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Sophie Lacoste et ses ambitions pour Fusalp
Sophie Lacoste, boutique Fusalp
L’AMBITION DES HÉRITIERS LACOSTE POUR LA TRÈS CHIC FUSALP
TEXTE [[[ Chantal de Senger
La marque de prêt-à-porter d’hiver qui connaît une forte croissance depuis son rachat par les héritiers du groupe Lacoste n’entend pas conquérir uniquement les sommets enneigés mais également les centres urbains. Interview de Sophie Lacoste, coactionnaire de Fusalp.
Fondée en 1952 à Annecy, la marque Fusalp a été rachetée en 2014 par les héritiers du groupe Lacoste. L’ambition des petits-enfants du célèbre joueur de tennis René Lacoste est d’en faire une griffe d’excellence du textile de montagne. En quelques années, le chiffre d’affaires s’est démultiplié tout comme l’ouverture de boutiques à travers le monde. Fusalp compte, aujourd’hui, 50 boutiques en Europe et en Asie, dont cinq dans les stations les plus huppées de Suisse. Fusalp, qui a collaboré cet hiver avec la marque de luxe Chloé pour sa collection montagne et urbaine, va également habiller l’équipe de ski britannique.

Vous avez racheté avec votre frère la marque Fusalp il y a sept ans. Pourquoi avoir choisi de reprendre cette marque et comment s’est déroulée cette acquisition ? Après la vente du groupe familial Lacoste en 2012, nous étions, avec mon frère Philippe, à la recherche d’une belle endormie. Il faut savoir que nous sommes à moitié Haut-Savoyards, donc très attachés à la montagne. Nous skions depuis que nous sommes tout petits. Dans nos recherches, nous avons eu la chance de tomber sur Fusalp, une marque inspirante, contemporaine car très technique, avec une belle histoire et surtout un très grand potentiel.
Comment s’organise la direction de Fusalp au quotidien ? Nous avons un CEO opérationnel qui est Alexandre Fauvet. Avec mon frère, nous sommes les coprésidents. Nous nous occupons de la stratégie, de la finance, du légal et de la communication. Ma belle-sœur, Mathilde Lacoste, est la directrice artistique. Elle dessine toutes les collections.
Quel est l’enjeu de la marque aujourd’hui ?
Notre grand enjeu est de développer l’urbain, d’amener ces vêtements techniques à la ville. Nous sommes une marque de sportswear de luxe. Nous aimerions que nos vêtements de ski soient aussi adaptés à la ville.
Collection Fusalp Automne/ Hiver 2021-22
Fusalp

Fusalp
Chloé x Fusalp
Est-ce que vous allez développer la marque avec des accessoires ? Nous avons lancé des accessoires de ski comme des masques et des casques. Nous allons prochainement proposer des chaussures urbaines et de la maroquinerie. Nous avons aussi toute une ligne de vêtements de yoga qui fonctionne très bien. Notre souhait est de proposer des vêtements très polyvalents, c’est-à-dire des vêtements que l’on peut utiliser autant pour jouer au golf, monter à cheval ou jouer au tennis.
Il y a une grande concurrence au niveau des vêtements de ski haut de gamme. Comment faites-vous la différence ?
Fusalp dessine une silhouette. C’est ce que recherche notre clientèle quand elle achète un vêtement chez nous. D’ailleurs, 50% de notre clientèle est masculine et 50% féminine.
Vous avez fortement augmenté le chiffre d’affaires de la marque depuis son rachat. Comment l’expliquez-vous? Clairement grâce aux produits que nous avons proposés dès notre arrivée. En une année, nous avons doublé notre chiffre d’affaires sans doubler le nombre de pièces vendues ni en augmentant nos prix. Nous avons simplement augmenté la qualité de nos vêtements en offrant une singularité stylistique. Nous avons aussi travaillé sur la distribution en ouvrant de nombreuses boutiques en nom propre.
Pouvez-vous nous donner quelques chiffres sur Fusalp ? Nous avons aujourd’hui 50 boutiques essentiellement en Europe, mais aussi en Asie (Chine et Corée). Nous comptons entre 150 et 160 collaborateurs pour un chiffre d’affaires d’environ 35 millions d’euros.
Lacoste, fondé par votre grand-père, a été racheté il y a presque dix ans par le groupe suisse Maus Frères. Etes-vous encore en contact avec le groupe ? Nous avons gardé des contacts amicaux car nous les connaissons depuis très longtemps. Le groupe était notre partenaire historique. Mais j’ai la chance de n’être absolument pas nostalgique. Je regarde toujours en avant, jamais en arrière.
Lacoste, Fusalp, quelle est la plus grande différence entre le management, le développement et l’identité de ces deux marques ? Il y a des points communs dans l’histoire de ces deux marques. Lacoste et Fusalp ont les deux des valeurs familiales, par exemple.
Vos objectifs en Suisse ? Nos boutiques à Gstaad, Saint-Moritz, Crans-Montana, Zermatt et Verbier fonctionnent très bien. Nous sommes toujours à la recherche d’opportunités. Nous aimerions bien ouvrir une boutique dans des villes comme Zurich ou Genève.
Vous venez d’une famille de grands sportifs, quel sport pratiquez-vous ? J’adore skier, d’autant plus depuis que j’ai des enfants. Nous skions à Megève, Verbier et Zermatt.
Vous avez été longtemps comédienne. Comment passe-t-on de comédienne à femme d’affaires ? On reste toujours un peu des deux. La comédie permet de comprendre quelle image on renvoie aux autres. Cela permet d’avoir aussi différents points de vue.
Parlez-nous en quelques mots du centre de dotation Porosus que vous présidez ?
C’est une fondation familiale qui soutient des jeunes dans le théâtre et dans le sport.
Quels sont les plus grands écueils pour une marque comme Fusalp ? Il ne faut pas s’éparpiller. Il faut faire les choses l’une après l’autre. Faire les bons choix aussi. Savoir ce qu’on va développer, se concentrer sur ses combats et les mener jusqu’au bout. Il ne faut pas avoir peur. Si j’ai peur de quelque chose, je me dis toujours que c’est ça qu’il faut faire.
Comment sera la mode au niveau vêtements de ski cette saison ? Nous avons de magnifiques combinaisons couleur kaki et blanche. Et ce qui revient à la mode, ce sont les combinaisons entières pour femmes. Cela permet de skier de manière très fluide, c’est fantastique. Ça vous donne une puissance, on a l’impression d’être Wonder Woman.