Prestige - Jacques Garcia, décorateur de génie

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J. PAUL GETTY, LES MOTIVATIONS DU MILLIARDAIRE

SIMON

LES PLUS BELLES DEMEURES DE SUISSE À VENDRE

CHAMP DE BATAILLE JACQUES GARCIA, DÉCORATEUR DE GÉNIE

ÉDITEUR

immobilier.ch SA

Rue de la Terrassière 58 1207 Genève

Claude-Alain Paschoud (CEO) cap@immobilier.ch

TIRAGE

11’500 exemplaires

RÉDACTRICE EN CHEF

Chantal de Senger chantal.desenger@immobilier.ch

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION

Serge Guertchakoff serge.guertchakoff@immobilier.ch

RÉDACTION

Anna Aznaour, Sylvie Bernaudon, Michel Bloch, Amanda Castillo, Isabelle Cerboneschi, Serge Guertchakoff, Olivier Grivat, Michèle Lasseur, Chantal de Senger

PUBLICITÉ

Michel Murer, M Concept m.murer@m-concept.ch

Donatien Presutti donatien.presutti@immobilier.ch

Sylvie Bernaudon sylvie.bernaudon@immobilier.ch

Annick Muller annick.muller@immobilier.ch

GRAPHISME

Enzed, Lausanne Mélanie & Nicolas Zentner, Mathieu Moret

IMPRESSION

Stämpfli SA, 3001 Berne

RÉDACTION, PUBLICITÉ & ADMINISTRATION

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ÉDITO

DESSINE-MOI UN INTÉRIEUR

LChantal de Senger, rédactrice en chef

’ architecture d’un bâtiment est indéniablement essentielle. Elle structure, modèle l’espace, dessine les contours de notre quotidien. Pourtant, une fois que l’on franchit le seuil de notre maison, que restet-il de cette architecture ? Lorsque nous vivons dans un espace, ce n’est plus la façade extérieure qui nous enveloppe, mais bien l’atmosphère intérieure, cette ambiance qui forge l’âme d’un lieu. C’est ici que le design intérieur entre en jeu.

En effet, le design intérieur n’est pas qu’une affaire de style ou de tendance. Il s’agit avant tout de créer un espace où l’on se sent en harmonie, un lieu qui résonne avec notre personnalité, nos aspirations et notre mode de vie. Chaque meuble, chaque objet, chaque couleur et texture, doit être soigneusement choisi pour contribuer à l’équilibre et à la sérénité de l’endroit. Il ne s’agit pas simplement de remplir un vide, mais de donner vie à un lieu.

Aujourd’hui, les grandes enseignes, comme Ikea, l’ont bien compris. Elles collaborent avec des designers de renom pour offrir des collections accessibles, prouvant que l’on peut décorer son chezsoi sans dépenser une fortune. Le design intérieur n’est plus réservé à une élite. Il devient possible de créer un espace esthétique et fonctionnel, même avec un budget limité.

Mais qu’en est-il lorsque l’inspiration nous manque, lorsque l’on ne sait pas par où commencer ? C’est là que les professionnels entrent en scène. Jacques Garcia, l’un des plus grands designers et décorateurs au monde, nous l’a rappelé lors d’une récente rencontre (p 22) : « Il faut avoir une passion pour ce métier ». Et cette passion, ces professionnels la mettent au service de ceux qui cherchent à transformer leur maison en véritable refuge.

Faire appel à un designer d’intérieur n’est pas un aveu de manque de créativité. Au contraire, c’est une démarche réfléchie, un moyen d’optimiser son espace et de s’assurer que chaque détail contribue à l’harmonie d’ensemble. Le design intérieur, c’est bien plus que des meubles ou des objets décoratifs; c’est une quête de bien-être. Car au final, l’important n’est-il pas de se sentir bien chez soi?

David Olifson

SOMMAIRE

[

[ 12 ]

[ 14 ] LA PERSONNALITÉ DE L’IMMOBILIER EN CHIFFRES

[ 16 ] OBJETS TENDANCE

BIEN D’EXCEPTION

[ 18 ] Un joyau historique mis en vente au cœur de Genève

ARCHITECTURE

[ 22 ] Jacques Garcia, ce décorateur de génie

[ 30 ] Krug assoie son héritage avec un nouveau centre de vinification

[ 34 ] Les paradoxes de J. Paul Getty

DESIGN

[ 33 ] Lampe Birdie

[ 40 ] Miloo, la marque de vélo qui casse les codes

INNOVATION

[ 38 ] Pour ses 30 ans, Infomaniak annonce une première mondiale

HORLOGERIE ET JOAILLERIE

[ 42 ] Avec Jaquet-Droz, Alain Delamuraz lance un défi à l’horlogerie de luxe

[ 45 ] Coup de cœur horloger

[ 46 ] Simon de Pury, la star des enchères

[ 50 ] Boghossian, une histoire familiale de haute joaillerie

BEAUTÉ

[ 52 ] Etam en Suisse connaît une croissance fulgurante

[ 54 ] Des soins dentaires innovants dans un cadre accueillant

GASTRONOMIE

[ 56 ] Christophe Renou, le patissier genevois assoie sa marque

VOYAGE

[ 58 ] Vittel, un resort art deco au service des golfeurs

[ 61 ] Villars-sur-ollon

[ 62 ] L’Épi Plage

[ 66 ] Nana Princess Suites en Crète

[ 68 ] Chicago

[ 72 ] PEOPLE

QUESTIONNAIRE ARCHI

[ 76 ] Bénédicte Montant

En couverture : Château du Champ de Bataille © Eric Sender

Alain Delamuraz
Vélo Miloo

LE MONDE VA OÙ LES AUDACIEUX LE MÈNENT.

Chaque fois qu’un audacieux crée, c’est un monde possible qui naît. Nous sommes fiers de l’exploit historique de Charles Caudrelier : pour la première fois de l’histoire de la course au large, un skipper a réalisé un tour du monde en volant sur l’eau. C’est la victoire d’une vision, le résultat d’une recherche de pointe et la réalisation d’un travail d’équipe remarquable.

Une victoire qui transcende le sport pour embrasser notre idée du progrès.

PREMIER TOUR DU MONDE EN SOLITAIRE D’UN BATEAU VOLANT.

Dada Engineered

37, LE NOUVEAU BAR À COCKTAILS DU WOODWARD

Début juillet, l’hôtel The Woodward a dévoilé un nouveau bar à cocktails situé dans la véranda du premier étage de l’établissement face au lac Léman. Conçu par l’architecte Pierre-Yves Rochon, 37 propose des cocktails sur mesure, des créativités culinaires concoctées par le chef étoilé Olivier Jean, le tout dans une ambiance musicale jazzy. Les jeudis et vendredis de 20h30 à 23h, l’établissement met en lumière des artistes renommés et des talents locaux émergents.

The Woodward, Quai Wilson 37, 1201 Genève.

ACTU GASTRONOMIQUE

NEWS

UN CHEF ÉTOILÉ OUVRE

UN RESTAURANT LIBANAIS À LAUSANNE

Après avoir ouvert trois établissements à Paris, c’est à Lausanne que le chef étoilé Alan Geaam a posé ses valises pour y installer Qasti, un concept de bistrot franco-libanais. Sa cuisine mêle mezzes classiques, grillades traditionnelles et plats signature comme le houmous au soujouk ou encore l’agneau kharouf. Les végétariens y trouveront aussi leur bonheur avec une multitude d’options à base d’épinards, d’halloumi ou de légumineuses. Le nouveau restaurant Qasti remplace O’Beirut au rue Belle-Fontaine 2, 1003 Lausanne.

LE MUSÉE DE LA CROIX-ROUGE INAUGURE UN NOUVEAU CAFÉ

Le Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a dévoilé cet été ses nouveaux espaces d’accueil. Il a notamment ouvert le Café HINIVUU imaginé par trois entrepreneurs à l’origine d’enseignes genevoises à succès comme la Petite Reine et Sawerdo. Au cœur de la démarche : une offre de restauration saine, locale et authentique, une atmosphère informelle et conviviale en journée et festive en soirée (afterworks les jeudis). HINIVUU est l’acronyme des 7 principes humanitaires : Humanité, Impartialité, Neutralité, Indépendance, Volontariat, Unité et Universalité, des valeurs portées par le Musée et par l’initiateur du café, Nour Khadam qui est également délégué du CICR. Av. de la Paix 17, 1202 Genève

TEXTE [[[ Chantal de Senger

COMMENT BIEN VENDRE SON LOGEMENT

Comment définir le bon prix de départ de son appartement ou de sa villa ? Faut-il redécorer son bien avant de le mettre en vente ? Quels sont les bons réflexes à avoir lors de la mise en vente de son logement ? Fort du constat que de nombreux vendeurs se posent d’innombrables questions et cela depuis des décennies, la régie genevoise Grange a décidé de publier un ouvrage qui regroupe 42 questionnements de propriétaires.

Bien vendre son logement en 42 questions, en vente chez Payot, à la Fnac et sur www.shop.grange.ch au prix de CHF 49.-

L’ARCHIPEL DU GOÛT SELON JACQUES

PERRIN

Quel est le lien entre sagesse et saveur ? Peut-on être ivre avec sobriété ? Telles sont les questions abordées dans ce récit original qui emmène le lecteur à la rencontre de vignerons, de cuisiniers et d’arpenteurs du goût tels que Lalou Bize-Leroy, Angelo Gaja, Frédy Girardet ou encore Pierre Gagnaire. Reconnu comme étant l’un des meilleures dégustateurs et critiques de vins de sa génération, Jacques Perrin, philosophe et fondateur du CAVE (Club des Amateurs de Vins Exquis) propose, ainsi, dans cet ouvrage une invitation au voyage géo-sensoriel à travers le vin et la gastronomie.

L’Archipel du goût, Jacques Perrin, Editions Alpaga, pp184

ACTU LIVRES

UN PROGRAMME HOLISTIQUE

POUR RESTER EN PLEINE FORME

Et si vous aviez le pouvoir de prendre la main sur le vieillissement de vos cellules pour préserver votre jeunesse et la beauté de votre peau ? C’est le programme holistique que propose Olivier Courtin-Clarins, directeur général de Clarins dans cet ouvrage. L’idée de ce dernier ? Donner des clés pour « bien vieillir » et surtout pour rester en bonne santé. L’ouvrage offre des conseils pratiques pour avoir une alimentation saine, une activité physique régulières, une gestion du stress intelligente, un optimisme à toutes épreuves, des relations humaines apaisées et un environnement équilibré.

Devine mon âge si tu peux, Dr Olivier Courtin-Clarins, Edition Marabout, disponible à la Fnac au prix de CHF 30.-

TEXTE [[[ Chantal de Senger

TOO EXPENSIVE FOR  YOU

DES ENCEINTES ACOUSTIQUES SUR MESURE

TEXTE [[[ Michel Bloch

C’est à Aubonne dans le canton de Vaud, chez Jean Maurer Swiss Audio Manufacture que la famille

Maurer fabrique depuis plus d’un demi-siècle des enceintes acoustiques et des amplificateurs recherchés mondialement par les connaisseurs. La passion est heureusement contagieuse. Marc, le fils de Christie et Jean, est aussi puriste du son. Avec son épouse Lorie, ils reprennent en douceur le flambeau. Tout est fabriqué dans la maison familiale où sont installés laboratoires, ateliers, stocks et auditorium. Des filtres aux haut-parleurs, en passant par les boitiers en bois (le client pourra même choisir l’essence de ses rêves parmi les raretés stockées au sous-sol), ici on a le contrôle sur tout afin d’assurer une qualité maximum. Il y a même du sable de quartz inséré dans les parois des enceintes pour maîtriser les vibrations des boitiers. Et le bouche à oreille suffit à écouler la production.

Prix d’une paire d’enceintes, suivant les options entre CHF 15’000 et 30’000.-

Jean Maurer Swiss Audio Manufacture SA, rue du Chêne 17, 1170 Aubonne, www.jeanmaurer.ch

TIMOTHÉE CARREL

TEXTE [[[ Chantal de Senger

Le jeune patron de Gerofinance-Régie du Rhône se définit lui-même comme un « pur produit de l’immobilier ». A raison, c’est à 15 ans qu’il débute son apprentissage dans l’immobilier, suivi d’un cursus auprès de l’USPI/APCGI, ce qui lui permettra de décrocher son brevet fédéral d’expert en estimation immobilière. Il se spécialise dans la gestion technique et plus particulièrement énergétique des bâtiments alors que l’on commençait tout juste à parler de rénovation du bâti. Aujourd’hui, il incarne la nouvelle génération dans ce secteur, avec une vision de la gérance qui ne consiste pas uniquement à administrer des biens, mais aussi à accompagner et conseiller les propriétaires vers une gestion durable de leur parc immobilier.

2500

IMMEUBLES SOUS GESTION

40’ 000

LOTS SOUS GESTION

1992

Année de naissance

2

Enfants

2019

Brevet d’expert en immobilier

2021

Diplôme immobilier en énergie

Commence chez Gerofinance –Régie du Rhône

2023

Nommé CEO de Gerofinance-Régie du Rhône à seulement 31 ans

886

En millions de francs, l’état locatif de GerofinanceRégie du Rhône

271

Collaborateurs

16

Années d’expérience dans l’immobilier

AGENCES EN SUISSE

An Escape to Call your Own

MADE IN SWITZERLAND

Pour cette édition automnale, c’est le design suisse que nous avons décidé de mettre à l’honneur. Épuré et rationnel, il n’est pas qu’une esthétique, mais aussi une philosophie qui valorise la simplicité, la clarté et la fonctionnalité. Designers historiques ou artistes contemporains, tous expriment et cultivent une identité unique. Découvrez notre sélection.

TEXTE [[[ Sylvie Bernaudon

[ 2 ] [ 1 ] [ 3 ]

FAUTEUIL

LC2 DE LE CORBUSIER, 1928

Dessiné par le trio Le Corbusier-Jeanneret-Perriand, ce fauteuil synonyme de confort est connu comme « le fauteuil le plus célèbre du siècle ». Aussi emblématique que confortable, il traverse les générations sans prendre une ride. Il est constitué de quatre coussins indépendants simplement posés dans une structure en acier tubulaire, créant l’assise, le dossier et les accoudoirs. cassina.com/ch/fr.html

PLATEAU DÉTOUR DE LAURE GREMION, 2020

Conçu comme un circuit de Formule 1 avec ses virages relevés et son revêtement nervuré, ce plateau à fromages est une véritable œuvre d’art pouvant se marier avec d’autres éléments de la table. Conçu sur plusieurs niveaux, ce plateau ergonomique possède une poignée cachée facilitant le service. Fonctionnel et polyvalent, il est en bois massif et produit à Saint-Blaise. lauregremion.ch

BOX INOS D’USM,

2024

On ne présente plus l’entreprise familiale suisse créée en 1885 et son système d’ameublement de bureau constitué de tubes et billes d’acier. Au Salone del Mobile de Milan en 2024, USM a dévoilé la Box USM Inos. Créées par le studio de design suisse atelier oï, ces boxes aux lignes douces sont disponibles en quatre tailles. Grâce aux deux largeurs disponibles, il est possible de les combiner à volonté. usm.com/de-ch/office/homepage/ [ 4 ]

MIROIR COLOR FRAME MIRROR DE JULIE RICHOZ, 2024

Inspirés des éléments de jeux de construction et de leurs combinaisons possibles, les Colour Frame Mirrors sont disponibles en trois tailles. Les quatre côtés sont conçus dans des teintes différentes et la profondeur du cadre en fait une étagère de rangement utile ou une surface de présentation. Plusieurs miroirs peuvent être accrochés ensemble pour créer des compositions individuelles. julierichoz.com

MOBILIER PORTO DE MICHEL CHARLOT, 2017

Porto d’Eternit est une création du designer suisse Michel Charlot, diplômé de l’ECAL à Lausanne. Constitué d’une table, d’une table d’appoint et d’un tabouret, l’ensemble est à la fois pratique et esthétique. De forme simple, ces meubles en fibre-ciment sont résistants et conçus pour un usage en extérieur, tout en s’intégrant parfaitement à un intérieur. michelcharlot.com

SUSPENSION

NUAGE DE SUSI ET UELI BERGER, 1970

La lampe Nuage, également appelée Wolkenlampe, fait partie des icônes créées par ce couple qui a marqué l’histoire du design helvétique. Composée de deux coques semi-transparentes de formes différentes, elle change d’aspect selon l’angle de vue. Commercialisée par la marque suisse Wohnbedarf et disponible à la galerie Kissthedesign à Lausanne, elle fait partie de la collection permanente du MoMA de New York. kissthedesign.ch

CHAISE LANDI DE HANS CORAY, 1938

Développée à l’occasion de l’Exposition nationale suisse à la fin des années 1930, la Chaise Landi occupe une place importante dans l’histoire du design suisse. Hans Coray a introduit un nouveau type de coque d’assise moulée en trois dimensions, fixée sur un piètement distinct. Les 91 trous perforés dans la coque assurent légèreté et souplesse, conférant à la chaise une identité forte et unique. vitra.com/fr-ch/home

TABOURET BRIKET DE RENAUD DEFRANCESCO, 2024

Présenté pour la première fois au Salone del Mobile de Milan cette année, le tabouret Briket est un projet innovant axé sur la réutilisation des déchets de bois, en particulier de la sciure de bois. Entièrement recyclé par le feu pour le chauffage, ses neuf pieds permettent de le démonter progressivement tout en conservant sa fonctionnalité jusqu’à ce que les derniers pieds soient enlevés. renauddefrancesco.ch

AU CŒUR DE GENÈVE

UN JOYAU HISTORIQUE MIS EN VENTE

Édifié à la suite de la démolition des fortifications, ce petit immeuble de 750m 2 idéalement placé au bord du square formé par la rue François-Le-Fort, à deux pas de la Vieille-Ville de Genève est à vendre au prix de 18 millions de francs. Voici son histoire.

TEXTE [[[ Serge Guertchakoff

Pas simple de retracer l’historique d’un « hôtel particulier » des Tranchées lorsque son propriétaire, qui l’a acquis il y a près de 40 ans, ne le connaît pas non plus. Pour parvenir à découvrir la date de sa construction, le nom de l’architecte et du premier propriétaire, il aura fallu aller interroger les collaborateurs des Archives de l’Etat de Genève, lesquels n’ont pas ménagé leurs efforts. Avant de vous dévoiler le fruit de nos laborieuses recherches, petit retour en arrière.

LE DÉMANTÈLEMENT

DES FORTIFICATIONS

A la seconde moitié du XIXe siècle, la classe politique genevoise se déchire sur le maintien ou non de l’appareil défensif que sont ses fortifications. Le 15 septembre 1849, la démolition de celles-ci était votée à la majorité. Les travaux de démantèlement se sont alors étalés entre 1850 et 1876.

A l’image de l’aménagement en cours de ce que l’on nomme le PAV (pour la Praille, les Acacias et les Vernets), cette opération va permettre au canton de libérer une énorme surface de terrains. Plusieurs plans d’extension vont se succéder, avant d’adopter ceux de l’ingénieur cantonal Léopold Blotnizki en 1854 et 1855.

Comme le relève l’historienne de l’art Véronique Palfi : « Les nouveaux quartiers, aérés, furent ordonnés selon une trame à dominante orthogonale, ponctuée de ronds-points et de promenades. Le square

du Mont-Blanc et le quartier de Rive devaient figurer parmi les premières réalisations de la ceinture fazyste ».

LE QUARTIER DES TRANCHÉES

Entre 1860 et 1900 va surgir progressivement le nouveau quartier des Tranchées, dans lequel va être construit, notamment, l’Eglise Russe. Une fois le plan d’aménagement adopté, les premières mises aux enchères des terrains furent organisées par le Conseil d’Etat. Des prix minimaux sont fixés, généralement de 50 francs le mètre carré.

Une Compagnie anonyme des immeubles des Tranchées est constituée en décembre 1860, remportant de nombreux lots le long des futures rues Saint-Victor, Charles-Bonnet, Athénée, Eynard, Croix-Rouge, Cours des Bastions ou encore Promenade du Pin. Les nouveaux propriétaires sont tenus de bâtir dans un délai fixé par l’Etat sous peine de se voir amendés.

Dans le cas de la parcelle du 2 rue FrançoisLe-Fort, l’adjudication publique effectuée par le Conseil d’Etat se déroule le 18 février 1872. Sa mise à prix est fixée à « 350 francs la toise carrée », une unité de longueur correspondant à six pieds français, soit 1,949 m. Il est encore indiqué que « la hauteur du bâtiment ne dépassera pas 16 m à la corniche de la toiture. Et le bâtiment devra avoir au minimum un rez-de-chaussée élevé et un étage ». La parcelle est alors adjugée à 351 francs la toise, soit à un peu plus de 12'000 francs d’alors. Précisons que la parcelle mesure 234 m2

Les espaces de vie actuels au 2e étage.

L’entrée donne côté rue François-le-Fort.

UNE FEMME PROPRIÉTAIRE

Qui achète alors cette parcelle ? D’après l’arrêt du Conseil d’Etat signé par Jacques Ormond, un radical qui décédera en fonction en mai 1877, il s’agit de « Madame A. Penard », alors représentée par son architecte Léon Fulpius. C’est en fait l’épouse d’un comptable, Adrien Penard, qui deviendra par la suite directeur du Bureau des Familles, un organisme philanthropique et qui fut diacre de l’Église nationale protestante. « Comme les biens immobiliers sont inaliénables, de nombreux Genevois ont doté leurs filles de biens immobiliers pour les protéger », nous explique l’historien Olivier Perroux. Le 29 février 1872, l’entrepreneur Pierre Saulnier demande une autorisation pour pouvoir entreposer des matériaux pour la construction d’une maison. Si on ne connaît pas la date précise de l’achèvement de cet immeuble, relevons néanmoins qu’une première maison apparaît à cet emplacement sur un plan de juin 1872.

QUATRE APPARTEMENTS

Revenons à l’immeuble édifié entre 1872 et 1873 par Léon Fulpius. Cet architecte a été très prolixe dès 1870 avec la transformation et la surélévation d’un ancien théâtre de variétés (rue Ami-Lévrier), puis du bloc

Chaque niveau possède une vaste salle à manger.

Le propriétaire avait aménagé ses bureaux sur les deux premiers niveaux.

Simple, la cage d’escalier dessert les quatre niveaux.

A paraître cet automne : « Les Monuments d’art et d’histoire du canton de Genève VI, la ceinture Fazyste 1850-1914 » par David Ripoll. Editeur : La Société d’histoire de l’art en Suisse

situé 1-3-5 rue de la Synagogue/2-4-6 rue Petitot (déjà sur les anciennes fortifications), avant d’enchaîner avec le bâtiment rue François-Le-Fort.

Signalons qu’il va notamment se charger des immeubles 18 et 26 rue de Candolle, 23-25 quai du Mont-Blanc, l’hôtel Mayor ou encore le bâtiment du contrôle fédéral des métaux précieux à Bienne avec son fils, Frantz. Il va présider la section genevoise de la SIA (1899-1905) et sera député du parti démocratique. Enfin, il s’est beaucoup occupé de l’Eglise nationale protestante, c’est sans doute ainsi qu’il est entré en contact avec Adrien Penard.

Difficile de parler d’hôtel particulier à propos du 2 rue François-Le-Fort. En effet, celui-ci a été conçu pour offrir quatre plateaux d’environ 180 m2 chacun. Une cage d’escalier dessert les quatre appartements, entre le rez supérieur et le 3ème niveau. Chacun est doté d’un hall d’entrée, d’un séjour, d’une cuisine, d’une salle de bains, de toilettes séparées et de trois à quatre chambres/ bureaux. L’actuel propriétaire en avait fait sa résidence principale, mais aussi ses bureaux.

SURFACES AMÉNAGEABLES

Si Adrien Penard n’a vraisemblablement occupé qu’un des niveaux, les autres étant loués à des tiers, notamment des rentières, il est tout à fait possible d’adapter l’ensemble pour une seule famille. Les propriétaires successifs, notamment Jean Piguet, Mme Julia Cartier-Fink, puis Guy Hanselmann, ont maintenu la même configuration. Ce n’est qu’après son acquisition en avril 1985 que l'actuel propriétaire a effectué quelques adaptations pour y aménager des bureaux au rez supérieur et au 1er étage.

A titre informatif, des devis ont été obtenus pour installer un petit ascenseur au centre de la cage d’escalier, mettre un chauffage au sol (au-lieu du chauffage au gaz) et rafraîchir l’ensemble. L’ensemble représente une surface habitable de 750 m2

Prix : 18 millions de francs Informations : www.cardis.ch

CHAMP DE BATAILLE

LE CHAMP DES POSSIBLES

Le décorateur de génie Jacques Garcia a métamorphosé ce palais normand en un véritable Eden où ses collections d’art et d’objets des siècles passés sont sublimées par 45 hectares de jardins enchanteurs.

TEXTE [[[ Chantal de Senger, de retour de l’Eure PHOTOS [[[ Eric Sander

Quand on arrive dans ce lieu situé au cœur de la Normandie, on se projette directement au temps de Louis XIV et de Marie-Antoinette. Les employés, parés de perruques et de vêtements d’époque déambulent dans les couloirs du château et au milieu de ses magnifiques jardins. Jacques Garcia, probablement le décorateur le plus célèbre au monde, a à son actif des réalisations telles que l’hôtel Costes à Paris, la Mamounia à Marrakech, les hôtels La Réserve, ou encore l’hôtel Wynn à Las Vegas. La touche Garcia est reconnaissable partout dans le monde, même si son style peut varier considérablement. Ce passionné d’histoire de France aime raconter des récits, vivre des moments forts et transmettre son savoir. Construit au XVIIe siècle par Louis Le Vau, l’architecte de Versailles, Champ de Bataille est l’apogée de sa carrière qu’il a réussi à transformer en musée abritant des milliers d’objets historiques – la plupart provenant de collections royales - qu’il chine depuis plus de 50 ans. Racheté il y a 30 ans, Garcia a transformé ce qui était alors une ruine en un magnifique palais éblouissant. L’intérieur avait été dévasté par la Révolution. L’établissement, transformé en hôpital durant la première partie du XXe siècle, est alors détenu par des propriétaires privés. Ce domaine représente, malgré tout, l’émergence d’une nouvelle architecture, magistrale en l’oc-

currence, qui l’a immédiatement séduit. Les extérieurs n’avaient pas été modifiés, mais ils avaient disparu avec le temps. Après des fouilles archéologiques, Garcia a retrouvé un dessin d’André Le Nôtre qui avait alors réalisé les jardins de Champ de Bataille. Jacques Garcia a laissé place à son talent et à sa fantaisie pour créer le plus grand parc privé d’Europe, sur près de 45 hectares (le domaine, comprenant un golf et des forêts, totalise 400 hectares). C’est avec détermination et une patience infinie qu’il a redonné vie à Champ de Bataille. Aujourd’hui, cette adresse représente une mosaïque de folies permettant des jouissances variées. On y trouve vingt jardins différents, des palais moghols, une serre tropicale, la Grotte de Cybèle, un jardin d’Éden. Le bâtisseur se dit passionné de botanique et de jardins anglais, sensible aux senteurs des jardins, aux fleurs, à l’herbe coupée et aux papillons. Interview d’un visionnaire idéaliste et déterminé qui s’est toujours donné les moyens de ses ambitions.

Vous avez eu un véritable coup de cœur pour Champ de Bataille en 1992. Pourquoi ce château et pas un autre ?

J’ai collectionné dès mon plus jeune âge des objets très contemporains et des meubles historiques. J'aime l'univers et l'histoire de France. J'étais l'un des premiers collectionneurs de Jean-Mi-

Jacques Garcia dans la bibliothèque du château évoquant le style de Percier et Fontaine et le goût français de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle.

chel Frank, un des principaux décorateurs français de la période Art déco. À 30 ans, j'ai acheté la Maison de Mansart à Paris, puis un château en Province. Finalement, à 40 ans, j’ai redécouvert Champ de Bataille, que j’avais eu le plaisir de visiter enfant avec mon père. Le lieu était dans un état déplorable et devait devenir un hôtel pour des Japonais. Je cherchais depuis longtemps un endroit pour y créer un musée. L’occasion d’acquérir un tel chef d’œuvre d’architecture ne se présente que rarement. Champ de Bataille a les dimensions et les volumes d’un palais. Possédant une collection d’art de provenance royale, c’était le lieu idéal pour y exposer ces trésors du patrimoine.

Comment avez-vous fait pour accumuler autant d’objets ?

C’est la force de l’âge. Je viens d’avoir 77 ans. C’est 50 ans de passion, de recherche et d’achats. J’ai tout déniché moi-même. La majorité des objets à l’étage ont des références historiques, notamment de l’histoire de la famille royale.

Entrée d'honneur de Champ de Bataille. L'arc brisé et les colonnes de pierres laissent apercevoir la cour d'honneur et les armes d'Alexandre de Créquis, commanditaire du château.

«  JE CHERCHAIS DEPUIS LONGTEMPS UN ENDROIT POUR Y CRÉER UN MUSÉE. J'AI ACHETÉ CE PALAIS À LA CAMPAGNE POUR EN FAIRE UN MUSÉE.  »

Et ces jardins, aviez-vous une vision quand vous avez acquis le domaine ?

La vision du bâtiment, je l'avais, c’est mon métier, je suis décorateur. J’ai réalisé des maisons extraordinaires pour des clients privés, avec les objets les plus chers au monde. Mais les jardins, c’était très différent. Contrairement aux croyances, je préfère de loin les jardins anglais que les français. En 1993, un an après le rachat du Château, une tempête incroyable a arraché tous les arbres. J'ai voulu vendre. Par la suite, j'ai préféré effectuer des recherches archéologiques et créer le plus grand jardin privé d'Europe, qui comprend aujourd’hui des cascades, des statues, des fontaines, des temples, et des étangs. Ce jardin m'a appris à être patient alors que je suis d’une nature impatiente.

Racontez-nous l’histoire du jardin anglo-indien que vous avez inauguré l’an dernier…

Au départ, je voulais créer une sorte de cité romaine comme à Potsdam, mais avec des éléments anciens.

Vue des jardins à la française depuis la lanterne. On observe au premier plan deux parterres de buis recréés d'après un dessin de Le Nôtre pour Champ de Bataille. Dans un deuxième plan, le rond d'eau et sa sphère du XVIIe siècle puis au loin le grand canal.

Salon d'Apollon et Daphné. Création complète de Jacques Garcia. Ce salon de marbre est l'évocation du style monumental Louisquatorzien, hérité de Mazarin et très apprécié par Madame de Montespan. Les bas reliefs et ornementations militaires de la voussure proviennent des moulages du château de Versailles. Au dessus de la cheminée, un médaillon en marbre blanc représentant le roi soleil par Coysevox.

C'était trop cher. À la suite d’un tremblement de terre en Inde – pays où je me suis rendu de nombreuses fois -, des villes entières étaient à vendre. J'ai pu acheter des temples à des prix très abordables. Cela m'a poussé à créer un jardin moghol, étonnamment le premier en Europe. Cela a pris dix ans et 600 containers venus d’Inde. Tout est ancien, même les murs sont en pierres de là-bas.

Vous avez aussi érigé une grotte… Durant la période de la pandémie, je suis resté six mois sur place et c'est à ce moment-là que j'ai créé la grotte de Sybel avec mon ancien compagnon. Elle est inspirée de la grotte de Thétis à Versailles, aujourd'hui disparue. Cette grotte est la dernière étape de ce jardin.

La prochaine étape, c’est quoi ?

Les 45 hectares sont remplis, exactement comme je le souhaitais. Je ne touche plus à rien. Ma préoccupation actuelle, c’est sa maintenance.

Justement, quel est l’avenir de Champ de Bataille ?

Je vais créer une fondation qui permette de faire perdurer Champ de Bataille. Je suis le détenteur des lieux mais je vais le léguer, probablement, à l’État. Je vais faire en sorte qu’il soit auto-financé avec les activités du château. Sinon, je vendrai l’une de mes propriétés pour le financer. Je suis nostalgique du futur, jamais du passé. Pour l’heure, il faut financer son coût qui se monte à environ 3 millions d’euros par an en entretien. Il faut donc trouver des fonds. Pour cela, nous voulons augmenter le nombre de visiteurs. Nous allons également créer de nouvelles chambres dans l’aile en face, où il y en a déjà 12, complété d’un restaurant. Une partie du site pourrait devenir à terme un hôtel indépendant du musée. Outre le golf que nous exploitons déjà, nous allons également louer le pavillon moghol pour des événements privés, comme des lancements de parfums, des mariages, ou autres.

On dit de vous que vous êtes un génie… Comment l’expliquez-vous ?

Ma force réside dans mon sens aigu de l’espace, et je l’ai immédiatement. Vous me montrez un plan de

Pièce d’eau de la grande cour du pavillon moghol. Gauche : temple en marbre, premier élément importé d’Inde et remonté à Champ de Bataille. Face : Kiosque à musique.

p Intérieur de la Grotte de Cybèle. Le décor évoque la Grotte de Téthys du château de Versailles, aujourd’hui disparue. Les mascarons sont moulés sur ceux présents dans les fontaines du domaine de Saint-Cloud.

25’000 m², le projet est fait en dix minutes. J’ai aussi une capacité à me surpasser. Je vais au-delà de tout.

Y’a-t-il un style Jacques Garcia ?

J’ai décoré l’hôtel Costes à Paris, les hôtels La Réserve, la Mamounia, j’ai passé dix ans à réaménager Versailles, et j’ai réalisé 40 salles au Louvre pour le XVIIe et XVIIIe siècle tout en travaillant simultanément sur l’hôtel Wynn et l’hôtel MGM à Las Vegas. Il y a un gouffre entre ces différents mondes. Cela prouve que je n’ai pas de limites. Je me sens à l’aise avec un style comme avec un autre. Je ne pense pas qu’il y ait un style Jacques Garcia, j’ai simplement une pensée différente.

Comment rester à la mode ?

Je suis anti-mode. Je ne veux surtout pas être à la mode. Comme disait Chanel, tout ce qui est à la mode se démode.

Vous avez décoré aussi de nombreux casinos… Effectivement, j’ai notamment commencé avec les casinos de la

famille Barrière, c’était un nouvel univers pour moi qui venait du monde de l’art et notamment des XVII et XVIIIe siècles français.

Voyagez-vous encore beaucoup ?

De moins en moins. Je suis toujours actif, mais beaucoup de choses peuvent être faites à distance. Comme pour tous, les visio-conférences depuis les quatre coins du monde font maintenant partie du quotidien. Néanmoins, je suis avec attention l’ensemble des projets et des chantiers de l’agence.

Qu’avez-vous réalisé en Suisse hormis l'hotêl La Réserve ?

Nous décorons actuellement un grand château du XVIII e à Genève. J’ai déjà décoré plusieurs châteaux en Suisse romande.

Quelle est votre plus grande fierté à part Champ de Bataille ?

Peut-être l’hôtel Costes qui porte véritablement l’empreinte Jacques Garcia. Jean-Louis Costes voulait d’ailleurs l’appeler l’Hôtel Garcia, mais j’ai refusé alors que c’est l’hôtel à la mode

g Le salon des jardiniers situé dans les Serres du jardin de Diane et d'Apollon. Un lieu dédié aux grands jardiniers d'Europe qui peuvent s'y retrouver afin d'échanger sur les sujets liés à la botanique et au paysagisme.

i Dentelles de buis inspirés d'un dessin de Le Nôtre pour Champ de Bataille. Après des fouilles archéologiques, Jacques Garcia a pu constater que ces jardins avaient bien été exécutés au XVIIe siècle.

o Piscine du grand pavillon moghol. Plafond et colonnes provenant d'un temple moghol du XVIIe siècle. Sur la gauche on entraperçoit un temple en jaspe blanc, jaspe jaune et jaspe noir. Inde XVIe siècle.

depuis plus de 30 ans. Je prends parfois des décisions surprenantes….(rires)

Un regret ?

Je n'ai aucun regret. La vie m'a comblé de chances et d'opportunités. J'ai bénéficié de l'amour inconditionnel de mes parents. Bien que nous ne fûmes pas riches, j'ai grandi sans attachement matériel. Mon père, un intellectuel, m'a enseigné que la matérialité était futile, tandis que ma mère, plus matérialiste, apportait un équilibre. J'ai eu la chance de faire des rencontres incroyables, tant sur le plan affectif qu'amoureux. Je n'ai jamais été seul, même dans mes pensées. Ma vie a toujours été bien remplie. Je suis fidèle par nature, ne quittant que pour embrasser de nouvelles aventures extraordinaires. Même si je doute souvent, je n'ai aucun regret. Les créations peuvent parfois susciter des regrets, mais heureusement, ces sentiments s'estompent avec le temps.

Quelles ont été les rencontres décisives de votre vie ?

Plusieurs rencontres ont marqué ma vie. Maria de Beyrie, une amie

de ma mère et antiquaire du XXe siècle, m'a initié au monde de l'art à l'âge de 18 ans, me transmettant les fondamentaux. Jean Pétin, un industriel français passionné d'art, m'a permis, pendant plus de dix ans, de consulter chaque soir ses catalogues de vente, une expérience extraordinaire. Dans les années 1990, ma rencontre avec Diane Barrière-Desseigne, à travers mes réalisations pour le groupe Lucien Barrière, m'a fait connaître du grand public. Enfin, en 1995, ma rencontre avec Jean-Louis Costes m'a ouvert de nouvelles perspectives dans le domaine de l'hôtellerie et de la restauration.

Quelles sont vos qualités ?

Je suis très flexible. J'apprécie autant la grandeur des châteaux que le charme d'une simple chambre de bonne. J'aime profondément le goût de la campagne, l'odeur de l'herbe fraîchement coupée, et les papillons qui virevoltent. Je suis quelqu’un de simple au fond, même si je vis dans un château.

KRUG ASSOIE SON HÉRITAGE AVEC UN NOUVEAU CENTRE DE VINIFICATION

C’est au cœur du territoire champenois que la maison de champagne a récemment inauguré son nouveau centre de vinification réalisé par le bureau d’architectes parisien AW 2 . Baptisé « Joseph » , ce nouvel édifice situé face aux vignobles d’Ambonnay rend hommage au fondateur visionnaire Joseph Krug.

L’agence AW2 signe la création du nouveau site de vinification de la Maison Krug à Ambonnay, au cœur du territoire champenois.

Certifié HQE « Exceptionnel », le bâtiment intègre une démarche environnementale élevée grâce aux matériaux qui le composent, une isolation haute performance et les apports en lumière naturelle.

Joseph, c’est le nom donné au nouvel édifice situé face aux vignobles de la Maison Krug à Ambonnay. Ce nom rend hommage au fondateur Joseph Krug qui fonda la maison de champagne en 1843 à Reims. Ce visionnaire a eu l’originalité de créer uniquement des cuvées de prestige tous les ans depuis sa création. Il voulait ainsi offrir un champagne d’une qualité constante, indépendamment des variations climatiques annuelles. A une époque où la qualité du vin dépendait fortement des conditions météorologiques, cette ambition était révolutionnaire. Pour atteindre cet objectif, il a développé une méthode unique qui comprenait l’assemblage de différents vins de réserve provenant de plusieurs années. Cette méthode permit de compenser les différences entre les récoltes et d’assurer une qualité constante. Et contrairement à de nombreux producteurs de l’époque, Joseph Krug mettait l’accent sur l’assemblage des vins issus de terroirs différents pour créer une harmonie parfaite. Sans compter que la vinification se faisait et se fait toujours en fûts de chêne.

TEXTE [[[ Chantal de Senger

LE CARNET DE JOSEPH KRUG

Joseph Krug a laissé un carnet détaillant sa philosophie et ses méthodes de production. Ce carnet, considéré comme un trésor par la famille Krug, continue de guider leurs pratiques aujourd’hui. Malgré les changements de propriétaires– groupe Remy-Cointreau puis depuis 1999 LVMH – des membres de la famille Krug sont toujours restés actifs au sein de l’entreprise. Actuellement, Olivier Krug, représentant de la sixième génération, dirige la maison Krug avec la même passion et le même dévouement que ses ancêtres.

C’est ce carnet, véritable bible de la vinification, qui a inspiré l’agence d’architecture AW2 pour la création du nouveau chai de la Maison Krug. Le projet « Joseph » incarne l’héritage et la vision de son fondateur. AW2 a su capter l’essence même de la Maison Krug en créant un lieu où tradition et innovation se rencontrent. Le design met en avant deux toitures aux formes courbes, symbolisant les deux grands celliers du projet, et soulignant ainsi la technique de vinification en fûts, si spécifique à la Maison Krug.

UN ÉCRIN ÉCOLOGIQUE ET INNOVANT

La conception du bâtiment s’intègre parfaitement dans son environnement naturel, utilisant des matériaux locaux et des techniques de construction durables. L’architecture de l’ensemble est à la fois contemporaine et épurée, tout en respectant l’échelle du site, en parfaite harmonie avec le contexte local. « Le nouvel écrin de la Maison Krug est bien plus qu’un centre de vinification » souligne Stéphanie Ledoux, architecte associée de l’agence AW2, aux côtés de son fondateur et associé Reda Amalou. « C’est un hommage vivant à un visionnaire dont l’empreinte continue de guider la maison ».

Le nouveau bâtiment est sobre en énergie, respectueux de l’environnement et de l’humain ; il abrite 5 cuveries, 8 celliers, espaces d’accueil et de réception, bureaux et locaux techniques.

Chaque année, Krug propose une nouvelle édition de Krug Grande Cuvée qui est composée d’un assemblage de dizaine de vins et de millésimes différents (parfois qui ont plus de vingt ans). Une fois réalisée, la bouteille est placée dans les caves de Krug où elle reposera environ 7 ans. Krug a également créé des cuvées distinctes, chacune avec un caractère unique mais fidèles à la signature de la Maison.

Romain
Berthiot Leo Ginailhac

UNE ENVOLÉE DE LUMIÈRE

En ces temps incertains, et à l’approche de l’automne, la lampe Birdie du magicien de la lumière Ingo Maurer, apporte de la poésie dans les intérieurs.

TEXTE [[[ Isabelle Cerboneschi

Pour traverser les époques à la fois instables et peu rassurantes comme celle que nous vivons, il est bon de s’entourer d’objets emplis de poésie. Des pièces qui nous emportent dans des mondes imaginaires forcément plus beaux et plus lumineux. Le designer Ingo Maurer est l’un de ces poètes de l’objet : il sait instiller dans notre quotidien des objets qui vont au-delà de l’objet. Sa lampe Birdie, par exemple, est l’une de ses créations les plus connues. Avec ce lustre composé de douze ampoules ailées montées sur des tiges de cuivre, le designer allemand a pris le contre-pied du luminaire bourgeois : il a mis au premier plan non pas une structure camouflant l’ampoule, mais l’ampoule à incandescence elle-même, qu’il a ornée de plumes d’oie, et son fil. La suspension ressemble à un envol d’oiseaux que l’on pourrait même voir comme un symbole de paix.

Ingo Maurer est né en 1932 à Reichenau, une île bucolique du lac de Constance, près de la frontière suisse. « Mon père était pêcheur et je passais beaucoup de temps avec lui sur le lac. Je voyais les choses danser dans la lumière, une expérience que j’ai appliquée à mon travail des années plus tard », confiait-il dans une

interview. Ingo Maurer a étudié la typographie et le graphisme en Allemagne puis en Suisse avant de s’installer comme designer indépendant aux États-Unis. Il a travaillé pour de grandes firmes jusqu’en 1963, année où sa carrière a pris un tout autre tournant lorsqu’il a décidé de rentrer en Europe afin de fonder son studio. Cet acte lui a donné une liberté de création absolue. On lui doit certains des luminaires les plus cultes de l’histoire du design. Dès 1966, à contre-courant, il a créé la lampe Bulb élevant une ampoule au rang d’objet de design. On ne pouvait faire plus épuré.

La lampe Birdie est un objet qui cumule à la fois la simplicité d’une technique parfaitement maîtrisée et une intense poésie. Il ne s’agit finalement que de 12 ampoules de type globe montées sur un culot en laiton. Elles sont agrémentées d’ailes de plumes appliquées à la main et portées par des tiges, elles aussi torsadées à la main. L’ensemble forme un chandelier contemporain et magique.

Ingo Maurer est décédé en 2019, laissant derrière lui une constellation de luminaires fantasques et créatifs. Jean Nouvel disait de lui : « Tu es le poète le plus léger et le plus inattendu de la fragilité de la lumière ».

LES PARADOXES DE J. PAUL GETTY

LES MOTIVATIONS DU MILLIARDAIRE

Pourquoi l’homme le plus riche du monde ne voulait pas payer la rançon aux kidnappeurs de son petit-fils chéri, mais a légué près de 70% de sa fortune à son Trust pour gérer ses musées d’art en Californie. Enquête à Los Angeles.

Première fortune mondiale de son temps, Jean Paul Getty (1892-1976) a offert a la Californie ses deux plus importants Centres d'art.
David Farrell

Le Centre Getty a été conçu par l'architecte Richard Meier, lauréat du Prix Pritzker en 1984. Ici l'entrée du centre.

TEXTE [[[ Anna Aznaour

C’ est bien connu, le malheur des uns fait le bonheur des autres. « A l’époque des Brigades Rouges, mes parents avaient tellement peur que je sois, à mon tour, kidnappée, qu’ils m’ont envoyée dans une école privée en Suisse », avait confié à Prestige une riche héritière d’une famille d’industriels italienne. Et, pour préserver la sécurité de leur progéniture, dans les années 1970, ils n’étaient, de loin, pas les seuls à avoir pris cette décision. À l’origine de la ruée en question, l’affaire Getty. Elle avait tellement secoué toute l’Italie que son élite fortunée avait fait siens les établissements d’enseignement privé de la Suisse romande. Une aubaine que ces derniers devaient à John Paul Getty III, 16 ans, qui, lui, vivait le drame de sa vie. Et pour cause, le sort de l’adolescent enlevé ne semblait pas faire partie des priorités de Jean Paul Getty I, son richissime grand-père. Une histoire improbable, pourtant vraie, dont Ridley Scott a fait un film intitulé « Tout l’argent du monde ».

AVARE OU STRATÈGE ?

Il faut avoir visité le somptueux Centre Getty de Los Angeles pour se poser la question après le visionnage de ce film. Comment J. Paul Getty I, milliardaire et collectionneur d’art de surcroît, a-t-il pu refuser de payer les kidnappeurs de la chair de sa chair ? Quelles étaient ses motivations ? En tout cas, celle de son petit-fils John Paul Getty III sera dès le 10 juillet 1973, sa survie. Adolescent rebelle, il menait jusqu’alors une existence plutôt insouciante à Rome : beaucoup de fêtes, un peu de mannequinat et quelques petits rôles au cinéma. Sorti, à l’aube, d’une discothèque du centre-ville, le jeune homme bien imbibé, se fera « cueillir » en pleine rue par quatre gars, surgis d’une voiture blanche. Pour sa libération, ils exigeront de Gail, la mère du kidnappé… 17 millions de dollars. Divorcée de John Paul Getty II, fils du milliardaire, elle appellera donc son beau-père. Un coup de fil auquel le magnat du pétrole ne décrochera même pas. Sa réponse, Gail l’apprendra dans la presse : « J’ai 14 autres

©2003
J. Paul Getty Trust

petits-enfants, et si je paie un centime maintenant, j'aurai 14 petits-enfants kidnappés. » Stupéfaction généralisée ! Pourtant, « honneur » oblige, les mafieux ne reculeront pas. Ils couperont l’oreille droite du jeune homme, puis l’expédieront par la poste au journal italien Il Messaggero. L’affaire fera le tour du monde, et le milliardaire daignera enfin négocier. Finalement, 3 millions de dollars seront payés pour la libération de l’adolescent mutilé. De cette somme, Getty versera 2 millions, montant maximum déductible de ses impôts, et prêtera le million restant au père du jeune homme, son propre fils donc, avec 4% d’intérêt. Durant les trois années suivantes, qui précéderont son décès à l’âge de 83 ans, Getty ne remettra jamais en question son refus initial de paiement. Accéder aux demandes des criminels et des terroristes ne fait que les encourager, jugait-t-il.

L’ART, CLÉ DE L’IMMORTALITÉ

Si la vie en danger de son petit-fils était sujette à négociations, qu’est-ce qui était alors une valeur suprême pour J. Paul Getty ? « La beauté que l’on peut trouver dans l’art est l’un des rares produits réels et durables de l’activité humaine », clame-t-il dans son autobiographie « As i see it ». Cependant, même les plus grands chefsd’œuvre de sa collection d’art, débutée en 1930, ont été âprement marchandés et, souvent, acquis à des prix bien en dessous de leur vraie valeur ! Parmi eux, des statues antiques gréco-romaines, du mobilier royal de Versailles, acheté à… Versailles après la Deuxième Guerre mondiale ! Mais aussi des peintures des maîtres de la Renaissance, des tapis et manuscrits arméniens anciens, etc. D’ailleurs, sa gymnastique matinale aux haltères, Getty la faisait toujours dans sa chambre à coucher, devant le tableau d’une jeune fille peinte par Renoir. « J’aime bien l’idée qu’elle me regarde », disait-il. Ouvrir gratuitement ses collections au public, Getty le fera après son installation définitive à Sutton Place (Angleterre), résidence d’été du roi Henri VIII. Ainsi, sa maison californienne sera transformée en musée

g La construction du Centre Getty sur plus de 40 hectares de la colline de Brentwood a duré 10 ans et a coûté plus d'un milliard de dollars

i Vue aérienne du campus culturel qui englobe le Getty Museum, la Getty Library, le Getty Research Institute, la Getty Foundation et le Getty Conservation Institute.

– Getty Villa – et inaugurée en 1974, en son absence. Superstitieux, après un vol très chahuté, Getty se souvenant des prédictions d’une gitane « Vous vous marierez 5 fois et vous mourrez dans un accident d’avion », cessera de voyager. Et en 1997, soit plus de vingt ans après son décès, Los Angeles inaugurera dans les montagnes de Santa Monica le Centre Getty. Ce campus culturel regroupe plusieurs bâtiments, avec bibliothèque et pôles de recherche, ainsi que des musées et un jardin accessibles gratuitement au public. Le chercheur David Singleman, son directeur touristique, confie : « Grand connaisseur d’art, Monsieur Getty avait une prédilection pour l’art antique et assez peu de considération pour l’art contemporain. Extrêmement pragmatique, il estimait aussi que ce genre d’institution devait être administrée par des professionnels et non pas léguée à ses héritiers. » C’est pourquoi, la Villa Getty et le Centre Getty sont entièrement gérés par son Trust grâce au legs de 700 millions de dollars du milliardaire.

QUI ÉTAIT J. PAUL

GETTY ?

Un homme moyen qui, comme un tennisman, n’a fait que « renvoyer la balle toute sa vie » confiait-il à la télévision britannique. Et aussi un sentimental. Pour les cinq divorces, la gitane avait raison. Homme de goût et grand amateur de femmes, il les choisissait jeunes, belles, cultivées. Mais dès qu’elles

1 0 COMMANDEMENTS DU SUCCÈS FINANCIER

Pour J. Paul Getty, le business était un art créatif comme un autre. Lui, il « s’amusait » à générer de la richesse en utilisant savamment son argent. Pour réussir à ce jeu, il fallait, d’après lui, avoir un tempérament plutôt rebelle et non conformiste. Et surtout, ne jamais se laisser influencer par qui que ce soit. « Apprenez à réfléchir par vous-même en vous cultivant quotidiennement », conseillait-il dans ses articles, qui paraissaient dans des… magazines de charme. Pourquoi là ? « Parce que cette presse est très lue par des jeunes hommes que j’essaye d’instruire », répondait le milliardaire pragmatique. Voici le résumé des dix commandements, tirés de son ouvrage « How to be rich ».

«  L A BEAUTÉ QUE L’ON PEUT TROUVER DANS L’ART EST L’UN DES RARES PRODUITS RÉELS

ET

DURABLES DE L’ACTIVITÉ HUMAINE »

devenaient mères, il divorçait. « Si une femme veut vous quitter, elle vous quittera et vous n’y pourrez rien », avaitil confié avec son habituel Poker Face à la BBC. Est-ce parce qu’il jouissait d’une réputation d’avare ? Il faut savoir que l’homme le plus riche du monde ne laissait jamais de pourboires et ne payait pas d’impôts, car tous ses avoirs étaient investis dans ses sociétés. Ses pires hantises : devenir pauvre ou essuyer un échec. Et sa vie maritale, Getty la considérait comme un échec. À tel point qu’à la fin de sa vie, le souhait qui l’animait était celui de vivre ne serait-ce qu’un seul succès marital. Voulait-il graver son nom dans l’histoire ? Il ne l’a jamais crié sur les toits. À la place, Getty a déclaré : « Je ne donne jamais d’argent aux individus, parce que c’est très ingrat et très peu scientifique. On fait un travail digne quand on crée pour la société dans son ensemble et lorsque le public en a connaissance ». C’est donc via ses musées que le milliardaire a su s’imposer comme un bienfaiteur et une personnalité dont le nom est connu de tous, ou presque. Celui qui n’a jamais voulu être un artiste a finalement réussi à rendre sa fortune durable grâce à l’art. Pragmatique et méfiant, il avait un amour inconditionnel pour ses parents, dévoués mais distants, et une forme de retrait émotionnel, que l’une de ses épouses résumera en disant : « Paul est l’homme le plus solitaire au monde. Il veut être avec les gens, mais il n’y arrive pas… » Aurait-il été le même sans ses milliards ? On ne le saura jamais.

g Le jardin du centre créé par Robert Irwin sur environ 12'000m2, abrite plus de 500 variétés végétales qui ravissent ses 2 millions de visiteurs annuels.

1. Dans les affaires, le seul moyen de gagner beaucoup d’argent, c’est d’avoir sa propre entreprise.

2. Le but principal du businessman doit toujours être la production de biens de qualité à moindre coût.

3. La modération et la sobriété sont indispensables en affaires.

4. Toute occasion justifiée d’expansion doit être sérieusement prise en considération.

5. Il faut gérer son entreprise uniquement par soi-même.

6. Ne jamais cesser la recherche de l’amélioration de ses produits et de l’augmentation de leur production, ainsi que de ses revenus.

7. Ne pas craindre de prendre des risques calculés, ni de rembourser en temps et en heures ses emprunts.

8. Prospecter toujours des horizons et marchés nouveaux.

9. Défendre sa réputation et celle de ses produits pour conserver la confiance du public.

10. Considérer et utiliser sa richesse comme un moyen d’amélioration des conditions de vie partout.

POUR SES 30 ANS, INFOMANIAK ANNONCE UNE PREMIÈRE MONDIALE

Le pionnier du Web en Suisse romande chauffera plus de 6000 habitations à Plan-les-Ouates grâce à son nouveau datacenter. Son fondateur et directeur stratégique, Boris Siegenthaler, mène son entreprise depuis 3 décennies de façon très atypique, notamment en cherchant à atténuer autant que possible l’impact écologique du cloud.

TEXTE [[[ Chantal de Senger

C’ est une première mondiale : 100% de la chaleur du nouveau centre de données d’Infomaniak à Planles-Ouates sera bientôt valorisée. Les deux autres datacenters en exploitation suivront. Et puis, une commune en Valais est également intéressée à installer ce système pour chauffer l’un de ses villages. « Si tous les datacenters fonctionnaient de cette manière, ils pourraient chauffer les villes et éviter les systèmes à gaz, pellets ou à charbon » explique Boris Siegenthaler. « Idéalement, il faudrait que la centaine de datacenters basés en Suisse soient obligés de valoriser leurs calories. Si nous y arrivons, ils peuvent tous y arriver », ajoute le fondateur d’Infomaniak, dont l’entreprise ne climatise plus ses centres de données depuis 2013. « Cela devrait être une norme ». Certes, les autorisations et les accords avec l’État et les prestataires de service prennent du temps, sans compter le prix. En effet, l’installation du système

de récupération de chaleur a coûté six millions de francs supplémentaires sur la facture totale de 12 millions (auxquels il faut ajouter plus de 40 millions de francs pour l’installation des serveurs). Mais la bonne surprise est qu’il a été possible de bénéficier d’une subvention de 1,8 million de l’Office cantonal de l’énergie du canton de Genève et d’une avance de paiement de 1,3 million des SIG, l’opérateur du réseau de chauffage à distance. Le modèle financier s’équilibrerait sur 20 ans, avec un rendement de 5% sur le projet permettant de couvrir les risques et les frais financiers. Finalement, il y aurait une vraie économie financière à réaliser avec ce système, selon son fondateur.

Aujourd’hui, près de 1000 serveurs sont déjà installés sur les 10'000 attendus. Toute la chaleur accumulée par ces machines permettra, à pleine capacité, de chauffer, grâce au réseau de chauffage à distance des SIG, l’équivalent de 6000 logements. C’est bel et bien une première mondiale : un système fermé qui permet de revaloriser 100% de l’énergie utilisée sous forme de chaleur.

UN FONDATEUR ET DIRECTEUR STRATÉGIQUE

ATYPIQUE

Boris Siegenthaler a l’âme d’un grand enfant : tongs, short et t-shirt font partie de sa tenue quotidienne pour aller travailler dans son bureau de Carouge, qui ressemble plus à une aire de jeux qu’à une entreprise informatique. On y découvre un Hulk géant, un Spiderman suspendu, des télécabines, une tente de camping, une salle de réunion « cinéma », des plantes exotiques un peu partout avec un mur de photos rappelant tous les bons moments que les 250 employés, dont la moyenne d’âge est d’environ 30 ans, ont passé ensemble. L’idée du patron est de valoriser le travail tout en le rendant ludique. « Tout le personnel est lié par la sensation d’avoir de réelles responsabilités et un vrai impact dans la vie de millions d’utilisateurs dans le monde ». Les clients, amis et collaborateurs sont invités à célébrer les 30 ans de l’entreprise en septembre, un événement qui « transportera ses invités dans une dimension hors du temps » promet Boris Siegenthaler. L’entrepreneur ne cache pas sa fibre sociale. Il engage autant des autodidactes que des chercheurs ou des talents qui sortent des grandes écoles. L’entreprise emploie 100% de ses collabo-

Boris Siegenthaler et Marc Oehler, respectivement fondateur et CEO d'Infomaniak

rateurs en Suisse et ne délocalise rien. La société appartient à une part croissante de son personnel qui détient des actions.

« Nous voulons rester indépendants pour ne jamais avoir à faire de concessions sur la confidentialité des données et nos engagements écologiques et sociaux. »

Quant à sa fibre environnementale, il l’applique à titre personnel, notamment en ne circulant qu’à vélo, ayant renoncé aux voyages en avion depuis longtemps.

D’UN CLUB INFORMATIQUE

AU LEADER SUISSE DU DÉVELOPPEMENT DE TECHNOLOGIES WEB

De 1994 à aujourd’hui, Infomaniak a successivement été un club d’informatique, un magasin d’ordinateurs, un fournisseur d’accès Internet avant d’être un prestataire cloud reconnu dans toute l’Europe et le développeur leader de technologies Web en Suisse. L’entreprise a reçu le Prix Suisse de l’Éthique 2023 et le Prix du développement durable 2023 du canton de Genève pour son nouveau centre de données qui revalorisera intégralement l’énergie qu’il consomme pour chauffer des ménages. La mission d’Infomaniak est grande : elle vise à contribuer à l’indépendance technologique de l’Europe avec des solutions cloud éthiques qui ne font aucun compromis sur l’écologie et la vie privée. « Face au manque de lucidité des gouvernements qui optent pour des entreprises américaines ou chinoises et au lobbyisme des géants du Web qui monopolisent l’énorme majorité du marché du cloud, Infomaniak redouble d’efforts et réinvestit depuis 2015 ses bénéfices pour pérenniser son indépendance et accélérer le développement de technologies souveraines ».

Les solutions de l’entreprise spécialisée dans l’hébergement de sites Internet et le développement d’outils en ligne sont utilisées par des millions d’utilisateurs

en Europe, privés et publics. L’entreprise gère notamment le site de la Radio-télévision belge (RTBF) et assure le streaming de plus de 3000 radios et TV en Suisse et en Europe. Plus de 1000 partenaires techniques accompagnent leurs clients avec leurs solutions.

C’est sous la coopérative écoresponsable de la Bistoquette, actuellement en chantier mais dont l’inauguration est prévue pour l’été 2025, que le datacenter s’est installé à Plan-les-Ouates. Les 103 appartements et 1400 m2 de commerces détenus par une coopérative pourront bénéficier du système de chauffage à distance du datacenter. Le projet, qui se veut un exemple d’écologie, est suivi par le bureau d’architectes genevois ATBA, spécialisé dans les matériaux biosourcés et naturels. Sur ce chantier, le projet va très loin, avec des structures en bois -béton, des murs en béton de terre, du chêne genevois comme support structurel des balcons, un travail sur la biodiversité avec des arbres sur les toitures et des plantations sur les façades, ainsi que la valorisation des eaux usées.

30 ans d’expérience > 250 collaborateurs > 70% des effectifs en R&D

43 millions de chiffre d’affaires en 2023

3 centres de données en Suisse

100% énergie renouvelable certifiée

200% compensation des émissions de CO2

A terme, Infomaniak installera 10'000 serveurs dans son datacenter de Plan-les-Ouates qui permettront de chauffer 6000 logements.

DR
Thomas Jacobsen

UN DUO VISIONNAIRE DÉTERMINÉ À RÉINVENTER LA MOBILITÉ DOUCE

Anna Bory et Daniel van den Berg ont lancé Miloo en 2020, une marque de vélos électriques suisse qui allie performance, durabilité, innovation et sécurité.

En 2024, Miloo a dévoilé deux nouveaux modèles de vélos qui incarnent parfaitement son esprit d'innovation : le premier, l’Adventure Beast, a été développé en collaboration avec le skieur suisse Marco Odermatt. Disponible en 25km/h et en 45km/h, il se distingue par sa légèreté et ses performances. Le second, le Classy Infinite, conçu à partir d'aluminium recyclé grâce à un partenariat avec Nespresso, représente une avancée significative en matière de durabilité.

UN DUO DE CHOC

Anna Bory, cofondatrice de Miloo, incarne l'énergie et la détermination. Maman de trois enfants, elle a donné naissance à son dernier enfant seulement trois semaines avant notre rencontre. En 2020, avec son mari et associé, Daniel van den Berg, elle lance Miloo, une marque suisse de vélos électriques. Leur parcours professionnel les avait précédemment conduits en Chine, où l'essor des modes de transport doux leur a inspiré cette aventure entrepreneuriale. Anna, ancienne responsable

Adventure Beast, à partir de CHF 7'499.-
TEXTE [[[ Chantal de Senger

marketing chez Audi, et Daniel, passionné de vélo et expert en logistique, ont décidé de réunir leurs compétences complémentaires pour créer une marque à leur image. Après des années de carrières respectives en Chine et aux Etats-Unis, ils se retrouvent en Suisse et saisissent l’opportunité du boom de la mobilité douce pour lancer Miloo. La particularité de leur entreprise ? Elle propose des modèles de vélos électriques équipés de roues larges, offrant une meilleure stabilité sur les pistes cyclables et les routes souvent parsemées d’obstacles comme les rails de

«  LE S SUISSES ONT UN APPÉTIT POUR LES PRODUITS DE QUALITÉ  »

tram ou les bouches d’égout. Ainsi, Miloo se distingue par une approche axée sur la sécurité et le confort. Les vélos sont équipés de GPS intégrés, de clignotants pour éviter les manœuvres risquées, et d'un petit accélérateur pour faciliter le démarrage aux feux rouges.

OBJECTIFS DE CROISSANCE

L’entreprise a traversé des périodes difficiles, notamment avec la pandémie et la guerre en Ukraine, qui ont affecté le marché du vélo en Suisse, avec notamment des ventes qui ont chuté de 30% en 2022. Cependant, Miloo a su tirer son épingle du jeu en maintenant une légère croissance en 2023. Deux ans auparavant, la startup levait 2,5 millions de francs grâce à l’entrée d’investisseurs privés comme le groupe Brunschwig. Ces fonds ont permis à l’entreprise de renforcer sa position sur le marché suisse et de préparer son expansion internationale. Avec des ambitions de développement en Hollande et en Allemagne, Miloo se fixe pour objectif de multiplier par dix ses ventes annuelles, qui s'élèvent actuellement à environ 1000 vélos. Rappelons que l'assemblage des vélos est réalisé en Suisse, et que Miloo compte aujourd'hui 15 collaborateurs répartis entre Zurich, Berne, Lausanne et Genève. Le marché du vélo en Suisse représente 1,5 milliard de francs pour 200'000 vélos vendus. « Les Suisses ont un appétit pour les produits de qualité. Nous avons toute notre place dans ce marché en pleine croissance » estime Anna Bory. En effet, alors que 25% de la population circule à vélo à Berne et à Bâle, ce chiffre descend à 4% pour Vaud et à 8% pour Genève. Une grande marge de progression est ainsi envisageable dans ces deux cantons.

Classy Infinite by Nespressodisponible en 3 colorisà partir de CHF 6'499.-
Daniel Van den Berg et Anna Bory, co-fondateurs de la marque Miloo, avec Marco Odermatt, Ambassadeur.
Claudio Thoma

JAQUET-DROZ

« NOUS NE VENDONS PLUS DES MONTRES MAIS DES ŒUVRES D’ART »

Alain Delamuraz , ancien vice-président des montres Blancpain et fils de l’ancien conseiller fédéral vaudois , lance un défi au monde de l’horlogerie de luxe.

TEXTE [[[ Olivier Grivat

Bon vivant, chaleureux, amateur de bons vins et de bateau, ce sont les qualificatifs qui reviennent quand on évoque le nom du CEO de la marque chaux-de-fonnière Jaquet Droz. Alain Delamuraz a commencé dans l’hôtellerie après son passage à l’EHL, comme General Manager du Beau-Rivage Palace à Lausanne : « J’y avais organisé un évènement nautique avec Omega comme sponsor. Il faut croire que tout s’était bien passé, raconte le Vaudois, puisque Swatch Group, m’a demandé de rejoindre les rangs. J’y ai passé 18 ans comme vice-président exécutif de Blancpain au côté de Marc Hayek (le fils de Nayla Hayek, elle-même fille de Nicolas Hayek). » Hasard absolu, le siège administratif de Blancpain se situe à Paudex, aux portes de Lausanne, la commune où son grand-père – le père de Jean-Pascal Delamuraz, président de la Confédération - tenait un garage qui a été aussi sa maison natale.

Chez Blancpain, l’ancien hôtelier va organiser des évènements pour promouvoir la marque rachetée et relancée par Jean-Claude Biver en 1983. « En 17 ans, le chiffre d’affaires a été multiplié par 15 environ ». Il est ensuite nommé en 2021, en plein Covid, à la tête de Jaquet Droz, autre marque multi-centenaire du groupe Swatch. L’occasion forcée de se

remettre en question et d’imaginer pour Jaquet Droz une approche nouvelle, audacieuse et disruptive. Créée en 1738, trois ans après Blancpain, par Pierre Jaquet-Droz, la manufacture n’a jamais rien fait de faux, mais elle s’était peut-être un peu endormie. Dans la deuxième moitié

Livraison à domicile ! Le CEO Alain Delamuraz a pu remettre en mains propres à New York la montre commandée par le chanteur de rock américain Bon Jovi.

Des montres à gousset ou des montres bracelet uniques qui ressemblent à des œuvres d’art dessinées par les artistes de la maison. Des modèles floraux ou animaliers mais pas que…

Il faut beaucoup de patience et de dextérité pour orner le cadran d’autant de pièces uniques.

du XVIIIe, elle a fabriqué des horloges, des montres à gousset, des automates et des oiseaux chanteurs, réputés jusque dans les principales cours d’Europe, en Espagne, en Angleterre, en Russie et même en Chine.

UNE RÉVOLUTION

DANS L’HORLOGERIE

SUISSE

Avec l’arrivée d’Alain Delamuraz, l’heure a sonné d’un grand bousculement, un laboratoire de disruption où il a fallu examiner toutes les options possibles dans le monde de l’horlogerie classique. Adossée au Swatch Groupe, Jaquet Droz bénéficie de très bons mouvements (notamment Blancpain), mais il y a un monde entre une marque qui vend des montres à 35 ou 40'000 francs et Jaquet Droz qui ne vend désormais que des pièces à six chiffres ou même plus : « L’ADN de Pierre Jaquet-Droz était de se rendre chez l’empereur de Chine à la Cité interdite pour lui présenter des objets d’art indiquant l’heure et s’animant comme les fameux automates. Pierre Jaquet-Droz produisait la marque des rois, or qui est le client roi aujourd’hui ? C’est peut-être un peu arrogant de le dire, mais c’est le collectionneur pouvant acquérir une pièce unique à six chiffres ». Il a fallu revoir tout le réseau de distribution et supprimer 160 points de vente multi et mono-marque.

Le client peut même venir avec son jet privé posé sur le tarmac de l’aérodrome voisin des Éplatures. Ou constater à distance l’état de fabrication de sa montre grâce à un studio phygital (combinaison du physique et du digital) ultra-connecté avec six caméras 4K montées dans la nouvelle manufacture de La Chaux-de-Fonds. Désormais il n’y a plus qu’un seul point de vente et en francs suisses : la manufacture qui peut livrer dans le monde entier. Selon la complexité, il faut entre trois et douze mois pour fabriquer chaque pièce : « On respecte le client, le produit et l’artisan. On ne fait que du haut de gamme, pas du volume. C’est ainsi qu’Alain Delamuraz a pu convaincre les Rolling Stones de produire une montre différente par album. Et la livrer en mains propres à New York. Idem pour le chanteur de rock américain Bon Jovi. Il faut quelques mois pour produire une montre où le cadran est créé, dessiné ou gravé par les artistes de la maison : « J’encourage les artistes de notre maison à prendre le temps de perdre leur temps pour créer. Nous ne vendons plus des montres mais des œuvres d’art ».

Dans la nouvelle usine de la marque chaux-defonnière, le travail d’orfèvre peut prendre plusieurs mois, comme pour les modèles commandés par les Rolling Stones.

HEURE UNIVERSELLE RÉFÉRENCE 5330G

L’HEURE UNIVERSELLE ULTIME

La Nouvelle Heure Universelle référence 5330G de Patek Philippe est une invention qui révolutionne les montres de voyage. Et en plus, elle a le bon goût de porter du jean. Ou presque.

Oui, il est encore possible d’inventer de nouvelles choses en horlogerie. La preuve. Voici un modèle qui révolutionne les montres des voyageurs : la nouvelle Heure Universelle référence 5330G de Patek Philippe. Cette ingénieuse création horlogère permet de changer de fuseau horaire, d’heure locale et même de date d’une seule pression sur un poussoir. Nul besoin d’être horloger ou ingénieur pour en faire le meilleur usage lors de voyages au long cours.

La première Heure Universelle créée par Patek Philippe remonte aux années 1930. Elle avait été développée par le maître horloger genevois Louis Cottier pour répondre aux besoins des voyageurs à l’époque des premiers vols transatlantiques. Cette fonction n’a eu de cesse d’être améliorée au fil du temps et depuis les années 1950, il est possible de lire simultanément l’heure dans les 24 fuseaux horaires au moyen de deux disques mobilescelui des villes et celui des 24 heures - ainsi que l’heure locale grâce aux aiguilles centrales.

La Nouvelle Heure Universelle se distingue par une première mondiale brevetée : l’affichage de la date est mécaniquement couplé avec l’heure locale. Pourquoi est-ce inédit ? Parce que jusqu’à ce jour, lorsque le possesseur d’une montre à heure universelle dotée d’une date changeait de fuseau horaire, il devait régler indépendamment celui-ci et la date. Avec ce nouveau modèle, la date s’ajuste automatiquement. Ce qui fait dire à la manufacture que si Philéas Fogg avait porté la 5330G-001 au poignet, il aurait immédiatement su qu’il avait gagné son pari dans Le Tour du monde en quatre-vingts jours de Jules Verne et ne se serait pas perdu dans les fuseaux horaires. Outre ses particularités techniques, cette montre a le bon goût d’être belle. Son centre de cadran bleu-gris est orné d’un motif « carbone » qui se marie parfaitement avec son boîtier en or gris poli de 40 mm de diamètre. Quant à son bracelet, qui a l’air d’être en jean, il est en réalité fabriqué en cuir de veau bleu-gris avec un motif « denim » bordé de points de couture blancs. So chic.

TEXTE [[[ Isabelle Cerboneschi
«

J’AI COMMENCÉ À ORGANISER DES VENTES AUX ENCHÈRES POUR

VAINCRE CETTE TIMIDITÉ . »

Né à Bâle en 1951, Simon de Pury a grandi avec des rêves plein la tête : devenir une star du foot, du rock ou un artiste renommé. « Pelé, Paul McCartney et Picasso formaient ma sainte Trinité. » Mais le destin en décide autrement, le poussant vers sa véritable passion : l'art. En 1961, son père est muté à Tokyo pour diriger la branche japonaise de la compagnie pharmaceutique Hoffmann-La Roche. Le petit Simon est confié à des amis de la famille, les Bonhôte. De cette époque, il garde un souvenir tendre. Accueilli comme un fils, il est choyé dans cette famille de substitution. Mais ses parents lui manquent. Solitaire, il s’empreigne de l’effervescence culturelle de sa ville natale et passe des heures dans les musées, ce qui étonne son entourage. « Un soir, Madame Bonhôte me demanda où je venais de passer l’après-midi. Je lui répondis : à une exposition de Klee. Elle comprit « clés ». Peut-être me voyait-elle de l’avenir en tant que serrurier », s’amuse-t-il. Adolescent, Simon se lance dans l'étude du sumi-e à l'Académie des beaux-arts de Tokyo. « Tout le processus me fascinait, se souvient-il. Les pinceaux en bambou, véritables objets d’art, le papier washi, le plus beau du monde, et la complexité de la technique. » Malheureusement, ses tentatives de percer en tant qu'artiste sont accueillies par des refus secs de la part de galeristes new-yorkais à qui il présente son travail. Mais chaque échec est une opportunité de se réinventer : il troque ses pinceaux contre des études de droit. Nouvel abandon. « La faculté de Genève était d’un niveau bien trop difficile pour moi. » De retour à Bâle, sa mère, désespérée, appelle son vieil ami Ernst Beyeler : « Je ne sais plus quoi faire de ce garçon. Peux-tu m’aider ? » Le marchand d’art accepte : « Envoie-le moi. » Cette rencontre change tout. Avec un instinct pédagogique affuté, Ernst Beyeler décèle les aptitudes et aspirations de Simon. Il l'envoie faire ses armes à la galerie Kornfeld & Klipstein à Berne pendant trois mois, puis chez Sotheby’s à Londres pour un an. Ensuite, une autre année à New York, toujours chez Sotheby’s. Cette période d'apprentissage marque le début d'une ascension fulgurante dans le monde des enchères et des ventes d'art. En 1979, Simon de Pury est repéré par Hans Heinrich, baron Thyssen-Bornemisza, qui lui propose de devenir conservateur de sa collection, « la plus belle au monde, rivalisant seulement avec celle de la reine d’Angleterre ». Le Bâlois s’installe alors avec son épouse et leur fils à la Villa Favorita, à Lugano. C’est dans ce cadre

Simon de Pury s'apprête à frapper le marteau, marquant ainsi son empreinte sur le monde des enchères, qu'il a su transformer en un spectacle moderne et vibrant.

1951

Année de naissance

1979

Conservateur de la collection du baron Thyssen-Bornemisza

1986

Président de la branche suisse chez Sotheby’s 1997

Co-fondation de Pury & Luxembourg

2001

Pury & Luxembourg fusionne avec Phillips Auctioneers et devient Phillips, de Pury et Luxembourg

L'humour est fondamental dans la création artistique, nous dit Simon de Pury. « Il faut tout considérer comme un jeu, y compris la vie. Et l'humour permet de mettre une distance entre la vie et vous-même ».

enchanteur que le couple accueille trois autres enfants. Se remémorant ces années, l’émotion le gagne. « Grâce à Heini, j’ai rencontré à peu près tous ceux qui comptent en art, en politique, dans la finance et dans la société en général. Travailler pour Heini m’a aussi procuré une incroyable confiance, autant en mon propre goût qu’en mes talents de diplomate. Si je m’entendais avec lui, je pouvais m’entendre avec tout le monde. »

En 1986, Simon de Pury change de cap et quitte son poste de bras droit du baron pour retourner chez Sotheby’s. D’abord président de la branche suisse, il devient ensuite président de la zone Europe. Pendant les années 1990, il pilote toutes les grandes ventes de Sotheby’s en Europe, y compris celles des Thurn und Taxis à Genève et Ratisbonne, et la vente des Margraves de Baden-Baden. En 1994, il prend en charge toutes les ventes impressionnistes majeures à New York. Son talent de showman enchante les foules. Le public adore son charme et son humour, son chic décontracté, et ses petites sorties de route imprévues. En 1997, il prend un virage audacieux en co-fondant avec Daniella Luxembourg l'entreprise de conseil en art de Pury & Luxembourg Art à Genève. En 2001, cette société fusionne avec Phillips Auctioneers pour devenir Phillips, de Pury et Luxembourg, spécialisée dans la vente d'œuvres impressionnistes, d'art moderne et contemporain, de bijoux, de photographie et d'arts décoratifs des 20e et 21e siècles. Ses ventes spectaculaires et ses records établis font de lui une légende dans le monde de l'art.

EMILY IN PARIS

Aujourd’hui âgé de 73 ans, Simon de Pury déploie toujours l'énergie d'un jeune homme. Installé à Monaco depuis 2019, il partage son temps entre sa fille cadette, née de son deuxième mariage, et les grands événements culturels. Devenu une véritable icône, il apparaît régulièrement dans des émissions de télévision, jouant

«  L’IMPORTANT, C’EST DE GARDER L’ESPRIT OUVERT ET DE LAISSER PARLER SON CŒUR DEVANT CHAQUE ŒUVRE D’ART. »

souvent son propre rôle. Récemment, on l’a aperçu dans la série à succès Emily in Paris. « C'est l'un des rares Suisses connus du monde entier », dit de lui François Curiel, président de Christie's en Asie.

En tant que passionné d'art, Simon de Pury est également un grand collectionneur. Sa collection personnelle est un patchwork d'œuvres contemporaines et modernes, allant des figurines de Godzilla aux vases de Picasso, en passant par les lampes d’Olafur Eliasson et les tasses à café Spiderman. « Je trouve la beauté dans tant de choses », s'enthousiasme-t-il.

Lorsqu’on lui demande sa définition du beau, le commissaire-priseur rappelle qu’en art, il n’y a pas de vérité universelle. Les appréciations esthétiques sont subjectives. Comment pourrait-il en être autrement, alors que la même œuvre peut être perçue comme belle par certains et laide par d'autres ? « Je veux éliminer le préjugé selon lequel il faut être un expert en art pour avoir son propre avis. Si on peut exprimer spontanément ses émotions pour la musique en disant : « J’aime ça, ça me touche, ça me rend heureux », pourquoi ne serait-ce pas pareil pour l’art ? Mais l’art peut être intimidant. Les gens hésitent à donner leur opinion spontanée. Ils se sentent obligés d'adopter une approche intellectuelle face à une œuvre. » Et il conclut : « L’important, c’est de garder l’esprit ouvert et de laisser parler son cœur devant chaque œuvre d’art. »

Le CEO Albert Boghossian et le directeur artistique

de la cinquième et sixième génération. En 2008, la maison a inauguré son flagship store sur la prestigieuse rue du Rhône à Genève, suivi de boutiques à Londres, Hong Kong, Gstaad et Monaco. Alliant héritage artistique et artisanat suisse, la maison Boghossian réinvente les techniques anciennes grâce aux technologies de pointe, créant des bijoux qui défient les conventions.

Après des études en sciences politiques à l'Université McGill à Montréal, Dalia a travaillé à Hong Kong aux côtés du directeur artistique Edmond

BOGHOS SIAN

DInspirée par les influences orientales et occidentales ainsi que par l'artisanat suisse, la maison Boghossian est aujourd'hui reconnue pour ses créations exceptionnelles, atteignant des records aux enchères.

alia Boghossian Azzouz représente la sixième génération au sein de l’entreprise familiale. Elle supervise le branding, le digital, le développement produit, le concept des collections, les relations publiques ainsi que les shootings. « Nos objectifs sont nombreux et il reste tant à accomplir. La marque, bien que de niche et familiale, ne cesse de grandir. » explique la directrice marketing. « Notre différence réside dans l'innovation, notamment par nos techniques uniques d'incrustation des pierres. » ajoute la fille d’Albert Boghossian, le CEO. Fondée au cœur de la Route de la Soie en 1868 par son aïeul Ovaness Boghossian, la maison s'est spécialisée, avec le temps, dans les gemmes rares et exceptionnelles. Depuis plus de quarante ans, elle est établie à Genève, où elle est dirigée par les membres

TEXTE [[[ Chantal de Senger
Edmond Chin.
Dalia Boghossian Azzouz

Chin avant de revenir à Genève puis de suivre une formation au GIA (Gemological Institute of America) à New York. Cela fait maintenant sept ans qu'elle œuvre pour la maison Boghossian, avec pour mission de préserver les codes de la marque tout en insufflant une touche de modernité. « Nous souhaitons créer une collection iconique et innovante, où les pierres précieuses sont sublimées. Nous privilégions la qualité à la quantité, avec des pièces très exclusives. » La maison travaille avec des fournisseurs de confiance, et achète également des pierres aux enchères pour leur donner une seconde vie avec un design revisité explique la Genevoise. Les principaux marchés de Boghossian sont le Moyen-Orient, l'Asie et l'Europe Occidentale avec un développement en cours aux États-Unis. Aujourd'hui, la maison commence à se faire un nom parmis les experts. Ainsi, les bijoux Boghossian, recherchés par les collectionneurs, atteignent des prix records aux enchères mondiales. La maison détient notamment le record du prix par carat le plus élevé jamais atteint pour un rubis birman. Outre les pierres rares, Boghossian travaille également avec les « Big Four » : diamants, saphirs, rubis et émeraudes. Tous les bijoux Boghossian sont ensuite montés dans des ateliers en Suisse et en Italie sous la direction artistique d'Edmond Chin, un artiste visionnaire reconnu pour ses créations avant-gardistes, et en étroite collaboration avec Albert Boghossian. Lancée en juillet 2024, la nouvelle collection de haute joaillerie « Palace Voyages » s'inspire de 14 palais emblématiques d’Orient et d’Occident. Composée de 70 pièces uniques, cette collection a nécessité quatre années de création et représente une évolution dans le design de la maison. Les bijoux feront le tour des sept boutiques de la marque, dont les deux situées en Suisse, à Genève et Gstaad. Pour les Boghossian, « Sky is the limit » pour ce qui est de l'inspiration et de la créativité selon Dalia.

La nouvelle collection « Palace Voyages » s'inspire de 14 palais emblématiques d’Orient et d’Occident. Ici, la fameuse «Amber Room» située dans le Palais Catherine près de Saint-Pétersbourg.

«  N OUS PRIVILÉGIONS LA QUALITÉ À LA QUANTITÉ , AVEC DES PIÈCES TRÈS EXCLUSIVES »

LA VILLA EMPAIN, SIÈGE DE LA FONDATION BOGHOSSIAN À BRUXELLES

La villa Empain, siège de la Fondation Boghossian à Bruxelles, est un joyau de l'Art Déco. Située dans la capitale belge, cette somptueuse résidence privée a été conçue dans les années 1930 par l'architecte suisse Michel Polak et a fait l'objet d'une rénovation complète pour retrouver son éclat d'origine. La Fondation Boghossian, implantée dans ce lieu emblématique, poursuit une double mission : humanitaire et artistique. Sur le plan humanitaire, la fondation s'engage en Arménie, en Syrie et au Liban, où elle mène diverses actions d'aide et de soutien. Sur le plan artistique, la fondation décerne des prix à des artistes et architectes issus de ces régions, renforçant ainsi le lien

entre culture et engagement. La villa Empain accueille également plus de 85 000 visiteurs chaque année lors d'expositions mettant en lumière des artistes, des performances, des événements et des résidences d’artistes de tous horizons. Ces initiatives favorisent l'échange d'idées culturelles d'Orient et d'Occident et contribuent à faire de la villa Empain un lieu incontournable du dialogue interculturel à Bruxelles.

Sergey Bogomyako

ETAM EN SUISSE CONNAÎT UNE CROISSANCE FULGURANTE

La marque de lingerie française Etam connaît un essor remarquable en Suisse, avec son flagship genevois qui réalise le plus grand chiffre d’affaires à l’international, en dehors de la France. Cette performance souligne non seulement l'attrait des produits Etam, mais aussi l'efficacité de sa stratégie de développement sur le marché suisse.

TEXTE [[[ Chantal de Senger

Au cours des trois dernières années, Etam a triplé le nombre de ses boutiques et son chiffre d’affaires, illustrant sa croissance rapide et ses ambitions en Suisse. Selma Galland, la responsable du développement d'Etam en Suisse, a joué un rôle clé dans cette expansion. D'origine franco-tunisienne et résidente en Suisse depuis dix ans, elle a apporté son expertise après avoir travaillé pour des marques prestigieuses comme Intimissimi et Gucci Montres & Joaillerie. C’est en novembre 2019, qu’Etam contacte Selma Galland pour reprendre le développement de la marque en Suisse. À cette époque, la présence d’Etam se limitait à deux boutiques, quatre corners chez Manor et neuf points de vente Maison 123 (une marque du groupe). La pandémie de COVID-19 a provoqué une explosion des ventes en ligne, ce qui a

Points de vente d'ici deux ans, objectif de toutes les enseignes confondues

stimulé une croissance du chiffre d’affaires à trois chiffres. Profitant de cette dynamique, Etam a racheté la filiale suisse de Naf Naf en faillite à l'été 2020, ouvrant 14 nouveaux magasins en seulement trois semaines. Aujourd'hui, le groupe Etam en Suisse compte 16 boutiques en propre et 8 corners pour l’enseigne Etam, 9 points de vente pour Maison 123 et 2 boutiques Undiz, avec un objectif ambitieux de 45 points de vente d'ici deux ans, toutes enseignes confondues.

UN SAVOIR-FAIRE CENTENAIRE

Fondée en 1916, Etam est une entreprise familiale française, maintenant dirigée par la troisième génération. La marque se distingue par son savoir-faire en matière de dentelle française, avec des produits fabriqués en Asie et en Tunisie. Au fil des années, Etam a amélioré la qualité de ses articles, introduisant notamment de la lingerie en soie. Depuis quelques années, l’entreprise ne cesse

d'innover. En octobre 2021, la marque a lancé des culottes et tangas menstruels, un segment dans lequel la Suisse est devenue le marché numéro un. L'année suivante, des maillots de bain menstruels ont été introduits avec un grand succès. Etam propose également des soutiens-gorge post-opératoires en collaboration avec des cliniques, aidant ainsi les femmes à retrouver confiance en elles. L'initiative Etam Attitude vise à offrir une expérience en magasin agréable et inclusive, avec des écrans tactiles dans certaines cabines pour aider les clientes à trouver la taille idéale. En termes de responsabilité environnementale, Etam recycle les soutiens-gorge et les hauts de maillots de bain, offrant un bon de 10% en échange de chaque article ramené en magasin. Plus de 1000 soutiens-gorge sont ainsi récupérés chaque année et donnés à des associations locales pour être triés ou recyclés. De plus, une grande partie des produits sont réalisés à partir de matériaux recyclés et tous les articles sont étiquetés WeCare.

UNE PRÉSENCE

MONDIALE AVEC DES AMBITIONS LOCALES Avec une présence dans 57 pays, Etam est un acteur majeur du marché de la lingerie, la France étant son plus grand marché. En Suisse, 80% du chiffre d’affaires est réalisé en Romandie, mais la marque prévoit de développer le marché suisse allemand avec des efforts accrus de notoriété. Le flagship d'Etam à Genève, situé à Confédération Centre, est le magasin réalisant le plus grand chiffre d’affaires de la marque à l'international. Avec des ventes en ligne représentant 15% du chiffre d’affaires global et un objectif de 15 millions de francs suisses en 2024, la boutique de Genève symbolise le succès et les aspirations de la marque en Suisse. À la fin de l'année, une nouvelle boutique ouvrira à la gare de Zurich, renforçant encore la présence d'Etam dans le pays.

Le groupe Etam comprend plusieurs marques, dont Etam prêt-à-porter et lingerie, Livy, Maison 123, Undiz, et Ysé Paris.

DES SOINS DENTAIRES INNOVANTS DANS UN CADRE ACCUEILLANT

ETrois jeunes entrepreneurs dépoussièrent les cabinets dentaires traditionnels et révolutionnent les soins en les rendant accessibles à chacun.

TEXTE [[[ Chantal de Senger

n franchissant le palier du cabinet CHD (pour Clinique d’Hygiène Dentaire), situé non loin de Rive, on a l'impression d'entrer dans un espace éphémère amusant, cosy et tendance. Des couleurs pastel omniprésentes, une salle de jeux pour enfants, un espace bar et un coin café digne des meilleurs baristas, tout est conçu pour créer une ambiance agréable pour le patient venu recevoir des soins dentaires. Quant aux salles de traitements, elles sont super équipées et modernes, avec de grands écrans au plafond permettant de regarder le film

de son choix pendant les interventions. « Nous proposons également des casques à réduction de bruit, ou encore des serviettes chaudes parfumées à la fin des traitements. » explique Thainara Mascaro, l’une des trois fondatrices du désormais groupe CHD. Pour les plus anxieux, il est également possible de réaliser les interventions sous gaz hilarant ou anesthésie générale.

Une large palette de soins est proposée, allant du simple détartrage à l'alignement des dents, en passant par le blanchiment ou encore les implants. « Aujourd'hui, avoir de belles dents est essen-

tiel. Un beau sourire renforce la confiance en soi et démontre que l'on prend soin de soi, ce qui est impor tant tant au niveau social que professionnel. » poursuit Thainara. Cette ancienne assistante dentaire s’est associée avec deux médecins dentistes, Sofian Ameur et Robin Thomas, voilà 8 ans. Rapidement, ils lancent l’idée de rendre l'hygiène et la médecine dentaires plus accessibles et surtout moins traumatisantes. Leur credo : la prévention. En sept ans, ils ouvrent six cliniques entre Genève et Lausanne. Complètement indépendants, ils emploient 170 personnes, dont la plupart sont des médecins dentistes, et ne comptent surtout pas s'arrêter là.

Leur point fort : proposer à leurs patients des lieux attrayants et des formules avantageuses pour rendre les soins dentaires accessibles à tous. Les cliniques, disposant de huit à quatorze fauteuils, sont ouvertes tous les jours de 7h à 21h, permettant ainsi de réagir en cas d'urgence. « Nous collaborons avec plusieurs hôtels qui nous envoient leurs clients en situation critique », confirme Sofian Ameur. L'équipe a également installé des appareils ultra modernes. « Nous proposons des machines et des soins à la pointe de la technologie », poursuit Sofian Ameur. Parmi ceux-ci, l'utilisation de l'intelligence artificielle vient soutenir le travail des praticiens, notamment lors des radiographies. « Nous sommes les seuls en Suisse à proposer ces services ».

CHD propose plusieurs formules, Clean, Shiny ou Happy. Plus d’infos sur www.cliniquehygienedentaire.ch/fr

L’ARTISANAT

AU SERVICE DE LA PÂTISSERIE GENEVOISE

Entre tradition et modernité, le Meilleur Ouvrier de France nous parle de ses enseignes, de ses défis et de sa vision pour l'avenir de la pâtisserie à Genève.

CHRISTOPHE

Installé depuis 7 ans à Carouge, Christophe Renou a récemment ouvert quatre enseignes à Genève : à la rue des Eaux-vives, aux Halles de Rive, à Plainpalais et à Veyrier. Avec son laboratoire carougeois, ses cinq boutiques et son école de pâtisserie pour amateurs et passionnés de douceurs, l’artisan emploie au total 25 collaborateurs. La transmission et le partage font, en effet, partie intégrante de son amour du métier. Ambassadeur des Chocolats Villars à Fribourg, le Meilleur Ouvrier de France 2015 est également co-fondateur du Cook’n’show, plus grand événement culinaire de Suisse romande qui a lieu chaque année à Palexpo. Rencontre.

RENOU

Parlez-nous de votre actualité… Nous avons récemment changé notre signalétique pour « RENOU Genève ». Nous prévoyons d'ouvrir un sixième établissement, qui pourrait proposer des places assises, mais il est encore trop tôt pour en parler. Notre priorité est d'asseoir notre marque et notre identité.

Vous avez 5 enseignes et êtes indépendant. C’est rare pour un commerçant… Oui, nous n’avons pas d’investisseur. Nous sommes arrivés à Genève il y a 7 ans et avons beaucoup travaillé pour nous adapter à la clientèle genevoise, qui apprécie à la fois la modernité et la tradition. Le terrain n’est jamais conquis, il faut toujours faire preuve d’humilité et d’intégration. Ayant travaillé 5 ans dans le canton de Vaud, je connaissais déjà la mentalité suisse.

Certains pâtissiers comme Cédric Grolet sont devenus de véritables stars aujourd’hui. Faut-il être présent sur les réseaux sociaux et dans les médias pour exister dans le monde de la pâtisserie ?

Oui, les réseaux sont un outil important et accessible à tous. Ce serait dommage de ne pas s’en servir. Je reste cependant très local, cherchant à faire rayonner la pâtisserie à Genève. Un pâtissier "star" à Genève ne fonctionnerait pas selon moi.

Qu’a changé le titre de MOF que vous avez obtenu en 2015 ?

Ce titre change le regard des autres et amène des responsabilités en termes de savoir-être et savoir-faire. Il ouvre également des opportunités et apporte une pression positive.

Genève connait un véritable engouement pour les pâtissierschocolatiers depuis 5 ans. Comment l’expliquez-vous ? Il y a des chocolatiers historiques à Genève comme Martel, Rohr ou Zeller. De nouveaux chocolatiers-pâtissiers se sont installés il y a quelques années et ont proposé des desserts plus modernes et identitaires. C’est indispensable pour se démarquer.

Comment vous démarquer-vous d’ailleurs ?

Nous avons choisi d'être un peu différents en créant des pâtisseries aux goûts traditionnels et rassurants dans un univers reconnaissable. Lors du Gonet Geneva Open, Djokovic a remporté un match le jour de son anniversaire et a reçu un énorme gâteau de chez nous, que plusieurs clients ont reconnu. C’est ce que je souhaite : une identité forte et reconnaissable qui provoque des émotions.

Avec la tendance de manger moins sucré, avez-vous fait évoluer vos pâtisseries ?

Depuis dix ans, nous avons diminué le sucre et le beurre dans nos pâtisseries. Nous retravaillons les recettes sans substituts, cherchant à plaire à tous.

Quels sont vos plus gros défis?

Le plus difficile est d'évoluer tout en maintenant la qualité de nos matières premières malgré la pression économique et l’inflation. Nous ne sacrifierons pas la qualité pour améliorer nos marges. Tout provient de Suisse et nous respectons les saisons pour nos ingrédients.

Comment innover encore dans la pâtisserie ?

On peut revisiter des pâtisseries traditionnelles de manière moderne, comme nous l'avons fait avec le caraque genevois, en y ajoutant du praliné pistache pour une touche de couleur verte.

Le métier de pâtissier fait-il encore rêver ?

Oui, même si la réalité est différente. C’est un métier passionnant mais exigeant, qui nécessite de la passion et de l’engagement.

De quoi rêvez-vous encore ?

Mes deux rêves étaient d'obtenir le titre de Meilleur Ouvrier de France et d'ouvrir une boutique. Les deux se sont réalisés, mes rêves sont devenus réalité.

TEXTE [[[ Chantal de Senger
Tout
Choc 70%
Enroulé Fraisier

UN RESORT ART DECO AU SERVICE DES GOLFEURS

Club Med vient d’inaugurer la réouverture de son hôtel Ermitage à Vittel après dix mois de travaux. Edifié en 1928-1929 dans un style Art Déco, ce palace a été restauré avec beaucoup de respect. Situé à côté du Golf Vittel Ermitage, ce boutique hôtel de 132 chambres vise aussi les amateurs d’équitation puisqu’il se situe au cœur des Vosges.

TEXTE [[[ Serge Guertchakoff

Dans les chambres, le massif des Vosges a été reproduit avec de la feuille d’or. L’intervention la plus audacieuse est sans doute la création d’une véranda en demi-cercle, située sur l’ancienne terrasse, face au parcours de golf.

Difficile de rester insensible au charme de ce lieu. Le Club Med Vittel Ermitage rappelle le chic et le charme des lieux de villégiature des années 1930. En effet, sa construction avait été confiée en 1928 à Fernand César, avec un style anglo-normand à l’extérieur et Art Déco à l’intérieur.

Fil rouge conducteur rappelant le style Art Déco, la présence de mosaïques, à la fois à l’extérieur et à l’intérieur, que ce soit pour indiquer le nom de l’hôtel, l’emplacement antérieur du clubhouse ou, plus généralement, la décoration des salles de bain. Menée sous la houlette de l’Agence Prost, spécialisée en architecture d’intérieure, la rénovation entendait à la fois respecter les éléments classés et aménager 28 nouvelles chambres, principalement au 5e et dernier étage, décorées dans un esprit plus contemporain, mais reprenant les mêmes touches de couleur : le vert et l’or.

Ce qui frappe, une fois à l’intérieur, c’est le double escalier monumental dessiné par l’architecte Jean Prouvé, dont le parrain n’était autre que le maître verrier

Emile Gallé, fondateur de l’Ecole de Nancy en 1901, fer de lance de l’Art nouveau en France. Boiseries d’origine, plafonds ornés de moulures, délicatesse des frises

Art Déco. Une grande partie du mobilier a été simplement restauré afin d’être réutilisé. La principale intervention récente est

l’installation d’une véranda, côté golf, de forme arrondie, qui s’insère parfaitement bien dans ce site. Relevons que le chantier aura duré près de dix mois et représente un investissement de 15 millions d’euros.

RESTAURANT LOCAL

Disposant d’une hauteur sous plafond d’environ 5 mètres, les espaces communs du rez ont été particulièrement soignés. Ainsi, le restaurant dispose de 262 places, réparties de manière très aérée. Le graphisme du feuillage a été retravaillé, avec des touches Art Déco et des revêtements muraux acoustiques. Quant aux produits proposés, le terroir des Vosges bénéficie d’une mise en avant, que ce soit via son miel, les produits de boulangerie, mais aussi de charcuterie.

NOMBREUSES ACTIVITÉS

Idéalement situé pour pratiquer le golf, cet hôtel propose différentes formules très avantageuses pour sa clientèle. Créé en 1905, le Golf Club du Vittel Ermitage propose depuis 1930 un dix-huit trous assez techniques, d’une longueur totale de 6236 mètres avec un Par 72. Puisqu’il se situe au-dessus des nappes phréatiques du parc thermal de Vittel exploité par Nestlé Waters depuis 1992, aucun produit phytosanitaire n’est utilisé pour son entretien. Idem pour l’hippodrome voisin d’ailleurs.

Parmi les autres activités proposées, outre l’équitation, mentionnons le tennis (6 courts en terre battue) et le vélo avec des vélos Gravel inclus dans

la formule all inclusive. Inspiré du vélo de route, du vélo de rando et même du cyclocross, le Gravel permet de rouler sur tous les terrains.

Quant aux thermes de Vittel, ceux-ci sont partiellement à l’arrêt. Le groupe France Thermes, qui exploite déjà cinq autres sites en France, a l’ambition de créer le 1er Eco Resort thermal et touristique à Vittel, après la transformation des Thermes, du Grand Hôtel et du Palmarium. Ce dernier devrait s'achever en 2026 pour devenir Le Grand Spa des Vosges. L’ensemble s’inscrit dans le projet Vittel Horizon 2030 porté par trois collectivités, le Club Med et France Thermes, et deux banques (la Banque des Territoires et le Crédit Agricole Alsace-Vosges).

Plus d'informations sur www.clubmed.ch

L’ORIGINE DE VITTEL

C’est à un avocat républicain que l’on doit la « création » de la station de Vittel. Condamné à la déportation en Algérie pour avoir soutenu activement le candidat malheureux contre Louis-Napoléon Bonaparte aux élections présidentielles de 1848, Louis Bouloumié (1812-1869) fut plusieurs fois incarcéré, puis expulsé du territoire français. Gravement malade des reins, du foie et de l’estomac, il sera autorisé à revenir pour effectuer des cures à Contrexéville, village voisin de Vittel où les vertus des eaux était réputée dès 1774. En 1854, ce dernier entend parler d’une source jaillissant dans un pré à Vittel. Après avoir acheté le terrain, il est autorisé à l’exploiter. A partir de 1860, il l’agrandit avec un hôtel et un parc. La station thermale de Vittel voit le jour. Son fils Ambroise (1843-1903), puis son petit-fils Jean (1878-1952) et enfin sa petite-fille Germaine (18851981) en poursuivront le développement. Finalement, ce sera le neveu de Germaine, Guy de la Motte-Bouloumié qui va faire entrer Nestlé au capital de la Société générale des eaux minérales de Vittel en 1969.

Ustin Paquay

VILLARS-SUR-OLLON

LA DESTINATION ALPINE DEVENUE INCONTOURNABLE

Grâce à l'acquisition de quatre établissements hôteliers emblématiques par deux investisseurs suisses, la station vaudoise s'élève désormais à un nouveau niveau de prestige.

TEXTE [[[ Chantal de Senger

Située à 1258 mètres d'altitude au cœur des Alpes vaudoises, Villars-sur-Ollon s'impose petit à petit comme le nouveau « place to be » pour ceux qui recherchent un parfait mélange de nature, de luxe et d'expériences culturelles. Avec ses 135 kilomètres de pistes de ski, de sentiers de raquettes et de pistes de luge, ce charmant village alpin offre une expérience hivernale exaltante. En été, un parcours de golf 18 trous, des sentiers de randonnée et des pistes de VTT attendent les passionnés de sport et les amoureux de la nature.

Le Villars Alpine Resort (VAR) est au cœur de cette transformation. Récemment acquis par les entrepreneurs visionnaires Marco Dunand et Jérôme de Meyer, le VAR se compose de quatre hôtels récemment rénovés – le Villars Palace, le Chalet RoyalAlp Hôtel & Spa, le Victoria Hôtel & Residence, et le Villars Lodge – offrant un total de plus de 400 chambres. Ces établissements sont bien plus que de simples lieux de séjour ; ils sont des portes d'entrée vers des expériences culturelles, artistiques et de loisirs inoubliables. Avec 11 restaurants et

bars, 21 salles de réunion, de conférence et d'exposition, 3 centres de bien-être, une grande salle de bal et le plus ancien théâtre des Alpes, le VAR s'adresse à tous les goûts et tous les budgets.

Dunand et de Meyer partagent une vision commune de l'industrie hôtelière, où l'éducation, la culture et le développement durable se marient harmonieusement. Ils s'engagent à être des pionniers de la transition énergétique et de la durabilité, en soutenant activement diverses initiatives écologiques au sein de leurs propriétés. Leur engagement envers l'innovation se manifeste également par l'ouverture de la Villars Palace Academy, une école hôtelière destinée à former les futurs leaders de l'hôtellerie, de la restauration et du marketing.

Que vous veniez pour ses opportunités sportives exceptionnelles, sa beauté naturelle sereine ou ses riches offres culturelles, Villars-sur-Ollon, avec ses hébergements luxueux et ses initiatives avant-gardistes, promet une expérience unique en son genre.

L’ÉPI

LA RENAISSANCE D’UN MYTHE TROPÉZIEN

Peu de personnes connaissent L’Épi Plage, pourtant ce club a façonné la légende de St-Tropez depuis sa création en 1959. Bien avant que les restaurants branchés mettent les projecteurs sur le célèbre village du Var, l’établissement accueillait toute la jet set française pour des fêtes mémorables et sans limite. Ce sont les entrepreneurs Pierre Castel –également fondateur du mythique club parisien – et Albert Debarge qui sont à l’origine de ce lieu où l’on croisera rapidement Charles Aznavour, Gilbert Becaud, Claude Brasseur et, plus tard, Brigitte Bardot ou encore Catherine Deneuve. Dans un ouvrage rédigé en 2019 par Frédéric Mauch, « L’Épi Plage, une saga tropézienne » on y découvre que l’Épi exigeait alors de ses membres « fantaisie, romantisme et bonne humeur ainsi que l’élégance sans le snobisme. » L’établissement devient rapidement « le lieu de rencontre le plus en vogue » de la Côte d’Azur où les paradis artificiels ne sont pas tabous. Dès la première saison, Paris Match écrit même « Saint-Trop’ est fini : Épi Plage le remplace ». Durant plusieurs décennies, une véritable communauté vit intensément dans ce club situé sur la plage de Pampelonne avec une philosophie qui est « la vie est courte, l’ennui l’allonge, la fête est primordiale ». Les lieux attirent par la suite des milliardaires tels que Giovanni Agnelli, Aristote Onassis ou encore Gunther

TEXTE [[[ Chantal de Senger
Elia Kuhn Photographe

PLAGE

Idéalement situé sur la plage de Pampelonne, ce haut lieu des fêtes tropéziennes a été racheté par un milliardaire américain qui entend en faire le nouveau rendez-vous des afficionados de l’hospitalité sur mesure .

Elia Kuhn Photographe

Plage possède neuf chambres-bungalow. La terrasse du restaurant est désormais ouverte aux non-membres.

LA VIE EST COURTE, L’ENNUI L’ALLONGE, LA FÊTE EST PRIMORDIALE ...

Sachs. « Je suis devenu l’endroit où il faut être, celui où se pressent vedettes et fêtards » écrit Frédéric Mauch. La légende de l’Épi se forge ainsi durant de nombreuses années. Le club privé devient un QG arty où se mélangent artistes, hommes politiques, hommes d’affaires ainsi que princes et princesses. C’est même là qu’Alain Page trouvera son inspiration pour écrire le roman « La Piscine », qui servira de scénario au film éponyme de Jacques Deray avec Romi Schneider, Jane Birkin et Alain Delon.

En 1971, L’Epi est vendu au couple Wolfang et Shahla Mauch. Ils transforment alors l’établissement pour en faire une sorte de refuge en décalage avec les restaurants branchés de Pampelonne et leur avalanche de décibels. Le couple veut en faire une oasis protégée du monde malgré les enceintes toujours plus puissantes qui envahissent la plage. Visionnaire, la famille installe avant tout le monde des panneaux solaires, le tri organique et l’élimination du plastique. L’Épi comprend alors neuf bungalows, deux piscines, deux courts de tennis et un restaurant.

En 2018, le club est racheté par l’entrepreneur américain Frank McCourt pour un montant estimé à 27 millions d’euros. Ce dernier a acquis deux

L'Epi
Elia Kuhn
Photographe

ans auparavant l’Olympique de Marseille. En 2024, il a fait une offre d’achat pour acquérir le réseau social TikTok. Le milliardaire, qui a fait fortune dans l’immobilier aux Etats-Unis, a acquis les lieux parce qu’il est amoureux de la Côte d’Azur, mais également parce qu’ils avoisinent le Longines Athina Onassis Horse Show, un concours hippique prisé des jetsetteurs où son épouse Monica Algarra concourt.

Après de nombreux mois de travaux et plusieurs millions d’euros investis pour réhabiliter l’établissement, L’Épi Plage, flambant neuf, a rouvert ses portes en mai 2024. Situé à côté de Nikki Beach, ce petit écrin comprend aujourd’hui neuf bungalows de luxe, un restaurant, deux courts de tennis en terre battue synthétique, parrainés par John McEnroe – qui vient chaque été jouer et chanter avec son épouse pour les clients chanceux - . « L’Épi est aujourd’hui le seul établissement où l’on peut se rendre à la fois en bateau, en voiture et en hélicoptère. » s’amuse à raconter le directeur des lieux Aliaume Margeon. En effet, non loin de là se trouve une piste d’hélicoptère accessible pour les clients. « Dans le même esprit que le club d’origine, L’Épi se veut un endroit décontracté, avec une hospitalité sur mesure, informelle, élégante, discrète, chaleureuse, sans artifice et sans horaire imposé » ajoute le professionnel. On peut ainsi prendre son petit-déjeuner à 13h ou son dîner à 22h. Sur le plan gastronomique, c’est justement le chef Paolo Amadori qui est aux commandes pour la saison 2024. Et pour la première fois, le restaurant du club est ouvert à la clientèle extérieure.

Afin que l’Épi puisse garder au mieux son authenticité et son ambiance anticonformiste, la famille McCourt a fait appel à l’architecte d’intérieur Monica Damonte et au paysagiste californien Madison Cox pour l’enjoliver. Ainsi, la décoration des bungalows fait la part belle aux matières naturelles, aux textures boisées et aux couleurs claires. Chaque chambre possède son patio et sa douche d’eau extérieure. Outre les deux piscines de 20 mètres chacune, l’Épi propose des cours de yoga sur un deck face à la mer, un espace de fitness avec coachs privés, des activités en plein air tels que VTT, paddle et randonnées. L’hôtel possède également un petit SPA avec une salle pour la cryothérapie et une autre pour des soins du corps.

Toutes les célébrités se sont rendues durant des décennies à l'Epi Plage comme Brigitte Bardot et Johnny Hallyday.

Cette année, c'est le chef italien Paolo Amadori qui est aux commandes du restaurant de l'Epi Plage.

Elia Kuhn
Jean-Pierre

NANA PRINCESS SUITES, CRÈTE

QUAND LA TRANQUILLITÉ RENCONTRE L’EXCELLENCE

«UAu nord de l’île de Crète, entre la mer scintillante et les Montagnes

Blanches Lefka Ori, l’hôtel

Nana Princess Suites, Villas & Spa offre une expérience familiale unique dans un cadre féerique propice à la détente.

TEXTE [[[ Amanda Castillo

Informations et réservations sur www.littleguest.com

n hôtel qui mérite la création d'une sixième étoile!», « La perfection a un nom, le Nana Princess », ou encore « Simplement inoubliable ». Les commentaires dithyrambiques affluent sur Tripadvisor, où le Nana Princess Suites, Villas & Spa a été élu « Best of the Best » pour l’année 2024. Des éloges amplement mérités. Construit en 2018, situé à seulement 39 km de l’aéroport d’Héraklion, cet établissement unique et sublime – l’un des plus recommandés au monde par le Guide Michelin ! – est un lieu à part, hors du temps, comme il en existe de plus en plus rarement. À l’arrivée, ce qui frappe immédiatement le visiteur en quête de ressourcement est le calme omniprésent. Ici, le chant des cigales rythme la sérénité des ruelles qui sillonnent ce centre de villégiature, où les petites voitures qui circulent sont toutes électriques et

silencieuses. On nous informe que l’hôtel accueille en ce mois de juillet plus d’une centaine de clients. Pourtant, les ruelles sont presque vides. C’est aussi ça, la magie du Nana Princess. L’architecture de l’hôtel a été conçue pour offrir un maximum de tranquillité. « Chaque suite et villa est judicieusement disposée pour que même en haute saison, la sensation d'intimité et de calme reste intacte », détaille Stavros Apostolakis, Group Operations Manager.

INSTALLATIONS ET SERVICES

HAUT DE GAMME

Les 107 suites et villas, toutes orientées vers la mer et construites sur un seul étage, allient subtilement pierre noire locale et bois doux, s’intègrant harmonieusement dans le paysage crétois parsemé d'oliviers et de bougainvilliers. Décorées dans des tons sable, chacune

dispose d’une piscine privée surplombant la mer. Certaines offrent également un sauna, un hammam et une salle de sport et de jeux. Les amateurs de domotique et de gadgets électroniques seront comblés avec des luminaires intelligents, un miroir de salle de bain se transformant en télévision grand-écran, un contrôle individuel de la température de la piscine, et même une douche avec chromothérapie imitant la pluie. Avec un tel confort, les clients en oublieraient presque le spa de l’hôtel. Pourtant, ce serait dommage, car les installations santé et bien-être sont l’un des atouts majeurs de ce petit paradis. Un soin exclusif Star Sign, un peu de renforcement musculaire, puis une plongée dans la piscine intérieure éclairée aux ultraviolets… voilà ce qu’on appelle le bonheur. En plus des piscines privées, le Nana Princess propose plusieurs piscines à débordement ainsi qu’une plage privée, où les clients peuvent se détendre et profiter du soleil crétois. Côté table, deux restaurants gastronomiques ravissent les papilles avec des assiettes garnies de cette cuisine crétoise saine et colorée, classée au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Les clients séjournant dans les villas exclusives peuvent également profiter d'un repas en chambre ou demander à un cuisinier privé de créer un menu sur mesure.

UN PARADIS

POUR ENFANTS

Si le calme est souvent recherché par les adultes, il peut vite ennuyer les enfants. Heureusement, à quelques mètres du Nana Princess Suites, une porte en bois discrète dévoile une atmosphère bien différente. L’hôtel Nana Golden Beach, également cinq étoiles, abrite l’un des meilleurs clubs pour enfants de la région, comme en témoigne le prestigieux label Little Guest. Avec ses deux pataugeoires, son parc aquatique avec toboggans, sa mini disco et une équipe d’animation proposant spectacles et chasses aux trésors, il promet des jour-

Les chambres avec piscines privées donnent sur la mer Égée. Ici, le bleu céruléen du ciel, de la mer et de la piscine se confondent.

nées pleines de jeux et de découvertes. « Pendant que les enfants s’amusent en toute sécurité, les parents peuvent profiter des installations de l’hôtel en toute tranquillité », résume Jérôme Stefanski, fondateur de Little Guest. À noter pour ceux qui souhaitent séjourner au Nana Golden Beach : ce complexe entièrement rénové offre des chambres et bungalows en bordure de plage, sept piscines dont deux extérieures avec jacuzzis, des courts de tennis, un spa, sept restaurants à la carte (grecs, japonais et italiens), six snack-bars, deux amphithéâtres avec spectacles et musique live et des soirées grecques folkloriques. Tout un programme…

Au Royal Wellness Spa, plusieurs fois couronné depuis son inauguration, détente et beauté sont les maitres mots. Dans un design remarquable et somptueux, les clients se voient proposer des soins relaxants et revitalisants à partir de produits purs et naturels.

DR

CHIC

UNE VILLE À LA HAUTEUR

TEXTE [[[ Michèle Lasseur

PLa capitale de l’Illinois est une ville aux multiples facettes qui allie modernité et héritage architectural. Let’s go !

etite cousine de New-York certes, mais en plus aérée, plus verte et plus conviviale. Rien de mieux qu’une croisière pour admirer la plus belle skyline des Etats-Unis. Être assise sur le pont et sentir la puissance des gratte-ciels qui enserrent le fleuve. Embarquement sous la Tour Trump (3 plots empilés) et départ sur la rivière Chicago qui… ne coule plus dans le bon sens (vers le lac Michigan) !. Je découvre une forêt de verre, d’acier et de béton, des gratte-ciels aux écailles de glace...

La Tribune Tower (1929) sur le Magnificent Mil fut le siège du Chicago Tribune et des bureaux de CNN jusqu’en 2018. Radieuse et presque royale s’élance la Trump Tower (1973), plus loin le Carbide&Carbon Building (1929) un exemple d’art déco, granit noir et finitions en feuilles d’or converti en hôtel en 2004. Le trajet dure 75 minutes et les touristes ont tout le temps d’admirer les édifices conçus par Mies van der Rohe, Louis Skidmore et la John Hancock Tower équipée d’une antenne d’observation de 304 mètres.

Skyline, vue panoramique sur Downtown Chicago.

Passé les poutrelles métalliques de Wabash Avenue, les tours jumelles de Marina City (1964), signées

Bertrand Goldberg, confirment le penchant de Chicago pour l’excentricité : ces tours cylindriques à alvéoles ont été surnommées les « épis de maïs », céréale du Middle West. Et ça y ressemble !

MONTER AU CIEL ET…

SAUTER DANS LE VIDE

Il faut une minute pour atteindre la plateforme d’observation au 103 e étage pour une expérience à la Willis Tower… Et oser avancer dans la cage de verre suspendue à 412 mètres. On s’approche du bord et c’est presque un saut dans le vide. Cette géante perce la skyline avec le lac Michigan en toile de fond. Idéal pour une demande en ma -

riage. Achevée en 1973, elle est surmontée de 5 tubes qui ressemblent à des cigarettes presque sorties d’un paquet.

Retour sur terre, marcher c’est la seule façon d’appréhender la ville, dans le quartier du Loop et Magnificient Mile. L’école de Chicago a mis au point l’utilisation de l’acier dans la construction des gratte-ciels. L’Art déco ensuite fait des merveilles. THE ROOKERY, « le nid de corbeaux » (209 South LaSalle St.), est le plus ancien gratte-ciel de Chicago. Ce bâtiment en briques et granit rouge fut réaménagé en 1905 par Frank Lloyd Wright. Doté d’une charpente métallique, il annonçait de nouvelles techniques de construction avec un patio central couvert d’une verrière (un exercice de style sur le thème du « puits de lumière »). Un escalier double Oriel s’étire du 2e au 12e étage.

Buckingham fountain, dans Grant Park (Edward H. Bennett, 1922).

AGO

The Rookery Building réaménagé par Franck Lloyd Wright en 1905.

On peut suivre les traces du père de la Prairie School, « dans le Midwest, nous vivons dans la prairie » … Ce mouvement né à Chicago s’inspire des grands espaces et intègre la nature à l’habitat. Direction la Robie House (volumes horizontaux et toitures débordantes), située au 5757 South Woodlawn Av. sur le campus de l’université de Chicago. Elle fut conçue pour s’adapter à tous les désirs de modernité et de confort d’un industriel. Frederick C. Robie. Ce fabricant de bicyclettes et de voitures voulait une demeure hors norme. Terminée en 1910, la Robie House prônait le lien entre l’architecture et la nature.

En 2018, année de célébration du centenaire de l’état, elle fut désignée comme l’un des 200 grands lieux de l’Illinois par l’American Institute of Architects (AIA). Wright n’a pas toujours eu bonne presse dans l’Amérique corsetée de puritanisme des années 1920 : 3 femmes, 2 maîtresses… too much.

PASSER SOUS LA PORTE DES NUAGES

Le « Cloud Gate » (Porte des Nuages) dans le Millenium Park est le symbole de la ville. Il représente une boule de mercure liquide mais ressemble à un gros haricot, ce qui lui a valu le surnom de « Bean ».

Ce miroir argenté géant, posé sur le sol est le lieu le plus instagrammé de Chicago. Imaginé par le sculpteur britannique Anish Kapoor, il réfléchit des distorsions, et suscite des vocations de photographe. Le thème : reflet de la ville, de la skyline et des nuages…

En face du Millenium Park, un ancien club de sport privé est devenu le Chicago Athletic Hotel. Johnny Weissmuller est en photo sur la carte magnétique de ma chambre. Le futur Tarzan hollywoodien, y fut maître-nageur… avant de remporter 4 médailles (dont 3 en or) en finale du 100 m et du 4 x 200 m aux J.O. de Paris en juillet 1924. Il avait 18 ans. De la terrasse sur le toit (Cindy’s rooftop) au 13e étage, on domine mieux la situation pour voir le « Cloud Gate » sous un autre angle en sirotant un cocktail.

Robie House concu par F.L. Wright dans le style Prairie Houses.

Cloud Gate, « the Bean », miroir en forme de haricot géant dans le Millenium Park, 2006.

Avec plus de 570 parcs, Chicago est un petit New-York en plus green. Sur le Loop (La Boucle), on découvre des œuvres d’art : « le monument à la bête debout » de Jean Dubuffet près de l’Hôtel de Ville ou la statue en acier « Unknown » de Picasso sur Daley Plaza. On a le droit de l’escalader et de s’en servir de toboggan. Avant d’aller esquisser quelques pas de danse à Dearborn Street et de gagner la station de métro Van Buren. Facilement reconnaissable, avec une entrée de métro, entourage Guimard, style art Nouveau, offerte en 2003 par la

PRATIQUE

L’agence Voyageurs du Monde organise des séjours à la carte aux Etats-Unis – Chicago archi et la région des Grands Lacs. www.voyageursdumonde.ch www.cruisechicago.com

Mairie de Paris.

FOODIE

Surnommée « la ville aux épaules larges », Chicago a le goût de la bonne chère. Le bœuf maturé est une référence… sa célèbre équipe de basket s’appelle d’ailleurs « Chicago Bulls ». West Loop a transformé ses usines et ses abattoirs en restaurants étoilés, boutiques design ou clubs privés. Le Soho House, ancien entrepôt frigorifique où étaient accrochées les carcasses de bœuf est aujourd’hui l’immeuble Google tout en verre.

VIVRE COMME

AU TEMPS DE LA PROHIBITION

On peut ensuite aller boire un verre à Old Town et pousser la porte du Twin Anchors. Au temps de la prohibition (1920-1933), le Twin Anchors était un « speakeasy » : on y servait de l’alcool, avec un mot de passe, derrière une petite porte dérobée verte, d’où le nom de « Green Door Tavern ». On s’assoit devant un bar en bois tout en longueur qui date de 1900 pour déguster les meilleurs « ribs » de la ville.

Franck Sinatra (un habitué) les appréciait tout en passant quelques coups de fil discrets à table. Son téléphone se trouve toujours dans la banquette qu’il occupait au fond du restaurant.

De 1893 à 2007, ce fut un club privé réservé à ses membres. Les designers Roman & Williams lui ont apporté une note contemporaine. Avec ses 240 chambres et suites et un clin d’œil à son passé sportif, ce boutique-hôtel propose 7 restaurants et bars, dont le Cherry Circle Room et une liste de vins du monde entier. Salles de réception historiques avec vue sur le lac Michigan. A partir de 150 € la nuit.

www.chicagoathletichotel.com

ff Flamingo, créé par Alexander Calder, 1974, sur la Federal Plaza.
f Métro aérien, the Loop.
Chicago Athletic Association, The Unbound Collection by Hyatt

BOL D’OR

MIRABAUD

Les 15 et 16 juin derniers, les invités de Mirabaud et un public toujours plus large ont pu profiter d’une édition sensationnelle du Bol d’Or Mirabaud avec départ sous spi et une arrivée des vainqueurs dans l’après-midi grâce à des conditions météo de rêve. Cette année, 355 équipages ont pu finir la course – bien plus que les années précédentes. Yann Guichard, barreur de Sails of Change 8, a remporté la plus grande régate au monde en bassin fermé de justesse devant un autre TF35 : Realteam for Léman hope, barré par Jérôme Clerc. Le Bol de Vermeil attribué au premier monocoque est revenu au jeune Alexandre de Weck sur le Lüthi 1420 K2. En cette 85e édition du Bol d’Or Mirabaud, la banque genevoise célébrait sa dernière année de partenariat après vingt ans de soutien à la Société Nautique de Genève et au monde de la voile.

TEXTE [[[ Chantal de Senger

TROPHÉE CHOPARD 2024

TEXTE [[[ Chantal de Senger

Sophie Wilde et Mike Faist récompensés

Le 17 mai dernier à Cannes, l’actrice américaine Demi Moore a remis le Trophée Chopard à deux acteurs dont la carrière est prometteuse. Cette année, ce sont Sophie Wilde et Mike Faist qui ont reçu la précieuse récompense au cours d’une cérémonie riche en émotions dans le cadre idyllique du Carlton Beach Club sur la Croisette.

TOTAL LOOK RALLIES

Plongez dans la magie des année s 90 le temps d’un week-end

Inscriptions : www.sro-motorsports.com/total-look-rallies

Le Total Look Rallies est un voyage extraordinaire dans le passé, rassemblant des voitures d’exception produites dans les années 1960, 1970, 1980 et 1990. Cette nouvelle édition, dont le départ est prévu aux alentours de Genève le 27 septembre, promet d’être aussi passionnante que celles des années précédentes. Au programme, concours d’élégance, concours photos, visites de sites uniques, remise de prix prestigieux, dîner de gala et soirée très festive à l’Evian Resort. Les véhicules éligibles sont ceux produits entre le 1er janvier 1990 et le 31 décembre 2000, mettant ainsi à l’honneur les années 90.

TEXTE [[[ Chantal de Senger

GONET GENEVA OPEN

Le Norvégien Casper Ruud soulève pour la troisième fois le trophée du tournoi genevois.

TEXTE [[[ Chantal de Senger

Le Gonet Geneva Open de tennis a définitivement acquis ses titres de noblesse à l’occasion de l’édition 2024 qui s’est tenue du 18 au 25 mai dernier. La venue de Novak Djokovic, no 1 mondial et depuis peu champion olympique, a donné des airs de Roland-Garros au Tennis-Club de Genève qui a fait le plein pendant toute la semaine dans le formidable écrin du Parc des Eaux-Vives. Vainqueur en finale contre le Tchèque Tomas Machac et fidèle du tournoi, le Norvégien Casper Ruud a ainsi réalisé le coup du chapeau après ses victoires de 2021 et 2022. L’aventure continue : sponsor-titre du tournoi depuis 2021, la banque Gonet a annoncé à l’issue de la finale qu’elle prolongeait son engagement jusqu’en 2027. Le prochain rendez-vous est déjà donné en mai 2025 !

Jean-Luc
Auboeuf
Jean-Luc Auboeuf

BÉNÉDICTE MONTANT

La Genevoise Bénédicte

Montant a fondé 3BM3 avec Carmelo Stendardo en 2000, un atelier d’architecture qui emploie 40 personnes dont une majorité de femmes. L’entreprise gère de nombreux projets, de la planification urbaine au mobilier. Le bureau vient de terminer un immeuble de logements à la route

de la Capite (Vésenaz, GE) ainsi qu’un immeuble rue de Lyon (GE) dont la silhouette modifie le skyline de la ville en direction du Jura. 3BM3 vient par ailleurs de gagner un concours avec Losinger Marrazzi pour un centre de formation professionnel pour électriciens à Yverdon. Par ailleurs, il s’occupe de réaliser 56 logements à Vandoeuvres avec le groupe Swissroc.

La maison de vos rêves ?

C’est une maison des années 1930 aux formes épurées, très géométriques et à la présence forte. Une maison qui m’obligerait à choisir parmi mes objets et à réfléchir à leur juste place. Je pense particulièrement, puisque le luxe de cette liberté m’est donné, à la maison d’Eileen Grey E-1027 à Roquebrune-Cap-Martin ou à la Villa Malaparte à Capri. Toutes deux sont dans des environnements sublimes, face à la mer. J’imagine que je préférerais y séjourner en hiver, lorsque les éléments naturels sont plus forts.

Plutôt chalet à la montagne ou villa en bord de mer ?

Les deux, mais très en marge des lieux fréquentés et surtout… hors saison !

Une destination en Suisse ?

C’est une question très difficile pour moi car j’aime infiniment la Suisse, dans sa grande diversité. Cela pourrait être le village de Vrin dans les Grisons ou de Vals au milieu d’une nature sublime. Ce dernier abrite de remarquables réalisations architecturales contemporaines dont la délicate modestie leur permet une intégration parfaite au lieu. J’aime aussi infiniment la ville de Bâle et la région du lac des 4 Cantons. Mais si je ne devais choisir qu’un endroit, ce serait la Gruyère…

Qui cuisine à la maison ?

Moi, moi et moi…

Votre recette fétiche ?

Le poulet « Marmar ». Il s’agit d’un poulet rôti à la crème, une recette de ma maman. Elle a été enrichie par chaque génération et n’a jamais le même goût d’une maison à l’autre… J’y rajoute, par exemple, souvent, de l’estragon et/ou quelques épices rapportées de voyage. Sinon, j’aime la cuisine italienne, à base de jolis produits et d’huile d’olive.

Plutôt nappe ou table brute ?

A nouveau, j’aime les deux… Diversité fait beauté. Je peux construire une table brute, décorée d’épices, de morceaux de bois, de

TEXTE [[[ Chantal de Senger

feuillages et de cailloux. Mais j’apprécie particulièrement les nappes et serviettes anciennes ainsi que la porcelaine fine et les verres de Cristal. J’aime chiner ces merveilles aux puces et l’idée de leur réemploi. Je me surprends souvent d’ailleurs à imaginer leurs anciennes vies… A qui ont-elles appartenu ? Quels évènements ont-elles portés ? Quelles conversations ont-elles entendues ?

Désordre ou bien rangé ?

Désordre foisonnant mais organisé, je vis dans un cabinet de curiosités permanent, que ce soit chez moi ou dans mon bureau.

Chien ou chat ?

Un chien. Un très grand chien même. Ma famille vivait à la campagne et nous avons toujours vécu avec des animaux. Les chiens étaient considérés comme des animaux de ferme et ne rentraient jamais à l’intérieur, ils vivaient dehors. Ils étaient pourtant, pour mon frère et moi, les meilleurs des compagnons et des confidents.

L’un d’entre eux venait nous chercher tous les jours à l’école, de sa propre initiative. Il parcourait un kilomètre au bord de la route et s’asseyait à chaque passage de voiture. C’était un bouvier bernois prénommé Barry. Je n’ai malheureusement plus de chien pour l’instant.

Votre couleur de mur favorite ?

Le vert céladon, le rouge parme, le bleu russe, le gris cendre, le jaune safran, le rose Mountbatten… j’aime les couleurs et les noms qu’on leur donne.

Qu’appréciez-vous le plus faire chez vous ?

J’aime cuisiner et j’adore lire.

Bains ou douches ?

J’éprouve un plaisir infini à prendre un grand bain lorsque je rentre fatiguée. J’allume des bougies, je mets de la musique et je peux rester des heures ainsi.

Parquet ou moquette ?

Parquet ! J’en aime la matière, la vie et les bruits. Le bois au sol appelle naturelle -

«  POUR MOI , LE PRESTIGE EST L’ÉQUILIBRE

ET LA CLARTÉ DANS LES

ACTIONS.

ment la question du tapis qui est un objet de grand intérêt à mes yeux, mais que je ne connais pas assez.

Combien de jours par semaine télétravaillez-vous ?

Je télétravaille un peu tout le temps mais sans régularité. Autrement dit je suis toujours un peu en contact avec ma vie professionnelle et il m’arrive d’effectuer des travaux « de fond » chez moi, mais je suis très régulièrement à mon bureau, cependant à des heures parfois un peu « chinoises » car je suis maintenant libérée des horaires.

Vous êtes plutôt soirée télé à la maison ou dîner arrosé chez des amis ?

Alors, évidemment, dîner arrosé chez des amis… ou chez moi ! Je ne regarde que très peu la télévision, par manque de temps et par méconnaissance de ce qu’elle propose.

Avez-vous la main verte ?

Malheureusement pas jusque-là… mais je commence à parler aux plantes et il me semble que cela fonctionne.

Votre fleur/plante préférée ?

J’aime infiniment les renoncules, les pivoines et les marronniers.

Ou rêveriez-vous de prendre votre retraite ?

En Italie.

Votre architecte fétiche ?

Je pourrais dire Charlotte Perriand, tant pour sa carrière que pour son parcours de femme. Mais il y en a tellement d’autres…

Votre livre de chevet actuel ?

« Mon maître et mon vainqueur » de François-Henri Désérable.

Le comble du « Prestige » pour vous, c’est quoi ?

J’ai cherché la définition exacte du mot et elle est la suivante : « Attrait particulier de ce qui impose le respect ou l’admiration ». Pour moi c’est l’équilibre et la clarté dans les actions.

»
Projet de logements en zone villa, route de Vandœuvres.
En cours de construction.

CAHIER IMMOBILIER

GENÈVE

[ 79 ] John Taylor

[ 80 ] Grange Immobilier SA

[ 82 ] Bory

[ 84 ] Pilet & Renaud Transactions SA

[ 86 ] Lac Tower

[ 87 ] Naef Prestige Knight Frank

90-96

VAUD

[ 90 ] Barnes International Realty

[ 94 ] HÊME Luxury Realty SA

[ 95 ] Naef Prestige Knight Frank

[ 96 ] Groupe Comptoir Immobilier

97-98

99 79-89

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[ 97 ] Groupe Comptoir Immobilier

[ 98 ] Barnes International Realty

VALAIS BERNE

[ 99 ] CF Immobilier Compagnie Foncière SA

SURFACE : 248 m 2 • TERRASSE : 34 m 2 • 3 CHAMBRES • VUE PANORAMIQUE CHF 5’900’000 • Réf . V1284GE

Corsier

SUPERBE DUPLEX EN ATTIQUE • Situé dans un immeuble Minergie de 2013 dans une résidence de standing au calme et proche des commodités du village, cet appartement offre une vue imprenable sur le lac et le Jura. D'une surface PPE totale de 320 m², complété par 79 m² de terrasses, il se distingue par ses volumes généreux, ses grandes baies vitrées et une verrière en toiture qui baignent l’intérieur de lumière naturelle. Composé de 8 pièces, dont 4 chambres à coucher et 4 salles d’eau, il dispose d’une cuisine d’appoint au 2e étage et d’une cuisine ouverte avec ilot central en attique. Deux caves et deux places de parking intérieures complètent ce bien d’exception. Prix de vente CHF 5'750'000 .-

4 chambres
pièces
m2

Genève-Plainpalais

APPARTEMENT RÉNOVÉ AVEC GOÛT • Cet appartement de 7 pièces dont 4 chambres, rénové en 2016 situé à quelques pas du parc des Bastions, idéalement positionné au centre-ville, offre un accès facile à toutes les commodités. Ce bien d'exception se distingue par ses pièces de vie spacieuses et lumineuses, offrant de jolies échappées sur la promenade de la Treille et le Salève. Situé au 5e étage, il bénéficie d'un accès privatif par ascenseur et dispose d'une surface PPE de 194 m², agrémentée de deux balcons totalisant 9,5 m². Pensé pour une famille, l'appartement propose de nombreux rangements et de vastes espaces de vie en enfilade. Toutes les chambres donnent sur une cour intérieure paisible, assurant tranquillité. Une cave complète ce bien unique. Prix de vente CHF 2'980'000.-

4 chambres 7 pièces 194 m2

CHOULEX

EXCEPTIONNELLE PROPRIÉTÉ DANS UN HAVRE DE PAIX Au cœur de la campagne genevoise, avoisinant de vastes champs ainsi que le charmant village du Carre d’Aval, cette splendide propriété baignée de lumière et implantée sur une parcelle d’environ 5’000 m 2 offre un cadre de vie exceptionnel. Composé de plusieurs bâtiments, dont une maison forte datant du XVIII ème siècle, l’ensemble a été entièrement rénové avec des matériaux de qualité en 2010.

Réf 35548

Prix sur demande

CHOULEX

EXCEPTIONAL PROPERTY IN A PEACE HAVEN This splendid bright property is located in the heart of the Geneva countryside, close to fields and the charming village of Carre d’Aval. It is set on a plot of approximately 5’000 sq. m. and offers exceptional living conditions. It consists of several buildings including a main house dating back to the eighteenth century. The lot was fully renovated in 2010 using quality materials.

Ref 35548

Sale price upon request

Exclusivité : Villa de 9 pièces avec piscine Conches

Cette maison est nichée dans un magnifique parc arboré de multiples essences.

La villa a été construite dans les années 80 et offre une surface utile d'environ 550 m² Elle s'étend sur une parcelle de 805 m² et offre des espaces bien aménagés avec une piscine intérieure, un jardin privé et une vue dégagée sur le vaste parc de la copropriété.

This house is nestled in a beautiful parc planted with many trees.

The villa was built in the 1980s and offers around 550 sqm of living space. It extends over a plot of 805 sqm and offers well-appointed spaces with an indoor swimming pool, a private garden and uninterrupted views over the condominium's extensive parc.

Prix sur demande

Price on request

Exclusif : Villa familiale avec piscine Veyrier

Cette villa jumelle profite d'un emplacement privilégié à l'abri des nuisances, en bordure de champs agricoles, à proximité des écoles et à seulement dix minutes du centre-ville de Genève

La propriété est idéalement orientée et profite d'une parcelle de plus de 700 m²

Elle jouit de 4 chambres à coucher ainsi que de beaux espaces de réceptions, répartis sur environ 285 m² utiles.

This semi-detached villa enjoys a privileged location on the edge of agricultural fields, close to schools and just ten minutes from Geneva city centre.

The property is ideally orientated and benefits from a plot of over 700 sqm. It has 4 bedrooms and spacious reception rooms, spread over around 285 sqm of usable floor space.

Prix sur demande

Price on request

LAC TOWER

6 appartements vendus plus que 9 de disponibles

A VENDRE AU CŒUR DU QUARTIER DES EAUX-VIVES :

15 appartements neufs de 4,5 pièces de 138 m2 à 189 m2, avec terrasse, loggia ou balcon.

1 attique exceptionnel de 295 m2 avec terrasse de 180 m2.

Finitions extrêmement luxueuses et de très haut standing.

Vue exceptionnelle très dégagée tout autour du bâtiment.

Localisation extraordinaire (AAA) à proximité immédiate de la nouvelle gare de Genève EauxVives (Airport) et de ses commerces 7/7 (60m), des lignes de bus et de tramway 12 et 17 (70m) et de la nouvelle Comédie de Genève (100m).

Sans aucune nuisance sonore, accès par une impasse très peu fréquentée.

Grandes hauteurs sous plafond de 2,80m.

Équipement domotique haut de gamme.

Ouverture automatique de toutes les portes d’entrées grâce à la reconnaissance faciale.

Construction Minergie, haute performance énergétique HPE.

Bâtiment en phase d’achèvement, avec une livraison prévue pour septembre 2024.

ARCHITECTES : ATELIERS JEAN NOUVEL ET DJ ARCHITECTES ASSOCIÉS

Adresse prestigieuse | Constructions THPE | Surfaces totales intérieures allant de 485 m² à 523 m²

Espace wellness privé (salle de fitness, hammam, vestiaire) | Jardins privés paysagers avec piscines extérieures

Luxueuses prestations et ascenseur privatif | Parking souterrain sécurisé PRIX

COLOGNY (GE)

CONCHES (GE)

Une collection d'Hôtels Particuliers au

design ultra contemporain

Parcelles de 480 m² à 1’120 m²

SBP totales allant de 574 m² à 667 m²

Luxueuses finitions

Constructions THPE (Très Haute Performance Energétique)

TERRE-SAINTE

LUXUEUSE VILLA CONTEMPORAINE

Réf. BA-120928

Prix : sur demande

Carole Coutaz 022 737 17 36 carole.coutaz@barnes-suisse.ch

De style contemporain, cette réalisation d'architecte de très haut standing profite d'une luminosité omniprésente. Dotée de 5 chambres en suite, et d’un appartement indépendant, elle dispose d’un bel espace détente avec spa, home cinéma, cave à vin et son bar. Terrasses, piscine, garage pour 5 voitures.

BARNES : achat, vente, projets neufs, location résidentielle – www.barnes-suisse.ch

MOUDON

BIEN D'EXCEPTION AU CŒUR DU CHÂTEAU DE BILLENS

Réf. BA-122222

Prix : CHF 1'180'000.-

Andrea Riccio 024 425 44 44 andrea.riccio@barnes-suisse.ch

Vivez l'exception au Château de Billens à Moudon : 150 m² d'élégance intemporelle, alliant charme historique et modernité raffinée. Parquets d'époque, cuisine et salle de bains luxueuses. Jardin commun de 1'800 m². Un cadre de vie unique dans un lieu empreint d'histoire.

BARNES : achat, vente, projets neufs, location résidentielle – www.barnes-suisse.ch

PULLY

PROPRIÉTÉ DE MAÎTRE À FORT POTENTIEL

Réf. BA-122508

Prix : sur demande

Jean-Marie Legrottaglie 078 628 18 21 jean-marie.legrottaglie@barnes-suisse.ch

Véritable lieu d’inspiration pour sa nature et sa position dominante sur le port de Pully, cet authentique témoin de l’histoire pulliérane est constitué d’une villa individuelle d’environ 200 m² bâtie au cœur d’un parc centenaire et intimiste de 4’200 m². Selon le règlement de construction, des droits à bâtir d’environ 2’200 m² permettraient la construction de plusieurs logements distincts voire d’une vaste propriété de Maître.

BARNES : achat, vente, projets neufs, location résidentielle – www.barnes-suisse.ch

CLARENS

MAGNIFIQUE PROPRIÉTÉ DE MAÎTRE AVEC VUE UNIQUE

Réf. BA-114750-G

Prix : sur demande

Charles Howard Morgen 079 388 82 83 charles.morgen@barnes-suisse.ch

Cette maison de maître de 14 pièces, érigée en 1906, s'étend sur environ 1400 m². Perchée sur une parcelle d’environ 4800 m², elle offre une vue majestueuse sur le lac et les montagnes. Entièrement rénovée avec des matériaux haut de gamme, elle allie confort moderne et charme historique. Son jardin paysager magnifiquement entretenu vient compléter ce bien d'exception.

BARNES : achat, vente, projets neufs, location résidentielle – www.barnes-suisse.ch

CHÂTEAU LE ROSEY | BURSINS (VD)

Somptueux château du XIIIe siècle avec domaine viticole

Le Château Le Rosey est situé dans le village de Bursins, hissé au rang des plus beaux villages de Suisse. Le domaine du Château Le Rosey est surplombé par quatre hectares et demi de vignes s’étendant en pente douce vers les premiers contreforts boisés du Jura.

Plus de 69’000 m² de parcelle | 10 cépages cultivés

Plus de 1’700 m² de surface habitable | 22 pièces

Somptueuse

propriété de Maître avec vue sur le Léman

Sumptuous mansion property with panoramic views of Lake Geneva

Prix sur demande

Réf : 38842_2

Entourée d’un havre de verdure qui se déploie avec majesté sur un vaste domaine avec piscine, une demeure historique de 602 m2, datant de 1817, se dresse, reflet d’une maîtrise architecturale alliant avec finesse le charme ancestral à l’élégance du design contemporain. Rehaussée par une annexe historique, cette propriété rénovée avec soin, captive par sa présence intemporelle et son panorama saisissant.

Surrounded by a lush haven that unfolds majestically over a vast estate with a swimming pool, a historic residence of 602 sqm, dating back to 1817, stands as a testament to architectural mastery, seamlessly blending ancestral charm with contemporary elegance. Enhanced by a historic annex, this meticulously renovated property captivates with its timeless presence and breathtaking panorama.

Nyon, Vaud, Suisse

Majestueux chalet familial à Crans-Montana

Majestic family chalet in Crans-Montana

Prix sur demande

Réf : 84943729

Située au cœur des Alpes suisses, à Crans-Montana, cette somptueuse propriété jouit d’un cadre exceptionnel, à quelques minutes des nombreuses commodités et activités offertes par cette prestigieuse destination. S’étendant sur environ 900 m² et réparti sur trois niveaux desservis par un ascenseur, le chalet propose des espaces généreux à chaque étage.

Located in the heart of the Swiss Alps, in Crans-Montana, this sumptuous property enjoys an exceptional setting, just minutes away from the numerous amenities and activities offered by this prestigious destination. Spanning approximately 900 m² and spread over three levels served by an elevator, the chalet offers generous spaces on each floor.

Crans-Montana, Valais, Suisse

CRANSMONTANA

SUPERBE CHALET

Réf. BA-122574

Prix : CHF 4'350'000.Marc d’Andiran 027 485 42 02 marc.dandiran@barnes-suisse.ch

Exclusivité. Située au calme, à 5 minutes du centre de Crans, cette propriété, profite d’une vue magnifique sur la plaine du Rhône et les montagnes. Au bénéfice de 5 chambres réparti sur 4 niveaux, le chalet a été rénové en 2024 avec des matériaux de haute qualité. Vente en résidence principale.

BARNES : achat, vente, projets neufs, location résidentielle – www.barnes-suisse.ch

cf@cfimmobilier.ch

026 921 05 05

Propriété d’exception

Chalet de 420 m2 habitables

Cadre intime et paisible dans un quartier proche du centre

Vue panoramique et ensoleillement optimal

Spacieux jardin et terrasses

Espace de réception avec piste de bowling

Garages et nombreuses places de parc Prix sur demande

RENSEIGNEMENTS : www.cfimmobilier.ch

CF Immobilier Compagnie Foncière SA

Rue du Village 40 1659 Rougemont +41 (0)26 925 10 00

info@cfimmobilier.ch

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