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DOUBLES

pour cette ville de plus de 17’000 habitants qui a pris le parti de bousculer ses habitudes.

Une démarche inédite pour agir vite

«Avec 106 bâtiments d’une valeur ECA estimée à plus de 280 millions de francs, jusque-là, nos préavis étaient déposés par objet auprès du Conseil communal. Nous avons opté cette fois-ci pour une demande de crédit-cadre de 17 millions de francs afin d’avancer bien plus rapidement dans l’assainissement de nos m2», a indiqué Mélanie Wyss, syndique de Morges. Également une réponse aux nombreuses critiques sur le manque de vision d’ensemble des précédents cas. Malgré l’urgence climatique, la Municipalité a donc préféré se donner le temps de la planification avant de proposer cette stratégie concrète et réfléchie.

Cinq des bâtis concernés, par l'assainissement énergétique: l Le Temple (construit en 1776) l L’ancien Stand (construit en 1812) l L’administration Beausobre (construite en 1969) l L’ancien Collège du Bluard (construit en 1848) l Le Collège de la Burtignière (construit en 1998) DR

Indice de dépense de chaleur par bâtiment communal en kWh/m2/an

Consommation d’énergie pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire sur un an

Les bâtiments présents dans la zone rouge du graphique sont des bâtiments ayant besoin d’une rénovation complète. Ceux présents dans la zone jaune nécessitent une rénovation partielle et ceux en zone verte n’ont besoin que d’une maintenance courante.

Moyenne parc analysé, 124 kWh/m2/an

«Ces dernières années, nous avons réalisé un diagnostic de notre vaste parc immobilier sous l’angle d’une analyse technique par bâtiment (méthode EPIQR+). De ce fait, nous disposons de données utiles pour établir cette vision globale», a précisé la municipale des Bâtiments, Laetitia Morandi. Une plateforme interactive vient d’ailleurs d’être mise en ligne à l’attention des citoyens sous le lien https://strat.batimentsmorges.ch/ pour retrouver les fiches d’identification de chaque édifice communal. Ce monitoring précis a ainsi permis d’analyser des indicateurs tels que l’âge apparent moyen du parc bâti qui est à l’heure actuelle de 33,8 ans (qualifié de légèrement vétuste), alors qu’il devrait, selon sa taille, être situé entre 22 et 28 ans. «On voit les efforts que nous avons à fournir pour essayer de revenir à un âge moins avancé», a ajouté Laetitia Morandi. Autre indicateur clé qui a aidé à définir un axe stratégique pour la Ville de Morges: l’IDC ou Indice de dépense de chaleur. «On a pu constater que notre IDC moyen actuel était de 124 kWh/m2/an, ce qui est relativement élevé. Notamment au regard de celui attendu au niveau fédéral, soit 55 kWh/ m2/an d’ici 2050», a-t-elle poursuivi. Une

Les vecteurs énergétiques

La principale source de production de chaleur pour le chauffage de la ville de Morges est actuellement le gaz.

première étape servira alors de tampon afin d’atteindre cet objectif et d’arriver à un indice moyen de 88 kWh/m2/an d’ici 2035, pour ensuite pouvoir descendre au fameux 55 kWh/m2/an.

«L’indicateur dont nous sommes très peu fiers est surtout celui des vecteurs énergétiques», estime l’élue. Avec 93% du parc bâti chauffé par des énergies fossiles (gaz, mazout), Morges entame enfin sa transition énergétique. Le but étant dorénavant de remplacer 50 chauffages (publics et privés) par année pour inverser la tendance.

Une stratégie d’investissement renouvelée

Pour venir à bout de ces divers retards, la Municipalité compte désormais sur le Conseil communal qui débattra et votera cette demande de crédit-cadre en février. «A l’aide de calculs énergétiques monétarisés, nous avons développé une stratégie d’investissement de 2023 à 2050», souligne la municipale des Bâtiments. Résultat: plus de 4,4 millions de francs par année seront nécessaires selon eux, du moins jusqu’à la fin de la législature en vigueur (2026). Car même si la Municipalité souhaite se lancer rapidement dans cette première étape, aucune décision financière ne sera prise pour les législatures suivantes. Celles-ci auront la possibilité ou non de continuer ce qui a été entrepris en amont.

Huit bâtiments en ligne de mire Plus concrètement, avec ces 17 millions de francs à investir sur quatre ans, les autorités ont dû prioriser les interventions et cibler huit bâtiments à assainir d’ici 2026. Laetitia Morandi a donné quelques éclaircissements: «L’idée avec cette première mouture de crédit-cadre était de choisir où il était le plus efficace d’agir dès maintenant, c’est-à-dire sur des édifices en activité, qui ne sont pas concernés par un autre projet en cours et qui s’avèrent très énergivores.»

Bien qu’aucune rénovation totale ne soit prévue pour ces bâtisses, celles-ci seront assainies au mieux, notamment grâce à des travaux d’isolation des façades, de remplacement des vitrages et portes extérieurs, d’isolation des toitures ainsi que des planchers (si possible), de poses de panneaux photovoltaïques en toiture et de changements du vecteur énergétique (pour du renouvelable). Un programme déjà fin prêt à être exécuté mais qui attend l’approbation du Conseil communal. Néanmoins, «il ne sera sûrement pas possible de démarrer avant 2024» d’après les élus. Le temps étant compté pour cette législature et l’assainissement étant un travail de longue haleine, le résultat de cette démarche novatrice ne devrait donc pas être perceptible avant un moment.

Julie Müller

Proposition

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