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Actualité
IMMO BRÈVES DISPOSITIF IMMERSIF POUR DÉCOUVRIR GENÈVE
Le 27 septembre, les autorités de la Ville et du Canton ont inauguré un nouvel emplacement pour présenter un relief high tech de Genève. Au rez de la Maison Tavel, dans une petite pièce dédiée, a été installé un dispositif immersif utilisant un système de double projection sur une maquette en relief et un écran frontal. En douze minutes, le visiteur peut assister à la naissance de cette ville et à son évolution jusqu’à aujourd’hui. Genève est restée emmurée derrière des fortifications pendant trois siècles. La ville s'est développée à la fois sur l’emplacement des anciennes fortifications, mais aussi par avancées successives sur l’eau. S. G.
A voir à la Maison Tavel; 6, rue du Puis-Saint-Pierre
Système d'information du territoire à Genève (SITG),
DR
REALSTONE RSF, UN NOUVEAU QUARTIER AUX PORTES DE ZURICH
Fin septembre, le groupe Realstone a inauguré une étape importante du quartier Horgen Oberdorf, dans le canton de Zurich, pour le compte du fonds immobilier Realstone RSF. Chauffage exempt d’émissions de CO2 et production d’électricité photovoltaïque sont au cœur de ce projet qui comptera à terme (dès 2024) près de 450 appartements ainsi que des surfaces commerciales et administratives où plus de mille personnes se croiseront chaque jour. J. M.
FEU VERT POUR LE BÂTIMENT DE LA HAUTE ÉCOLE DE SANTÉ
Le Grand Conseil genevois a accepté le 23 septembre dernier d’ouvrir un crédit d’investissement en vue de l’extension de la Haute école de santé à Champel. Ce nouveau bâtiment de 6200 m2 constitue une infrastructure indispensable pour répondre à la pénurie de personnel soignant à Genève car il offrira plus de 400 places de formation supplémentaires. Il consolidera en outre le «Campus santé» formé dans le quartier de Champel-CluseRoseraie par les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), la Faculté de médecine et la Haute école de santé (HEdS). J. M.
LE CENTRE-VILLE LAUSANNOIS À PIED EN 15 MINUTES
Les rues en pente de Lausanne peuvent parfois être perçues comme une entrave à la mobilité active. Afin de guider les Lausannois, la Municipalité vient de baliser une série de quatre itinéraires piétonniers, appelés «Cœur de ville à 15’», qui permettent d’atteindre facilement le centre-ville. «L’idée est de leur montrer qu’il est parfois plus rapide de se déplacer à pied plutôt que de prendre les transports en commun ou sa voiture», explique Florence Germond, conseillère municipale chargée des Finances et de la Mobilité. Il existerait d’ailleurs un réel potentiel de report modal en faveur de la marche à pied. En effet, 18% des déplacements en voiture se font sur une distance inférieure à 2 km d’après les données extraites de l’Observatoire de la mobilité lausannoise (édition 2022). J. M.
Nombre estimé de logements en propriété (maisons et appartements) qui deviendront vacants en raison de décès Babyboomer Génération intermédiaire Génération X et Y 50 000
40 000
30 000
20 000
10 000
0
2022 2024 2028 2030 2032 2034 2036 2038 2040 2042 2044
INFLATION ET HAUSSE DES TAUX: LE MARCHÉ IMMOBILIER RÉSISTE
Dans son Moniteur immobilier Suisse du troisième trimestre 2022, Credit Suisse décrit l’impact modéré que la ténacité de l’inflation et de la hausse des taux d’intérêt a eu jusqu’à présent sur le marché immobilier suisse. Les prix de l’immobilier ont ainsi poursuivi leur hausse jusqu’à la fin de l’été. En revanche, les revers subis par les marchés boursiers ont eu quant à eux des répercussions sur les investissements immobiliers indirects. Ainsi, on assiste à une forte diminution du nombre de logements locatifs vacants. Autre observation: l’offre de logements en propriété demeure limitée bien que leur transmission par les baby-boomers aux générations suivantes devrait s’accélérer au cours des prochaines années. J. M.
DES DRONES POUR AIDER LORS DES TRAVAUX DE CONSTRUCTION
L’impression 3D prend de plus en plus d’importance dans l’industrie de la construction. C’est pourquoi une nouvelle approche de l’Empa (Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche) tente d’utiliser un essaim de drones afin d’appliquer des méthodes de construction collectives inspirées des bâtisseurs naturels comme les abeilles et les guêpes. «Nous avons démontré que ces robots volants peuvent travailler de manière autonome pour construire et réparer des bâtiments, du moins en laboratoire, explique Mirko Kovac qui a dirigé l’étude. Cette solution évolutive pourrait faciliter la construction et la réparation dans des zones difficiles d’accès comme les gratte-ciel.» La prochaine étape consistera donc pour les spécialistes à collaborer avec des entreprises de construction afin de valider cette solution dans la pratique. J. M.
MÉTIERS DE LA MÉCANIQUE: CÉRÉMONIE DU BOUQUET
Le 23 septembre dernier, sous un soleil radieux, a eu lieu la cérémonie du bouquet du chantier d’YMECA, le nouveau Centre de formation des métiers de la mécanique à Yverdonles-Bains. Devant une centaine d’invités, la section vaudoise de l’Union professionnelle suisse de l’automobile (UPSA) et ses partenaires ont brièvement retracé l’histoire du projet qui a débuté en 2014. Après moins d’un an de travaux, la structure du bâtiment est en place pour accueillir la phase du second œuvre. Cette étape devrait être terminée en mai 2023. Elle sera suivie du déménagement des infrastructures et du personnel pour la mise en service de ce nouveau centre de formation courant juin 2023 afin d’assurer dans les meilleures conditions la rentrée scolaire d’août 2023. Précisons qu’il s’agit d’un investissement de plus de 25 millions de francs, terrain compris sans les équipements d’exploitation et ameublement. S. G.
LA RÉGIE RILSA SA FÊTE SES 60 ANS À ST-PREX
Fondée le 10 novembre 1962, Rilsa a célébré son 60e anniversaire avec 300 convives le 15 septembre dernier à St-Prex (VD) au bord du lac. «En tant que Family Office de l’immobilier, Rilsa a toujours privilégié la discrétion et la qualité de son travail. Notre réorganisation a dynamisé nos près de 40 collaborateurs et engendré une croissance», commente Axel Niels. Pour marquer le coup, la régie lance également une campagne de communication décalée jusqu’au mois de décembre sur le bassin lémanique. En 2021 et 2022, après avoir restructuré la société et organisé sa digitalisation, Axel Niels (à droite) en a pris la direction générale et la présidence du groupe alors que son bras droit Adrien Rossi (à gauche) a repris la direction des services de gérance. S. G.
L’ENTREPRISE DE CONSTRUCTION ROCH CÉLÈBRE SON JUBILÉ
Présente sur la Riviera vaudoise depuis 1952, la société Roch, spécialisée dans la construction et la rénovation, fête cette année son 70e anniversaire. Une longévité qui semble encore assurée puisque la troisième génération, représentée par Samuel Roch, détenteur du diplôme fédéral d’entrepreneur-construction, a repris le flambeau familial pendant la pandémie. J. M.
BARNES INAUGURE DEUX BOUTIQUES À GENÈVE ET LAUSANNE
BARNES, spécialiste du courtage immobilier, retrouve les hyper centresvilles de Genève et Lausanne en y ouvrant deux espaces de vie. Plus que des agences, ces boutiques immobilières permettent à la marque de se rapprocher de sa clientèle en lui offrant une atmosphère intimiste. Les services de location et de gérance y sont aussi proposés par Gerofinance I Régie du Rhône, société qui appartient au même groupe. BARNES Suisse SA compte désormais plus de 21 lieux de vente en Suisse. S. G.
DR
UN PROJET PIONNIER EN MATIÈRE D’HABITAT INCLUSIF
Grande première à Chêne-Bougeries, où le projet des Sureaux a été inauguré début octobre, mêlant de façon inédite les domaines de l’habitat et du handicap. Porté depuis 2011 par ses deux maîtres d’ouvrages, la Fondation Ensemble et la Coopérative de l’habitat associatif (CODHA), ce site englobe la maison de maître rénovée de Claire Fontaine, un bâtiment d’appartements ainsi que des espaces et jardins communs. Au total, 19 logements ont été coconçus (choix des matières, des couleurs, des éclairages) par les futurs résidents pour faire cohabiter des personnes en situation de handicap et des coopérateurs. Le bureau carougeois Liengme Mechkat architectes a ainsi dû jongler entre respect du bâti existant, enjeux sécuritaires et volonté du vivre ensemble pour aller au bout du projet à présent opérationnel, qui espère d’ores et déjà se voir dupliqué. J. M.
LANCEMENT DU CONCOURS LAUSANNE JARDINS 2024 SICAV ERRES: SUCCÈS DE L’AUGMENTATION DE CAPITAL
Le concours pour la 7e édition de Lausanne Jardins 2024 «Entre l’eau et nous» a officiellement démarré. Il s’adresse aux paysagistes, spécialistes du jardin, architectes, designers et artistes du monde entier, pour créer une vingtaine de jardins sur le thème de l’eau. Des jardins qui viendront s’installer sur les rives du lac au cours de l’été 2024. L’appel à candidatures est ouvert jusqu’au 11 novembre 2022. J. M. L’augmentation de capital proposée aux investisseurs, entre le 29 août et le 9 septembre 2022, d’Edmond de Rothschild Real Estate SICAV (ERRES) a été entièrement souscrite. Elle a permis de lever 289,9 millions de francs. L’objectif est de financer la construction de cinq projets neufs à Thônex, Genève, Bülach (ZH), Nyon et Lausanne pour un montant de 130,6 millions de francs. Cela permettra aussi de payer le solde de l’acquisition d’une société immobilière de 13 immeubles résidentiels sis à Genève, Nyon et Rolle pour 44,8 millions de francs et d’acquérir encore trois immeubles résidentiels sur Genève pour 80,3 millions. S. G.
La majorité de gauche veut réduire encore les nuisances sonores de jour comme de nuit.
Wikimedia Commons/ Philippe Moret
30 km/h généralisé LAUSANNE DÉFIE LE CANTON
Guerre aux voitures? La Municipalité de gauche mijote un Plan directeur communal qui déplaît fortement à la minorité de droite. Le débat fait rage.
«La guerre des transports suit son cours. Lausanne veut rendre la vie impossible aux automobilistes.» C’est la thèse développée par la conseillère communale (PLR) Anouck Saugy, rapportrice de la minorité opposée au futur Plan directeur communal (PDCom) élaboré par la majorité rose-verte de Lausanne: «Chacun doit rester libre du choix de son moyen de transport. Il en va de l’intérêt des commerçants, des livreurs, des véhicules d’urgence, des familles avec enfants comme des habitants des communes riveraines», plaide la minorité opposée au futur plan qui doit encore être débattu au Conseil communal. Les deux parties ont développé leurs arguments en conférence de presse le 30 septembre. Concrètement, le 13 septembre 2021, 60 kilomètres de rues lausannoises passaient au régime du 30 km/h nocturne, de 22 h à 6 h du matin, après des essais jugés concluants sur deux avenues du centreville. Mais ce n’est pas fini: après Zurich, Winterthur et Paris, la capitale vaudoise va-t-elle se mettre au 30 km/h généralisé, soit de jour comme de nuit? Avantage: plus besoin de savoir à quelle vitesse on peut rouler. Désavantage notoire: la circulation est plus dense de jour et la limitation touchera l’ensemble des usagers. Rapporteur de la majorité, le président du PS lausannois Benoît Gaillard y est favorable. Selon lui, il est essentiel de développer un réseau de transports publics ambitieux et de renforcer encore les zones piétonnes. La place du vélo doit être assurée, mais si possible séparément des autres usagers, y compris les piétons, pour des motifs de sécurité. Après l’instauration du 30 km/h nocturne, il convient de réduire encore les nuisances sonores de jour, pour les voitures, comme pour les avions à l’aérodrome de la Blécherette. Les transports publics doivent bénéficier de la priorité aux carrefours et des horaires plus denses doivent encore être
aménagés. Enfin, les transports individuels à moteur thermique devront être bannis des rues de la ville à l’horizon 2030-2035. «Pas question», contre-attaque la minorité PLR-UDC du Conseil communal, convaincue qu’il doit rester des grands axes affectés à la circulation à 50 km/h. En définitive, Lausanne étant le cheflieu du canton, il revient aux autorités cantonales de décider. Le Château s’est inquiété de certaines modifications apportées par le plan directeur et qui dépassent le stade des «modifications mineures». Ni la Municipalité ni le Conseil communal n’ont la compétence de généraliser une limitation à 30 km/h sur l’ensemble du territoire communal. Comme le Conseil d’Etat affiche une majorité de droite, il n’est pas sûr que la Ville l’emporte au bout du chemin: «L’extension en journée de la limitation nocturne sur tout le territoire lausannois met en péril l’accès multimodal à toutes les parties de la
ville, tout en n’apaisant aucunement les nuits lausannoises, comme semble justifier la Municipalité», assène la minorité de droite, qui recommande de refuser le plan directeur «Lausanne 2030».
Instauration progressive Pour Benoît Gaillard, il s’agirait de commencer par les zones déjà habituées au 30 km/h nocturne, puis de progressivement toucher les grands axes. Il s’attend à des résistances, mais il n’y aurait plus de différence entre le jour et la nuit. Les sceptiques doutent de l’objectivité des mesures. Le socialiste rétorque que les chauffeurs de poids lourds sont déjà habitués à une cadence horaire. Au début de l’automobile dans les Grisons, il fallait être accompagné d’un homme au pas agitant un drapeau rouge pour éviter les accidents. A l’heure où les trottinettes et les vélos dépassent les voitures et les motos, retourne-t-on aux origines de la circulation automobile? Se cacherait-il un motif financier pour les caisses de la Ville, qui pourrait ainsi multiplier les contrôles radar et les amendes lucratives? Pour la majorité favorable au 30 km/h, il a surtout été question de radar d’avertissement jusqu’à présent, mais il n’existe pas de données statistiques de la police municipale. Ou du moins elles ne sont pas rendues publiques. Au final, le débat ne fait que commencer. Olivier Grivat
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Rencontres La Foncière
LES NOUVELLES DYNAMIQUES VILLE-CAMPAGNE
Dans un contexte peuplé d’incertitudes, acteurs publics et privés doivent composer sur un territoire suisse en pleine mutation, notamment pour faire cohabiter ruralité et urbanisation.
Le fossé entre la ville et la campagne sur le marché de l’immobilier devrait se réduire peu à peu à l’avenir. DR
Tradition oblige, comme chaque année, les acteurs de l’immobilier se sont rendus début octobre à Lausanne, aux rencontres La Foncière, organisées par le fonds de placement immobilier suisse, avec cette foisci un thème précis: la relation entre ville et campagne. Mais avant cela, l’économiste en chef de la banque genevoise BCGE, Valérie Lemaigre, est revenue sur la situation actuelle du marché, se voulant rassurante sur les prévisions économiques.
Ralentissement vs récession «Certes, si l’on regarde la progression des prix de l’immobilier, en particulier celle des PPE et des maisons individuelles depuis la pandémie, cela peut faire peur mais il n’y a qu’à revenir aux fondamentaux pour se rendre compte qu’il y a encore un fossé entre l’offre et la demande», décrit la spécialiste. Avant d’ajouter: «On a bien sûr accéléré la production de logements dans la région mais on a encore une demande très élevée qui continue quelque part d’alimenter ce besoin de retour à l’équilibre avec plus de logements à créer.» Le marché immobilier de l’Arc lémanique serait donc toujours attractif selon Valérie Lemaigre, nul besoin de prévoir le pire selon elle: «Distinguons point d’inflexion de récession, car, oui, nous assistons à un ralentissement mais vouloir a priori déjà anticiper une forte récession, comme certains le mentionnent, serait faire fi des facteurs de résilience qui sont importants aujourd’hui.»
Une frontière qui s’estompe Une fois le contexte économique posé, l’heure est venue d’entrer en matière sur le rapport changeant entre ville et campagne, avec l’intervention du professeur de sociologie urbaine et d’analyse des mobilités à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), Vincent Kaufmann. Il a d’abord rappelé à quel point l’urbanisation de nos jours n’a plus grand-chose
à voir avec les villes au sens que nous l’entendions autrefois. «On peut même considérer la Suisse entière comme une grande métropole car son urbanisation y est très bien distribuée dans tout le pays. Nous sommes toujours à trente minutes d’une ville, peu importe le lieu où l’on se trouve, et une grande part de la population habite dans des tissus intermédiaires, des petites ou moyennes villes rurales, ce qui est un atout pour le pays», souligne l’expert. Un maillage qui marquait jusque-là une distinction nette entre ville et campagne mais qui s’effacerait peu à peu depuis la crise du coronavirus. «Un apaisement des rythmes de vie et une moindre dépendance à la mobilité sont observés depuis cette période. Nous nous déplaçons moins, nous communiquons davantage à distance et ces nouveaux modes de vies entraînent une indifférenciation de plus en plus flagrante entre monde rural et urbain», affirme Vincent Kaufmann.
L’effet déclencheur de l’alimentation La pandémie comme les crises climatiques et géopolitiques ont d’ailleurs provoqué des effets en cascades. Outre l’éveil des consciences, l’enjeu de sécurité alimentaire a lui aussi été remis sur la table. Eric Dereudre, ingénieur agronome s’est exprimé lors des rencontres La Foncière sur le besoin d’un aménagement du territoire plus adapté. Puisqu’en effet, les chiffres parlent d’eux-mêmes: chaque jour, 230’000 bouches supplémentaires sont à nourrir dans le monde et nous devrions être 9 milliards sur terre d’ici à 2050, alors qu’en parallèle les surfaces agricoles diminuent drastiquement. Ce à quoi s’ajoute une urbanisation croissante qui rend l’équation difficilement soluble. Certaines villes, comme celle de Lyon, en France, ont dès lors tenté le pari de promettre une cité autosuffisante à leurs habitants, grâce par exemple à la mise à disposition de parcelles agricoles aux producteurs (on extrait du foncier urbain pour le redistribuer à la production maraîchère). Une sorte «d’agrarisation» de la ville, intéressante sur le papier bien que difficilement applicable. D’autres alternatives, moins ambitieuses, ont vu le jour aussi en Suisse. On observe l’émergence de fermes urbaines ou encore du phénomène de land-sharing/land-sparing, consistant à transformer des zones entières des centres-villes pour en faire un seul bloc de nature (destiné à la production ou à la création d’un parc) plutôt que d’en parsemer de part et d’autre. Enfin, les fermes verticales, où l’on met la technologie au service d’une production agricole indoor hyper-intensive, poursuit son ascension et voit les investissements pleuvoir. «On constate également que des projets de cités végétales sont dessinés. En réalité, ce sera sûrement un mélange de toutes ces tendances qui s’appliquera en Suisse. Une chose est sûre, il y a une volonté d’imbriquer davantage les milieux urbains et ruraux, de ne plus les opposer constamment. L’idéal serait de ne pas tomber dans le tout urbain ou le tout rural mais d’opter pour une véritable combinaison des deux mondes», insiste Eric Dereudre en guise de conclusion. Une modification du territoire qui aura donc forcément un impact sur le marché immobilier, mais les acteurs concernés par ces futurs changements sont désormais prévenus. Julie Müller
Une réorganisation de la demande de logements
Dans l’étude Marché immobilier suisse 2022 publiée par Credit Suisse, différents indicateurs du marché immobilier tels que les abonnements de recherche, les logements vacants et les durées de publication confirment le glissement de la demande en faveur des localisations moins centrales et des logements plus grands. Ainsi, les villes perdent de leur attrait en raison du changement des habitudes. Face à cette évolution, «le fossé entre la ville et la campagne sur le marché de l’immobilier devrait se réduire peu à peu à l’avenir», assurent les économistes.
Espace public VERS UNE IDENTITÉ URBAINE DE QUALITÉ
Fin septembre, la Quinzaine de l’urbanisme a été l’occasion de revenir sur les concepts de ville accessible dans un périmètre de quinze minutes et d’agréables espaces publics.
Carouge et la plage des Eaux-Vives. La «proximité heureuse».
Genève Tourisme
Six principes pour concevoir un espace public de qualité
1. Conforter le vivre ensemble 2. Consolider la ville-paysage 3. Développer la multimodalité 4. Répondre aux enjeux environnementaux 5. Des aménagements tout en sobriété 6. Le rôle rassembleur d’une maîtrise d’ouvrage
De Milan à Mexico, en passant par Paris, les villes sont aujourd’hui nombreuses à se pencher sur la question de leur aménagement et à adopter le concept devenu planétaire de ville du quart d’heure. Ce dernier, développé par le chercheur franco-colombien
Carlos Moreno, a été présenté en détail par son auteur lors de la Quinzaine de l’urbanisme, fin septembre, au Pavillon Sicli de Genève.
Forger une proximité heureuse «Mes travaux sur le changement climatique dans les villes ont commencé il y a quinze ans. Mais, à l’avant-garde, ils étaient malheureusement passés sous les radars, témoigne Carlos Moreno. Je pensais à l’époque que les villes étaient au cœur des émissions de CO2 et que l’on avait besoin de réflexions plus approfondies sur leur organisation, d’une vision novatrice de l’urbain de demain.» C’est donc à contre-courant que l’expert a cherché des solutions permettant d’atteindre une qualité de vie, peu importe son lieu d’habitation, tout en relevant le triple défi écologique, économique et social de la ville. Peu à peu, au fil de son travail, une vision polycentrique, multi-servicielle, de voisinage à construire de part et d’autre de la ville, s’est dessinée. La ville du quart d’heure ou de la «proximité heureuse», naît alors autour de six fonctions essentielles: habiter (dignement), travailler (lutter contre la pendularité), s’approvisionner (commerces), se soigner, s’éduquer et s’épanouir (dans des espaces publics de qualité) étant accessibles dans un périmètre de quinze minutes pour tout un chacun. «Ce qui était pris pour une utopie de chercheur il y a une décennie est à présent expérimenté et dupliqué dans le monde entier. Ce sont les mouvements de sensibilisation climatique et la pandémie, lorsque les villes ont été mises sous cloche, que l’on a redécouvert le boulanger, le parc, l’épicier du coin ou tout simplement ses voisins, qui ont donné un élan important à mon modèle», souligne le professeur.
Genève veut montrer l’exemple Un regain d’intérêt pour l’espace public qui a également touché le canton de Genève ces dernières années. En pleine refonte, les quartiers voient tour à tour des «parcs habités», des «morceaux de ville dans la ville» ou encore des «promenades publiques» investir leurs rues. Tant et si bien que l’Office de l’urbanisme (OU) cantonal a décidé de fournir une sorte de guide pratique fin septembre pour aider les acteurs opérationnels à appréhender cette nouvelle notion d’espace public. «Nous avons souhaité donner des outils, être un centre de ressources et d’expertise pour les communes notamment», précise Sylvain Ferretti, directeur général de l’OU de Genève. Ce document finalisé est à retrouver en ligne sur espacepublic.ge.ch (lire encadré). Julie Müller
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Anniversaire
PILET & RENAUD CÉLÈBRE SES 150 ANS
Dirigée par Stéphane Barbier-Mueller, ses filles Diane et Alix, et Pierre-Henri Schild, la régie a organisé une grande fête à Genève pour remercier ses clients et partenaires.
Repas de Noël entre membres de la Société des régisseurs en 1896. DR
«C’est en 1872 que fut fondée la régie Pilet-Bouvier & Séchehaye», comme l’a rappelé Stéphane Barbier-Mueller dans son discours le 29 septembre dernier devant de nombreux invités réunis à l’Espace Hippomène. A l’époque, le canton de Genève ne compte qu’environ 94’000 habitants (contre près de 510’000 aujourd’hui). Les employés, qui travaillaient six jours sur sept, se devaient d’apporter chacun une bûche pour alimenter le poêle de la société durant tout l’hiver. Alors que Genève commence à détruire son «corset», les anciennes fortifications, la Société des régisseurs de Genève voit le jour le 14 novembre 1879. La régie fait partie des dix membres fondateurs. Ce n’est pas un hasard: «Plus les maisons d’une ville sont grandes et hautes, plus elles comptent de logements et moins il est facile à leur propriétaire de les administrer seul.» Etape majeure dans le développement de la régie que nous connaissons aujourd’hui: la fusion entre Louis Braschoss & Cie en 1969, dont l’un des associés n’était autre que feu Jean-Pierre Renaud (1924-2017), qui fut député au Grand Conseil (de 1965 à 1977), avec la régie de Claude Pilet, pour former la société que nous connaissons aujourd’hui. En 1978, la régie prend le nom de Pilet & Renaud.
L’association avec Stéphane Barbier-Mueller En 1991, Claude Pilet et Jean-Pierre Renaud transforment leur maison en société anonyme et s’associent avec Stéphane Barbier-Mueller pour assurer la relève au sein de la régie. A l’époque, celleci comptait 38 collaborateurs, contre 110 aujourd’hui, et encaissait 60 millions de francs de loyers annuels contre près de 280 millions aujourd’hui. Claude Pilet, 89 ans, représente la quatrième génération de Pilet. C’est en effet son arrière-grand-père qui avait fondé la régie en 1872. En 1997, la maison Pilet & Renaud fête ses 125 ans d’existence en offrant à l’un de ses 9000 locataires tiré au sort 125 jours de loyer gratuit. En 2000, la régie quitte la rue Petitot pour s’installer dans un immeuble achevé en 1873. A cette occasion, fruit d’un long travail préparatif, ce bâtiment a été réhaussé de deux niveaux. En 2002, afin de célébrer dignement ses 130 ans, la régie ferme ses bureaux durant deux jours pour permettre à ses collaborateurs d’aller visiter Expo 02. Ce souci de soigner ses équipes se retrouve encore aujourd’hui: depuis le 1er janvier, celles-ci se sont vu offrir trois jours de vacances supplémentaires par année, soit un total de 23 jours, auxquels s’ajoutent neuf jours au minimum de divers ponts. De plus, le congé paternité est passé de deux à trois semaines. Autre date importante: en janvier 2008, Pierre-Henri Schild apporte à son tour du sang neuf «et un grand sens de l’humour résolument gaulois», comme s’est amusé à le rappeler Stéphane Barbier-Mueller
De gauche à droite, Pierre-Henri Schild, Stéphane Barbier-Mueller, Claude Pilet et feu Jean-Pierre Renaud. DR
dans son discours. Ensemble, ils gèrent le pilotage des projets immobiliers de la régie. Depuis 2017, pour développer ses activités de courtage, l’entreprise s’est associée avec Pierre Hagmann pour créer une structure dédiée sous le nom de Pilet & Renaud Transactions (six courtiers). N’oublions pas non plus la direction bicéphale de la régie: Cécile Dupré (arrivée en 2016) et Raphaël Delessert (depuis 2011), lesquels ont été nommés directeurs fin 2019.
Transition énergétique Lorsque Diane, puis Alix Barbier-Mueller, ont rejoint l’entreprise, deux domaines ont senti un vent nouveau souffler: la numérisation d’une part, et l’écologie et le développement durable d’autre part. Comme l’a exprimé Diane dans son discours jeudi 29 septembre: «Les défis qui s’ouvrent à l’aube de notre carrière professionnelle ne sont pas les mêmes qu’il y a quarante-trois ans – oui, mon père a commencé sa carrière très jeune: l’incontournable transition énergétique. La LDTR (Loi sur les démolitions, transformations et rénovations) a bien abîmé le parc genevois et contribué à un retard par rapport au reste du pays, qu’il nous faut aujourd’hui, avec la loi sur l’énergie, non seulement rattraper, mais dépasser. Heureusement, notre génération a un coup d’avance. Pilet & Renaud a développé depuis 2018 son service spécialisé dans les rénovations énergétiques d’immeubles.» A ce propos, relevons que Pilet & Renaud a cessé d’illuminer sa façade et son arcade du boulevard GeorgesFavon entre minuit et 7 heures du matin. Outre la soirée du 29 septembre, Pilet & Renaud avait mis sur pied un gros événement pour ses employés le 29 avril au Fairmont Hotel où ils ont eu une formation de trente minutes pour ensuite jouer tous ensemble «Le Canon de Pachelbel». Un troisième événement se tiendra le 2 novembre prochain aux Halles de l’Ile pour les quelques 250 concierges avec lesquels la régie collabore et quelque 50 entreprises de nettoyage. Bref, personne n’a été oublié pour passer ce nouveau cap. Serge Guertchakoff
Les plus anciennes régies genevoises
1825: Date de fondation de la régie Bouffier par Jean-Marc et Paul Bouffier, devenue P. & J. L’Huillier, reprise par le Comptoir Immobilier en 1991.
1839: Henri-François Boissonnas fonde ce qui deviendra la régie Bordier. Marc Barraud va lui succéder, puis son fils Henri Barraud qui sera le premier président de la Société des régisseurs. Jacques Bordier arrive dans la raison sociale au 1er janvier 1943. Aujourd’hui, les régies Bordier et Schmidhauser ont fusionné.
1869: Création de Carey & Grange, connue sous le nom Grange & Cie SA depuis 2000. La cinquième génération est toujours aux commandes.
1871: La maison de ce qui deviendra Besson Dumont Delaunay (fruit de la fusion intervenue en 2002 entre Besson, Dumont & Cie et Delaunay & Cie) est fondée le 2 août 1871 par Henry de Westerweller et Eugène Rigot.
1872: Messieurs Pilet-Bouvier et Séchehaye fondent ce qui deviendra Pilet & Renaud dès 1978.
1881: Le 26 septembre, Charles Nicole et Ernest Naef s’associent. La régie Naef a récemment célébré son 140e anniversaire.
1885: le 1er janvier, Charles Bory reprend le cabinet d’affaires d’Edouard Olivier et installe son bureau de régie à la Corraterie. Depuis 1997, la famille Bory a fait place à d’autres familles et l’aventure se poursuit sous le nom de Bory Immobilier.
1886: Création de la régie Dunand & Cie, rachetée en 2008 par le groupe Gerofinance.
1896: Léon Daudin fonde la régie éponyme à Genève. Son descendant, Dominique Daudin a cédé les rênes de Daudin & Cie voici six ans à de jeunes associés.
Conférence RÉNOVATION: ÉVITER LE PIRE
Lors de son rendez-vous annuel Real Estate Impuls, la société de conseil en immobilier Drees & Sommer a démontré comment appréhender la complexité des projets de transformation sur immeubles existants.
Complexe, la rénovation peut faire peur par bien des aspects. Devenue inévitable pour nombre de propriétaires d’immeubles romands, sa mise en œuvre revêt pourtant du domaine de l’inconnu pour la plupart d’entre eux. Afin d’éclairer le parterre venu assister au Real Estate Impuls à Lausanne, la société de conseil en immobilier Drees & Sommer a invité trois experts confrontés au quotidien à ces problématiques pour faire le point.
Le dilemme du maître d’ouvrage Premier intervenant à prendre la parole, Frederik Dittmann, représentant du maître d’ouvrage chez Pensimo, s’est d’abord attelé à présenter un cas pratique, celui d’une surélévation d’immeuble en cours avenue Wendt, à Genève, et à lister les différentes concessions auxquelles est confronté un chef de projet. «Au niveau économique, cet investissement très coûteux fait certes gagner quelques logements et loyers en plus mais ne sera jamais aussi intéressant qu’une nouvelle construction», souligne-t-il. Côté stratégique, une telle rénovation augmentant la valeur du bien est également à contrebalancer avec la flexibilité réduite qu’elle implique. «Ces travaux partiels bloquent ensuite un projet de reconstruction pour plusieurs années. Dans le cas présent, nous avons hésité à refaire l’enveloppe de l’édifice en même temps mais sa durée de vie étant encore viable, nous avons dû opter pour un étalement des chantiers peu optimal mais plus durable», poursuit Frederik Dittmann. Ce à quoi s’ajoutent des contraintes légales ou encore sociales qui peuvent longuement freiner un projet. «Même si la rénovation représente une bonne opportunité, il ne faut pas oublier l’impact qu’elle aura sur les locataires ou le voisinage. A l’avenue Wendt, nous avons été retardé de neuf mois à cause d’un recours d’une PPE jouxtant notre immeuble», témoigne le spécialiste.
Une vision globale et à long terme La preuve à l’appui que «tout projet de rénovation doit être planifié le plus en amont possible», selon Stefanie Schwab, professeure à la Haute école d’architecture et d’ingénierie de Fribourg (HEIAFR), qui a pris le relais devant l’assemblée. Trop souvent sous-estimée, la complexité d’une rénovation devrait désormais privilégier la qualité plutôt que la quantité des projets, d’après elle. «On doit penser une rénovation comme un concept global, qui répond à des exigences en matière de feu et d’aération, phoniques ou encore d’usage et plus seulement énergétiques. Or, aujourd’hui la majorité des projets se font sans planification, en fonction de la vétusté d'éléments indépendants les uns des autres (isolation fenêtres, puis ravalement de façade), ce qui aggrave parfois la situation», déplore l’architecte.
Prendre son temps Pointant du doigt une omission des détails techniques et un manque de connaissance des corps de métiers, Stefanie Schwab regrette dès lors le nombre de cas de moisissures intérieures ou de vieillissements accélérés des façades observables à la suite de projets réalisés à la hâte, sans réflexion poussée. Elle ajoute: «Malheureusement, les législations actuelles n’ont pas encore compris cela et se dirigent au contraire vers un durcissement normatif pour obliger les propriétaires à passer à l’action au plus vite.» Fermant la marche, Cosima Trabichet-Castan, avocate associée chez MLL, a à son tour insisté sur la nécessité de prendre son temps avant de se lancer dans une rénovation. «Les systèmes d’autorisation et la législation sont de plus en plus stricts, d’autant plus qu’il y a beaucoup d’éléments à considérer (LDTR ou LPPL, droit du bail, droit du voisinage, règlement PPE), il est donc primordial de planifier soigneusement son projet à l’avance et de faire appel à des mandataires spécialisés qui sauront conseiller sur une approche plus large», conclut-elle.
Un projet de surélévation de deux étages à l’avenue Wendt, à Genève. DR