Tout l'immobilier Valais - Sion surfe sur la vague

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Novembre 2021

Edition Valais

M E N SU E

immobilier.ch

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Actualité · Immobilier · Commerce · Emploi · Gastronomie

Hawaï-sur-Rhône

SION SURFE SUR LA VAGUE

E-paper

La première édition valaisanne est lancée

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Actualité

Avec le Moxy, Sion double sa capacité hôtelière 10-13

Commerce

Philippe Blanc, personnage éclatant de Verbier 18-21

Alaïa Bay est un bassin ouvert depuis mai près de Sion. Une machine à vagues bluffante unique sur le continent. Rencontre avec son fondateur Adam Bonvin. 4-7


gion Genève Ré 27 sept - 3 oct 2021

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toutimmo.ch

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NOUVEAU

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Edition Valais Novembre 2021

Par Serge Guertchakoff Rédacteur en chef

SOMMAIRE 4-13 Actualité Alaïa Bay est un bassin de surf ouvert depuis mai près de Sion. Une machine à vagues bluffante Gookay, la start-up de service à domicile qui mise sur la proximité et le haut de gamme Avec le Moxy, Sion double sa capacité hôtelière

14-17 Dossier De l’utilité des outils numériques dans la gestion locative. Synthèse d’un travail de bachelor

18-21 Commerce Personnage éclatant de Verbier, le fromager Philippe Blanc contribue depuis quarante ans à la vitalité de la région

22-23 Emploi et formation Trois méthodes pour prévenir les conflits internes au sein de l’entreprise.

24-25 Gastronomie Hommage à Louis Villenveuve, ambassadeur de la salle au célèbre restaurant de Crissier

Éditeur: IMMOBILIER.CH SA Rédacteur en chef: Serge Guertchakoff DA et maquette: Agence EtienneEtienne Publicité: info@immobilier.ch Tél +41 22 307 02 20 Impression: CH Media Print AG Edition hebdomadaire • Genève Région: tirage 143’000 ex. envoi ePaper 40’000 ex. Editions mensuelles • Vaud: envoi ePaper 40’000 ex. • Valais: envoi ePaper 10’000 ex. • Fribourg-Berne: envoi ePaper 10’000 ex. • Neuchâtel-Jura: envoi ePaper 6’000 ex. Toutes les éditions sont disponibles sur immobilier.ch

UNE ÉDITION VALAISANNE MENSUELLE Chose promise, chose due. Voici quelques semaines, nous avions annoncé notre intention de lancer prochainement un «Tout l’Immobilier» mensuel dédié à chaque canton. L’édition valaisanne, que vous avez sous les yeux, se veut uniquement digitale, sous forme e-paper. En effet, sa mise en page respecte strictement le nouveau graphisme de l’hebdo genevois du même nom. Rappelons très brièvement que le titre «Tout l’Immobilier» est né en 1998. A l’époque, ses actionnaires sont dix régies immobilières, essentiellement genevoises (la seule exception étant Rytz à Nyon), ainsi que le rédacteur en chef Thierry Oppikofer. L’union faisant la force, en 2021, ceux-ci ont vendu leurs actions à la société Immobilier.ch, laquelle regroupe quelque 120 agences et régies immobilières de toute la Suisse romande, y compris les dix régies genevoises. Comme vous pourrez le constater à la lecture de ce premier numéro, l’ADN de «Tout l’Immobilier» ne se cantonne pas uniquement à ce secteur, malgré ce que notre nom semble indiquer. Dès le début de cette aventure, ce média avait en effet souhaité traiter des questions liées à l’emploi et à la formation. Nous avons choisi de perpétuer cette tradition éditoriale. De même en matière de sujets culturels, il est arrivé et il arrivera encore que nous vous présentions des articles traitant d’un spectacle ou d’un nouveau livre. Outre l’apparition d’une rubrique gastro, le principal changement réside dans notre envie de suivre aussi l’actualité du commerce, ceci à l’heure où le rouleau compresseur de la vente en ligne asphyxie progressivement les arcades. Or, dans tout village ou centreville, il faut absolument des commerçants pour faire vivre ces lieux. Les seuls locaux occupés par des services de l’administration ne peuvent suffire à donner une âme à nos cités. Mais que l’on ne s’y méprenne pas: «Tout l’Immobilier» ambitionne de couvrir le mieux possible l’actualité immobilière de votre quartier, de votre ville, que ce soit en matière d’aménagement ou de nouvelles constructions. Bonne lecture.

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Actualité

Sport de glisse

HAWAÏ-SUR-RHÔNE Près de Sion, Alaïa Bay est une base de surf organisée autour d’une machine à vagues bluffante. Le groupe éponyme en fait une destination typée sports d’action.

Adam Bonvin, fondateur du groupe Alaïa. LDD

A

laïa est né à la suite d’un voyage qu’avait effectué le fondateur de la société Alaïa, Adam Bonvin, à Hossegor, en France. Cette expérience lui avait donné l’envie d’acclimater l’atmosphère du surf en Suisse afin de partager les valeurs qui lui sont associées. Le nom d’«Alaïa» lui-même a été emprunté aux premières planches utilisées par les Hawaïens. De nombreuses autres disciplines de glisse, comme le skate ou le snowboard découlent de cette activité. Il avait donc paru normal à l’entrepreneur valaisan de reprendre cette appellation pour créer des lieux dédiés à la pratique des sports d’action. L’Europe accourt Avec un petit mois de report dû à la pandémie en cours, Alaïa Bay a ouvert ses portes en mai 2021 à l’issue de deux ans de travaux. Plus de 20 millions ont été investis dans l’aménagement de ce site qui se trouve à l’est de Sion, au cœur du domaine bourgeoisial verdoyant des Îles. «Sur le plan commercial, nous avons eu un excellent été. En onze mois d’exploita-

tion, nous avons enregistré 100’000 sessions. Nos clients viennent de toute la Suisse, mais aussi du reste de l’Europe, avec des villes comme Munich et Milan en tête», explique Vincent Van Laethem, le CEO du groupe. Une préouverture concluante L’une des clés du succès a consisté à

faire tester ce printemps les installations à des stars du monde de la glisse, comme le légendaire véliplanchiste Robby Naish ou de grands noms d’autres disciplines comme le snowboardeur Pat Burgener, le skieur Loïc Meillard et le pilote de F1 Lance Stroll. La stratégie était d’utiliser cette phase pour régler les ultimes détails tech-


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Edition Valais Novembre 2021

Le premier bassin de surf d’Europe continentale. Des vagues similaires à celles de l’océan. LDD

La Suisse compte 40’000 licenciés, soit un beau réservoir de clients

niques et pour obtenir la validation des équipements par des sportifs de référence. Peu dangereux, le surf est, partant de là, appelé à séduire un large public. La météo n’est en plus pas un obstacle, les pratiquants sachant s’adapter à tous les types de conditions (l’eau n’est pas chauffée à Sion). Notre pays compte à lui seul 40’000 licenciés,

soit un réservoir de clients potentiels intéressant. Le choix de la capitale valaisanne pourrait par contre sembler surprenant. Pourquoi pas Lausanne ou Zurich? «Notre groupe entend créer une véritable destination avec un concept multisites et multisports. Le Valais offre ces conditions dans un périmètre réduit et dans un cadre >>

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Le site situé à l’est de Sion. Plus de 20 millions de francs ont été investis. LDD

naturel d’exception», complète Vincent Riba, Directeur de la communication d’Alaïa. De fait, cette implantation évite de devoir prendre l’avion pour se rendre à l’autre bout du monde afin de pratiquer son sport, les vagues sédunoises étant similaires à celles de l’océan. Quasi unique Cet avantage est renforcé par le fait qu’Alaïa Bay n’a que deux concurrents en Europel: Bristol, en Anlgeterre, (avec la même technologie «Wavegarden Cove») et Snowdonia au Pays de Galles (qui utilise une technologie plus ancienne). Face à son succès précoce, le groupe prévoit de se développer ailleurs à terme, mais en préservant son ADN: pas question de franchisations, mais bien plutôt de lieux dont Alaïa sera l’opérateur. Une manière de ne pas favoriser l’émergence de concepts concurrents. La cohérence du concept Démocratiser la vague constitue l’horizon de cette société qui gère également des shops, des restaurants et des camps de vacances. Les sports d’action étant en pleine croissance, cet objectif est d’ores

et déjà en passe d’être atteint. A Sion, un système de réservation directe en ligne facilite les formalités pour acheter une session. Et si des inquiétudes liées à la météo devaient se faire sentir, une webcam permet aux clients de découvrir en temps réel quelles sont les conditions locales. Enfin, des cours de tous niveaux sont proposés, le matériel pouvant être loué sur place. Cette offre à 360 degrés boucle de la sorte la boucle. François Praz

Des cours de tous niveaux sont proposés. LDD www.alaiabay.ch


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Un groupe florissant En 2015, Adam Bonvin avait lancé une opération de crowdfunding avec à l’esprit l’idée de tester l’intérêt de son projet. En cinquante jours, il avait réussi à réunir pas moins de 100’000 francs. Un premier site baptisé «Alaïa Chalet» avait alors ouvert ses portes à Lens, non loin de Crans-Montana. Ce hub rassemble des sports comme le freeski, le snowboard, le skateboard et le BMX. Un shop et un espace de coworking complètent cette offre. Là ont été organisés les premiers camps d’hiver et d’été. Le modèle s’est ensuite enrichi avec le lancement d’Alaïa Bay, mais aussi avec Alaïa Wake Surf élaboré autour d’une barge ancrée au Bouveret. Cet automne ouvrira à Crans-Montana l’Alaïa Lodge sur les fondements de l’ancien Hôtel Le Green positionné en plein centre de la station. L’établissement adoptera un design qualifié de «Swiss Lodge». Il offrira 142 lits répartis en plusieurs types de chambres: doubles premium, familiales, ainsi que des dortoirs de 4 à 10 lits. Un module qui a été pensé pour les groupes de différentes tailles.

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Services

GOOKAY TABLE SUR LA PROXIMITÉ ET LE HAUT DE GAMME Cette start-up valaisanne n’est pas un clone d’Uber Eats. Elle a trouvé sa voie et compte bien l’adapter dans d’autres régions en Suisse et dans le monde.

Jordan Henry, fondateur de Gookay, qui compte 40 employés. LDD

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e faire livrer des kebabs ou des hamburgers par un chauffeur privé, ce n’est pas du tout l’idée de la livraison à domicile que se fait Jordan Henry. Pour lui, tout est parti d’une expérience frustrante. Un soir, il est avec des amis et il souhaite commander 20 pizzas à un restaurant de Crans-Montana situé à neuf kilomètres de Chermignon d’en Haut, où il habite. On lui répond que ce ne sera pas possible, non pas pour une question de distance pure, mais de périmètre desservi. En clair, cela ennuie le gérant d’envoyer ses livreurs dans cette localité. Nous étions en 2019. Un succès immédiat En 2020, ce Franco-Suisse qui a étudié le marketing et la communication décide donc de lancer sa propre société de livraison. En quelques clics, la plateforme web Gookay vous permet de commander en huit langues ce que vous souhaitez auprès de 160 partenaires valaisans (repas, produits du terroir, articles de jardinerie, etc.). Avec une pointe d’ironie, le nom de ce service résulte de la contraction de «Go» et «Okay». Le succès est très vite au rendez-vous avec un point culminant

terroir, ar mander des repas, produits du

Gookay permet aux clients de com

pendant les fêtes de la fin d’année 2020. Près de 20% du chiffre d’affaires annuel sera réalisé durant cette période. Les prestations cartonnent en particulier du côté de Crans-Montana, grâce à une offre diversifiée et haut de gamme disponible jusqu’à 4 heures du matin, sous certaines conditions. Les clés de la réussite Les débuts de l’entreprise ont lieu dans l’appartement de Jordan Henry (aujourd’hui, la start-up occupe trois étages de cette même demeure). «Mon idée a consisté à miser à la fois sur la proximité et sur la qualité, non sur de la junk food.

Du coup, mes clients types sont plutôt des cadres qui ont une famille», explique le fondateur et CEO. Initialement seul, il est rapidement rejoint par deux, puis quatre collaborateurs. Les effectifs n’ont cessé de croître, jusqu’à approcher les 40 employés à l’heure actuelle. Particularité, 80% d’entre eux ont moins de 25 ans. Un autre choix fort pour soutenir l’emploi des jeunes. Et chez Gookay, une convention collective leur garantit des conditions de travail équitables. Une fois l’armature de la société mise en place, le hasard fera que le Covid va donner un coup d’accélérateur à ses activités. A tel point que la plate-


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«Mon idée a consisté à miser à la fois sur la proximité et sur la qualité»

de rticles de jardinerie, etc. auprès

160 partenaires valaisans. LDD

forme de commande en ligne compte aujourd’hui 60’000 clients. Un business model payant «Nous ne prenons que 20 à 30% de marge, soit le coût du service en salle, contre 30 à 40% pour nos concurrents. Nous y parvenons du fait que nous réduisons nos frais de fonctionnement, notamment grâce à un logiciel d’optimisation exclusif qui nous permet de grouper les commandes tout en garantissant la même qualité de service», ajoute Jordan Henry. Comme il s’y attendait, la réouverture des restaurants a cependant ralenti son activité. En contrepartie, de nou-

velles zones s’apprêtent à être investies à court et moyen terme, comme Zermatt, Verbier ou Monthey. Plus ambitieux encore, un système de franchise est en cours d’introduction. Le Royaume-Uni et la Lettonie ont déjà signé. Chypre, Malte et les Pays-Bas sont en négociation pour acquérir le programme d’exploitation de Gookay. Une levée de fonds de 2,4 millions de francs vient d’être bouclée cet automne en prévision de cette expansion de la franchisation. L’immobilier et les locations de vacances figurent parmi les axes de développement qui ont été retenus. Pour l’instant, les touristes représentent le 25% de la clientèle. Et pour

se faire connaître auprès d’eux, rien de tel que les stations de radio régionales comme Rhône FM et l’affichage dans les agglomérations desservies. Pas le temps de pavoiser Mais, quand tout va si vite, a-t-on même le temps de prendre conscience du chemin parcouru? «Pas vraiment. On a la tête dans le guidon en permanence. On cherche à conserver une attitude positive et, surtout, on regarde toujours devant», analyse Jordan Henry avant de nous quitter pour (déjà) aller répondre à de nouvelles sollicitations de son équipe. François Praz

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Moxy Hôtel

AVEC LE MOXY, SION DOUBLE SA CAPACITÉ HÔTELIÈRE Le nouveau 3 étoiles de la chaîne Marriott offre un total de 286 lits. Derrière ce projet, le président et CEO du groupe Sophos Hotels, le Valaisan Fernand Donnet, est actif dans une dizaine de pays.

L’immobilier a des beaux jours d

Le bar de l’hôtel Moxy. L’établissement a permis la création de 16 emplois. LDD

Fernand Donnet. LDD

A

vec l’ouverture du nouveau Moxy le mois passé, Sion compte 900 lits hôteliers, soit deux fois plus qu’en 2020. Quelle ville peut se vanter d’un tel essor? A la sortie-est du chef-lieu valaisan, l’hôtel s’intègre dans un immeuble de six étages comprenant des logements et des surfaces commerciales. Il a permis la création de 16 emplois. «Derrière le Good Night de Peter Bodenmann à Brigue, c’est l’un des plus grands établissements de la plaine», commente Fernand Donnet, le président fondateur du groupe Sophos Hotels.

Originaire de Morgins, il a usé les bancs de l’Ecole hôtelière de Lausanne, avant de se lancer plus tard dans la construction d’un hôtel en Russie, à Ekatarinbourg, en Sibérie occidentale: «Je pensais y amener une certaine rigueur helvétique, mais j’ai dû déchanter et revoir mes idéaux. Dans chaque pays, il faut s’adapter au caractère local.» C’est il y a tout juste quinze ans que Fernand Donnet a créé Sophos Hotels avec un associé suisse dont il ne révèle pas le nom. Bien helvétique aussi la discrétion dont témoignent ses bureaux de la rue du Maupas à Lausanne: «Quand je vais

en Turquie où mon groupe a installé une filiale à Istanbul avec ses propres ingénieurs et architectes pour y construire un total de 60 hôtels, les cinq premières heures se passent généralement à boire le thé et fumer une cigarette, raconte le Valaisan. Pour y faire des affaires, il est nécessaire d’afficher cette rondeur et cette disponibilité différentes sous nos contrées.» Projets à Djeddah et à La Mecque Présent dans huit pays – il fut un temps où c’était le double -, Sophos Hotels a dû s’adapter: «Quand on ouvre un Ramada


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devant lui, mais sachons smunir des risques de bulles. LDD

Notre groupe ne va pas faire de l’ombre aux propriétaires. Il ne faut pas être le calife à la place du calife!»

de 350 chambres à Kiev, en Ukraine, ou un Marriott à Moscou, si vous le faites «à la Suisse», ça ne va pas marcher. Il faut savoir prendre les choses comme elles viennent.» A l’agenda, un nouvel établissement à Batoumi, en Géorgie, et deux autres en Croatie, à Split et à Zagreb. Toujours dans l’expertise et la gestion d’hôtels, le groupe caresse aussi depuis trois ans d’importants projets en Arabie saoudite avec un partenaire local: «Ce sont de riches familles déjà actives dans d’autres domaines, mais qui veulent se lancer dans l’hôtellerie, où ils désirent

être impliqués dans l’opérationnel. C’est là qu’intervient notre expertise. Notre force, c’est d’être une société de management et non un groupe hôtelier. Nous nous effaçons quand l’établissement est opérationnel. Sophos n’est pas au front et ne va pas faire de l’ombre aux propriétaires. Il ne faut pas être le calife à la place du calife!» Troisième force derrière le propriétaire des murs et derrière la chaîne hôtelière, la société de gestion de Fernand Donnet travaille aussi bien avec Marriott et ses marques Ritz Carlton ou Courtyard qu’avec le groupe Hilton ou >>

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Conséquence de la pandémie, «un tiers des hôtels va disparaître ou changer d’affectation» Wyndham Hotel & Resorts et ses Ramada. «Par la force des choses, on connaît mieux Marriott, l’emblème du nouveau Moxy. C’est une force de frappe considérable avec ses 140 millions de membresclients. Mais notre stratégie, c’est aussi de pouvoir construire deux ou trois hôtels rattachés à des chaînes différentes, par exemple un Marriott et un Wyndham à Split, en Croatie. On cumule ainsi la clientèle de deux chaînes, mais avec un seul directeur. C’est une économie d’échelle comme la classe affaire et l’éco dans l’aviation commerciale.» Une dizaine de nouveaux hôtels en Suisse Les principales cartes de visite de Sophos Hotels sont à Paris, avec le Westin

de la place Vendôme (440 chambres) et le Saint James Albany (200 chambres), ainsi qu’à Villars-sur-Ollon, avec le Royalp & Spa (63 chambres et suite) et à Moscou avec le Marriott Imperial (272 chambres). A Genève, Sophos Hotels gère le Bernina récemment rénové, le Tiffany ainsi que l’Eastwest et en Valais le confortable National de Champéry et le Chandolin Boutique Hotel. Avec le Covid, les ouvertures ont été ralenties: «Nous sommes sur une dizaine de chantiers, mais nous sommes en manque de matériaux et d’appareils comme les frigos dont on ne connaît pas la date de livraison.» A l’avenir Fernand Donnet veut privilégier l’environnement direct avec l’ouverture ou la reprise d’une dizaine d’hôtels en Suisse:

«Nous sommes sollicités toutes les semaines avec quatre à cinq projets. Il y aura des établissements à vendre. On calcule qu’un tiers des hôtels va disparaître ou changer d’affectation. Le défi le plus important sera le personnel, surtout dans la restauration où les horaires sont pénibles. Il va falloir réinventer et revaloriser certaines professions et les horaires. Par exemple concentrer les 40 ou 42 heures sur quatre jours avec trois jours de congé. L’avenir est aux petits et moyens établissements. Les hôtels de montagne ont moins souffert que les hôtels de ville qui ont perdu 15 à 20% de leur valeur. La crise a montré que la clientèle comme le personnel sont enclins à profiter davantage de la vie.» Olivier Grivat


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Avec l’ouverture du Moxy le mois passé, Sion compte 900 lits hôteliers, deux fois plus qu’en 2020. LDD

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Dossier

Travail de bachelor

DE L’UTILITÉ DES OUTILS NUMÉRIQUES DANS LA GESTION LOCATIVE Les agences immobilières incorporent de plus en plus la digitalisation dans leurs activités. Voici une synthèse partielle du travail de bachelor effectué par Almudena Batista, étudiante en filière économie d’entreprise à la HEG-FR dans le cadre du cours de gestion immobilière.

demeurent toutefois peu proposés : gestion des contrats en ligne, supervision de la consommation d’électricité et du chauffage à distance, plateforme d’offres flexibles s’agissant de la conciergerie ou des espaces communs, etc.

Almudena Batista.

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immobilier vit aujourd’hui une véritable accélération de sa transformation digitale qui s’est particulièrement intensifiée avec l’avènement de la pandémie de Covid-19, le confinement ayant obligé les professionnels de l’immobilier à repenser leurs méthodes de travail. A l’aube de la quatrième révolution industrielle, celle de l’intelligence artificielle et de la robotique, les services digitaux dans le secteur de l’immobilier locatif suisse

Visite virtuelle Cette étude est axée sur l’analyse de l’utilité des outils numériques dans la gestion locative en Suisse romande. Rappelons que la transformation numérique désigne l’apparition d’Internet et l’utilisation des technologies y relatives, tandis que la transformation digitale désigne plus précisément l’utilisation que l’humain fait du numérique par l’usage de ses doigts. La numérisation de la société grâce aux smartphones est en grande partie responsable de l’ubérisation. Airbnb est un exemple mondial d’ubérisation dans le secteur de l’immobilier locatif. Les attentes des consommateurs, de mieux en mieux informés, ont évolué. La recherche

d’un logement sur les différents portails immobiliers, à commencer par immobilier. ch, comporte de nombreux avantages. La personne peut maintenant remplir un formulaire détaillant ses critères pour bénéficier d’une liste exhaustive des biens susceptibles de correspondre à ses besoins. Il est même parfois possible de réaliser une visite virtuelle à 360 degrés interactive et immersive qui permet à l’intéressé de se déplacer dans chaque pièce et de visiter le bien en entier, comme s’il y était. Les portails immobiliers contraignent ainsi les agences traditionnelles à entamer une transformation profonde, non seulement dans leur relation client, mais aussi dans leur organisation interne. La Proptech laisse entrevoir un gain de productivité non négligeable par une facilitation des processus et un gain de temps >> et d’argent. Finalement, la pandémie de Covid-19 n’aura été qu’un accélérateur d’une transformation digitale de l’immobilier.


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Les portails immobiliers contraignent les agences traditionnelles à entamer une transformation profonde. LDD

Avec la génération Millénium, les outils digitaux dans le futur de la gestion locative prendront une place de plus en plus importante

Environ 300 entreprises développent et commercialisent des outils digitaux pour le secteur de l’immobilier en Suisse en 2021. Selon une étude réalisée par la PropTech Academy et portant sur 130 start-up actives dans ce type de services, environ 45% d’entre elles ont été créées entre 2017 et 2021. La gestion immobilière est le deuxième secteur le plus novateur, derrière l’immobilier intelligent et devant l’estimation immobilière. Avantages pour les locataires La gestion locative digitale présente de nombreux avantages. Du côté des locataires, certaines applications permettent un meilleur suivi des dépenses d’énergie. Le locataire peut également avoir accès aux documents en lien avec son bail. Certains bailleurs souhaitent aussi favoriser les échanges et services entre les résidents d’un immeuble en mettant à leur disposition des plateformes numériques : publication d’annonces entre voisins,

messagerie de quartier (ndlr : avec Eikenott à Gland), prêt d’objets, documents pratiques en lien avec le bail, conciergerie, etc. Il est possible pour le locataire de consulter le planning des machines à laver et recharger son compte en ligne. Toutes les demandes de réparations sont centralisées sur ces plateformes, ce qui simplifie nettement les échanges entre propriétaires et locataires. Du côté des régies, la digitalisation permet d’automatiser les fonctions d’un bâtiment afin d’obtenir une gestion plus aisée et simplifiée. L’immeuble intelligent, écoresponsable, entièrement domotisé et connecté est alors capable d’anticiper les divers besoins des locataires. L’état des lieux digitalisé sur tablette avec le solde de tout compte accélère l’éventuel processus de remise en état, la restitution de la caution et la disponibilité du logement pour une nouvelle attribution. Les bailleurs doivent cependant veiller à la confidentialité des données transmises. En

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Dossier

effet, ces dernier peuvent accéder à certaines informations privées telles que les habitudes de leurs locataires en matière d’éclairage, de consommation d’énergie ou de prise de repas. Etat des lieux des principales proptech Neuf secteurs ont été identifiés : la commercialisation concerne les plateformes numériques servant d’intermédiaires entre l’offre et la demande, afin de réaliser des négociations et des transactions. Il peut s’agir de plateformes de mise en relation en ligne, servant pour du courtage, des enchères, des transactions ou de la location Citons Flatfox, Neho ou Casasoft. En matière d’investissement, on parle de plateformes innovant par le mode de financer un bien immobilier. Il peut s’agir de financement participatif comme le crowdfunding, le peer to peer, etc. Citons Foxstone, Swisslending ou Crowdhouse. Pour la gestion des biens immobiliers, que ce soit en lien avec l’efficacité

Quelque 300 entreprises développent et commercialisent des outils digitaux pour le secteur de l’immobilier en Suisse. LDD énergétique, la gestion locative digitale, l’entretien, la location d’espaces de stockage, voici quelques exemples de sociétés : Propbase, Allthings, Novihome ou encore Green E-value. Dans la construction, appelée aussi la « ConTech », cela regroupe aussi bien les

logiciels de planification urbaine, la visualisation 3D ou encore la BIM (Building Information Modeling) : Realview.ch, Buildigo ou BIMmo. Le bâtiment intelligent et l’Internet des objets simplifient le fonctionnement, la gestion et la durabilité des bâtiments : SmartPlace, E-NNO, ROOMZ.


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La pandémie de Covid-19 aura été un accélérateur d’une transformation digitale de l’immobilier

La réalité virtuelle et la réalité augmentée peuvent faciliter le développement, la maintenance et la visualisation des bâtiments : Raumgleiter, NOMOKO ou encore Klapty. Il y a bien entendu aussi l’analyse du big data, on pense alors à Popety.IO, Datahouse ou Immocompass. En matière d’estimation immobilière, il y a notamment PriceHubble, FPRE ou Wüestpartner. La Real Estate Fintech facilite le financement des biens immobiliers. Les plateformes y relatives fournissent des informations aux acheteurs et vendeurs potentiels et permettent d’effectuer directement des paiements ou des prêts. Citons Swisspeers, Cashare ou encore Valuu. Voici encore une proposition de cartographie des outils digitaux de gestion locative basée sur la revue de la littérature. Cartographie des outils Ces outils sont regroupés selon leur utilité et les besoins associés aux différentes étapes de la location : avant, pendant et après. De manière très sché-

matique, cela démarre par les portails immobiliers (tel immobilier.ch), puis l’état des lieux d’entrée (homePad), l’analyse de données, les visites virtuelles (spectando ou Archilogic), le contrat de bail (Ebail) et ensuite le cautionnement (Smartcaution ou swisscaution). Pendant la location d’un logement, différents portails proposent de digitaliser les échanges entre la régie, les propriétaires, les prestataires de services et les locataires. On peut donner en exemple Tayo Software ou homePad, puis les prestations de conciergerie et de nettoyage (Batmaid), les prestations de blanchisserie (Bubblebox), les prestations de rénovations et de réparations (Houzy, Buildigo, Devis.ch ou Abilect). Il y a aussi de l’analyse de données à ce stade (E-NNO et Locatee), pourquoi pas la recherche de « sous-locataires » temporaires (airbnb), la santé également (DOMO) et la consommation d’énergie (esmart, ou encore smarthome). Enfin, lors du départ, on peut encore citer MOVU Schweiz, pour l’état des lieux de

sortie homePad et les documents de sortie Fairwalter. Cette liste n’a rien d’exhaustif. Relevons pour terminer qu’à la suite de nombreuses interviews, les besoins des locataires en matière d’outils digitaux seraient : avoir une liste de contacts, par exemple le concierge ; les informations concernant le fonctionnement du local de buanderie de l’immeuble ou sur le déroulement du tri des déchets ; l’accès au dossier de locataire : contrat de bail, facturations ; la déclaration de sinistre ; la résiliation électronique ; et, enfin la prise de rendez-vous. Notons qu’avec la nouvelle génération qui devient locataire et qui est née avec les nouvelles technologies, la place des outils digitaux dans le futur de la gestion locative prendra une place de plus en plus importante dans les prochaines années. Il est donc primordial pour les entreprises concernées d’intégrer ces nouvelles technologies pour assurer leur pérennité. Almudena Batista

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Commerce

Philippe Blanc

«LA VALEUR DE L’IMMOBILIER À VERBIER S’EST DÉMULTIPLIÉE CES DERNIÈRES ANNÉES» Philippe Blanc figure parmi les personnages les plus éclatants de Verbier et du Valais. A 66 ans, ce commerçant bon vivant de la station du Val de Bagnes continue de contribuer à la vitalité de la région.

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epuis quarante ans, sa boutique est devenue une des références de la haute gastronomie de Verbier. La Chaumière, sa cave aux trésors, propose une myriade de spécialités locales: plus de 200 sortes de fromages – tous affinés sur place –, terrines et foie gras maison, mais aussi de la viande séchée et des saucisses du Valais. Des personnalités telles que Roger Federer ou l’acteur Jacques Weber figurent dans la très longue liste des célébrités qui lui ont rendu visite au fil des années. Mais ses capacités ne s’arrêtent pas à la gastronomie: commerçant de talent, Philippe Blanc participe depuis longtemps aux événements qui rythment la vie valaisanne. «Mon père a ouvert son premier commerce à Verbier en 1960, en plus de celui qu’il tenait à Sion, ma ville natale, se souvient-il. Je venais régulièrement avec mes deux sœurs dans la station, qui était déjà très populaire auprès des touristes suisses et français. Après ma maturité commerciale, je me suis inscrit à l’Université de Lausanne. Chaque dimanche, lorsqu’il fallait redescendre dans la val-

La Chaumière propose une myriade de spécialités locales: plus de 200 sortes de fromages, tous affinés sur place, de la viande séchée et des saucisses du Valais. LDD lée pour suivre les cours, j’avais un pincement au cœur tant j’aimais être en montagne.» Un hasard malheureux bouleverse alors sa vie, qui sera désormais inextricablement liée à celle de la station. «Le premier mari de ma sœur, qui aidait beaucoup mon père à la fromagerie, dé-

cède sous une avalanche en 1976. Je décide d’aider mon père. Je ne suis jamais redescendu à Lausanne.» Un nouveau départ Dans les années 1980, Verbier vit ses années folles avec une croissance et un


Commerce

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développement euphoriques. Philippe Blanc bâtit sa réputation à cette époque. Après avoir agrandi son magasin, il ouvre le Milk Bar et construit sa maison qui se dresse au-dessus de ses deux établissements phares. «A ce moment-là, j’ai pris seul la gestion de La Chaumière. En même temps, avec mes amis Gérard Michellod, boulanger, et Roland Pierroz, restaurateur qui venait de recevoir la Clef d’Or de Gault & Millau, nous avons essayé de faire de la station une référence sur le plan gastronomique.» Le développement rapide de la station propulse Verbier parmi les destinations les plus prisées d’Europe, avec des touristes en provenance notamment de Belgique et de Suède. «C’est un nouveau départ pour la station dans son ensemble, de nouveaux bâtiments sont construits. Malheureusement, les prix de l’immobilier commencent aussi à augmenter.»

Philippe Blanc cultive également sa passion pour les moteurs. LDD LDD

Durant cette phase d’expansion, une nouvelle tradition voit le jour à «La Chaumière»: les rencontres à l’arrière-boutique. Se croisent alors des célébrités, des politiques et des responsables d’entreprises. «J’avais souvent envie de mieux connaître mes clients, donc j’ai commencé à leur proposer de rester un moment pour partager un verre de vin et quelques spécialités de la maison. Ils rencontraient certains de mes amis et souvent restaient discuter jusqu’à tard le soir.» L’arrière-boutique est aujourd’hui tapissée de photos sur lesquelles on peut notamment apercevoir le pilote de formule 1 Alain Prost, le tennisman Henri Leconte, mais aussi le chef cuisinier Benoît Violier, ami historique du tenancier de 66 ans. Pour développer son activité, l’entrepreneur fonde en 1997 l’Espace Gourmand de la Foire du Valais à laquelle il participe toujours, >>

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Commerce

L’arrière-boutique est tapissée de photos de célébrités, notamment du pilote Alain Prost, du tennisman Henri Leconte, mais aussi du chef cuisinier Benoît Violier. LDD

«L’immobilier à Verbier, c’est comme les bons vins de Bordeaux. Dans les deux cas, il y a très souvent de la spéculation»

et prend la gestion du bar à champagne du Concours hippique de Verbier. Profiter de la vie Gastronome, Philippe Blanc apprécie les restaurants raffinés, comme le Café du port à Rolle, le Kwong Ming à Martigny, ou encore l’Hôtel de Ville de Crissier. Mais il cultive également sa passion

pour les moteurs. «J’adore les voitures! En quarante ans j’ai eu la chance de conduire des Ferrari, des Porsche, ainsi que des Bentley et des Aston Martin. La Ferrari 550 Maranello est probablement celle que j’ai le plus aimé.» Sur la question de l’évolution du marché immobilier, il se lance, bien entendu, dans une comparaison gastronomique.

«L’immobilier à Verbier, c’est comme les bons vins de Bordeaux. Durant les 40 dernières années, leur valeur s’est démultipliée. Avant, les gens venaient pour se loger et profiter de leurs vacances dans la station, tout comme les amateurs de Bordeaux achetaient des bouteilles pour les boire. Aujourd’hui, dans les deux cas, il y a très souvent de la spéculation,


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l’évolution n’est donc pas vraiment positive... Dans les années 1980, les chalets étaient vendus entre 3000 et 4000 francs le mètre carré (ndlr: aujourd’hui situé aux alentours de 20’000 francs). Malheureusement il est trop tard pour que le marché revienne à des prix abordables. En revanche, je trouve que le développement n’a pas nui au paysage. La qualité du bâti de Verbier reste excellente.» L’esprit positif de Philippe Blanc prend décidément toujours le dessus. Antonio Rosati

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Emploi et formation

Communication

LA PRÉVENTION DES CONFLITS La grande majorité d’entre eux peut être facilement évitée. On trouvera ci-après trois méthodes de bon sens à utiliser pour échapper aux conflits internes.

1. Etre bien dans ses «baskets» On dit qu’il est recommandé de bien s’entendre avec soi-même, car nous sommes la personne avec laquelle nous allons vivre le plus longtemps! Si nous sommes solides, nous serons plus disponibles pour l’autre. Il sera plus facile de comprendre le comportement de notre interlocuteur et de nous assurer que nous avons réellement saisi ses attentes et ses craintes. Dans une approche empathique, nous nous mettons effectivement à sa place sans vouloir lui imposer notre point de vue. Veillons à toujours être dans une «yes attitude» grâce à un vocabulaire qui nous amènera à répondre à une personne agressive par l’utilisation de termes comme «ta remarque» plutôt que «tes critiques». D’ailleurs, ne faisons pas à notre prochain ce que nous n’aimerions pas qu’il nous fasse et décidons de passer vingt-quatre heures, sans rien critiquer, ni personne.

2. Choisir le bon moment L’écrivain Jean d’Ormesson suggérait d’éviter ce qu’il appelait «la tyrannie de l’urgence». Pourquoi adresser sous le coup de la contrariété un e-mail de re-

La bienveillance constitue une véritable potion magique

proche au risque de blesser l’amour propre de son destinataire? D’ailleurs est-il vraiment judicieux d’envoyer un tel message? Si son «potentiel de catastrophe» est important, laissons-le tranquillement «infuser» quelques heures, voire la nuit. Dans bien des cas, nous changerons ensuite une partie de son contenu ou même le supprimerons en totalité et opterons pour une rencontre à un moment convenant parfaitement «aux deux parties», diminuant ainsi le risque de conflit. Si nous devons trouver une réponse à un point important et que nous ne sommes pas au mieux de notre forme, cela peut aussi arriver, car finalement nous sommes des humains, choisissons le moment adéquat pour

chercher un terrain d’entente. La plupart des urgences sont celles que nous nous imposons! La gestion de notre stress est un formidable antidote aux conflits. Et si en plus nous parvenons à identifier l’état émotionnel de notre interlocuteur, cela nous permettra d’en tenir compte et renforcera notre aptitude à éviter un conflit. Toujours en matière de temps, sachons en gagner. Imaginons que nous participions à une réunion et que l’une des personnes présentes affirme un point de vue différent du nôtre et nous pose une question avec une certaine agressivité. Plutôt que de nous exprimer immédiatement, on préfèrera lui dire que sa question est complexe, qu’elle mérite réflexion et que nous lui ferons volontiers connaître notre


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Chercher un terrain d’entente avec tact et dans le respect de l’autre facilite bien des choses

pour échapper aux conflits. LDD

point de vue par exemple sous trois jours au maximum. Evitons de nous exprimer sur la défensive. Cela nous permettra effectivement de fournir à notre interlocuteur des informations adéquates en étant probablement de meilleure humeur et qui sait, lui aussi.

3. Trouver un compromis Parlons avec notre interlocuteur et même à l’heure du tout à distance, essayons de faire le point dans une salle de réunion, un bureau ou même suivant les circonstances sur un terrain «neutre», comme

le bar d’un hôtel. De la discussion jaillissent souvent les bons accords. Utilisons des phrases simples et positives comme «notre objectif est de chercher ensemble, puis de trouver une solution au fait que...» Optons au maximum pour le terme «nous» toujours préféré au «tu» ou au «vous». Et cela devient: «Comment allons-nous procéder pour ...?», en associant l’autre à notre approche. Evitons de juger notre prochain, surtout devant ses collègues avec des propos du style: «ton travail est mauvais, ce n’est pas ce que j’attendais». D’ailleurs avonsnous été clairs dans notre demande? Et surtout compris? Deux parallèles ne se rencontrent jamais... sauf à l’infini! On préfèrera une approche du style: «J’ai bien lu

ton document. Concernant les points a, b et c, c’est parfait et je n’ai rien à ajouter. S’agissant du point d) penses-tu que l’on pourrait envisager son traitement sous un angle légèrement différent; à savoir...?»  Est-ce que les grands esprits se rencontrent? Ce n’est pas certain, mais chercher un terrain d’entente avec tact et dans le respect de l’autre facilite bien les choses. Et gardons présent à l’esprit que l’art du compromis consiste à partager un gâteau de telle sorte que chacun croit en avoir reçu la plus grosse part! La bienveillance constitue assurément une véritable potion magique pour échapper aux conflits. Michel Bloch

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Gastronomie

Restaurant de l’Hôtel de Ville de Crissier

MAESTRO DE LA SALLE Louis Villeneuve, l’irremplaçable maître d’hôtel du célèbre restaurant de Crissier, prend sa retraite à la fin de l’année. Hommage à un ambassadeur de la salle pour qui passion rime avec transmission. bienveillance que d’émerveillement, retraçons l’immense parcours d’un maître de salle dont le souhait le plus cher est de continuer de transmettre son savoir à la jeune génération.

Un environnement d’excellence et de rigueur. LDD

M

alheureusement, il va falloir s’y faire! Après quarante-sept années passées à arpenter les salles du restaurant de l’Hôtel de Ville de Crissier aux côtés de quatre cuisiniers de légende, le grand Louis Villeneuve tire sa révérence. Il était le roi de la découpe, du dressage, de l’accueil et des codes du service. Au fil du temps, il est devenu par la force des choses, le professeur attitré de toute une génération de futurs talents au service de la salle. Comment retracer des décennies de vie professionnelle en un article? Il y aurait tellement de choses à dire sur cet homme de caractère et de poigne qui s’est frayé un chemin pour atteindre le sommet de la pyramide dans son métier. Les mouvements ne sont peut-être plus aussi rapides qu’à l’époque mais la précision du geste demeure intacte. Avec autant de pudeur que de candeur, autant de

Souvenirs, souvenirs Alors que le chapitre de sa vie dans la commune à l’ouest de Lausanne est sur le point de s’achever, Louis Villeneuve est plus actif que jamais. «Hors de question de rester sans rien faire», martèle-t-il d’une voix énergique. Même si la nostalgie d’une certaine époque l’anime, il n’est pas hanté par le passé. Chefs d’Etats, acteurs, artistes, musiciens, grands de ce monde et inconnus de passage... il les a tous vu défiler dans ce temple de la gastronomie mondiale. «Le restaurant de l’Hôtel de Ville de Crissier était une référence, est une référence et restera toujours une référence.» A la seule présentation d’une carte, que de rencontres exceptionnelles, que de liens d’amitié tissés au gré des services de midi ou du soir, que de brèves de comptoir entre deux majestueuses découpes du canard nantais au vin rouge façon Frédy Girardet. Malgré tous ces souvenirs, c’est vers l’avenir qu’il se tourne avec le même enthousiasme et la même énergie. Toujours avec panache et même si le temps passe à toute vitesse, il se sent comme un jeune homme prêt à relever de nouveau défis. Ambiance théâtrale Louis Villeneuve rentre en scène comme un boxeur sur un ring. «A chaque service, je ressens la même pression même si je ne le montre pas. Plus jeune, je ne me sentais pas à la hauteur de l’enjeu. Avec le temps, on apprend à gérer l’intensité

Louis Villeneuve et

d’un service, qui plus est celle d’un restaurant trois étoiles.» Un comble lorsqu’on a la chance de le voir en action en toute décontraction. Cet aspect de la compétition l’anime au quotidien et l’a accompagné durant toutes ses années. Ce n’est pas le genre de Louis Villeneuve de prendre la place d’un autre mais il ne se serait certainement pas laissé prendre la sienne. «Sans pour autant écraser l’autre, il faut simplement démontrer au quotidien que l’on est le meilleur. En vérité, cela se fait naturellement. Il est essentiel de donner l’exemple.» Vis-à-vis de ses confrères, Louis Villeneuve est fier de son métier. Tout au long de sa carrière, il a toujours fait en sorte d’apporter un supplément d’âme à son cadre professionnel. Issu d’un milieu paysan, la notion d’humilité et du


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Franck Giovannini au passe de la cuisine de l’Hôtel de Ville de Crissier. LDD

«Sans pour autant écraser l’autre, il faut simplement démontrer au quotidien que l’on est le meilleur»

travail nécessaire à son métier est une règle de vie. Même si la haute gastronomie n’est plus réservée à une élite, le maître d’hôtel déplore certaines tenues vestimentaires inadaptées dans un environnement d’excellence et de rigueur. «Que l’on soit assis en tant que client ou debout en train de servir, tout est une question de respect et d’éducation.» Transmission Tous les jours il travaille aux côtés d’une jeune génération désireuse d’apprendre les enseignements du «maître». Car ils le savent... les jours sont comptés avant la date butoir. Même si une forme de fermeté s’impose pour passer les bons messages et se faire comprendre, le grand Louis transmet son savoir avec pédagogie afin que l’excellence du métier perdure. «La jeunesse a besoin de cadre! J’explique

toujours aux équipes que dans un métier en contact avec la clientèle, il est primordial d’avoir une culture large, multiple, tous azimuts afin de permettre une adaptation immédiate dans n’importe quelle situation en face de n’importe quel type de client.» Louis Villeneuve le sait bien, faire preuve d’éclectisme est un atout dans un métier essentiellement basé sur le relationnel. Il y aura forcément une dernière représentation. Et malgré son extraordinaire parcours, les yeux de Louis Villeneuve s’embrument à la seule évocation du baisser de rideau. Même si l’avenir de la profession demeure incertain, il garde néanmoins foi en cette génération 2.0 et reste confiant en sa succession. La représentation s’achève peut-être mais la pièce de théâtre continue... Edouard Amoiel

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