{la Nuit} {imagine le journal heureux} {conteste l’ordre du jour} {renverse les perspectives} {ne court pas après l’actualité} {désire la liberté} {parle en images et musique}
lanuit.co www.lanuitsecrete.co
«Ils trouvaient que les jours n’étaient pas drôles. Alors, ils décidèrent de faire un drôle de journal qui s’appellerait la Nuit.»
Paris. London. Marseille. Mai 2014
La Nuit est un hebdo digital qui voit les choses différemment. Elle croit au désir, au style, à la liberté et parcourt l’internet pour en ramener les images, vidéos, musiques, actes et textes qui témoignent de l’énergie de ceux qui font un autre monde possible. Média hybride entre un programme télé déchaîné et un journal engagé, nous voulons être un haut-parleur et un acteur, avec vous, de la nouvelle vibration mondiale, qui exprime dans tous les coins de la planète l’envie que ça change. La Nuit parlera de tout, mais surtout des gens qui traversent ces temps d’orage sans renoncer à vouloir le bonheur. Et s’adresse à ceux qui rêvent d’autre chose. Celles et ceux qui ont envie de se lever pour créer. Tous ceux qui pensent que survivre, ce n’est pas vivre. Que l’information qu’on nous donne n’est souvent bonne qu’à désespérer les gens. La Nuit croit que l’internet peut être beau. Comme il y a de beaux livres, de beaux objets. Elle est une résistance douce et entêtée. L’envie de choses faites avec amour. Le choix de la qualité et du sens. Dans ce temps de quantité industrielle d’informations, La Nuit se revendique faite main, digitale et artisanale.
la Nuit
#3
L’appel de {la Nuit} La Nuit est faite pour réveiller, donner des forces, briser les solitudes, faire bouger les consciences, accélérer les rêves, écouter d’autres paroles, trouver les moyens de la viabilité d’une nouvelle expression indépendante, susciter d’autres projets similaires, ramener de la magie dans l’internet. Nous la voyons comme un journal d’inspiration plutôt que d’information (on sait déjà tout, à la minute, de toute façon). Un journal qui ne suivrait pas l’actualité comme un chien suit son maître. Un journal créé dans la nuit pour être plus près des rêves qui changent tout. Et que les grands et les importants du jour ne voient jamais venir.
N
ous vous invitons à rejoindre la conspiration des rêves d’un monde meilleur en créant avec nous La Nuit, un site internet qui mettrait l’imagination au pouvoir, plutôt que la commercialisation et la routine. C’est une tâche urgente. Car la France est en train de s’enterrer vivante. Trois Français sur quatre pensent que c’est une bonne idée. Celui qui reste doit les en empêcher. Il y gagnera au moins d’avoir sa conscience pour lui. Et de pouvoir vivre dans un pays moins triste. À nous de créer des choses ! Entrer dans La Nuit, c’est donc entrer en résistance contre la mort dans l’âme. Se connecter avec toutes sortes de gens qui font le monde plus vivable. Et faire un joyeux tintamarre pour éloigner les esprits malins qui rôdent autour de nous. Entre autres, en créant un site internet comme on n’en avait encore jamais vu, qui serait une sorte de comédie musicale et de journal, parce qu’il donne des nouvelles en musique et en images, et communique une vision du monde.
Nous avons envie de créer des « pages vivantes », qui s’adressent directement aux sens. Nous ne voyons pas pourquoi il faudrait continuer à imaginer le journal comme quelque chose en papier. Nous préférons le contact constant avec vous à la vente en kiosques. Nous faisons donc le choix d’un digital artisanal et de qualité, pour faire sur l’internet une belle œuvre, comme il y a de beaux livres, de beaux objets. C’est pourquoi La Nuit hebdo (que nous appelons La Nuit Secrète) est réservée à ses abonnés. Ce qui est précieux : la liberté, le temps, l’attention a un prix. Il doit nous permettre de vivre et de rester indépendants. Sans avoir à nous vendre dans l’hypermarché qu’est devenu l’internet à force de réclames et du tout gratuit aux conditions qu’il ne manquera pas d’exiger de nous. Nous avons fixé ce prix à un euro par semaine pour que ce journal né dans un quartier populaire et dans la pauvreté puisse être à la portée à tous. Notre politique d’abonnement, qui ne pénalise pas les paiements fractionnés, petit bout par petit bout, mois par mois, est aussi conçue pour cela. Et nous ferons avec le budget que cela permet. Sans dépense inutile.
MANIFESTE Voilà l’idée que nous nous faisons du journal de demain. Il n’est pas celui derrière lequel se cachait papa pour déjeuner en paix. Il est aussi tout autre que celui d’aujourd’hui, qui copie et colle ses papiers sur le web en pensant que c’est moderne. Mais ne s’est pas demandé si l’internet ne permettait justement pas de faire quelque chose d’autre. De créer d’autres modes d’expression. D’aller chercher des sources d’information totalement inattendues. Tout reste donc à imaginer. Et ceci n’est que le début d’une aventure qui changera à mesure que d’autres s’y joindront. Tous ceux qui ont aidé La Nuit à faire ses premiers pas en participant à son « crowdfunding » sont des héros discrets de la presse libre (car, information essentielle aujourd’hui : qui finance La Nuit ? Vous, et personne d’autre).
Nous espérons bien sûr que d’autres les rejoindront en s’abonnant, maintenant que La Nuit existe, et que nous serons bientôt les quelques milliers nécessaires pour aller plus loin. En pensant à un quotidien radicalement différent, par exemple, dont La Nuit hebdo serait le supplément culturel, la source de financement, et la racine dorsale. Le jour est paresseux, mais la nuit est active, comme disait Éluard. Et elle nous tend les bras ! * Alternativement, on pourrait dire :
« Ils trouvaient que les jours n’étaient pas drôles. Alors, ils décidèrent de faire un drôle de journal qui s’appellerait La Nuit. »
AUX RÊVEURS D’AUTRE CHOSE la Nuit
#5
Le projet de {la Nuit} {imagine le journal heureux}
la Nuit
#7
LUXE, CHAOS ET VOLUPTÉ Ce titre ? En pleine crise ? De la presse, de nerfs et de tout ? Est-ce une provocation ? Oui, un peu. Mais au-delà, c’est un programme. C’est par passion et avec bonheur qu’on fait un journal. Et cela ne se voit plus nulle part, un journal heureux, avec des choses à dire qu’on n’entend pas partout, une véritable envie de s’exprimer, et une communauté de lecteurs autour de lui.
N
otre intuition, c’est qu’un journal ne doit pas regarder ses journalistes, il doit regarder le monde. Il n’y a pas que le travail, ou le chômage, dans la vie. Il y a l’amour, pour commencer et finir. Notre étonnement devant l’obscurité de l’âme humaine. Cet empilement des malheurs que récitent les journaux. La révolte qui réveille et réchauffe ces cœurs qui ne battaient plus - et s’étonnent : où étions-nous passés ? Et les désirs. Aussi infinis et divers que nous. Ah ! Vladimir ! Lili ! Pablo ! Pier Paolo ! Nancy ! Oscar ! Jean-Luc ! Hayao ! Janis ! Arthur ! Ernesto ! Nos héros débordent tout, donc la politique. Nous sommes conscients de briser avec La Nuit un tabou à gauche en créant un journal engagé qui n’aurait pas peur des envies de différence et d’épanouissement personnel, et plonge dans le chaos des désirs, des modes et des idées qui définissent mentalement le monde dans lequel nous vivons, et constituent donc la modernité. Comme nous brisons un autre tabou dans le monde de la mode, du design, de l’art ou de la musique en faisant ouvertement de la politique, au lieu de se contenter d’en détourner les signes pour une collection, une exposition, avant de retourner aux choses courantes. La vie est dure. Nul journal n’est mieux placé que La Nuit pour le savoir. Notre quotidien, et tout quotidien aujourd’hui digne de ce nom, ou un peu réaliste, devrait s’appeler « Au Jour Le Jour », tant la précarité est la marque de cette époque, et de celle qui viendra pour nos enfants.
C’est donc bien peu de choses, une vie précaire, et moins drôle qu’on cherche à nous en convaincre, pour nous consoler des misères qu’elle nous fait en agitant sous nos yeux le hochet de la liberté héroïque contre le triste emploi assuré. Mais elle est tout ce que nous avons pour nous. Et rien, même pas les horreurs, ne nous l’ôtera de la tête. Nous ne sommes pas heureux-heureux, non. Mais nous connaissons encore le sentiment d’être heureux. D’un bonheur qui ne ressemble en rien à celui de la société de consommation. Ou d’une éphémère victoire dans la compétition féroce pour une place au soleil. Triste à dire, mais le bonheur est redevenu une idée neuve en Europe, qu’on ose à peine avancer, dont le seul nom fait mal tant on ne croit plus jamais devoir le voir. La Nuit le revendique quand même comme le but le plus légitime du monde. Que cherchons-nous sinon le bonheur ? Comment accepter une société qui admet qu’elle ne crée plus que du malheur ?
IMAGINER
{conteste l’ordre du jour}
la Nuit
#9
CE N’EST PAS LORSQUE LES ÂMES SONT HABITÉES QU’ELLES SONT MALADES ; C’EST LORSQU’ELLES NE SONT PLUS HABITABLES. PIERRE KLOSSOWSKI
POLITIQUE Tout est politique. La manière de travailler. Les rapports entre les sexes. L’exercice du pouvoir. La vision de la nature. La manipulation des sentiments. Le contenu de notre assiette. La lutte de tous contre tous. La sélection soi-disant naturelle. Et même les livres d’enfant. Copé a raison. Nous menons tous en nous-mêmes un combat politique et moral de chaque instant.
le peuple ne compte pas
© iniciativadebate.org
© giulio piscitelli
Ceux qui prétendent dépolitiser une « société apaisée » et substituer la lutte des places à la lutte des classes ont tort de désarmer la résistance face à un système absurde et cruel. Mais ils ont de bonnes raisons pour le faire. Et nous, toutes les raisons de faire le contraire. La Nuit ne crachera donc pas sur la politique, mais parfois sur les politiciens. Nous assumons donc pleinement un rôle critique envers tout ce qui nous gouverne (et ce n’est pas QUE les gouvernants). Nous le prenons même comme un minimum moral. Et si cela nous fait d’avance sortir du cercle des média impartiauxcomme-chacun-sait et des experts dans les affaires du monde, qu’il en soit ainsi.
CULTURELLE
DIFFÉRENTE
La culture est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux gens cultivés. Elle ne peut être un confortable ghetto, un petit plus dans le CV, une exception en marge du monde. Nous sommes tous des intermittents (avec d’ailleurs de plus en plus d’intermittences) dans la société du spectacle, tour à tour acteurs et spectateurs, mais pas régisseurs, et nous devons ouvrir grand nos yeux et nos oreilles pour bien faire la différence entre le rôle que nous entendons y jouer, et celui que nous finissons par jouer.
Nous ne vous vendons pas La Nuit comme une critique éclairée de la culture, distributrice d’étoiles (globes, oscars, statues) - tout le monde le fait déjà, d’un festival et d’un prix l’autre, quitte à se répéter un peu. Et ce que nous découvrons, connu ou non, sur nos chemins de traverse en faisant La Nuit, nous le considérons de toute façon hors compétition. Sans rapport avec l’agenda culturel et ses « places to be ». Nous la projetons plutôt comme une critique en acte du monde, pensant qu’il y a de quoi.
C’est donc une affaire délicate où on peut aussi bien se lécher les doigts dans le pot de miel que finir par se les mordre. Et cela concerne naturellement au premier chef les média, les artistes, les créateurs. Quelle culture sommes-nous ? De quoi témoignons-nous ? Que cherchons-nous à faire ? Avec La Nuit ? Nos actes ? Nos mots ? Nos choix ? Nous ne renvoyons la question à personne d’autre que nous (après tout, c’est l’affaire de chacun), mais nous la mettrons constamment sur la table. C’est peut-être d’abord ça, être un journal culturel.
Sur ce terrain-là, les magazines culturels ont fini de jouer, s’ils y ont jamais songé. Cela ne nous dit pas d’être des arbitres du bon goût. D’enseigner comment on noue sa cravate, trouve un barbier, choisit ses livres avec autant d’art que ses fromages, redécouvre les Richelieu, les topinambours, et l’art conceptuel s’il est exposé dans une galerie bien située, toutes ces choses qui sont devenues l’ordinaire universel et maintenant parfaitement interchangeable des suppléments week-end & culture de la presse de droite, de gauche et de Navarre.
la Nuit
#11
RECONSTRUIRE
quoi ? une femme de loi !
Un journal, ce devrait être une conversation
Une conversation avec un ami. Et cet ami sera en l’occurence une amie : la Nuit. voyager, loin, longtemps, comme on navigue en eaux troubles
Q
u’on retrouve au café, invite en voyage, appelle pour avoir des nouvelles. Aux amis, on ne demande pas de parler Politique, Économie, International, Musique, Média, et dans l’ordre du sommaire des journaux, si possible. On ne parle pas par rubriques. On parle par émotions. Envies. On saute des unes aux autres. Il nous a semblé que La Nuit devrait ressembler à nos soirées, nos conversations, nos nuits justement. Une musique, un film, une nouvelle, deux phrases peuvent nous inspirer ces émotions : ils seront donc mélangés, rassemblés, confrontés sous le même titre, et au même titre. Comme un coup de balai dans le placard des rubriques (vous savez : mercredi c’est cinéma, jeudi c’est livres et vendredi c’est ravioli). Pour nous, des musiques, des films et des images peuvent nous en apprendre beaucoup plus sur la réalité du monde qu’un éditorial sur les dernières reculades de François H. ou l’éternel retour de Nicolas S. C’est donc l’émotion qui structurera La Nuit. Et l’envie de la partager qui lui donne sa raison d’être. La Nuit sera donc pleine de vidéos, de photographies, de textes courts – parfois quelques phrases, quelques mots, suffisent à toucher quand ils sont justes, et qui lui donnent son identité totalement à part dans le monde encore très papier/crayon et plutôt bavard de la presse.
PARLER
© romain laurent
{renverse les perspectives}
ECOUTER SE RENDRE FOU
On y passera donc des choses qui nous étonnent aux choses qui nous interpellent, des choses que nous aimons entendre aux choses qui nous touchent, des gens que nous appelons à ceux que nous invitons (car nous aurons des invités), des choses qui nous troublent aux choses trop rares, et cetera.
la Nuit
#13
A PROPOS DU VERTIGE DE LA PRESSE Au siècle dernier, les journaux servaient encore à informer (ou désinformer). Cette fonction de couverture de l’information rendait moins visible leur fonction première, qui est la mise en scène du monde. La construction d’une vision de la vie à partir de milliers d’histoires a priori contradictoires, et sans rapport entre elles.
E
RESISTER
n réalité, c’est cela qu’on achète d’abord quand on achète un journal : une cohérence, née d’une interprétation répétée des événements sur une longue durée. On lit Le Figaro pour être de droite. Libération parce qu’on en a l’âge. Le Monde pour faire sérieux. Pour savoir ce qu’ils en disent plutôt que pour en savoir plus sur un événement. Le prétexte de la couverture de l’information de plus en plus mince, la presse se retrouve à nu, face à elle-même, ses prétentions à l’objectivité devenues un peu dérisoires, puisque commenter l’actualité est la subjectivité même, et peine à l’admettre. Qu’at-elle vraiment envie d’aller voir ? de montrer ? de dire ? Si elle n’est plus obligée à rien ? Devoir choisir, c’est dévoiler ses vrais sujets d’intérêt. Quel vertige, soudain ! Et La Nuit ? Pour vous dire la vérité, mettre en scène le monde nous va très bien. C’est simplement plus juste et plus sain de le dire. Nous ne sommes pas intéressés par les commentaires qui servent de prétexte à redonner l’information de la veille (la glose, 75% du contenu des journaux).
LA PRESSE EST UNE BOUCHE FORCÉE D’ÊTRE TOUJOURS OUVERTE ET DE PARLER TOUJOURS. DE LÀ VIENT QU’ELLE DIT MILLE FOIS PLUS QU’ELLE N’A À DIRE, ET QU’ELLE DIVAGUE SOUVENT. ALFRED DE VIGNY
C’est le reste qui nous intéresse. L’inattendu, le contradictoire, le curieux, l’inespéré. Ce qui se trouve dans les 25% restants quand ils ne sont pas consacrés aux relais-châteaux. En fait, nous les aimons, quand même, les quotidiens. Et pourquoi ? Parce qu’ils sont, par nécessité, cette exception à la logique de la spécialisation qui l’emporte partout : la juxtaposition, a priori insensée, d’à peu près tout ce qui constitue l’humain ramassée en très peu de temps sur quelques pages. C’est cet ensemble, les choses retenues, les choses ignorées, leur rythme, leur cohérence, leur allant, qui constitue la ligne éditoriale d’un journal, et lui donne son style, sa ligne de hanche. La nôtre, La Nuit étant un journal plutôt visuel, ne sera pas longue à voir se dessiner. Mais on peut déjà le dire : elle sera contradictoire, parce qu’elle est à la recherche de quelque chose qui n’est pas là. Parce que nous ne nous reconnaissons tout à fait - et tout est là - dans rien de ce qui existe à ce jour en politique, ou dans l’organisation de la société.
© vladimir minakov
{ne court pas après l’actualité}
allo j’écoute
Par où nous sommes la Nuit Nous vivons dans les temps vertigineusement accélérés de l’inégalité monstrueuse, étourdissante, insoutenable. Et pourtant, cela ne se voit presque pas ! La banalité, la vie de tous, son dénuement, son impuissance, c’est le hors-champ des média. La Nuit, c’est l’immensité morose de ces banlieues qu’on ne filme qu’en caméra cachée derrière un policier.
Q
ue traverse le doigt d’un projecteur qui montre le délinquant. Ou aussi bien la vie simple et frugale loin des villes, le week-end à zoner au centre commercial, les longues journées chez soi de ceux qui n’ont pas de quoi sortir, les plaisirs à deux balles des familles pauvres, tout ce qui n’est pas désirable dans le paysage médiatique, et fait tache dans le « selfie » au sourire plein de dents que projette sur tous les écrans le réseau de la société deux points triple zéro. La Nuit est cette grande force obscure qui est tenue à l’écart de la conduite des affaires du jour. Une multitude d’invisibles, de bras et de destins cassés peut-être, d’inutiles à ce grand mot qu’on appelle la Nation, les invendables, périmés, mal fagotés, trop jeunes, trop vieux, trop femmes, trop fatigués, trop désespérés. Ce monde est devenu un casino open space où des intendants banquiers poussent pour leurs maîtres les jetons qui décident de la vie des hommes et du destin des pays, en attendant d’être eux-mêmes complètement remplacés par des algorithmes qu’ils auront été commissionnés pour créer. Pendant ce temps, la fortune sera venue en dormant d’un long sommeil de la raison à Liliane Bettencourt, comme cette année.
C’est peu dire que nous vivons dans un monde injuste et absurde à l’extrême. Et que le chaos que nous voyons déjà va s’accélérer. Des guerres s’en suivront. Des déchirements profonds. Des révolutions pas toutes heureuses. Et même des horreurs. Il vaudrait mieux écouter les voix confuses et étouffées de la grande nuit de ce début du vingtet-unième siècle qui fait terriblement penser au précédent.
Ce journal est à l’écoute autant qu’il parle. A tout ce que nous venons de dire, et qui est terrible, nous ne pouvons pas grand chose (aucun journal ne sera plus la boussole de ce monde déboussolé, ce temps de son importance est fini pour la presse, s’il a jamais vraiment existé un quatrième pouvoir, ce dont nous doutons), sinon déjà le reconnaître comme le contexte réel de l’aventure dans laquelle nous vous proposons de vous lancer avec nous. Voilà où nous nous situons. Et pourquoi nous avons choisi de nous appeler La Nuit, plutôt que Le Jour, comme à une autre époque.
la Nuit
#15
L’INJUSTICE AUJOURD’HUI S’AVANCE D’UN PAS SÛR. LES OPPRESSEURS DRESSENT LEURS PLANS POUR DIX MILLE ANS. LA FORCE AFFIRME : LES CHOSES RESTERONT CE QU’ELLES SONT. PAS UNE VOIX, HORMIS LA VOIX DE CEUX QUI RÈGNENT, ET SUR TOUS LES MARCHÉS L’EXPLOITATION PROCLAME : C’EST MAINTENANT QUE JE COMMENCE. MAIS CHEZ LES OPPRIMÉS BEAUCOUP DISENT MAINTENANT : CE QUE NOUS VOULONS NE VIENDRA JAMAIS. BERTOLT BRECHT
CONTESTER
{désire la liberté}
JOUER
{parle en images et musique}
La Nuit change le journal en changeant d’abord et radicalement le statut des images, des films, de la musique, des vidéos, de l’art en général, qui sera partout, et mettra tout en question, en scène, en représentation, en crise, en occasions d’un partage immédiat avec les autres (La Nuit est l’opposé du journal qu’on lit tout seul dans son coin, elle est faite pour être partagée avec des amis, c’est même probablement le seul journal au monde sur lequel on puisse danser, même sur l’éditorial politique, parfois, comme avec cette vidéo angolaise sur la guerre affreuse que se sont menées, après avoir arraché l’indépendance au Portugal, l’Unita et le MPLA). Ce n’est pas que nous n’aimions pas les mots - nous aimons même la littérature, c’est dire. Mais nous pensons qu’en continuant à ne reposer que sur eux, et à multiplier les points de vue d’universitaires et autres rompus au langage, on passe simplement à côté des moyens d’expression directe qui sont maintenant de plus en plus employés, maintenant qu’ils sont à portée de presque tous, par les gens dans le monde entier pour dire ce qu’ils souhaitent dire le plus largement possible en employant le langage international des images et du son. C’est un peu ennuyeux pour les journalistes qui souhaitent à tout prix s’imposer comme les interprètes de tout ce qui s’exprime trop sauvagement à droite à gauche (avec résumé, graphique, éclairage, rappel historique etc.), mais quant à nous, nous n’y tenons pas tant que ça, nous nous effaçons volontiers, et préférons le cru, le vivant, l’expression brute, telle qu’elle est, et y compris dans les mots. Nous aurons d’ailleurs la même approche pour les textes dans La Nuit. Cela nous intéresse aussi, et c’est d’ailleurs une information essentielle, de savoir comment les gens choisissent d’écrire, avec leurs propres mots. Plutôt que de les passer à la moulinette de la réécriture, La Nuit privilégiera les textes, d’individus ou d’organisations, tels qu’ils sont.
la Nuit
#17
Ils soutiennent {la Nuit} C’est un angle intéressant que choisit d’adopter La Nuit. Faire descendre le magazine de son piédestal pour l’installer dans une situation de communication qui est celle de la conversation avec son lecteur. A l’opposé d’une approche unilatérale qui nous dicte ce que voir, lire, écouter et penser signifient. La Nuit veut devenir votre ami. Jean Morel et Sophie Marchand, Radio Nova Les passagers de la nuit La Nuit, revue en ligne de ce qui émeut, bouleverse et stimule. Vidéos, musiques et textes sont choisis, imprévus et magnifiques. Fini le buzz, le web créatif est de retour. Silvain Gire, Arte Radio
RADIO NOVA ARTE RADIO FRANCE CULTURE FRANCE 3 LES INROCKUPTIBLES PLATEFORM MAG DAVID DUFRESNES
Je vous conseille donc d’aller voir sur www.lanuit.co car c’est peut-être fait pour vous cette histoire, Marie Richeux, Pas la peine de crier, France Culture
La Nuit comme un “antidote à l’ennui” et un “pied-de-nez aux jours de plus en plus gris”. Pour rêver avec lui, il faudra s’abonner sur internet : une belle promesse. Les Inrockuptibles
© candice nguyen
Exigence esthétique & éditoriale au service d’une info multimédia engagée Delphine Japhet, Un livre un jour, France 3
R E V E
ejoignez-nous, vous verrez, vous y croiserez de drôles d’oiseaux de nuit qui font du jour quelque chose de plus doux, de plus sucré mais aussi surtout, de beaucoup plus révolté (on avoue bien facilement qu’on crie très souvent, mais c’est pour réveiller, La Nuit est faite pour cela).
n éveil toujours. Les numéros et archives de La Nuit Secrète sont accessibles uniquement sur abonnement. Quant au site de LaNuit.co, il s’agit du site public, ouvert à tous, qui s’efforcera modestement de poser de son côté les bases d’un autre quotidien, tout en incitant à découvrir l’hebdomadaire. ers un monde plus vivable. La Nuit sera chaude, pas tiède ni froide. Une collection d’émotions nées du monde d’aujourd’hui. Digitale, radicale, spéciale. Nous tenons au rythme du rendez-vous hebdomadaire parce qu’il donne sa structure à la vision du monde qu’entend chercher La Nuit.
t, très vite, un trésor d’archives dans lesquelles puiser sans fin. Car, paradoxe, là où on dit que le digital est le transitoire par excellence, on peut faire le pari que les anciens numéros de La Nuit vieilliront bien moins vite que les hebdos de papier, qui prennent déjà la poussière une fois lus.
La Nuit, projet fou d’un net éclairé et nocturne, David Dufresne, Fort McMoney, Tarnac, magasin général
la Nuit
#19
Les racines de {la Nuit} La Nuit a déjà toute une histoire. C’était le nom que nous avions donné aux pages Culture du quotidien Le Jour, dont j’étais un des fondateurs, en 1993. Vite devenu son deuxième nom, celui d’une de ses deux couvertures, que les kiosquiers exposaient à leur souhait.
C
e fut une belle aventure, lancée, comme celle-ci, avec plus d’enthousiasme que de moyens financiers. Elle n’a pas été loin de réussir : Le Jour avait trouvé ses lecteurs, un quart du lectorat de Libération à Paris. Assez pour paraître tous les jours quelques mois sans un sou d’avance en trésorerie, ce qui est un exploit encore inégalé dans le monde de la presse. Mais il est mort sous le poids du papier. Trop cher à la fin pour nous, Le Jour n’a pu faire face à ses traites d’imprimerie.
LIBERER
D’où cette double idée d’aujourd’hui : embrasser le digital, c’est à dire l’aimer sans retenue, pas « passer au digital », et faire une levée de fonds d’avance pour un an d’existence en appelant au crowdfunding pour son lancement. J’ai ensuite créé un site internet : Nirvanet, pour pouvoir continuer à donner une expression à ce qui passait à l’époque sous le radar des média. Personne ne parlait alors des hackers, du digital, de la techno, du réseau et de ses enjeux. Surnommé par Libération « le paradis cyberculturel », Nirvanet fut un succès. Nous avons pu ouvrir le Cyberthéâtre à Bruxelles. Une salle immense où nous produisions nos programmes live, webcastés sur Nirvanet. Ces deux dernières années, après quinze ans en Inde, j’ai rejoint en revenant en Europe l’équipe de L’Impossible. Ce projet de faire de La Nuit à la fois un magazine digital de qualité et un site sans pareil a donc ses racines dans ces deux mondes que tout le monde oppose à tort : la presse et l’internet, alors qu’ils sont faits l’un pour l’autre, aux seules conditions que la presse arrête de penser, vivre, se faire papier, et que l’internet cesse de signifier tout
gratuit, modèle qui transforme inévitablement tous les journaux en prospectus publicitaires, et achèvera de les ruiner. Quinze ans après Nirvanet, qui faisait partie des premiers sites au monde à passer des vidéos et de la musique, et fut un pionnier du webcasting (la Nasa nous a même fait monter dans une de ses fusées !), toutes choses devenues évidentes aujourd’hui, l’internet reste une chance pour qui veut s’exprimer autrement, et nous fait toujours rêver. C’est là qu’est l’avenir de la presse indépendante. Dans un autre système de production et de distribution, beaucoup plus économe. La construction avec ses lecteurs d’un écosystème durable et soutenable pour rendre sa vie possible. Le travail en réseau avec d’autres sites à travers le monde, pour accéder à l’information et la disséminer. Faire le pas de créer avec ses lecteurs une coopérative, autre chose, un nouveau journal tout cela, oui, nous rappelle qu’il est grand temps, avant qu’il ne soit trop tard, que cela devienne inimaginable pour trop de gens de se battre pour l’existence d’un journal, tant les journaux seront devenus rien, l’objet d’aucun rêve, l’outil d’aucune nécessité, de réinventer la presse, pour qu’elle soit encore libre d’exister, de contester, de réunir des individus dispersés, devenus des lecteurs, autour d’un projet. On ne comprendra vraiment ce qu’essaie d’impulser La Nuit de toutes ses maigres forces qu’en l’insérant dans cette réflexion, ce mouvement-là. Ce n’est pas que nous soyons « mégalomanes » d’essayer de voir plus grand et plus loin que nous (d’ailleurs, ce n’est pas dur : quand on est tout petit, tout est plus grand, plus loin, il faut lever les
yeux, marcher un peu), comme l’avait déjà écrit Libération à propos de Nirvanet, en son époque, c’est que la tâche devant n’importe quel journal aujourd’hui un peu ambitieux, un vrai journal, quoi, qui croit en ce qu’il apporte, elle est très grande aujourd’hui, possiblement trop. Quand même, nous essayons.
L’équipe de LA NUIT Paris. Christian Perrot L’Autre Journal, Actuel, Nova Mag, L’Impossible... London. Laure Panerai Trax, Radio Nova, Libération, Le Nouvel Obs...
Christian Perrot
Marseille. Candice Nguyen PLATEFORM Magazine, Télérama, Marsatwork...
rêver tout haut le monde meilleur
Monde. Contributeurs oiseaux libres, oiseaux fous qui s’émeuvent, gueulent, s’attristent et surtout s’émerveillent devant les petites choses de beauté...
la Nuit
#21
Š candice nguyen
se mettre à la nuit, s’exposer à être surpris par la Nuit. la Nuit
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© nobuyoshi araki
Dans la paume de ta main, au creux de ton cou,
rejoins
{la Nuit} l’hebdo digital qui va faire vibrer ton cœur lanuit.co lanuitsecrete.co facebook.com/lanuit.hebdo twitter @LaNuitHebdo lanuit.hebdo@gmail.com