Tout l'immobilier Vaud - Un pôle dédié à l'innovation médicale

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Décembre 2021

Edition Vaud

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immobilier.ch

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Actualité · Immobilier · Commerce · Emploi · Gastronomie

Genolier

UN PÔLE DÉDIÉ À L’INNOVATION MÉDICALE

Immobilier

Les stations de ski suisses en tête 16-18 Vaud

Le marché du logement s’éloigne de la pénurie

14-15

Culture

Le roi des hôteliers Jean-Jacques Gauer à livre ouvert

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Le Genolier Innovation Hub sera un lieu d’excellence où seront formés les futurs acteurs de la santé. Le bâtiment caractérisé par une grande ouverture vers l’extérieur sera inauguré fin 2023. 4-7


4x La référence à Genève depuis 23 ans se déploie dans toute la Romandie avec 4 nouvelles éditions régionales, mensuelles et 100 % digitales gion Genève Ré 27 sept - 3 oct 2021

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Edition Vaud Décembre 2021

SOMMAIRE 4-13 Actualité A Genolier, un futur hub dédié à l’innovation médicale. Première pierre posée

L E I T N E D I F N CO

Par Serge Guertchakoff Rédacteur en chef

Inauguration de l’extension de l’Hôpital de Nyon La Fondation Esp’Asse, à Nyon, fête ses 20 ans Avec le projet Osiris, Echallens poursuit sa densification durable

14-25 Immobilier Taux de vacance des logements locatifs: une étude de la BCV fait le point Les stations de ski suisses ont pris la tête de l’indice des prix de l’immobilier alpin de luxe Le groupe Naef fête ses 140 ans Chronique de Frédéric Dovat (USPI) sur la suppression de la valeur locative

26-33 Commerce 44 cafés lausannois historiques reçoivent un label Voyageurs du monde ouvre une deuxième agence Bucherer s’offre un nouvel éclat à Lausanne Bel-Air Fine Art s’installe face au Lausanne Palace

34-35 Emploi et formation Langage non verbal: quand le regard et le sourire parlent

36-37 Culture Le roi des hôteliers Jean-Jacques Gauer se confie à livre ouvert

38-39 Gastronomie Trente années étoilées pour Philippe Chevrier Éditeur: IMMOBILIER.CH SA Rédacteur en chef: Serge Guertchakoff DA et maquette: Agence EtienneEtienne Publicité: info@immobilier.ch Tél +41 22 307 02 20 Impression: CH Media Print AG Edition hebdomadaire • Genève Région: tirage 143’000 ex. envoi ePaper 40’000 ex. Editions mensuelles • Vaud: envoi ePaper 40’000 ex. • Valais: envoi ePaper 10’000 ex. • Fribourg-Berne: envoi ePaper 10’000 ex. • Neuchâtel-Jura: envoi ePaper 6’000 ex. Toutes les éditions sont disponibles sur immobilier.ch

DU CAVIAR À LA SANDRE VALAISANNE La société Kasperskian qui produisait du caviar «durable» à La Souste, près de Loèche (VS) a cessé toute activité en 2019. L’installation hautvalaisanne, avait coûté 30 millions de francs, investis notamment par l’ancien président de Nestlé Peter Brabeck-Lethmathe. Elle permettait d’élever des dizaines d’esturgeons sans procéder à leur mise à mort. Des échographies étaient pratiquées sur les femelles pour savoir à quel moment elles étaient prêtes à pondre. Elles étaient ensuite massées à la main pour provoquer l’arrivée des précieux œufs noirs, un travail nécessitant une main d’œuvre coûteuse. L’usine de caviar a été reprise en 2020 par Swissfish. Basée à Lyss (BE), elle élève des sandres en piscines intérieures grâce à un système de recirculation d’eau. Particularité, elle est la seule en Europe à pratiquer l’ensemencement naturel dans des nids.

LE PARIS-DAKAR EN ARABIE SAOUDITE À 76 ANS ! Alors qu’il avait assuré l’assistance technique de son fils Nicolas plusieurs années de suite au Paris-Dakar – ce dernier a couru quatre fois en catégories moto et une fois en SSV (buggy) -, Peter Brabeck-Letmathe pilotera lui-même une Mitsubishi 4 x 4 au prochain rallye qui se déroulera du 2 au 14 janvier en Arabie saoudite. L’ancien président de Nestlé, qui est aussi pilote d’avion et d’hélicoptère, s’est entraîné cet automne dans le désert marocain en compagnie de son fils. La voiture à plaques britanniques, qui a déjà participé au Dakar dans le passé, ne portera pas les couleurs de la multinationale valaisanne mais celles de sa société familiale. Ancien administrateur du géant pétrolier Exxon, Peter Brabeck reste sceptique face aux véhicules tout-électriques.

STROMAE AU PALÉO : UN CACHET TRÈS ÉLEVÉ

CRANS-MONTANA ET CHAMONIX PASSENT UNE ALLIANCE

Alors que du côté du Paléo Festival, Daniel Rossellat se refuse à tout commentaire, une rumeur circule à propos du montant du cachet que devrait toucher le chanteur belge Stromae. Ce dernier devrait percevoir le plus gros cachet du festival, soit environ 1 million de francs. Un montant qui sera vite amorti avec la mise en vente des billets dès le 1er décembre pour ce concert de clôture prévu le dimanche 24 juillet. Quoiqu’il en soit, ce concert permettra de marquer le retour du génial chanteur belge après sept années d’absence sur scène.

«Tout l’immobilier» vous l’annonce en primeur: les remontées mécaniques de Crans-Montana et la Compagnie du Mont-Blanc s’associent dans le cadre d’un partenariat exclusif. Fruit de cette alliance commerciale, des forfaits journaliers «CransMontana+Chamonix» (2 à 6 jours) créés spécialement donneront accès au domaine de la station partenaire à raison d’une journée à choix valable sur la durée de leur séjour. En parallèle, les abonnées saisonniers et annuels pourront également profiter d’une à trois journées (selon le forfait) sur le domaine skiable de la station partenaire.

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Actualité

Construction

UN BÂTIMENT PENSÉ POUR L’INNOVATION MÉDICALE Projet d’envergure qui verra le jour fin 2023, le Genolier Innovation Hub se veut disrupteur, tout comme les acteurs de la santé auxquels il est dédié. La première pierre a été posée lundi 15 novembre.

A

u sein du paisible village de Genolier, dans la campagne vaudoise, se côtoient sur quelques kilomètres deux restaurants, une épicerie-boulangerie, une école et la fameuse clinique éponyme, mais bientôt un nouveau site international de recherche et de développement dans le domaine médical viendra s’ajouter à la liste: le Genolier Innovation Hub. De multiples besoins à combler Se voulant inédit, ce centre qui sera livré à l’automne 2023 et dont la première

Le bâtiment se caractérise par une grande ouverture vers l’extérieur. LDD


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pierre a été scellée ce lundi 15 novembre, répondra à de nombreux besoins examinés au préalable. «Nous avions beaucoup de surface additionnelle sur notre terrain de 70’000 mètres carrés qu’occupe déjà la Clinique de Genolier et nous n’avions pas la nécessité d’infrastructures supplémentaires pour nos patients. Nous nous sommes donc tournés vers la Health Valley», resitue le président du Genolier Innovation Hub, Antoine Hubert (lire encadré). L’entrepreneur, qui avoue n’avoir jamais été impressionné par ses fournisseurs dans leur manière de pré-

L’objectif est de créer plus de synergies entre le monde de la recherche et celui de l’application

senter les innovations, s’est ainsi proposé «d’offrir à l’industrie de la santé une plateforme pour former en situation quasi-réelle, mettre au point des nouveautés et les exposer en un même lieu». Des suites d’un workshop organisé en décembre 2019, l’architecte commandité, Gabriele Rossi du bureau Archilab, a alors pu s’atteler à la conception de ce bâtiment en se basant sur des demandes concrètes de la part des professionnels du secteur de la santé. «Nous voulions faire un édifice qui se démarque de l’existant tout en étant adapté à ses futurs uti-

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Actualité

Philippe Leuba, Antoine Hubert, André Darmon et Raymond Loretan. LDD

lisateurs. De ce fait, nous avons recueilli l’avis d’une cinquantaine d’entreprises telles que Novartis, Roche, Medtronic... et imaginé ce hub en fonction de leurs attentes», précise l’architecte. Laboratoires, imagerie médicale... Résultat: le Genolier Innovation Hub, construit sur deux étages hors-sols et au même niveau que le reste du campus, sera composé, outre des espaces de bureaux et des laboratoires, de salles d’imagerie médicale et de bunkers de radiothérapie (notamment de la marque Accuray) qui ne serviront non pas à soigner des patients mais à former les médecins et les techniciens qui auront acheté ces équipements dans le monde. Un auditorium de 300 places au design moderne avec la vue sur le Mont-Blanc ainsi que des salles de conférence sont prévus pour organiser des présentations et des symposiums. Enfin, de vraies salles d’opération reliées à la clinique et assorties d’espaces de supervision permettront aux visiteurs d’assister à des essais de machines. «L’idée est de donner la possibilité aux industries d’échanger en temps réel avec les médecins et de réduire au maximum le temps de latence

«Nous avons recueilli l’avis d’une cinquantaine d’entreprises telles que Novartis, Roche, Medtronic… et imaginé ce hub en fonction de leurs attentes»

L’architecte Gabriele Rossi du bureau Archilab. LDD

Des puits de lumière. LDD

entre le moment où le prototype est créé, le chirurgien le teste, fait un retour qui est ensuite corrigé avant de le renvoyer à l’essai», souligne le président Antoine Hubert, soucieux de créer plus de synergies entre le monde de la recherche et celui de l’application. Une géométrie variable et accueillante Parmi les autres requêtes formulées par les entreprises du secteur médical, des espaces favorisant la créativité ont été mentionnés. Autrement dit, «qui soient conviviaux, où l’on rentre sans avoir l’impression d’être dans un environnement aseptisé, agréables pour y travailler et avec une relation à l’extérieur primordiale», comme l’indique l’architecte. Pour cela, des espaces ouverts au public, généreux en taille, tels qu’un foyer, une cafétéria et un jardin sur la toiture fortement arborisée ont été aménagés comme lieux de rencontre. Grâce aux 10’000 m2 de surface au sol et aux 70 mètres de profondeur, un effort de transparence pour jouer avec la lumière a également été effectué. Le bâtiment étant caractérisé par une grande ouverture vers l’extérieur et équipé de six >>


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puits de lumière. «Nous disposons d’un panorama fabuleux. Nous avons donc cherché à ce que chaque espace ait un accès dehors, aucun bureau n’est complètement fermé», ajoute le concepteur du projet, Gabriele Rossi. Modularité De quoi intégrer parfaitement le Genolier Innovation Hub dans sa nature environnante mais aussi permettre une certaine modularité, les pièces pouvant évoluer en fonction des besoins futurs. «Cette structure est dédiée à des entreprises qui innovent. Nous ne cherchons pas à la remplir de locataires de manière statique mais au contraire à être une sorte d’hôtel pour acteurs de la santé qui viendront développer et présenter leur produit puis laisseront leur place à d’autres. Le roulement sera nécessaire pour rester innovant», appuie Antoine Hubert. Plus encore que le village de Genolier, c’est d’ailleurs toute la région qui devrait profiter d’ici à deux ans de ce nouvel outil de la Health Valley. Un précieux investissement qui aura coûté environ 100 millions de francs, dont 65 millions rien que pour sa construction. Julie Müller

Les parties prenantes du projet: Maître d’ouvrage: Infracore SA Partenaires: Clinique de Genolier, Genolier Innovation Network, Swiss Medical Network, Bureau d’architecture: Archilab SA Entreprise Générale: ROOF SA.

La Health Valley lémanique en chiffres 750 entreprises 20’000 collaborateurs 500 laboratoires universitaires 5000 chercheurs

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Actualité

Nyon

UN HÔPITAL À LA MESURE D’UNE RÉGION EN PLEINE CROISSANCE Inaugurée le 12 novembre 2021, l’extension de l’Hôpital de Nyon répond à une forte demande. Près de 80 millions de francs ont été investis.

S

ur La Côte, les indices d’une croissance démographique sont visibles un peu partout. Alors que des quartiers poussent comme des champignons au nord de Nyon, que la Ville a injecté près de 120 millions pour ses écoles (afin notamment d’accueillir les enfants des nouveaux habitants), voilà un autre indicateur: l’Hôpital de Nyon. Il y a quelques jours, le Groupement hospitalier de l’ouest lémanique (GHOL) a inauguré en grande pompe un nouveau bâtiment destiné aux soins. Mais pas uniquement: il en a profité pour rénover les anciens bâtiments et réorganiser l’ensemble du site, pour mieux gérer les flux de patients. Un projet à 76 millions de francs, discuté depuis 2009 et qui aura nécessité quatre ans de travaux pour passer de 118 à 167 lits. En tout, 15'000 m2 de surfaces construites

Chaque année, quatre nouveaux lits seront mis à

et 5000 m2 rénovées. «Nous avions deux hypothèses: la première consistait à augmenter la capacité de 40 lits, la seconde de 80. Nous avons opté pour la première», détaille Christophe Vachey, directeur adjoint et chef du projet d’extension. Une augmentation qui se fera en plusieurs étapes: «Chaque année, nous mettrons jusqu’à quatre nouveaux lits à disposition. Il ne sert à rien de mettre en service 40 lits et d’en laisser inoccupés.» Collaborations En croissance permanente depuis des années, le site nyonnais tient malgré tout à rester un hôpital de proximité. «Nous proposons avant tout des soins aigus. Pour les soins high-tech, nous avons des collaborations avec les HUG et le CHUV», poursuit Christophe Vachey. Ainsi, un pa-

tient souffrant d’un infarctus peut se faire prendre en charge à Nyon, héliporter dans l’un des hôpitaux universitaires le temps de l’intervention, puis revenir à Nyon pour sa convalescence. Si l’enjeu est donc de répondre à la forte demande d’une région en pleine croissance, il faut naturellement aussi rester en pôle en matière de qualité des soins. On trouve ainsi à Nyon, au rayon des nouveautés de ces quinze dernières années, un centre d’hémodialyse, un pôle de chirurgie bariatrique (traitement de l’obésité), un nouveau centre de chirurgie ambulatoire, des outils de pointe pour la détection du cancer de la prostate et du cancer du sein, un service d’oncologie, une unité de prise en charge des accidents vasculaires cérébraux, un pôle parents-enfants et bien plus encore. Pas


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Légende Un projet à 76 millions de francs qui aura nécessité quatre ans de travaux pour passer de 118 à 167 lits.

disposition, pour passer de 118 à 167 à terme. LDD

une surprise, donc, si le magazine américain «Newsweek» inclut en 2019 le GHOL dans sa liste des «Meilleurs hôpitaux du monde». Nouvelle entrée Pour le patient et ses proches, le premier changement à découvrir est celui de l’accès aux différents bâtiments. Alors qu’une seule entrée permettait jusqu’ici d’accéder tant au service des urgences qu’à l’hôpital et ses différents départements, désormais les deux accès seront séparés grâce à la création d’une nouvelle entrée principale donnant sur le parking avec un dépose minute. «Avec cette réorganisation, l’Hôpital de Nyon est paré pour les vingt prochaines années», conclut Christophe Vachey. Rodolphe Haener

De la diaconie à la biotech Construit en 1936, le bâtiment, dirigé jusqu’en 1950 par une sœur diaconesse de Saint-Loup, s’agrandit une première fois en 1969 avec l‘ajout de l’aile ouest. En 1973, un second bâtiment est décidé. Plombé par des financements insuffisants durant les années 1980-1990, l’Hôpital de Nyon se voit proposer de fusionner (1999) avec celui de Rolle, sur ordre des autorités cantonales. C’est alors la naissance du Groupement hospitalier de l’ouest lémanique (GHOL).

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Actualité

Nyon

LA FONDATION ESP’ASSE FÊTE SES 20 ANS En 2001, la fondation nyonnaise rachetait l’ancienne usine de métallurgie Stellram, alors abandonnée. Depuis, la vie socioculturelle y foisonne. Et des logements seront bientôt proposés à la location.

U

n bâtiment rehaussé de trois niveaux: voilà ce que la Fondation Esp’Asse, à but non-lucratif et reconnue d’utilité publique, s’est «offert» pour son 20e anniversaire. Une «Tourelle», nom du bâtiment, rénovée par l’entreprise Batineg, qui accueillera prochainement les activités de l’association Caritas, des ateliers d’artistes et quatre appartements, dont deux duplex aux 6e et 7e étages, offrant une vue imprenable tant sur le Jura que sur le lac.Car la mixité est bien la particularité de ce quartier de 13'500 m2 situé à 500 m de la gare de Nyon, où artistes et associations d’entraide se côtoient grâce à une politique de mise à disposition

Quartier de l’Esp’Asse, où l’on distingue les anciennes à 25 mètres de haut. LDD

de locaux pour des loyers défiant toute concurrence. Président du conseil de fondation, Jean-Claude Bouvrot explique : «C’est un quartier unique à Nyon, issu d’un pari un peu fou. Et aujourd’hui, après vingt ans, des développements vont arriver par étapes.» Petit retour dans le passé Ce pari fou, c’est celui d’un groupe de personnes, dont Jean-Claude Bouvrot, Jean-Michel Rey, créateur de l’association d’insertion Pro-Jet, Jean-Claude Christen, alors préfet du district, ou encore Jean-François Kurz, banquier aujourd’hui disparu. Pour aider l’association Pro-Jet à grandir, il fallait lui trouver de nouveaux

locaux. La jeune fondation tombe alors sur un site industriel abandonné, occupé de 1940 à 1999 par l’entreprise de métallurgie Stellram, qui emploiera à Nyon jusqu’à 155 personnes. Le site est composé de deux parcelles et de six bâtiments et usines cumulant 6500 m2 de surface de plancher. En 2001, après négociations avec les banques, la Fondation Esp’Asse en devient acquéreur pour un montant de 2 millions de francs. S’en suit un travail herculéen de remise en état et transformation de ces vastes halles pour répondre aux attentes des nouveaux utilisateurs. Et si l’association Pro-Jet s’installe dans 1500 m2, artistes et associations sont conviées à venir oc-


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halles industrielles, avec la «Tourelle»  culminant

La Fondation a tenu sa mission d’entretenir ce patrimoine immobilier en partie protégé

Les toits en dents de scie datant de 1906 qui abritaient l’usine de métallurgie Stellram de 1940 à 1999. LDD

cuper les autres 4000 m2 de surface de plancher. A peine un an après le rachat de l’ancienne usine, les locaux retapés ont tous trouvé preneur. Aujourd’hui encore, la liste d’attente pour obtenir un atelier d’art ou un espace administratif ne désemplit pas. Tournée vers l’avenir Et si pendant plus de quinze ans la Fondation Esp’Asse a tenu sa mission d’entretenir ce patrimoine immobilier en partie protégé, elle peut, depuis 2017, grâce à une révision du plan de quartier, doubler ses surfaces de plancher, passant légalement de 6500 m2 à 13'500 m2. Des droits à bâtir que la Fondation Esp’Asse entend

bien utiliser. Le rehaussement et la rénovation de la «Tourelle» est ainsi la première étape d’un plan de développement qui devrait se poursuivre, à en croire Jean-Claude Bouvrot, par le rehaussement de deux étages d’une halle industrielle occupée par l’association Pro-Jet. La construction d’une «Maison des arts et de la culture» est également au programme, de même que la construction d’une passerelle publique de mobilité douce reliant la route de l’Etraz, à l’est de Nyon, au collège du Rocher, au nord de la gare. Plus qu’une simple passerelle, il s’agira d’un nouveau tronçon reliant deux pans de la ville. Rodolphe Haener

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Actualité

Ecoquartier

ECHALLENS POURSUIT SA DENSIFICATION DURABLE Prévu pour le printemps 2023, le projet Osiris et ses 410 appartements se démarquera par son exemplarité écologique.

Les aires de jeux, espaces

«Nous visons les 7000 Challensois d’ici à 2030 alors nous avons été contraint de densifier fortement notre commune. Pour ce faire, nous accueillons des projets durables tels que l’écoquartier Osiris qui illustrent notre volonté d’offrir plus de logement tout en respectant notre nature», souligne le syndic d’Echallens, Serge Bornick. Les représentants du projet Osiris ont posé la première pierre de l’écoquartier le 18 novembre dernier. De gauche à droite, Avni Orllati, Stève Demierre, Pascal Langeron et Patrick Schmalz étaient présents.

S

itué dans le district du Grosde-Vaud, au milieu d’une campagne fertile, Echallens brille d’ores et déjà par son implication environnementale. Très largement au-dessus de la moyenne nationale pour le taux de production d’énergie photovoltaïque, ce bourg de 5700 habitants a d’ailleurs doublé ses performances en deux ans. Des efforts allant de pair avec la croissance continue de sa population qui explose depuis les années 1960.

«Ce projet illustre notre volonté d’offrir plus de logement tout en respectant notre nature» Serge Bornick, syndic d’Echallens

Un quartier propre à la campagne Le projet Osiris, qui sera livré courant 2023 et dont la première pierre a été posée jeudi 18 novembre dans la zone du Crépon-Est, a été développé par trois promoteurs: Realtim, Equitim et ODS Investhome. Réalisé par l’entreprise Steiner, cet écoquartier de 50'000 m2, composé de 15 bâtiments regroupant 410 logements, poussera loin le levier de la durabilité, faisant honneur au cadre verdoyant qui l’entoure. «L’ensemble recourra aux énergies renouvelables, tant au niveau du chauffage avec des pompes à chaleur par sondes géothermiques, que de l’électricité grâce à un grand nombre de panneaux photovoltaïques», précise le syndic de la commune. Autre particularité: un système de rafraîchissement des surfaces par chauffage réversible («freecooling») sera installé.


Actualité

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de détente et verdure auront la part belle. LDD

Côté construction, la société Steiner s’est attelée à employer plus de 50% de béton recyclé sur le projet et à privilégier les circuits-courts. Ainsi, plus de 75% des sous-traitants proviennent d’un rayon inférieur à 50 kilomètres du chantier. Toute une série d’engagements qui permettront à ce futur écoquartier challensois d’obtenir la certification tant convoitée: le Minergie P/Eco. Toujours plus de mobilité douce A seulement quelques pas du cœur d’Echallens, Osiris disposera également de conditions idéales pour la mobilité douce. Une attention toute particulière a été accordée aux exigences architecturales et aux aménagements extérieurs, entremêlant les propositions de plusieurs bureaux d’architectes de renom, Plarel, Fehlman Architectes ainsi que Bauart Architectes et Urbanistes. Dans ce quartier sans véhicules à moteur, les aires de jeux, espaces de détente et verdure auront la part belle sans pour autant marginaliser le lieu qui sera desservi par la ligne régulière Lausanne-Echallens-Bercher (LEB). Un emplacement qui fera d’Echallens un véritable centre régional selon son syndic, Serge Bornick. Julie Müller

La genèse du projet en sept dates 1995

L’idée d’une utilisation de la zone du Crépon pour développer l’habitat émerge.

2009

La commune acquiert une parcelle d’environ 24’000 m2 pour compléter la parcelle dont elle était propriétaire.

2010

Le Conseil communal accepte un postulat pour que le quartier à venir soit un écoquartier.

2016

Le Plan partiel d’affectation «Record-Crépon Est» est enfin accepté et un concept de commercialisation est adopté en parallèle pour répartir les ventes PPE, les locations à loyer libre, les logements à loyer abordable et les surfaces commerciales.

2018

Un appel d’offres est organisé et finalisé.

2021

Le chantier démarre durant l’été, avec du retard, Covid oblige.

2023

Le projet Osiris sera livré au printemps.

Un autre chantier va débuter Aux côtés du projet d’écoquartier Osiris, un second chantier va démarrer prochainement à Echallens et risque lui aussi d’accroître l’attractivité de la commune. Un gymnase flambant neuf devrait accueillir un peu plus de mille étudiants d’ici à 2025-2026 et générer une centaine d’emplois.

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Immobilier

Etude immobilière

LE MARCHÉ DU LOGEMENT S’ÉLOIGNE DE LA PÉNURIE SAUF POUR LA PROPRIÉTÉ Des disparités existent pour fixer le taux de logements locatifs vacants sur sol vaudois: est-il de 2,09% selon l’USPI ou de 1,66% selon l’Etat de Vaud? Une étude de la BCV fait le point.

L

a question du calcul du taux de vacance se situe au cœur de l’actualité avec l’enquête de l’Union suisse des professionnels de l’immobilier (USPI) Vaud publiée en juillet dernier. Elle reposait sur un échantillonnage de 123’544 logements en location répartis sur tout le territoire cantonal. Elle parvenait à un chiffre de 2580 logements vacants, soit un taux de 2,09%, avec de notables différences entre le district de Lausanne (1,25%) aux antipodes du chiffre de 7,36% mesuré à Aigle, 2,1% à Morges et 5,3% dans la Broye-Vully, des taux qui ne tenaient pas compte des logements mis en vente. Sur le plan cantonal, le taux de vacance était estimé à 2,09%, un chiffre nettement plus important que le 1,66 % de la statistique officielle. Publiée par l’Observatoire BCV de l’économie vaudoise*, une étude du bureau CBRE Switzerland a tenté d’y voir clair: «Depuis plus de dix ans, le taux de vacance des logements ne cesse de grimper. Cela faisait vingt ans que les Vaudois n’avaient pas vu franchir le seuil de 1,5 %», assurent ses auteurs, Yvan Schmidt et François Yenny. La situation de pénurie s’apaise au point que le taux de 1,5% de logements libres, signifiant la sortie de la situation de pénurie, devrait être atteint à court terme. Selon eux, la situation devrait rester stable pendant plusieurs

Un taux de vacance de 1,5% est le seuil qui témoigne d’un marché équilibré années avant de voir le marché se crisper à nouveau. Les effets du télétravail En attendant, l’étude pointe des changements dans la façon qu’ont les Vaudois d’appréhender leur habitation. La crise du coronavirus est passée par là avec l’expérience du télétravail: «Avant la pandémie, les questions de mobilité et d’environnement ont dicté la planification des constructions. Le Covid-19 a rendu les ménages conscients de cet élément dans le choix de leur logement. Le petit appartement en ville a moins la cote face au travail à la maison. Aujourd’hui, des appartements sans balcon ni terrasse ont de la peine à trouver preneur.»

L’étude a aussi permis d’observer des changements de société chez les jeunes qui délaissent l’appartement le meilleur marché possible pour s’offrir un logement de meilleure qualité, quitte à faire l’impasse sur l’achat d’une voiture devenue moins indispensable. Pour compléter l’analyse statistique, quatre acteurs importants du marché de l’immobilier (Retraites populaires, Bernard Nicod, Comptoir immobilier et Gerofinance) ont été interrogés. Ils représentent un parc locatif de 40’000 logements répartis dans tout le canton. Pour eux, le taux de rotation moyen est de 10% par an. Le prix et la qualité du logement incitent au changement. Un grand nombre de ménages ont cherché à quitter les centres urbains, tandis que les logements à vendre en campagne ont rapidement trouvé preneurs. Pour les régies, l’expérience a montré que les grands appartements se vendent plus difficilement. Les loyers sont le plus souvent revus à la baisse pour les logements les moins attractifs, y compris dans des localités proches de Lausanne. Dans les périmètres les moins courus, les relocations peuvent atteindre jusqu’à six mois. Pour le futur, les professionnels se montrent plutôt optimistes: «Le volume des nouveaux logements qui va arriver sur le marché devrait soutenir la hausse


Immobilier

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des logements vacants. Les logements les moins adaptés vont subir une pression accrue sur les prix.» Mais le prix de la construction va augmenter inexorablement, notamment en fonction des exigences énergétiques. La question est posée: d’où viendra le financement ? 3900 nouveaux logements par année Une donnée à retenir est la progression de la population: à fin juin, le canton comptait 818’927 résidents. La population étrangère totalisait un bon tiers (33%), en hausse de 5,2% par rapport à 2017. Selon les projections de Statistique Vaud, le canton devrait passer de 815’000

en 2020 à 902’000 habitants en 2030, ce qui montre un ralentissement de la hausse. En chiffres absolus, l’augmentation devrait être de 87’000 personnes. En moyenne annuelle, cela représente 8700 habitants supplémentaires ou 3900 nouveaux logements par an. Le stock de terrains disponibles à court terme pour la construction – surtout dans les agglomérations et centres régionaux – pourrait suffire jusqu’en 2040, mais cela dépendra de la marche de l’économie. Les réserves foncières du canton correspondent à un potentiel de 116’000 nouveaux habitants d’ici à 2040, essentiellement dans les agglomérations et les

Taux de logements vacants par district, comparaison 2015-2021 Entre 2015 et 2021, les données montrent district par district la détente opérée sur le marché du logement vaudois. Il y a six ans, seul Aigle parvenait à un taux supérieur à 1,5 %, seuil fatidique d’un marché équilibré. Au-dessus, les loyers ont tendance à baisser. Entre 1 et 1,5 %, ils restent stables. Au-dessous de 1% ils ont tendance à augmenter. En 2015, Lausanne et l’Ouest lausannois étaient dans le rouge vif avec un taux inférieur à 0,28%. Six ans plus tard, la tendance a changé: en 2021, seul Lausanne reflète encore un chiffre inférieur à 1%, la plupart des districts se situant dans la fourchette de 1 à 1,5%. Les régions d’Aigle, Jura-Nord vaudois et Broye-Vully affichent un taux de vacance supérieur à 1,5%. L’augmentation moyenne a été lente. Dans l’Ouest lausannois, le taux atteint 1,5% en raison du grand nombre de logements construits. La hausse des logements vacants est particulièrement visible dans le Jura-Nord vaudois. A Aigle et dans la Broye-Vully, le taux atteint même 2%. Les différences régionales se sont creusées et le taux touche plus fortement les logements en location qu’en propriété. L’offre n’est pas la même partout. Le découpage du canton en dix districts, tel qu’il est appliqué depuis 2008, fausse quelque peu les données. Les logements vacants, et donc les prix, ne sont pas les mêmes à Pully/Lutry qu’à Oron (c’est le même district) ou qu’à Nyon et Longirod, commune éloignée des bords du lac.

autres centres régionaux. Des réserves sont disponibles à court terme sur les terrains en zone à bâtir ou alors disponibles dans le futur, selon les planifications cantonales: «La difficulté concerne l’inertie propre aux développements du territoire et des infrastructures par rapport à la vitesse des changements liés à l’économie et aux modes de vie, conclut l’étude. Un relatif équilibre ayant été atteint, l’enjeu est de réussir à le maintenir.» Olivier Grivat * CBRE Switzerland: yvan.schmidt@cbre.com et francois.yenny@cbre.com

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Immobilier

Etude Knight Frank

LES STATIONS DE SKI SUISSES EN TÊTE DU CLASSEMENT La 13e et dernière étude de la société internationale Knight Frank indique qu’en 2021, les stations de ski suisses ont pris la tête de l’indice des prix de l’immobilier alpin de luxe.

La station de Gstaad en tête du classement par prix. LDD

«A

près dix-huit mois d’agitation et deux saisons de ski perdues, la montagne est le lieu incontournable où s’évader, relève Kate Everett-Allen, responsable de la

recherche résidentielle internationale chez Knight Frank. Si les réservations de locations immobilières sont un indicateur clé de la demande de vente, nous nous attendons à une saison 2021-2022 active. Le défi sur certains

marchés, tels que les stations suisses de St-Moritz et Verbier, est désormais la pénurie de stock.» Comme le relève le communiqué de presse de Naef Prestige, on assiste à une hausse de la demande en matière d’achats d’une résidence de ski en raison de la pandémie: 18% des acheteurs mondiaux l’envisageaient en juin 2021, contre 11% en décembre 2020. Le Global Buyer Survey confirme cette tendance avec la clientèle asiatique: 22% envisagent une telle acquisition. «Le moment est opportun, étant donné que le monde entier se prépare pour les Jeux olympiques d’hiver de Pékin en février 2022. Les experts de l’industrie du ski estiment depuis longtemps que l’Asie joue un rôle essentiel pour l’avenir de ce sport, en contribuant à accroître la population mondiale de skieurs», ajoute Kate Everett-Allen. Un constat que confirme Jacques Emery, à la tête de la division Naef Prestige: «A ma connaissance, tous les chalets et les appartements de haut standing sont d’ores et déjà loués à Verbier entre Noël et Nouvel An. Et le constat est quasiment


Immobilier

Edition Vaud Décembre 2021

INDICE DES PRIX DE L’IMMOBILIER DE LUXE ALPIN 2021 (chalet de 4 chambres avec situation en plein centre)

identique en ce qui concerne le reste de la saison. Je constate également qu’un des impacts de la Lex Weber a été de favoriser la construction de résidences hôtelières. Or les ressortissants étrangers sont intéressés à investir dans ce type de biens.» St-Moritz en première place Knight Frank a élaboré un indice des prix de l’immobilier de luxe alpin en se basant sur 20 stations suisses et françaises. Cet indice est basé sur un chalet de quatre chambres au bénéfice d’une situation idéale en plein centre. Les stations de ski suisses ont pris la tête de cet indice à la fin du second trimestre 2021, ceci pour la première fois depuis trois ans. L’explication des chercheurs de Knight Frank: «Cette situation est induite par une pénurie de stock et une forte demande suisse. Mais la pandémie a également mis en lumière les avantages de l’indépendance de la Suisse. La capacité du pays à fixer ses propres réglementations de voyage, sa décision de rouvrir ses stations de ski en décembre 2020 (unique en Europe) et

Verbier a atteint un prix de vente record de 30'000 francs du m2 pour un appartement à la revente

sa gestion globale de la pandémie ont vivement renforcé son attrait.» L’étude révèle que St-Moritz occupe la première place de cet indice. «En juin 2020, quelque 90 résidences de ski étaient disponibles à l’achat, un an plus tard elles ne sont que 20, ce qui a inévitablement impacté les prix. La situation est similaire à Verbier où certaines propriétés ont été vendues à plus de 12% du prix affiché. La station a également atteint un prix de vente record de 30'000 francs du m2 pour un appartement à la revente.» Report de certaines transactions Comme l’explique Alex Koch de Gooreynd, responsable du bureau international Knight Frank pour la Suisse, «les potentiels vendeurs ont mis leur bien en location et les parents qui envisageaient de vendre ont mis leurs projets en attente car leurs enfants et autres proches ont voulu profiter des Alpes ces douze derniers mois». Bref, les professionnels du secteur espèrent assister à un «rétablissement des niveaux de stock de biens en vente». >>

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Immobilier

La station la plus chère de France reste Courchevel 1850

Courchevel 1850. LDD

En France, on se rappelle que les stations de ski n’ont pas eu l’autorisation de faire fonctionner leurs remontées mécaniques. Néanmoins, les propriétés ont tout de même continué à changer de mains. «Chamonix (6,1%) et Megève (4,7%) se sont avérées être les premières stations de France, principalement en raison de leur facilité d’accès depuis des villes telles que Milan, Turin et Genève, ainsi que de leur valeur relative.» «Les stations de moyenne altitude avec un mix d’activités constituant une base idéale toute l’année séduisent un éventail plus large d’acheteurs», explique Roddy Aris, responsable du bureau international Knight Frank pour les Alpes françaises. La station la plus chère de France reste Courchevel 1850, pas étonnant que le groupe Ultima s’y soit installé. «C’est sans doute le marché refuge des Alpes françaises. Les acquéreurs savent qu’ils accèdent à l’une des stations de ski les plus prisées au monde, avec des prestations de service et des infrastructures de premier ordre. Le défi consiste à trouver le stock nécessaire», confie Roddy Aris.

La tranche de prix entre 4 et 8 millions d’euros est la plus prisée. Idéal pour le télétravail? Comme le confirment l’ensemble des professionnels de l’immobilier, le télétravail a connu un boom grâce à la Covid-19. Reste qu’il faut pouvoir bénéficier d’une connexion haut débit. C’est dans ce contexte que Knight Frank a décidé de créer son propre système de monitoring des stations idéales pour le télétravail à l’intention des personnes qui envisagent de déménager. «Nous avons classé les stations alpines en mesurant la vitesse du haut débit, le choix des commodités par station, la proximité d’un aéroport et le degré d’ouverture aux acheteurs non-résidents.» Chamonix arriverait en tête, devant Megève et Villars-sur-Ollon. Cela étant, l’équipe basée à Londres n’est pas toujours parfaitement renseignée. Ainsi, lorsqu’elle indique faussement que le Magic Pass donne accès au domaine skiable de Crans-Montana. Bonne lecture! S. G.


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Edition Vaud Décembre 2021

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Immobilier

Anniversaire

NAEF IMMOBILIER CÉLÈBRE SES 140 ANS Pour marquer le coup, le groupe Naef a alloué 140’000 francs à diverses associations romandes œuvrant dans les domaines social, culturel et environnemental.

La société s’est installée, en 1886, au 18, rue de la Corraterie, pour y rester jusqu’en 1995.

La précédente et la nouvelle enseigne. LDD

LDD

«E

n cette période de pandémie, avoir une démarche altruiste est apparue comme une évidence», résume Etienne Nagy, CEO du groupe Naef. Fondé le 26 septembre 1881, le groupe Naef a souhaité «marquer avec sens cet anniversaire important. Nous avons souhaité penser à ceux qui sont dans le besoin et en particulier les personnes impactées par la crise sanitaire.» L’annulation pour cause de crise

sanitaire, de divers événements clients du groupe (lire l’interview) a permis de financer une grande partie de la cagnotte de 140’000 francs allouée à ce projet. Deux étages La démarche de Naef comprend en quelque sorte deux étages, comme avec une fusée. D’une part, les diverses filiales du groupe ont été invitées à proposer et sélectionner les associations à soutenir dans leur région respective. Chacun des

385 employés a pu déposer un dossier de candidature pour l’association qui lui tenait à cœur. Un comité a ensuite vérifié que les projets répondaient aux critères d’éligibilité, puis ceux-ci ont été soumis au vote à raison d’une sélection de trois projets répartis entre les agences. Les dons pour un total de 100'000 francs ont ensuite été distribués aux associations concernées: pour Genève, Net Léman, Lecture & compagnie et le Foyer Arabelle; pour Nyon, Au potager de Nyon,


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Edition Vaud Décembre 2021

Les membres du conseil d'administration (de gauche à droite et de haut en bas): Etienne Nagy, Jean-Paul Bart, Michèle Peiry, Frédéric Naef, Marc-Olivier Buffat, Aude Peyrot et Pierre Poncet. LDD

L’acte de fondation de la société en 1881 par les deux associés Ernest Naef et Charles Nicole. LDD

l’Ecole de Musique de Nyon, l’Académie des Arts Créatifs, le Local Nyon et Pro Infirmis; pour les agences de Lausanne et Vevey, Summit Foundation, l’Association professionnelle pour la recherche et le partage des savoirs et Capdendo; pour Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds, l’association Liane, la Théâtrale et la Paternelle; et enfin pour Fribourg, l’Atelier Estampille. Second étage de cette démarche: le groupe a souhaité également soutenir

une association locale ayant une activité liée au domaine de l’immobilier. C’est ainsi que le Fonds logement a été créé cette année au sein du Centre social protestant de Genève, suite à un don de 40'000 francs du groupe Naef. Le but de ce fonds est d’accorder une aide ponctuelle aux personnes ou aux familles qui ont des retards de paiement du loyer. Pour en revenir à cette célébration, voici une synthèse de l’histoire du groupe Naef Immobilier. Comme le raconte très

joliment l’introduction d’une petite brochure éditée à l’occasion du centenaire, en 1981: «Petite histoire de deux amis, citoyens genevois qui s’associèrent pour ouvrir un bureau d’affaires commerciales et immobilières à Genève en 1881. Ils avaient alors vingt et un et vingt-deux ans.» Le 26 septembre 1881, Charles Nicole et Ernest Naef s’associèrent pour ouvrir un «bureau d’affaires et de régie» rue de Hollande 9. Ce dernier avait auparavant >>

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Immobilier

Le Parc de Crêts, à Troinex (GE). Naef est en charge de la commercialisation avec Barnes. LDD

effectué un stage de banque chez Pictet & Cie à Genève, c’est d’ailleurs Ernest Pictet qui encouragea Ernest Naef à s’intéresser aux affaires immobilières. Le premier immeuble qu’ils eurent à gérer était le 9, quai du Seujet. En 1886, le bureau est transféré au 18, rue de la Corraterie où elle restera jusqu’à son déménagement à l’avenue Eugène-Pittard en 1995, son adresse actuelle. Attiré par des placements plus favorables à l’étranger, Charles Nicole vendit sa participation à son associé en 1907. Ce dernier restant alors seul à la tête de la maison lui donna son nom. En 1920, Ernest Naef associa à ses affaires son fils Bernard. Dès lors, la maison fut connue sous le nom E. & B. Naef. L’installation de la Société des Nations à Genève donna un nouvel élan à la ville. Le bureau fut associé à diverses opérations immobilières à la rue de Lausanne, à Champel et à la Rôtisserie. Le fondateur de la maison mourut en décembre 1938. Son fils Bernard la transforme dès 1940 en société en commandite. L’effectif du bureau s’élevait alors à une vingtaine de personnes. En 1947, Jean Naef, fils aîné de Bernard Naef, devint associé de la maison. Le second fils de Bernard, François, re-

Lorsque Naef & Cie fête son centenaire, les effectifs s’élevent à 65 personnes. Aujourd’hui, le groupe compte 385 employés

joint à son tour l’entreprise en 1958 et en devint associé en 1962. Lorsque Naef & Cie fête son centenaire, les effectifs s’élèvent à 65 personnes. Deux ans après l’arrivée d’Alain Peyrot à la direction générale, en 1987, la croissance va s’accélérer avec non seulement l’ouverture du bureau de Nyon et l’acquisition du portefeuille de la régie Barde, de la régie Aubert et l’acquisition des sociétés Albert Hutin SA, Claude Deriaz SA et Creditréform. Il sera nommé à la présidence du conseil en 1994. En 2001, c’est au tour de l’agence de Lausanne de voir le jour. En 2002, Frédéric Naef, représentant de la quatrième génération et fils de François, est nommé administrateur. Il est suivi en 2004 par l’arrivée d’Etienne Nagy et de Jean-Paul Bart comme administrateurs également. Puis en 2006, Etienne Nagy est nommé au poste de directeur général. En 2015, une troisième agence est créée à Vevey. En 2020, le groupe s’installe au cœur de Verbier et en 2021, la société Gerimmo (rachetée en 2014) devient Naef Immobilier La Chaux de Fonds. Toujours en 2021, le groupe Naef a ouvert une huitième agence à Fribourg. Serge Guertchakoff


Immobilier

Edition Vaud Décembre 2021

«PRÈS D’UN MILLIARD DE VOLUME DE VENTE ANNUEL» Cinq questions à Etienne Nagy, CEO de Naef Holding

reportée mais a bien eu lieu. Enfin, la plupart des conférences prévues dans la bibliothèque que nous avons créée au boulevard James-Fazy (GE) ont été remplacées par un webinaire. Votre groupe est désormais actif dans quasiment tous les cantons romands. Etudiez-vous néanmoins l’ouverture d’autres agences? En effet, nous couvrons le Jura depuis notre agence de La Chaux-de-Fonds. A Verbier, nous ne couvrons que l’activité liée à l’immobilier de montagne, principalement la vente de résidences secondaires. Ouvrir de nouvelles agences n’est pas un projet prioritaire pour nous actuellement. Mais la question pourrait se poser pour le canton de Vaud, vu sa taille. Nous souhaitons désormais stabiliser notre croissance. L’activité de courtage a vu son chiffre d’affaires être multiplié par trois ces six dernières années. Et rien que cette année, nous avons créé 15 postes, toutes activités confondues.

Est-ce que cent quarante ans plus tard, il y a encore des membres de la famille Naef actifs dans le groupe et/ou actionnaires? Oui, Frédéric Naef, représentant de la quatrième génération, préside notre conseil d’administration. Avec sa mère et ses sœurs, ils détiennent toujours une partie du capital du groupe. Cependant, comme le prévoient nos statuts, nous n’avons pas d’actionnaires dominants. Cela nous oblige à gouverner en recherchant le consensus. Voici quatre ans, suite au départ d’Alain Peyrot, nous avons décidé d’ouvrir l’actionnariat à deux familles genevoises et à une famille romande. Quels ont été les événements qui ont été annulés à cause de la crise sanitaire? La présentation du Wealth Report réalisé par notre partenaire Knight Frank qui devait se dérouler, comme d’ha-

«Nous couvrons le Jura depuis notre agence de La Chauxde-Fonds»

bitude dans un grand hôtel, à Genève et Lausanne a été remplacée par un webinaire. Nous avons aussi annulé une de nos «rencontres propriétaires». L’inauguration de nos bureaux à Fribourg également, elle, a également été

Voici quarante ans, dans votre brochure consacrée au centenaire, Naef & Cie rappelait qu’une de ses spécificités était la gestion de villas particulières. Est-ce toujours le cas? En existe-t-il d’autres? La régie Dumur, intégrée par Naef, était une des plus anciennes régies de Genève. Elle avait pour particularité de gérer quelques grands domaines. Aujourd’hui, nous avons toujours cette activité de gérance de lots individuels, mais plus tellement de grands domaines. Etes-vous désormais la seconde plus grande régie de Suisse romande, derrière le groupe Gerofinance-Régie du Rhône? Je le pense, en effet. Nous avons actuellement quelque 385 collaborateurs toutes activités confondues (avec Acanthe, le bureau d’architectes Alios, le bureau de pilotage Sioux, etc.) et allons finir l’année autour des 800 millions d’état locatif et nous allons atteindre le milliard de volume de vente annuel. Propos recueillis par S. G.

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Chronique

USPI VD par Frédéric Dovat, secrétaire général

SUPPRESSION DE LA VALEUR LOCATIVE, OUI MAIS… Le projet accepté par le Conseil des Etats prévoit des contreparties à la suppression de la valeur locative qui sont trop lourdes et qui ratent leur cible. L’USPI Vaud prône le maintien de l’ensemble des déductions fiscales existantes pour tous les propriétaires et l’introduction de nouvelles déductions pour les locataires.

A

ctuellement, le propriétaire d’un logement qui l’utilise pour ses propres besoins bénéficie d’une valeur de jouissance (valeur locative) qui est soumise à l’impôt sur le revenu. Seuls les revenus provenant d’un immeuble sont taxés, alors que la valeur de jouissance d’autres biens faisant partie de la fortune privée (par exemple des voitures) n’est pas soumise à l’impôt. Valeur imposée au propriétaire à titre de revenu La valeur locative est imposée à titre de revenu du propriétaire, ce qui permet à ce dernier de déduire les frais liés à l’acquisition de ce revenu, tels que les frais d’entretien. D’autres déductions sont prévues pour des motifs extra-fiscaux telles que celle des intérêts hypothécaires destinée à favoriser l’accession à la propriété et celle des investissements destinée à économiser l’énergie et à ménager l’environnement. La commission de l’économie et des re-

devances du Conseil des Etats a élaboré un projet de loi visant à supprimer la valeur locative, ainsi que toutes les déductions relatives aux frais d’acquisition (frais d’entretien, frais de remise en état d’un immeuble nouvellement acquis, primes d’assurance, frais d’administration par des tiers) et les déductions portant sur les investissements destinés à économiser l’énergie et à ménager l’environnement ainsi que les frais de démolition. Les cantons pourraient continuer d’autoriser les déductions relatives aux travaux d’assainissement énergétique. Les déductions pour les travaux de restauration de monuments historiques demeureraient possibles aux niveaux fédéral et cantonal. Les revenus locatifs, de même que la valeur locative des résidences secondaires continueraient d’être imposés. Quant aux intérêts hypothécaires ainsi que les intérêts passifs liés à d’autres dettes, ils ne pourraient plus être déduits tant au niveau fédéral que canto-

nal y compris pour les propriétaires de résidences secondaires et d’immeubles de rendement, avec une exception en cas de première acquisition d’un logement à usage personnel. Le Conseil des Etats a ensuite débattu de ce projet et l’a accepté le 21 septembre 2021 avec quelques modifications. En particulier, les intérêts passifs privés, soit notamment les intérêts hypothécaires, seraient déductibles à concurrence de 70 % du rendement imposable de la fortune. Cependant, il serait erroné de penser que le propriétaire d’une résidence principale pourra continuer de déduire ses intérêts hypothécaires à concurrence de 70 %. En effet, dans la mesure où la valeur locative de la résidence principale est supprimée, le propriétaire n’aura plus de rendement imposable de sa fortune immobilière liée à ladite résidence principale et il ne pourra donc plus déduire ses intérêts hypothécaires. La commission de l’économie et des


Chronique

Edition Vaud Décembre 2021

Le système actuel d’imposition de la valeur locataire est difficilement compréhensible. LDD

Il serait erroné de penser que le propriétaire d’une résidence principale pourra continuer de déduire ses intérêts hypothécaires à concurrence de 70 %

redevances du Conseil national, de son côté, estime que le système actuel d’imposition de la valeur locataire est difficilement compréhensible. Selon elle, des mesures doivent être prises dans ce domaine, raison pour laquelle elle a décidé d’entrer en matière le 9 novembre 2021 sur le projet accepté par le Conseil des Etats. Une partie de la majorité de ladite commission relève que son soutien dépendra de la forme que prendra le projet final. Elle estime qu’il faut un véritable changement de système (y compris pour les résidences secondaires) et une réduction supplémentaire des incitations à l’endettement. En vue de sa prochaine séance en janvier 2022, la commission a demandé à l’administration fédérale de clarifier un certain nombre de points, dont notamment les conséquences économiques d’un changement de système, l’élaboration d’une réglementation applicable aux cas de rigueur pour les retraités ayant un revenu modeste ou encore les

possibilités de compensation pour les cantons qui comptent un nombre élevé de résidences secondaires. Egalité de traitement Pour l’USPI Vaud, la contrepartie prévue par ce projet à la suppression de la valeur locative des résidences principales, à savoir la suppression de bon nombre de déductions fiscales existantes, est trop lourde. Si nous souscrivons à la suppression de la valeur locative, l’ensemble des déductions fiscales existantes pour tous les propriétaires devrait être maintenu. La contrepartie à la suppression de la valeur locative devrait être l’introduction de nouvelles déductions fiscales pour les locataires, ce qui permettrait de respecter l’égalité de traitement entre les locataires et propriétaires de logement, comme l’a d’ailleurs expliqué le Tribunal fédéral dans un arrêt du 11 décembre 1996 (ATF 123 II 9). Ce projet n’a donc pas encore fini de faire parler de lui.

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Commerce


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Ville de Lausanne

LES CAFÉS HISTORIQUES (AP)POSENT LES PLAQUES Ecriture dorée sur fond bleu roi, 44 nouvelles enseignes de la capitale vaudoise vont signaler le caractère historique du lieu pour assurer leur mise en valeur.

Le Café de Grancy, sous la gare, n’a que 15 ans, mais son charme opère. Florian Celia

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ls ou elles se nomment Pinte Besson, Vieux-Lausanne, Evêché, Pomme de Pin, Café Romand ou Chat noir: tous ces cafés-restaurants historiques vont recevoir une plaque distinctive qui leur offrira une meilleure visibilité. C’est une initiative de la Ville de Lausanne, en partenariat avec Lausanne à Table, Lausanne Tourisme et Gastro Lausanne, qui va débuter au printemps prochain pour répondre à un postulat de Benoît Gaillard. Le conseiller municipal socialiste lausannois réclamait «un inventaire et une promotion des cafés, restaurants, bis-

Aucun café n’est recensé ou protégé pour lui-même, seul le bâtiment est pris en compte

trots, brasseries et pintes historiques de la Ville». Avec la possibilité de demander à l’Etat le classement de certains d’entre eux comme monuments, ainsi que des mesures de protection sous les angles touristique, patrimonial et gastronomique. Présent lors d’une conférence presse qui s’est tenue à la Bavaria, le syndic Grégoire Junod a souligné qu’il ne s’agit pas à ce stade d’une démarche administrative visant à obtenir un classement donnant lieu à une protection spécifique, mais plutôt de mettre en évidence des adresses reconnues sur la base de cri- >>


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Commerce

Le Café du Grütli à la rue Mercerie, à deux pas de l’Hôtel de Ville. Florian Celia

tères comme les éléments anciens, la décoration d’époque ou les aménagements d’origine avec une présence d’au moins cinquante ans. C’est ainsi que 44 adresses ont été retenues à l’exclusion des hôtels et de leurs restaurants. Avec certaines exceptions pour des établissements créés dans des bâtiments historiques de grande valeur, comme Le Kiosque à St-François, le Café Mozart au Conservatoire ou le Castel du Bois-Genoud: «Lausanne a l’ambition de continuer son développement mais elle est fière de son histoire. On ne peut pas être l’un sans l’autre», commente le syndic.

«Lausanne a l’ambition de continuer son développement mais elle est fière de son histoire. On ne peut pas être l’un sans l’autre»

L’exemple de la Bavaria En 2017, alors que la célèbre brasserie du Petit-Chêne avait été vendue,

Grégoire Junod, syndic de Lausanne

la Ville de Lausanne avait demandé le classement de la salle du restaurant. Le Canton avait attribué une note 2 à l’immeuble en l’inscrivant à l’inventaire. En ce qui touche la protection, certains bâtiments abritant un café ou un restaurant ont reçu une mention indicative «B» comme «bistrot» au recensement architectural du canton. Mais cette mention ne correspond pas à une mesure de protection: «A ce jour, aucun café n’est recensé ou protégé pour lui-même, seul le bâtiment est pris en compte, explique la Municipalité de Lausanne. A l’avenir, en accord avec le conservateur cantonal des monuments, le service de l’urbanisme lausannois soumettra à une commission d’experts choisis par le Canton, la liste des établissements historiques de la ville afin


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La brasserie mythique La Bavaria. Swiss Wine Gourmet

de les inclure au recensement et d’envisager de leur accorder une protection cantonale particulière.» En outre, dans le cadre de la révision du Plan d’affectation communal, des protections des établissements historiques seront formulées. Livre à venir Dans l’immédiat, il va s’agir de mettre en place des actions de valorisation des 44 sélectionnés. Un livre est en cours de réalisation sous la direction d’Isabelle Falconnier, déléguée à la politique du livre à Lausanne, et des Editions Favre. Un programme de balades et surprises culinaires sera déployé en 2022 autour de la redécouverte de «ces lieux qui font la richesse de la ville». Olivier Grivat

Etablissements les plus anciens • Auberge de Montheron (XVIe siècle) • Pinte Besson (1781) • Hôtel de l’Ours (1842) • Grütli (1885) • Bavaria (1892) • Tramway (1895) • Couronne d’Or (1895) • Les Alliés (1895) • Lausanne-Moudon (1897) • Café de l’Hôtel de Ville, Lyrique, Vieil Ouchy (fin XIXe siècle) • Brasserie de Montbenon (1908) • Brasserie St-Laurent, Le Cygne (1912)

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Agence de voyages

UNE CITÉ DES VOYAGEURS À LAUSANNE Dix ans après son arrivée à Genève, Voyageurs du Monde s’installe au cœur de la capitale vaudoise. Sa deuxième agence en Suisse romande. L’agence possède l’exclusivité des croisières sur le entièrement restauré. LDD

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Genève, elle est installée au cœur de l’animation des RuesBasses. A Lausanne la nouvelle Cité des Voyageurs se situe au bas de la rue de Bourg, l’artère piétonne la plus animée de la capitale vaudoise après le quartier du Flon. C’est au 2e étage d’un bâtiment historique – au numéro 6 – que l’on retrouve l’équipe de spécialistes animée par Jérôme Tissot: «Nous sommes une société suisse, filiale de la maison-mère à Paris», commente le directeur d’un groupe coté en bourse et qui reprend de la vigueur après la longue pause du Covid. Projet imaginé de longue date, l’ouverture de l’agence lausannoise a été différée de 24 mois du fait de la crise sanitaire: «Au-delà de ses objectifs en termes de développement économique, Voyageurs du Monde reste engagé plus que jamais dans la lutte contre le réchauffement climatique, ajoute Jérôme Tissot. L’entreprise absorbe aujourd’hui la totalité des émissions de CO2 liées aux déplacements de ses voyageurs et de ses

«L’entreprise absorbe la totalité des émissions de CO2 liées aux déplacements de ses voyageurs et de ses salariés grâce à des actions de reforestations» Jérôme Tissot, directeur


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Edition Vaud Décembre 2021

Nil à bord du «Steam Ship Sudan»

salariés grâce à des actions de reforestations à travers le monde.» A Genève depuis 2011 Spécialiste du voyage sur mesure, Voyageurs du Monde compte 18 agences, dont 13 en France, une en Belgique, deux au Canada et désormais deux en Suisse romande. Installée à Genève en 2011 avec cinq collaborateurs, l’équipe helvétique du groupe compte désormais 14 salariés. Chaque conseiller est spécialiste du pays ou de la région géographique dont il est responsable afin de rester fidèle au principe: «On ne parle bien que des pays que l’on connaît par cœur.» La nouvelle agence de Lausanne est ainsi composée de quatre conseillers spécialistes des Etats-Unis, de l’Europe du Sud et de l’Est, de l’Afrique, du Moyen-Orient, de l’Inde et de l’Asie. Les deux agences de Genève et Lausanne disposent chacune de spécialistes de l’Egypte proposant notamment une croisière sur le Nil à la mode d’Agatha Christie à bord du «Steam Ship Sudan», un bateau historique d’exception

qui est une exclusivité de Voyageurs du Monde et un «best-seller» très apprécié de la clientèle suisse. Avec 18 cabines et cinq suites, le bateau combine le raffinement du style oriental au mobilier classique du XIXe siècle. Le PDG du groupe est Jean-François Rial qui défend un tourisme responsable après sa découverte d’autres cultures lors d’un voyage dans le Sahara, en 1991. Après un début de carrière dans l’information financière, il a décidé de changer de vie et de se consacrer à sa passion du voyage. Il rachète avec des amis la société Carrefour des Voyages créée en 1979 par Claude Saulière. Le groupe et ses filiales Allibert Trekking, Nomade Aventure S.A.S, PLUS Voyages comptaient 1409 employés en 2019. Il a retrouvé près de 65 % de son niveau d’avant la pandémie. Autour de trois pôles d’activité (voyages individuels personnalisés, voyages d'aventure/treks-randonnées et voyages collectifs), le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 245 millions d’euros en 2020. Olivier Grivat

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Commerce

Horlogerie

BUCHERER S’OFFRE UN NOUVEL ÉCLAT À LAUSANNE Après neuf mois de travaux, la Maison lucernoise a dévoilé le nouvel aménagement de sa boutique rue de Bourg, plus axé sur l’expérience client.

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ien plus qu’une simple rénovation, l’immeuble détenu depuis 1996 par la Maison horlogère et joaillière Bucherer à Lausanne a subi une véritable métamorphose. Contemporaine et raffinée, l’architecture qui s’y traduit désormais offre de la modernité dans une atmosphère de luxe décomplexé. Les salons de vente y sont décorés avec

des matières douces telles que le bois, le cuir, la pierre naturelle, le marbre ou encore le bronze et sont agrémentés à présent d’un lounge et d’un bar pour inviter les visiteurs à prendre le temps d’admirer les marques. Une partie réservée aux montres de seconde main, marché en pleine effervescence, a également été ajoutée à l’ensemble de la boutique située rue de Bourg.

«Notre clientèle lausannoise est très locale et composée d’habitués. Nous avons donc cherché à améliorer l’expérience clients car ces derniers ne cherchent plus simplement à faire leurs achats et repartir mais plutôt à vivre une expérience globale», décrit Sophie Jäggi, porte-parole de Bucherer Lausanne. Julie Müller


Commerce

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Art contemporain

BEL-AIR FINE ART S’INSTALLE FACE AU LAUSANNE PALACE Après Genève, Crans-Montana, Gstaad, Verbier et Saint-Moritz, le plus grand acteur privé sur la scène de l’art contemporain en Suisse, le groupe Bel-Air Fine Art a inauguré une belle arcade.

belairfineart.com

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ondé il y a plus de quize ans déjà par François Chabanian, le groupe Bel-Air Fine Art avait démarré en Suisse avec une grande galerie située à la Corraterie (GE) en 2004, avant de connaître un important développement. Les 6, 8 et 9 octobre, la galerie d’art contemporain a inauguré

son arcade lausannoise, sise en face du Lausanne Palace, dans un espace lumineux de 170 m2. On y retrouvera en exposition permanente et en exclusivité les œuvres originales d’une trentaine d’artistes de renommée internationale, dont les sculptures de Jeff Koons, Richard Or-

linski, Mariela Garibay et Fred Allard, les pièces murales de Cédric Bouteiller, Isabelle Scheltjens, Patrick Hughes et Hong Yi Zhuang ou encore les photographies de Cédric Plaisance, Joël Moens de Hase, Antoine Rose, Anne Valverde et Nick Veasey. S. G.

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Emploi et formation

Communication non verbale

LE REGARD ET LE SOURIRE... PARLENT Comment contrôler notre communication non verbale et interpréter celle des autres ? Quelques solutions de bon sens en ce qui concerne le sourire, le regard et... les odeurs.

Le meilleur dictionnaire du regard est notre

L

e sourire. Nous ne sommes évidemment pas responsables de la tête que nous avons, mais bien de celle que nous faisons ! Le pouvoir du sourire est immense et crée une ambiance propice à une saine communication. Si nous nous sommes levés « du pied gauche », (certes, il y a plus glamour comme expression !) cela peut arriver à tout le monde, décidons que les autres ne méritent vraiment pas de pâtir des effets d’une mauvaise humeur passagère. Relativisons la situation, attachons de l’importance à ce qui en a, convenons que l’appétit vient en mangeant et sourions. Par chance le sourire est contagieux et le nôtre, par effet de mimétisme, va souvent se retrouver sur le visage de la personne qui nous fait face et contribuer à créer une spirale positive. A quand l’enseignement du sourire à l’école ? Celui de notre interlocuteur explique sa satisfaction, son plaisir d’être avec nous.

Et s’il préfère s’en abstenir, parce que la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille, offrons-lui le nôtre. Attention au sourire figé, avide, mécanique, forcé ou moqueur qui relève de la famille des rictus. Voici une petite anecdote peutêtre véridique. Une personne attend avec un numéro de passage qui est le 24. Devant lui une femme se retourne et dit : « Monsieur, voulez-vous passer à ma place ? La personne du guichet vers lequel je dois me rendre n’est jamais de bonne humeur et je préfère un(e) autre de ses collègues. » Petite flamme qui brille ou désintérêt Le regard émet des messages qui correctement décodés vont indiquer chez nous ou chez notre vis-à-vis, tout ou son contraire ; comme le plaisir d’être avec l’autre ou l’indifférence, la bienveillance ou une certaine dureté, la compréhension ou encore l’incompréhension,

Le sourire est contagieux et le nôtre, par effet de mimétisme, va souvent se retrouver sur le visage de la personne qui nous fait face et contribuer à créer une spirale positive


Emploi et formation

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sens de l’observation. LDD

l’intérêt pour le sujet avec cette petite flamme qui brille dans les yeux ou le désintérêt. Nous allons déchiffrer ces états d’âme chez notre interlocuteur en étant conscient qu’il va faire de même. Il va réduire le contact visuel s’il s’ennuie ou n’approuve pas et s’il regarde ailleurs, c’est que vous avez perdu son attention. Le meilleur dictionnaire du regard est notre sens de l’observation. Le soussigné, grand sportif, dans ses rêves, passait récemment devant une superbe boutique en revenant d’un footing, vêtu d’un short et d’un polo. Dans la vitrine, il aperçoit un chemisier qui allait plaire à son épouse. Bien décidé à en faire l’acquisition, il pénètre dans le magasin. La vendeuse avisant sa tenue, le toise d’un air hautain et avant qu’il ait pu ouvrir la bouche, lui indique que les soldes sont au sous-sol. Le même soussigné y jette un œil et dit à Madame Revêche : « C’est encore trop cher pour moi ! » Puis, dépité, il quitte les

lieux. Léonard de Vinci écrivait que « les yeux sont la fenêtre de l’âme ». Nous n’avons pas prévu d’interpréter ici le regard énigmatique de la Joconde, mais conviendrons que la qualité du contact visuel joue un rôle considérable dans la qualité d’un dialogue. Il y a une véritable « danse des regards » dans un entretien harmonieux. L’odeur créatrice d’image Les odeurs nous mènent par le bout du nez. Une odeur de pain au chocolat, une odeur de cuir... et hop, nous pénétrons dans la boutique, comme attirés par un aimant invisible. Ce que nous sentons agit donc sur nos actions. Autre exemple, un lieu bien aéré véhicule une image de dynamisme, de modernisme. Au contraire, une odeur de poussière, voire de renfermé peut faire penser que le temps a passé et que l’entreprise est justement dépassée ! L’odeur est donc créatrice d’image.

Et puisque communiquer est une question de relations interpersonnelles, posons-nous la question de savoir si nous devons attirer l’attention de l’autre par notre propre odeur. Tous les goûts sont certes dans la nature, mais soyons absolument conscients que les odeurs peuvent fortement impacter la communication. Aux deux extrêmes, certaines sont presque envoûtantes, d’autres donnent envie de fuir. Une chose est certaine d’immenses potentiels de gains résident dans l’olfactif. Pour conclure, l’objectif n’est pas de « sur-interpréter » ni de décoder tous azimuts le « fonctionnement » de notre interlocuteur. La démarche relève d’avantage de la détermination de tisser des relations de qualité, d’améliorer notre impact professionnel sur les autres, en associant à notre sens de la psychologie, celui de l’observation. Michel Bloch

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Culture

Légende. LDD

Livre

«EXCUSEZ-MOI, MONSIEUR, OÙ SONT LES TOILETTES?» Jean-Jacques Gauer, le roi des hôteliers, se confie à livre ouvert avec un titre insolite, la question la plus souvent posée durant ses quarante années au directeur de palaces. Avec sa femme Emeline, Jacques Dutronc, l’ancien président Bill Clinton, Bernard Nicod et Pierre Keller. LDD

L’

immobilisation forcée des hyperactifs durant le semi-confinement les a conduits à un drastique changement de vie: yoga, promenades, jardinage ou pêche à la ligne ont été au cœur de leur nouvelle existence. D’autres en ont profité pour se mettre à l’écriture. C’est le cas de l’hôtelier Jean-Jacques Gauer qui a rédigé son autobiographie (éditions Favre). Il y raconte des décennies d’activités de Berne à Corfou, de Jérusalem à New York, de Lausanne à l’Auberge du Raisin à Cully où il rayonne encore. Personnage incontournable de l’hôtellerie, l’ex-patron du Schweizerhof à Berne et du Lausanne Palace, à la tête des Leading Hotels of the World durant deux décennies, adore faire le tour des tables. Il affiche toujours le sourire accueillant, avec une pincée d’humour bien dosée, un petit mot drôle à chaque convive qu’il connaît, mais sans familiarité comme il

sied à un directeur de 5 étoiles: «Je me considère comme un hôtelier de terrain et cela du matin au soir. Je suis un ennemi des séances de direction qui sont un nid d’intrigues éternelles et protocolées. J’aime le risque, j’adore la créativité, j’adore l’humour en toute situation.» Pas étonnant qu’au cours de sa carrière, JJ se soit lié d’une chaude amitié avec Jacques Dutronc, venu tourner un film à Lausanne, avec Françoise Hardy et leur fils Thomas, avec le très bon vivant Jean-Pascal Delamuraz ou encore le roi du ballon rond Michel Platini bien avant sa chute hors des pelouses. Drôle et moins drôle Jean-Jacques Gauer l’avoue dès les premières pages du livre : il a le vin heureux: «Le bon vin est vraiment mon meilleur ami depuis longtemps. C’est un produit noble et très fédérateur. Il est imprévisible! Il peut réveiller des angoisses, mais


Culture

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Il affiche toujours le sourire accueillant, avec une pincée d’humour bien dosée, un petit mot drôle à chaque convive qu’il connaît, mais sans familiarité

sur moi il a surtout l’effet de me rendre heureux! Tant mieux! Le contraire aurait été insupportable. Un verre de vin par jour, c’est bon pour la santé. Une bouteille par jour, c’est bon pour le moral!» Rédigée avec l’aide de sa sœur Michèle, qui fut stagiaire à la «Tribune de Genève», l’hôtelier n’a pas voulu rédiger une biographie ennuyante et triste. Et si des histoires tristes, voire tragiques, lui sont arrivées jusqu’à ce jour, elles se sont toujours terminées drôlement. Il n’occulte ni son éviction brutale du Lausanne Palace («pour la première fois de ma vie à 63 ans»), ni sa chute dans les vignes en septembre 2020 au pied de sa maison de Grandvaux en rentrant de l’auberge peu avant minuit, une chute qui aurait pu lui être fatale: «Je ne pouvais plus bouger et mon téléphone restait allumé à 5 mètres de moi.» Il raconte la brouille avec l’une de ses quatre sœurs qui lui a valu des pour-

suites pour plusieurs millions: «Cinq années plus tard, je finis par gagner deux fois le procès au Tribunal fédéral, mais à quel prix!» C’est l’occasion de témoigner toute sa reconnaissance à sa femme Emeline (ndlr: connue à l’Ecole hôtelière de Lausanne, le très beau fruit d’une Bréslienne et d’un Zermattois un descendant d’Alexandre Seiler, un fondateur de la station du pied du Cervin) et à ses deux fils, Jay (directeur des Trois Couronnes à Vevey) et Brice, professeur de plongée sous les tropiques. Il n’oublie pas ceux qui l’entourent à l’auberge de Cully, devenu le rendez-vous des amis: «Merci à mes potes et tant pis pour les rares autres qui se trouvent dans le deuxième tiroir de la commode», conclut-il. Le tiroir qu’il désigne plus haut comme «le tiroir à cons où sont rangés les gens pas commodes!» Olivier Grivat

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Gastronomie

Anniversaire

TRENTE ANNÉES ÉTOILÉES POUR PHILIPPE CHEVRIER

DR

Le chef Philippe Chevrier fête 30 ans d’étoiles qui étincellent au-dessus de son Domaine de Châteauvieux. Une fierté qui se pare d’humilité pour le cuisinier et sa garde rapprochée.

Damien Coche, Philippe Chevrier, Claryce et Nicolas Turin. LDD

S

ans tourner autour du fourneau, réussir à maintenir des étoiles Michelin pendant trois décennies est tout simplement un exploit. Un témoignage fort qui récompense une persévérance rare, une solidarité humaine et une régularité d’exécution sans égal. Tel un chef d’orchestre menant ses musiciens au gré de ses compositions

culinaires, Philippe Chevrier n’en finit pas de séduire les gastronomes adeptes de sa cuisine. Le produit roi, les cuissons chronométrées à la seconde et les sauces diaboliquement généreuses sont depuis le début la ligne conductrice du patron de Châteauvieux qui suit son incroyable parcours avec la même rigueur et la même passion. Alors qu’il a fêté ses

«J’ai eu la chance, tout au long de mon parcours, d’avoir toujours été bien entouré»


Gastronomie

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son compte n’est jamais une tâche facile». Malgré tous les aléas de la vie avec ses hauts et ses bas, l’épopée Chevrier est un modèle de réussite à part entière. Toujours avec ce flegme entrepreneurial qui lui colle à la peau, il faut reconnaître à l’ambitieux patron que prendre le pari osé de s’installer à Satigny en 1989 ne manquait pas d’audace. Un lieu hors norme dans une région traditionnellement viticole qui, à cette époque, était éloignée de tout mais qui après des décennies fera partie intégrante de Genève. «Etre si loin pour faire finalement venir les gens si près», se remémore-t-il amusé avant de poursuivre. «Les gens ne peuvent pas se rendre compte des sacrifices exigés afin de maintenir un tel niveau. Le plus on se trouve en haut de la pyramide, le plus c’est difficile, mais aussi paradoxalement le moins il y a de monde.»

Perdreau rôti et truffe blanche. LDD

La salle à manger et la vue du Domaine de Châteauvieux. LDD 60 bougies cette année, le cuisinier n’est pas près de rendre son tablier. Epopée genevoise C’est à l’âge de 30 ans qu’il décroche sa première étoile au guide Michelin avant d’en obtenir une deuxième quelques années plus tard. Digne ambassadeur d’une cuisine gourmande et généreuse,

qu’il revendique et affectionne, Philippe Chevrier demeure néanmoins lucide sur une profession qui évolue avec ses éventuelles déceptions et ses surprises, sans que celles-ci prennent parfois la direction escomptée. «Comparé à mes débuts, tout est bien plus compliqué de nos jours. La pandémie n’a fait qu’accélérer les choses. De toute façon, être à

Convivialité Le Domaine de Châteauvieux est la preuve vivante du magnifique chemin parcouru. Alors que la salle et la terrasse du restaurant viennent de subir d’importants travaux, Philippe Chevrier part du principe qu’avant de savoir cuisinier, il faut savoir accueillir. Un thème qui revient depuis ses débuts et qui fait partie intégrante de sa philosophie gastronomique au même titre que ses créations. «J’aime la cuisine que nous faisons car elle est conviviale et ne dépend d’aucune mode. Les modes se démodent mais le classique reste. Il faut simplement trouver le juste milieu.» Philippe Chevrier le sait mieux que personne, il n’aurait jamais pu traverser les tempêtes sans une équipe d’hommes et de femmes acquise à sa cause. Ses fidèles compagnons de route, l’indétrônable Damien Coche derrière les fourneaux et le théâtral Esteban Valle en salle, ainsi que la jeune garde composée de Claryce Turin côté salé et de Nicolas Turin côté sucré, ont contribué à ce que le Domaine de Châteauvieux conserve ses étoiles. «J’ai eu la chance, tout au long de mon parcours, d’avoir toujours été bien entouré. Chaque personne a compté à un moment ou un autre. Dans ce métier, impossible de jouer en solo. Merci.» Edouard Amoiel

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