors d’une festive et merveilleuse nuit. Ce n’est que le lendemain matin qu’ils découvriront, interdits, la disparition de leur vaisseau. Les animaux, laissant là le trésor et les brigands, ont pris le large à bord du navire et quittent enfin leur prison idyllique. Le format court et didactique de notre propos a immédiatement fait référence à la fable. Nous utilisons la symbolique animale pour planter notre histoire. Le passage d’un état fleg­ matique à celui de la réalisation d’un rêve qui paraît impossible – voler un bateau pirate – se fait de manière fantastique à travers une nuit magique. C’est lorsque tout est à portée de main que la situation nous condamne souvent à l’immobilisme le plus total. Nous dévelop­ pons le symptôme de l’enfant gâté. Retenus dans ce microcosme trop calme, nous perdons tout désir. En réaction à ce constat, ce film prône la curiosité et la découverte.


39 Marion Gamba Design vêtement L’architecture au service de la mode Mémoire dirigé par Laurent Godart Flesh Stone Explorant les frontières entre un paysage architectural et un paysage naturel, cette collec­ tion oscille entre deux univers afin de trouver une harmonie exprimant toute sa force et sa sensibilité. Aussi monumental que minimal, aussi fragile qu’indestructible, ce travail repose sur l’étude de principe textile élaboré et l’alternance de volume vestimentaire. Paysage graphique, urbain, structuré, vidé de toute humanité, de toute source de vie, paysage désertique presque lunaire d’où s’élèvent des formes sculpturales, simples ; des espaces se juxtaposent pour recouvrir le corps, pour le dessiner, le faire exister. La surface se salit, se grave, se vide peu à peu comme pour devenir éternelle et nous faire voyager vers un monde plus onirique.


39 Marion Gamba Design vĂŞtement

Flesh Stone


40 Laure Giletti Design graphique / multimédia

Hot Girls & Unités relatives


40 Laure Giletti Design graphique / multimédia La contrainte dans la création Mémoire dirigé par André Baldinger Hot Girls & Unités relatives D’ordinaire, l’imagier est un ouvrage consacré à fonder un rapport signifiant / signifié élé­ mentaire et rassurant. Je modifie cet existant selon un principe de détours pour interroger la notion de réception. Cette étude nécessite une prise en compte de codes sans cesse en mouvement, de la citation malgré tout, des dérivations potentielles, de l’oubli nécessaire, du préétabli, de l’invention et de l’intention… La chose produite n’est jamais autonome, elle existe à l’intérieur d’un contexte de produc­ tion, sans être purement relative à celui-ci. Au-delà du moment, il y a un vécu des messages et des signes. Ces questions seront abordées par des unités de travail multiples.


41 Charlotte Gonzalez Photo / vidéo Vérités du photographe de guerre, du filtre médiatique et du spectateur Mémoire dirigé par Hiroshi Maeda Brèches (une nuit à Beyrouth) Dans une pièce noire, un bloc de 3 mètres par 2 divise l’espace. Sur une face – celle qu’on voit en arrivant dans la pièce – 33 photographies sont projetées en boucle et s’enchaînent, accom­ pagnées d’une bande sonore faite de bruits de foule, d’eau, de respirations et de sons électro­ niques. Les photographies et le son du diaporama représentent la face visible de Beyrouth : les discussions légères, les rires, les vestiges de la guerre civile… À l’intérieur de ces images, des visages absents, de petites brèches, celles qui donnent envie d’en savoir plus. Quand on passe derrière ce bloc imposant, on découvre des textes découpés à même le bois, laissant passer la lumière des images ; ils existent pour ceux qui voudront comprendre. Cachés derrière les images, ils montrent les réflexions de ces jeunes, leurs traumatismes, leurs espoirs ou encore leur incompréhension face à cette société dans laquelle ils ont grandi. Vécus parallèles, opposés ; leurs subjectivités se confrontent. Éclairés de l’intérieur par les images, certains passages restent dans l’ombre jusqu’à ce qu’une photo vienne y apporter de la lumière. L’œil du spectateur est guidé, troublé ; la compréhension n’est pas facile. Cette installation reflète ma propre démarche photographique : l’aspect visuel qui m’attire en premier, la curiosité nécessaire pour comprendre ceux que je photographie et la dif­ ficulté à comprendre des vécus qui sont loin du mien. Née de mes doutes sur mon état de photojournaliste, cette série vient au moment où je dois me positionner face à mon travail. À travers ce projet, j’ai pu trouver de nombreuses réponses, mais aussi de nouvelles ques­ tions… Et j’espère m’en poser encore longtemps.

Grand Projet avec les félicitations du jury


41 Charlotte Gonzalez Photo / vidéo

Brèches (une nuit à Beyrouth), réalisation : découpe des textes sur contreplaqué 3 mm ; installation : structure en tasseaux de sapin, contreplaqué 5 mm et 3 mm, écran PVC et peinture noire ; image et son : vidéoprojecteur et enceintes


42 Yacine Gouaref Image imprimée

Oegospin Gravure pour la forêt, capture écran pour le chef, capture écran pour le monstre


42 Yacine Gouaref Image imprimée Le jeu de rôle, essor et déclin d’un art interactif Mémoire dirigé par Matthew Staunton Oegospin Dans ce jeu vidéo d’aventure (dit Point and Click), le joueur y incarne trois marins qui, au lendemain de l’armistice de 1918, recherchent leur navire disparu au large de la NouvelleGuinée. Après s’être portées sur un irréductible corsaire allemand, les suspicions des trois marins et des joueurs devraient évoluer avec la découverte, sur une minuscule île, d’un peuple adorant une mystérieuse divinité naufrageuse. Les joueurs avancent dans l’histoire en résolvant des énigmes impliquant des dialogues « loufoques » et en utilisant les uns avec les autres des objets improbables. Le jeu a été programmé dans un langage proche du C++ sur le moteur 2D AGS. Les décors sont en aquatinte, les animations des personnages en pixellisation. La musique est une symphonie dynamique, qui réagit aux actions des joueurs et à l’évolution du scénario, sans qu’il y ait de coupure. Elle a été réalisée et intégrée avec l’aide de deux étudiants du CNSM (Conservatoire national supérieur de musique de Paris).


43 Cédric Guillermo Art espace L’entreprise critique Mémoire dirigé par Marc Thébault Lieu-dit La Grée L’exposition propose une vision très personnelle et engagée. Certaines « sculptures objets » invitent à une réflexion économique et sociale. Pourtant, le petit village morbihannais de La Grée n’en reste pas moins une interrogation à prendre avec humour…


43 Cédric Guillermo Art espace

Lieu-dit La Grée


44   55 Lucas Hoffalt Design objet

Scriptorium


44   55 Lucas Hoffalt Design objet Mythe du laser Mémoire dirigé par Nasser Bouzid Scriptorium Ce projet collectif répond à une recherche sur le nouvel espace de travail, s’interrogeant sur la cohabitation de l’écrit et de l’écran aujourd’hui. La recherche s’est ensuite précisée sur les moyens ergonomiques dévolus au poste de travail. Le tableau San Girolamo nello studio, peint par Antonello da Messina, révèle pour nous la nécessité de redéfinir les contours d’un bureau contemporain qui prend en compte tant la maîtrise des technologies récentes que le rapport à la spiritualité. Cette représentation incarne la métaphore de l’homme en har­ monie avec ses outils. Cette époque rend compte d’un rapport au temps plus serein. Mario Bellini parlait de machines qui « peuvent enrichir des possibilités d’emploi (écrire ou calculer plus vite, écouter de la musique reproduite, traiter et transférer un message) d’un environnement défini ; ce sont en revanche les meubles et les décorations qui doivent donner une signification et une structure à l’environnement, aux comportements privés et publics ». Dans le domaine du livre ou de l’objet, à l’ère de la numérisation, s’opposent dématériali­ sation (iPad, eBooks) et formats établis (bureau, table). Dans ce contexte, nous dessinons un dispositif hybride où la sensibilité des formes et des matériaux offrent plus de plaisir au chercheur. Études ou loisirs conjuguent écrans et plans de travail. Contenus et contenants définissent une nouvelle ergonomie spécifique. Le travail simultané sur écrans et papier stimule une nouvelle sensorialité, tactile, visuelle et sonore. La facilité et la rapidité d’accès au savoir ont aujourd’hui totalement changé les modalités de la lecture et de l’écriture. Notre bureau permet d’articuler ces nouveaux formats qui viennent s’ajouter aux anciennes sources d’information. Malgré la mobilité des outils numériques, le bureau reste un espace irremplaçable, car il centralise tous les instruments de la pensée et génère des habitudes stabilisantes et favorables à la concentration. Projet réalisé en partenariat avec Samuel Lamidey, élève en Design graphique / multimédia.


45   29, 59 Michaël Horchman Scénographie Le passage comme état Mémoire dirigé par Annabel Vergne Vous êtes ici ? Notre intention est de réfléchir et de parler d’espace avec des personnes sensibilisées ou non à ces questions et du faire dans l’espace public. L’objectif est d’impulser un proces­ sus de rencontre, d’échange et de travail en commun dans l’espace public. Avec pour fina­ lité de faire naître ainsi un projet construit qui donne corps à un lieu accueillant ce type de processus pour ses usagers, à l’occasion d’un projet de réaménagement. Nous avons choisi de définir durant cette année ce travail spatial et graphique, de lui don­ ner un sens et une dimension sociale et de le faire par des interventions spatiales éphé­ mères de natures différentes. Pour cela, nous avons choisi un lieu réel d’expérimentation, la place du 11-Novembre à Malakoff (Hauts-de-Seine), et une situation réelle : le projet de réaménagement sur cette place au cœur de la ville. Nous avons implanté directement sur la place un lieu de travail nous représentant, permettant ainsi de travailler in situ. Ces tentatives nous ont permis de penser un outil à destination du public de la place, lui permettant d’être à même de participer à une concertation plus propice à produire un pro­ jet commun de réaménagement. Il est idéalement imaginé pour s’implanter sur n’importe quel espace public faisant l’objet d’une réflexion collective tant urbaine que sociale. Scénographie : Elsa Le Calvez, Michaël Horchman Design graphique / multimédia : Camille Dumant

Mémoire avec les félicitations du jury


45   29, 59 Michaël Horchman Scénographie

Vous êtes ici ?, maquettes, interviews, supports graphiques, photos, vidéos, dessins


46 Maud Hostache ScĂŠnographie

Te, Po, Mwen (ma terre, ma peau)


46 Maud Hostache Scénographie Katchimen Mémoire dirigé par Benjamin Delmotte Te, Po, Mwen (ma terre, ma peau) Proposition scénographique pour une adaptation dansée du roman de Jacques Roumain, Gouverneurs de la rosée, en une pièce chorégraphique pour un danseur, une chanteuse et un musicien. Cette scénographie de danse prolonge mon Mémoire, dans lequel je me suis intéressée à deux œuvres : le travail de Jeanguy Saintus, chorégraphe haïtien contemporain, et de sa compagnie Ayikodans, et Gouverneurs de la Rosée. Il s’agissait de provoquer une rencontre entre ces deux œuvres à partir de l’analyse comparée du terreau haïtien et des influences extérieures qui les nourrissent, et de dégager les axes possibles d’une rencontre scénographique. Dans la continuité du travail initié sur les danses afro-caribéennes, le fil conducteur de cette scénographie privilégie un espace révélateur de la culture et de la précarité d’Haïti. Un espace typique des pays du Sud (Caraïbe, Afrique, Amérique latine), soumis aux aléas climatiques voire telluriques, à l’exploitation économiques des habitants et des éléments naturels. Loin du « cliché » folkloriques, ces danses sont l’essence de la modernité en subli­ mant un héritage culturel (rôle social fondamental de la danse), en réunissant rythmes, mouvements et spiritualité. C’est aussi un hommage rendu à ces artistes qui veulent montrer au monde une image moins tragique d’Haïti. Tragique histoire d’amour, la pièce se découpe en trois temps : le jour, qui symbolise la dure réalité de la vie ; la nuit, qui symbolise le temps du sacrifice et de la réconciliation ; l’aube nouvelle, symbole de la renaissance et de la paix. L’écriture physique et musicale de Jacques Roumain a immédiatement fait naître chez moi des images de danse, mettant en valeur le rapport particulier entre l’homme et sa terre, l’insertion du merveilleux dans le réel et l’art. Je plante le décor dans le théâtre de la compagnie Ayikodans de Jeanguy Saintus, en Haïti. Ce théâtre à ciel ouvert, où le lieu de représentation côtoie la nature et le quotidien, est aussi un espace animiste. Les spectateurs sont installés sur la scène de danse, face à la cour, qui devient espace de représentation. J’ai construit ma scénographie autour d’un axe vie-mort, matérialisé par une souche d’arbre et un arbre vivant présents dans la cour. Un patchwork de tissus se dresse sur quatre mètres de hauteur entre ces deux éléments. Il divise la cour, devenant la frontière entre un intérieur symbolisant le huis clos de la misère, avec la présence de la souche, et un extérieur du coté de l’arbre vivant, qui devient espace du songe, d’un passé luxuriant et de l’espoir d’une renaissance du pays. Chaque espace se caractérise par une identité lumière spécifique : une lumière naturelle crue et brûlante baigne le jour, puis devient lunaire à la nuit tombée. La lumière de l’espace extérieur est colorée, en référence au monde luxuriant de la vie et des tableaux haïtiens. La peau est le réceptacle de ces deux univers, changeant d’aspect selon l’espace éclairé, pour paraître épaisse ou translucide. Le fil conducteur de l’univers sonore est une goutte d’eau, comme une pulsation de vie, un rythme de métronome, auquel vient s’ajouter un travail de percussions et de bruitages. Des sons secs vont peu à peu se trans­ former en sons pleins, symboles de vie.


47 Antony Huchette Cinéma d’animation Notes sur la mémoire, les souvenirs et les rêves dans la fiction Mémoire dirigé par François Darrasse Fancy Coffee Wali voyage endormi dans une voiture conduite par un inconnu. Le souvenir de ses amours avec Dalva traverse son rêve, qui devient réalité lorsque cette dernière, de son côté, décroche un téléphone qui la met en relation avec le songe de Wali. Ce film tente de trouver une écriture cinématographique qui puisse montrer la manière dont les souvenirs s’articulent. J’ai construit ce film comme un puzzle avec, au départ, des idées de situations retranscrites dans mes cahiers. J’avais aussi des images assez précises en tête mais ne savais comment lier ces éléments dans un récit. Après avoir imaginé une sorte de chronologie des événements de mon récit, j’ai rapidement compris que, mises bout à bout, ces scènes perdaient de leur force. J’ai donc fait éclater mon puzzle, déconstruit mon récit afin que les scènes résonnent les unes dans les autres de manière plus choré­ graphique que narrative et, ce faisant, de rester plus proche de Wali et de ses sensations. Car même si l’histoire de ce film n’est pas racontée par mon personnage, elle passe par lui, le traverse comme lui traverse les paysages. Raconter une rencontre bouleversante et ce qu’elle laisse derrière – la manière dont les souvenirs s’articulent – ne peut être passif. Ce sentiment étrange et nébuleux de l’amour bouge. C’est pourquoi j’ai choisi de mettre en forme mon récit sous la forme d’un roadmovie. Les déplacements, notamment « immobiles » (avion, train, voiture), sont propices aux réflexions et aux divagations de l’esprit. Le récit est séparé en deux temps : le premier est celui du trajet, de la route, un temps linéaire avec la traversé de Wali conduit par l’homme à travers le paysage. Le second est celui de l’histoire de Wali et Dalva. Ce temps-là, décons­ truit, non chronologique, montre la confusion, la perte de repaire de Wali. L’alternance de ces deux temps (celui de la route et celui des souvenirs) produit des ellipses comme si le paysage traversé influençait les actions des personnages dans le souvenir. Les paysages ont une grande importance dans la psychologie des personnages. J’ai été beaucoup influencé par les films de Wim Wenders et par ceux de Jim Jarmush où les décors participent aux films presque autant que les personnages. Le film est ponctué de scènes de cartoon qui interviennent comme des interludes, illus­ trant de manière symbolique le coma amoureux de Wali. Le dessin est pour moi la forme d’expression la plus directe et la plus pure pour mettre en forme une pensée. Il est direc­ tement lié à l’imaginaire. Les cartoons rappellent l’enfance, une période de notre vie dont on a presque tout oublié et qui, pourtant, détermine notre vie. Ils ont une souplesse et une légèreté qui, avec la distance de l’âge adulte, les rend graves et profonds. Au-delà de l’aspect road-movie du film, j’avais envie que le récit résonne comme un conte.


47 Antony Huchette Cinéma d’animation

Fancy Coffee


48 Sarah Jacquemot-Fiumani Photo / vidéo

Je n’ai jamais tenu qu’à vous conseiller de croître, installation sonore, 13 mn


48 Sarah Jacquemot-Fiumani Photo / vidéo Le lieu de toutes les déïtés Mémoire dirigé par Catherine Strasser Je n’ai jamais tenu qu’à vous conseiller de croître « Que pourrais-je ajouter ? […]. Je n’ai vraiment tenu qu’à vous conseiller de croître au rythme de votre évolution, sereinement et gravement ; vous ne pourriez la perturber plus violem­ ment qu’en tournant vos regards vers le dehors et en attendant au-dehors une réponse aux questions auxquelles pourra peut-être seul répondre votre sentiment le plus intime, à votre heure la plus silencieuse » (Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète, 17 février 1903). Ce projet est né d’une interrogation autour de la notion de transmission. Je l’imaginais comme un relais fondamental, essentiel et fertile. Tenter de définir ce qu’elle était et les enjeux qu’elle regroupait m’ont guidée vers une recherche, une quête qui convoquait des interlocuteurs. J’ai recueilli plusieurs conversations avec des personnes choisies, d’âges différents et de parcours différents, sans liens familiaux avec moi, auxquels il a été possible de demander : « Et vous, comment avez-vous fait ? » L’organisation et l’enregistrement sonore de ces discussions ont été au centre du travail, l’interlocuteur devenant à la fois l’enjeu et le dispositif du projet : que contient le lien qui se construit entre deux personnes, que génère-t-il lorsqu’il repose sur l’histoire intime d’une personne livrée à une autre ? Chaque événement raconté fait référence à un agen­ cement particulier, à la construction de chacun, qui a permis d’interroger la singularité du témoignage. À terme, celui-ci devait pouvoir s’articuler dans un récit qui comporte quelque chose d’universel, formule à son tour une sorte d’adresse. J’ai cherché un récit qui serait au croisement de ce qui est dit et de toutes les formes de résonance que l’on peut en­ visager de cette parole, un récit qui transforme le témoignage en une expérience que j’ai imaginée sonore. Cette forme m’a permis d’explorer le lieu de l’échange que j’ai transcrit comme un espace à traverser, à parcourir, à expérimenter par l’écoute. La construction sonore n’emploie aucune linéarité, aucune régularité, elle utililse seulement un rapport entre des questions à peine énoncées et des fragments de réponse, entre des vides à combler et des pleins à évider : transcription sensible du dialogue qui se manifeste par un mouvement, attestant seulement que quelque chose a eu lieu. « Je n’ai rien trouvé, je ne sais pas comment chercher. Il n’y a jamais aucune réponse. – Tu ne trouveras jamais seul la réponse. Un homme seul peut très peu. Son unique espoir est de trouver un lieu où la vraie connaissance a été maintenue vivante » (Peter Brook, Rencontre avec des hommes remarquables, 1977).

Mémoire et Grand Projet avec les félicitations du jury


49 Julien Jourdain de Muizon Cinéma d’animation Jouer à la guerre Mémoire dirigé par Fabienne Vansteenkiste Le dragon poubelle ou le COSEC Dans un gymnase municipal, le dragon poubelle mène la monotone vie de gardien. Son quotidien ennuyeux lui laisse le temps de penser à une fille qu’il déteste pour avoir coincé sa propre mère dans une porte de métro.


49 Julien Jourdain de Muizon Cinéma d’animation

Le dragon poubelle ou le COSEC


50 Sophie Jousse Design textile

Ailes de papillons


50 Sophie Jousse Design textile Forme, matière, couleur dans la couture Mémoire dirigé par Isabelle Guédon Ailes de papillons L’étude de la structure d’ordre microscopique des ailes de papillons est la source de mon inspiration. L’aile du papillon est constituée d’écailles (dont la longueur est de l’ordre de 100 micromètres), composées de stries (de 1 micromètre environ), la taille des membranes de l’écaille variant (de 50 à 100 nanomètres). Cette structure permet l’apparition de couleurs iridescentes dues à l’organisation des écailles diffusant la lumière. Les échelles pertinentes pour l’iridescence varient de quelques centaines à quelques dizaines de milliers de nanomètres. J’ai donc décidé de rentrer dans la matière au point de perdre l’aspect figuratif d’une aile de papillon et pour cela de travailler l’infiniment petit pour retrouver les aspects de cette structure. Les éléments que je souhaite approfondir dans mes recherches sont la morphologie de l’aile et ses propriétés optiques. S’agissant de la première, je me suis d’abord intéressée à l’allure générale de l’aile : sous l’éclairage collimaté, les différentes teintes et les reflets indiquent des variations dans l’orientation des plans et l’existence de plis au centre des cellules alaires. Puis à la disposition des écailles : on en distingue deux types sur la face dorsale. Les bleues, iridescentes, forment un fond continu, les translucides (écailles de recouvrement) recouvrent les joints des précédentes. Ensuite à leur structure : la surface supérieure d’une écaille iridescente est recouverte de stries formant un réseau régulier. Enfin à la structure des stries : chacune est constituée d’un empilement de couches de chitine (entre 8 et 12) séparées par une couche d’air. Les épaisseurs sont assez régulières et les couches, inclinées d’une dizaine de degrés sur le plan de l’écaille. S’agissant des propriétés optiques de l’aile, j’ai retenu les variations des incidences : les cellules alaires ne sont pas parallèles au plan moyen de l’aile. L’incidence sur chacune d’elles est différente et elles présentent des teintes variables. Concernant les formes des écailles, interférences et diffractions sont perturbées par la forme de l’écaille (concave ou convexe, twistée ou ondulée) qui modifie localement l’angle d’incidence. Ensuite, le phénomène de diffraction : les stries se comportent comme un réseau de diffraction, mais le bleu seul étant réfléchi, on ne trouve que cette couleur dans chaque ordre. Enfin, les interférences de couches minces : pour une incidence donnée, il y a interférences cons­ tructives pour une longueur d’onde du spectre, ici le bleu. Mon objectif a été de m’inspirer des propriétés morphologiques et structurelles qui per­ mettent aux ailes de papillons de capter la lumière de manière à créer des effets iridescents, changeants, des effets moirés, poudrés, transparents, des contrastes entre le mat et le brillant. J’ai aussi joué sur les contrastes d’échelles pour les adapter au textile. Il n’est pas dans mon intention de créer une nouvelle matière textile qui relève de la compétence d’un ingénieur textile. Le décryptage de la structure de l’aile en général et des écailles en parti­ culier m’a inspirée des graphismes à travers un jeu de trames qui nous plongent au cœur de la matière. Mon projet est destiné à la mode féminine haut de gamme, collection « Croisière ».

Grand Projet avec les félicitations du jury


51 Fabienne Julien Image imprimée Chasseur d’étoiles Mémoire dirigé par Xavier Pangaud Optique haptique Optique vient du grec optikos (relatif à la vue). Haptique vient du grec haptein (toucher). Le planisphère terrestre est une image universellement connue. Une image déformée abstraite créée de toutes pièces par l’esprit humain pour « saisir » sa planète. Mon travail prend sa source dans l’analyse de ce procédé iconique. Mon sujet n’est pas la Terre, c’est l’humain. J’ai adopté la démarche du géographe pour pro­ poser une image inédite du portrait, une vision de l’autre qui s’affranchit de la pers­pective et qui met en jeu une perception corporelle. Je me suis concentrée sur la tête comme sphère et comme modèle réduit du monde. Je me suis approchée très près, j’ai parcouru mes mo­ dèles du bout des doigts, j’ai exploré la surface du crâne, la peau, l’enveloppe corporelle. Du bout de mon corps, j’arpente les frontières de l’autre. Mon approche se développe selon deux axes. Le premier est empirique ; il explore les procédés de fragmentation et de montage qui mène à l’élaboration d’une image plane disconti­ nue d’un volume impossible à aplatir. Le second abandonne complètement la perception visuelle ; il s’appuie sur la grille du cartographe qui redéploie les points de contact. J’ai relevé, quantifié les qualités tactiles de la peau puis, au moyen de diverses trames, j’ai créé plusieurs modèles pour ordonner les données sensibles erratiques en ensembles continus. J’ai créé des images optiques d’une exploration haptique. Les procédés que j’ai mis en application sont des sortes de sismographes qui captent les traits et la présence de l’autre. Mes images sont des matrices. Elles visent à découvrir des univers nés des flux propres à chacun. Elles libèrent des possibilités de mondes métapho­ riques, poétiques : des points stellaires, des lignes de mélodie. Elles révèlent des types de déserts, de forêts… Les différentes caractéristiques que je tente d’affiner contiennent en elles-mêmes le mélange d’ombre et de lumière par lequel la peinture a pu inscrire une pensée, des humeurs, des songes sur les visages. Mon travail se décline en un livre qui réunit l’ensemble de mes expériences, ainsi qu’une série de portraits grand format. Mes images sont principalement réalisées au crayon ou au feutre sur calque ou sur papier. « Pour rentrer dans ses tableaux […] Il suffit d’être l’élu, d’avoir gardé soi-même la conscience de vivre dans un monde d’énigmes, auquel c’est en énigmes aussi qu’il convient le mieux de répondre » (Henri Michaux, Aventure de lignes, à propos de l’œuvre de Paul Klee).


51 Fabienne Julien Image imprimĂŠe

Optique haptique


52 Hee-Chung Kim Art espace

Apparence


52 Hee-Chung Kim Art espace Les cheveux Mémoire dirigé par Jean-Louis Pradel Apparence D’origine coréenne, je suis arrivée en France à l’âge de seize ans. Ma nouvelle langue, expres­ sion de la pensée et de l’individualité, ne me permettait plus de transmettre mes idées. Je me suis alors tournée vers le paraître et l’image, une forme de frontalité. Mon existence était dic­ tée par le désir d’attirer l’attention et conditionnée par l’apparence. Aujourd’hui, je souhaite utiliser et détourner ce statut d’« étrangère ». À travers cette expérience, je me suis détachée de cet aspect vaniteux qu’est l’image pour développer et définir un langage, ma propre langue. Les coiffes sont des objets portés par un modèle. Ancrés dans la réalité physique du corps qui les porte, ces objets sont non seulement des images mais aussi le symbole vivant de mon intervention dans le monde réel.


53 Anna Kobylarz Scénographie Envoi Mémoire dirigé par Jean Yves Hamel Le Pigeon de Patrick Süskind Jonathan Noël a la cinquantaine engluée. Ses souvenirs de guerre, il les a étouffés grâce à une routine qu’il s’est inventée et qui le protège. Il vit désormais entre les murs épais de ses habitudes, rien n’advient, tout roule en cercles parfaits. Pas d’amis, plus de famille, mais une chambre de bonne qui lui tient chaud. Ce qui donne un sens à son existence ? L’impeccabilité de sa stature de vigile posé devant la banque qu’il garde depuis trente ans. Jonathan Noël, dans sa forteresse, attend tranquillement la fin. Or, un matin d’août 1984, un pigeon s’incruste. Il a élu domicile sur le palier de Jonathan et braque sur notre homme un regard terrible. Il faut fuir ce monstre, on ne cohabite pas ici : Jonathan se voit contraint d’abandonner son refuge. Il essaiera malgré tout de suivre une journée normale, mais tout déviera sans cesse, vers une grave crise existentielle. Mon projet d’adaptation de ce récit se présente sous la forme d’un dispositif pour un seul spectateur. Il est mécanisé et autonome pour être installé dans des lieux urbains, sur des axes de fréquentation quotidiens. Ainsi l’histoire de Jonathan Noël et son adaptation se déroulent dans des coins de rue, squares, cours d’immeuble, etc. L’installation intervient comme le Pigeon dans la vie de Jonathan : elle se trouve sur un chemin familier et nous en détourne. Un seul spectateur donc, qui se trouve devant un mobilier urbain d’un nouveau type : un pigeonnier « stérilisateur », conçu et installé par les villes qui désirent maîtriser la prolifération des pigeons. Il est invité à s’asseoir, à mettre un casque à disposition et à regarder par une fente horizontale à l’intérieur du pigeonnier. Appuyant sur un bouton, il lancera lui-même le théâtre optique (et sa bande sonore), qui raconte l’histoire du Pigeon. Pas de personnage mais un narrateur en voix off qui nous décrit, mi-ému, mi-effrayé, les faits et gestes de Jonathan Noël. Les lieux hantés par cette voix s’animent et racontent à leur façon, en contrepoint. La petite forteresse dans le pigeonnier, installée sur un disque, tourne sur elle-même, égrenant les jours et les lieux, toujours identiques, de Jonathan. Mais le disque est divisé en anneaux concentriques. Ce jour-là, la mécanique s’enraye et un des anneaux tourne plus vite que les autres : un tronçon du couloir se décale. Le pigeon est dans l’interstice et regarde Jonathan : il est le messager d’une métamorphose prochai­ ne, la mort peut-être ? Dès lors, les murs qui s’écartent donnent naissance à des monstres : perspec­tives brisées, morceaux de rue qui se télescopent, espace renversé…, mais d’autres chemins sont créés. Jonathan va devoir jongler avec ces nouvelles possibilités…

Mémoire et Grand Projet avec les félicitations du jury


53 Anna Kobylarz Scénographie

Le Pigeon de Patrick Süskind


54 Anja Kocovic Design graphique / multimédia

ABC


54 Anja Kocovic Design graphique / multimédia Dehors, la trace aux yeux de tous Mémoire dirigé par Jean-Michel Bertrand ABC A, B, C A+B=C A et B mais où est C ? Je suis A, tu es C, qui est B ? Ce n’est pas une personne, Ce n’est pas une chose. Je vous invite à rencontrer ABC. ABC s’articule autour du travail collaboratif. ABC est un projet à deux niveaux. Il comporte dans un premier temps trois collaborations dans trois domaines différents : l’édition, la photographie et l’illustration, mais aussi l’analyse de ces processus de cocréation. Le pro­ cessus devient le projet, l’échange le contenu. La collaboration crée la forme. Comment fonctionne la création à deux ? Quel schéma se met en place dans une collabo­ ration ? Quel outil d’analyse ? Comment se positionne-t-on à travers différentes expériences ? Comment ma pratique peut-elle influencer la pratique de l’autre ? Comment retranscrire les moments de création ?


55   44 Samuel Lamidey Design graphique / multimédia Football : la table de 17 Mémoire dirigé par Philippe Millot Scriptorium Ce projet collectif répond à une recherche sur le nouvel espace de travail, s’interrogeant sur la cohabitation de l’écrit et de l’écran aujourd’hui. La recherche s’est ensuite précisée sur les moyens ergonomiques dévolus au poste de travail. Le tableau San Girolamo nello studio, peint par Antonello da Messina, révèle pour nous la nécessité de redéfinir les contours d’un bureau contemporain qui prend en compte tant la maîtrise des technologies récentes que le rapport à la spiritualité. Cette représentation incarne la métaphore de l’homme en har­ monie avec ses outils. Cette époque rend compte d’un rapport au temps plus serein. Mario Bellini parlait de machines qui « peuvent enrichir des possibilités d’emploi (écrire ou calculer plus vite, écouter de la musique reproduite, traiter et transférer un message) d’un environnement défini ; ce sont en revanche les meubles et les décorations qui doivent donner une signification et une structure à l’environnement, aux comportements privés et publics ». Dans le domaine du livre ou de l’objet, à l’ère de la numérisation, s’opposent dématériali­ sation (iPad, eBooks) et formats établis (bureau, table). Dans ce contexte, nous dessinons un dispositif hybride où la sensibilité des formes et des matériaux offrent plus de plaisir au chercheur. Études ou loisirs conjuguent écrans et plans de travail. Contenus et contenants définissent une nouvelle ergonomie spécifique. Le travail simultané sur écrans et papier stimule une nouvelle sensorialité, tactile, visuelle et sonore. La facilité et la rapidité d’accès au savoir ont aujourd’hui totalement changé les modalités de la lecture et de l’écriture. Notre bureau permet d’articuler ces nouveaux formats qui viennent s’ajouter aux anciennes sources d’information. Malgré la mobilité des outils numériques, le bureau reste un espace irremplaçable, car il centralise tous les instruments de la pensée et génère des habitudes stabilisantes et favorables à la concentration. Projet réalisé en partenariat avec Lucas Hoffalt, élève en Design objet.


55   44 Samuel Lamidey Design graphique / multimédia

Scriptorium


56 Fanny Laplane Scénographie

Les Enfants terribles de Jean Cocteau « 2e étage de la maison, la chambre des enfants, l’espace de jeu » « 1er étage de la maison » « Rez-de-chaussée, vue générale »


56 Fanny Laplane Scénographie Sur l’écran noir de mes nuits blanches Mémoire dirigé par Benjamin Delmotte Les Enfants terribles de Jean Cocteau C’est l’histoire d’un frère et d’une sœur qui s’enferment chez eux, qui se renferment dans leur jeu, dans leur monde. Leur vie n’existe plus que dans la chambre sacrée à laquelle chaque événement est rapporté et qu’ils tentent de préserver coûte que coûte malgré le temps qui passe. Coupée de la réalité, leur chambre absorbe tout, devient un sanctuaire fantastique qui finira par les emporter. On entrevoit dans ce roman l’univers créateur de l’enfance, léger et fantastique, doté d’une énergie enviable, mais qui, trop refermé sur lui-même, finit par manquer d’air extérieur, indispensable pour se renouveler, continuer à exister. Cette chambre isolée n’a qu’une durée limitée ; déjà poussée à bout, elle court à son autodestruction. C’est donc une sorte de huis clos que je choisis d’adapter pour le théâtre (la chambre change de lieux, mais se reconstruit toujours automatiquement), dans lequel les protagonistes refusent de voir la réalité extérieure, l’existence du monde qui les entoure. Parce qu’ils ne peuvent exister ailleurs, alors c’est à nous de venir jusqu’à eux, de « pénétrer dans leur inti­ mité ». C’est ce qui me motive à ne pas rester dans un théâtre pour travailler ce texte mais à déplacer le spectacle dans une maison. Le spectateur pénètre dans cette maison sanctuaire depuis laquelle, une fois rentré, il ne pourra plus rien percevoir de l’extérieur avant la fin destructrice. Maison de ville, réelle, existante avec son passé (que j’ignore) et ses traces de vie, mais mainte­ nant vide. Maison qui parle sans s’imposer, à laquelle vient s’ajouter, perturbant l’espace, cette chambre fictive des enfants, que l’on voit évoluer, qui dépose elle aussi ses empreintes. Parce que chambre et enfants sont irrémédiablement liés, l’une ne pouvant exister sans les autres, ils évoluent ensemble, reflétant leur rapport à la vie comme la peau d’un corps. Tout en restant présente à chaque étage, elle se modifie avec ses enfants grandissants qui refusent d’accepter la réalité. Elle se déplace, s’enfonce, explose par la folie, se recroqueville comme une petite cabane au milieu du vide et finit par s’effondrer avec les enfants.


57 Léopold Lauga Design graphique / multimédia La tectonique des plaques Mémoire dirigé par Nasser Bouzid Je suis bilexique Mon intention, en calquant la méthode de l’orthophoniste Béatrice Sauvageot, est de faire prendre conscience au bilexique (ou dyslexique) et à son entourage de ses multiples et extraordinaires capacités. Souvent sous-exploitées, elles permettraient pourtant de lui redonner confiance. Le procédé diffère significativement des méthodes classiques et figées de notre système éducatif. C’est un travail en forme d’une discussion née d’une envie commune de sortir d’un schéma conventionnel, d’aller au-delà de nos domaines respectifs pour trouver des solutions d’adaptation nouvelles.


57 Léopold Lauga Design graphique / multimédia

Je suis bilexique


58   7 Fanny Le Bras Image imprimée

Contraintes Couvertures : « # 1 Le temps », « # 2 La censure », « # 3 La conservation »


58   7 Fanny le Bras Image imprimée Topography is Ready Mémoire dirigé par René Lesné Contraintes Contraintes est un projet de revue envisagée comme un support d’expérimentation ouvert à tous les champs de la création. De l’architecture au design, de l’industrie cinémato­ graphique à l’art contemporain, du théâtre au jeu vidéo. La revue s’intéresse principalement aux contraintes, avec lesquelles tout créateur doit composer. Qu’elles soient matérielles, culturelles, temporelles ou financières, les contraintes rencontrées par l’artiste sont diverses et bien réelles. Chaque numéro s’empare d’un type de contraintes, qui lui donne son thème. Il s’articule autour d’un corpus d’articles de fond, de focus et de pratiques artisti­ ques ouvrant un champ de recherches et d’investigations sur la contrainte dans la création. Le but est de libérer les points de vue, les regards et les singularités. La revue débute avec la publication de deux numéros autour de deux thèmes : les contraintes du temps et celles de la censure. Le premier numéro s’intéresse aux contraintes du temps dans la création contemporaine et observe dans quelle mesure celles-ci, au cœur du processus de création, peuvent devenir un moteur d’inventivité. Le second numéro traite des limitations arbitraires et doctrinales de la liberté d’expression et étudie dans quelles circonstances ces incidences peuvent devenir une source de recréation pour l’artiste. Contraintes n’est pas un dogme. La revue n’a aucune leçon à donner, seulement des problèmes à soulever, des situations à expérimenter. Ce projet de diplôme a été réalisé à trois : Fanny Le Bras (Image imprimée), Clémentine Berry (Design graphique / multimédia) et Romuald Roudier-Théron (Métiers des arts et de la culture, Paris I – La Sorbonne).

Mémoire avec les félicitations du jury


59   29, 45 Elsa Le Calvez-Amsallem Scénographie F(r)ictions urbaines Mémoire dirigé par Claude Nessi Vous êtes ici ? Notre intention est de réfléchir et de parler d’espace avec des personnes sensibilisées ou non à ces questions et du faire dans l’espace public. L’objectif est d’impulser un proces­ sus de rencontre, d’échange et de travail en commun dans l’espace public. Avec pour fina­ lité de faire naître ainsi un projet construit qui donne corps à un lieu accueillant ce type de processus pour ses usagers, à l’occasion d’un projet de réaménagement. Nous avons choisi de définir durant cette année ce travail spatial et graphique, de lui don­ ner un sens et une dimension sociale et de le faire par des interventions spatiales éphé­ mères de natures différentes. Pour cela, nous avons choisi un lieu réel d’expérimentation, la place du 11-Novembre à Malakoff (Hauts-de-Seine), et une situation réelle : le projet de réaménagement sur cette place au cœur de la ville. Nous avons implanté directement sur la place un lieu de travail nous représentant, permettant ainsi de travailler in situ. Ces tentatives nous ont permis de penser un outil à destination du public de la place, lui permettant d’être à même de participer à une concertation plus propice à produire un pro­ jet commun de réaménagement. Il est idéalement imaginé pour s’implanter sur n’importe quel espace public faisant l’objet d’une réflexion collective tant urbaine que sociale. Scénographie : Elsa Le Calvez, Michaël Horchman Design graphique / multimédia : Camille Dumant

Mémoire avec les félicitations du jury


59   29, 45 Elsa Le Calvez-Amsallem Scénographie

Vous êtes ici ?, maquettes, interviews, supports graphiques, photos, vidéos, dessins


60 Emmanuel Le Cerf Photo / vidéo

Woman on Top, installation, acier, bois, plexiglas et tissu, vidéoprojection Bronco, vidéo noir et blanc, boucle Tribune, série de 7 photographies, couleur et noir et blanc, impressions numériques 24 × 36 cm


60 Emmanuel Le Cerf Photo / vidéo Faux amis et vrais semblants Mémoire dirigé par Marc Thebault Woman on Top Un miroir fractionné semble se pencher sur La Vénus d’Urbino (Titien, 1538), qui apparaît et disparaît comme une référence qui hante. Loin d’afficher son reflet, ce miroir donne à voir une image spéculaire qui semble regarder la peinture et l’affronter de haut. Woman on Top est une installation qui résulte d’une réflexion sur la projection pensée comme un transporteur d’images. L’idée principale fut de penser à un système dans lequel les moyens techniques et la photographie diffusée seraient profondément unis et visibles, à l’inverse des salles obscures où la machinerie se doit d’être oubliée. Le système exploré à travers cette installation permet d’obtenir une image statique, grâce à l’organisation de 60 000 facettes miroitantes qui puisent leur ton dans un nuancier géant. Le dispositif a été conçu avec l’aide de Maxime Talan et Serge Foutrier-Bielakoff. Bronco Un bronco est un cheval au statut paradoxal : pas entièrement sauvage, il a la particularité d’être encore insoumis puisque son manque de dressage lui confère un caractère violent face à un cavalier ou au moindre harnachement imposé. Ce film montre les déplacements d’un de ces spécimens revêtu d’une étoffe de satin noir. La vidéo révèle les forces en tension qui transparaissent dans la confrontation du domes­ tique et du fougueux. Les déplacements dans l’arène sont brusqués et magnifiés par une cape de héros portée majestueusement et parfois piétinée. Diffusée en boucle dans l’en­ ceinte d’un moniteur, la vidéo elle-même semble rejouer la scène à l’infini, piégée. Le film a été réalisé avec l’aide d’Adrien Collino et les membres de la Bronc & Bull Riders Association. Tribune Ces images sont des témoins confus, des preuves d’événements rencontrés, à portée de main. La série fonctionne comme des archives rassemblées, une sorte d’album au thème indicible, ou encore un mur d’images relatives à une enquête définitivement irrésolue, sans investigation.

Grand Projet avec les félicitations du jury


61 Ludovic Legrand Architecture intérieure Solitude et vie métropolitaine Mémoire dirigé par Sylvestre Monnier Parasite (reconversion des entrepôts Macdonald en un lieu d’activité nocturne) L’enjeu consistait à insérer un restaurant et une discothèque dans l’ancien entrepôt Macdonald situé sur les boulevards extérieurs au nord de Paris. Cet espace brut, aux dimen­sions impressionnantes – 60 × 32 × 6,25 mètres – paraissait difficilement compa­ tible avec un univers de sensualité, de séduction ou de plaisir. Il s’agissait donc pour moi autant de créer un univers propre à chacun des deux programmes que de les faire réagir à la radicalité du lieu. La réponse s’est incarnée en un magma bleu pétrole qui entre en contact avec la structure du lieu laissée intacte et réagit à celle-ci. Il sépare et caractérise deux univers – le restau­ rant et la discothèque – par deux réactions inverses : d’un côté, une coulée vers le sol et, de l’autre, une poussée vers le plafond. Il est un dispositif fonctionnel qui intègre toutes les servitudes et tous les équipements techniques. Ce magma, avec ses formes coulantes et sa substance luisante, déforme les lignes raides de l’ancien entrepôt. Enfin, par son relief prononcé, la surface établit un jeu de dispari­ tion / substitution des corps et de l’espace hôte. En créant le paysage d’une expérience noc­ turne relevant de l’étrange et du mystérieux, cet élément étranger, parasite, agit comme un révélateur de la puissance esthétique de l’entrepôt. Public Trip (Chicago Architectural Prize Competition / concours d’idée) Le concours proposait une reconquête des fondations de la Chicago Spire Tower, tour d’une hauteur de 610 mètres, comprenant 1 500 appartements répartis sur 150 étages, dont la cons­ truction a été stoppée en raison de la crise financière. Depuis deux ans, ce trou de 31 × 24 mètres, surnommé « la plus grande piscine de Chicago », fait l’objet d’un questionnement : comment panser cette blessure ? Comment y projeter une nouvelle vision forte et positive ? Pour nous, ce trou avait le potentiel d’éveiller la curiosité. Se sentir proche de l’inconnu est un sentiment que nous avons tenu à conserver. Nous l’avons pris comme une ouverture sur l’imaginaire et le prétexte d’un voyage. Ainsi le projet propose au piéton un voyage public. Il descend jusqu’au fond du trou pour ensuite s’envoler à bord d’une montgolfière et découvrir la relation entre Chicago et le ciel. L’ensemble du programme s’articule autour du trou. Le sol du parc est comme aspiré, il se transforme en architecture souterraine. Une pente douce en périphérie du trou invite l’usager à pénétrer à l’intérieur de la terre. Le long d’une spirale descendante il découvre une suite d’activités culturelles et de loisir faisant appel à l’imaginaire, aux plaisirs, aux images et aux corps. Le projet a enfin pour fonction d’assembler les échelles très variées des alentours, en per­ mettant aux citadins et visiteurs de Chicago de s’approprier la métropole par le biais d’une expérience physique et intime. En collaboration avec Maria Delamare et Adrian Galeazzi.


61 Ludovic Legrand Architecture intérieure

Parasite (reconversion des entrepôts Macdonald en un lieu d’activité nocturne), vue générale, vue en coupe Public Trip (Chicago Architectural Prize Competition / concours d’idée), vue générale, vue de la salle d’envol


62 Leah LĂŠonard Design vĂŞtement

Ladybird


62 Leah Léonard Design vêtement Parure et paraître Mémoire dirigé par Jean-Jacques Rullier Ladybird Mon travail s’inspire des formes symétriques de la nature, structures végétales ou ani­ males, et des détails de vêtements de la Renaissance. D’autres influences comme l’art oriental, l’Afrique ou les années 1920 se rencontrent dans une même silhouette. Celle-ci est toujours très structurée et près du corps, ce qui définit la forme du vêtement. Sur cette base, je cherche donc à souligner les formes par un découpage du corps rempli de morceaux symétriques autour d’un axe central. Chaque robe, à l’intérieur de son contour, devient un tableau de couleurs et de formes qui habillent le corps. La gamme colorée est ludique et proche du Cielo Blu’ du Kandinsky de la dernière période « biomorphique ». Sur cette surface qui modèle le corps, j’ouvre une autre dimension plus en profondeur, en volume, à travers les superpositions de couches, les plissés, les écailles et les incisions, les fentes inspirées des costumes de la Renaissance. C’est avec la notion de inside out que j’ai pensé ma collection. D’ailleurs, la traduction en anglais du mot « coc­ cinelle », ladybird, illustre bien la notion de coquille fermée qui cède à l’ouverture de l’envol, de légèreté cachée, d’où le nom que j’ai choisi pour ma collection. Les textiles majoritai­ rement utilisés sont la soie, l’organza de soie et le velours de soie. Viennent s’ajouter par petites touches plumes, galons précieux, perles et cuir fin d’agneau. Ma collection cible une femme entre 25 et 35 ans qui construit sa garde-robe avec aussi bien des pièces vintage (des années 1920 à 1950) que de nouvelles créations (dans les grands magasins de luxe). Elle aime collectionner des vêtements rares et étonnants. L’harmonie visuelle est aussi un tout qu’elle recherche. Elle ne peut pas vivre en dehors de la vie citadi­ ne pour son interactivité inépuisable ; cependant elle aime beaucoup la nature, plus pour ses qualités esthétiques que pour son mode de vie. Émerveillée par la beauté organique, elle s’entoure des formes que celle-ci inspire à la mode et au design et aime les mélanges entre l’ornementation orientale, le classicisme occidental et la modernité futuriste.


63 Maud Le Roy Architecture intérieure In(side) et Out(side) Mémoire dirigé par Marc Iseppi 360° House (Icarch Gallery Competition, “A House for the Walking Men”) L’homme qui marche évolue vers l’avenir. Cette marche symbolise l’envie malgré tout d’exister. Tout est question de perspectives, qui doivent être libres, lumineuses, maxima­ les. Imaginer une maison pour l’homme qui marche correspond à une architecture elle aussi en mouvement, où laisser entrer la lumière, aller le regard, sans obstacles… Le cercle symbolise la forme parfaite, absolue, infinie… C’est une figure douce, sans angles, sans tensions, une des plus simples qui soit, et peut se décomposer en deux éléments : le centre et la circonférence. Le centre peut être conçu tout seul, mais la circonférence ne peut exister sans lui. Il est donc le point de départ et d’arrivée, la référence de tout ce qui rayon­ nera autour ; la circonférence est au contraire le terrain du changement, du mouvement, de la transformation, de l’ouverture. La maison de l’homme qui marche pourrait donc être cette maison ronde, dont le noyau renfermerait les fonctions de base nécessaires (dormir, manger, se laver, ranger) s’ouvrant ou se refermant selon les besoins ; la circonférence, elle, serait un espace libre autour de ce noyau, une transition fluide entre l’intérieur et l’exté­ rieur, dont les parois de verre, négation du mur, offrent un champ aux perspectives maxi­ males… Autour de ce mobilier central de bois, l’homme est libre d’aménager l’espace, de l’ouvrir ou de le fermer. Cette maison peut aussi bien se poser sur le toit d’un immeuble, offrant des perspectives sur la ville, permettant de prendre de la hauteur et de survoler rues et boulevards pour laisser aller le regard habituellement contraint dans des perspectives urbaines réglées… ou s’insérer en pleine nature, pour tendre vers une ouverture et une interaction maximale avec le paysage. Bains publics (reconversion des entrepôts Macdonald) Dans une ville où tout tend vers toujours plus d’accélération, impersonnelle, individualiste et stressante, comment penser aujourd’hui des espaces privilégiant le bien-être du corps et de l’esprit ? Dans l’histoire de la vie sociale, les bains publics sont d’éternité des espaces où, bien au-delà du simple acte de se laver, on venait se ressourcer… Aujourd’hui, nombre de grandes villes voient réapparaître des thermes comme espaces de détente. Mon projet propose un espace d’expériences autour de l’eau et de la notion d’immersion au cœur de Paris. L’immersion est l’action d’immerger (physiquement ou psychologiquement) un sujet, d’être immergé dans un milieu étranger, sans contact direct avec le milieu d’origine (la ville), associée souvent à une notion perturbée du temps et de la réalité, à une sensation d’être entièrement plongé dans un environnement et de pouvoir interagir avec les éléments le constituant (l’eau, la pierre), c’est aussi le début d’une occultation de la lumière en as­ tronomie (de la lumière vers le sombre). En physique, c’est l’action de plonger un corps dans un milieu liquide, synonyme de plongée et de bain, facilement associé à l’eau. Dans la religion, l’immersion est synonyme de baptême et de purification. Par l’immersion, couper avec la ville, le stress, le quotidien et se ressourcer en faisant l’expérience de l’eau… Ur-bains allie un espace bar-restaurant (Ur-bar), un espace de soins (cellules individuel­ les pour massage, kinésithérapie, ostéopathie) et un espace de bains. Ce dernier s’orga­ nise tel un parcours jouant sur une immersion douce et progressive, réparti en cellules ou en bassins, en offrant diverses expériences autour de l’eau (vapeurs, brumes, pluies, eaux calmes, eaux froides, eaux chaudes, eaux bouillonnantes, eaux noires, eaux sonores…).


63 Maud Le Roy Architecture intérieure

360 ° House (concours Icarch Gallery Competition, “A House for the Walking Men”) Bains publics (grand projet de reconversion des entrepôts Macdonald)


64 Léopold Lescop de Moÿ Design objet

Vélobar


64 Léopold Lescop de Moÿ Design objet La culture technique, jeu d’enfant, enjeu pour demain Mémoire dirigé par Anna Lalanne-Bernagozzi Vélobar (stand mobile pour une restauration alternative dans la ville) Ce concept de restauration mobile s’inscrit dans la ville à des fins gastronomiques, environ­ nementales, sociales et culturelles. Le projet a été développé dans le contexte du lancement d’une enseigne de « microfranchise solidaire et mobile » s’adressant à des individus sans emploi et désirant créer leur propre activité en devenant « franchisés ». Ce concept urbain offre un mode de restauration original, rapide et sain, adaptable et disponible le jour comme la nuit pour offrir une alimentation ludique, locale et éthique. Cette proposition se concrétise par un triporteur électrique aménagé en « mini resto » expéri­ mental et destiné à la vente de boissons et de snacks dans les rues parisiennes. Une fois installé sur l’emplacement prévu, le vendeur prend place avantageusement à l’intérieur de son outil de travail. Le dispositif adaptable du stand est organisé pour faciliter ses gestes et le protéger. Derrière un comptoir qui invite chacun à s’accouder, il recrée les conditions d’une convivialité populaire aux coins des rues. Par leur transparence et leur structure en bois, les vélosbars affichent une apparente fraîcheur et légèreté. L’association de contreplaqué laminé blanc et de fines plaques de polycarbonate impri­ mées permet d’optimiser leur poids. Rigoureux et rassurants, ils marquent une rupture avec l’image d’une cuisine de rue suspecte et trop ordinaire. L’identité de cet objet signe fait appel à la mémoire collective et réfléchit l’image de la ville. Partenaires du projet : Le Triporteur Café (Benjamin Gratton, Madeleine Ceyrac), Art & Build (Steven Ware / architecte), ADIE (Association pour le droit à l’initiative économique).

Grand Projet avec les félicitations du jury


65 Mathilde Lesueur Design graphique / multimédia Le cinéma des bavards Mémoire dirigé par Pierre Alferi Lire le cinéma La façon de penser le cinéma paraît aujourd’hui mise en question dans ses délimitations. La critique, dite « sérieuse », confinée dans un espace hermétique est en quête d’une redéfi­ nition. Les temps héroïques paraissent bien loin derrière. Alors que les supports d’images se multiplient et se détruisent mutuellement, les outils de la critique eux se trouvent en partie renouvelés. Sur Internet, une critique nouvelle fait son chemin. En dehors des sentiers institutionnalisés, des gestes se mettent en place et se partagent. Sur les blogs, les idées peuvent passer en quelques lignes, extraits vidéo à l’appui. Les commentaires des uns se baladent dans les archives et se confrontent à ceux des autres. S’il n’est pas possible sur papier de montrer aussi facilement ce que l’on dit sur un écran, qui lui peut convoquer la vidéo, il me semble que la critique sur papier, pour trouver un second souffle, doit se laisser envahir par de nouvelles approches. Elle doit intégrer l’image dans son développement. Plus qu’une illustration du texte, comme elle est souvent utilisée, celle-ci peut prolonger le regard porté sur une œuvre. L’enjeu implique de trouver la bonne distance, dans les mots comme dans l’image, pour faire réapparaître quelque chose du film. Sans que l’exercice altère ou trahisse le film, les mots et les images doivent retrouver cet agencement qui parvient à montrer ce que le film produit. Mais si le graphisme reste aujourd’hui presque inexploité pour parler du cinéma, c’est qu’il réclame pour ce faire la matière même de l’œuvre et donc la transforme. Ce projet se joue de cette complication et envisage le cinéma comme une matière malléable. Matière qu’il titille de film en film pour penser le cinéma avec l’image. « Album moderne » et « Chromographies » menés en collaboration avec Jérémie Harper.

Grand Projet avec les félicitations du jury


65 Mathilde Lesueur Design graphique / multimédia

Lire le cinéma « Album moderne » « Chromographies » : Le Genou de Claire d’Éric Rohmer, Le Voyage de Chihiro d’Hayao Miyasaki « Baisers de cinéma » : Faces de John Cassavetes « Filmage » : Opening Night de John Cassavetes, Haut bas fragile de Jacques Rivette


66 Quentin Levasseur Art espace

Roberto, Paul, Esteban, Nicolas, Victor, au milieu‌


66 Quentin Levasseur Art espace À bord Loti Mémoire dirigé par Patrick Jeannes Roberto, Paul, Esteban, Nicolas, Victor, au milieu… À partir de fragilités, d’assemblages de fragilités, je m’efforce d’élever des constructions dans l’espoir d’une possibilité de solidité, d’unité. Mes sculptures, communautaires, modulaires, déclinées entre tension, réseau, fondation et élévation, cherchent dans la constitution de leurs organismes à se légitimer, à s’imposer. Elles décortiquent, fragmentent, isolent leurs corps, leurs âmes, afin d’étudier leurs conditions, leurs fonctions, leurs possibilités.


67 Thomas L’Excellent Design graphique / multimédia Penser la typographie en couleurs Mémoire dirigé par André Baldinger Expériences à ciel couvert Mon projet tente de transformer un lieu oublié, abandonné à son simple rôle de passage, en un espace plongeant les visiteurs au cœur d’une expérience interactive. Situé au cœur de la promenade plantée, le lieu en question est un tunnel imposant. Bien qu’inscrit dans le parcours proposé par cette coulée verte, il reste étonnement peu amé­ nagé. Mal éclairé, il encourage ses usagers à en sortir le plus rapidement possible. Afin d’y remédier, des écrans sont installés et offrent aux promeneurs un regard nouveau sur leur environnement quotidien. Pour les besoins du diplôme, une maquette au 1 / 50 est créée et reçoit sur chacune de ses faces une projection vidéo. Liés par une thématique écologiste, différents scénarios sont testés et montrent l’influence des visiteurs sur l’ins­ tallation. Afin de mieux percevoir la vision que le public aurait à l’intérieur du tunnel, une projection simule celui-ci en trois dimensions.

Mémoire avec les félicitations du jury


67 Thomas L’Excellent Design graphique / multimédia

Expériences à ciel couvert


68 Ying Liu Architecture intérieure

Au clair de lune, maille et structure, jeu de lumière et d’ombre Welcome in Hotel (2e Concours international pour architectes d’intérieur, édition 2009 – 2010)


68 Ying Liu Architecture intérieure Comment un monument historique comme la tour Eiffel peut- il devenir un bibelot ? Mémoire dirigé par Michèle Guénoun Au clair de lune Le sujet consiste à réhabiliter un entrepôt près de La Villette en boîte de nuit. Venir en disco­thèque, c’est principalement pour se distraire entre amis ou en couple. Ce proces­ sus de rencontres passe par des codes d’interactions où le lieu joue un rôle-clé. Mon projet propose donc plusieurs échelles d’espaces où les distances varient pour faciliter le contact ainsi que différents types de rencontres : l’espace du speed-dating, où la rencontre a lieu face à face, de manière programmée, où le dialogue verbal permet de juger rapidement la personne ; l’espace du bar, où la rencontre est plus imprévue, où des personnes se côtoyant échangent librement des paroles ; l’espace du restaurant, où des groupes ont la possibilité de se rassembler et de présenter leurs amis ; la piste de danse, où l’espace corps l’emporte sur la conversation. Les distances ainsi réduites facilitent l’interaction. L’entrepôt manque cruellement de lumière même dans la journée. L’éclairage des tubes fluorescents est froid et ne participe pas à créer l’ambiance romantique idéale. Mon projet s’inspire des sous-bois, où les amoureux aiment à se balader. Je propose de cacher les po­ teaux du bâtiment et de les transformer en troncs d’arbre en créant des circulations tout en courbes. Des enveloppes habillent les poteaux en délimitant les sous-espaces. Ces « cocons », aux mailles plus ou moins serrées, enchevêtrées, tels les branchages, se font espaces plus intimes sans pourtant se trouver isolés de l’agitation. La lumière artificielle varie selon les espaces pour donner un effet naturel : dans la zone du speed-dating, elle est mouvante pour donner l’impression d’une douce brise ; dans la zone du bar, la lumière indirecte met en valeur le volume de la pièce pour mieux faire ressentir l’espace aux personnes présentes ; dans la zone du restaurant, la lumière est directionnelle et cible de manière ponctuelle les tables, les zones d’intérêt ; sur la piste de danse, des lasers colorés éclairent par flashes les visages sous la lune artificielle qui remplace la boule à facettes. Welcome in Hotel (2e Concours international pour architectes d’intérieur, édition 2009 – 2010) J’ai gagné le deuxième prix de ce concours italien portant sur un projet d’hôtel situé dans la région de Rimini, en bord de mer. Dès leur arrivée, les clients mettent un pied sur la plage. Parasols, chaises longues, balançoires les attirent d’emblée. Le fonctionnement de cet hôtel bon marché s’inspire de celui des campings pour se sentir tout de suite en vacances. Les salons, salles de réunions et de jeux ainsi que les sanitaires sont rassemblés sous des tentes à proximité de l’entrée. Ensemble, ils constituent un espace de vie collective. Le partage des espaces suscite davantage la rencontre qu’un hôtel classique ; la promiscuité est mieux vécue lorsque l’on se sent détendu, en vacances. Le bâtiment existant en béton montre des éléments architecturaux imposants tels que les poteaux qui renforcent le caractère massif du site. Par contraste, j’ai recherché des matériaux souples ayant l’aspect de la toile. Le vide ménagé entre la façade ouest vitrée et le plancher de la coursive du deuxième étage allège l’espace. Le prolongement de l’intérieur vers l’ex­ térieur est accentué par l’emploi, de chaque côté, de référents communs à l’univers de la plage. Un filtre végétal de bambous tamise la lumière de l’ouest sans interrompre le dialogue visuel. Il contribue à créer une atmosphère relaxante et une sensation de fraîcheur. À l’inverse, la terrasse est un lieu où l’on vient chercher le soleil. Les parasols mobiles et repliables permettent d’adapter la luminosité à volonté.


69 Ana Lorenzana Photo / vidéo La manipulation du mythe Mémoire dirigé par Christian Courrèges 13 minutes Chère Annie Leibowitz, tout a commencé le soir d’un concert de Poni Hoax il y a environ trois ans. La foule à l’affût du moindre spectacle criait et acclamait le groupe. Enfin, la voix du chanteur Nicolas Ker transperça le public et je me sentis alors étrangement puissante. C’est exactement à ce moment-là que je me dis que je devais utiliser le pouvoir de la musique pour créer des images. Accompagnés d’Élodie Tacnet, nous avons commencé par décrypter le monde du rock pa­ risien. À l’époque, nous ne connaissions personne et je ne pouvais que faire des photos de scène. J’essayais de capter les moments les plus importants des concerts, mais il était frus­ trant de ne pas avoir d’images uniques. Très lentement, nous avons développé un réseau et avons pu rencontrer des groupes, passer un petit moment avec eux. Toutes mes photos étaient semblables, je reconnaissais mes poses, mes attitudes, et les images n’avaient plus d’intérêt, elles me ressemblaient toutes. Au fur et à mesure que nous avancions et que nous rencontrions des groupes plus connus de la scène internationale, j’ai dû me remettre en question et, enfin, en juillet 2009, j’ai décidé de vraiment préparer chaque photo indivi­ duellement. Un groupe, une idée, des accessoires, bref un univers propre à chacun. 13 minutes est une sélection du résultat de cette remise en question. Treize groupes, treize rêves, treize rencontres, treize idées, treize trajets jusqu’au marché Saint-Pierre (Paris, XIXe arrondissement), treize lieux, treize avions, treize chansons, treize concerts, treize tour ma­ nagers, treize anecdotes, treize moments de soulagement et, en moyenne, treize minutes pour réaliser chaque photo. Ratatat, Donovan, Gliss, Lighspeed Champion, Pluheluaohh, Shy Child, Naty Botero, Pablo Cahn, New Young Pony Club, Maruosa, Hunx and his Punx, We are Scientists et Midnight Juggernauts ont représenté chaque fois une aventure. D’une part, ces images ont été réa­ lisées dans différentes villes du monde comme Paris, Bogotá ou Tokyo. D’autre part, chaque rencontre est une mise en scène et une mise en commun des compétences de chacun. Les musiciens se sont prêtés au jeu en me laissant créer une autre musique, se sont mis à mon service pour me laisser créer la mienne en utilisant cette énergie indescriptible qu’eux seuls dégagent. Dans ces treize images, nous avons tous laissé une partie de nous-mêmes qui se révèle chaque fois qu’on les regarde, comme une chanson pleine de texture, de lu­ mière et de couleurs. Voilà le pouvoir de 13 minutes : treize moments uniques visant à rapprocher le grand pu­ blic de ces personnalités talentueuses et atypiques, qui pourtant restent des êtres humains comme nous tous. Je tenais à partager ce projet avec vous, créatrice d’images, vous qui êtes à l’origine de mon désir de ce projet photographique, en espérant que vous prendrez autant de plaisir à le regarder que j’en ai pris à le mettre sur pied. Merci et vive la musique !


69 Ana Lorenzana Photo / vidéo

13 minutes


70 Gaëlle Lukàcs Architecture intérieure

Corpus, « La Pente », rencontre, pause, centre du lieu ; en fond de galerie, regard sur l’espace et invitation à la lecture Urgence d’habiter


70 Gaëlle Lukàcs Architecture intérieure Microcultures, les nouveaux territoires de l’art : lieux culturels et d’expériences Mémoire dirigé par Marc Iseppi Corpus Pour transformer les entrepôts Macdonald, au nord de Paris, en un lieu de vie nocturne, j’ai voulu exploiter la théâtralité du lieu pour le transformer en un centre culturel contem­ porain dédié aux représentations corporelles (danse, théâtre, spectacle vivant, etc.). L’espace de représentation ne se limite pas à la scène, mais est extensible à tout l’espace. Pour ce lieu cinétique et décloisonné, j’ai travaillé en une sorte de tension, par un jeu de lignes, un déséquilibre entre la trame récurrente des poteaux et l’espace construit. Au centre de l’espace, et grâce à la percée d’une grande trémie, je dessine une pente tantôt lisse, tantôt en gradins. À la fois gradins, prolongement de scène et espace ludique, c’est un élément surprenant qui ouvre la scène à l’ensemble de l’espace par un lien physique (pas de cloison­ nement) ou visuel (points de vue multiples hauts et bas). Autour de cette trémie, au rez-dechaussée, un plateau libre peut être exploité de différentes manières, en lien ou non avec l’espace scénique en contrebas. Sous la pente, les loges, à la manière de la Cartoucherie de Vincennes, sont visibles par les spectateurs. Au fond, un espace indépendant peut être salle de répétition, scène secondaire, lieu d’exposition ou d’activité sportive. Tout autour de cet ensemble, les fonctions annexes (bureaux, foyer des artistes, sanitaires, ateliers) regardent l’ensemble du lieu par un système de claustras. Au-delà de la fonction techni­ que, cette masse colorée encadre la géométrie du lieu (poteau et pente) pour la souligner et la mettre en valeur. Corpus est un lieu ludique. Le travail de la couleur vient souligner les tensions et la géométrie de l’espace, affirmant une identité résolument contemporaine. Urgence d’habiter Plutôt que de répondre seule au concours lancé par l’Unesco pour la réalisation d’un cam­ pement nomade, j’ai souhaité réunir une équipe de travail qui associe regard conceptuel et approche pragmatique. Pour bien intégrer dès l’origine la connaissance technique au projet, j’ai donc contacté des compagnons du Devoir en formation à la Fondation de Coubertin ; l’équipe s’est ainsi composée de Julien (tailleur de pierre), Elvis (serrurier), Frédéric (menui­ sier), Bastien (menuisier), David (chaudronnier) et moi-même. Notre tente ne devait pas se substituer à des habitats traditionnels, adaptés techniquement et surtout culturellement à leurs usagers actuels. Nous avons plutôt centré notre recherche sur l’habitat d’urgence. Le groupe s’est interrogé sur la signification de l’urgence et de la notion d’habiter. Ainsi nous sommes-nous dirigés vers la conception d’un espace évolutif en fonction des besoins et des individus. Les tentes d’urgence actuelles, bien que très efficaces, nous semblent insuffisantes pour répondre à la notion d’habiter. Nous proposons donc une tente dont la toile est utili­ sée comme élément constructif et qui, avec le moins de pièces différentes possibles permet de multiples possibilités. À partir d’un premier espace rapidement construit – dont la forme pyramidale et fermée rassure – des éléments complémentaires sont ajoutés. Ils sont, eux, de forme cubique, pour s’y tenir debout, la lumière y pénètre, on les ouvre faci­lement à l’ex­ térieur. L’espace pyramidal du départ dispose d’un revêtement plus épais que les exten­ sions et devient ainsi l’espace privé. Pour l’heure, ce travail reste à l’état de prototype mais il m’aura permis d’entrevoir la complexité et l’importance du travail commun des concep­ teurs et des « réalisateurs » autour d’un projet bien réel. Mémoire avec les félicitations du jury


71 Irène Marinari Scénographie « Adieu à la ménagerie », le théâtre sans présentation Mémoire dirigé par Claude Nessi La Place de mon théâtre de Catherine Wenzaenpflen Dans ce roman, l’auteur voit défiler les habitués de son quartier depuis sa fenêtre. Passants et habitants du quartier deviennent ainsi des personnages qui jouent chacun leur propre rôle comme dans un film muet ou au théâtre. De la fleuriste au SDF, sans oublier ceux qui ne traversent la place qu’une fois ou que la narratrice retrouve par hasard dans la rue. Rien de plus qu’une observation du quotidien et les réflexions qui se créent autour. Mais quel est le degré de séparation entre ce qui est réel et ce que l’on invente ou interprète ? Un per­ sonnage que l’auteur n’aperçoit qu’une fois peut enchaîner une série d’association d’idées qui la ramènent à des souvenirs d’enfance ou à des raisonnement intimes. Cette apparition qui peut sembler sans grand intérêt pour le lecteur laisse toutefois des marques ineffaça­ bles dans la tête de la narratrice. Le regard de l’auteur par rapport à l’action se trouve en position surélevée. La fenêtre devient son œil sur le monde extérieur, va cadrer sur ce qui a capté son attention. Pour l’adaptation de ce texte, je choisis un endroit ouvert et clos en même temps, comme un immeuble avec cour intérieure. Pour que le spectateur se retrouve dans le même rôle de voyeur, l’action se déroulera soit à l’intérieur de l’immeuble – méta­ phore de la tête de l’auteur –, soit dans la cour comme seul lien avec le monde extérieur. La petite place de quartier se transforme ainsi en scène théâtrale ; un immeuble parisien dé­ saffecté devient l’espace mental de l’auteur où le public pourra se balader, se perdre, à la rencontre des personnages qui habitent les pensées de la narratrice. Chacun investit l’es­ pace qui se transforme autour de lui : jour et nuit, intérieur et extérieur coexistent en cette dimension de rêves et de réminiscences où tout repère est perdu. Répétitions et échos de lieux et de figures se perpétuent dans cette dimension étrange entre songe et réalité, où le sentiment de l’inattendu anime le rythme du spectacle. Ce parcours emmènera le public à retrouver une transposition de la réalité dans un contexte mental et onirique, à travers la rencontre de personnages du quotidien qui se transforment en du déjà vu.


71 Irène Marinari Scénographie

La Place de mon théâtre de Catherine Wenzaenpflen


72 Jonathan Martin Cinéma d’animation

Isis, dessin animé noir et blanc, 3 mn, musique originale d’Habitat Farine


72 Jonathan Martin Cinéma d’animation Mes mathématiques malheureuses Mémoire dirigé par Jean-Michel Bertrand Isis Ce travail a trouvé son origine dans mon enthousiasme pour la musique populaire amé­ ricaine en général et pour une chanson de Bob Dylan en particulier : Isis, sortie en 1976 sur l’album Desire. Isis est une chanson mystique, grave, extravagante et facétieuse sur la maladie, la mort, les pillages de tombe et l’amour, que Dylan a présentée comme « une chanson sur le mariage ». « Les folksongs, a écrit Bob Dylan, ont plus de mille visages, et il est nécessaire de tous les voir pour bien les jouer. » Isis est ainsi à rapprocher d’un corpus classique de la musique populaire anglophone, dérivé d’une ballade du xviiie siècle inti­ tulée The Unfortunate Rake, qui a donné lieu à des dizaines de reprises et de chansons similaires comme Gambling Bar-Room Blues de Jimmie Rodgers, Death Letter de Son House, ou le célèbre St. James Infirmary Blues, chanté notamment par Cab Calloway. Comme l’explique si bien Greil Marcus dans La République invisible : « Si l’on retire le fait autour duquel s’articule une histoire, d’autres histoires, chargées d’espérances et de peurs nouvelles, se substitueront à elle ; au fur et à mesure qu’elles deviendront des faits nou­ veaux, les personnages de l’histoire commenceront leur migration vers tous les horizons du cœur. » C’est ce que j’ai essayé de rendre visible dans mon film.


73 Tiffany Martin Cinéma d’animation L’incarnation de la marionnette animée Mémoire dirigé par Serge Verny Portée Une jeune femme essaye de rester légère en dépit du poids qui pèse sur elle. En se confron­ tant aux autres et en observant ce qui fait leur force, elle apprend à trouver un rythme qui lui est propre tout en étant en accord et en harmonie avec eux.


73 Tiffany Martin Cinéma d’animation

Portée


74   101 Pauline Martinet Image imprimée

Dimanches ou l’éloge de l’ordinaire « Promenade », suite de 16 dessins à la mine graphite, 100 × 70 cm Garage, Pièce, Velux, Pavillon


74   101 Pauline Martinet Image imprimée Les représentations du quotidien, de la peinture flamande à nos jours Mémoire dirigé par Nasser Bouzid Dimanches ou l’éloge de l’ordinaire Aboutissement d’une réflexion et d’une série de recherches autour de l’ennui ressenti durant l’enfance, notre projet raconte le décrochement, cet instant précis dont nous avons tous fait un jour l’expérience, où l’esprit s’évade et bascule. S’il est bien notre point de départ, nous ne parlons pas seulement d’ennui dans son acception mélancolique mais surtout de rêverie, de fuite et de contemplation. Notre projet évoque ainsi cet état, la solitude de ces moments vacants. Il y a quelque chose de fascinant dans ces instants de flottement, où le temps semble se diluer dans l’espace. Les images qui forment Dimanches sont des éléments visuels empruntés aux divers envi­ ronnements dans lesquels nous avons grandi. Notre thèse est qu’il existe un répertoire commun, propre à notre époque et que nous partageons tous. Nos images revendiquent cette banalité à la fois dans le thème et dans la technique. Par leur caractère descriptif, elles prennent valeur de témoignage et se rapprochent dès lors du documentaire. Le dessin est souvent appréhendé comme une pratique individuelle, voire solitaire. Nous deux ne cherchons pas à éviter l’isolement mais plutôt à faire dialoguer, coexister, pour finalement confondre nos deux identités. « Inventaire » : il s’agit d’un répertoire d’objets emblématiques du quotidien d’un enfant de culture occidentale de la fin du xxe siècle. Ces standards d’une époque apparaissent isolés de leur environnement. Chaque dessin engage le spectateur dans une identification, une redécouverte et une prise de conscience de ces objets référents. Ils nous donnent à revoir l’ordinaire, voire l’insignifiant. « Pauses » : ces peintures représentent des images extraites des programmes télévisés du dimanche. Elles prennent sens dans leur ensemble. Ces images ont été choisies pour leur absence d’intérêt. Il n’y a rien à chercher, elles n’ont pas de point fort. Allumer la télé­ vision est une activité qui ne demande pas d’effort et un enfant espère trouver en elle un remède à l’ennui. Elle échoue, ne remplit pas sa fonction de distraction. La peinture anoblit de simples captures d’écran. Elle marque un temps d’arrêt qui permet au spectateur de voir ces images de télévision sans les subir. Il les considère pour ce qu’elles sont, c’est-àdire pas grand-chose. « Promenade » : d’une glissière de bord de route qui défile à l’angle d’un mur d’une chambre, cette série se construit autour du regard d’un enfant se déplaçant d’un espace clos à un autre. Le paysage se resserre sur lui. Pour se protéger, la concentration se relâche et l’esprit s’évade. La vision se trouble et se perd alors dans le motif du papier peint. Elle invente des jeux, cherche des rythmes, repère les erreurs.


75   10, 38, 86 Anaëlle Moreau Cinéma d’animation Animation et réalité Mémoire dirigé par Serge Verny 6 Octobre 1625 Pour notre film de fin d’études, nous avons choisi d’aborder la réalisation dans une démarche collective. Nous avions l’habitude de travailler ensemble et projetions de le faire à l’avenir, mais nous n’avions jamais réalisé de film en groupe. Cette expérience s’est déroulée en deux phases. La première a mêlé le débat d’idées, les concessions, la recherche, pour aboutir à la conception scénaristique et graphique du film. Dans un second temps, chacun a pu exprimer son savoir-faire au moment de la fabrication, occupant son poste de prédilection. Nous nous sommes réunis autour d’un projet de dessin animé traditionnel, reproduisant à notre échelle, de la façon la plus professionnelle possible, la méthode d’un studio d’animation. Nous voulions parler aux enfants, laisser une trace positive, joyeuse et colorée pour marquer la fin de nos études. Sur une île perdue au milieu d’un océan ensoleillé, s’ennuie une colonie de singes et de perroquets. Les animaux, cantonnés à leur habitat isolé, ont fini de jouir de leur situation pourtant paradisiaque. C’est l’arrivée d’une bande de pirates sur un fier galion qui va éveiller leur curiosité. Les intrus, venus là déterrer un trésor enfoui, vont célébrer leur course avide lors d’une festive et merveilleuse nuit. Ce n’est que le lendemain matin qu’ils découvriront, interdits, la disparition de leur vaisseau. Les animaux, laissant là le trésor et les brigands, ont pris le large à bord du navire et quittent enfin leur prison idyllique. Le format court et didactique de notre propos a immédiatement fait référence à la fable. Nous utilisons la symbolique animale pour planter notre histoire. Le passage d’un état fleg­ matique à celui de la réalisation d’un rêve qui paraît impossible – voler un bateau pirate – se fait de manière fantastique à travers une nuit magique. C’est lorsque tout est à portée de main que la situation nous condamne souvent à l’immobilisme le plus total. Nous dévelop­ pons le symptôme de l’enfant gâté. Retenus dans ce microcosme trop calme, nous perdons tout désir. En réaction à ce constat, ce film prône la curiosité et la découverte.


75   10, 38, 86 Anaëlle Moreau Cinéma d’animation

6 Octobre 1625, court métrage d’animation, 12 mn, 2D, dessin papier et colorisation informatique, couleur


76 Alban Morinière Design objet

Layzie


76 Alban Morinière Design objet Le biomimétisme pour un design durable Mémoire dirigé par Anna Lalanne-Bernagozzi Layzie Depuis l’apparition des zones Wi-Fi dans certains lieux publics, l’ordinateur portable accompagne les citadins dans leurs moments de détente hors domicile. Pourtant aucun mobilier n’est véritablement adapté à ce nouvel usage. Beaucoup se retrouvent dans des positions inconfortables, l’ordinateur posé sur les genoux ou assis à même le sol. Layzie est une chaise destinée à l’utilisation de l’ordinateur portable dans des parcs publics. Sa tablette placée sur la coté évoque le mobilier de travail de type amphithéâtre tandis que ses larges roues renvoient à l’univers de détente du transat. Jouant de ce mélange des genres, Layzie est une assise singulière répondant à un besoin nouveau. Fabriquée en aluminium anodisé et dotée de deux roues, elle est mobile sur tous types de terrains pour permettre à chacun de s’installer où bon lui semble. Le modèle existe en versions pour droitier ou gau­ cher. La chaise est encastrable à la manière des Caddies© en la basculant sur ses propres roues, favorisant la distribution et la gestion in situ. Le projet a été développé en partenariat avec l’éditeur de mobilier américain Knoll, en col­ laboration avec Benjamin Pardo, son directeur du design. L’objectif était de mener un projet de design industriel prenant en compte toutes les contraintes de la production en série.

Mémoire avec les félicitations du jury


77 Pierrick Mouton Photo / vidéo Filmer l’invisible Mémoire dirigé par Bernard Gomez Germaine Ce film retrace l’itinéraire véritable d’une religieuse, sœur Germaine, depuis son village natal en Afrique jusqu’à sa communauté religieuse installée à Versailles. Sœur Germaine est filmée à l’aide d’une caméra amateur et nous fait entrer dans l’univers clos d’un couvent. Le regard que je porte quant à moi sur ce monde est distant, méditatif, tandis que sœur Germaine nous offre une vision très proche, très intime, en filmant les diaconesses qui l’entourent dans leur quotidien. Ce film propose, à travers deux regards subjectifs, une autre réalité du monde religieux. Ces femmes se révèlent finalement plus proches de notre quotidien, contrairement à ce que nous aurions pu imaginer…


77 Pierrick Mouton Photo / vidéo

Germaine, film documentaire, DV, couleur, 4 / 3, 37 mn, édité par soeur.germaine@free.fr, livre de correspondance 2007 – 2010, extraits de mails, tirages Illford Rc 1 / 3 « Dieu seul suffit ici », Emmanuel Sisterhood, Bafut (Cameroun) « Dieu seul suffit ici », diaconesses de Reuilly, Versailles (France)


78 Zaven Najjar Cinéma d’animation

Faute de temps


78 Zaven Najjar Cinéma d’animation Spike Lee, montrer et s’opposer Mémoire dirigé par Bernard Schira Faute de temps Avaz, un jeune homme de 17 ans, d’origine arménienne par son père, voit depuis son plus jeune âge sa famille comme une phrase. Sa mère en est le sujet, son père le verbe et luimême le complément d’objet direct. C’est à travers ce prisme et de nombreuses observa­ tions grammaticales qu’il nous raconte la vie de sa famille jusqu’au départ de son père, atteint d’un cancer, pour l’hôpital. Interdit de visite, Avaz lui fait parvenir des mots dans lesquels il fait revivre le quotidien de la maison par des phrases auxquelles il associe les protagonistes découpés dans des photos de famille. Un nouveau quotidien se crée entre ces trois personnages jusqu’au décès du père, qui entraîne la transformation du fils de COD à Verbe à l’impératif présent. Mon intention première était de raconter une histoire très personnelle de manière décalée. Il s’agissait de trouver un angle qui puisse apporter une distance par rapport aux évé­ nements que raconte le film. Il était primordial pour moi qu’Avaz s’adresse au spectateur directement par le biais de la voix off. Il nous explique la manière dont il voit le monde et nous restons au plus proche de lui tout le long du film grâce à ses interventions. Le film est divisé en deux parties bien distinctes. La première partie est une comédie, aigre-douce, sur le quotidien de cette famille. Un choc brutal vient le bouleverser et c’est par sa propre vision des choses qu’Avaz arrive à surmonter cette épreuve. La voix off qui apportait l’hu­ mour de la première partie prend un sens plus dramatique dans la seconde. Un vrai lien entre Avaz et son père va pouvoir se créer grâce à ces mots qu’il lui fait parvenir. Je voulais que le fait qu’Avaz voie la famille comme une phrase soit développé tout le long du film. Qu’il soit non pas seulement un point de départ mais au contraire un appui pour Avaz dans sa construction personnelle. J’ai fait le choix de tourner l’intégralité du film sur fond bleu afin de créer un univers légè­ rement décalé propre aux souvenirs qu’Avaz a de cette époque. De la même manière qu’Avaz a sa vision personnelle du monde, je voulais que le film soit à la fois réaliste formellement et toujours à la limite du factice. Travailler à la fois avec les intervenants de l’EnsAD et Caïmans Production m’a permis de faire la balance entre mon projet et sa réalisation concrète. Toutefois, avoir l’opportunité d’être suivi par Daniel Sauvage et Jérôme Barthélemy m’a permis de répondre à une autre exigence, plus professionnelle. Sur ce film, j’ai pu travailler avec une équipe de tournage au complet qui s’est investie considérablement dans mon projet. J’ai également appris à diriger des comédiens professionnels tels que Serge Avédikian (Le Pull-Over rouge, L’Armée du crime, Le Voyage en Arménie). J’ai en revanche réalisé seul une grande partie de la postproduction, bien que toujours conseillé par mes producteurs et mon équipe. Faute de temps a également obtenu une première sélection au festival « Temps d’image » à la Ferme du Buisson, scène nationale de Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne).


79 Léa Neuville Photo / vidéo Le documentaire humain, du document à l’acte humanitaire Mémoire dirigé par Bernard Gomez À demi libre Qu’est-ce qu’être à demi libre ? Le point de départ est une rencontre avec Mounir, qui vient de terminer sa peine de semi-liberté, et Sidya, qui va commencer sa peine. Il s’agit de les filmer durant leurs journées, de la sortie depuis le centre de semi-liberté jusqu’au lieu de travail, leurs relations avec les employés et leurs employeurs, chez eux en famille le weekend. Ces deux situations de vie seront ensuite confrontées, par le montage vidéo, à celles de détenus intégrés au programme de recherche d’emploi mené par M. Khaldoun au sein de SJT (Solidarité et jalons pour le travail). Ces entretiens seront ensuite mis en écho avec des séquences (vidéo et photos) des alentours de divers centres et quartiers de semi-liberté. L’objectif est de confronter des expériences personnelles et divers points de vue subjectifs avec un regard complètement extérieur, sans idées préconçues ni réponses arrêtées sur une situation particulière et pourtant essentielle au fonctionnement de notre société. Le film tentera de comprendre le fonctionnement et l’impact d’un système et non de prendre partie en se faisant le porte-parole de la validité ou non de ce système. Au-delà des délits ou des crimes commis, j’aimerais explorer le rapport entre la liberté physique d’un individu et sa liberté sous condition dans la société et le rôle qu’y tient le travail. À travers le médium vidéo, l’objectif est de partager des rencontres et des situations qui posent les termes d’un enjeu qui concerne le fonctionnement de notre société : comment regagner une place d’« être libre » au sein de notre société et par là même déterminer les conditions constituantes de la liberté propre ?

Mémoire avec les félicitations du jury


79 Léa Neuville Photo / vidéo

À demi libre, documentaire, vidéo numérique, 18 mn 53 s Centre de semi-liberté (CSL) de Corbeil-Essonnes, entrée de l’association Solidarité et jalons par le travail (SJT), atelier de SJT, Mounir au travail, Sidya en formation, extérieur du CSL de Corbeil-Essonnes


80 ChloĂŠ Nicolas Design objet

En selle Marcel


80 Chloé Nicolas Design objet Le design et l’innovation : quel avenir pour nos objets ? Mémoire dirigé par Anna Lalanne-Bernagozzi En selle Marcel Marcel est un passionné de vélo pour lequel il lui faut impérativement sa tenue. Notre ami a une ligne de conduite : ne jamais dénaturer l’élégance de sa monture. Il veut se protéger, être visible de jour comme de nuit sans pour autant être ridicule. Ne se reconnaissant pas dans les produits existants, notre Marcel attend du changement. Pour répondre à ses attentes, j’ai donc développé une ligne d’accessoires de visibilité composée d’une banane à bretelles, d’un sac avec enceintes à disposer sur le guidon, d’une casquette et d’une cape de pluie. Ma ligne de conduite : revisiter le tissu rétro réfléchissant en lui proposant de nou­ velles applications (JRC, fournisseur officiel). Ce projet d’accessoires singuliers s’inscrit dans une démarche globale avec l’entreprise partenaire En selle Marcel, spécialisée dans le vélo. Ayant tous une part de Marcel en nous, j’espère pouvoir vous rallier à sa cause… Ce projet a obtenu le Label de l’Observeur du design 11.


81 Élodie Nouiga Design vêtement Les créateurs japonais entre révolution et modernité Mémoire dirigé par Véronique Breton Ecto Deux « corps » sont présents dans cette collection, celui de l’homme et celui de l’animal… La méduse prend ainsi possession du corps féminin dans une animalisation lente et pro­ gressive vers un métabolisme lumineux et filandreux. La composition du vêtement révèle l’antinomie entre ces deux entités. Les tenues explorent la rigidité du squelette humain et la translucidité de la méduse. Un autre corps est ainsi révélé par ces superpositions de matières. L’une étant une coque, une carapace qui protège le corps alors que l’autre dévoile la peau et l’inconsistance de la méduse. Présenté sous formes de strates en éro­ sion, le vêtement devient de moins en moins épais et laisse apparaître la silhouette dans sa dimension la plus « animale ».


81 Élodie Nouiga Design vêtement

Ecto


82 Mathilde Ollitraut-Bernard Image imprimée

Ambiguïté / Tension / Trouble / Limite / Vertige


82 Mathilde Ollitraut-Bernard Image imprimée Instants suspendus Mémoire dirigé par Nasser Bouzid Ambiguïté / Tension / Trouble / Limite / Vertige Depuis toujours, stimulée par des artistes comme Richard Serra, Fred Sandback, Robert Ryman ou Wolfgang Tillmans, mon travail porte essentiellement sur l’expérience perceptive. Je m’intéresse à la représentation d’états d’âme, d’émotions, à la traduction d’impressions, de sensations. Pour cela, de façon « minimaliste », j’utilise trois techniques : la sérigraphie, la gravure et la photographie. Avec la sérigraphie, en jouant sur la frontière entre le net et le flou, j’explore des sensations comme le vertige. Avec la gravure, je cherche les impres­ sions que provoque la répétition. Enfin, par la photographie, je travaille l’ambiguïté dans la perception du relief. Ce projet est constitué de trois séries : Ambivalence / Ennui / Redondance et Hésitation / Flou. Les deux premières sont accompagnées de deux éditions à tirage limité.

Grand Projet avec les félicitations du jury


83 Maya Palma Photo / vidéo Images sosies Mémoire dirigé par Paul Sztulman Souvenir du présent Dire que le présent porte la marque de multiples passés, c’est dire avant tout l’indestruc­ tibilité d’une empreinte, la possibilité d’une réminiscence commune, la survivance des formes. Nous partageons un vocabulaire formel, tout comme un vocabulaire fait d’instants, similaire à celui qui constitue notre langage. Des mots se succèdent et s’enlacent dans le temps pour composer des phrases ; il en est de même pour les instants et les formes qui, en réalité, sont limités à un certain nombre. L’avenir n’est pas clos pour autant. Au contraire, ce vocabulaire formel est un merveilleux jeu de piste. La puissance de la survivance des formes et des images se manifeste dans ces répétitions. Ces retours, il ne tient qu’à nous de les déployer. Le présent ne cesse de cesser d’être. Il n’y a pas de présent mais que des souvenirs du présent. Ces souvenirs rappellent certains instants à d’autres, certaines formes en suscitent d’autres. Mon travail est un répertoire d’instants qui établissent des liens formels. Je les présente dans trois états : des images mouvements (vidéo), des images fixes qui apparaissent et disparaissent (diapositives) et des « entre-images », points de bascule (tirages lenticulaires). D’un côté, le mouvement, le présent, la présence. De l’autre, l’immobilité, le passé, une certaine absence. Au centre, l’image lenticulaire donne un cadre à six images entrelacées, condense et déploie le temps. Le lenticulaire crée un mouvement, l’arrête et le décompose. Avec ces images éclatées, plurielles, instables, je fais appel aux souvenirs qu’elles consti­ tuent. Elles sont un récit sans en être, elles deviennent la matrice de récits possibles. Elles sont une illustration de la vie et de la survie des formes.


83 Maya Palma Photo / vidéo

Souvenir du présent, installation, dimensions variables, tirages lenticulaires, projections de diapositives, projection vidéo, panneaux de bois découpé


84 Marion Perrichet ScĂŠnographie

Après-midi vides, heures lentes, installation avec bande-son


84 Marion Perrichet Scénographie La sensualité de l’espace Mémoire dirigé par Miranda Skoulatou Après-midi vides, heures lentes Ce qui me frappe dans l’œuvre de Patrick Modiano est ce qu’il appelle lui-même le phé­ nomène de surimpression. Surimpression des souvenirs, du présent et du passé, des per­ sonnages rencontrés. Chaque livre est une redite d’un autre ; les personnages et les lieux communiquent, rebondissent d’un livre à l’autre, d’un souvenir à l’autre. Jusqu’à ce que tout se mélange, se superpose et nous laisse dans le brouillard. Le personnage féminin, quasi omniprésent, mystérieux, semble être toujours la même personne qui traverse les livres et les souvenirs. J’ai choisi trois textes – Villa triste, Vestiaire de l’enfance, Un cirque passe – où il s’agit de souvenirs racontés par un narrateur qui semble toujours être la même personne. Un hom­ me qui revient sur un événement, une période, une rencontre de sa vie, comme pour se libérer d’un poids, d’un fantôme. Et la rencontre de femmes, jamais ni tout à fait les mê­ mes ni tout à fait différentes, projection même de cet homme qui se cherche à travers leur passé à elles. À partir d’un découpage dans les trois textes, je crée une nouvelle narration qui ressemble au désordre de la mémoire, régie par les règles chaotiques du souvenir. Les souvenirs de trois femmes se mélangent, se superposent, s’entrechoquent, se bousculent jusqu’à nous perdre totalement. Nous sommes ici dans un espace de mémoire, composé d’éléments que l’esprit du narra­ teur a conservés, préservés, imprégnés par le souvenir de ces femmes. Des objets qui re­ viennent souvent, comme des points d’accroche pour les souvenirs, et qui semblent nous raconter ces histoires.


85 Pia du Pont de Compiègne Scénographie Le chœur sans domicile fixe Mémoire dirigé par Miranda Skoulatou Les Villes invisibles d’Italo Calvino Un jardin scénique où se croisent les récits de villes invisibles. Les spectateurs sont invités à déambuler dans ces creux et replis pour écouter les constructions mentales d’Italo Calvino. La voix sourde et étouffée de Marco Polo murmure de l’autre côté de la paroi. On se déplace pour mieux l’entendre. Parfois elle nous est adressée spécifiquement, à nous qui nous trouvons à cet instant à cet endroit précis, mais cela n’empêche pas qu’elle soit également destinée aux autres spectateurs de la salle. Cette voix nous raconte une ville impossible que l’on reconnaît sans pouvoir précisément s’en faire une image topographique. Elle rebondit sur la paroi incurvée, elle vibre à travers le plafond. Faut-il la suivre ou au contraire se laisser happer par une autre qui se manifeste plus loin ? L’image qui se crée dans notre esprit se superpose au lieu où nous nous trouvons. Puis on saisit çà et là un mot ; une seule bribe suffira à nous propulser à nouveau dans une ville. La voix se mêle aux autres récits. Elle nous emmène avec elle, puis nous lâche. Plutôt que de substituer de nouvelles images à l’imaginaire de l’auteur, le rôle de cette scénographie est de restituer un lieu d’écoute, permettant un nombre infini de visions. Il s’agit d’un dispositif scénographique pour le théâtre où la scène se transforme en un jardin réceptacle qui accueille ces villes rêvées. Il est construit selon les propriétés acoustiques propres aux matériaux et aux formes. Le spectateur se déplace à l’intérieur de la scène pour entendre le texte et construire son propre paysage sonore, sa propre dramaturgie.

Mémoire avec les félicitations du jury


85 Pia du Pont de Compiègne Scénographie

Les Villes invisibles d’Italo Calvino


86   10, 38, 75 Thomas Poulain Cinéma d’animation

6 Octobre 1625, court métrage d’animation, 12 mn, 2D, dessin papier et colorisation informatique, couleur


86   10, 38, 75 Thomas Poulain Cinéma d’animation D Mémoire dirigé par Serge Verny 6 Octobre 1625 Pour notre film de fin d’études, nous avons choisi d’aborder la réalisation dans une démarche collective. Nous avions l’habitude de travailler ensemble et projetions de le faire à l’avenir, mais nous n’avions jamais réalisé de film en groupe. Cette expérience s’est déroulée en deux phases. La première a mêlé le débat d’idées, les concessions, la recherche, pour aboutir à la conception scénaristique et graphique du film. Dans un second temps, chacun a pu exprimer son savoir-faire au moment de la fabrication, occupant son poste de prédilection. Nous nous sommes réunis autour d’un projet de dessin animé traditionnel, reproduisant à notre échelle, de la façon la plus professionnelle possible, la méthode d’un studio d’animation. Nous voulions parler aux enfants, laisser une trace positive, joyeuse et colorée pour marquer la fin de nos études. Sur une île perdue au milieu d’un océan ensoleillé, s’ennuie une colonie de singes et de perroquets. Les animaux, cantonnés à leur habitat isolé, ont fini de jouir de leur situation pourtant paradisiaque. C’est l’arrivée d’une bande de pirates sur un fier galion qui va éveiller leur curiosité. Les intrus, venus là déterrer un trésor enfoui, vont célébrer leur course avide lors d’une festive et merveilleuse nuit. Ce n’est que le lendemain matin qu’ils découvriront, interdits, la disparition de leur vaisseau. Les animaux, laissant là le trésor et les brigands, ont pris le large à bord du navire et quittent enfin leur prison idyllique. Le format court et didactique de notre propos a immédiatement fait référence à la fable. Nous utilisons la symbolique animale pour planter notre histoire. Le passage d’un état fleg­ matique à celui de la réalisation d’un rêve qui paraît impossible – voler un bateau pirate – se fait de manière fantastique à travers une nuit magique. C’est lorsque tout est à portée de main que la situation nous condamne souvent à l’immobilisme le plus total. Nous dévelop­ pons le symptôme de l’enfant gâté. Retenus dans ce microcosme trop calme, nous perdons tout désir. En réaction à ce constat, ce film prône la curiosité et la découverte.


87 Camille Renot Design textile Le pli entre prise et gain d’espace dans son passage de la 2e à la 3e dimension Mémoire dirigé par Laurent Godart Le jour et la nuit (tiré des Contes de Grimm) L’œuvre des frères Grimm repose sur des contes pour enfants, qui relatent des aventures extraordinaires mêlant l’homme et des créatures animales dans une quête de reconnais­ sance et de bonheur. Les contes offrent bien souvent deux univers différents : le jour et la nuit, univers tantôt rassurants, tantôt effrayants. Entre ces deux repères temporels, s’écoule un laps de temps au cours duquel les paysages et l’espace se déforment et se transforment sous l’action de la lumière. Le crépuscule et la nuit se suivent pour laisser place à l’aube puis au jour en un cycle infini. L’aube est pour l’homme un état intermédiaire entre le rêve et la réalité. Le crépuscule quant à lui est source de craintes et d’épreuves que l’homme surmonte grâce aux créatures animales. Ma collection sera un assortiment de textiles pour la mode enfant haut de gamme, destinée à la fillette et au garçonnet de 2 à 10 ans. Ces enfants grandissent au sein d’une famille attentionnée et amoureuse de la nature. Ils s’ébattent bien souvent dans les parcs ou les espaces verts au contact des animaux, poursuivent de multiples activités pour lesquelles ils ont besoin de se sentir à l’aise dans leurs vêtements.


87 Camille Renot Design textile

Le jour et la nuit (tiré des Contes de Grimm) « Collant », fait main, laine et acrylique, teinture en dégradé « Plumes », graphisme de plumes en miroir, impression colorants réactifs sur jersey sweat en coton « Intarsia », tricot en laine plate et angora teint, technique de l’intarsia


88 Baptiste Rischmann Design graphique / multimédia

Cantine


88 Baptiste Rischmann Design graphique / multimédia Le livre de recettes Mémoire dirigé par Gérard Plénacoste Cantine Cette proposition culinaire se développe sur plusieurs axes. Envisager l’acte de faire la cuisine comme une composante de la pédagogie de l’école. Faire la cuisine au sein d’un espace de recherche. Profiter d’une interdisciplinarité évidente et intuitive pour développer une réponse personnelle. Cantine n’est pas une mise en pages, elle est (in) volontairement inachevée.


89 Vincent Robert Art espace Marcher en ville, introduction à la sculpture Mémoire dirigé par Manoël Pillard Garages L’ensemble de sculptures présentées s’inscrit dans la continuité de mon Mémoire. À travers des volumes, des tensions et des espacements, j’ai tenté d’évoquer l’hétérogénéité et l’alté­ rité du milieu urbain, ma source quotidienne d’inspiration. La fabrication de chaque pièce est guidée par une intuition souvent contenue dans les matériaux utilisés. Je les récupère, les transporte, les assemble, les masque quelquefois, afin de mettre en place une dynamique sculpturale, prenant en compte la spécificité de l’environnement dans lequel je travaille. Ainsi le titre Garages vient-il de mon attirance pour les non-lieux que j’ai investis afin de développer ma propre pratique dans une ville qui, par son cruel manque de place, exige une profonde réflexion sur la manière d’aborder la sculpture.

Mémoire et Grand Projet avec les félicitations du jury


89 Vincent Robert Art espace

Garages « Atelier », photographie numérique 42 × 29 cm « Sans titre », deux rouleaux en carton, pot de peinture et seaux « Monza », polystyrène expansé, Scotch© et neuf chaises de structure Inox


90   4 Charlotte Rosenzweig Design graphique / multimédia

Administration / Administrés, 21 × 29,7 cm, 500 pages, papiers Munken Print Cream 80 g / m2 et Bengali Recycled 80 g / m2 Antalis, typographies Trade Gothic (Jackson Burke, 1948) et Base (Zuzana Licko, 1995)


90   4 Charlotte Rosenzweig Design graphique / multimédia Le clivage du graphisme français, aux frontières du commerce, de la culture et du design graphique. Mémoire dirigé par Jean-Michel Bertrand Administration / Administrés Notre travail propose une immersion dans le monde de l’administration française. « Vous pouvez venir un matin, la queue c’est jusqu’au tramway. Là il n’y a personne car il n’y a plus de tickets, Mais normalement les gens viennent à 4 heures. Venez un matin et allez voir. Juste : regardez. Ne demandez à personne, mais regardez. »

Grand Projet avec les félicitations du jury


91 Barbara Ryckewaert Photo / vidéo Werner Herzog, le geste en suspend Mémoire dirigé par Clarisse Hahn Scenic Areas Se tenir face à un panorama signalé comme une invitation sur la route donne parfois le sentiment de paysages familiers. Cette familiarité vient peut-être des obstacles qui s’inter­ posent entre nous et le paysage et nous rappellent que le paysage à contempler échappe constamment à notre regard. Se crée alors l’illusion que tout ce qui est à voir se trouve là, faisant que le paysage existe. Ce dernier joue de nos perceptions, nous fait croire à l’idée de nature mais n’est toujours qu’un fragment de celle-ci. Nous ne le regardons pas pour ce qu’il est mais pour ce qu’il nous renvoie. Le percevoir appelle alors immédiatement l’illu­ sion, les dualités et les ambiguïtés. Tchayouale Une photo prise en Guyane en 2008 est le point de départ de ce projet. L’image d’un homme se frayant un chemin à travers la dense végétation de la forêt renvoie aux images que l’on a de l’homme en lutte pour sa survie contre une jungle impénétrable, dévorante ; un mi­ lieu où chaque avancée présente un danger que l’on ne connaît pas encore et qui en termes d’image apporte un suspens permanent. C’est l’archétype de l’aventurier qui part seul explo­ rer les territoires vierges avec sa machette et son treillis. Par la suite, nourrie des aventures cinématographiques de Werner Herzog auxquelles j’ai consacré mon Mémoire, je voulais à mon tour partir à la rencontre d’un personnage extraordinaire, questionner l’aventure, le paysage mais surtout retourner en Guyane et rapporter mes propres images de cette fo­ rêt fantasmée. Pour commencer, la figure du guide s’est assez vite imposée. Il est trop im­ prudent de s’aventurer dans cette forêt sans guide. Malheureusement, il n’y aurait pas de missions scientifiques comme j’en rêvais au départ, pas de quête impossible ni même de grandes expéditions à l’intérieur du territoire. J’allais donc suivre de petites expéditions touristiques tout en essayant de m’écarter de ce cadre lorsque je filmais. Un des guides de ces expéditions s’appelle Tchayouale, nom amérindien signifiant « Esprit de la forêt ». Cet homme d’une cinquantaine d’années me faisait penser au personnage de Dersou Ouzala dans le film du même nom de Kurosawa. Le guide n’est cependant pas le su­ jet du film. Dans mon film, les guides sont devenus des figures humaines que l’on n’identi­ fie pas directement et dont les intentions ne sont pas claires. Ces hommes apparaissent et disparaissent tout au long de ces traversées de paysages. Ils explorent la forêt et les marais, mais le but de ces recherches reste inconnu pour le spectateur. L’un capture une araignée réticente, plus loin il relâche un boa après un bras de fer, et l’autre attrape dans l’eau quelque chose que l’obscurité du marais ne révélera pas. Le paysage devient un espace vécu. Il ne convoque plus seulement le visuel mais l’ensemble des sens.

Mémoire avec les félicitations du jury


91 Barbara Ryckewaert Photo / vidéo

Scenic Areas, 11 photographies, impressions numériques contrecollées sur PVC Tchayouale, vidéo, 12 mn


92 Eva de Sainte-Lorette Design textile

299 792 458 m / s « Cavendish », « Faraday »


92 Eva de Sainte-Lorette Design textile Les héritiers d’arachnée, de la tapisserie à l’art textile dans l’Europe du xxe siècle Mémoire dirigé par Nathalie Brès 299 792 458 m / s Telle est la distance que parcourt la lumière en une seconde, l’allure à laquelle elle voyage à travers l’espace pour nous donner à voir. Je souhaite parler du choc de deux environne­ ments : la terre familière, rassurante, organique, et l’espace mystérieux, vertigineux, énig­ matique. L’idée centrale est de créer une collection textile multiple pour l’habitat, qui parle de ce lien, qui illustre ce passage progressif d’un univers à l’autre. Le concept gravite autant autour de leurs ressemblances que de leurs différences. Terrestre et céleste dialoguent, se frôlent pour finir par se confondre. L’infinie variation des couleurs, des transparences, des densités est à mon sens une source d’inspiration inépuisable. « Hubble », matériau textile de construction, est emprisonné entre deux épaisses plaques de verre pour être monté en façade. La face recto, pailletée, tournée vers l’extérieur, joue avec la lumière et offre des reflets infinis. La face verso, imprimée, regarde l’intérieur du bâti­ ment. Dès que la nuit tombe et que les lumières s’allument à l’intérieur, le motif apparaît et devient visible depuis l’extérieur. « Copernic », textile mural, s’inspire dans sa texture des épaisseurs à la fois délicates et brutes de la roche. Les particules emprisonnées dans la matière jouent avec la lumière et donnent du relief au mur. Leur finesse contraste avec la rudesse du lin brut et invite au toucher. « Kepler », textile destiné au revêtement de sièges, joue sur le contraste entre matité et brillance avec plusieurs niveaux de perception du motif. « Cavendish » se compose de cinq strates de feutre de laine dont le motif évoque la ligne arrondie des relevés topographiques. La matière est enduite pour atténuer son aspect trop brut et la rendre presque méconnaissable au toucher. Avec ses superpositions et ses jeux chromatiques, ce matériau recouvre les assises et grimpe sur le mur pour devenir un bon isolant phonique. « Newton » est un matériau expérimental pour linge de table : résine coulée sur une étamine de laine très légère pour fusionner la table et le textile destiné à la protéger. La résine se fond dans la fibre et la rend entièrement transparente. Les particules de mylar semblent flotter dans la plaque, comme en suspension au-dessus du sol. « Galilée », matériau pour revêtement mural, se compose d’une fine couche de bois de mar­ queterie qui accompagne les formes architecturales plus organiques. « Einstein », textile pour linge de lit, évoque par son graphisme le désert de l’Atacama, aux sols arides et craquelés. « Ératosthène », textile pour linge de lit, 100 % cachemire, vient recouvrir celui-ci d’une nappe moelleuse et douillette. Les lignes du motif créent une vibration qui se confond avec les plis du tissu. Les rayures « chahutées » se délient sur toute la surface de l’étoffe. « Faraday », textile pour voilage, fonctionne en deux couches. La première, colorée, contras­ tée, intense, crée une palpitation ; la seconde, imprimée en poudre de fer, se superpose à elle-même grâce à l’action d’un aimant. Le graphisme se fractionne chaque fois dif­ féremment. La transparence et la légèreté du voile de polyester contraste avec l’âpreté de la poudre de fer. En entrant dans la chambre, la lumière se charge de ces couleurs et remplit la pièce de ces reflets polychrome, telle une nuée d’astéroïdes. « Huygens », textile pour store, joue avec la lumière du soleil : en fonction de l’inclinaison du store, les reflets deviendront plus ou moins intenses.


93 Aamu Salo Design vêtement Le design modeste Mémoire dirigé par Anne Ferrer Magnetic Trauma La femme qui incarne ma collection de fin d’études est un chaman, personnage puissant, dérangeant et sauvage. Elle dialogue avec un autre monde, une autre dimension. Vive et énergique, elle nous ouvre un champ magnétique, un vertige spirituel, une expérience surréaliste. D’une certaine manière, le chaman voit derrière le masque, dans nos rêves et traumatismes. Cette collection relève de la métamorphose. Le vêtement est notre deuxième peau, un bouclier sous lequel nous nous cachons. Il nous permet de nous camoufler des regards, de devenir un autre, de nous déguiser, de nous montrer sous un autre jour. Ici, il devient le manifesto d’un changement, d’une deuxième lecture, chargée de symboles et de messages à décrypter.


93 Aamu Salo Design vĂŞtement

Magnetic Trauma


94 Alexia Sangay Design textile

Le Grand Nord, de la tradition Ă la modernitĂŠ


94 Alexia Sangay Design textile Les textiles techniques appliqués au domaine du sport Mémoire dirigé par Élisabeth de Senneville Le Grand Nord, de la tradition à la modernité J’ai abordé ce thème qui me tient particulièrement à cœur de façon très personnelle en sé­ lectionnant des univers qui m’inspiraient sur le plan esthétique. Cet attrait pour le Grand Nord m’est venu de ma pratique du ski alpin de haut niveau, mais aussi lors de mon échange Erasmus en Finlande et, surtout, lors d’un petit voyage en Laponie. J’ai pu m’apercevoir que les Saamis, plus connus sous le nom de Lapons, avaient une forte identité culturelle ; cependant leurs costumes traditionnels très colorés, en peau ou en feutre, tendaient à dis­ paraître avec l’arrivée de vêtements plus techniques, chauds et légers, mais bien évidem­ ment impersonnels. De cette constatation sur le terrain est née cette question : comment concilier tradition et modernité réunies dans un même textile, en préservant l’identité culturelle des Lapons et en répondant à une demande mondiale ? Pour y répondre, j’ai sélectionné trois sousthèmes : la nature (ou milieu naturel), le costume traditionnel lapon et la modernité. La nature montre ma vision du Grand Nord : un environnement hivernal, enneigé, givré, rude, à l’atmosphère brumeuse et floue. Le costume traditionnel lapon apporte un univers coloré, riche en motifs. La modernité s’incarne dans l’architecture composite et le design hybride. Mon thème et mon sujet définis, la destination de ma collection de tissus s’est imposée à moi naturellement : la mode mixte sportswear, haut de gamme, pour le froid.


95 Maryline Santos Architecture intérieure Espace de transition Mémoire dirigé par Marc Iseppi Électro (projet de réhabilitation des entrepôts Macdonald en un complexe d’activité nocturne) Situé sur le boulevard Macdonald dans le XIXe arrondissement de Paris, Électro est un espace entièrement dédié à la musique et à la culture électronique. On y retrouve un espace disco­ thèque / concert ainsi qu’une bibliothèque numérique, des cabines d’écoute et de visionnage de travaux divers, tous fédérés autour du thème de l’électro, mais également des espaces plus particulièrement réservés aux artistes avec des studios d’enregistrement et de montage. L’espace se construit autour d’un plafond lumineux central qui traverse de part et d’autre le bâtiment. La trame de poteaux, élément caractéristique prédominant de la structure existante de l’entrepôt, est mise à profit. Ils deviennent les émetteurs d’où se propage un paysage lumineux généré par la musique diffusée. Ici les ondes sonores génèrent des cou­ leurs et des oscillations graphiques diverses. La grandeur d’onde est proportionnelle aux nombres d’oscillations générées. Ainsi la musique engendre un paysage graphique et lu­ mineux en perpétuelle évolution. Adamence (concours de bijoux Adamence, joaillerie architecturée) Conception d’une bague « solitaire » conçue autour du thème de la joaillerie architecturée. En architecture, les systèmes structurels se composent de figures géométriques qui forment un tout où se repartissent les forces exercées sur l’ensemble du projet de manière uniforme. C’est pourquoi le projet s’articule autour du concept selon lequel une même figure géo­ métrique simple est dupliquée, agrandie, déformée jusqu’à obtenir un tramage qui vient sertir le diamant. En jouant ainsi sur le facteur d’échelle, on crée de multiples combinaisons. Le rythme engendré par la multitude de figures structure le bijou. Ce système de maillage se décline à l’infini et permet, au-delà du concours, de développer une gamme de bijoux, mais également d’appliquer ce principe à d’autres domaines de la création. « Le rythme ressemble au temps, à la fois un et changeant, il ressemble à l’architecture, c’est-à-dire à notre univers qui est une construction » (Yves Bonnefoy).


95 Maryline Santos Architecture intérieure

Électro (projet de réhabilitation des entrepôts Macdonald en un complexe d’activité nocturne) Adamence (concours de bijoux Adamence, joaillerie architecturée)


96 Elsa Simon Cinéma d’animation

La vie de Simon, 14 mn 30 s, 16 / 9, HD, couleur, son, volume / projection d’animations et de vidéos sur maquette en plâtre


96 Elsa Simon Cinéma d’animation Les vieux engloutis Mémoire dirigé par Paul Sztulman La vie de Simon Durant ma 4e année, j’ai rédigé un Mémoire traitant de l’engloutissement et de la vieillesse. J’ai placé ma recherche dans des lieux intimistes tels que le foyer, le fauteuil et le lit. Je me suis demandé s’il existait un engloutissement des personnes âgées dans leur maison, s’il y avait des traces physiques de leurs déplacements, de leurs habitudes et de leur amour de couple. Je concluais mon Mémoire sur la question : est-il possible de mourir d’amour ? Les notions qui m’intéressaient chez les personnes âgées étaient le temps long passé ensemble, la fusion de deux êtres par l’habitude. Cette idée m’a toujours fascinée et c’est ainsi que ma réflexion pour ce diplôme a emprunté cette direction. Avant de mourir ensemble, il fal­ lait vivre. Cette fois, j’ai essayé de comprendre comment vivaient les gens seuls mais plus particulièrement pourquoi certaines personnes n’arrivaient pas à faire simplement le pre­ mier pas, à accueillir l’autre dans leur vie. J’ai décidé de traiter de l’hospitalité à l’échelle de l’intimité amoureuse. Pour construire le scénario de mon projet, je suis parti de l’hypothèse qu’il est impos­ sible pour certaines personnes de réussir à débuter une relation et de la vivre au quotidien. La relation amoureuse est une situation singulière qui mélange instantanément étranger et intimité. Contrairement à une relation amicale, où l’on prend le temps de se connaître, dans la relation amoureuse, on doit se donner en aveugle. Au fur et à mesure de l’écriture du scénario, le sujet a légèrement bifurqué. Le rôle respectif des deux protagonistes s’est modifié et l’intrusion apparaît. Pour mon Mémoire, j’avais beaucoup travaillé sur Samuel Beckett ; je l’ai gardé à mes côtés lors de l’écriture du scénario. Ses personnages sont sou­ vent des clochards, des apatrides, des marginaux, des exilés ; ils vivent près du sol, allongés, courbés, voir à demi enterrés. Ils font peu de mouvements, ils sont des voix. Les histoires d’amour évoquées par Samuel Beckett sont finies, avortées, abandonnées ou perdues. Ses personnages sont souvent sans amour et ne trouve pas l’hospitalité ; paradoxalement, ils sont ancrés dans le sol mais ce dernier ne leur appartient pas. J’ai voulu, par le son et l’image traiter de celui qui n’arrive pas à aimer. Une histoire inscrite dans une pièce, qui soit un bloc de plâtre.


97 Ouidade Soussi Chiadmi Photo / vidéo Regard sur les frontières Mémoire dirigé par Jean-Claude Pattacini Entre les lignes À partir d’un regard empreint de claustrophobie sur l’espace clos, je travaille la fragmen­ tation et la création d’un hors-champ vers un monde imaginaire. Avec ces images, je crée une sorte de répertoire de pensées, en extrayant du quotidien des objets anodins. Leurs formes, réduites à presque rien de reconnaissable, offrent un ensemble de surfaces, de courbes et de lignes. Matières diverses traitées de manière égale dans leur capacité à an­ crer le regard, à créer une brèche dans la réalité.


97 Ouidade Soussi Chiadmi Photo / vidéo

Entre les lignes, 13 photographies, 59,5 × 39,7 cm, tirages argentiques couleur par Ouidade Soussi Chiadmi et Benjamin Girard


98 Karin Sunvisson Image imprimĂŠe

Bad Times Ahead


98 Karin Sunvisson Image imprimée Badland Mémoire dirigé par Matthew Staunton Bad Times Ahead Série de dessins

Mémoire avec les félicitations du jury


99 Maxime Talan Design objet Production STL Mémoire dirigé par Christophe Bigot Mesh Ma démarche est une réponse à certains comportements urbains. On a de plus en plus ten­ dance à se sentir chez soi dans la rue, les trajets à pied sont de plus en plus courts quand on va chercher son pain, promener son chien, faire les courses… Ce nouveau rapport à la ville nous pousse à transposer à l’extérieur les codes de notre confort domestique : on aperçoit de plus en plus de personnes en chaussons dans la rue ! Ces comportements révèlent des besoins et des attentes spécifiques de la part des utilisateurs, à la recherche de confort, de praticité et de nouvelles sensations. Mon projet est fondé sur le développement d’une semelle et / ou chaussure confortable et stimulante qui possède une voûte en filet suspendu. Pour cela, je me suis mis en rela­ tion avec des professionnels de la chaussure et notamment des podologues. Le but de cette nouvelle typologie de chaussure est d’offrir un maintien qui s’adapte à chaque voûte plantaire, tout en aérant le pied et en lui apportant une vraie sensation de légèreté et de liberté. L’amorti et le maintien du pied ne s’obtiennent pas par un écrasement de matière (mousse…) mais par une flexion du système. Ce système a pour but d’apporter un main­ tien dynamisant et stimulant pour les pieds.


99 Maxime Talan Design objet

Mesh


100 Christophe Tallec Design objet

Uinfopark


100 Christophe Tallec Design objet Le design de service, vecteur de changement dans une économie de transition Mémoire dirigé par Anna Lalanne-Bernagozzi Uinfopark Face à la difficulté de faire évoluer rapidement des infrastructures de services existantes et des organisations urbaines dans le domaine des transports, on peut observer qu’il existe un fort potentiel de changement et d’innovation du côté des utilisateurs d’un service. Nous pensons qu’il est nécessaire d’accompagner les changements d’habitudes sur ces ques­ tions de la mobilité en proposant au plus grand nombre de passer d’une mobilité indivi­ duelle à une « mobilité participative » en tenant compte des enjeux du développement du­ rable. L’usager d’un stationnement urbain de véhicule est le seul à pouvoir connaître un ensemble d’informations : le temps d’occupation d’une place de parking, son horaire de départ, son itinéraire. Ce projet de design de service explore la dynamique du stationnement entre la commu­ nauté et la ville. Le service développé, Uinfopark, permet le partage d’informations entre usagers pour optimiser le flux des déplacements et favoriser le lien social (covoiturage) en utilisant l’intelligence collective. Il est le premier service participatif d’information de sta­ tionnement prédictif en temps réel. Projet de diplôme en partenariat avec Utilisacteur, « la communauté de l’infomédiation par l’usager », en qualité de cofondateur.


101   74 Zoé Texereau Image imprimée L’empreinte comme Mémoire dirigé par Nasser Bouzid Dimanches ou l’éloge de l’ordinaire Aboutissement d’une réflexion et d’une série de recherches autour de l’ennui ressenti durant l’enfance, notre projet raconte le décrochement, cet instant précis dont nous avons tous fait un jour l’expérience, où l’esprit s’évade et bascule. S’il est bien notre point de départ, nous ne parlons pas seulement d’ennui dans son acception mélancolique mais surtout de rêverie, de fuite et de contemplation. Notre projet évoque ainsi cet état, la solitude de ces moments vacants. Il y a quelque chose de fascinant dans ces instants de flottement, où le temps semble se diluer dans l’espace. Les images qui forment Dimanches sont des éléments visuels empruntés aux divers envi­ ronnements dans lesquels nous avons grandi. Notre thèse est qu’il existe un répertoire commun, propre à notre époque et que nous partageons tous. Nos images revendiquent cette banalité à la fois dans le thème et dans la technique. Par leur caractère descriptif, elles prennent valeur de témoignage et se rapprochent dès lors du documentaire. Le dessin est souvent appréhendé comme une pratique individuelle, voire solitaire. Nous deux ne cherchons pas à éviter l’isolement mais plutôt à faire dialoguer, coexister, pour finalement confondre nos deux identités. « Inventaire » : il s’agit d’un répertoire d’objets emblématiques du quotidien d’un enfant de culture occidentale de la fin du xxe siècle. Ces standards d’une époque apparaissent isolés de leur environnement. Chaque dessin engage le spectateur dans une identification, une redécouverte et une prise de conscience de ces objets référents. Ils nous donnent à revoir l’ordinaire, voire l’insignifiant. « Pauses » : ces peintures représentent des images extraites des programmes télévisés du dimanche. Elles prennent sens dans leur ensemble. Ces images ont été choisies pour leur absence d’intérêt. Il n’y a rien à chercher, elles n’ont pas de point fort. Allumer la télé­ vision est une activité qui ne demande pas d’effort et un enfant espère trouver en elle un remède à l’ennui. Elle échoue, ne remplit pas sa fonction de distraction. La peinture anoblit de simples captures d’écran. Elle marque un temps d’arrêt qui permet au spectateur de voir ces images de télévision sans les subir. Il les considère pour ce qu’elles sont, c’est-àdire pas grand-chose. « Promenade » : d’une glissière de bord de route qui défile à l’angle d’un mur d’une chambre, cette série se construit autour du regard d’un enfant se déplaçant d’un espace clos à un autre. Le paysage se resserre sur lui. Pour se protéger, la concentration se relâche et l’esprit s’évade. La vision se trouble et se perd alors dans le motif du papier peint. Elle invente des jeux, cherche des rythmes, repère les erreurs.


101   74 Zoé Texereau Image imprimée

Dimanches ou l’éloge de l’ordinaire « Série Pauses », 55 gouaches sur papier, 9 × 14 cm : Tennis, Brouillage, Messe


102 Hannah Thual Image imprimée

Débordements « Folies ordinaires », série de gravures « La plus jolie fille de la ville » de Charles Bukowski


102 Hannah Thual Image imprimée Boîtes Mémoire dirigé par René Lesné Débordements Ils prolongent une réflexion sur les « boîtes » et s’y opposent. Aux boîtes qui concentrent l’in­ tériorité répondent les débordements qui laissent échapper le trop-plein de la vie. J’aime cette tension entre le fait de se rassembler et le fait de laisser jaillir ce qui s’est accumulé en nous. Mes Débordements se traduisent dans deux ensembles : une série de gravures et un livre illustré. « Folies ordinaires » : avec ces plaques gravées dans la spontanéité du désir, je me suis construite la possibilité de pouvoir écrire des « histoires », de dévoiler l’intime que l’on ne perçoit pas, en obéissant seulement au jeu des associations libres. Les petits formats fonc­ tionnent comme une palette de symboles abstraits et figuratifs. Ils traduisent l’instantanéité d’émotions ultimes, extrêmes, excessives, paroxystiques. Les compositions sont, à l’inver­ se, plus distanciées. Elles proposent des déambulations visuelles, pour lire entre les lignes, distinguer, deviner les couches, les superpositions, les collisions de nos émotions. Contes de la folie ordinaire, le titre de ce recueil dont l’auteur est Charles Bukowski, écrivain sulfureux et hors norme, m’a séduite parce qu’il traduisait exactement ma réflexion. La nouvelle « La plus jolie fille de la ville », quant à elle, racontait un exemple de déborde­ ments. Un exemple extrême certes, un exemple de solitude, de destruction. Une fille née au mauvais endroit au mauvais moment, qui oscille entre l’excès de tout, l’excès de vie, et finit par se donner la mort. À travers mes illustrations, j’ai tenté de laisser entrevoir le compte à rebours de cette vie noire et explosive.


103 Anne-Sophie Turion Scénographie La musique grand public et le spectacle contemporain Mémoire dirigé par Annabel Vergne Michael Jackson (29 août 1958 – 25 juin 2010) Michael Jackson est mort. Pour certains fans, il vivrait encore, caché. D’autres m’ont expli­ qué que, depuis longtemps déjà, un sosie l’avait remplacé. En un demi-siècle, il est devenu un mythe inépuisable pour l’imaginaire collectif. Ses images, ses musiques, les rumeurs proliférant sans limites semblent avoir enterré l’homme avant même qu’il ne soit mort. En exploitant ce gisement, j’ai voulu creuser le mythe afin de découvrir où pouvait commen­ cer l’homme. Comme me l’a un jour écrit l’un de ses fans : « Le plus incroyable, ce n’est pas qu’il soit mort, c’est qu’il ait pu exister. » Le dispositif que je propose se construit comme une tentative d’épuisement du mythe : estil possible de contenir dans un espace et un temps limités les facettes multiples d’une fi­ gure dont les contours se dérobent ? Pendant un an, j’ai accumulé, collecté, trié, scruté les fragments de ce patrimoine virtuel. Mais les pièces du puzzle s’accumulaient sans jamais s’emboîter. Et plus la couche d’images devenait épaisse, plus le noyau de la recherche (le vrai Michael Jackson) semblait inaccessible. « Là où le monde se change en simples images, les simples images deviennent le monde réel », disait Debord… De quel côté se trouve alors le vrai Michael Jackson, du côté du monde ou du côté de l’image ? Pour contourner cette équation insoluble, j’ai décidé de mettre en scène ce processus de recherche : ma rencontre, non pas avec Michael Jackson, mais avec toutes les traces laissées par lui, qui sont autant de fragments « recyclables » à l’infini, matériaux propres à construire le mythe. Le spectacle commence comme une présentation : j’énumère les « indices » qui m’ont servi de point de départ (un mystérieux DVD sur son lit de mort, la vidéo d’un fan qui possède une taie d’oreiller brodée qui lui aurait appartenu…). Mais, progressivement, les images se multiplient et se superposent, des strates sonores émergent ici et là : la présentation devient spectacle. L’espace de travail du début devient décor : les simples empilements de livres, de papiers, de DVD et de disques se transforment insensiblement en un décor qui se ré­vèle strate par strate et découvre des profondeurs insoupçonnées (des espaces dont l’entrée était cachée par les empilements), toujours plus démesuré… Et toujours moins « plausible ». Le principe de toute la scénographie est enclenché par un événement qui semble accidentel : l’image est floue, il faut donc « improviser » un support de projection plus approprié en dé­ plaçant des morceaux du décor (piles de disques, de DVD, etc.). Plus le spectacle avance, plus l’image projetée grandit, et plus les empilements s’élèvent… Au risque de s’effondrer. L’image envahit l’espace et, paradoxalement, est alors au bord de la disparition. Les spec­ tateurs sont progressivement immergés dans une « histoire palimpseste », parfois crédible, souvent burlesque, où est progressivement abandonnée toute objectivité et où se fait de plus en plus imprécise (ou « floue ») la frontière entre possible et imaginaire. Spectacle de 25 mn. Régie : Jean-Christophe Huc, Melvyn Bonnaffé. Matériel : 3 ordinateurs, 1 projecteur de diapositives, 2 vidéoprojecteurs, 1 télévision, 1 lecteur DVD, 1 micro HF, 2 paires d’enceintes, 1 échelle, tables lumineuses, empilements de CD, de DVD, de cassettes VHS, livres, documents imprimés, affiches, photocopies noir et blanc, cartons…

Grand Projet avec les félicitations du jury


103 Anne-Sophie Turion Scénographie

Michael Jackson (29 août 1958 – 25 juin 2010), 25 mn


104 Lucile Tytgat Design textile

L’air, le son, la poÊsie


104 Lucile Tytgat Design textile Histoire de se mettre à table Mémoire dirigé par Vonnik Hertig L’air, le son, la poésie J’ai toujours eu envie d’explorer un thème de création poétique, et subtil, qui évoquerait mon tempérament rêveur. Je me suis plongée dans L’Air et les Songes (1943) de Gaston Bachelard, ce qui m’a permis d’en tirer ces lignes directrices : « […] le diaphane, le léger et le sonore déter­ minent une sorte de réflexe conditionné par l’imagination dynamique. » L’air est conducteur de la vibration sonore : ce serait ainsi l’occasion d’intégrer le son au textile pour une envolée vers le rêve. L’air, le son, la poésie. Destinée à l’architecture, cette collection de textiles et de matériaux valorise un espace en lui apportant de l’émotion par une touche de poésie.


105 Fanny Vandecandelaere Photo / vidéo Trajectoires paysagères Mémoire dirigé par Paul Sztulman La griffe Un paysage bucolique, contemplatif, rythmé par le travail des hommes, devient soudai­ nement étrange dans une atmosphère sourde, de l’ordre de la fantasmagorie… Mon film parle d’un paysage particulier : celui de la montagne, ici les Pyrénées. Un paysage nou­ veau pour moi, qui représentait tout un mythe, un paysage qui ne peut être modifié par l’homme… Une quête de la nature inaccessible, où il faut grimper pour accéder à la vue imprenable du sommet et à une jouissance qui relève du sensible. Devant cette beauté « l’âme se détache des sens ». Le début du film est composé comme des scènes de genre, où l’on voit des paysans, au loin, travailler, en harmonie avec la nature, dans une esthétique proche du pictural. Le paysage plonge peu à peu dans la nuit, devient fantasmé, hostile, proche du rêve, où la nature devient menaçante… Lumières artificielles, retour à l’homme moderne, issue fatale, une sorte de descente aux enfers où l’homme n’est que poussière face à la grandeur de la montagne… Éternité ordinaire Dans une constante répétition des choses qui reviennent, j’enregistre le paysage d’une façon quasi obsessionnelle, comme un motif où parfois il y a rupture. Ce paysage, c’est celui de ma région natale, le Berry. Une campagne qui me semblait dénuée de sens, un terroir ordi­ naire, d’une évidente banalité, tout en étant un lieu spécifique : le territoire de la famille. Ce qui m’intrigue, c’est le sens commun, l’insignifiant, le quotidien. Je ne désire pas pro­ duire un sentiment d’idéalisation, je ne recherche pas le spectaculaire. Cette campagne-là, c’est la nature domestiquée, transformée par le travail des paysans. Autour de la ferme, lieu où j’ai grandi, s’étendent les prairies et les champs, les parcelles cultivées ou en jachère, les bois en lisière, les arbres comme points de repère. Cette série de photographies témoigne d’une activité environnementale, agricole, sociale et économique bien réelle. Un paysage dessiné, construit, façonné par ces paysagistes de toujours que sont les agriculteurs. Ces reliefs composent un paysage que j’organise à mon tour avec précision. Si ces lieux peuvent sembler familiers de prime abord, ils peuvent égale­ ment nous parler de bien d’autres choses. D’un espace de pensée, où ce qui est vu relève de la réminiscence incertaine, ou d’un espace plus sensoriel, qui génère une émotion. « Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux » (Marcel Proust).


105 Fanny Vandecandelaere Photo / vidéo

La griffe, vidéo DV, 13 mn 40 s, 16 / 9, couleur Éternité ordinaire, photographies argentiques, moyen format et panoramique 110 × 40 cm, édition, 28 × 35 cm, 80 pages


106 Lucie Van der Elst Design objet

20 000 lieux dans la tête


106 Lucie Van der Elst Design objet Entre les vides. Ballade en métro Mémoire dirigé par René Lesné 20 000 lieux dans la tête Tout a commencé sans le savoir par une collecte de photos auprès de personnes d’hori­ zons divers. Il leur a été demandé de photographier les endroits de leur maison qu’ils pou­ vaient qua­lifier de « bazars », c’est-à-dire là où étaient rassemblés divers objets sans trop savoir pourquoi. Parmi ces objets hétéroclites se trouvent des objets qui ont une valeur marchande, d’autres achetés à trois sous ou qui ont étés trouvés, puis des souvenirs de voyage et des objets se trouvant dans la famille depuis plusieurs générations. On y trouve des objets fonctionnels mêlés à d’autres qui ne le sont pas du tout. Pourquoi ces objets sont-ils rassemblés dans un même endroit ? Pourquoi ne pas jeter ceux qui sont inutiles et remettre les autres à une place spécifique ? Peut-être parce que l’homme n’est pas un ordinateur et qu’il n’y a pas une case logique pour tout. Il y a des objets que l’on a simplement envie de laisser traîner là, près des yeux, près du cœur ; s’ils ne sont pas « utiles » au premier sens du terme, ils demeurent essentiels dans notre paysage quotidien car ils sont un support de transition du vécu, des émotions : en symbolisant un événement, un lieu ou une personne, ils nous permettent d’assimiler le monde qui nous entoure. Ils sont notre mémoire et les outils de notre construction psychique. La typologie de mon projet propose une autre façon de ranger ces souvenirs, plus sensible et instinctive qu’une simple étagère. Ses multiples cavités sont autant d’abris possibles pour ces objets dont le potentiel narratif se révèle une fois leur place attribuée. C’est une façon de leur insuffler de la vie.


107 Gala Vanson Cinéma d’animation Le partage du sol Mémoire dirigé par Benjamin Delmotte Apprendre le dari Après plusieurs mois de recherches collectives menées avec Maïda Chandèze-Avakian et Elsa Simon autour de la notion d’hospitalité et réunies dans un carnet de route commun, Voyage en hospitalité, chacune de nous a prolongé ces questionnements en donnant son point de vue personnel. J’ai voulu aborder l’hospitalité à l’éclairage du dari. J’ai suivi Nawel, Mélina, Mathilde, Ahmad et Jamshid pour assister à mon premier cours de cette langue. Mathilde, Nawel et Mélina travaillent pour une association qui constitue les dossiers des demandeurs d’asile afin de les aider à obtenir le statut de réfugié en France. Leur lieu de travail accueille prin­ cipalement des hommes de nationalité afghane. Les recevant chaque jour, elles ont fait le choix d’apprendre le dari, l’une des deux langues les plus parlées en Afghanistan. Ahmad, leur professeur, est interprète en France et calligraphe en Afghanistan. Jamshid est arrivé en France il y a un an et attend toujours la réponse à sa demande d’asile. Il vit avec Mélina depuis quelques mois. Tous les cinq ont accepté de m’accueillir chaque semaine pour le cours de dari, chez Mélina. J’ai enregistré leurs voix, appris des mots et des chansons à leur côté, puis réagi par le dessin à leurs paroles échangées. Mon travail fut dans un premier temps de collecter une matière sonore qui me permette de vous faire entendre cette rencontre, puis d’y réagir en associant une sensibilité plastique au documentaire, le dessin à la parole. La position de « naïf » dans laquelle se trouve celui qui doit tout réapprendre dans une autre langue a guidé ma redécouverte et ma réappro­ priation des jeux d’enfance. Leur fonction a priori divertissante s’entrechoque ici avec la gravité de la situation réelle et quotidienne des demandeurs d’asile et de leurs interlocu­ teurs. Leurs formes incluent la possibilité du réversible, de l’ambigu, de la différence dans la réunion, de l’étrangeté dans la paire, de l’intrus dans la série… Ainsi chacun des jeux que j’ai fabriqués contient à la fois une menace et une reconstruction. J’ai imaginé que le jeu devait se constituer avant tout comme une éducation à l’autre, une pédagogie de la ren­ contre et de l’ouverture aux rives de l’étranger. Ma volonté était d’accompagner Jamshid, Ahmad, Mathilde, Nawel et Mélina en inventant un vocabulaire de formes à leur contact. Ma proposition doit être prise comme une invita­ tion à se réunir et à s’attabler, non seulement à écouter et à regarder mais aussi à toucher et à dialoguer, à apporter le mouvement des mains qui cherchent et qui assemblent.

Mémoire avec les félicitations du jury


107 Gala Vanson Cinéma d’animation

Apprendre le dari « Cubes-confusion », jeu de cubes


108 Mathieu Ventayol Design vĂŞtement

Songe urbain


108 Mathieu Ventayol Design vêtement Le vêtement évolutif Mémoire dirigé par Betty Le Guen Songe urbain Inspirée de l’architecture contemporaine des mégalopoles, la collection raconte l’histoire d’un individu qui s’émerveille des effets optiques de sa ville. Reflets des lumières du couchant, d’architectures, de matières sur des buildings miroitants, jeux de trames qui s’entrelacent, se confondent ou s’effacent ; la collection retranscrit ce regard sur des vêtements aux formes épurées. Leur allure décontractée et néanmoins très sophistiquée dessine un quotidien urbain résolument actuel qui cherche à anticiper un vocabulaire très habillé pour notre société.


109 Geoffroy Wagon Image imprimée Montage cinématographique et bande dessinée Mémoire dirigé par René Lesné Lignes autonomes « C’est en se tenant assez longtemps à la surface irisée que nous comprendrons le prix de la profondeur » (Gaston Bachelard, L’Eau et les Rêves, 1942). Les lignes, ce sont les histoires, les anecdotes, les souvenirs autour de l’Atlantique qui motivent ce projet. Je propose une bande dessinée. Elle trace deux lignes. Chacune est autonome dans l’espace et le temps. La première investit l’espace sous-marin ; la seconde reste contrainte à la surface de l’eau. Elles sont liées cependant, ayant induit des sensa­ tions particulières que je tente de suggérer au lecteur. La narration et les codes standard de la bande dessinée permettent d’emmener au mieux le lecteur jusqu’à la sensation, le res­ senti. Là, la ligne s’efface, fait abstraction du cadre et des repères spatio-temporels, pour, enfin, revenir au réel, au fil narratif. Le projet proprement dit s’articule autour d’un élément éditorial : la bande dessinée, compi­ lant les deux lignes. De l’objet relié et imprimé, deux grandes estampes sérigraphiées prennent leur autonomie. Une vidéo, bouclée, n’est autre que la génératrice des images « sensitives ».


109 Geoffroy Wagon Image imprimĂŠe

Lignes autonomes


110 Avi Wanono ScĂŠnographie

Une parfaite chambre de malade de Yoko Ogawa


110 Avi Wanono Scénographie La spiritualité dans l’espace musée Mémoire dirigé par Annabel Vergne Une parfaite chambre de malade de Yoko Ogawa Une jeune femme passe la dernière année de la vie de son frère, atteint d’une maladie in­ curable, dans sa chambre d’hôpital. Fuyant une morne vie conjugale, elle vient retrouver une certaine quiétude auprès de son frère mourant, dans cette chambre close de malade. Au centre du texte se trouve la narratrice. Tout gravite autour d’elle. C’est une jeune femme perdue qui se confesse aux lecteurs. Elle profite de cet espace de parole pour se libérer et exposer son histoire au public. Cette parfaite chambre de malade est moins celle de son frère que la sienne. C’est un lieu neutre, sacré, qui devient un espace de méditation où elle vient se réfugier pour se couper de son quotidien. D’abord préoccupée par son devoir de grande sœur auprès de son frère malade, elle s’accroche finalement à cette expérience pour sortir de sa vie de couple, qui la dégoûte. L’empathie pour son frère est vite supplantée par son désir naissant pour le docteur S. ,qui le soigne. Tout est vécu au travers du prisme de la jeune femme. La vie de celle-ci est structurée par de violents contrastes. S’échappant du foyer familial où sa mère, malade mentale, fait régner une pagaille nauséabonde, elle se marie rapidement en quête d’une mise en ordre dans son existence. En s’enfermant avec son frère dans cet espace de pureté, elle adopte complètement ce lieu qui devient le pro­ longement de son être et fait le point sur sa vie en la regardant à travers le hublot de cette chambre ou de l’hôpital. C’est le récit des angoisses et des névroses enfouies de la narratrice. C’est l’angoisse d’une vie en suspens au côté d’une vie qui se termine. Le présent de narration domine le récit qui est le lieu d’expiation de la narratrice. Celle-ci flotte entre le présent et le passé qu’elle raconte pour mieux avancer. Tout est défini par contrastes. À la pureté de la chambre s’op­ pose la saleté du monde environnant. À l’attente de la mort du frère répond un besoin de réconfort de la jeune femme. Aux descriptions du corps de son frère s’affaiblissant, elle oppose ses fantasmes sur le corps musclé de S. À la pureté juvénile et mourante des lèvres de son frère, elle oppose l’image des lèvres grasses et mouillées de son mari. Le tout dans un jeu de subtiles descriptions qui s’opèrent tels des zooms sur des détails infimes pour mieux les mettre à distance de la réalité dans une nouvelle abstraction. Ces descriptions viennent éclipser la réalité. C’est un mécanisme de défense pour la narratrice qui vient masquer la réalité pour mieux lui échapper. Ma scénographie s’appuie sur l’isolement de la narratrice dans sa tour d’ivoire. Un espace d’une blancheur immaculée, détachée du sol. Une métaphore de la chambre de malade comme un espace mental et fenêtre déformant la réalité. Ce dispositif scénique vient pré­ senter aux spectateurs le film qui se déroule dans la tête de la narratrice. Je prends appui sur le côté psychanalytique du texte en exposant l’intimité de la narratrice. Allongée sur un divan qui n’est autre qu’une image de l’omniprésence du frère dans sa tête, elle se pré­ lasse. Présence persistante d’une forme qu’elle veut oublier.


111 Lucie Wullschleger Design objet Quel objet pour demain ? Mémoire dirigé par Anna Lalanne-Bernagozzi Socio-cubes, modules actifs de l’espace partagé Comment vivre ensemble dans la ville ? Dans un monde de plus en plus urbanisé, l’échelle du village se recrée car l’humain a besoin de l’autre pour s’épanouir en société. En réponse à l’anonymat urbain, au vieillissement de la population et à l’accroissement du chômage, la mise en valeur de la solidarité et du lien social est une des problématiques actuelles fon­ damentales pour organiser les villes de demain. Le projet est expérimenté au sein d’un café associatif parisien du XIVe arrondissement, Le Moulin à Café, mon territoire de réflexion, d’action et de cocréation. L’objectif est de met­ tre en valeur la vie du quartier, le lien social et l’échange local, d’apporter lisibilité et visi­ bilité aux divers événements du lieu et de la modularité à l’espace. L’objet est un outil de création collaborative. Il est fonctionnel car il permet l’affichage et le rangement, et évo­ lutif car il stimule son appropriation par ses utilisateurs jour après jour. Il les invite à se partager l’espace et favorise la communication des initiatives individuelles. Mes modules à tiroirs sont de formes arrondies à l’image d’une bulle narrative. La carapace et les tiroirs sont faits de bois cintré moulé, l’assemblage va à l’essentiel : quelques vis et des rainures, les façades des tiroirs transparentes et inscriptibles. L’affichage est facilité par deux élas­ tiques en tension sur les côtés. On y range les objets des différentes activités, on y affiche ses idées, on y écrit ses envies. Empilés dans un coin ou éparpillés dans toute la pièce, ils deviennent des totems interactifs du lieu. L’échange des connaissances et des savoir-faire se concrétise dans des espaces où l’ordre et le désordre sont nécessaires. Ainsi, je cherche avant tout à proposer un objet qui ra­conte les histoires du lieu, support des initiatives de chacun, miroir de la vie et des activités de l’espace partagé à l’instant T. Le lien social spontané peut exister dans la ville ; mon année de diplôme m’a permis de le vivre et mon projet cherche à le favoriser.


111 Lucie Wullschleger Design objet

Socio-cubes, modules actifs de l’espace partagé


112 Laura Zimmermann Design vêtement

West Coast, jersey, bord-côte, viscose, fil à coudre, fil à broder, peinture pour textile, crochet, impression numérique, flocage, chaînes, perles, élastiques…


112 Laura Zimmermann Design vêtement Réservé aux beaux Mémoire dirigé par Betty Le Guen West Coast Durant l’année 2009, j’ai eu la chance de pouvoir partir sur la côte ouest des États-Unis (de San Francisco à la frontière mexicaine) lors d’un échange universitaire, puis sur la côte ouest africaine (de la Namibie jusqu’au cap de Bonne-Espérance) à l’occasion d’un stage professionnel. Ma collection s’inspire donc de ce que j’ai pu voir et vivre dans ces deux pays, tant dans leurs points communs que dans leurs dissemblances. Il s’agit d’un mélange de street-wear et de tenues traditionnelles africaines, de cagoules de catch et de masques afri­ cains, de tee-shirts et de boubous, de matériaux neufs et d’éléments de récupération. Les couleurs, éclatantes, sont inspirées de mon travail personnel en peinture. Le parfum créé en collaboration avec Juliette Karagueuzoglou, « nez » chez IFF (International Flavours and Fragrances) est un mélange des trois senteurs les plus représentatives pour moi de ces deux pays : la mer, le cannabis et les armes à feu. Il s’agit d’un parfum très conceptuel puisque l’odeur de poudre, forte et dérangeante pendant les premières secondes, s’envole de manière fulgurante pour laisser place à l’odeur du cannabis et de la mer.



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Directrice de la publication Geneviève Gallot Documentation Lydia Mazars Conception graphique Atelier trois (www.ateliertrois.fr) Photographies Les étudiants, Benjamin Fanni, Dominique Feintrenie et Laurence Sudre Relecture et corrections Service des éditions Impression Le Govic (Treillières) Achevé d’imprimer en janvier 2011 Contact École nationale supérieure des Arts Décoratifs 31 rue d’Ulm 75240 Paris cedex 05 + 33 (0)1 42 34 97 00 www.ensad.fr

Remerciement Un remerciement tout particulier pour sa patience et sa disponibilité à Lydia Mazars, responsable de la photothèque à la bibliothèque de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs.


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