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Hommage UN ESTHÈTE PERFECTIONNISTE PARTI TROP VITE

Thierry Barbier-Mueller est décédé mercredi 25 janvier des suites d’un arrêt cardiaque.

Il avait 62 ans. Retour sur un parcours exceptionnel.

«Memento mori. Souviens-toi que tu vas mourir», avait commenté avec beaucoup de réalisme Thierry BarbierMueller, 62 ans, lorsqu’un journaliste lui avait demandé une explication relative à une série de photos de croix alignées dans un cimetière qui ornait son bureau, au dernier étage de la Société Privée de Gérance (SPG), à la route de Chêne. La mort ne semblait pas effrayer le dirigeant de la grande régie genevoise. En effet, que ce soit sur le mur de son profil Facebook ou dans les photos qu’il publiait sur Instagram, ce thème revenait de manière récurrente. Sans doute faut-il y voir un lien avec les récents décès de ses parents, tout d’abord Jean Paul en décembre 2016, puis Monique en août 2019.

Cet intellectuel curieux de tout aura toujours été à la pointe. Est-ce lié au fait qu’il était le cadet d’une fratrie de trois garçons? Ses frères, Gabriel, parti faire sa vie très vite aux Etats-Unis, et Stéphane, à la tête de la régie Pilet & Renaud, ayant respectivement 66 et 65 ans, il a repris en 2000 l’entreprise fondée par son père en 1960, la Société Privée de Gérance, devenue un groupe immobilier romand d’envergure, aujourd’hui composé de 220 personnes entre Genève, Nyon et Lausanne (SPG-Rytz).

Né le 30 mai 1960 à la Clinique Bois Gentil, Thierry Barbier-Mueller a étudié au Collège

Calvin, avant d’obtenir un master en droit à l’Université de Genève en 1981, puis de partir à New York pour décrocher un diplôme de broker dans les matières premières.

Mécène des arts

Cet esthète a très tôt développé un sens aigu pour différentes formes d’art. Son goût pour la beauté et la rigueur l’ont poussé à organiser de plus en plus de concours d’architecture sur invitation, pour aboutir à des projets de qualité, contribuant à l’embellissement de la cité, tels que le 16-18 boulevard Saint-Georges, le Patio de Frontenex et l’Amandolier (à la fois le bâtiment loué à une prestigieuse étude d’avocats et le jardin devant, finaliste du European Garden Award). Il a récemment inauguré 160 logements au plateau de Frontenex avec des aménagements extérieurs signés Michel Desvignes. Son énergie et son tempérament entrepreneurial l’ont également amené à créer un concours annuel d’idées en partenariat avec la Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture (HEPIA), ainsi que le Prix littéraire SPG du premier roman romand qui récompense une première œuvre littéraire d’un auteur écrite en langue française, éditée par une maison d’édition suisse et parue au cours de l’année écoulée.

Parmi ses cinq filles, issues de deux mariages, deux sont actives au sein du groupe SPG-Rytz: Marie, 31 ans, et Valentine, 30 ans. Dans le cadre d’une tran- sition préparée de longue date, et après avoir travaillé dans différentes entités affiliées au groupe entre 2016 et 2017, la première a rejoint son père au siège genevois en 2018. La deuxième les a rejoint à la direction générale de l’entreprise en 2019. Zoé, 28 ans, travaille dans une galerie d’art à Berlin, tandis que les deux dernières, Sophie, 23 ans et Inès, 17 ans, sont encore aux études.

Faire ses preuves

Pour pouvoir prendre certaines responsabilités au sein de l’entreprise familiale, Marie et Valentine ont toutefois dû faire leurs preuves: démontrer une authentique motivation à rejoindre le groupe, avoir effectué des études pointues dans une langue étrangère, et avoir réussi une expérience professionnelle «externe» de quelques années. Marie a ainsi étudié à l’Université Bocconi à Milan, puis au King’s College à Londres, avant de rejoindre l’équipe de Solar Impulse en 2014. Quant à Valentine, après avoir étudié l’architecture à Mendrisio, elle a également entrepris des études au King’s College à Londres, ainsi qu’à la ESADE Business & Law School à Barcelone, avant de passer plusieurs années à Taïwan où elle a travaillé dans le monde des startups en étudiant le mandarin en parallèle.

Collectionneur réputé

Professionnellement, Thierry BarbierMueller a notamment présidé l’Association des Promoteurs et Constructeurs Genevois (APCG) de 1993 à 1998, puis en 2016, ainsi que la Chambre Genevoise Immobilière (CGI) de 2007 à 2009. Il aura aussi eu la satisfaction de dévoiler en octobre dernier l’exposition «A Chair and You», au Mudac à Lausanne. Sa collection de chaises (il en possédait quelque 650) aura eu les honneurs de la première exposition du Mudac dans ses nouveaux murs de Plateforme 10. L’exposition remporte un tel succès qu’il a été décidé de la prolonger jusqu’au 26 février 2023. Sa scénographie a été confiée au metteur en scène et artiste américain Robert Wilson, proche ami de la famille. Toute la rédaction d’immobilier.ch est en pensée avec la famille et les proches de celui qui fut aussi un brillant chef d’entreprise.

Serge Guertchakoff

Construction durable

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