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AUTOMNE 2023 NUMÉRO 11 —
LE MAGAZINE DES GENS DU BASSIN —
VIVRE LE BASSIN Le magazine des gens du Bassin — Trimestriel — Septembre / Octobre / Novembre 2023
LE TEICH
Les 50 ans de la réserve ornithologique
Antonin,
le barde de la presqu’île CAP-FERRET
Beatoa et ses peintures colorées
LÈGE
Les secrets de la cité Le Corbusier PORTFOLIO
Le Bassin de
Jean-Philippe Bellon
ARCACHON
Gilles Gennari et ses stylos made in Bassin
Christophe Brossaud, du Bassin au Japon, il n’y a qu’un pas !
LA TESTE-DE-BUCH
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Vivre le Bassin Centre commercial Les Miquelots Boulevard des Miquelots 33260 LA TESTE-DE-BUCH Directeur de la publication Rédacteur en chef Yann Crabé infos@vivrelebassin.fr Administration et finance Marjorie Batikian marjorie@vivrelebassin.fr Direction artistique & Design graphique Grand National Studio hello@grandnationalstudio.com RÉDACTION Journalistes & photographes Pascal Bataille, Patrice Bouscarrut, Ineh, Jean-Christophe Lauchas, Sabine Luong, Mélanny Rodrigues Secrétaire de rédaction Isabelle Calmets ABONNEMENTS Vivre le Bassin www.editionsvivre.fr marjorie@editionsvivre.fr VIVRE LE BASSIN est édité par Capitale Publishing SARL de presse au capital de 5 000 € Siège social 55, boulevard Pereire 75017 PARIS RCS Nanterre 517 815 908 Gérant : Yann Crabé PUBLICITÉ & PARTENARIATS Contact : 06 08 68 33 88 infos@vivrelebassin.fr Distribution France MLP Numéro commission paritaire CPPAP : 0324 K 94831 ISSN : 2781-8357 IMPRIMERIE ROTIMPRES Girona, Espagne
Ici, les vacances c’est toute l’année ! L es vraies vacances sont sur le Bassin ? Tous ceux qui ont choisi cette destination en sont persuadés. Ils ont raison, et les gens d’ici le disent haut et fort : « Ici on est en vacances toute l’année. » Dans ce petit coin de paradis, c’est profiter toute l’année d’une douceur de vivre qui rime avec plaisirs, découverte et authenticité, ce sont des moments simples à partager avec les siens, des parenthèses inoubliables. Les habitants du Bassin, ceux qui l’animent et le font vivre, le savent ; ici le plaisir est un devoir ! L’été est bel est bien terminé ; vive l’été indien ! Un temps ensoleillé, des températures douces, des couleurs chaleureuses que revêt la nature, des odeurs particulières, profitons encore et encore des charmes de nos paysages, découvrons, admirons et savourons. Partons par exemple à la découverte de nos villages ostréicoles et ses cabanes en bois. Ces cabanes, on les retrouve sur l’île aux Oiseaux, comme sur la presqu’île de LègeCap-Ferret dans les villages, ou dans les ports ostréicoles de Gujan-Mestras, Andernos-les-Bains, Audenge et La Teste-de-Buch, entre autres. Il en existe en tout 1 500, toutes disséminées sur le pourtour du Bassin. Édifiées bien souvent en bordure de plage, elles font l’objet, de la part de leurs propriétaires, d’une attention particulière. Avec leurs volets et leurs portes très colorées, leurs murs ornés de plantes grimpantes, et leurs parterres de pourpiers ou de roses trémières, ces cabanes ont su conserver intact leur charme d’hier. Se balader
Jean-Christophe Lauchas
dans les ruelles est souvent l’occasion de faire des rencontres très locales, pêcheurs ou ostréiculteurs. Loin des clichés de carte postale, l’ostréiculture continue de marquer l’identité du Bassin, qui, par la qualité de ses eaux et de son climat, est un leader européen dans la production de naissains. Par leur activité, et il faut le savoir, les ostréiculteurs participent activement à l’entretien et à la préservation de la qualité globale du bassin d’Arcachon, notamment en nettoyant les parcs et les chenaux. On les aime, on les respecte ; on leur doit tellement ! L’ostréiculture ? Elle est mise en avant dans cette nouvelle édition. On y apprend notamment, grâce au Gujanais Christophe Brossaud, le lien qui unit la filière ostréicole du Bassin et celle du Japon. D’autres « gueules » passionnantes du Bassin vous surprendront, elles ont toutes une histoire à raconter, comme Beatoa, Boris, Jean-Philippe, Caroline, Stéphane… Bonne lecture et bel été indien !
Photo de couverture Patrice Bouscarrut
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EDITIONSVIVRE.FR
SOMMA I RE
Culture — Petite pause lecture p. 10
Une vague de couleurs avec Beatoa p. 12 Antonin Bartherotte, le barde de la Pointe p. 18
© Patrice Bouscarrut © Patrice Bouscarrut
© Jean-Christophe Lauchas
© Jean-Christophe Lauchas
© Ineh
© Jean-Christophe Lauchas
V I V RE L E BASSI N AU TO MNE 2023
Food —
Reportage —
La Petite Marée de Gary Carrillo p. 27
Portfolio —
Rooftop face à la dune p. 24
La cité Le Corbusier de Lège p. 40
Mer —
Jean-Philippe Bellon sublime le Bassin p. 50
Hugues crée des vagues pour surfer sur le Bassin p. 32 Des vêtements aux couleurs du Bassin et du Japon p. 36
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SOMMA I RE
Déco — La frip de Lily p. 64
Le stylo, tout un art… du Bassin p. 66 Les créations textiles de deux sœurs p. 72
© Sabine Luong © Ineh
© Ineh
© Jean-Christophe Lauchas
© Émilie Dubrul
© Jean-Christophe Lauchas
V I V RE L E BASSI N AU TO MNE 2023
Sport Bien-être — Soins bio & naturels made in bassin d’Arcachon p. 82
Enfants — Vers une santé familiale au naturel p. 90
La plume qui apaise p. 94
+
Boris, le vélociste heureux p. 86
Le billet de Pascal Bataille p. 98
Green — Au paradis des oiseaux p. 76
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Culture ×
“L’homme sans culture est un arbre sans fruit.” Antoine de Rivarol
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Petite pause lecture Des livres, des cookies, un bon café et une libraire pétillante pour vous accueillir. Bienvenue à La Petite Parenthèse.
D’éducatrice spécialisée à libraire, il n’y a qu’un pas ? Oui, il y a beaucoup de similarité : l’accueil, le conseil, prendre le temps d’échanger, la rencontre… Cela me fait penser au livre La Petite Librairie de la place aux herbes. Lorsque les clients arrivent c’est un peu « dites-moi ce que vous lisez, je vous dirai qui vous êtes ». À travers un bouquin, nous pouvons être amenés à parler de la vie de tous les jours. Il y a des choses qui se transmettent et qui se transposent ou pas dans nos vies. Le livre en lui-même est aussi une rencontre. Il y a des livres que nous allons adorer et d’autres dans
lesquels nous ne parviendrons pas à entrer car ce ne sera pas le moment… C’est toute une histoire. Qu’est-ce qui vous a motivée à créer cette librairie-salon de thé ? C’est l’amour du livre. Je suis particulièrement attachée à l’esprit critique et à l’ouverture d’esprit. Nous mettions beaucoup cela en avant avec les jeunes dans mon précédent emploi. À un moment donné, il faut savoir lever la tête du guidon, arrêter de regarder tout ce qui se passe à la télé et faire attention à ce qui nous entoure. C’est ce que permet le livre : avoir plusieurs regards et amener à la réflexion. C’est aussi pour cela que je voulais un espace salon de thé. Lire un livre est un acte solitaire. Mais, le but est aussi de pouvoir le partager avec les autres. Dans un club de lecture ou autour d’un café, il devient autre chose. Quels types d’ouvrages retrouvet-on à La Petite Parenthèse ? C’est une librairie généraliste, il y en a pour tous les goûts. L’objectif est d’être assez inclusif afin que chacun 010
Photos © Ineh
Cette librairie indépendante a ouvert ses portes en ce début de mois de juillet et répond au souhait de sa fondatrice d’offrir un « endroit doux, chaleureux et cosy, qui permet de faire une petite parenthèse dans nos quotidiens où l’on va beaucoup trop vite ». Émilie Peyroulet, ancienne éducatrice spécialisée, a changé de vie pour se nourrir des livres qui lui ont longtemps permis de « s’évader d’un travail pas toujours facile ».
puisse trouver une représentation de soi en ouvrant un bouquin. Il y a donc de la littérature française, étrangère, du polar, du féminisme, un joli rayon jeunesse ou bulles pour accueillir des mangas… Je vais aussi avoir un rayon trouble des apprentissages et troubles cognitifs avec des livres en gros caractères, par exemple. J’affine au fur et à mesure et les murs n’étant pas extensibles, je passe commande lorsque je n’ai pas le titre demandé. Ineh
La Petite Parenthèse propose régulièrement des instants lecture, kamishibaï, des ateliers d’arts créatifs, d’anglais, des cafés psy ou crochet… 1 avenue du Vieux Bourg, Audenge Du mardi au samedi de 10 h à 19 h et le dimanche de 10 h à 12 h 30 librairielapetiteparenthese@gmail.com
UNE VAGUE DE COULEURS AVEC BEATOA L’Arcachonnaise Beatoa aime l’océan, la nature, les voyages, les animaux et les couleurs lumineuses. Ses œuvres éclatantes, présentes dans le monde entier, dansent en parfaite harmonie avec son univers et ses convictions. Texte & Photos Jean-Christophe Lauchas
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Entourée d’arts
“Je crée pour leur donner une fenêtre avec du ciel bleu dans leur maison”
Beatoa, c’est son nom d’artiste. Discrète et volontairement dans l’ombre, la jeune femme ne souhaite pas divulguer son prénom, ni son nom, ni son adresse. La seule chose qu’elle met en avant, c’est qu’elle est une enfant du Bassin. Issue d’Arcachon, elle grandit dans cette ville qu’elle aime au sein d’une famille d’artistes, et très tôt elle éprouve le besoin de créer. Elle dessine, fait des graffitis, elle grandit entourée d’arts. Et puis vient la peinture. « Plus jeune, je créais de façon très réaliste, et une fois que t’as collé à la réalité, t’as plus de surprises. Du coup, je me suis orientée vers ce que j’aimais et ce que je ressentais », explique-t-elle, avant d’ajouter : « Je dirais que c’est comme un écrivain, avant d’écrire un roman, il écrit l’alphabet, il doit connaître tous les mots, et après il peut s’exprimer. » Il y a aussi les voyages. Elle décide de parcourir la planète pendant quinze ans, multipliant les rencontres et découvertes, toujours curieuse et d’humeur joyeuse. Lors 014
d’un séjour à Tokyo, elle a la chance d’exposer. Ses créations plaisent et se vendent comme des petits pains. De retour en France, avec un vrai désir de retrouver ses racines, le succès ne la quitte plus.
Le monde animal et l’océan Ses peintures ? Elles sont toutes inspirées par la nature et on constate avec évidence que l’artiste est amoureuse de l’océan et des animaux. « Dans mes créations, ils sont très présents, en effet », préciset-elle avant de mettre en avant sa démarche environnementale, avec un « besoin de sensibiliser à la protection de la nature ». Pour elle, « on aime ce qu’on connaît et on protège ce qu’on aime, donc je me dit que plus on met d’animaux et d’océan dans la vie quotidienne des gens, plus ça les touchera ». Ce qui frappe aussi dans ses peintures, ce sont les couleurs, « très lumineuses et qui renvoient la lumière, jamais des couleurs qui absorbent la lumière ». Son objectif est d’apporter du positif à ceux qui se procurent ou
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“J’ai toujours voulu être artiste et je n’ai pas du tout l’impression de travailler, je ne m’ennuie jamais et il n’y a pas de routine. Je vis dans un rêve et j’espère que ça va continuer” admirent ses œuvres. « Je crée pour leur donner une fenêtre avec du ciel bleu dans leur maison. »
« J’ai toujours voulu être artiste » Ses peintures vibrantes qui plaisent à toutes les générations sont toutes réalisées à la main. « Je peins à l’acrylique, il n’y a pas de solvant donc ça ne fait pas de mal à l’environnement », explique cette artiste perfectionniste et soucieuse de tout le temps s’améliorer et donner le meilleur d’elle-même. Cette hyperactive et hypersensible se dit très chanceuse, et avec le sourire sur les lèvres, elle avoue :
« J’ai toujours voulu être artiste et je n’ai pas du tout l’impression de travailler, je ne m’ennuie jamais et il n’y a pas de routine. Je vis dans un rêve et j’espère que ça va continuer. »
L’amour du Bassin Aujourd’hui, Beatoa s’exprime artistiquement chez des particuliers, entreprises, endroits publics, chez elle dans son atelier du Bassin ou celui qu’elle utilise à Londres. Ses œuvres énergisantes sont notamment visibles en Angleterre, au Japon, et en France dans de grands hôtels comme à Bordeaux ou La Rochelle, des restaurants, et à Arcachon dans la pâtisserie Benoît Audebert en centre016
ville. Elle est aussi présente chaque été sur le front de mer arcachonnais lors de la Promenade des Arts qui regroupe plusieurs artistes au contact des locaux et vacanciers. Elle aime ce rendez-vous, « dans un cadre exceptionnel face au coucher du soleil ». Son planning est booké jusqu’en septembre 2024, avec « une exigence de qualité. Je refuse la quantité, le côté mercantile, le stress et j’ai besoin de temps pour créer ». Beatoa a aussi besoin de temps pour profiter de ce Bassin : « Un endroit magnifique que j’aime et qui n’a pas trop changé avec le temps ». beatoa.myportfolio.com
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Antonin Bartherotte, le barde de la Pointe Dans la famille Bartherotte, je voudrais le musicien. Antonin vient de sortir son premier album en solo. Une ode à la musique simple et réconfortante. Texte & Photos Patrice Bouscarrut
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ouvenez-vous du groupe Hangar, le chanteur c’était lui. Antonin Bartherotte joue aujourd’hui en solo, mais ses amis ne sont jamais loin. Avec sa musique acoustique, poétique, truffée d’humour, il se retrouve loin des standards. Mais son univers plaît, surtout à l’étranger. Il enchaîne d’ailleurs les concerts dans toute l’Europe et va encore se déplacer à
New York. « Nul n’est prophète en son pays », sourit Antoine. En effet, avec quelques chansons en espagnol, en italien, son petit accent frenchy, le chanteur cartonne dans ces pays et il est très écouté aux USA sur les plateformes de streaming. « Pour les étrangers, je suis un spécimen français », sourit-il. Avec Je veux mourir avec toi, Antonin distille des couplets en hébreu et en arabe. Et 020
bien sûr, là encore, ça fonctionne, notamment en Israël. Idem pour Antonino, les Italiens raffolent de son accent. « Je suis un barde d’ici et d’ailleurs », résume Antonin.
La découverte de la musique Mais ses racines se situent bien à la Pointe du Cap-Ferret, dans le clan des Bartherotte. C’est dans ce décor du bout du monde qu’Antonin a
“Le silence, on devrait y porter plus d’attention. C’est dans le silence que l’on développe son imagination, un musicien sculpte sa musique dans le silence”
grandi, avec ses six frères et sœurs, sa mère Zaza et son père Benoît. Inutile de dire qu’une enfance dans cette famille est forcément singulière. « Quand nos copains, le mercredi, allaient faire du foot ou du rugby, nous on construisait des cabanes, on ramassait du bois, plantait des légumes. Mon père nous disait qu’il fallait travailler avec nos mains, ce sont elles qui nous protègent quand on
tombe », se souvient Antonin. Chaque enfant a grandi avec ses propres rêves. Deux de ses frères continuent de construire des cabanes, une sœur fait du cheval, une autre de la peinture… À la maison, il n’y avait pas de musique, de télé, de coca. Mais il fallait faire travailler son esprit, raconter avec son cœur. « C’est ma mère, Zaza, qui m’a fait découvrir 021
la musique », raconte Antonin. Lors d’une virée à la montagne, à 12 ans, Antonin découvre la neige pour la première fois. Sur le chemin du retour, Antonin est rempli de tristesse. Zaza met dans la voiture un album de Leonard Cohen. « Je l’ai comprise avec mon cœur, cette mélancolie que l’on partageait. Ce jour-là, je savais que je serai musicien. J’ai demandé à avoir une guitare, pour moi c’était une nécessité », explique le barde. Il y a aussi Babeth, sa grand-mère, qui écrivait, peignait très bien. Elle était aussi très croyante. Quand on connaît Benoît, le père d’Antonin, on sait que Dieu a une place centrale dans cette famille. Si Benoît croit dur comme fer à la « providence », Antonin lui répond : « La nature, c’est mon dieu. » Une formation de scientifique, la tête dans les étoiles à chasser le big bang, Antonin s’est forgé sa propre vision du monde. « J’aime les gens comme mon père », souligne-t-il, « mais j’ai un amour profond pour le minéral, le sable. Si on regarde une pierre pendant des heures, on voit qu’elle bouge. » Et autour de sa cabane, à la Pointe, il peut s’en donner à cœur joie pour contempler l’invisible. « Je suis un scientifique qui s’est retrouvé dans la musique », résume Antonin. « Quand on essaye de comprendre l’univers, les mathématiques, à une échelle, ça
SON PREMIER ALBUM SOLO Chanteur du groupe Hangar bien connu, avec entre autres Romain Pinsolle et Pierre-Marie Dorno, Antonin a sorti au printemps son premier album solo sous le label indépendant Ekleroshock records. En silence contient des morceaux qui ont déjà trouvé leur public comme Antonino, Je veux mourir avec toi, Robinson, Ça fait du bien, Ivre mer, Caresse… Et en ce moment il prépare avec son pote des Papooz, Ulysse Cottin, l’enregistrement d’un album instrumental, « très boisé, sans voix, dans le style Exotica ». Il nous tarde d’écouter. Tout l’été, il a traversé l’Europe pour une série de concerts.
“Je pense qu’on est dans une époque où la simplicité ferait du bien”
devient de la poésie. » Alors, bien barré le garçon ? Pas si sûr, même si parfois, son regard s’élève vers le ciel, le regard béat, il a juste trouvé sa voie, sa voix et surtout un silence, une paix intérieure.
Mélancolie et poésie En silence est justement le titre de son dernier album. « Le silence, on devrait y porter plus d’attention. C’est dans le silence que l’on développe son imagination, un musicien sculpte sa musique dans le silence. Enfant, je m’isolais de mes frères et sœurs dans les dunes, et je me mettais à chanter. C’est génial d’être seul dans le silence. Aujourd’hui, on nous impose des sons et des images tout le temps », argumente Antonin. Et puis En silence, c’est aussi le nom du bateau de sa grand-mère. Comme quoi rien n’arrive vraiment par hasard. Autre quête qu’Antonin suit comme fil conducteur : la sim-pli-ci-té ! « Je pense qu’on est dans une époque où la simplicité ferait du bien. Quand on écrit en français, on a 022
le fantasme de faire des chansons comme les grands paroliers, mais je m’aperçois que si tu dis simplement les choses, tu es plus proche de toi. Comme les chansons de Philippe Katerine, c’est simple mais toujours profond », poursuit Antonin. « En silence reflète mon premier émoi musical, avec de la mélancolie. » Et dans son morceau préféré, Ivre mer, il trouve toute la subtilité de la création : « Je l’ai composé loin du Bassin, dans un appartement à Paris. Je ne parle jamais de mon pays aussi bien que quand je suis loin. Avec le recul apparaît la poésie. Je suis un Bartherotte qui bouge, comme mon père. On est des arbres migrateurs. » En concert, comme tous les 15 août au Canon, Antonin déploie son univers avec sincérité, humour et toujours cette simplicité communicative. Ses refrains sont chantés en chœur dans la foule. Le barde de la Pointe n’a pas fini de nous étonner. Instagram.com/antoninbartherotte
Food ×
“Se nourrir est un besoin, savoir manger est un art.” François Rabelais
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La Guinguette du Pyla vient d’ouvrir à l’entrée du Pyla Camping. Ce rooftop, face à la dune et ouvert à tous toute l’année, réserve de bien belles surprises. Rencontre avec son propriétaire, Stéphane Carella. Un an après les incendies, vous rouvrez ? On revient de très loin. On a fait d’importants travaux, il a fallu tout refaire, avec une ambition : rouvrir pour la saison. On a réalisé une prouesse en seulement quelques mois. La priorité était que tout s’intègre parfaitement dans le site, avec des matériaux et aménagements de qualité. Mon équipe et moi sommes fiers du résultat.
Le restaurant ne désemplit pas, pourquoi une guinguette ? Une guinguette car c’est un concept populaire et convivial. Mon exigence c’est la qualité, donc nous nous sommes donné les moyens de faire plaisir à la clientèle et être une adresse qui compte sur le bassin d’Arcachon. Ce lieu de vie est ouvert à tous et le but est que ce soit ouvert toute l’année, avec des événements de prévus. Qualité aussi dans la cuisine ? J’ai une autre affaire à Pau où je suis étoilé, j’aime ce qui est bon, le bon produit. Tout ici est cuisiné sur place à base de produits frais et de grande qualité, en circuit court avec des fournisseurs locaux qu’on connait. On ne prend pas les clients pour des touristes et on affiche des prix abordables. 024
Photos © Jean-Christophe Lauchas
Rooftop face à la dune
Une nouvelle vie pour le camping ? L’idée était de recréer une sorte de place de village, et le plus beau compliment qu’on puisse nous faire est qu’on n’a pas l’impression d’être dans un camping.
Vous avez déjà de bons retours ? Oui, il y a beaucoup de clients qui viennent et qui reviennent, ils me disent que le lieu est magique et qu’on y mange super bien. JCL La Guinguette du Pyla Route de Biscarosse 33260 La Teste-de-Buch 06 30 52 94 61
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LA PETITE MARÉE DE GARY CARRILLO
Texte Melanny Rodrigues
Photos Jean-Christophe Lauchas
Depuis près de dix ans, la Petite Marée de Gary Carrillo, située à quelques mètres de la place du marché, centrale et convoitée, est devenue sous son impulsion une adresse incontournable de La Testede-Buch. Pour autant, ce dynamique trentenaire a su gravir les échelons, apprendre de lui-même avant de rencontrer le succès qu’on lui connait aujourd’hui. Rétrospective du parcours sans arête de cet enfant du pays, autodidacte, curieux et épicurien.
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“En Asie, avec une sauce sucrée, je peux manger le poisson jusqu’à la tête !” Success story L’histoire commence l’année de ses 15 ans, lorsque, sous l’aile de Jean-Marc Verlhac, il intègre la criée municipale pour le compte de la société Mericq, spécialiste dans la négociation, la transformation et l’approvisionnement en produits de la mer pour les professionnels. Nettoyer les bacs, emballer et distribuer l’arrivage, vaillant, le jeune rugbyman apprend sur le tas, sans jamais rechigner à la tâche. Après deux ans de formation et désormais salarié, le jeune homme ambitieux et déterminé gagne son indépendance, achète son premier camion frigorifique et devient client de la société dont il fut le tout premier alternant. D’une porte à l’autre, des hauteurs du Pyla à Arcachon, il vend son poisson auprès des particuliers jusqu’en 2012 où, lassé de ce rythme, il greffe son petit étal au cœur de la maison familiale. Malgré une offre traiteur de qualité (plateaux de fruits de
mer cuisinés sur place, filets de poissons lardés, assaisonnés, prêts à cuire), le jeune commerçant peine à imposer son concept jusqu’à ce qu’il rencontre Phanna Feng, jeune chef cambodgien qui lui permet de transformer l’essai. Pionnier dans la préparation de plateaux de sushis dans le centre testerin, l’entrepreneur tire son épingle du jeu, se démarque de ses confrères 028
et ne compte plus s’arrêter en si bon chemin. À mesure que les commandes affluent, profitant de la belle réputation de sa poissonneriedégustation, il propulse sa petite devanture en véritable restaurant et métamorphose l’arrière-cour de son arrière-grand-mère pour lui permettre d’accueillir les curieux qui se pressent en nombre à la sortie du marché. Biscornue, toute parée
de bois, décorée de plaques vintage, de filets et de petits éléments faisant écho à la mer ou à l’ovalie, la Petite Marée est un lieu d’âme, authentique, transgénérationnel où tous se confondent dans la bonne humeur pour venir se régaler.
Cuisine d’ailleurs De l’Indonésie au Mexique en passant par la Thaïlande, inspiré
par les voyages qu’il s’octroie en dehors de la saison, le restaurateur s’émerveille en découvrant toutes les manières de cuisiner son produit de prédilection : fraîchement sorti de l’eau, snacké, mariné, assorti de saveurs exotiques et originales… Plus jeune, il avait l’habitude de le consommer en court bouillon, maintenant, il apprend avec les locaux et ramène de ces destinations 029
“En Asie, avec une sauce sucrée, je peux manger le poisson jusqu’à la tête !”
“Ça forge le caractère ! Le matin, je nettoyais le poisson chez mes parents mais, quand mon père en a eu marre de sentir le poisson entre le café et les tartines, j'ai tout rapatrié dans la maison de ma grand-mère où cinq générations ont vécu” de nouveaux accords plus complexes qu’il s’empresse de revisiter. Wrap aigre-doux, soupe épicée au lait de coco, mayonnaise au wasabi, tatakis de thon et fritures japonaises, il emprunte les codes de la cuisine asiatique et les transpose sur d’inventives recettes adaptées aux palais occidentaux. Constant et régulier, secondé dans l’élaboration de ses menus par deux chefs de confiance et épaulé par Laurence, sa maman, qui prépare chaque matin les desserts et les
pains de son emblématique trio de burgers, Gary a fait le choix de travailler en famille et redonne au fait-maison un goût de reviens-y. Persillades, cassolettes, fish and chips, tartares… tout ce qui transite par ses cuisines est assemblé, préparé sur place pour le plus grand plaisir de ses habitués. Ainsi, de février à novembre, que vous soyez installés sous la tonnelle, sur la coursive du restaurant ou en coin de bar, cet ancien pilier du RCBA ne manque jamais l’occasion 030
de venir tacler en douceur ses amis et saluer de la même manière ses clients de passage. Et si le dimanche le bar de la Chapelle introduit la tournée dominicale, elle se poursuit rarement sans faire une escale gourmande et conviviale chez Gary, dans une ambiance rare, prisée, calquée sur la personnalité de ce bon vivant. La Petite Marée la-petite-maree.com 06 76 41 15 41
Mer ×
“La mer, avec ses vagues incessantes et son horizon infini, évoque un sentiment de liberté, tout en cachant dans ses profondeurs des mystères et merveilles encore inexplorés par l’homme.”
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© Maksym Fesenko
Hugues crée des vagues pour surfer sur le Bassin Une nouvelle activité arrive sur le Bassin : le wakesurf. À ne pas confondre avec le wakeboard, il s’agit de surfer une vague créée derrière le bateau et faire ainsi durer le plaisir d’un bon ride.
Photos Voir mentions
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uand Hugues Pierchon a commencé ses tests sur le plan d’eau du bassin d’Arcachon, les plaisanciers qui le croisaient le prenaient pour un extraterrestre. Son bateau formait une vague parfaite et ses amis et cobayes du jour pouvaient la rider sans s’arrêter. « C’est une vague très ressemblante à celles de l’océan, mais je me libère des contraintes », résume Hugues. En effet, pas besoin de ramer sur sa planche, prendre la vague, pour enfin rester debout seulement quelques secondes. Du pur bonheur, même si ce surfeur dans l’âme reconnaît que ce n’est pas les mêmes sensations qu’une bonne session sur les plages océanes. Une
nouvelle activité qui devrait combler nombres de curieux. Du surfeur expérimenté qui va pouvoir rester plus longtemps sur sa planche et tester de nouvelles sensations, au débutant qui pourra découvrir le surf plus facilement. Aujourd’hui, la première école de wakesurf sur le Bassin est une réalité avec la nouvelle entreprise d’Hugues Pierchon, Wakesurferret. Instructeur de kitesurf en Australie, au Brésil et à Hawaï, Hugues a toujours eu des attaches sur la presqu’île, car ses grands-parents sont du coin.
© Patrice Bouscarrut
Texte Patrice Bouscarrut
Quatre années de préparation En 2016, Hugues est de retour sur le Bassin, enchaîne les boulots de marin, passe son examen de capitaine 200 et un BPJEPS sports nautiques tractés. Son objectif est de reprendre son activité d’enseignant sportif. « En France, on dénombre une vingtaine d’écoles de wakeboard proposant la discipline wakesurf, 033
“C’est une vague très ressemblante à celles de l’océan, mais je me libère des contraintes”
© Wakesurferret
Quatre planches adaptées Hugues Pierchon propose des leçons de wakesurf sur le Bassin de mars à octobre. Les riders ont le
© Patrice Bouscarrut
© Patrice Bouscarrut
une dizaine d’entre elles se situent entre Annecy et Grenoble et moins de cinq dans la grande région SudOuest », explique Hugues. Il lui vient alors l’idée d’implanter cette activité sur le Bassin, restait à tout mettre en place. Il aura fallu quatre années de préparation. Son Master Craft, bateau spécialisé fabriqué outre-Atlantique, il va le chercher à Clermont-Ferrand, puis l’adapte pour créer cette fameuse vague. C’est d’une précision diabolique, avec l’aide de ballast dans la coque du bateau et d’un surfgate, sorte de flap, pour optimiser la vague de sillage.
choix entre quatre types de planche suivant leur niveau. Les néophytes commenceront par le kneeboard, pour attaquer la vague à genoux. Dès qu’on est plus à l’aise, on peut passer à la classique planche de wakesurf. Les plus expérimentés pourront essayer le skimboard, plus fin, pour s’essayer aux figures ou passer carrément au wakefoil pour voler sur l’eau. Si, au début, on va forcément s’accrocher au palonnier, le plaisir est décuplé quand on lâche la corde. Et Hugues est toujours là pour donner des conseils. « Le réflexe, c’est de vouloir se mettre tout de suite debout », explique-t-il. « Il faut le combattre, se détendre le plus possible, et se relever comme une petite boule. » Les femmes et les enfants apparemment y arrivent 034
plus rapidement. Les rendez-vous se font à la jetée de Grand Piquey et il faut une vingtaine de minutes de navigation pour arriver dans un coin tranquille du Bassin. Il préfère pratiquer le matin ou le soir, car le vent thermique de l’aprèsmidi génère un clapot qui le gêne pour créer une vague parfaite. Si théoriquement on pourrait surfer la vague aussi longtemps que le bateau navigue, dès 4 minutes de ride, ça commence à piquer dans les jambes ! C’est pourquoi dans le groupe à bord, les séances tournent toutes les 20 minutes. Ah, on ne vous l’avez pas dit ? Le wakesurf, c’est du sport !
wakesurferret.com Hugues Pierchon – 07 62 80 16 61
Des vêtements aux couleurs du Bassin et du Japon
Ostrea Kollection est la nouvelle marque de vêtements française qui fait référence au lien qui unit les filières ostréicoles du bassin d’Arcachon et du Japon. Rencontre avec son créateur, le Gujanais Christophe Brossaud. Texte & Photos Jean-Christophe Lauchas
La renaissance de l’ostréiculture Pour la petite histoire, en 1971, les huîtres portugaises sur le bassin d’Arcachon sont frappées par une épizootie qui avait déjà ravagé les parcs du littoral atlantique. Une opération nommée « Resur » est montée par des ostréiculteurs pour sauver la filière. C’est ainsi que des millions d’huîtres japonaises vont être implantées, une opération qui est un succès puisqu’elle assure la renaissance de l’ostréiculture. Depuis, toutes les huîtres du bassin d’Arcachon sont les descendantes de cette histoire japonaise. C’est cette « histoire japonaise du Bassin » que met en avant Christophe Brossaud en créant sa marque de vêtements Ostrea Kollection.
Un projet qui a du sens Le Gujanais, qui travaillait auparavant à Mérignac dans une entreprise japonaise, a décidé il y a quelques mois de marier ses deux passions : le bassin d’Arcachon et le 036
Japon. « Je voulais mettre en lumière la culture, l’art et l’histoire japonais, mais également ce Bassin que j’aime, où j’ai grandi, et ceux qui le font vivre : les ostréiculteurs », explique Christophe. C’est à 50 ans qu’il décide de créer Ostrea Kollection, « un vrai choix, un changement de vie, mais je voulais que mon projet ait du sens et soit en accord avec mes convictions ». Sa femme et ses enfants le soutiennent. Son exigence ? Que ce soit du 100 % français, avec une démarche écoresponsable.
Élégance et décontraction Sa collection pour hommes et femmes, à la fois élégante et décontractée, est composée de chemises-vareuses en lin, d’espadrilles, de bandanas, de sacs et cabas, et de t-shirts, tous avec des motifs en lien avec l’ostréiculture et estampillés avec un logo créé par une artiste japonaise, Keiko Onishi. C’est très coloré. Les matières sont françaises aussi, avec par exemple des t-shirts à base de lin bio cultivé en Normandie. La collection d’hiver va
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“Je voulais mettre en lumière la culture, l’art et l’histoire japonais, mais également ce Bassin que j’aime, où j’ai grandi, et ceux qui le font vivre : les ostréiculteurs” réserver des surprises. Pour chaque produit vendu, 1 € est reversé à des organisations ou associations en lien avec la filière ostréicole comme la Société franco-japonaise d’océanographie (SFJO) qui favorise et renforce les échanges et la coopération entre les deux pays dans le cadre de projets relevant notamment de l’ostréiculture.
Récompense Cette « histoire japonaise du Bassin », Christophe la raconte sur les marchés tout autour du
Bassin avec sa boutique mobile où il vend sa collection. « J’aime les gens et le lien et cela me plaît de faire rayonner le territoire. Je suis sur un nuage et c’est une aventure qui commence vraiment très bien. » Son projet ? Il séduit, ses vêtements partent comme des petits pains, et sa clientèle est fidèle. Il a aussi été récompensé par le prix du rayonnement du territoire au Challenge Deba 2023. Pour lui, « c’est le début d’une petite reconnaissance, la récompense d’un challenge qui n’était pas gagné 038
d’avance ». Son rêve aujourd’hui ? Que ses vêtements soient vendus au Japon. De plus, il souhaiterait « créer un lien entre nos deux pays. Je vais aller plus loin, j’aimerais qu’une ville du Japon soit jumelée à une ville du Bassin, et Gujan me semble idéale, c’est la capitale de l’ostréiculture et ça aurait du sens ! » Ostrea Kollection Sur les marchés autour du bassin d’Arcachon 06 95 69 40 51 ostreakollection.fr
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LA CITÉ LE CORBUSIER DE LÈGE
À l’ombre de la célèbre cité Le Corbusier de Pessac, sa vieille sœur à Lège bourg n’a pas la même notoriété. Pourtant, il s’agit là d’un tournant historique du célèbre architecte, la première ébauche du logement collectif avec une vision d’utopie. Brouillon qui conduit deux ans après à la construction de la cité pessacoise. À part pour quelques férus d’architecture, cette cité reste dans l’oubli. Mais cela pourrait changer. Des étudiants de l’École nationale supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand planchent sur cette cité depuis deux ans. Leur professeur, Jean-Baptiste Marie, est le directeur général de l’Europe des projets architecturaux et urbains (EPAU). Son influence pourrait apporter ses lettres de noblesse à la cité de Lège avec, pourquoi pas, un jour la création d’un musée. Texte & Photos Patrice Bouscarrut (sauf mention)
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Un patrimoine majeur insoupçonné en désuétude Aujourd’hui, la cité ne montre pas ses plus beaux atours. Pas tout à fait à l’abandon puisque des habitants occupent six logements, la maisoncantine n’est quant à elle pas du tout valorisée. On peut passer en voiture à côté sans la voir. La cité Le Corbusier se trouve à Lège bourg, en face de la caserne des pompiers, sur l’avenue du Médoc, en direction du Porge. Il faut bien avouer que beaucoup d’habitants de la presqu’île ne soupçonnent même pas son existence. Pourtant, cette cité possède les cinq points de
Difficile aujourd’hui d’imaginer la vie des ouvriers dans les années 1920 0 42
l’architecture moderne des années 1920, avec ces toits-terrasses, ces fenêtres en bandeau (horizontales), ces pilotis, le plan libre qui permet de réaménager l’intérieur sans pièces cloisonnées et, enfin, ces façades libres. Il s’agit surtout de la première expérimentation d’architecture collective de Le Corbusier, à la demande d’un entrepreneur local, Henry Frugès. Un prototype qui mériterait plus de reconnaissance, alors que les réalisations du maître sont mises en valeur partout ailleurs. Sur place, on découvre deux séries de maisons, un fronton de pelote basque délabré et une sorte de hangar muré de parpaings digne des zones urbaines les plus glauques. Rien de bien accueillant. Et pourtant, ce bloc insalubre et triste est historique. C’est le premier bâtiment collectif sorti de l’imagination prolifique de Le Corbusier. Il est appelé ici « la maison des célibataires ». Difficile d’imaginer la vie qui pouvait y avoir à l’intérieur, après sa réalisation en 1924. Même s’il n’y a pas beaucoup d’animations dans le quartier, les maisons sont belles et bien habitées par des locaux dans le cadre de logements sociaux.
Photos © Ensa de Clermont-Ferrand
L’intérieur délabré de la maisoncantine
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Photos © FLC / ADAGP
Croquis perspective du Corbusier représentant l’idée première du projet
Plans de la maison-cantine, octobre 1924, Pierre Jeanneret
Plans des maisons types A et B, décembre 1923, Pierre Jeanneret
Lège est le brouillon de la cité de Pessac Au fil des années, la cité Le Corbusier a subi de nombreuses transformations, pas toujours très heureuses. En 1936, les toitures terrasses des maisons ont été remplacées par une toiture à deux pans qui défigure totalement l’œuvre de l’architecte. Puis cette toiture a été retirée dès les 044
années 1990 lors de l’inscription de la cité en tant que bâtiment historique. Si aujourd’hui les maisons ont retrouvé leur forme originelle après leur rachat et leur restauration par l’OPH (Office public de l’habitat) en 1993, la maison des célibataires, appelée maison-cantine par les architectes historiens, n’a pas retrouvé sa forme originale.
Un compromis architectural entre Le Corbusier et Frugès Décriée par les architectes les plus puristes de l’œuvre de Le Corbusier, la cité de Lège est un mélange de l’utopie du concepteur et du pragmatisme du maître d’œuvre, Henry Frugès. Il ne faut pas se méprendre. En 1924, l’architecte
© FLC / ADAGP
Chantier de la maison type B en 1924
© Fonds personnel Tim Benton
ne crée pas la cité de Lège pour la postérité de son art mais cherche à produire des maisons à faible coût pour loger des ouvriers. D’ailleurs, le maître d’ouvrage, Henry Frugès, qui a installé sa scierie de l’autre côté de la route, l’entend bien comme cela et y mettra aussi sa patte. Ce qui aujourd’hui rend cette réalisation de Lège pas si puriste que ça et qu’on lui préfère sûrement celle de Pessac, également commandée par Henry Frugès près de son usine de sucre. En effet, avec les retours des réalisations antérieures, telles que la maison du Tonkin, qui est un chantier expérimental pour la cité de Lège conduit en 1924 à Bordeaux, et à l’avis d’Henry Frugès le commanditaire, une idée importante pour Le Corbusier a été perdue : les pilotis avec le rez-de-chaussée libre et l’escalier extérieur disparaissent au profit des pièces de vie. Le projet devient un compromis entre les souhaits de l’architecte et ceux du commanditaire. Certainement encore une fois par souci d’économie. Qu’importe, ce brouillon de la cité de Pessac montre aussi le pragmatisme ambiant et surtout les expérimentations qui sont mises en
Maisons type B dans les années 1960, Ch. Salvignol
L’extérieur de la maison-cantine avant sa future rénovation
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œuvre par Le Corbusier. C’est en effet là l’une des premières fois que l’architecte se frotte à un projet de logement collectif. La maison-cantine est conçue pour les ouvriers et ouvrières célibataires de l’entreprise. À l’étage, les escaliers desservent les deux dortoirs, hommes et femmes, en passant par les salles d’eau collectives. Autre innovation, l’emploi du cement gun. Pour Le Corbusier, il s’agit d’un prototype d’une mise en œuvre industrielle de ciment projeté. À l’aide d’un canon à ciment, le mortier est projeté sur un coffrage en bois amovible reposant lui-même sur une structure poteau poutre en béton armé. Cette technique permet alors un remplissage de la structure porteuse tout en dégageant un vide
d’air nécessaire, selon l’architecte, pour lutter contre l’insalubrité des logements. Même si ces bâtiments ne sont pas vraiment isolés… Là encore, cette technique a pour but de réduire les coûts, notamment de main-d’œuvre et de temps. Il investit alors 80 000 francs dans l’achat du canon mais abandonne rapidement ce procédé. Que retenir de la cité de Lège ? Cette notion, pour la première fois, du vivre-ensemble que reprendra Le Corbusier dans ses plus belles réalisations, comme la Cité radieuse à Marseille.
La cité va bientôt sortir de l’ombre Un musée, une maison témoin… La cité de Lège pourrait devenir à court terme un lieu
Un architecte pourrait être à l’origine de son renouveau
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L’architecte Jean-Baptiste Marie, un atout de poids pour la cité de Lège
incontournable du patrimoine architectural de Le Corbusier. Le renouveau de la cité Le Corbusier de Lège pourrait arriver plus vite qu’on ne le pense. Si du côté de la municipalité, les projets de rénovation ont avorté jusqu’à ce centenaire (1924-2024), le regard que pose l’architecte Jean-Baptiste Marie sur cette cité pourrait tout changer. Sa discrétion l’interdirait de le présenter de cette façon mais il faut bien avouer que ça bouge du côté de Lège. Jean-Baptiste Marie a un CV long comme le bras. Architecte, docteur en aménagement et architecture, il assure la direction générale de l’Europe des
projets architecturaux et urbains, organisme de recherche et d’expérimentation du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et du ministère de la Culture. Il est à la tête d’une imposante équipe qui travaille aussi sur la Plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines (POPSU), le programme de recherche embarquée Coubertin sur les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, le concours Europan ou encore le programme Engagés pour la qualité du logement de demain. Bref, sur le Bassin, on a touché le gros lot. JeanBaptiste Marie a aussi un pied-à-terre à Andernos 0 47
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© Ensa de Clermont-Ferrand
Les élèves de l’Ensa de Clermont-Ferrand ont réalisé une série de maquettes
Vers un espace culturel d’envergure nationale ? et il est l’auteur, avec Élise Guillerm, de l’ouvrage de référence : Les Villas modernes du bassin d’Arcachon (éd. Norma). Ils vont sortir ensemble, en 2024, Les Villas Art déco du bassin d’Arcachon, toujours aux éditions Norma. Jean-Baptiste Marie était jusqu’alors également enseignant-chercheur à l’École nationale supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand et a fait plancher ses étudiants pendant deux ans sur la cité Le Corbusier de Lège. « Témoignage inédit sur le plan architectural, renforcé par le passage en vacances de Le Corbusier à Piquey, pendant près de dix ans, le lotissement qu’il réalise doit être l’objet d’un grand programme de recherche sur ce site patrimonial », explique-t-il. « Produire de la connaissance et publier un ouvrage 048
de synthèse. » Il s’agit là de la préfiguration d’un projet culturel autour de cette cité. « Il s’agirait plus globalement de connaître comment on vivait tout au long des XXe-XXIe siècles sur le bassin d’Arcachon, de créer une maison témoin à Lège, comme c’est déjà le cas, par exemple, au Havre avec Auguste Perret », poursuit l’architecte. Traduisez : installer un équipement culturel à l’écho national et local, dans la maison-cantine. Et justement, parlons d’elle. La maison emmurée est (presque) intacte, même si durant des décennies d’utilisation, elle a souvent été modifiée par les habitants. Les étudiants de Clermont-Ferrand, munis de casques et lampes frontales, y ont pénétré et répertorié les moindres détails, qu’ils ont ensuite restitués à l’aide de maquettes. Le commencement d’une nouvelle aventure pour ce que l’on appelle ici la Maison des célibataires.
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© Ensa de Clermont-Ferrand
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JeanPhilippe Bellon sublime le Bassin Texte Jean-Christophe Lauchas Photos Jean-Philippe Bellon
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Les cabanes Tchanquées étincellantes à la nuit tombante Rêve ou réalité…
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Ses photos spectaculaires de la dune lors des dernières tempêtes Gérard et Fien ont fait le tour des réseaux sociaux, son expo en avril dernier à La Teste-de-Buch a connu un immense succès, ses tirages d’art se vendent énormément. Jean-Philippe Bellon fait partie de ces photographes qui aiment le bassin d’Arcachon et le subliment remarquablement. Autodidacte Qui ce cache derrière cet artiste talentueux et si discret ? Originaire de Béziers, il arrive sur le Bassin en 2008 grâce à son épouse. Il est vite séduit. La photo ? « Je suis un autodidacte, je n’ai jamais pris de cours de photo, mais j’ai beaucoup appris en observant et testant, et j’ai toujours baigné dans l’image. Mon grand-père a fait le tour du monde et est revenu avec une multitude d’images. Ça me fascinait. Mon premier appareil photo, je l’ai eu quand j’étais au lycée », explique l’artiste gujanais, avant de préciser que « la photo est avant tout une passion, un moyen de partager nos somptueux paysages et de m’exprimer ».
Le Bassin autrement Avec son boîtier-photo et son objectif 35 mm, il parcourt le Bassin, « un petit coin de paradis » qu’il connaît par cœur à la recherche de la belle image, du lever au coucher du soleil, de La Teste-de-Buch au Cap-Ferret, en passant par Arcachon, GujanMestras ou les incontournables cabanes tchanquées. « Le Bassin est un terrain de jeux extraordinaire et il m’inspire tellement, ça change tout le temps en fonction des saisons et de la météo », avoue le photographe, pudique quand il
parle de lui mais bavard quand il évoque la photo. Il précise qu’il « choisit les lieux et les moments, avec une préférence pour la période d’octobre à avril, c’est là que les paysages sont les plus beaux, avec des couleurs magnifiques ». Il capture ce que son œil voit, et il lui arrive souvent de laisser place à son imaginaire, notamment grâce à la technique de la pose longue. Là où il se rend le plus ? La dune du Pilat. Tous ceux qui aiment ce territoire se souviennent de ses incroyables photos des incendies l’an dernier, beaucoup prises sur la dune, arrivant à rendre joli ce qui n’est pas vraiment beau. Selon lui, « les gens, après ces feux, ont pris conscience du besoin de préserver notre environnement. C’est déjà ça. On a tellement pleuré devant ces incendies ». Depuis 2020, il est devenu télépilote professionnel de drone, une occasion de faire découvrir le Bassin autrement avec des images à couper le souffle, « car plus bas qu’en avion mais vu de haut, tout est plus beau ».
prises de vues anticipées qui sortent des sentiers battus et des tirages sur supports de très haute qualité ». Ces tirages sont en vente sur son site « dans toutes les gammes de prix afin que ce soit accessible à toutes les bourses ». Jean-Philippe Bellon est spécialisé dans la photo de paysage, mais il réalise aussi des reportages lors de mariages et, depuis quelque temps, il donne des cours de photo à des particuliers. « J’adore ça car j’aime transmettre et partager, j’y fait de belles rencontres et c’est vraiment très gratifiant », conclut cet artiste qui se dit être « un photographe heureux et épanoui ».
À la recherche de la belle image Perfectionniste et exigeant dans son travail, il ne recherche pas la quantité mais la qualité, « avec des 053
Jean-Philippe Bellon 06 03 16 41 85 jeanphilippebellonphotography.com
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La pinasse : emblème du Bassin d'Arcachon
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Une histoire de bulle sur un livre
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Le Bassin à marée basse avec ses grandes étendues de sable
Une histoire de bulle sur un livre
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PORTFOLIO
Le soleil se lève au pied de la Dune du Pilat
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Une histoire de bulle sur un livre
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PORTFOLI O
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Le phare du Cap-Ferret, entre bassin et Océan
Une histoire de bulle sur un livre
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Mode Déco ×
« Le style est une manière de dire qui vous êtes sans parler. » Rachel Zoe
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Photos © La frip de Lily
La frip de Lily
La frip de Lily 18 avenue Gustave Eiffel à Andernos lafripdelily.fr
FRIPERIE. Maellie Kehers adore trouver la perle rare dans les vêtements de seconde main. Son rêve : améliorer l’image des vêtements d’occasion afin qu’ils deviennent l’habitude d’achat n° 1. C’est bon pour la planète. Elle fouille, elle trie, choisit avec soin si bien qu’elle parvient à trouver des petits bijoux de marque et elle veut bien en faire profiter les copines. C’est décidé, elle souhaite créer son site internet. Mais cette jeune fille de 24 ans à l’esprit d’entreprise, qui croque la vie à pleines dents, avec une conscience écoresponsable, saisit l’occasion qui lui est donnée de prendre un local dans la zone industrielle d’Andernos. Depuis le 1er juillet 2023, la boutique La frip de Lily est née. Ce qu’elle veut c’est un magasin classe et tendance où les fripes sont de très bonne qualité, pleines de peps, vintage, originales, de marque de préférence et à petits prix. Son magasin est agencé avec goût et propose en plus des vêtements de seconde main des fins de série, quelques accessoires qu’elle trouve auprès d’une créatrice du Bassin, Lubie Sauvage. Cette dernière va jusqu’au Maroc pour faire réaliser à la main des sacs en laine très colorés par des femmes berbères. « Pour l’instant, c’est le début mais j’ai bien l’intention d’étoffer ce que je propose avec des chaussures et des gammes homme et enfant. » SL 064
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Texte & Photos Émilie Dubrul (sauf mention)
Le stylo, tout un art… du Bassin Gilles Gennari conçoit des stylos tournés à la main qu’il décline sous plusieurs formes. Et c’est sur le bassin d’Arcachon qu’il trouve sa matière première.
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omme souvent avec les savoir-faire artisanaux, c’est un vrai plaisir à observer : l’art de tourner un stylo. Dans l’atelier, une odeur de copeaux de bois et d’encens indien se diffuse dans l’air. Penché au-dessus de son tour, Gilles, caché derrière sa barbe et ses lunettes en bois, évidemment, a le geste précis.
Au-dessus de lui, une impressionnante collection d’outils de coupe lui permettra de dégrossir puis de profiler chaque pièce. À main levée, avec une grande habileté, il conduit sa gouge en acier et donne à son futur stylo la forme souhaitée. Ici, chaque pièce est réalisée sur mesure. À la silhouette fuselée ou plus massive, serti d’un strass 067
Swarovski ou équipé d’un poussoir en forme de pistolet, vous pouvez le choisir en fonction de vos goûts et de vos envies.
Outil atemporel Plume, à bille, roller ou porte-mine, le stylo est un fidèle compagnon. Depuis son invention par les scribes de l’Égypte antique, il est devenu
un objet de collection, plein de symboliques, que l’on n’offre pas par hasard. « Le stylo traverse les âges, les frontières, les cultures, raconte Gilles. C’est un cadeau d’exception qui témoigne de l’attention que vous portez à la personne qui le reçoit. » Mais à l’ère du numérique, a-t-il encore sa place dans nos mains ? « Oh que oui ! » répond sans détour sa femme Véronique, soutien sans faille de son mari devenu – au crépuscule d’une vie de charpentier –tourneur sur bois. « Je pense que les gens restent profondément attachés au papier. D’accord, les mails et les textos ont remplacé le stylo. Mais on a toujours besoin d’écrire quelque chose à la main : une liste de courses, un courrier administratif, une signature officielle… » Et Gilles de poursuivre : « C’est un instrument d’écriture très personnel qui doit correspondre à la personnalité de son détenteur. » 068
Matières premières originales « Je suis charpentier-menuisier de métier. J’ai toujours aimé le bois. Je crois qu’avoir un tour à bois était mon rêve. Et lorsqu’il y a deux ans, mon fils m’a offert un stylo en bois, j’ai eu le déclic. » Tout juste retraité, l’artisan a donc tout le loisir de se lancer dans la fabrication de stylos. « En une semaine, je me suis documenté, je me suis équipé et j’ai créé l’Atelier Plume », résume-t-il. L’artisan se met alors à tourner, beaucoup, quotidiennement, dans une quête de perfectionnement. D’abord sur des pièces de bois qu’il récupère dans son ancien atelier de menuiserie : de l’ormeau, du chêne, du noyer, du cerisier. Puis il s’essaie sur des essences plus précieuses, comme le bois de rose, l’amarante ou la noix de Banksia. « Mon mari a une idée par jour. J’ai parfois du
“Le stylo traverse les âges, les frontières, les cultures. C’est un cadeau d’exception qui témoigne de l’attention que vous portez à la personne qui le reçoit”
mal à l’arrêter » s’amuse Véronique. Pour répondre à des demandes plus précises, Gilles Gennari se met aussi à travailler le cep de vigne, la pigne de pin et… la coquille Saint-Jacques. Des matériaux atypiques, écoresponsables et qui lui permettent de raconter l’histoire d’un lieu. Et celle du bassin d’Arcachon en l’occurrence, où le couple réside trois jours par semaine. « Pour me différencier, je me suis dit qu’il fallait que j’ancre mon travail dans notre territoire. Le Bassin, c’est la sylviculture, la pêche et l’ostréiculture. Et comme je suis un fan d’huîtres, notamment celle du Cailloc à La Teste, je me suis mis en tête de les travailler. » Après une étape de lavage et de sélection, il découpe à la main tous les morceaux de coquilles d’huîtres à l’aide d’une pince, qu’il coule ensuite dans une résine. Au bout de 24 heures, une fois découpée et percée pour y glisser la 069
“C’est énormément de travail mais ces stylos racontent déjà, avant même de servir, l’histoire du bassin d’Arcachon que j’aime tant.”
colonne vertébrale du stylo, la pièce (le carrelet) est prête à être tournée. « Pour les ostréiculteurs qui nous achètent ce produit, c’est une belle façon de valoriser le recyclage de leurs propres coquilles, et pour les amoureux du Bassin comme nous, de repartir avec un petit souvenir fait main. »
Ancrage local Offerts par la ville d’Arcachon aux lauréats de la dernière manifestation La Plage aux écrivains, ses stylos en coquilles d’huîtres (parfois mixées au cuir de poisson de Femer Peau marine) sont les stars de la saison. « Une écrivaine de renom nous l’a commandé pour ses dédicaces » se réjouit l’artisan, qui n’a pas résisté, 0 70
© Dorine Gennari
© Dorine Gennari
Tous les stylos de Gilles Gennari peuvent être équipés de cartouches d’encre rechargeables.
avec le retour de la baleine habillée de sa marinière rouge et blanc, à fabriquer un stylo en son honneur. « C’est énormément de travail mais ces stylos racontent déjà, avant même de servir, l’histoire du bassin d’Arcachon que j’aime tant. » Pour travailler au plus près de sa matière première, le couple recherche activement une cabane ostréicole traditionnelle, pour y installer son petit atelier à l’année. À bon entendeur ! latelier-plume.fr
Texte & Photos Patrice Bouscarrut
Les créations textiles de deux sœurs Fondatrices de Terre de Baïnes, Johanne et Vanessa proposent leurs créations en tissu poétiques et pratiques sur les marchés du Bassin.
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l y a bien longtemps, Johanne et Vanessa Winter, pas plus hautes que trois pommes, se retrouvaient sur les genoux de leur grand-mère, Mauricette. Couturière de métier, elle les laissait tenir le tissu pendant qu’elle cousait avec sa vieille Singer, les pieds s’agitant sur le large pédalier. Aujourd’hui, cette histoire remonte à plus de quarante ans, et pourtant, cette madeleine de Proust a gravé au fer rouge ces deux sœurs. Même si elles cousaient pour le plaisir, leurs chemins s’étaient séparés. Johanne était responsable export dans une entreprise et Vanessa travaillait dans une agence de voyage. Puis
l’envie de revenir au pays, à Arès, changer de vie, les a réunies à nouveau autour d’un projet familial.
Des clients fidèles Terre de Baïnes est né en 2019, juste avant l’épisode Covid. Malignes, elles ont séparé les tâches, sauf celle de la fabrication. Johanne, c’est la plus sérieuse des deux. Elle est plutôt du soir et s’occupe de la comptabilité, de l’administratif, des commandes de tissus… Vanessa, peut-être plus à l’aise avec les clients, se lève à 5 heures du matin pour vendre la production sur les marchés locaux*. « Le truc génial, c’est qu’on fait cette aventure 073
ensemble », glissent de concert les deux sœurs. Bien sûr, dans une famille, ce n’est pas toujours facile, mais elles ont une recette : « Savoir se dire les choses. » Voilà donc planté le décor de Terre de Baïnes. Nous les avons croisées sur le marché d’Arès et il n’y a pas une minute sans que des habitués viennent les voir pour discuter, échanger, taper une bise. « Nous avons commencé notre activité juste avant le Covid, se rappelle Johanne, mais les clients que nous avons eus avant la fermeture des marchés nous ont suivies. On a pu continuer à travailler avec des commandes de toute la France, tous les mois . »
Le secret des sœurs Winter ? Associer le pratique et le beau avec une touche de bienveillance. Des objets jolis et pratiques Il faut dire que les créations des deux sœurs sortent de l’ordinaire. Leur production utilise des tissus majoritairement français, tous sous le label Oeko-Tex, pour garantir l’absence de produits toxiques et nocifs. Johanne a le don de dénicher des motifs colorés et poétiques. Parmi les classiques qui se vendent comme des petits pains : les vêtements pour les enfants, les sarouels notamment, les baluchons pour ranger ses affaires dans la chambre, les sets de table, les feuilles molletonnées à utiliser partout pour accueillir son bébé dans l’esprit Montessori. Aussi, les sœurs ont à cœur d’apporter des solutions zéro déchet : les charlottes pour remplacer les films plastiques dans le frigo, des porte-savons, des kits cuisine ou encore des sacs fraîcheur. « On teste tout ce que l’on produit avant de le vendre », explique Johanne. « Beaucoup d’idées sont restées à l’état de prototype. » Autour de sa taille, 0 74
elle expérimente justement une sorte de banane, mais elle n’est pas encore satisfaite. Parmi les petites trouvailles bien insolites : le tipi à pipi. Tout ceux qui se seront fait surprendre en ouvrant la couche de leur fils nouveau-né en comprendront vite l’intérêt. D’ailleurs la production de ce produit n’arrive pas à suivre la demande. Autre idée qui pourrait se retrouver au concours Lépine, le sac à tarte. Eh oui, vous avez préparé une quiche pour un repas chez des amis. Vous cherchez dans votre maison un sac plat pour pouvoir la transporter mais sans succès. Le secret des sœurs Winter ? Associer le pratique et le beau avec une touche de bienveillance. Une petite entreprise locale qui a trouvé un écho sur le Bassin. Et ça fait du bien. Arès le mardi et le dimanche, Andernos le vendredi, et Claouey, en saison, le jeudi et le samedi.
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“La nature devient jardin quand l’homme y trace son chemin.” Michel Arthe
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Au paradis des oiseaux Il y a cinquante ans, les ornithologues passionnés Pierre Davant, Pierre Petit, Alain Fleury et Claude Quancard ont eu la merveilleuse idée de proposer à la commune du Teich, véritable couloir migratoire d’oiseaux sauvages, la création d’un parc ornithologique. Le maire de l’époque, Claude Laymand, et son premier adjoint, le Commandant de gendarmerie Chaudoy, ont tout de suite adhéré au projet. Texte & Photos Sabine Luong (sauf mention)
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© Israel Hervas Bengochea
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ès 1971, les tracés sont pensés par Alain Fleury et, en 1972-1973, le parc vit sa première année. Les résultats sont probants : les oiseaux colonisent le territoire. Plus tard, des espèces exotiques sont intégrées dans des volières et nourries. Mais ce choix trop coûteux est abandonné dans les années 90. En 2013, le fonctionnement passe en réserve pure, cogérée par la commune et la maison de la Nature du bassin d’Arcachon qui s’inscrivent dans la démarche écotouristique du Parc naturel des Landes de
Gascogne. Au fil des années, un travail titanesque est effectué pour compter scientifiquement toute la faune sur site, protéger les lieux des prédateurs et des espèces invasives d’algues, renforcer les digues en composant avec la nature, réguler le niveau d’eau pour attirer des espèces de façon naturelle, tels les limicoles. Les interventions concernent essentiellement l’amélioration de l’habitat des espèces et la qualité des paysages. Même les moutons sont invités à pâturer pour l’entretien des prairies. 07 7
La réserve s’étend sur 110 hectares de zones boisées, lagunes, vasières et marais, recouverts aux trois quarts d’eau salée.
La réserve s’étend sur 110 hectares de zones boisées, lagunes, vasières et marais, recouverts aux trois quarts d’eau salée. 328 espèces d’oiseaux y ont été observées dont 88 espèces nichent ou ont niché sur place, attirant 75 000 visiteurs 364 jours par an. Les oiseaux sont observés dans les 20 cabanes éparpillées sur le site. Tout est fait pour apprendre, sensibiliser et s’émerveiller grâce aux trois sentiers aménagés de panneaux pédagogiques, d’installations interactives et d’animations proposées par la réserve. Les oiseaux habitués à voir du public se laissent volontiers photographier et dessiner par les spécialistes animaliers. 0 78
François Le Teich, peintre naturaliste, chasseur d’images Le peintre François Le Teich (qui nous a quittés en 2019) et sa femme Guilaine sont très liés à l’endroit. Lorsque le couple revient vivre sur le bassin d’Arcachon, le peintre s’implique. Il peint les différentes espèces d’oiseaux de ce paradis et ses œuvres sont reproduites en cartes postales et vendues au public à l’entrée du parc dans les années 80. « Il le faisait gratuitement », précise Guilaine. Une façon à lui de participer au développement et au rayonnement du site. Il a même créé un des premiers logos du parc. Bon nombre de ses dessins ont également illustré le bulletin municipal du Teich, qui rendait compte des
Marina Nikitine Un rêve réalisé Après avoir fait l’école des Beaux-Arts à Bordeaux, Marina Nikitine a eu envie d’ailleurs et est partie seule à l’aventure vers le Moyen-Orient. Plus précisément en Israël où elle a pu vivre de son art pendant cinq ans tout en s’inspirant d’autres cultures en visitant l’Italie, la Grèce, la Jordanie, l’Égypte. De retour en France dans les années 2000, elle accepte un poste de professeur de français dans le Lot-et-Garonne dont elle est originaire. Devenue mère de deux enfants, s’en occuper lui paraît tout naturel avant de se lancer dans une formation de dessinatrice en bâtiment. Marina
rêve d’autre chose et c’est un souci de santé qui provoque en elle un déclic. La vie est bien trop courte pour ne plus créer et dessiner. Ce qu’elle comprend surtout, c’est l’incroyable fragilité de la nature qu’elle souhaite figer dans ses dessins. L’anatomie et le côté graphique des oiseaux qu’elle reproduit en techniques mixtes la fascinent. Alors elle ose proposer spontanément son travail à l’équipe de la réserve ornithologique du Teich qui, séduite par la composition graphique originale de Marina, voit l’opportunité de fêter les 50 ans du site par une belle
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fresque de 6 x 2 m avec 40 espèces représentées. Marina rêve plus loin. Et pourquoi ne pas faire un livre avec des écrits de son père ? Et pourquoi ne pas dessiner les 328 espèces présentes dans la réserve ? En attendant, la fresque interactive trône à l’entrée du site et devrait instruire quelques visiteurs.
© Gabriel Leboff
© Israel Hervas Bengochea
évolutions du parc. Il a été à l’origine de nombreuses affiches, d’illustrations pour des magazines comme Le Bécassier de France. De son côté, Guilaine, qui travaillait à La Poste, avait fait faire un tampon philatélique à l’effigie du parc. Le couple a toujours eu à cœur de mettre en valeur le fleuron de la commune du Teich. Puis la photo a fini par prendre le relais. Les livres de photos de Claude Feigné, longtemps responsable de la gestion de la réserve du Teich et qui a consacré sa carrière aux oiseaux, témoigneront de cette incroyable diversité présente sur le bassin d’Arcachon. Pour fêter les 50 ans, la nouvelle directrice de la réserve, Catherine Vignerte, et son équipe ont fait faire sur le mur de l’accueil par la peintre naturaliste Marina Nikitine une fresque représentant la faune de la réserve. Un sentier pédagogique vient d’être réaménagé et de nombreuses animations, visites guidées, ateliers « Coulisses de la réserve », conférences, expos photos, spectacles, sorties en canoë, escape games avec les écoliers et collégiens, sont prévus lors de la semaine anniversaire du 23 au 29 octobre 2023.
© vouvraysan
© Israel Hervas Bengochea
328 oiseaux y ont été observés dont 88 espèces nichent ou ont niché sur place, attirant 75 000 visiteurs 364 jours par an.
reserve-ornithologique-du-teich.com
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Sport Bien-être ×
“Le plus grand secret du bonheur est d’être bien avec soi” Socrate
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Soins bio & naturels made in bassin d’Arcachon La Testerine Caroline Saubole a créé Dakoté, une gamme de soins cosmétiques 100 % naturelle, sans fausses promesses, bio et développée en circuit court à partir de matières premières locales.
Texte & Photos Jean-Christophe Lauchas
Bon pour le corps et la planète Caroline Saubole est une enfant du Bassin. Originaire du CapFerret, elle vit aujourd’hui à La Teste-de-Buch. Maman, sportive et amoureuse de la nature, elle a d’abord travaillé dans la restauration puis dans le domaine commercial pour des assurances. Après avoir assisté impuissante à une crise d’urticaire de sa petite fille suite à l’utilisation d’une crème solaire achetée à la hâte, elle fait le constat suivant : « La composition des produits reste très floue et comporte des perturbateurs endocriniens, allergènes et beaucoup d’autres ingrédients controversés. » Elle décide alors de fabriquer ses propres cosmétiques. « Les matières premières que j’achetais venaient de très loin, et je me suis dit que je n’étais pas cohérente dans ma démarche. J’ai alors fait une formation pour 083
approfondir mes connaissances sur les matières premières et j’ai ensuite élaboré des formules avec des ingrédients locaux », explique Caroline. Et pourquoi ne pas créer une marque 100 % naturelle et bio proposant des cosmétiques entièrement fabriqués à partir de matières premières végétales issues de la région ? Battante et aimant les challenges, Caroline se lance dans cette démarche innovante, soutenue par ses proches convaincus par son projet très réfléchi.
« La ressource est là autour de nous » « C’est devenu logique pour moi, j’avais vraiment envie de faire quelque chose qui me correspondait et qui collait aux valeurs éthiques qui me sont chères », précise la jeune maman pour qui cette marque est la suite logique de ses observations, la concrétisation d’une ambition :
“La ressource est là, très proche, des plantes aux bienfaits prouvés telles que le chanvre, la caméline, l’ortie sauvage, l’oyat, l’immortelle ou la prune de Gascogne”
nouvelle marque, qui a fait l’objet d’un financement participatif, sera distribuée à partir d’octobre, et s’adressera aux hommes et aux femmes « conscients des enjeux environnementaux, en recherche de produits naturels et prenant soin de leur peau et celle de leurs enfants ».
Des cosmétiques pour toute la famille
proposer une gamme de produits sains, sans déchets plastiques, sourcée et élaborée en circuit court. Caroline fonde alors Dakoté. Pourquoi Dakoté ? Parce que tout vient « d’à côté » ! Elle constate en effet que tout autour de nous, « la ressource est là, très proche, des plantes aux bienfaits prouvés telles que le chanvre, la caméline, l’ortie sauvage, l’oyat, l’immortelle ou la prune de Gascogne ». Cette 084
Dans un premier temps et dès le mois d’octobre, une gamme de cinq produits sera proposée : une crème pour le visage, une autre pour le corps, une huile démaquillante, une eau micellaire et un savon. « L’objectif est aussi de valoriser le territoire et ses richesses naturelles et de commercialiser des produits accessibles et efficaces pour toute la famille », ajoute Caroline, avant de préciser que cette gamme de produits, qui va se développer, « donnera à la peau ce dont elle a besoin (acides gras essentiels, antioxydants, hydratation), sans allergènes ni perturbateurs endocriniens ». Où trouver Dakoté ? Sur le Bassin et à Bordeaux dans divers points de vente, et via le site marchand sur internet. Dakoté La Teste-de-Buch 06 47 64 20 01 dakote-soinsnaturels.fr
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Boris le vélociste heureux ! C’est une belle histoire de passation que celle du Cazalin Boris Richebois qui prend la succession de Philippe Bonhoure à la tête du magasin de cycles de La Teste-de-Buch, une institution dans le monde du vélo depuis trente-huit ans. Texte & Photos Jean-Christophe Lauchas
Une institution Le magasin de cycles testerin de l’avenue Saint-Exupéry est ce qu’on appelle une adresse incontournable, le lieu de rencontre des passionnés de vélo, là où on vient acheter ou faire réparer son deux-roues en toute confiance. Il fut créé en 1985 par Philippe Bonhoure, ancien coureur et féru de mécanique. Son savoir-faire, son efficacité et sa gentillesse ont fait le succès de son magasin, devenu l’un des plus anciens dans sa catégorie en Gironde. Il y a quelques mois, il décide de prendre sa retraite. Fermer boutique ? Il n’en est pas question pour lui et c’est ainsi qu’il se met à chercher un successeur. Il rencontre alors Boris Richebois, un Cazalin dont le loisir préféré est… le vélo !
La relève est assurée Cette rencontre va être décisive. « La période de confinement, une envie de reconversion, le vélo qui prend de plus en plus de place dans ma vie et le désir d’entreprendre ont fait que j’ai pris ma décision en deux jours », explique
Boris, qui travaillait auparavant dans les ressources humaines. Il a de suite été séduit par Philippe, « avec qui ça a matché de suite » et par l’histoire et l’âme de ce lieu mythique pour les cyclistes du Bassin. La relève est donc assurée ! « Cette passation me réjouit car Boris est vraiment compétent et je sais qu’il va garder l’âme de ce magasin », confie Philippe 087
Bonhoure avec émotion. Pour que la transmission soit parfaite, il a même décidé d’accompagner son successeur jusqu’au 31 décembre. Pourquoi avoir nommé le magasin Cycles Valentin ? « Tout simplement parce que c’est le prénom de mon fils de 10 ans, passionné lui aussi et parce que la transmission se prépare longtemps à l’avance », répond Boris Richebois.
Le but pour cet entrepreneur est que ce soit “un lieu de services mais aussi un lieu de vie pour toutes les générations, tous les passionnés de la petite reine, amateurs ou professionnels”
Le meilleur du vélo Pour l’entretien, la réparation ou l’achat d’un vélo, un besoin d’équipement, d’accessoires, de pièces détachées ou tout simplement pour papoter autour d’un café sur vos dernières aventures à vélo,
Boris vous reçoit désormais toute l’année. Le vélociste perfectionniste et enthousiaste déborde d’ambition pour son magasin, avec notamment la réalisation de travaux, un atelier revu, un espace de vente repensé avec des vélos d’une grande qualité et l’aménagement d’un coin café. Le but pour cet entrepreneur est que ce soit « un lieu de services mais aussi un lieu de vie pour toutes les générations, tous les passionnés de la petite reine, amateurs ou professionnels ». Le marché du vélo se porte bien ? « Plus que jamais, avec des jeunes qui pratiquent de plus en plus et un 088
tourisme autour du deux-roues qui se développe énormément », répond Boris, avant d’avouer être « si fier d’être là et de cette passation, et heureux de cette nouvelle aventure qui commence ». Et du fond de l’atelier où il travaille discrètement, Philippe Bonhoure lance : « Le magasin est entre de bonnes mains ! » Les Cycles Valentin Cité Jean Hameau 51 ter avenue Saint-Exupéry 33260 La Teste-de-Buch Infos, devis et réservations au 05 56 66 28 84
Enfants ×
“Les enfants, avec leur innocence et leur curiosité, illuminent le monde, transformant chaque moment ordinaire en une aventure pleine de découvertes et de rires inoubliables.”
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Texte & Photos Ineh (sauf mention)
Vers une santé familiale au naturel Depuis près de deux ans, l’Arcachonnaise Marina Ganivet accompagne les parents en quête de solutions naturelles pour le bien-être de leurs enfants au quotidien.
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arina Ganivet est naturopathe et sophrologue spécialisée dans l’accompagnement des enfants de 0 à 10 ans. Dans son cabinet Nouveau souffle naturopathie, situé à Gujan-Mestras, elle propose des rencontres individuelles pour « accompagner les parents dans l’amélioration du mieux-
être de leurs enfants et les aider à gagner confiance en eux ». Qu’il s’agisse de problèmes de sommeil, d’allergie, d’infections ORL à répétition ou encore d’eczéma, la naturopathie permet d’explorer ces problématiques avec des solutions naturelles, de travailler sur les causes des déséquilibres et de soutenir le 091
système immunitaire. « J’interviens en complément du corps médical pour faire de la prévention. Au cours d’une consultation, j’analyse les prédispositions génétiques de l’enfant, son tempérament, son mode de vie, son environnement afin de faire des recommandations qui vont porter sur l’alimentation, l’hygiène de vie, les activités sportives, la
“Au goûter, plutôt que de donner des biscuits industriels qui n’apportent absolument rien à part du sucre, privilégiez des aliments vivants : des fruits pour les vitamines et des oléagineux pour le magnésium”
phytothérapie. Je donne des conseils faciles à appliquer pour initier un changement progressif. »
L’enfant aux commandes de sa santé Ce qui importe particulièrement à Marina Ganivet, c’est d’inciter les enfants à être acteurs de leur santé. « Je suis dans une démarche de transmission de l’information. Ma volonté, c’est de leur donner les bonnes bases dès leur plus jeune âge car nous savons combien il est difficile pour un adulte de changer ses habitudes. Alors, tout ce qui est acquis durant l’enfance est un bonus. » Marina Ganivet met donc en place des ateliers de 092
groupe parent-enfant. « J’aime bien ce format d’atelier où je tiens un discours pour chacun des deux publics. Ils sont toujours suivis d’une activité ludique qui peut être soit de la respiration, soit un atelier culinaire. Cela permet de pouvoir faire vivre l’information à la maison. » C’est ainsi que Marina s’empare d’un sujet cher aux parents.
Faire manger des légumes aux enfants Par le biais de l’atelier « Les superlégumes », elle les informe sur la néophobie alimentaire qui touche près de 70 % des enfants à partir de 2 ans et les rassure : « Non, l’équilibre
simples pour qu’ils puissent se servir seuls et agrémenter leurs assiettes avec de super aliments comme la spiruline, des oléagineux non grillés et non salés, des graines de chia, de courge, de sésame, des huiles riches en oméga 3 pour le développement de leur cerveau. » Des idées, Marina Ganivet en a à revendre et travaille actuellement sur un programme destiné aux parents : « Il contiendra des astuces sur l’alimentation,
la gestion du stress, les bobos du quotidien… » En attendant, sur son site internet, le programme « J’active les superpouvoirs de mon enfant par la respiration » donne des solutions simples et ludiques pour aider les enfants à puiser des ressources en eux pour s’apaiser, avoir confiance, gagner de l’énergie en pratiquant des exercices de respiration issus des techniques de cohérence cardiaque.
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nutritionnel ne se fait pas sur un repas mais sur toute une semaine. » L’atelier se poursuit par un cas pratique qui invite les participants à concocter ensemble un jus de légumes. Succès garanti ! « Comme les adultes, les enfants préfèrent ce qui est bon. Il ne faut pas hésiter à leur présenter les aliments sous différentes formes. Privilégiez de bons produits, de qualité et locaux. Sur la table, ajoutez des “toppings”
© Photolin
Nouveau souffle 24 C avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny, Gujan-Mestras 06 72 64 17 32 un-nouveausouffle.fr
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Texte & Photos Ineh
LA PLUME QUI APAISE Avec ses vidéos hilarantes, ses publications Instagram à la fois percutantes et touchantes, la Teichoise Aurélie Bianchi attire l’attention sur un sujet aussi difficile que sensible et intime : l’arrêt de grossesse, la perte d’un enfant.
C
ela fait une dizaine d’années qu’Aurélie Bianchi exerce en tant que doula. Spécialisée dans l’accompagnement des fausses couches et du deuil périnatal, elle est aussi l’auteure de deux livres : Voyage en mère et La petite graine qui n’avait pas poussé. En octobre, elle auto-éditera son nouvel ouvrage Jusque dans une autre vie. Un troisième livre sur ce sujet qui lui tient particulièrement à cœur. À travers ses mots, elle
donne vie aux souffrances réelles et trop souvent niées des parents endeuillés. « Après avoir vécu l’arrêt précoce d’une grossesse, je me suis rendu compte à quel point on peut se sentir seule lorsque tout bascule. Bien que formée en périnatalité, j’avais l’impression de ne rien savoir, d’être abandonnée à mon sort. » C’est sur ce constat qu’Aurélie décide de consacrer son énergie à accompagner, à sensibiliser et à informer sur le deuil périnatal. 094
Apaiser les souffrances « Lorsque l’on vit quelque chose de difficile, à un moment donné, on recherche du sens à ce que l’on a traversé et c’est ce que j’ai trouvé : pouvoir faire quelque chose pour ces personnes qui ont vécu la même chose que moi, voire pire. Cela m’impacte forcément et m’aide à être dans le moment présent, à profiter des cadeaux que j’ai déjà. » Au quotidien, l’accompagnement du deuil périnatal se traduit « par beaucoup d’écoute et de soutien
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“La plume c’est aussi le symbole qui me permet de voir des signes de la petite âme qui est passée dans ma vie et n’est pas restée” que l’on adapte aux besoins des parents. » Ce soutien peut ainsi être d’ordre émotionnel, physique, logistique. « Nous sommes là pour les aider à accueillir le deuil et ses émotions difficiles qu’il faut savoir écouter, valider, légitimer. Nous les aidons à mieux les comprendre et à les réguler au fil du temps. Nous pouvons leur proposer des séances de massage, de relaxation ou tout simplement faire un peu de ménage à leur domicile, leur déposer un repas, créer un réseau d’entraide autour d’eux pour qu’ils puissent déléguer et avoir le moins de choses à penser et à faire. »
Transmission Aurélie Bianchi forme également ses pairs afin « qu’elles puissent
avoir les outils et se sentir armées pour accompagner ces moments de la maternité. Car en tant que doula, même si nous ne le souhaitons pas, nous pouvons être amenées à accompagner des parents qui perdent un enfant. Elles doivent pouvoir être à l’aise avec cela ou déléguer si nécessaire ». Aujourd’hui, c’est à sa plume 096
qu’Aurélie Bianchi consacre l’essentiel de son temps. Avec ses mots, elle apaise les maux des cœurs de parents esseulés et légitime leur peine dont nous ne pouvons soupçonner l’intensité.
aureliebianchi.com contact@aureliebianchi.com
LE BI LLET DE PA S C A L BATA ILLE
Pascal et Lorène
« La vie est belle, SLA (essaie-la) ! »
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écemment, un pauvre type qui, hélas, vit et travaille sur cette presqu’île du CapFerret que j’aime tant, m’a expliqué que mes deux derniers fils étaient des « sales Arabes de merde » ! Mes deux derniers fils sont issus d’une double culture, française et algérienne, d’un père et d’une mère tous les deux français. Ils sont fiers de leurs origines et je suis profondément fier d’eux ! La haine qui se répand dans notre pays, entretenue savamment par Éric Zemmour et ses affidés, contamine de plus en plus de « bas du plafond », aigris, mesquins et sans culture, qui croient se donner une consistance en affichant leur bêtise crasse ! Ces personnes-là méritentelles vraiment de revendiquer leur appartenance à notre pays, patrie des droits de l’Homme ? Ces personnes-là sont-elles capables
d’aimer les autres, d’aimer la vie ? Pourquoi vous parler de cet idiot ? Pour l’opposer à une tout autre façon de regarder la vie et les gens. « La vie est belle, essaie-la. » Cette leçon, j’ai eu la chance d’en bénéficier durant ces trois semaines où Lorène, ma petite sœur de cœur, est venue profiter des saveurs de notre bassin d’Arcachon et nous a ensoleillés de sa bienveillance, de son enthousiasme, de sa capacité à savourer chaque seconde et chaque rencontre. Lorène, comme mon camarade bordelais le docteur Antoine Mesnier, fait partie des 8 000 Français qui souffrent d’une sclérose latérale amyotrophique (SLA) également connue sous le nom de maladie de Charcot, pathologie qualifiée de « l’une des plus cruelles » par l’OMS. Cinq nouveaux cas, de plus en plus jeunes, sont diagnostiqués chaque 098
jour dans notre pays. Une maladie pour l’instant incurable, qui affecte les neurones commandant les muscles, entraînant la fonte de ces derniers et une paralysie progressive. Le mal peut se stabiliser chez certains patients, mais l’espérance de vie moyenne des personnes atteintes n’est que de 3 à 5 ans. Lorène a appris cette terrible nouvelle en 2022. Depuis, elle se bat pour mieux faire connaître cette SLA dont on parle trop peu, pour générer des dons pour la recherche et les malades, pour faire évoluer les réglementations qui freinent les progrès. Elle se bat avec un sourire d’ange et une force capable de renverser des montagnes. Lorène aime la vie, elle la dévore avec un appétit contagieux. Elle a ça aussi en commun avec notre ami Antoine Mesnier, de bouleverser et sans doute de transformer un peu chacun de ceux qui ont la chance de la rencontrer. Lorène, Antoine, nous rappellent à quel point la vie est précieuse, à quel point la haine et l’ingratitude sont des poisons pervers, ils nous disent aussi que nous pouvons être utiles et que c’est facile d’aimer, facile d’aider. Lorène s’est lancée le défi de participer à un raid en Laponie, en janvier 2024, pour mieux médiatiser la SLA et générer des dons pour l’Association pour la recherche sur la SLA. Elle a besoin de notre aide à tous pour financer cette aventure et pour soutenir l’ARSLA, alors elle a créé une collecte dont je me permets de vous partager le lien. Merci d’avance pour elle, pour eux, pour la recherche. La vie est belle, aimons-la.
ARSLA www.arsla.org www.onparticipe.fr/c/dtUnfbBj
Jeep – SIPA Automobiles Arcachon – 931 Boulevard de l’Industrie. 33 260 La Teste de Buch. 05 35 37 24 04 Bordeaux – 54 Avenue du Chut. 33 700 Mérignac. 05 56 18 68 92