ÉDI TO
Vivre le Bassin 501, avenue Gustave Eiffel 33260 LA TESTE-DE-BUCH Directeur de la publication Rédacteur en chef Yann Crabé infos@vivrelebassin.fr Administration et finance Marjorie Batikian marjorie@vivrelebassin.fr Direction artistique & Design graphique Grand National Studio hello@grandnationalstudio.com RÉDACTION Journalistes & photographes Pascal Bataille, Patrice Bouscarrut, Philippe Guillaume, Patrice Hauser, Armelle Hervieu, Ineh, Sabine Luong, Mélanny Rodrigues, Brigitte Vergès Secrétaire de rédaction Isabelle Calmets ABONNEMENTS Vivre le Bassin www.editionsvivre.fr marjorie@editionsvivre.fr VIVRE LE BASSIN est édité par Capitale Publishing SARL de presse au capital de 5 000 € Siège social 55, boulevard Pereire 75017 PARIS RCS Nanterre 517 815 908 Gérant : Yann Crabé PUBLICITÉ & PARTENARIATS Karyn Juge : 06 74 35 94 41 karyn@vivrelebassin.fr Distribution France MLP Numéro commission paritaire CPPAP : 0324 K 94831 ISSN : 2781-8357 IMPRIMERIE ROTIMPRES Girona, Espagne
Ma saison préférée I
l y a longtemps déjà les bernaches sont reparties. Le ciel a tombé son épais manteau gris et les dunes ont retrouvé leur chaleureuse odeur de curry. Les oiseaux répètent à tue-tête, à qui veut l’entendre : il est revenu ! Il est revenu ! Tout le monde se presse pour ne rien manquer de la fête. Sur la plage, les parasols multicolores sont hissés. Sur l’eau, les bateaux reprennent leur inlassable ballet. Partout, les amoureux se bécotent. Au revoir oripeaux, seul le soleil désormais habille nos peaux. Et il règne dans l’air commun un parfum, une promesse d’allégresse. Voilà l’été ! Enfin l’été ! Ma saison préférée. Le soir, après une chaude journée, j’aime laisser le vent frais caresser mon visage et imaginer son voyage. Il se lève à l’ouest au dessus de la mer. Gorgé de senteurs océanes, il gagne le Ferret, pénètre la maison de Jeanne Faivre d’Arcier, soulève les pages de son dernier ouvrage. Il poursuit son chemin dans le ciel jusqu’à la grande dune. Là-haut, un photographe aussi blond que
les blés l’attend. Florian Clément capture ses dessins dans le sable avant qu’il ne s’échappe. Déjà, le vent coule derrière la dune, entre les arbres. Il visite les ruches de François Espenel, rafraîchit ses abeilles affairées dans le miel. Il s’amuse tantôt avec les branches de brande que Lionnel Jannot cueillera au matin, les fait se balancer et bientôt s’élance au galop aux côtés de Solène Carlhant et de ses fiers destriers. Quand tombe la nuit, c’est au cœur du Bassin, au pays du gardien de l’île aux Oiseaux, qu’il choisit d’aller mourir. Doucement, paisiblement dans les bras des Tchanquées, il disparaît.
Armelle Hervieu
Photo de couverture Armelle Hervieu
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EDITIONSVIVRE.FR
SOMMA I RE
© Armelle Hervieu
© TSM Gentil
© Julie Mitchell
V I V RE L E BASSI N ÉTÉ 2022
Culture — Camille, j'irai mixer chez vous p. 12
Christel, une guide habitée par le bassin p. 14 Martine et Robert ouvrent leur maison à l'art p. 16 Myriam Darmanté tisseuse d'histoires p. 18 Les péripéties d'une parisienne au Cap Ferret p. 20 La galerie Saint Martin p. 24
Food —
Coulisses —
La cabane de l'Aiguillon p. 30
24H avec Thierry, le gardien de l'île aux oiseaux p. 54
Les abeilles butinent les fleurs des dunes p. 36
Portfolio —
Les cafés d'exception de Mélanie Badets p. 40
Florian Clément, chasseur d'orages et de mirages p. 60
La passion du chocolat de Pierre Mirgalet p. 42
Focus —
Mer —
5 idées pour découvrir le bassin par la mer p. 70
Sur les vagues avec Pyla Surf School p. 46 50 ans de plongée pour les scaphandriers du Bassin p. 48
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SOMMA I RE
Mode Déco —
Les robes de Pauline Lorbanchet p. 82 Les fleurs de Philippine Roulet p. 84 Une conciergerie à la carte p. 86 Brande bas de combat p. 86 Un nouvel hôtel à Andernos p. 92
© Armelle Hervieu
© Patrice Bouscarrut
© Mélanny Rodrigues
V I V RE L E BASSI N ÉTÉ 2022
Green —
Sport —
Laca Boïates, la bière du bassin qui monte p. 96
Idaways, la petite semelle qui donne des ailes p. 112 Solène, championne des garçons de voyage p. 114
Café vélo à Cassy p. 96
Enfants —
Natusen, au rythme des quatre éléments p. 100
Les ateliers de Virginie Sanchez p. 120
Rafraichir les villes avec de l'eau de pluie p. 104
"La tribu du Bassin" à l'école de la nature p. 122
Portrait A l'eau vélo p. 110
L'école des possibles porte bien son nom p. 126
+ Le billet de Pascal Bataille p. 130
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Culture ×
“La culture est ce qui fait d’une journée de travail une journée de vie.” Georges Duhamel, médecin, écrivain et poète français
011
Camille Hervé
Photos © Julie Mitchell
J’irai mixer chez vous À BICYCLETTE. En pleine ascension, la productrice Camille Hervé, désormais signée sur un label londonien de musiques électroniques, ne renie dans sa programmation rien de ses souvenirs d’enfance ni de son attachement au Bassin. Cofondé par la jeune DJ, le collectif Gogogreen, entamera donc le 30 juillet prochain sa tournée côtière, J’irai mixer chez vous, calquée sur le programme emblématique d’Antoine de Maximy. Pour la troisième année consécutive, à la force du corps, d’une même impulsion, les quatre artistes qui le composent, Lefblom, Sheru, Ams et Camille Doe, iront en vélo de Bordeaux jusqu’à l’institut français de Bilbao promouvoir leur art et diffuser leurs bonnes ondes en échange du gîte et du couvert. Pionniers dans l’organisation de ces rencontres itinérantes, solidaires et écologiques, ils appellent avec cette initiative à une prise de conscience commune sur l’importance de renouer avec la culture, dans le respect de l’environnement. Après avoir investi un Ehpad et organisé des excursions sonores à bicyclette, ils veulent avec cette tournée transformer l’essai, et tisser du lien entre les générations. Vecteurs d’émotions et accessibles aux familles, leurs événements rassemblent autour de la musique toute une panoplie de valeurs intrinsèques à celles de leur collectif : le partage, la parité et le vivre-ensemble. Et si pour les prochaines éditions, ils espèrent encourager leur public à suivre le peloton sur toutes leurs dates, cet été, avant de rejoindre Moliets, Hossegor et Biarritz, ils vous donnent rendez-vous le 31 juillet au soir sur la pétillante terrasse du Paradiso. MR 012
Le collectif Gogogreen facebook.com/ gogogreenclub
© Armelle Hervieu
Christel, une guide habitée par le Bassin Cela fait trente ans que Christel Santurenne guide les gens tout autour du Bassin. Son « pays » qu’elle habite et qui l’habite. Son « pays » qu’elle ne se lasse jamais de raconter.
Retrouvez Christel et découvrez ses propositions d’escapades sur facebook.com/lesvisitesdechristel
C’est au bord du bassin de baignade d’Audenge que Christel Santurenne nous a donné rendezvous pour évoquer son métier de guide. Car, c’est ici, dans ce qui ne servait avant que de chasse d’eau pour vider le port de sa hagne (vase en gascon), que notre guide du jour a appris à nager. « À l’époque, l’eau n’était pas claire comme aujourd’hui et il fallait descendre le long des huîtres qui s’accrochaient sur les côtés. On avait les genoux en sang quand on rentrait à la maison ! », se rappelle la guide-conférencière, jamais avare d’anecdotes amusantes. Aussi loin qu’elle se souvienne, Christel a toujours voulu travailler dans le tourisme. À l’âge de 14 ans, elle était déjà décidé à devenir hôtesse au sol pour la compagnie Air France. « Je n’avais jamais mis les pieds dans un aéroport mais je voulais porter l’uniforme, accueillir des gens, être dans le monde du voyage… » 014
L’uniforme et les avions mis à part, Christel a réalisé son rêve. En plus, sans avoir à quitter son si cher « pays », ce dont elle n’avait pas du tout envie ! « Après mon Deug d’histoire de l’art et mon BTS tourisme, je me suis rendu compte que je n’avais qu’un seul désir : revenir exercer sur le Bassin qui m’a vue naître. » C’est ainsi qu’à 23 ans, Christel devint la première guide-conférencière du Bassin. Elle travailla d’abord pour l’office de tourisme d’Arcachon, avant de se mettre à son compte, il y a quinze ans. Aujourd’hui, cette amoureuse du terroir du Bassin qu’elle défend toute l’année bec et ongles embarque ses clients hors des sentiers battus, à pied, à vélo ou sur l’eau. Notamment dans cette visite authentique du port d’Audenge que nous avons eu l’occasion de goûter et qui nous a fait découvrir l’ancienne cabane à Jeannot, un improbable repère de pêcheur à l’écart du temps. AH
© Patrice Bouscarrut
Martine et Robert ouvrent leur maison à l’art
Cap Sittelle, 11 impasse des Sittelles, Cap-Ferret 06 89 33 79 73
EXPO ESTIVALE. Imaginez accueillir chez vous le public pour découvrir des œuvres d’artistes que vous exposez dans votre salon, dans le jardin, partout. C’est le quotidien, une grande partie de l’année, de Martine et Robert Farge installés à l’entrée du Cap-Ferret. Évidemment ça ne marche que sur la passion… et elle dure depuis déjà quinze ans. Quatre expositions par an, durant les vacances des Bordelais et Parisiens, dont une importante en été. Le va-et-vient des amateurs d’art est une source de joie pour le couple. Déjà jeunes mariés, installés à Paris dans un atelier d’artiste, ils accumulaient les œuvres en collectionneurs. Puis à la retraite, ils ont ouvert leur maison à l’art, impasse des Sittelles. « C’est simple », explique Martine, « c’est l’association Art Sittelle, composée d’artistes, qui amène d’autres artistes, elle fait la sélection et c’est nous qui tenons la galerie. » Une sélection collective puis l’accueil à Cap Sittelle, antre de l’art. « D’abord, on croit dans les artistes que l’on expose, poursuivent Martine et Robert, et nous aimons les contacts que cela nous procure. » Cet été, encore une fois, le couple accueille des gros calibres. La peintre Karine Lagarrosse, les créations de bijoux de Catherine Bonis, les sculptures de Régine Vimont-Payan, les photographies aériennes de Stéphane Scotto, régional de l’étape, et enfin les ex-voto marins de Daniel Le Saux. Exposition du 21 juillet au 7 août, de 16 h à 20 h. Vernissage le 21 juillet à 17 h en présence des artistes. Concert harpe et violon le 27 juillet à 19 h. Rencontre avec l’écrivaine Danielle Thiéry, le 3 septembre à 18 h. PB 016
Organisation sur mesure de vos mariages, séminaires, cocktails, buffets, petits déjeuners...
Myriam Darmanté, tisseuse d’histoires
Raconter, c’est toute la vie de Myriam. « Du plus loin que je m’en souvienne, j’ai toujours raconté. D’abord des paroles dans ma tête avant de savoir les écrire. Je m’enregistrais sur le magnétophone de mes sœurs. Puis, à 7 ans, le premier poème sur un papier à lettre illustré » confiet-elle en préambule. Celle qui se rêvait journaliste « pour écouter et raconter la vie des humains » était aussi « convaincue d’être un jour écrivain » mais n’avait jamais imaginé être conteuse. Pourtant, c’est en 2003 que l’aventure débute. La native de Bordeaux, fille de bâtisseurs de la cité des Castors à Pessac-Alouette, conte alors pour la première fois lors d’un salon
Retrouvez Myriam sur les réseaux facebook.com/ContessaMy Prochaines balades avec Myriam : Sur la dune : 26 juin, 10 juillet pour la fête de la mer et 23 juillet au coucher du soleil Au banc d’Arguin : le 2 juillet
© Ineh
Lumineuse et généreuse, sur la scène comme dans la vie, Myriam Darmanté rayonne. Sa voix chaude et posée vous captive. Son regard pétillant et chaleureux vous invite à vous plonger dans son univers, le temps d’une histoire.
Tout sourire, Myriam raconte...
du livre d’un village de la Brie, à la demande de la bibliothèque associative à laquelle elle offrait un peu de son temps. « J’ai découvert un nouveau plaisir intense et la sensation d’être à ma bonne place. Depuis, je n’ai plus cessé de raconter et d’étoffer mon répertoire. » Elle se forme alors aux côtés d’une spécialiste de la littérature jeunesse et se professionnalise en 2009. Aujourd’hui, Myriam ne raconte pas seulement les histoires des autres, elle écrit aussi dans le cadre de demandes spécifiques telles que la rédaction de deux contes musicaux pour le salon de la Littérature jeunesse d’Arcachon 2022. C’est également le fruit de sa plume que 018
le public savoure depuis cinq ans maintenant lors de balades contées sur le Grand Site de la dune du Pilat et depuis peu sur la réserve du banc d’Arguin. Avec ses mots, Myriam valorise le patrimoine historique et environnemental local de façon ludique et merveilleuse « pour ancrer certains faits environnementaux réels dans la mémoire de chacun. » La Gujanaise d’adoption, curieuse de nature, se documente, se nourrit de ses lectures, de ses voyages, de ses rencontres et de ses émotions pour « avant tout surprendre » son auditoire. C’est avec ces instants de vie glanés ici et là qu’elle tisse ses petits bouts d’histoires. INEH
Les péripéties d’une Parisienne au Cap-Ferret L’écrivaine Jeanne Faivre d’Arcier vient de sortir un recueil d’histoires hilarantes. Cette Parisienne raconte son arrivée au Cap-Ferret avec autodérision.
Texte & Photos Patrice Bouscarrut (sauf mention)
“ Parisienne, je ne pensais jamais quitter Paris, maintenant j’y reste trois jours et j’en ai déjà marre”
J
eanne Faivre d’Arcier, écrivaine installée au Canon, déroule sa création prolifique dans les registres du polar et du fantastique, à la fois pour les adultes et pour les adolescents. Elle ne s’écarte que rarement de ses thèmes de prédilection. Mais elle vient de nous sortir un ovni hilarant sur les mésaventures des Parisiens qui viennent s’installer sur la Presqu’île, Cap-Ferret Chroniques. Et c’est du vécu coco, puisque avec son compagnon Christian Garraud, ces urbains, au fait des us et coutumes de la capitale, ont décidé dans les années 90 de changer de cap. Si dans les premières pages, Jeanne arrive avec finesse à nous extirper des larmes d’émotion, tant l’attachement viscéral à cette langue de terre entre Bassin et océan parle à beaucoup, très vite les péripéties du couple nous font marrer et rappellent que la vie au Ferret n’est pas toujours simple. « Cap-Ferret Chroniques, 020
c’est des textes courts, enlevés et drôles, avec beaucoup d’autodérision, résume l’écrivaine. Je retrace tout ce qu’on a vécu mon mari et moi. Cette course d’obstacles de l’installation insulaire. » Et tout y passe. Bien sûr déjà la galère pour trouver un piedà-terre sans courir à la ruine. « On pensait ne jamais arriver à trouver une maison, se souvient Jeanne. On avait donné des noms d’oiseaux aux biens qu’on visitait : le furoncle, la laide, le bunker… »
Après la galère Bon ok, une fois le nid douillet enfin trouvé, passées les années à se saigner pour rembourser le crédit… restait à vivre comme les gens d’ici. L’achat du bateau, son premier amarrage au corps-mort qui devient un cauchemar : « Tous les deux sur l’annexe, côte à côte, c’était une belle erreur », se souvient-elle. Les deux ont fini à la baille, pensant que la mort était proche. « J’ai dit
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“Maintenant, mon style a changé aussi pour les romans pour adultes, je ne me regarde plus écrire comme avant”
alors à Christian, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? – On se met sur le dos, on fait la planche sans s’affoler et on crie “au secours”. – Comme des blaireaux ? – Oui chérie, comme des blaireaux. » Si aujourd’hui, le couple ne se sent plus vraiment blaireau, malgré encore « quelques couacs », il a enfin ses repères, a su appréhender la force rude et les aléas de la vie sur la Presqu’île ; il en 022
aura fallu des années de galères et de bourdes qui auront fait l’hilarité des autochtones. C’est sûr que de passer de bobo parisien à presqu’îlien demande une métamorphose mentale, surtout quand on y vit à l’année. Fini donc les « chachlik caucasiens » au vinaigre blanc cramés pour nourrir une quinzaine de convives, place à la simplicité des brochettes. Fini aussi les galères avec
Cap-Ferret Chroniques aux éditions La Geste
la Méhari, quand le levier de vitesse reste dans la main en pleine côte. Bref, bon nombre de Ferretcapiens se retrouveront dans ces courts récits. En se disant : « Ah les cons ! » Ou plus modestement : « Tiens, ça me rappelle quelque chose… ». Des voyages de routard en Syrie, Irak, Yémen, Afghanistan, Jeanne se retrouve chasseur de tête à Paris. Ou plutôt chasseuse de nez dans le
luxe et les parfums. « Parisienne, je ne pensais jamais quitter Paris, maintenant j’y reste trois jours et j’en ai déjà marre », sourit Jeanne.
À la rencontre des lecteurs Aujourd’hui, elle travaille à ses romans 4 à 5 heures par jour dans sa maison du Canon. Sa réputation dans le fantastique et le polar, notamment sa trilogie autour des 023
vampires, a dépassé les frontières, et certains romans sont traduits dans d’autres langues. Le dernier en date est Cristal noir, dont l’intrigue se joue dans le milieu gay bordelais. En parallèle, Jeanne Faivre d’Arcier propose aux ados des voyages littéraires autour d’aventures, façon bande du Club des cinq ou encore des polars dont le décor est sur le Bassin (Tempête au Cap-Ferret) ou comme le dernier, dans la capitale girondine (Enquête à Bordeaux – L’inconnu du Jardin public). Avec, là encore, une belle renommée puisqu’elle cumule 40 000 exemplaires dans ce domaine. Jeanne enchaîne les interventions en milieu scolaire et ne boude pas ce plaisir. « C’est très mobilisateur pour moi de rencontrer mes jeunes lecteurs, ma présence est très importante, ça a du sens », reconnaît l’écrivaine. Ce pan de son œuvre a changé aussi sa façon d’écrire. « Le roman jeunesse, c’est un exercice plus difficile. Il faut trouver le ton juste, les mots qui conviennent pour les 9 à 12 ans, avoir un texte fluide. Il faut faire attention à tout. Maintenant, mon style a changé aussi pour les romans pour adultes, je ne me regarde plus écrire comme avant. Ça s’est fait inconsciemment. » Ce style enlevé, rapide, précis, on le retrouve dans Cap-Ferret Chroniques pour notre plus grand plaisir.
Le passeur d’émotions depuis plus de 50 ans Depuis près de cinquante ans, la Galerie Saint Martin créée par Mr Lafeuille père, suit les différents courants artistiques et s’adapte à la tendance du marché.
Texte & Photos Karyn Juge
Le street-art en galerie d’art
C
e lieu d’art n’est pas qu’une histoire de famille, mais bel et bien une passion pour Stephen, qui a rejoint son père pour travailler au milieu de toutes ses œuvres, il y a 25ans, et comme il le dit si bien : « Je n’ai pas vu le temps passer, car il n’y a pas eu une journée où je n’ai pas eu envie de venir travailler ». Le métier de galeriste que Stephen
aime à pratiquer est la recherche permanente de grandes signatures de l’Art contemporain de la scène internationale à accrocher sur les cimaises de la galerie, mais c’est également de soutenir la production de jeunes artistes émergents, « Mon quotidien est de trouver des pépites, qui seront peutêtre un jour reconnues au niveau international». 024
Quand vous entrez dans la galerie, Stephen, ou l’un de ses collaborateurs, sait parfaitement vous faire voyager avec une description avisée des artistes présents. Le street-art étant un courant largement présent dans les galeries depuis les années 2000, vous pourrez retrouver le travail de C215, le célèbre pochoiriste français, ou bien encore Boutet et ses œuvres dans l’air du temps en art numérique et œuvre réelle combinée. Dans un coin bien éclairé, une statue imposante de M. Chat, personnage né de l’imagination de l’artiste Thoma Vuille, il y a 24 ans maintenant, vous sourit de toutes ses dents avec ses jolies ailes blanches tel l’ange protecteur de la galerie. A l’entrée des lieux, notre regard est attiré par cette belle toile rouge sur laquelle, la plus simple expression du dessin se révèle sous la forme du Môme, né sous la main de l’expressionniste Kiko, jeune peintre marseillais où l’univers de l’enfance est très présent dans son travail. Le maître des lieux aime parler de tous ces objets, peintures,
Mr. Lafeuille
sculptures ou encore tableaux en 3D comme le travail de l’artiste américain Charles Fazzino, qui nous enchante avec ses représentations en relief d’un univers coloré et ludique. Un vrai travail de fourmi à voir à la galerie d’Arcachon.
Découvrir l’univers des artistes Ce que Stephen aime surtout, c’est aller fouiner dans les ateliers, choisir lui-même les œuvres et ainsi découvrir l’intégralité de l’univers de l’artiste. Ce qui lui permet de voir également s’il y a du potentiel pour émerger et ainsi le mettre en avant dans une des nombreuses galeries qu’ils ont ouvert au fil du temps. Entre l’été sur la côte Est à St Tropez, ou l’ouest à Arcachon et la petite dernière ouverture le Cap-Ferret, ou bien encore pendant l’hiver à Megève ou Courchevel, vous saurez toujours
“Mon quotidien est de trouver des pépites, qui seront peut-être un jour reconnues au niveau international” de quoi trouver le futur artiste qui viendra décorer votre intérieur. Son dernier coup de cœur : l’artiste Eddy Maniez et ses sculptures visuellement piquantes mais douces au toucher, qui respirent la nouveauté et comme disait Magritte : « Il est interdit de ne pas toucher ». Finalement on pourrait comparer le métier du galeriste à celui d’un chef cuisinier. Magnifier l’œuvre en étant un passeur d’émotions, raconter l’histoire de sa conception pour vous faire rêver. Vous l’aurez compris, entrer dans la Galerie Saint martin, c’est faire un tour d’horizon de la scène artistique du moment en se régalant les yeux, tout en voyageant dans l’univers de chacun des artistes présents. 025
Galerie Saint Martin Arcachon au 244 Bd de la Plage 05 56 66 43 03 Le Moulleau - Pyla 253 Bl de la Côte d’Argent - 05 56 41 19 91 Cap-Ferret 3 rue des Rossignols galerie-saint-martin.com
Food ×
“La gastronomie est l’art d’utiliser la nourriture pour créer le bien-être.” Theodore Zeldin, historien, sociologue et philosophe britannique
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Photos © Mélanny Rodrigues
La Cabane Du Paliquey
La Cabane Du Paliquey 7 avenue Ovide Rousset, La Teste de Buch 05 56 66 73 91
DÉGUSTATION. Il y’a des endroits où l’on passe, et d’autres ou l’on revient avec une familiarité, une chaleur, qui n’épargne personne. Naisseurs, producteurs et affineurs de leurs huitres, c’est avec la volonté de ne faire aucune distinction entre les gens d’ici et ceux d’ailleurs que Nicolas et Laury Labarthe, ont pensé leur cabane de dégustation. L’hippocampe pour emblème et la casquette de papi Jean pour blason, cette cabane, où le patrimoine et la transmission prime, retrace un pan d’histoire, couvert par quatre générations. Né de l’alliance d’ostréiculteurs et de pêcheurs à la palette, si Nicolas semble porter le coquillage jusque dans ses gènes, Laury, sa compagne, a laissé l’amour la convaincre d’une même passion. Authentique, le Paliquey est un lieu d’expression, de proximité, où le plaisir de déguster n’est jamais distrait autrement que par des éclats de rire, la visite improvisée d’un couple d’un canard ou les explications, nécessaires, qui ramènent l’huitre à l’état de naissain. Face au port, tout au long de l’année, en terrasse, dans une pinasse ou au coin du feu, il est toujours un temps ici, pour se retrouver, manger des crevettes, commander des huitres ou tisser du lien. Portés par une philosophie de vie simple qui veut que parmi les huitres, comme chez les humains, on ne sait jamais sur quoi on tombe, le couple à fait le choix de ne garder que le meilleur. Indissociables de ce lieu qu’ils incarnent depuis sa création, partagés entre la production de Meyran et la dégustation, ils appellent leurs clients, d’où qu’ils viennent, à se sentir chez eux, comme à la maison. MR 028
Photos © Karyn Juge
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération
Guillaume Courtet
Une cave qui tient ses promesses À deux pas des halles, le lieu idéal pour trouver votre pépite œnologique existe et c’est Guillaume Courtet qui vous le propose. Ce breton d’origine, formé en école hôtelière, vouant une passion pour l’œnologie et la gastronomie, se fait la promesse d’avoir un jour ce lieu où il pourrait proposer ce fameux accord Mets-Vins. Après un passage à la formation et la communication d’un groupe de restauration, sa passion le rattrape, son rêve aussi et voilà qu’il se concrétise en mars 2020 par la création de cette cave à vin, un endroit convivial où le conseil et la proximité sont rois. Dotée d’environ 650 références de vin de toutes les régions françaises, environ une cinquantaine de spiritueux, ainsi qu’une brasserie de Mérignac pour les bières, la cave répond aux
envies du plus grand nombre avec comme cerise sur le gâteau : une vaste gamme de Champagne avec des exclusivités renommées (Champagne Jacquesson) que vous ne trouverez que chez lui. Guillaume et Bastien, qui l’assiste à la boutique, s’attachent tous les deux à aller à la rencontre de leurs vignerons, pour comprendre leurs terroirs, connaître leurs méthodes de vignification et ainsi mieux parler de leurs vins auprès des amateurs et novices qui franchissent la porte de la cave. Cet hiver, ils ont fait la tournée des grands ducs du Beaujolais à la Bourgogne, puis la région Champagne, en terminant le road-trip œnologique par la région 029
du cognac ou de l’Armagnac, afin d’agrandir leurs collections. Et en grand passionné, qui fonctionne aux coups de cœurs, Guillaume aime aussi proposer de belles découvertes de vins locaux comme le domaine de Laballe à la Pointe de Capbreton dans les Landes, avec son illustre vin des sables « Les pieds dans le sable ». Autant vous dire qu’en allant chez Cavavin à Arcachon, vous serez accueilli avec le sourire. Guillaume trouvera le vin idéal qui accompagnera votre met, grâce à ses conseils pointus et une parfaite connaissance de sa cave, constituée avec passion et intérêt pour le client. Et ne nous le cachons pas, c’est aussi cette proximité avec le caviste qui connaît parfaitement nos goûts, qu’on apprécie en allant là-bas. Les clients ne s’y trompent pas, sa gentillesse et ses valeurs se retrouvent dans sa sélection de vins. Cet été, Cavavin proposera des dégustations avec présence des vignerons, et les dates précises sont à retrouver sur son compte Instagram ; la livraison à domicile sur Pyla, La teste, et Arcachon dès 30 euros d’achats ; et le petit plus de la cave, une bonne vingtaine de référence en rosé et blanc, réservée au frais pour avoir la liberté d’improviser un pique-nique sur la plage. KJ Cavavin 36, cours Lamarque de Plaisance 33120 Arcachon – 05 56 66 00 74 Instagram : @cavavin_arcachon
Photos © Mélanny Rodrigues
Dominique Aloir
La cabane de l’Aiguillon La cabane de l’Aiguillon 54 bd Pierre Loti, 33210 Arcachon 05 56 54 88 20
UN PATRIMOINE PRÉSERVÉ. Sur la pointe de l’Aiguillon, comme aux confins du monde, isolée et préservée de toute l’effervescence estivale, existe une cabane où le temps file depuis près de soixante ans sans avoir de prise sur la réalité. Parée de photos, de récompenses et de souvenirs, alors que les murs pourraient suffire à retracer toute la chronologie de l’endroit fondé par Dominique Aloir, la cabane de l’Aiguillon, ultime résistante d’un quartier de pêcheurs aujourd’hui dispersés, maintient ce patrimoine unique que l’ostréiculteur testerin raconte avec passion. L’œil rieur et le sourire discret, même s’il n’en demeure pas moins présent sur les lieux, l’homme à la vareuse bleue a depuis quelques années remis le témoin de sa vie à sa fille, Stéphanie, qui voit dans son sillon, les siennes, Manon, Mary-Lou et Jane Carla, prendre le pas sur ce paradis qu’il a construit de ses mains. Sans prendre de rides, à l’ombre d’un mûrier et d’une treille de vignes, atypique et sauvage, cette maison familiale suit le rythme des marées, qui viennent tour à tour vous lécher les pieds ou dévoiler dans la nudité de l’estran des parterres de coquilles et de salicornes. Des cabanes tchanquées jusqu’au grand banc, si les huîtres naissent et maturent dans le secret du large, de Pâques à septembre, la dégustation laisse quant à elle, du captage au calibrage, transparaître toutes les étapes de la production. En apesanteur sur les eaux du Bassin, le chaland chargé de poches, c’est le retour du capitaine qui termine de ramener les rêveurs de la curiosité à l’appétit. MR 030
Un Champagne d’excellence pour les huîtres du Bassin
Après une carrière bien menée dans une unité d’élite de la gendarmerie, Patrice Lelorieux revient sur ses terres natales avec une idée en tête, mettre en avant son territoire. Une amitié de longue date avec Nathalie Vignier-Lebrun, petite-fille de Paul Lebrun, nom bien connu dans le domaine viticole puisque fondateur de la maison du même nom va déclencher un projet audacieux en remettant au goût du jour, une tradition vieille du XVIIIème siècle, qui consistait à boire le Champagne en accompagnement des huîtres. Nathalie accepte avec joie ce défi et Patrice l’embarque dans cette aventure passionnante. Texte Karyn Juge Photos Karyn Juge & DR
La Bulle du Bassin Patrice 06 76 90 07 70 pour vos commandes www.labulledubassin.com pour connaître les prochaines dates de passage près de chez vous Instagram : Labulledubassin
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u sud d’Épernay, dans la région de Champagne, Nathalie exploite 16 ha de vignes dont certaines parcelles ont des caractéristiques exceptionnelles, comme celles d’être sur l’appellation « Grand Cru ». Et elle ne produit que du Blanc de Blancs, provenant des raisins blancs, le must pour tout amateur de Champagne. Elle s’occupe de l’élaboration en ses locaux, des seuls vins issus de ses récoltes, sur une exploitation à Haute Valeur Environnementale. Pour les connaisseurs, le Blanc de Blancs n’est plus à présenter mais pour les néophytes, une petite explication s’impose. Un Blanc de Blancs est un champagne au cépage 100% Chardonnay. 032
Un Champagne accessible à tous Après plusieurs mois à préparer l’élaboration de ce Champagne, ils ont finalement créé deux cuvées spéciales et numérotées, un clin d’œil aux huîtres qui les accompagneront. Ça y est, la Bulle du Bassin est née !! La première ambition de Patrice était de retrouver le côté minéral que l’on peut trouver dans le vin blanc qui accompagne habituellement les huîtres, avec la cuvée n°0, le Brut Nature (aucun ajout de sucres au moment du dosage). Et pour accompagner les desserts ou lors des apéritifs, le Brut n°5 (seulement 5 grammes de sucres par litre) sera parfaitement adapté. Puis le second
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Nathalie Vignier-Lebrun et Patrice Lelorieux
“Sortir des sentiers battus pour régaler au mieux les plus curieux et les amoureux du Bassin à un prix très raisonnable”
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objectif était de rendre accessible un produit d’exception au plus grand nombre en proposant un Champagne Premium à un prix très convenable, et en proposant la livraison à domicile par un simple sms à Patrice. Comme le faisait le boulanger de notre enfance, il fait des tournées de livraison à des jours fixés à l’avance sur le site de la Bulle du Bassin, ainsi les coûts sont réduits. Et comme il le dit si bien : « sortir des sentiers battus pour régaler au mieux les plus curieux et les amoureux du Bassin à un prix très raisonnable ». Il ne vous reste plus qu’à commander votre bouteille pour la découvrir avec vos prochains plateaux d’huîtres. Bonne dégustation ! 033
Texte & Photos Karyn Juge
Les petits gâteaux de Clémence et Nicolas Depuis un peu plus d’un an, au 162 boulevard de la Côte d’Argent à Arcachon, deux paires de mains expertes en pâtisserie s’affairent pour vous réveiller les papilles. Nicolas et Clémence, ce jeune couple trentenaire, ont repris la seule boulangerie-pâtisserie du quartier des arbousiers, en vue de proposer enfin leurs créations pâtissières.
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ous les deux issus de chez Dalloyau, les voilà arrivés avec un solide bagage pour pouvoir créer enfin leurs gâteaux, à leur image et dans une mouvance plus contemporaine que Clémence aime particulièrement.
Dalloyau, la base Nicolas, fait ses armes en pâtisserieboulangerie dans le Loir et Cher, d’où il est natif avant de s’envoler pour Paris où il rentre chez Dalloyau comme apprenti. Il grimpe les échelons, passant par la recherche et développement aux côtés d’un chef-pâtissier de renom, Pascal Niau, meilleur ouvrier de France. Il restera 3 ans dans cette unité avant de rejoindre la production où il deviendra chef en second, et faisant son chemin passera chef de la création en R&D, puis chef du pôle sucré. Après ces belles années où il n’a cessé d’apprendre, il va devenir celui qui transmet en devenant chefpâtissier pour une autre grande maison, l’école Lenôtre. Clémence, après avoir fait 5 ans en écologie à l’université, change de cap et passe un CAP pâtisserie en Auvergne afin de vivre de sa passion. Diplôme en poche, et pris sous l’aile d’un grand pâtissier, Dalloyau fini par la recruter et c’est en travail de nuit qu’elle démarre chez eux par « La classique » c’est-à-dire tout ce qui est produit frais comme pâte à choux, millefeuille, fond de tartes, etc… Elle y fait ses armes et change de créneau, en passant sur un travail qui enchante son esprit, puisqu’elle s’occupe des « petits gâteaux ».
Le duo gagnant Au bout de seize années pour l’un et neuf pour l’autre passées chez Dalloyau, il est temps pour eux de faire leurs propres gâteaux. Nicolas plutôt à l’aise dans la création, et Clémence dans la production, c’est ensemble qu’ils choisissent les gâteaux qu’ils feront découvrir à leur clientèle. Il n’en reste pas moins qu’en reprenant
une boulangerie-pâtisserie, le coté boulanger n’est pas sans reste et ils aiment à proposer de la nouveauté dans ce rayon-là aussi, tout en n’arrêtant pas les classiques baguettes ou pain spéciaux pour les habitués. Créativité et qualité sont les deux ingrédients que ces passionnés utilisent à foison pour créer leurs propres collections de plaisirs sucrés. Il ne vous reste plus qu’à vous arrêter pour déguster le « Cheesecake pamplemousse » qu’à créer Nicolas pour le concours de meilleur ouvrier de France qu’il a tenté en 2018 ou bien encore la petite « Douceur Vanille et Fraise » créé par Clémence pour le mariage de sa sœur, devenu un incontournable dont je vous garantis le détour. Un des projets 035
“La pâtisserie, c’est un travail d’équipe” de Clémence et Nicolas est avant tout de s’entourer d’une bonne équipe sur laquelle compter pour se consacrer pleinement à la pâtisserie et ainsi développer leurs gourmandes créations. Et voir le rayon « petits gâteaux » s’agrandir serait, pour le couple, une vraie réussite humainement parlant car comme Nicolas le répète souvent : « la pâtisserie, c’est un travail d’équipe ». Notz Pâtisserie 162 Bld de la Côte d’Argent 33120 Arcachon
Les abeilles butinent les fleurs des dunes François Espenel est à la tête du Domaine apicole du Bassin depuis 2016. Il élève des milliers d’abeilles dans les forêts dunaires entourant le bassin d’Arcachon où sont installées la plupart de ses 600 ruches. Il y produit une dizaine de miels aux saveurs de fleurs sauvages et aux noms évocateurs : miel de fleurs de bois, miel des dunes océanes…
Texte & Photos Armelle Hervieu
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’est une usine à ciel ouvert où règne un assourdissant ronron. Nous sommes au milieu des ruches. Partout autour de nous, les ouvrières vrombissent. Elles volent de fleur en fleur, déposent pollen et nectar au cœur des alvéoles et repartent de plus belle pour nourrir leur colonie. Ce matin est un joli matin de mai. Le soleil brille doucement sur le Bassin. François Espenel a accepté de m’emmener à la découverte de ses protégées, installées au milieu des arbres dans un coin perdu de la forêt domaniale
de La Teste, au cœur d’une parcelle gérée par l’Office national des forêts. Nous avons enfilé la tenue réglementaire, vareuse et voilette, pour ne pas nous faire piquer et tandis qu’il enfume ses ruches pour calmer ses abeilles, François m’explique son métier avec l’infinie patience des gens passionnés.
Un mois de mai prometteur en miellée Auvergnat d’origine, il est fils d’apiculteur mais a fait un grand détour avant de reprendre l’exploitation de 36
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“Pour faire du miel, il faut des fleurs, des abeilles, du soleil au moment de la floraison et de la pluie avant”
son papa. François a passé dix ans de sa vie en Amérique latine en tant que commercial pour un laboratoire. Il a vécu au Brésil, à Cuba, a passé son temps à sauter d’un avion à l’autre. Puis, un jour, la lassitude le gagne. Ce qui faisait le piment des débuts devient routine. Et le voilà qui se remet à penser aux abeilles. « Je m’étais toujours dit qu’un jour, je serai apiculteur. J’ai rencontré Marie, qui est d’Arcachon, et j’ai décidé de m’installer ici avec les ruches de mon père. » Ainsi, François a choisi de poser ces petites « maisons » de bois dans les forêts du Bassin. Ses abeilles butinent depuis des fleurs sauvages de bord de mer. Fini les fleurs des collines 038
auvergnates qu’elles connaissaient depuis plusieurs générations. Elles se sont très bien accoutumées au nectar de ciste, de ronce, de bruyère, d’arbousier, de bourdaine… Aujourd’hui, 80 % des miels de François Espenel sont produits dans un rayon de 50 km autour d’Arcachon. « J’ai gardé quelques ruches en Auvergne et en ai installé d’autres en Dordogne pour proposer des miels un peu différents aux clients mais la majorité de mes miels est produite avec les fleurs d’ici. » L’an dernier, François confie avoir eu une très mauvaise récolte. Quand la météo n’est pas bonne, les abeilles souffrent et produisent moins de miel. C’est ce qui s’est produit en 2021 avec un hiver bien trop doux et un printemps trop pluvieux. « Pour faire du miel, il faut des fleurs, des abeilles, du soleil au moment de la floraison et de la pluie avant et puis un petit truc en plus que l’on ne connait pas, que l’on ne comprend pas et qui fait partie du mystère de notre métier », confie l’apiculteur. Heureusement, cette année, le mois de mai est exceptionnel. Il fait beau. Les fleurs de ciste sont remplies de nectar et les abeilles bossent dur. Dans la ruche, le miel s’entasse peu à peu au cœur des alvéoles. Que ne ferait pas une abeille pour nourrir sa colonie ? C’est tellement beau à voir ce sens du collectif. Chacune est prête à donner sa vie pour la survie de la famille. Car, chaque abeille d’une ruche est issue d’une même mère, sa reine, qu’elle fera tout pour protéger.
Bientôt aussi le Rucher des Immortelles
Quand il ne navigue pas, Gilou peint !
« La reine assure la survie de la communauté. C’est elle qui pond les œufs et qui donne naissance au couvain. Elle n’effectue qu’un vol nuptial au cours de toute sa vie. Elle est alors fécondée par plusieurs faux bourdons dont elle gardera la semence dans sa spermathèque », explique François. Et c’est dans cette spermathèque que la reine ira ensuite puiser tout au long de sa vie pour féconder ses œufs, jusqu’à 200 000 par an ! Son rôle d’éleveur d’abeilles, François Espenel le prend très au sérieux. « Être apiculteur, c’est avant tout être un éleveur d’abeilles, pas un producteur de miel. » François veille ainsi au bien-être de ses petites protégées menacées à la fois par le varois, un parasite venu d’Asie, mais aussi par les bouleversements climatiques qui fragilisent les plantes et donc les abeilles. Selon François, sans les apiculteurs pour veiller sur elle, Apis mellifera, notre chère abeille productrice de miel, disparaîtrait. Mais ce jour n’est pas encore arrivé. D’autant que l’apiculteur a pour projet de lancer en septembre une nouvelle marque qui s’ajoutera à celle du Domaine apicole du Bassin. Elle s’appellera le Rucher des Immortelles et sera produite à partir de miels récoltés dans les forêts landaises. 039
Cabane 53, des cafés d’exception Mélanie Badets nous régale avec passion de ses cafés coups de cœur depuis deux ans. Sa société Tchanqué Gourmet poursuit sa croissance en proposant des cafés rares et délicats avec sa nouvelle gamme « Cabane 53 » pour les plus aguerris d’entre nous et les aficionados de cafés de spécialité. Texte & Photos Karyn Juge
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vec Cafés Tchanqué, Mélanie Badets avait déjà réussi le pari de démocratiser le bon café avec un nom devenu familier de tous les amateurs du petit noir. Élue Meilleure torréfactrice de France 2019, son expertise de la torréfaction artisanale s’est alors fait reconnaitre en dehors du Bassin d’Arcachon. Sa passion du café lui a donné envie de créer Cabane 53 afin de mettre en avant l’excellence de producteurs triés sur le volet et de leurs cafés, à destination d’amateurs passionnés. La sélection se fait avec précision, pour offrir des cafés issus d’une ferme, d’une parcelle ou d’une variété qui aura particulièrement séduit l’équipe. Un travail d’orfèvre depuis le champ, jusqu’à votre tasse.
Mettre en avant les producteurs En juin, elle proposera trois nouveautés qui vous feront voyager en Amérique centrale ou en Afrique de l’Est. Et parmi ceux-là, le coup de cœur de Mélanie provient du Rwanda, un café produit uniquement par des caféicultrices. Touchée par le projet social de ce terroir, Mélanie décide d’appeler son café du même nom, le « Rambagira », un café très fruité aux notes rafraîchissantes de Rhubarbe et de Camomille. Elle tient à valoriser les caféiculteurs et les caféicultrices qui donnent naissance à ces bons grains et de fait, vous pouvez retrouver sur les paquets de café Cabane 53, la photographie de chacun d’eux, car 040
comme elle le dit si justement : « Rendons à César ce qui appartient à César, sans ces hommes et ces femmes, sans leur travail et leur exigence, le café n’existerait pas ». Son crédo n’est pas seulement de travailler avec des petits producteurs mais avant tout de dénicher des pépites à faire découvrir, provenant de terroirs plus ou moins grands mais travaillés avec la plus grande exigence et un savoir-faire d’excellence.
L’excellence au cœur du café Mélanie est exigeante et travaille avec des producteurs qui le sont tout autant. Le bon café est indissociable du coté humaniste qui se dégage de cette production. Et c’est cette richesse qu’elle met en avant lors de la torréfaction de ses cafés sélectionnés avec la plus grande justesse. C’est aussi ce gage de qualité qui lui amène de belles surprises comme celle de participer au concours Les Épicures à Paris, avec son café « Mana Mufti » d’Éthiopie. Après ces deux années qui ont été spéciales pour tous, un de ses objectifs est de reprendre les voyages pour aller dénicher ses perles directement sur le terrain. Elle adorerait d’ailleurs allier le travail au plaisir en réalisant le trajet de la graine à la tasse, du café grand cru « Sierra Vela », importé à la voile. Derrière ce café se cache un projet de développement du fret maritime décarboné grâce à des bateaux d’une nouvelle génération, les voiliers cargo ; la boucle de l’exigence est bouclée. Vous l’aurez compris, les cafés « Cabane 53 » vont vous surprendre par leurs arômes exceptionnels que Mélanie crée et ajuste avec passion et exigence, deux caractéristiques que l’on retrouve chez ses producteurs qui sont à l’origine du café que vous dégusterez à n’en pas douter, avec délectation.
“Le credo de Mélanie : dénicher des pépites”
Vous pouvez vous procurer les cafés « Cabane 53 » sur la boutique en ligne ou quelques points de vente sur le Bassin comme l’Épicerie du Moulleau ou la Bourriche du Bassin à Arcachon. Tchanqué Gourmet 187 rue Albert Einstein 33260 La-Teste-de-Buch 05 56 54 14 52 tchanque-gourmet.com Instagram : cabane.53
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La passion du chocolat
En 2023, Pierre Mirgalet fêtera ses 30 ans sur le Bassin. Le Meilleur Ouvrier de France chocolatier confiseur 2007 vient de réaliser son rêve en transformant et fabriquant son propre chocolat.
1993,
ouverture de la première boutique à Gujan-Mestras, puis en 2015, celle d’Arcachon et début 2022, la boutique laboratoire située à La Teste. À la question, et après ? Pierre Mirgalet répond « ça va aller ». Trop à l’étroit à Gujan-Mestras, le nouveau laboratoire est suffisamment vaste et parfaitement équipé pour pouvoir exprimer sa créativité et (enfin !)
fabriquer son propre chocolat. Ce n’est pas tout. La boutique intègre une cuisine parfaitement équipée et, dès le mois de juin, des cours de pâtisserie seront proposés. Pendant 3 heures, des petits groupes de six à dix personnes joueront les apprentis pâtissiers avant de repartir avec leur réalisation. Chaque session aura son thème défini avec des gâteaux classiques type gâteau basque, fraisier, macaron, Paris-Brest, Saint-Honoré.
Texte Brigitte Vergès Photos Karyn & Brigitte Vergès
Pourquoi et comment vous est venue l’idée de donner des cours ? Tout simplement. Le but premier du Meilleur Ouvrier de France, c’est de partager son savoir, ça fait partie de la charte. J’aime transmettre et tout naturellement, j’ai eu l’idée de cours, ici dans la cuisine « comme à la maison » ou dans le labo. Je suis souvent sollicité, jusqu’à quinze fois dans l’année pour faire partie du jury des différents MOF (il y en a 276 toutes catégories confondues). Cela continue de me toucher de voir les candidats pousser leur passion pour le plaisir. Souvent à la fin, on pleure, ça nous rappelle ces momentslà et nous ramène à soi. On se lève et on se couche en pensant MOF ! Si on n’est pas MOF, on ne sait pas travailler. Voir des p’tits gars que j’ai eu en tant que stagiaires ou apprentis émerger, c’est top ! Évoquons votre passion du chocolat Depuis 20 ans, l’envie me trottait dans la tête et ça commençait à m’agacer de ne pas pouvoir le faire chez moi. Maintenant que j’ai la place et investi dans les machines, depuis le mois de janvier, je peux enfin transformer mon cacao et fabriquer mon propre chocolat. Je suis le seul sur le
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“J’ai une anecdote qui me revient au sujet de Charlotte quand elle était gamine. Quand on l’appelait pour venir goûter une nouveauté, elle venait en courant mais pour nous aider, elle partait en courant.”
Pierre Mirgalet Chocolatier 70 cours de la République, 33470 Gujan-Mestras
Bassin ! J’ai la passion du chocolat depuis l’âge de 17 ans. Le chocolat, c’est comme moi, tellement complexe, que du plaisir mais énervant (je suis gémeaux ascendant gémeaux). C’est un métier qui est jeune, une petite dizaine d’années, nous sommes seulement trois en Gironde et une trentaine en France. Il y a deux métiers bien distincts : le chocolatier est celui qui transforme la matière et le métier d’artisan couverturier qui transforme la fève, c’est-à-dire le chocolat qui recouvre la guimauve, la ganache… Il ne faut pas confondre. C’est l’été, la saison des glaces. Une autre de vos spécialités.
Toutes nos glaces sont bien évidemment faites maison. En pleine saison, nous montons jusqu’à 26/27 parfums différents dont certains sortent de l’ordinaire. Et comme je mets du chocolat partout, je vais sortir quatre sortes de glace au chocolat, de la crème glacée avec sorbet chocolat pure origine Pérou ou Madagascar. Est-ce que vous créez toujours et comment vous viennent vos idées ? Je viens de sortir le Petit Marius en l’honneur de mon premier petit-fils qui a 7 mois, un nounours en chocolat noir et au lait et guimauve à la vanille. Je l’appelais Petit Marius, je me suis rendu compte que ça faisait PM 043
comme mes initiales. J’ai toujours fait des gâteaux et des produits au nom de ma fille, mes neveux et nièces. Il y a toujours une histoire derrière ce que je crée. Et après ? Aujourd’hui, je travaille principalement le chocolat et tout ce qui touche à la recherche et la création. Dans l’entreprise, c’est encore moi qui travaille le plus… peut-être pas pour très longtemps. M’arrêter de faire du chocolat et des gâteaux, sûrement pas, arrêter l’entreprise, ça ne me dérangerait pas. La relève est déjà là avec Charlotte, ma fille, qui a tout appris à mes côtés.
Mer ×
“La mer est le seul être infini à se jeter humblement à nos pieds, sans jamais perdre une once de sa grandeur.” Fabrizio Caramagna
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© Sabine Luong © Ocirimal
© Ocirimal
Le cours de glisse de ta vie, c’est avec Mickaël et Jérémie
Pyla Surf School Jérémie Bonnet : 06 47 40 16 81 Mickaël Gronier : 06 33 28 47 99 45, avenue de la Forêt à Pyla-sur-Mer pylasurfschool.com
SURF OU PADDLE. Quand la passion du surf est chevillée au corps, que l’on a testé les vieilles vagues de rêve du bout du monde et que l’on s’entend comme larrons en foire, il n’y a qu’une seule solution lorsqu’il faut choisir sa voie, c’est de transmettre son engouement pour la glisse et ses connaissances sur l’océan. Surtout lorsque l’on est enfant du pays ! Avec Pyla Surf School créée en 2019, Jérémie Bonnet et Mickaël Gronier n’ont qu’une ambition : la pédagogie, être à l’écoute et suivre au plus près leurs élèves durant toute l’année. Ils ont beau être cool, quand ils font quelque chose, ils le font avec sérieux et chaque élève dès l’âge de 5 ans ne se sentira jamais à la traîne. Respect des rythmes de chacun, leur cours, initiations et stages qui ne dépassent jamais huit élèves par moniteur, sont quasiment individualisés et tout le matériel est fourni. Le surf vous décourage ? Il n’y a plus qu’à tenter les balades en stand up paddle entre la dune du Pyla et le banc d’Arguin en fonction des marées. Vendeurs de rêves et de sensations, les familles ont bien compris qu’avec eux, pratiquer ensemble, c’était du bonheur en barre. Tournés vers la nature et la mer, écoresponsables dans l’âme, ils organisent même des ramassages de déchets sur la plage. Le prochain aura lieu le samedi matin du 9 juillet sur la plage de la Salie Sud lors de la fête de la Mer et des Littoraux (voir le site) qui se déroule cette année du 7 au 10 juillet. À noter que le 7 juillet, Jérémie animera un cours pédagogique sur les dangers des baïnes, les courants et comment se comporter face aux dangers de l’océan suivi d’une mise à l’eau. On y va ? SL 046
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Texte Armelle Hervieu Photos Armelle Hervieu & TSM Gentil
50 ans de plongée pour les scaphandriers du Bassin À cheval entre La Teste et Arcachon, dans le petit quartier de l’Aiguillon, non loin des chantiers navals Bonnin et Bossuet, une autre entreprise du Bassin brille par son savoir-faire. TSM Gentil emploie 12 salariés, scaphandriers, pilotes et grutiers capables de plonger jusqu’à 60 mètres de profondeur pour renflouer les navires, réparer des quais, immerger des mouillages…
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© Armelle Hervieu
Guillaume Lime, dirigeant de TSM Gentil
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’est une jolie petite cabane aux volets jaunes. Toute discrète, au milieu de ses camarades aux volets bleus, seul un étrange logo apposé sur sa peau de bois intrigue. Il représente un bonhomme vêtu d’un scaphandre et de palmes, armé d’une pioche et se baladant sur un fond jaune. « Ce logo n’a pas changé depuis la création de l’entreprise en 1972 par Gérard Gentil, le fondateur de la société », débute Guillaume Lime, actuel dirigeant de TSM (Travaux sous-marins) Gentil. Le nom non plus n’a pas changé depuis 1972. « Nous n’avons aucune intention de le modifier ! Il fait partie de l’histoire de l’entreprise et nous rappelle son fondateur », poursuit le jeune patron. Guillaume Lime a pris la suite de son père à la tête de cette pépite entrepreneuriale en 2019. Ce dernier, Daniel Lime, avait lui-même succédé à son patron en 1999. Depuis, l’entreprise fait florès. Elle s’est taillée une belle réputation dans le monde
“C’est un métier exigeant. Il faut être précis, méthodique. Dans l’eau, on ne peut rien laisser au hasard”
assez fermé des entreprises de travaux sous-marins et fête cette année ces 50 ans, rien que ça ! Parmi ses spécialités, la peinture sous-marine et l’application de produits anti-corrosion, mais aussi le renflouage de bateaux, la réparation de quais ou encore la pose de mouillages… C’est elle aussi qui, chaque année, se charge d’installer la fameuse queue de la baleine face au front de mer d’Arcachon.
Un métier dangereux, physique et technique Être plongeur scaphandrier est un métier exigeant, à la fois technique et très physique. « Il faut être précis, méthodique. Dans l’eau, on ne peut rien laisser au hasard. » Rester vigilant est la condition sine qua non pour ne pas avoir d’accident. Les gars de TSM Gentil plongent parfois en eaux troubles. La visibilité n’est pas toujours au rendez-vous quand on s’immerge dans un port ou, pire, dans les eaux d’une station 050
d’épuration. Il faut être à la fois calme et rapide pour être efficace et profiter à fond des trois heures dont on dispose, au maximum. « On ne peut pas plonger plus longtemps, paliers de décompression compris », précise Guillaume qui, malgré ses nombreuses exigences et ses risques avérés, aime son métier. « C’est un métier d’action qui offre une grande diversité. On plonge en mer mais aussi dans les fleuves, les rivières, dans les lacs… Souvent dans de beaux endroits et on est toujours près de l’eau ! » Parmi les plus chouettes missions effectuées par le patron de l’entreprise testerine, Guillaume Lime se remémore pêle-mêle le renflouage d’une barge qui avait coulé devant Arcachon lors des travaux de la jetée Thiers. Elle mesurait 20 mètres, tout de même ! Cela n’avait pas dû être une mince affaire de la remonter ! Il y a eu aussi cette opération de peinture sousmarine en Turquie sur un navire
Mer mais aussi fleuves, lacs, rivières… les plongeurs de TSM plongent dans tous les milieux et par toutes conditions.
qui avait subi un choc et puis le renflouage d’une péniche de 45 mètres à Toulouse, place de la Daurade… et tant d’autres.
Le souvenir d’une eau à 2 °C dans le Bassin Parmi les tâches récurrentes effectuées par TSM Gentil, on citera notamment l’immersion de 650 bouées de mouillage devant Arcachon et le Ferret ainsi que les opérations liées à l’exploitation par la société Vermillon de plateformes pétrolières situées sur le lac de Parentis. Mais, l’entreprise du Bassin intervient aussi et surtout dans tout le reste de la France. « 25 % de notre travail se fait sur le Bassin et 75 % ailleurs dans l’Hexagone », précise Guillaume Lime. La société testerine est qualifiée pour descendre jusqu’à 60 mètres de profondeur mais, la plupart du temps, ses chantiers se déroulent aux environs des 25 mètres maximum. Ici, on travaille en famille et dans la bonne humeur. Guillaume a pris la suite de son père à la tête de la boîte. Son cousin Jean-Marc y est plongeur depuis plus de vingt ans. Son frère travaille sur le site de Vermillon à l’année. Sa sœur a remplacé sa mère dans les bureaux… Une véritable tribu 051
heureuse de bosser dans « son pays ». « Nous sommes natifs d’ici. Moi, j’ai grandi au Teich. Je passais mes étés à plonger dans la Leyre depuis le pont qui la franchit. J’ai toujours été à l’aise dans l’eau », confie le jeune dirigeant. Il vaut mieux quand on connait les conditions dans lesquelles lui et ses équipes doivent régulièrement s’immerger. « Parfois il fait très froid. J’ai souvenir d’une eau à 2 degrés dans le Bassin, il y a une dizaine d’années. Parfois, on ne voit pas le bout de ses doigts. Et puis, il y a les outils, marteauxpiqueurs, perforateurs… qui sont
très durs à manipuler sous l’eau car ils pèsent jusqu’à 20 kilos. » Pas de quoi dégoûter Guillaume Lime qui continue d’investir dans la société familiale. En cette fin juin 2022, l’entreprise disposera d’un tout nouveau bateau, tout juste sorti du chantier gujanais CAI. Un navire de 20 mètres par 7, plus gros que tous ceux qu’elle avait jusqu’à présent, et qui lui permettra de se positionner sur de plus importants marchés de construction/réparation d’ouvrages de génie civil grâce à une capacité de levage beaucoup plus forte encore que celle de ses deux autres bateaux grues déjà en fonction.
“On ne peut plonger que trois heures d’affilée, paliers de décompression compris, et les outils sont lourds et avec le froid, c’est vite épuisant”
Dès cet été, TSM Gentil disposera d’un bateau plus grand lui permettant d’œuvrer sur des marchés plus importants.
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Texte & Photos Armelle Hervieu (Sauf mention)
Le gardien de l’île aux Oiseaux Voilà treize ans que Thierry Duprat officie comme garde gestionnaire de l’île aux Oiseaux. Un endroit très précieux pour le Bassin et sur lequel il veille telle une mère sur son enfant. Ses missions sont multiples mais il est avant tout chargé de protéger le lieu, de le connaître et de le faire connaître. Nous avons passé une journée sur le terrain avec lui, à partager son quotidien.
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de ses habitants. Pour mieux appréhender son tentaculaire métier, nous avons décidé de passer une journée à ses côtés… Et, aujourd’hui, Thierry Duprat accueille une classe de CM2 d’une école de La Teste, comme il le fait depuis dix ans. C’est l’une des tâches qu’il s’est lui-même assignées. « J’ai lancé cette initiative en me remémorant mon enfance. J’ai eu la chance de fréquenter l’île très souvent car mes parents avaient un ami qui nous accueillait ici. Mais la majorité de mes copains n’avaient jamais mis les pieds ici. Ils ne connaissaient pas leur patrimoine finalement. »
« Je souhaite qu’ils apprennent à connaître et à respecter ce lieu »
Se rendre à l’île aux Oiseaux nécessite quelques précautions, comme se chausser correctement pour marcher entre eau et coquillages.
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ous le nommons gardien de l’île aux Oiseaux mais le terme est impropre à décrire son métier tant il ne suffit pas à dire l’ampleur de sa tâche. Les journées pourraient durer trois fois plus longtemps qu’elles ne suffiraient pas encore à Thierry Duprat pour remplir toutes ses missions ! Le garde du littoral travaille pour le compte de 11 administrations différentes et s’occupe, tel un petit maire, de la gestion quotidienne de l’île, de sa nature et 056
Pour Thierry, l’enfant du pays, testerin de mère et arcachonnais de père, il était absolument nécessaire que les enfants du Bassin viennent sur « leur île » au moins une fois pour la découvrir. C’est ainsi qu’il a obtenu du rectorat que les petits Testerins se rendent tous, en classe de CM2, sur l’île aux Oiseaux. Thierry aimerait faire plus et offrir la même possibilité aux Arcachonnais, Gujanais… mais le temps lui fait défaut. Ce matin-là, c’est une classe de l’école Gambetta qui a rendezvous avec le garde sur le port d’Arcachon. Les 25 élèves sont aussi excités que des petites puces de sable. Sur le bateau, Thierry nous confie : « Je souhaite qu’après la journée que nous allons passer ensemble, tous ces enfants deviennent à leur tour des petits gardes de l’île aux Oiseaux. Je souhaite qu’ils apprennent à connaître et à respecter ce lieu, à en prendre soin. Je souhaite qu’ils fassent passer ce message de protection à tous leurs proches. » À l’heure de débarquer, tout le monde met les pieds dans l’eau. Il n’y a pas de débarcadère à l’île aux Oiseaux et, au nord comme au sud, le premier contact avec cette terre est fait de sable. Parmi les premiers mots prononcés par Thierry Duprat à l’attention des enfants qui sont
Thierry accueille tous les enfants de CM2 de La Teste pour leur faire connaître « leur patrimoine ».
là : « Vous êtes ici chez vous, pas chez moi. Alors, n’y jetez pas de papier, ne cueillez aucune plante et n’embêtez pas les animaux. »
Seconds plus grands prés salés de France C’est parti pour 4 heures de balade autour du joyau du Bassin. La plupart des enfants n’ont jamais mis les pieds ici, à part les quelques-uns dont les parents disposent d’un bateau. La plupart, non plus, n’ont jamais entendu parler de prés salés, de laisse de mer, de gorge bleue, de chevalier gambette… D’ici la fin de la balade, ils sauront tout. Ils 0 57
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Une communauté de goélands niche sur l’île et certaines plantes fragiles s’y plaisent bien, ainsi les statices.
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sauront que les seconds plus grands prés salés de France, après ceux du Mont-Saint-Michel, se trouvent à La Teste, précisément autour de l’île aux Oiseaux. Ils sauront aussi que la laisse de mer, c’est ce que laisse la mer quand elle s’en va, petits bouts d’algues et de bois nécessaires à la vie. « Si on l’enlève, on enlève la vie. » Ils sauront que le gorge bleue est un magnifique oiseau migrateur au plastron bleu vif qui fait partie des 350 espèces d’oiseaux fréquentant l’île. Ils pourront même l’observer à la longue vue ! La somme des connaissances de Thierry Duprat est impressionnante.
“Une grande partie de mon boulot est aussi d’acquérir des connaissances” Ornithologie, botanique, hydrologie, histoire, généalogie… le garde connaît tout ce qui touche à l’île aux Oiseaux. « Une grande partie de mon boulot est aussi d’acquérir des connaissances. Je conduis régulièrement des études avec des spécialistes pour connaître le nombre précis de tel ou tel oiseau qui niche sur l’île, pour étudier l’impact de telle ou telle plante envahissante et la raréfaction d’une autre quant à elle endémique. »
1 500 euros d’amende pour une plante cueillie Ainsi, l’une des variétés de statices que l’on trouvait avant abondamment sur l’île a disparu, entre autres parce qu’elle a été trop cueillie. Désormais, toute personne prise cueillant l’une de ses cousines est susceptible d’être sanctionnée d’une amende de 1 500 euros. Thierry Duprat a aussi des pouvoirs de police. Il peut verbaliser quiconque contrevient à la réglementation de l’île aux Oiseaux, même s’il avoue préférer la pédagogie à la punition. Parmi les infractions les plus souvent commises, le garde relève : l’excès de vitesse dans les chenaux, les bateaux qui s’aventurent
dans la zone interdite à la navigation, les gens qui récoltent des fleurs… Le garde a même vu un homme tirer sur les oiseaux au fusil harpon ! Si Thierry Duprat ne veut pas faire de l’île aux Oiseaux « une réserve d’Indiens dans laquelle les Indiens n’auraient pas le droit d’entrer », il veille en permanence à maintenir l’équilibre fragile entre nature et fréquentation. L’été, il a déjà recensé jusqu’à plus de 3 000 bateaux autour de l’île et tout particulièrement au pied des cabanes tchanquées. Évidemment, c’est beaucoup trop ! Heureusement, la plupart de ces visiteurs estivaux se contentent de barboter dans l’eau mais Thierry aimerait, évidemment, éviter de telles marées humaines pour ne pas abîmer ce qu’il considère comme l’écosystème le moins trituré par l’humain sur le Bassin. 059
Thierry est chargé de gérer le quotidien des habitants de l’île : attribution des cabanes, entretien des espaces communs et naturels…
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Florian Clément, chasseur d’orages et de mirages
Texte & Photo Armelle Hervieu
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C’est un tout jeune homme, 24 ans à peine. Pourtant, il a déjà de nombreux clichés d’anthologie à son tableau de chasse. Le Teichois Florian Clément est tout à la fois un passionné de météo et de photo. Une double obsession qui l’amène à poursuivre et capturer orages, brouillard, tempêtes dès qu’il le peut et, souvent, depuis le sommet de la dune du Pilat.
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la gloire. » On a aussi entendu parler de lui pour ses clichés du mirage supérieur des Pyrénées, autre phénomène curieux qui ne survient que lorsque la température est plus basse en plaine qu’en montagne. « C’est un mirage. Une image qui existe vraiment mais qui est déviée, agrandie et déformée. C’est un peu comme un mirage d’oasis dans le désert. » Florian rêve de pouvoir capturer tous ces phénomènes. Il aimerait les compulser dans un ouvrage pour les donner à voir au plus grand nombre. « Je ne sais pas si c’est réalisable mais j’aimerais tous les capturer et les réunir dans un livre pour les montrer aux gens. » Seulement cela exige d’être au bon endroit, au bon moment. Florian voudrait un nouveau rayon vert. Il en a déjà « attrapé » un une fois où il était parti chasser le givre. Il aimerait attraper la foudre en boule « comme dans Tintin et les 7 boules de cristal »… Son futur métier de technicien météo va sûrement permettre à Florian de capturer un maximum de moments magiques. Lui qui a eu la chance d’être sélectionné à l’école de France de météorologie. En attendant, le jeune Teichois profite de chaque instant disponible pour vivre ses passions. Chaque soir, il analyse les différents modèles météo et propose, sur sa page FB « Météo du Pays de Buch » qu’il anime depuis 2014, sa lecture du temps qu’il fera le lendemain. Et puis, depuis quatre ans environ, Florian publie aussi ses plus beaux clichés sur sa page « Florian Clément – Photographe météo ». Allez donc y jeter un œil. Vous en prendrez plein les mirettes !
l est très doux et discret Florian. Et, pourtant, il n’a pas froid aux yeux quand il s’agit de sortir alors que le ciel se déchaîne et qu’il s’expose aux plus fortes bourrasques et aux pires éclairs. Mais, derrière le calme apparent du jeune homme se cache une véritable fièvre. Florian Clément brûle de capturer les plus belles images de phénomènes naturels extraordinaires. Les plus beaux orages, les plus belles tempêtes, les plus impressionnants chasse-sable (quand le vent souffle sur le sable), les mirages… Florian Clément est persuadé qu’avoir grandi en Gironde l’a probablement conduit à se passionner pour la météo et la photo. « Il n’y a pas beaucoup d’endroits au monde où l’on peut observer autant de diversité de phénomènes météo. Ici, l’étendue de la palette météo est très variée. Il peut neiger, geler, grêler mais aussi y avoir des vagues de chaleur, des orages puissants, des tempêtes… » C’est depuis la dune du Pilat que Florian préfère observer et immortaliser tous ces intenses instants. « Je surveille la météo tous les jours. Et si quelque chose de particulier se prépare, je prends mon vélo ou ma voiture et je suis la piste 214 pour me rendre au milieu de la dune. Je grimpe à son sommet et je guette. »
Le mirage des Pyrénées capturé depuis la dune du Pilat C’est ainsi que le jeune étudiant, futur technicien chez Météo France, ramène dans sa besace numérique des trésors d’images. On le connait notamment pour avoir capturé le spectre de Broken depuis la plus haute dune de sable d’Europe. « C’est un phénomène rare qui amène à voir sa propre ombre déformée, projetée sur le brouillard et entourée d’un arc-en-ciel qu’on nomme
Florian Clément Photographe météo | Facebook
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Arc-en-ciel sur la dune
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À gauche : Saupoudrage de neige sur la dune Ci-dessous : Rayon vert au lever de soleil depuis la dune
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Sculpture de sable de la tempête Bella
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À gauche : Nuages mammas à l’entrée du Bassin Ci-dessous : Brumes matinales sur la forêt usagère depuis la dune
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© Marc De Tienda
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5 IDÉES POUR DÉCOUVRIR LE BASSIN PAR LA MER Du Cap-Ferret à Arcachon, notre jolie région regorge de balades originales à faire à pied, à vélo ou en voiture… Mais que diriez-vous de découvrir le Bassin au gré des flots ? Une pause gourmande face aux cabanes tchanquées, un pique-nique sur un banc éphémère le temps d’une marée, voir la dune du Pilat les pieds ancrés dans le sable du banc d’Arguin ou encore longer la côte ferretcapienne tout en contemplant ses somptueuses villas ? À vous de choisir en piochant parmi l’une des cinq suggestions suivantes.
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Dubourdieu, navigation sur mesure LA TRADITION DU BOIS. C’est le plus vieux chantier naval français, et il n’a jamais cessé son activité depuis la Révolution française : Dubourdieu crée des bateaux alliant la plus pure tradition du travail du bois et les formes contemporaines les plus audacieuses. Depuis plus de vingt ans, leurs dirigeants, Betty Martin et son mari Emmanuel, ont su emmener dans leur sillage une équipe de jeunes menuisiers et charpentiers passionnés par leur métier et conscients de l’héritage et de la nécessité de préserver plus de 200 ans de traditions. Seulement trois bateaux sortent chaque année des chantiers, des vedettes sur mesure taillées au plus près des souhaits de leurs clients ! Le prix de ces bateaux d’exception n’est pas à la portée de toutes les bourses, cependant, ils sont accessibles le temps d’une journée ou d’une demi-journée, à la location pour 12 à 16 personnes afin de découvrir le Bassin dans des conditions inoubliables. Vous pourrez choisir entre les célèbres pinasses du Bassin, le Classic Express bien connu pour avoir été la vedette des Petits mouchoirs, ou encore le Picnic Sport, comme le White Ocean créé pour la maison de haute couture parisienne Courrèges. Un partenariat qui justifie pleinement que ces locations de bateaux traditionnels de prestige se réalisent elles aussi sur mesure ! YC
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× Renseignements et réservations Béatrice Martin : 06 60 85 86 53 dubourdieu.fr
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CAP 114, une passation tout en douceur et en innovation BEACHER D’EXCEPTION. Au moment où Fabien Dufailly décide de changer de cap professionnel, et après avoir passé son brevet de capitaine, le hasard fait bien les choses et met sur sa route, Cyril, le fondateur de Cap 114, alors à la recherche d’un repreneur. Le
feeling passe très bien entre les deux hommes, l’affaire est faite, Fabien Dufailly reprend les rênes de la société de Beachers fondée en 2007 par Cyril Pourtalet, qui propose des balades du bassin d’Arcachon sur des bateaux traditionnels, avec marin professionnel. Fabien a été séduit par le confort des Beacher 8.40, nés dans l’esprit de Fabrice Duffour, deux bateaux uniques créés à l’époque pour une commande spéciale. Et l’on peut dire que le destin est amusant parfois, puisqu’il connait très bien l’un des fils. Pour l’anecdote, l’année dernière, lors d’un déjeuner chez Benjamin, il se rend compte que
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la maquette de bateau présente chez lui est la réplique d’un des Beacher de Cap 114.
Changement de carrière à 180° C’est avec sérénité que cette passation se fait puisque Cyril reste un des marins professionnels de l’équipe et ainsi, la clientèle internationale qui revient chaque année, fait la connaissance du nouveau capitaine, à la barre de Cap 114. Fabien, natif du bassin, a grandi sur l’eau aux côtés de son père, figure emblématique du port, ou de son grand-père, fabricant de filet de pêche à Gujan Mestras. Après avoir passé sa carrière en tant qu’infirmier anesthésiste, il est
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temps de changer de voie et le nautisme semble évident pour lui. Entre passion et atavisme, il ne pouvait aller ailleurs que sur un bateau pour sa reconversion professionnelle. Fabien a eu à cœur de conserver l’esprit que Cyril à inculquer dans sa manière de naviguer sur le bassin et c’était tout naturel de le garder à ses côtés tant par amitié que par envie, pour perpétuer la tradition des Beachers auprès des clients.
Nouvelles prestations et innovations
Cependant, Fabien apporte des améliorations technologiques comme des nouvelles enceintes pour la musique, un boitier 4G,
des tablettes électroniques pour faciliter l’engagement des clients, améliore la communication et attire une nouvelle clientèle en proposant des balades pour des journées EVJF ou bien encore des team building pour renforcer les liens en entreprise. Au niveau des prestations à bord, il s’entoure de partenaires locaux ou régionaux pour la nouvelle sellerie avec la maison Jean Vier, en gardant l’esprit yachting dans les teintes de bleu marine et blanc, une finition soignée et premium qui va parfaitement avec le bois précieux du Beacher 8.40. Du côté restauration, il fait appel à la Poissonnerie de l’Aiguillon pour les plateaux de fruits de
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mer ou à la Maison Guignard au Moulleau pour le salé-sucré. Ayant une licence restauration, c’est un des services qu’il peut proposer comme il peut laisser la liberté aux clients de venir avec leur propre pique-nique sur le bateau. Dans ce dernier « espace de liberté » comme il aime à le dire, le client est libre de ce qu’il souhaite. Il ne vous reste plus qu’à réserver une balade avec Fabien pour découvrir les plus beaux ou les plus discrets coins du bassin lors d’une journée en famille, ou d’une soirée entre amis pour apprécier le coucher de soleil à côté des cabanes Tchanquées ou l’île aux oiseaux. Ne cherchez plus si vous en quête de discrétion, de service cinq étoiles, de convivialité pour passer un moment inoubliable sur le bassin, Cap 114 nouvelle génération se charge de tout. Fabien se fera même un plaisir de vous offrir le « café du bateau », un délicieux café à l’italienne dont les clients raffolent. ×P restations à partir de 450€ pour un EVJF ou une soirée pour 11 personnes maximum. Cap 114 - Fabien Dufailly Rue du Capitaine Allègre 33120 Arcachon 07 87 09 10 18 cap114.fr Instagram : cap114.beacher
AC Yachting, la location « qualité » AVEC OU SANS SKIPPER. Créé il y a bientôt dix ans, AC Yachting est spécialisé dans la vente et la location d’une gamme de bateaux sélectionnés pour leur haut niveau de conception, leur atypisme et leur élégance. La marque Beacher, les catamarans Nautitech, les semi-rigides BSC ou encore la marque charentaise Rhéa Marine figurent au catalogue de cette société développée par Jean Duffour, spécialiste
de l’univers du nautisme, qui a travaillé de nombreuses années pour de grands fabricants français. L’un des principaux atouts d’AC Yachting est de proposer l’ensemble de la gamme des Beacher, qui est une marque chère au cœur de Jean Duffour, puisque ce bateau a été conçu il y a plus de vingt ans par son frère Fabrice. Parfaitement adaptée à des sorties entre amis sur le Bassin, la coque du Beacher, avec sa proue très évasée, offre une surface de pont importante, permettant d’accueillir un « bain de soleil » beaucoup plus généreux que la moyenne des bateaux de cette dimension (12 à 15 pers). Les prestations locatives
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sont accompagnées de conseils sur la navigation, les spots et les itinéraires sur le Bassin. Il est également possible de louer les bateaux avec un skipper. YC ×R enseignements et réservations Jean Duffour : 06 71 49 34 34 jean.duffour@gmail.com
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L’équipe Réveleau : simplicité, joie de vivre et partage.
Maison Réveleau, une famille qui cultive l’authenticité BALADE SUR CHALAND. Depuis qu’elle a mis les pieds sur la plage du Canon, en 1939, la famille Réveleau n’a pas les pieds dans le même sabot, ou plutôt dans le même parc à huîtres. Cette tribu d’ostréiculteurs, de pêcheurs a toujours eu comme
dénominateur commun l’envie de conserver l’art de vivre de la Presqu’île, transmettre son histoire, son authenticité, toujours avec le sourire, sans se prendre la tête. Aujourd’hui, autour de Philippe Réveleau, le père, le clan a multiplié les initiatives pour le plus grand bonheur de tous ceux qui veulent découvrir le Cap-Ferret entre de bonnes mains et hors des sentiers battus. Jugez plutôt. Hébergement (Villa Aïtama), restaurant (Chai Thonthon), dégustation d’huîtres (Cabane Réveleau), pêche sportive (Pêche ô Thon), vente de poissons en direct de jeunes professionnels (Les Jeunes
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Pêcheurs) et enfin, Balade sur Chaland, avec sa flotte de cinq chalands en bois typiques, véritable institution au Canon. Et sur l’eau, il n’y a pas mieux pour ressentir l’esprit Réveleau. La simplicité, les repas conviviaux sur un chaland en bois, les anecdotes des capitaines, tous gars du coin qui en connaissent un rayon sur l’ostréiculture, les histoires du Bassin… Faire une balade sur l’eau avec la maison Réveleau, c’est l’assurance d’avoir du sur-mesure. Un barbecue avec du poisson ou les araignées de porc marinées de chez le boucher local, Coste. Une dégustation de fruits de mer ou de Dunes blanches de chez
Photos © Baptiste Pietruszewski
Pascal. Bref, le rêve. Et que dire quand la fanfare L’Impériale vient mettre l’ambiance sur l’eau, ou qu’un feu d’artifice clôture une soirée magique. Dès qu’on a le pied sur le chaland, le voyage commence. La destination sera toujours inattendue, loin des clichés. Direction l’île aux Oiseaux pour s’émerveiller du vol d’un héron cendré, de la lumière rasante d’un soir d’été. Le Bassin tel qu’on l’aime, secret, préservé. Avec leur faible tirant d’eau, les chalands passent partout, pour se rapprocher au plus près des petits trésors réputés inaccessibles. PB × maisonreveleau.fr
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© DR / Empreinte
© Patrice Bouscarrut
© Patrice Bouscarrut
© DR / Empreinte
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Des Hommes et des Mers DU CHAMP FACE À LA DUNE. À la ville, comme sur l’eau, du port de la Vigne jusqu’au delta de la Leyre, Patrick Anderson et Laurent Esteve revêtent plusieurs casquettes, celles d’amis, marins et associés. Atypiques et bienveillants, leurs forces liées sur l’Empreinte, ce bateau qui n’en finit plus de marquer la sienne, les deux capitaines conçoivent de véritables expériences nautiques, faisant ain-
si vibrer leurs passagers à l’unisson de leur passion commune pour les merveilles de notre belle région. Avec la volonté d’allier l’authentique à la modernité, soutenus par Exequiel Cano Lanza, architecte spécialisé dans la conception navale, les deux associés ont dessiné et repensé toute l’ergonomie d’un Ecla, afin de le porter à la hauteur de leurs ambitions. Sculptée par des artisans, cette embarcation intimiste, élégante et confortable réunit à son bord tous les arguments nécessaires pour explorer le Bassin dans les meilleures conditions. De l’aube au crépuscule,
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tout au long de l’année, les deux marins à la voix de miel proposent des sorties privatives, sur mesure et haut de gamme, pour satisfaire au plus près les envies de leurs clients : boire du champagne face à la dune, déguster des huîtres au Canon, débarquer sur le banc du Bernet. Des vagues aux profondeurs, à travers des Hommes & des Mers, liés d’un même nœud avec tout le corps maritime local, ils rassemblent et fédèrent pour assurer la promotion du territoire qu’ils naviguent au quotidien. MR × deshommesetdesmers.com
Mode Déco ×
“La simplicité est la clé de toute véritable élégance.” Coco Chanel 1883-1971
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Les robes Poline
Photos © Ines Berrocoso
FABRIQUÉES ICI. Invitée au mariage d’une amie et ne recevant en retour de ses commandes que des vêtements difformes ou mal conçus, Pauline Lorbanchet a finalement développé sa propre collection de tenues de gala, fabriquée en France et signée de son prénom. Audacieuse et déterminée, avec une humilité propre à tous ceux qui ne doivent rien au hasard, la jeune créatrice, diplômée d’une école de commerce, imagine, invente et convoque à ses côtés une assemblée d’artisans dont la précision sublime ce qu’elle visualise à travers ses croquis. Avec la volonté de valoriser le savoir-faire français auquel elle voue une véritable fascination, Poline va à revers de la mode consumériste en proposant une collection haut de gamme et minimaliste, de cinq modèles, déclinés en plusieurs tailles. Dessinées aux Abatilles entre les pins et les mimosas, c’est dans un atelier de conception bordelais que sous des doigts de fée, ses créations prennent vie. Semblables à aucune autre, ces pièces d’exception, plissées de tulle ou satinées de soie, habillent la mariée, les témoins ou ses demoiselles d’honneur, de manière à ce qu’on ne les oublie pas. Petit sac, boucles d’oreilles, chouchous élaborés à partir des chutes de ses matières, la créatrice propose en complément de son vestiaire une gamme d’accessoires sophistiqués, accessibles à tous les budgets. Fabriquées à Biganos, dans un atelier de réinsertion professionnelle, ces petites créations s’inscrivent dans une dimension responsable faisant de Poline une marque qui a su, à raison, prendre le risque de ses ambitions. MR
polinefrance.com
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Photos © Mélanny Rodrigues
auxphilippines.com
Des fleurs et des courbes CRÉATIONS FLORALES. Il y a des destins bousculés qui mènent à de belles éclosions. Comme son frère, que la poissonnerie à fait dévier de la finance, Philippine Roulet a délaissé son école de commerce pour se consacrer à la scénographie florale. Originaire du Bassin, c’est en Espagne pourtant, chez un des plus beaux fleuristes de Barcelone, que son histoire prend racine. Intégrée au sein d’une petite boutique tenue par une mère et sa fille, la Pylataise acquiert avec elles le goût du métier et le langage des fleurs. Soutenue par des parents compréhensifs qui, depuis petite, lui ont toujours enseigné à travailler de ses mains, elle change définitivement de voie pour mieux exprimer la sienne. Une tige après l’autre, la fleuriste assemble des compositions inspirées de la ligne et des courbes féminines. Texturés, colorés ou monochromes, ces bouquets dynamisent le champ des possibles au-delà des traditions. Dahlias, pivoines, renoncules, ses créations, émancipées de tous les codes, à la fois graphiques et volumineuses, font corps avec ses inspirations et teintent de poésie les intérieurs de tous ceux qui s’en parent. Dans son atelier, la pétillante fleuriste sublime son art, en valorisant ses créations de supports uniques, soupières, vases antiques, amphores, qu’elle remanie comme de la céramique. Avec l’envie de créer du lien en dehors des marchés du Moulleau et du Pyla sur lesquels elle sera présente tout l’été, Philippine propose de profiter d’un abonnement de livraison pour fleurir les vitrines et parfumer les tables. Dans un éclat de feu, sans plus d’artifice que leurs pétales, sous ses doigts, les fleurs vibrent d’une seconde vie, murmurant pour ceux qui ne savent le dire autrement : pardon, merci, je t’aime, moi non plus. MR 084
Ateliers Lofts & Associés 252 bd de la Côte d’Argent Le Moulleau 33120 Arcachon ateliers-lofts.com/fr/agenceimmobiliere-arcachon-cap-ferret 05 57 52 32 64
© Claire Parise
Conciergerie Cousumain Cap-Ferret cousumain-capferret.fr 09 80 80 86 20
Ateliers Lofts & Associés, la conciergerie à la carte Ateliers Lofts & Associés est la première agence immobilière exclusivement spécialisée en lofts, ateliers d’artistes et maisons contemporaines en France. Mais elle est aussi présente sur le marché de la location saisonnière. Nous sommes allées à la rencontre de l’agence d’Arcachon-Le Moulleau où Cédric et Sarah gèrent à eux deux, une quarantaine de villas à l’esthétique et l’architecture exceptionnelle du coté Pyla, tout comme Valentine et Mélanie, présentes côté Cap-Ferret sous l’enseigne Cousumain, qui en gèrent tout autant. La suite logique de la location saisonnière haut de gamme, était de toute évidence, la conciergerie privée. Ainsi, ils proposent du nord au sud-Bassin, un service à la carte en complément de la location de villas d’exception. Mais en quoi consiste ce service personnalisé ? « Répondre aux moindres besoins des clients, pouvant aller des courses dans la villa à leur arrivée au chef cuisinier pour une soirée ou leur séjour complet, en passant désormais par
des services plus personnels comme le pressing, le coach sportif ou prof de yoga ! » Mais aussi de se charger de les acheminer de l’aéroport à la villa au Cap ferret. Ou louer des vélos pour la durée de leur séjour. Des prestations englobées dans le prix de la location pour certaines et en supplément pour d’autres. C’est pourquoi ils se sont entourés de partenaires de confiance pour s’assurer de pouvoir répondre à toutes sortes de besoins ou envies qui surviendraient. C’est de la conciergerie haut de gamme et c’est ce service que Cédric et Valentine veulent proposer avant tout. Ainsi les clients savent qu’ils peuvent compter sur leurs parfaites connaissances de la région et de ses acteurs économiques. Parfois après l’achat d’une maison par le biais de l’agence Ateliers Lofts 086
et associés, les nouveaux acquéreurs savent que la location est indispensable. C’est pourquoi ils confient leurs biens à l’agence en toute confiance. Ce faisant, la partie « location saisonnière » devient la Gardienne privilégiée de ceux-là, la conciergerie proposant aussi des services de visites régulières pour vérifier la maison en cas d’absence prolongée des propriétaires. C’est grâce au professionnalisme de Cédric et son équipe que l’on confie son bien à la location et c’est aussi avec sérénité que les clients louent et reviennent, satisfaits des services proposés par Ateliers Lofts & Associés coté PylaMoulleau, et Cousumain au Cap Ferret. KJ
Brande bas de combat !
C’est un métier qui n’existe pas ! Lionnel Jannot plaisante en disant qu’il est « brandeur ». Mais, s’il n’y a pas vraiment de nom pour le qualifier, c’est pourtant bien un sacré boulot qu’abat cet homme des bois qui récolte à la main la brande dans les forêts du Bassin pour la convertir tout seul, dans son atelier audengeois, en jolis panneaux de brande ou en toits de paillotes et autres éléments de déco.
Texte & Photos Armelle Hervieu (Sauf mentions)
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n l’a suivi jusqu’au plus profond des bois audengeois. Et on a découvert, aux côtés de Lionnel Jannot, ce qu’était le métier de « brandeur ». Il ne faut pas avoir les deux pieds dans le même sabot pour faire ce boulot-là ! Il faut aimer se lever à l’aube quand la forêt n’est pas encore étouffée par la chaleur en été mais qu’elle est encore gelée en hiver. Il faut prendre sa serpe, son 4x4, sa remorque, son échelle et ses ficelles. Ensuite, il faut s’enfoncer entre les arbres, au milieu des genêts, des ronces et des ajoncs jusqu’à trouver son Graal. De simples buissons qui ne payent pas de mine mais qui, pourtant, servent à faire plein de choses, à condition de savoir s’y prendre pour les couper. « C’est un coup de main à attraper », assure Lionnel qui tord le cou à la plante comme s’il s’agissait d’un animal avant de lui asséner le coup de lame fatal. Enfin, pas vraiment fatal. « Je ne fais que la couper, pas l’arracher et elle repousse après. Certains propriétaires forestiers 88
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m’autorisent justement à me rendre sur leurs parcelles car ils savent que je vais la nettoyer sans l’abîmer », assure le gamin des Landes qui a bien grandi depuis l’époque où son papy lui apprenait l’art et la manière de récolter et de tisser la brande.
« L’appel de la forêt »
“Je ne fais que couper la brande, je ne l’arrache pas et elle repousse après”
Après une vie à voyager pour son précédent métier, Lionnel dit avoir répondu à « l’appel de la forêt ». Rien à voir avec le livre de Jack London. Non, plus simplement l’appel de ses origines, l’envie de revenir non loin des terres de son enfance. « Je suis
Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il fasse très chaud, Lionnel se rend en forêt toute l’année.
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né à Mont-de-Marsan et j’ai grandi entre les pins et l’océan. » Du coup, il y a dix-sept ans, Lionnel Jannot décide avec femme et enfants de revenir aux sources et c’est à Audenge qu’il pose ses valises. « J’aime bien l’esprit ici. C’est encore un village. Une commune rurale qui reste humaine. » Après des années sans avoir tenu de serpe, le Landais retourne sous les arbres et retrouve le coup de main comme s’il avait quitté Papy la veille. Depuis, Lionnel n’est plus jamais sorti des bois. Il a créé sa petite société, Brande Bassin, via laquelle il commercialise ses panneaux de brande qui peuvent servir à occulter ou à décorer un jardin, une maison, un camping, un bord de piscine… Même si le métier est rude, Lionnel ne s’en plaint pas. « J’aime ce que je fais. J’aime la solitude de la forêt, tomber nez à nez avec un chevreuil ou un sanglier. Écouter les bruits de la nature. Me défouler. Et puis revenir dans mon atelier, mettre la musique à fond et tisser. » Ce n’est pas dans un journal que les clients de Brande Bassin ont découvert Lionnel mais plutôt via le bouche-à-oreille. Car l’artisan ne fait pas de pub. Il n’a pas le temps, tout absorbé qu’il est par sa brande. « Ça prend tout votre temps la brande ! », avoue l’Audengeois. Souvent, Lionnel travaille 7 jours sur 7. Il coupe le matin et tisse l’après-midi dans l’atelier qu’il a construit sur le terrain vendu par la mairie dans la ZI.
Un métier à tisser fait maison
© Brande Bassin
On retrouve, notamment, la brande de Lionnel en bordure des plus belles demeures du Pyla et sur les toits des campings.
© Brande Bassin
Les clients de Lionnel sont principalement du Bassin mais pas seulement. Ils ont un point commun. Ils craquent tous pour un produit local et fabriqué en circuit court. Même les pieux de bois en acacia dont se sert Lionnel pour enfoncer ses panneaux de brande viennent de Nouvelle Aquitaine. « La nature, je l’aime et donc je le protège. Je suis partenaire de la marque BA et je fais tout pour que mon travail ait un impact le plus faible possible sur mon environnement. » Une fois de retour à l’atelier, voir travailler Lionnel sur son métier à tisser est assez ébouriffant. Ses gestes sont rapides, précis, car des milliers de fois répétés. Il installe la brande prélevée dans le métier à tisser qu’il a fabriqué lui-même, la tresse avec du fil de fer pour obtenir des panneaux bien serrés qui peuvent résister, selon lui, à des vents de 160 km/h. « C’est un des types de clôtures qui résistent le mieux aux intempéries et qui tient le mieux dans le temps » assure l’artisan qui se plaît aussi à créer, dès qu’il le peut, des parasols, des toitures et plein d’autres éléments de déco, tout en brande bien sûr !
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L’hôtel version écologique
Ouvert depuis avril, l’hôtel Le 25, situé en plein cœur d’Andernos, vient étoffer avec brio l’offre hôtelière sur le Nord Bassin. Décoré avec beaucoup de goût, très bien équipé, confortable, l’établissement abrite 25 chambres. Fabienne Charpentier, sa propriétaire, nous explique le concept.
Texte & Photos Patrice Hauser
Quelles sont les particularités de cet hôtel ? Nous avons décidé de créer un endroit chaleureux, agréable, ressourçant, de qualité, avec tout le confort possible, tout en étant accessible à tous. Situé au cœur d’Andernos-les-Bains, à quelques minutes à pied de la jetée et de sa plage, du centre-ville,
l’hôtel propose 25 chambres à la décoration contemporaine où la mer et le confort se côtoient. Je me suis entourée d’une équipe de professionnels d’Andernos ou d’Arès et nous allons développer la partie professionnelle, avec l’aménagement d’une petite salle de réunion pour accueillir associations, séminaires, Codir, Comex.
Un mot sur les infrastructures ? Le rez-de-chaussée accueille une salle pour les petits déjeuners (sucrés-salés servis sous forme de buffet) ainsi qu’un bar ouvert à tous ; pour les after-works, soirées entre amis, famille ou collègues, nous préparons des planches de tapas froides, chaudes, salées, sucrées, aussi pour les personnes extérieures à l’hôtel. Les chambres se répartissent sur trois niveaux avec ascenseur : 12 standards (inférieures à 15 m2) doubles, 7 supérieures (15 à 23 m2) doubles ou triples, 6 supérieures avec terrasse doubles ou triples. Elles offrent un design épuré et personnalisé. La literie est fabriquée en France. Elles sont toutes équipées d’écrans plats, coffres-forts, plateaux de courtoisie et wifi. L’autre point fort, c’est notre espace extérieur, avec un bassin de baignade naturel avec vaste terrasse, salons, transats. La déco a fait l’objet d’un soin particulier ? Oui, notre ligne de conduite tout au long de la construction avec ma décoratrice Delphine L. fut d’utiliser au maximum des produits de récupération : nos miroirs sont des anciennes portes d’ar-
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“Notre ligne de conduite tout au long de la construction fut d’utiliser au maximum des produits de récupération”
Hôtel Le 25 Ouvert toute l’année, réception ouverte de 8 h à 23 h – Entre 99 € et 120 € 25 av. Jean Sacchetti, 33510 Andernos-les-Bains hotel-le25.com 05 64 51 01 33
moire, nos consoles des anciennes petites tables, nos pieds de tables en fonte retapés, etc. Le bar, conçu entièrement par Delphine et sa fille Romane, est décoré d’anciens crampons de résinier, la déco achetée en brocante ou chez des particuliers et remise en état par Delphine, etc. Nous avons fait appel à des artisans locaux : la Métallerie du Bassin pour nos garde-corps, Strumia pour nos têtes de lit et penderies, les Bons Copeaux pour le mobilier de restauration, les armoires sur mesure, Vertige pour notre bassin, Arbor et paysage pour nos espaces verts, l’Atelier des toiles pour nos terrasses et notre entrée (toiles de bateaux), l’Atelier de l’Estey pour nos enseignes, Quadrillage pour nos carrelages et faïences, notre linge est entretenu par la Blanchisserie du Nord Bassin… 094
Avec un fort parti pris environnemental ? C’était pour nous un impératif. L’hôtel, construit par Villas3D, est BBC. Il y a beaucoup de matériaux écologiques, naturels (sol en plastique recyclé, traitement Rubio pour notre bois massif). À l’extérieur, notre bassin de baignade Biotop est naturel. Les filtres biologiques, à phosphate et lampe UV, remplacent les produits pour l’entretien et la désinfection. Pour l’entretien intérieur de l’hôtel, j’ai opté pour des appareils à vapeur sèche pour leurs propriétés écologique, économique, ergonomique : pas de produits chimiques, très peu d’eau, très maniables et légers pour préserver le personnel, mais aussi bactéricide, sporicide, fongicide, levuricide, mycobactéricide, virucide. Toujours dans notre démarche écologique, nous souhaitons récompenser nos voyageurs « cyclos » en leur déduisant 20 € du prix de la chambre.
Green ×
“La nature agit, l’homme fait.” Kant, philosophe prussien, fondateur du criticisme et de la doctrine dite “idéalisme transcendantal.”
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Laca Boïates, la bière du Bassin qui monte
À la tête de Laca Boïates, Sophie et Sébastien Lombart, 35 ans. Ce couple, installé à La Teste, a décidé de se lancer dans cette aventure après des carrières dans le commerce et l’industrie. « Depuis 2016, en brasseur amateur, je produisais ma bière dans le garage, pour rincer les copains au début », explique Sébastien. Pour au final sortir du garage pas moins de 90 litres de bière. Sophie, qui n’était pas fan de ce breuvage, a commencé à s’y intéresser et, en excellente gastronome, à associer bières et mets. Sébastien lâche alors son poste de directeur de production dans une entreprise de conditionnement de liquide. Laca Boïates est créée en mars 2021 et en janvier 2022, la brasserie tirait ses premières bouteilles sur le Bassin. « Mon hobby s’est transformé en passion, reconnaît Sébastien, mes compétences d’ingénieur, dans le conditionnement de liquides, de gestion d’unités de production, m’ont facilité la mise en place de la brasserie. » À l’arrivée,
© Karyn Juge
Laca Boïates, cette toute fraîche entreprise de fabrication de bière artisanale vient de remporter le challenge du club Deba dans la catégorie « environnement et développement durable », parrainé par Vivre le Bassin.
Sophie et Sébastien Lombart
trois types de bière, une blonde (Lager), une ambrée (Pale Ale Biscuit) et une blonde vénitienne (American Pale Ale), pour l’instant sortent de la brasserie. « Il faut entre six mois et un an pour obtenir une recette maîtrisable et reproductible, explique le brasseur, d’autant que nos bières ont une refermentation naturelle en bouteille grâce à la levure vivante. On n’injecte pas de gaz, comme dans les bières industrielles. » Et pour sa première année de commercialisation, le trio figure dans l’incontournable guide Hachette des bières. « Nous sommes la seule brasserie parmi les cinq sur le Bassin à y figurer », glisse 096
avec modestie Sébastien. Restait pour le couple une préoccupation écologique. Mieux traiter les résidus des céréales qui sont utilisées dans le processus de fabrication. « Ça nous faisait mal au cœur de ne pas recycler correctement la drêche, alors qu’elle peut être utilisée dans la fabrication du pain, transformée en farine », explique Sébastien. Avec la boulangerie la Tchanquée, installée à côté, les premiers tests sont lancés. C’est cette initiative qui a séduit le jury du club d’entreprise Deba. PB
lacaboiates.fr
Photos © Patrice Hauser
Café-vélo Les cyclistes ne peuvent pas la manquer… Située au bord de la piste cyclable à Cassy, la boutique 1 degré Ouest attire l’œil et invite les pratiquants de deux-roues à faire une petite escale pour se rafraîchir et découvrir une gamme d’articles originaux et sympas. Visite guidée par sa créatrice, Laure : Le concept de 1 degré Ouest est de proposer à un large public, adultes comme enfants, des accessoires de vélo et articles de plage de qualité conçus autant que possible par de petites entreprises ou créateurs français ou européens, voire locaux lorsqu’ils existent. Les produits sont sélectionnés en fonction des critères suivants : originalité, innovation, esthétique, qualité, démarche environnementale. La boutique comporte aussi un univers « souvenirs/cadeaux » qui satisfait
aux mêmes exigences. Rien que des artisans locaux. Pas de cabanes tchanquées chinoises ! Pourquoi 1 degré Ouest ? Pour refléter l’ancrage local , qui n’est autre que la longitude de Cassy. Mais je suis ouverte sur le monde ! À force d’entendre parler toutes les langues (ou presque !) sur la piste cyclable située devant chez moi, et étant moimême non seulement cycliste mais aussi traductrice (de formation et de profession), j’ai eu envie d’entrer en contact avec ces cyclistes de toute l’Europe qui empruntent la Velodyssée. La boutique se double donc d’un café-vélo qui permet de faire une pause autour de boissons fraîches, cafés, glaces et autres gourmandises (produits locaux en majorité). Et une pompe à vélo est mise à disposition des voyageurs ! Au final, les cyclistes de 7 à 77 ans empruntant la Velodyssée, qu’ils viennent de loin ou qu’ils soient d’ici, apprécient cette pause, qui est souvent la bienvenue et qui leur permet de se rencontrer et d’échanger. 098
Des nouveautés pour votre deuxième saison ? Les articles en boutique sont aux mêmes prix que sur internet mais avec la possibilité d’essayer/voir avant d’acheter et sans les frais de port ! Plus livraison gratuite, à vélo, sur le Nord Bassin (toute l’année, même hors périodes d’ouverture de la boutique). L’année 2022 s’ouvre avec des partenariats avec des acteurs locaux (marque BA, office du tourisme Cœur du Bassin) ainsi que des nouveautés et surprises en boutique et au café-vélo. PH
1 degré Ouest Ouvert de mi-juin à mi-septembre (tlj sauf lundi et jours de pluie) + certaines vacances scolaires et certains week-ends selon météo. 8 avenue de la Station, le long de la piste cyclable à Cassy/Lanton, près du boulodrome et du marché. undegreouest@gmail.com Instagram @1degreouest
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Natusen, au rythme des quatre éléments Eau, feu, air, terre. Chaque atelier proposé par Jean-Yves Bodin donne à réfléchir sur nos comportements, notre relation à l’environnement et à l’invisible. Texte & Photos Patrice Bouscarrut
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atusen est installé sur la presqu’île du Cap-Ferret, à deux pas du port de Claouey, en première ligne, face au Bassin. Dans cet espace apaisant, sous un chêne liège centenaire, le maître des lieux, Jean-Yves Bodin, propose des ateliers DIY de saponification (savon et cosmétique), de création de ruche pour les abeilles sauvages, de fours solaires et de tambours chamaniques. Quelle drôle d’idée ce mélange à première vue ! Mais à y regarder de plus près, Jean-Yves y trouve une cohérence implacable. Son écoute du monde qui l’entoure tourne autour des quatre éléments que l’on retrouve dans les philosophies naturelles : l’eau, l’air, la terre et le feu. Et donc, le savon 101
pour l’eau, les abeilles pour la terre, le four solaire et les poteries raku pour le feu et enfin le tambour chamanique pour l’air. CQFD.
Les sept directions C’est aussi une autre école de la vie, loin du mainstream, des stéréotypes, de la vie à cent à l’heure qui nous fait oublier l’essentiel. Ici, on se pose, on prend le temps de respirer, un retour aux sources, au cœur des vibrations de l’âme. Une introspection du soi et une ouverture vers l’autre. Et quoi de mieux pour commencer que la fabrication de son tambour chamanique ? On choisit d’abord la peau de son instrument, en prenant conscience du sacrifice
Four solaire, fabrication de savons, de ruches... tout est lié.
de l’animal (chèvre, cerf ou élan) qui va nous accompagner dans ce voyage vibratoire. Puis on tresse les cordages, on se rate, on recommence, sous le regard bienveillant de JeanYves. Ensuite, les premiers sons arrivent… Dès les premiers coups de mailloche sur la peau, la magie opère. Un son grave, les vibrations traversent tout notre corps. La connexion avec l’instrument est immédiate. Rien à voir avec les sons numériques crachés de son enceinte bluetooth. « L’onde que l’on ressent dans le corps permet de vivre une expérience forte, explique Jean-Yves, il y a quelque chose d’hypnotique. » Et quand on connaît mieux son instrument, chaque nuance nous transporte dans des univers jusqu’alors inconnus. Place à la pratique donc, dans le jardin, ou en forêt. Jean-Yves Bodin, en maître de cérémonie, accompagne les membres du groupe dans leur premier voyage. Et le regard se dirige vers de nouveaux rivages. Le nord et la sagesse, la vieillesse, la glace. Le sud et la plénitude de la puissance, de l’énergie solaire. L’est et le vent, le commencement. L’ouest et le
couchant, la fin du cycle. Mais aussi vers d’autres directions, le monde souterrain, les étoiles et l’univers et enfin la septième : le cœur, l’amour.
Accueil des abeilles sauvages L’atelier suivant aborde une préoccupation écologique de premier ordre : les abeilles. « Quand j’entends les apiculteurs dire que les abeilles sont domestiques, qu’elles ne peuvent pas vivre sans l’homme, je ressens une profonde tristesse, car c’est faux ! L’apiculteur aime les abeilles dociles, travailleuses et qui ne piquent pas. On les fait travailler jusqu’à l’épuisement et on les nourrit mal avec un substitut. C’est comme nous, humains, on nous demande d’être dociles, travailleurs et mal nourris. C’est pareil. » Donc ici, place au temple de l’Apis mellifera, l’abeille sauvage qui se débrouille toute seule, qui pique quand on l’enquiquine, comme les frelons asiatiques. Bref, une rebelle. JeanYves Bodin ne cesse d’expérimenter les ruches pour accueillir les copines et compte bien faire des disciples dans cette démarche. Et miracle, avec l’arrivée du printemps, les nouveaux congénères sont arrivés en force. Comme quoi, il n’en fallait pas plus pour leur donner un habitat adapté et militer ainsi pour une nature plus sauvage.
Trouver l’humilité Entre-temps, Laurent sort du four solaire une cocotte. Place maintenant à l’élément feu, mais en douceur, à 120 °C. La « low tech » se met au service de la « slow food ». Ici encore, on repense la cuisine, la façon de manger. Si vous commencez à vous préoccuper du repas de midi un quart d’heure avant, c’est mort. La cuisson se fait sur plusieurs heures. « Se placer dans une position de sobriété vis-à-vis de l’énergie à notre disposition est une expérience qui peut nous apporter de l’humilité », explique Jean-Yves sur son site. Humilité aussi face à l’astre solaire et ses caprices. Trop de nuages et point de salut. 102
Les tambours chamaniques ont quelque chose d’hypnotique.
Le naturel dans la peau Reste donc l’élément eau. Jean-Yves Bodin est devenu un spécialiste de la cosmétique « notox », édite des guides pratiques et propose bien sûr des formations. « Faire des cosmétiques naturels, c’est très complexe, expliquet-il. J’ai fait une étude. Il n’y a pas une solution, il faut toujours réfléchir pour que ce ne soit pas nocif pour l’environnement. » Entre les savons, les déo, les shampoings, le dentifrice en poudre ou la crème solaire, le spécialiste est devenu incollable. « Je veux que ce soit simple et rapide à faire et que l’on évolue sur son comportement », conclut-il. Changer son regard sur le monde, c’est bien la devise de Natusen.
“On tresse les cordages, on se rate, on recommence, sous le regard bienveillant de Jean-Yves”
natusen.fr
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Rafraîchir les villes avec de l’eau de pluie C’est une entreprise innovante dont on parle peu sur le Bassin et qui pourtant fait figure de leader français en matière de récupération intelligente des eaux de pluie. L’entreprise miossaise Kipopluie, dirigée par Jacques-Albert Roussel et son épouse Stéphanie, développe actuellement une nouvelle technologie qui devrait permettre, d’ici l’an prochain, de rafraîchir les îlots de chaleur urbains.
Texte & Photos Armelle Hervieu (sauf mentions)
Q
uand il a quitté l’armée et son poste d’officier il y a 20 ans, Jacques-Albert Roussel savait qu’il voulait créer une société. Mais pas n’importe laquelle. Une société qui réponde aux besoins et aux problématiques actuelles et futures. Après avoir songé à investir dans le domaine de l’énergie, il s’est ravisé, pensant qu’il y avait plus important encore. « Le sujet du siècle, qui est souvent totalement occulté par les questions d’énergie, c’est la problématique de l’eau », assure le patron miossais, tombé amoureux de la région lors de sa dernière mission au sein de l’escadron Pyrénées à la BA 120 de Cazaux. Jacques-Albert Roussel fait très vite la synthèse de la problématique. « Nous sommes de plus en plus nombreux sur Terre, tandis que la ressource devient de plus en plus rare et perfectible. Or, il pleut des quantités d’eau très importantes. Entre 800 et 1 000 litres par an et 104
par mètre carré de toiture. » Le jeune patron trouve aberrant que l’on ne fasse rien de cette ressource très abondante. Il crée Kipopluie en 2005 pour permettre aux entreprises et collectivités françaises, qui possèdent de grands bâtiments et donc de grandes toitures, de récupérer cette manne naturelle et de faire de notables économies.
Lidl, McDonald’s, Leroy Merlin… sont ses clients Jacques-Albert Roussel a conçu lui-même son système intelligent. Car le métier de Kipopluie n’est pas tant de récolter l’eau météorique dans des cuves que de gérer au mieux et de filtrer cette ressource tombée du ciel. L’entreprise équipe ainsi ses cuves de filtres ultra performants qui ont remporté quatre brevets européens, notamment car ils sont capables de filtrer l’eau à une vitesse record et cela même en cas de pluie
équipés par Kipopluie : 28 magasins Leroy Merlin, 55 McDonald’s, la Cité du vin et le stade Arena à Bordeaux ainsi que de nombreux châteaux viticoles, parmi lesquels de grands crus comme l’Angelus qui utilisent les eaux de pluie pour irriguer leurs vignes. « Le pH de l’eau de pluie n’est pas modifié par le chlore présent dans l’eau du robinet. Elle convient bien mieux aux cultures », précise JacquesAlbert Roussel.
© Kipopluie
L’eau de pluie rafraîchie est envoyée sous nos pieds
Les récupérateurs d’eau de pluie intelligents de Kipopluie équipent certaines des plus grandes plateformes logistiques de France.
“Il pleut des quantités d’eau très importantes. Entre 800 et 1 000 litres par an et par mètre carré de toiture”
centennale. Par ailleurs, JacquesAlbert Roussel et les ingénieurs de Kipopluie planchent sur un système de gestion connectée de récupération des eaux de pluie. Il s’agit de mesurer, en permanence, où en est le niveau d’eau de la cuve et de pouvoir basculer, d’un simple clic, de la cuve au réseau d’eau potable en cas de besoin. Le concept, très ingénieux, a déjà séduit plusieurs dizaines de grandes entreprises. Il équipe ainsi les toits des plateformes logistiques de Lidl, La Poste ou encore Maisons du monde dont la toiture, qui mesure 65 000 m2, permet de récupérer 300 000 litres d’eau météorique par an. Bien sûr, cette eau ne peut être utilisée que pour les usages dits techniques mais c’est déjà très utile. Les besoins de telles structures sont en effet énormes. Les laveuses de sol, par exemple, utilisent des quantités d’eau très conséquentes. Sont aussi 106
Aujourd’hui, l’entreprise Kipopluie veut aller plus loin encore sur le terrain de l’innovation. Non contente de récupérer l’eau de pluie, la société compte maintenant l’utiliser à des fins de rafraîchissement des villes. Ses équipes planchent, en compagnie de Riva, la chienne des patrons, sur un système de refroidissement des îlots de chaleur urbains par circulation d’eau de pluie rafraîchie sous le sol. « Ce que nous voulons faire, c’est un peu le même principe que lorsque vous marchez sur un carrelage frais en plein été », explique Jacques-Albert Roussel. L’eau de pluie récupérée sera enterrée et donc naturellement rafraîchie à une température de 15°. Elle sera ensuite envoyée juste sous la surface urbanisée à rafraîchir, avant de redescendre dans une cuve à eau chaude et ainsi de suite. Le président de Kipopluie escompte obtenir ainsi 3 à 5 degrés de rafraîchissement. Le Grand Lyon et le Grand Paris sont intéressés par le projet qui reçoit le soutien de la région Aquitaine et de la BPI France. Des « bancs d’essai » vont prochainement être installés juste à côté des locaux de Kipopluie, dans la ZAC Mios 2000. À l’issue de cette phase de tests, l’entrepreneur du Bassin espère pouvoir commercialiser son système de refroidissement dès 2023 sous des îlots de chaleur de 2 500 m2 environ. kipopluie.com
© Kipopluie
© Kipopluie
Jacques-Albert Roussel travaille avec une équipe commerciale 100 % féminine tandis que, côté technique, l’équipe est 100 % masculine.
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MOBI LI TÉ
TROIS SALLES, TROIS AMBIANCES Même chez les berlines de luxe et les limousines, l’e-mobilité est une nécessité. Nous avons sélectionné trois autos qui allient confort, prestance et efficience, chacune à leur manière, avec des motorisations à l’hydrogène, en 100 % électrique ou en hybride rechargeable. Revue de détail… QUELQUES CHIFFRES CLÉS Moteur électrique 333 ch Batteries 107,8 kWh Autonomie théorique 725 km Autonomie réelle constatée 550 km À partir de 128850 €
Le verdict Faire mieux qu’une Classe S, Mercedes y est parvenu avec l’EQS, en ajoutant le silence aux qualités reconnues de ces limousines.
Mercedes EQS 450+ ÉLECTRIQUE
Qu’est-ce qui est le plus impressionnant ? L’extérieur, avec ces dimensions hors-norme de 5,23 mètres de long, et cette carrosserie sculptée comme un galet avec un Cx (coefficient de pénétration dans l’air) record de 0,20, gage d’une efficience inédite sur route ? Ou l’intérieur, avec l’hyperscreen, cette dalle numérique s’étalant sur 141 centimètres de large, combinant trois écrans distincts en un grand ensemble à la présence aussi impressionnante que futuriste, et dotée de l’assistant vocal MBUX, qui est tout simplement le meilleur du marché. Que cela ne fasse pas de doute : avec sa ligne EQ, Mercedes est en train de proposer des alternatives 100 % électriques à toute sa gamme. Si la Classe S fait référence chez les limousines, l’EQS aspire ainsi 108
Texte Philippe Guillaume Photos DR
à faire référence chez les limousines électriques et le doute n’est pas permis quand l’on découvre l’intérieur, d’un luxe remarquable. Les attentions sont multiples pour l’équipage : entre l’éclairage d’ambiance, la qualité de la sono, les sièges massants, chauffants, ventilés à l’avant comme à l’arrière, la suspension d’un filtrage exceptionnel, l’absence de bruits extérieurs et de turbulences aérodynamiques, on voyage tout simplement en première classe. Le gabarit généreux de l’auto a permis à Mercedes de loger des batteries d’une capacité record : sur route, plus de 600 kilomètres d’autonomie sont réalistes. En d’autres termes, vous partez en Bretagne depuis Paris et arrivez à destination sans avoir à recharger. Puis, au retour, une borne rapide vous permet de refaire le plein d’énergie le temps d’un café et d’une petite pause, ce qui est absolument remarquable : l’EQS accepte des recharges à 200 kW ! Enfin, les roues arrière directrices confèrent à cette limousine une agilité remarquable qui lui permet de se faufiler en ville sans soucis.
QUELQUES CHIFFRES CLÉS Moteur 4 cylindres essence + moteur électrique, puissance cumulée 250 ch Batteries 15,6 kWh Autonomie électrique théorique 61 km Autonomie réelle constatée 40 km À partir de 58000 €
DS9 E-Tense 250 HYBRIDE RECHARGEABLE
Bien que construite en Chine, la DS9 se veut l’incarnation du luxe à la française et c’est le cas dans sa version haut de gamme Rivoli : intérieur cuir pleine fleur, sono Focal de haut niveau… On se sent particulièrement choyé dans cette berline, dont on aura au préalable admiré le niveau de détail de la carrosserie, entre la cinématique des feux avant à leds et des feux arrière à motif « diamant », tout comme le retour de clignotant sur le montant de custode arrière, comme la DS
originelle. Techniquement, la DS9 partage de nombreux éléments avec la Peugeot 508, mais sa plateforme est étirée de 10 cm, au bénéfice de l’espace intérieur. Sous le capot, la marque offre des motorisations hybrides rechargeables, en 225 et 250 chevaux, ainsi qu’en 360 chevaux avec quatre roues motrices. C’est, à nos yeux, la motorisation intermédiaire la plus intéressante, notamment parce qu’elle offre la plus grande batterie, d’une capacité de 15,6 kWh, pour une autonomie 100 % électrique de 61 km (dans les faits, vous en ferez une bonne quarantaine). Et sur la route, l’équilibre du châssis, parfaitement calibré entre confort et efficience, séduit pleinement.
Le verdict Voici une manière intéressante de rouler différemment, tout en conjuguant efficience et polyvalence. QUELQUES CHIFFRES CLÉS Moteur électrique 182 ch Batteries : pile à combustible, 5,4 kW/l Autonomie théorique 650 km Autonomie réelle constatée 450 km À partir de 69400 €
Toyota Mirai HYDROGÈNE
L’hydrogène, c’est l’avenir ? C’est fort possible, une fois que l’on aura réglé le problème de l’énergie nécessaire à la fabrication de ce type d’alimentation, ainsi que son stockage et sa distribution. Le chantier est balbutiant, mais en cours de nette amélioration. La Toyota Mirai, qui en est à sa seconde génération (la première est sortie en 2014, avec un design assez controversé, là où ce second opus est nettement plus élégant, avec des airs de grand coupé élancé
façon Audi A7), est ainsi très en avance sur l’écosystème dont elle dépend. Rappelons les bases du concept : le véhicule à hydrogène n’a que des qualités ! Il combine une motorisation électrique, alimenté par une pile à combustible, nourrie par une bonbonne d’hydrogène sous très haute pression, et dont on fait le plein en quatre minutes. En action, l’auto ne rejette que de la vapeur d’eau. À la conduite, le système est transparent : douceur et sérénité sont au rendez-vous, avec un sentiment de tapis volant rarement expérimenté ailleurs, et sans la brutalité des accélérations ressentie parfois au volant des autos électriques. 109
Le verdict Dotée d’un agrément de conduite d’un grand raffinement et d’une grande douceur, cette Mirai préfigure le futur…
MOBI LI TÉ
À l’eau vélo La liberté n’a jamais été si proche que depuis qu’il suffit d’un simple coup de téléphone pour y accéder. Originaires du Bassin, grâce à leur service gratuit de livraison de vélos, Joffrey Segura et Marianne Balestra, ont voulu faire gouter aux gens de passage, un bout de ce rêve qu’ils vivent au quotidien, loin des voitures et de l’agitation.
Photos © Mélanny Rodrigues
En famille ou entre amis, À l’eau vélo, offre à tous de s’accorder du temps et de profiter l’esprit léger sans la contrainte de l’attente, ni de devoir revenir sur vos pas. De la Guitoune à l’hôtel Ville d’Hiver, depuis votre maison de vacances ou dès la sortie de plage, les deux amoureux vous permettent d’un coup de pédale, de découvrir le Bassin en autonomie, de manière douce et responsable. Soutenue par une belle flotte de vélos électriques ou musculaires exclusivement fabriqués en France, la petite entreprise familiale née de l’envie de transmettre et de partager, étend désormais sa réactivité sans s’éloigner de ses valeurs initiales. Amoureux de la région et attentifs à cet environnement qu’ils connaissent sur le bout du coeur, le jeune entrepreneur et la neuropsychologue ont imaginés des itinéraires qui accompagnent les cyclistes dans la conception de leurs escapades tout au long de l’année, grâce un guide numérique conçus sur-mesure. De l’emblématique Dune du Pyla jusqu’à la secrète cabane de l’Aiguillon, faisant halte dans les quatre saisons d’Arcachon, ils vous emmènent avec passion à la rencontre des locaux et de ce mode de vie si particulier qui fait le charme du coin. MR aleauvelo-arcachon.fr instagram.com/aleauvelo 110
Sport ×
“C’est par le bien être que se crée le bien être.” Proverbe chinois
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Idaways, la petite semelle qui donne des ailes Luc Royer, originaire de Toulouse, a adopté la vie du Bassin et s’est installé au Pyla. Cet entrepreneur a créé Idaways, qui propose des semelles amortissantes révolutionnaires, pour le sport mais aussi le quotidien.
Pourquoi vos semelles sont-elles révolutionnaires par rapport aux autres sur le marché ? Nos semelles gèrent le choc, sans le supprimer entièrement, suivant les recommandations des médecins avec qui on a travaillé. Mais surtout, elles éliminent l’onde de choc. Tout en absorbant une quantité adéquate de l’énergie appliquée lors de l’impact du sol. Une partie de l’énergie est restituée lors du transfert du poids du corps sur l’autre jambe pour impulser sereinement l’engagement du pas suivant. Les semelles classiques utilisent le gel, l’air. Le problème c’est que l’amorti est trop fort et trop souple. Les nôtres ont un amorti rigide, les utilisateurs au début nous disent qu’ils les trouvent dures.
© Patrice Bouscarrut
Comment un Toulousain choisit de s’installer sur le Bassin ? Mon associé, Marc Cadepuy, est bordelais et, il y a bien longtemps, des amis m’ont fait connaître le Bassin. Je suis tombé sous le charme. Même si je dois encore aller à Toulouse pour le travail, je vis au Pyla, j’ai monté mes activités ici.
Luc Royer, créateur de la société Idaways
Quelle est la technologie que vous utilisez par rapport à la concurrence ? L’entreprise Artec Aerospace, dont je suis associé, a inventé cette technologie pour l’espace, l’aéronautique et bien d’autres secteurs. Elle est leader mondial dans le domaine de l’anti-vibration et amortissement dynamique et rigide. On a des logiciels, des bases de données, qui nous permettent de faire des calculs importants. Cela nous permet de travailler sur une dizaine de paramètres au lieu d’un comme sur les semelles classiques. Je ne peux pas vous en dire trop car la conception est un peu secrète. 112
Ces semelles sont destinées à quelles personnes ? Tout le monde peut y trouver un avantage. Moi je les mets tout le temps. Elles permettent d’éviter la fatigue, de prévenir le mal au dos. Les sportifs professionnels en raffolent, par exemple les joueurs de badminton, les coureurs. Mais aussi les golfeurs, les randonneurs ou encore les femmes qui portent des talons hauts, car nous avons décliné trois gammes adaptées à chacun. Vous les trouverez sur notre boutique en ligne. PB
idaways.fr
Texte Armelle Hervieu Photos Armelle Hervieu & DR
Solène, championne des garçons de voyage Solène Carlhant est l’un des meilleurs cavaliers d’entraînement et garçons de voyage de France. Elle a remporté l’an dernier la seconde place aux trophées nationaux du personnel. Rencontre avec cette jeune femme épatante qui entraîne les chevaux arabes de l’écurie d’Élisabeth Bernard à La Teste.
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“J’adore être leur repère dans un nouvel hippodrome, les faire beaux, les rassurer” son professeur principal lui parle de l’Afasec, l’école des courses hippiques qui forme, entre autres, au métier de jockey. « Cet homme était extra. Il s’appelait monsieur Almodovar. Il connaissait ma passion pour les chevaux et il avait fait des recherches pour moi. Je lui en suis toujours très reconnaissante ! », confie Solène qui s’est accrochée dans cette voie.
« C’était son rêve et ça se voyait »
S
Solène travaille depuis l’âge de 14 ans dans l’univers des chevaux, sa passion.
olène Carlhant est l’alliance parfaite entre force et douceur. Cette cavalière testerine hors normes a toujours parfaitement su ce qu’elle voulait faire : travailler avec les chevaux et les emmener au plus haut niveau. Mais, en selle comme au box, elle fait toujours preuve d’une infinie douceur et tendresse avec ces animaux qu’elle respecte, admire et aime profondément. C’est à l’âge de 6 ans que Solène monte pour la première fois. Puis, à 10 ans, elle se met à pratiquer régulièrement l’équitation. « J’en rêvais depuis toujours mais mes parents redoutaient que je me mette à ce sport qui est assez dangereux. » Solène se jette à corps perdu dans la discipline. Elle s’investit à fond, avec son club cazalin, dans le horse ball, se passionne pour la compétition et prend goût à l’adrénaline de la victoire en équipe. À 14 ans, tandis qu’elle s’ennuie sur les bancs du collège Henri Dheurle, 116
Car il en faut du courage quand on se retrouve interne à 14 ans à Mont-de-Marsan et qu’on entame un contrat de professionnalisation au même âge dans une écurie de course. « C’est un monde rude. Le métier est dur. On se lève tôt et on entraîne des chevaux qui ne sont pas des chevaux de club. Ils ont beaucoup plus de sang », se remémore Solène. C’est déjà à La Teste, chez JeanFrançois et Élisabeth Bernard, que Solène débute son apprentissage il y a dix ans. Élisabeth se souvient : « Elle n’était pas la meilleure à cheval mais elle faisait preuve d’une grande détermination. Elle nous avait écrit une lettre à Jean-François et moi pour nous dire combien elle souhaitait devenir garçon de voyage. C’était son rêve et cela se voyait. » À force de ténacité et au bout de trois ans de formation, Solène Carlhant parvient à ses fins. Elle devient cavalier d’entraînement et se spécialise peu à peu dans le métier de garçon de voyage. Une profession qui ne se dit et ne s’écrit qu’au masculin parce qu’elle a longtemps été exercée exclusivement par des
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“Quand le cheval qu’on a accompagné de A à Z passe le poteau en tête, c’est une victoire pour lui et une forme d’accomplissement pour soi”
Le métier de « garçon de voyage » consiste à la fois à entraîner les chevaux et à les accompagner les jours de courses.
hommes. Même si aujourd’hui la tendance s’inverse nettement. Le métier consiste à accompagner le cheval que l’on a entraîné jusqu’au moment de la course. « On est en quelque sorte sa nounou », précise Élisabeth Bertrand, que tout le monde à La Teste nomme Babeth. « J’adore partir avec les chevaux, être leur repère quand on arrive dans un nouvel hippodrome, les faire
beaux, les rassurer et puis, surtout, les voir gagner. Quand le cheval qu’on a accompagné de A à Z passe le poteau en tête, c’est une victoire pour lui et une forme d’accomplissement pour soi », témoigne Solène.
Son dévouement aux courses récompensé Aujourd’hui, la jeune femme a fait la preuve de sa grande compétence dans le métier. Élisabeth Bernard, qui est redevenue son employeur après que Solène a passé quelques années à Royan où elle entraînait des chevaux d’obstacles, l’a inscrite 118
l’an dernier au concours national du meilleur employé d’écurie de courses. Solène est arrivée seconde dans la catégorie des garçons de voyage. « Son talent, son dévouement aux courses et son comportement exemplaire vis-à-vis des autres ont été récompensés », résume avec force celle qui fut sacrée meilleure femme entraîneur de chevaux arabes en 2017. Une reconnaissance précieuse pour Solène qui s’engage à fond dans son métier. Malheureusement, la jeune femme sait qu’elle ne pourra pas l’exercer encore longtemps. Malgré tout son talent, son corps en a décidé autrement. Elle a déjà failli en mourir en février 2017. « Cela faisait plusieurs jours que je n’étais vraiment pas bien. Mais je ne voulais pas lâcher l’entraînement de mes chevaux. C’était à Royan. Une amie m’a poussée à aller à l’hôpital après que je me suis évanouie en selle. Mon cœur a failli lâcher et je faisais une embolie pulmonaire », se souvient Solène. Transférée en urgence à Haut-Lévêque, la cavalière y est prise en charge en soins intensifs. Elle est sauvée mais on lui découvre une maladie cardiaque grave. Les médecins ne sont pas certains qu’elle puisse remonter à cheval. Solène se bat et finit par galoper de nouveau. « C’eut été triste une vie sans cheval », avoue t-elle. Désormais, la jeune femme de 24 ans savoure chaque instant comme le dernier. Tellement heureuse de vivre à 200 % sa passion pour l’amour de sa vie, les chevaux.
Enfants ×
“Un enfant prodige est un enfant dont les parents ont beaucoup d’imagination..” Jean Cocteau
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Virginie Sanchez
Photos © Mélanny Rodrigues
Fraîchement gujanaise, Virginie Sanchez, l’auteure-illustratrice des Trois Grains de riz, album écoulé à plus de 100 000 exemplaires chez Flammarion, anime depuis quelques mois des ateliers de dessin destinés aux jeunes du Bassin. Entretien avec cette artiste spirituelle, intéressée par tout, émerveillée d’un rien.
Virginie Sanchez peignant son personnage Louloup.
Quel rôle occupe le dessin dans votre vie ? Petite, j’étais introvertie, j’avais des difficultés à nommer mes émotions, le dessin m’a permis de les exprimer. Grâce à lui, j’ai transformé mes failles en qualités, maintenant, il me sert de rempart, il me protège. Louloup et Lili, Tsin-Line ; les animaux sont présents dans tous vos ouvrages, pour quelles raisons ? Ils sont la porte d’entrée vers le monde des humains, ils sont bienveillants, ne portent pas de jugement et en tant qu’illustratrice jeunesse, je pense que c’est une manière saine d’introduire à travers eux des valeurs morales, humaines et sociales.
Qu’est-ce que vous souhaitez transmettre durant vos ateliers ? Je m’intéresse au développement personnel et le dessin, comme toutes les expressions artistiques, me paraît indispensable dans le cheminement d’un enfant pour devenir adulte. Il est très important de cultiver cette part intuitive, émotionnelle que le langage empêche parfois. L’art éveille, soulage, ça vaut aussi pour les parents ! En parallèle, vous tenez une maison d’hôte. Quelques mots à ce sujet ? La Manida, c’est ma vision fantasmée du Bassin. En arrivant ici, j’ai fait l’acquisition d’une cabane en bois, que j’ai entièrement retapée pour en faire un lieu d’âme, 120
reposant, débordant de végétation. Les vacanciers viennent de partout, sont libres de s’y sentir chez eux et de découvrir à leur rythme cette jolie région. Et à propos de vos futurs projets ? J’apprends à dessiner sur le vif pour développer à terme un événement local sur les carnets de croquis. J’ai longtemps cru que je vivais dans un mouchoir de poche et à chaque fois que je me balade sur le port, je le déplie petit à petit. En ce moment, c’est un immense figuier de Barbarie qui m’inspire.
instagram.com/virginiesanchez_illus facebook.com/cabanelamanida
« La tribu du Bassin » à l’école de la nature C’est au sein du Centre de mer d’Andernos qu’est née, à la rentrée dernière, une idée géniale. Celle de créer un lieu où les enfants du Bassin découvriraient tous les mercredis leur environnement aux côtés d’une animatrice mordue de plantes et de petites bêtes. L’idée a germé puis a fleuri. Elle a pris la forme d’un club nature, ou plutôt d’une tribu nommée « la tribu du Bassin ». Texte & Photos Armelle Hervieu
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ls sont treize. Épuisettes à la main, casquette vissée sur la tête, couteau dans le sac à dos et tennis aux pieds. Ils sont treize amoureux en herbe de la nature bien décidés à partir l’explorer. Nous sommes un joli mercredi de mai et Lyam, Mathilde, Amaury, Jeanne, Ethan et les autres sont parés pour une balade en forêt. Marion, leur animatrice environnement, lance le top départ de l’escapade. Tout le monde a la banane au moment de s’échapper pour
pêcher des petits trésors dans le Bétey. C’est Marion qui a eu l’idée de créer ce club nature il y a quelques mois. Lasse d’accueillir seulement des enfants en classe verte qu’elle ne voyait qu’une semaine et à qui elle n’avait donc pas le temps de transmettre tout ce qu’elle souhaitait, Marion Lomont propose à son patron, le directeur du Centre de mer, Bertrand Perrin, de lancer à la rentrée 2021 une activité de découverte de la nature qui s’adresserait 122
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“On ne laisse plus nos enfants s’ennuyer alors que c’est de l’ennui que naissent la débrouille et les trouvailles” aux enfants du coin. Le boss étant plein de bonne volonté et désireux « de sensibiliser les enfants du Bassin aux richesses de leur lieu de vie », il se bat pour décrocher des financements qui sont venus de la Coban, de la ville et du département. C’est ainsi que, depuis septembre, chaque mercredi, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il fasse soleil comme aujourd’hui, les petits de la tribu du Bassin partent à la conquête des ruisseaux et des sous-bois voisins.
Chacun a passé son permis couteau L’objectif de chaque après-midi d’exploration est simple pour Marion. Il
s’agit bien sûr d’apporter du bonheur aux enfants mais aussi une certaine forme d’autonomie, un bien-être, une confiance. Il n’y a qu’à voir les petits galoper parmi les arbres, soulever les souches pour y trouver d’étranges bestioles, écouter les oiseaux, reconnaître les insectes… pour comprendre que le pari est gagné. Ici, chacun est différent, il y a Lyam, l’agité, qui court partout à la recherche de nouvelles trouvailles. Le jeune garçon est assez épatant. Il touche à tout, reconnaît tout, s’intéresse à tout. Du cloporte à la termite, Lyam se passionne pour tous les animaux, sans exception. Il y a Max, le discret, qui ne fait pas de bruit, explore dans son coin, prend son temps et s’émerveille doucement. Il y a Lou, la petite rêveuse, qui s’est métamorphosée depuis qu’elle fait partie de la tribu du Bassin. « Sa maman m’a dit qu’elle avait complètement changé de comportement depuis qu’elle avait appris à manier le couteau. Elle a gagné en autonomie et en confiance », explique Marion qui a fait passer, à chaque enfant, un permis couteau au tout début des ateliers. Le couteau est un instrument extraordinaire pour ces petits explorateurs qui l’utilisent pour couper un champignon, se fabriquer un bâton
ou tailler une cabane. Pour le mériter, cependant, il faut apprendre à s’en servir avec patience et prudence. « Mon objectif est justement de leur apprendre à maîtriser les risques, à réfléchir, à analyser une situation et à se servir de leurs mains », détaille l’animatrice nature. Selon Marion, les enfants d’aujourd’hui ne savent plus se servir de leurs mains, ne savent plus se débrouiller tout seul avec un bâton ou un fil de fer pour les transformer en jouet et s’inventer des histoires. « On ne laisse plus nos enfants s’ennuyer alors que c’est de l’ennui que naissent la débrouille et les trouvailles », estime t-elle.
Le Centre de mer, un lieu d’accueil, un refuge Dans la forêt et au bord du ruisseau, les jeunes de la tribu du Bassin ont quant à eux appris à construire des cabanes, à se repérer dans l’espace, à reconnaître les animaux qui les entourent et à ne plus en avoir peur, aussi étranges soient-ils. Ils ont appris à prélever du bois sur un noisetier et à le remercier pour cette offrande. Ils ont appris la sobriété et la joie d’être ensemble, de partager des aventures à la fois simples et exaltantes. Tout cela grâce à une animatrice douée d’une belle patience et d’un sincère amour des enfants. Tout cela aussi grâce à un lieu ouvert sur l’autre et désireux d’éduquer à l’environnement. Un joli lieu que ce Centre de mer qui accueillait au tout début de son histoire des orphelins de guerre et qui recueille aujourd’hui en son sein, outre la tribu du Bassin, des classes vertes venues de toute la Gironde, des mineurs non accompagnés qui ont fui leur pays en guerre, des enfants maltraités ou abandonnés et gérés par l’Aide sociale à l’enfance mais aussi des adultes handicapés et bien d’autres personnes encore… Centre de mer 130 avenue de Bordeaux, Andernos-les-Bains 05 56 82 00 40 La tribu se retrouve tous les mercredis après-midis pour de nouvelles explorations en pleine nature.
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L’école des Possibles porte bien son nom La méthode Montessori préconise de mettre les enfants à l’abri de la pression d’apprendre afin de leur permettre de développer leur autonomie, leur curiosité et leur esprit de coopération. C’est ce qu’Ananda et Ophélie Touya ont souhaité faire en ouvrant une école Montessori à Gujan-Mestras en 2013. Texte & Photos Brigitte Vergès
T
out le monde connaît ou du moins a entendu parler de la « fameuse » méthode Montessori, sans bien savoir exactement en quoi elle consiste. De nombreux ouvrages ont été écrits sur Maria Montessori et sa méthode d’éducation. Même si elle a vu le jour il y a plus d’un siècle (1870-1952), elle est toujours terriblement d’actualité à l’époque actuelle où l’on cherche toujours le résultat, vise l’excellence et valorise la compétition. Maria Montessori faisait confiance au potentiel de chaque être humain et à son envie d’apprendre. Mais revenons à la maison-école des Possibles. « La pédagogie Montessori, on en parlait déjà à la maison avec nos parents. À l’époque, il y avait peu d’établissements qui la dispensaient. Après avoir pratiqué la pédagogie en orphelinat en Inde, je savais qu’au retour, j’allais le faire. On a plaqué nos jobs respectifs ma sœur et moi,
suivi la formation Montessori, « la Source », et c’est ainsi qu’est née l’école des Possibles » se souvient Ananda. Morgane puis Céline ont rejoint Ananda, toutes trois formées à la méthode Montessori en France et à l’étranger ainsi qu’à « la Source Montessori ».
davantage d’enfants. Cependant, nous souhaitons garder ce petit effectif et poursuivre avec ce format à taille humaine. Le fait que nous soyons seulement trois en permanence pour accompagner les enfants n’est pas déstabilisant pour eux. »
Agrandissement en 2020
« Les enfants savent qu’ils ne sont pas dans une école classique. Ils sont libres dans leur apprentissage mais avec des règles, ils choisissent ce qu’ils désirent faire dans la journée. Nous sommes en observation empathique pour les aider à faire seul les activités courantes de la vie quotidienne (mettre ses chaussons et ranger ses chaussures, suspendre son blouson, disposer ses repas et goûters, déposer son sac dans son casier), explique Morgane qui poursuit. À la fin de la maternelle, l’enfant doit avoir appris plein de choses. Ils fabriquent eux-mêmes leurs mots et se corrigent tout seuls. On voit, on
À l’été 2020, elles ont eu l’opportunité de s’agrandir portant la superficie à 300 m² et permettant ainsi d’accueillir une trentaine d’enfants dont 18/19 ambiance 3-6 ans et 12 ambiance 6-9 ans. « Nous avons de plus en plus de demandes avec notamment de nouveaux arrivants sur le Bassin qui ont la motivation d’éduquer leur enfant différemment dans un souci de bienveillance. Ils viennent essentiellement de La Teste et de Gujan mais nous couvrons le nord des Landes avec Sanguinet et Biscarrosse. Nous avons fait le choix d’investir pour pouvoir accueillir 127
Leur seconde maison
“Les moyens sont différents mais à la fin les acquis sont les mêmes en respectant le niveau requis par l’Éducation nationale”
Quelques places sont encore disponibles pour la rentrée de septembre : lecoledespossibles.net
suit mais l’enfant ne le sait pas. À la fin de l’année, ils sont capables de lire des livres. Une fois par semaine, nous faisons des activités manuelles et artistiques afin d’exercer leur motricité et créativité. Elles se font en groupe pour mettre l’accent sur l’entraide. En primaire, ils choisissent leur travail et à la fin de la semaine, tout ce qui a été demandé doit être fait, ce qui leur donne le goût de l’effort et de l’organisation. Ils sont dans l’obligation de faire et d’aller jusqu’au bout dans un temps donné. Tout le programme est le même avec grammaire, conjugaison, sciences, géographie, botanique, zoologie, mais atteint différemment, moins scolaire. La leçon qu’ils ont comprise est mieux retenue, ils s’approprient leur travail et se corrigent euxmêmes. Ils se connaissent, s’entraident et se stimulent. » 128
Potager, yoga, anglais et pique-nique « Le matériel utilisé est adapté et spécifique « Montessori », essentiellement en bois, acheté ou réalisé par nous-mêmes. Le potager mis en place leur a permis d’apprendre et de comprendre le cycle d’une plante. Ils ont planté leur propre semis de salades, plantes aromatiques avec coriandre et ciboulette, fraisiers et framboisiers et découvert la permaculture. Chaque midi, les enfants trient leurs restes de repas pour les jeter au compost qui alimente le potager. Nous avons des intervenantes extérieures pour de l’anglais chaque vendredi matin, du sport motricité et endurance chaque semaine, du yoga une semaine sur deux et de la danse en alternance. Nous faisons aussi des balades et pique-niques en forêt, tous ensemble ou pas. »
LE BI LLET DE PA S C A L BATA ILLE
© Patrice Bouscarrut
Interdit d’interdire
À
l’heure où parait ce nouveau numéro de votre magazine, le mois de mai 2022 n’est pas si loin, mais celui de 1968 s’estompe évidemment dans beaucoup de mémoires, et avec lui son célèbre slogan « il est interdit d’interdire » , que l’excellent journaliste Frédéric Taddeï a pourtant repris récemment en titre de sa remarquable émission sur RT France. Le philosophe Roger Pol Droit avait raison d’écrire, à l’occasion du cinquantenaire de Mai 68, que ce slogan consistant à faire « l’éloge inconsidéré de la transgression permanente et généralisée /…/ était fort stupide et, à terme, fort dommageable » .Effectivement, comme il le précise, ne rien interdire du tout, c’est en finir avec la loi, celle du droit aussi bien que celle de l’éthique. Or, il n’y a de monde humain, et de liberté possible, qu’en raison de quelques puissants interdits fondateurs. Le rêve d’un monde absolument sans interdit n’a rien d’un paradis. Ce serait un cauchemar, qui renverrait l’humanité au chaos et à la destruction. Au triomphe des forts et à l’écrasement
des faibles, donc au résultat exactement inverse à celui qu’un mouvement d’émancipation doit viser. Néanmoins, force est de constater, et je le déplore amèrement, qu’en ce début d’été 2022, dans notre pays comme dans bien d’autres et quelle que soit la thématique envisagée, la mode est plutôt à l’interdiction et à la limitation des libertés individuelles et collectives qu’à la transgression et à la suppression des contraintes. Mieux, que ce soit au nom du très liberticide et dangereux « principe de précaution » ou au motif parfois très contestable de la défense des minorités ou de telle ou telle espèce, les valeurs de responsabilité individuelle et de liberté de conscience et d’expression se réduisent comme peau de chagrin. Notre cher Bassin n’est évidemment pas épargné par cette fâcheuse tendance à vouloir emprisonner chacun de nos gestes, de nos motivations et de nos habitudes dans un carcan de règles, de lois et d’interdictions dont la stupidité de certaines rivalise avec la contre-productivité de beaucoup… J’en veux pour exemple les limitations draconiennes, depuis plusieurs années, des possibilités d’accès et de mouillage au banc d’Arguin. Prises au nom de la préservation des sternes qui nichent sur le banc et s’y reproduisaient depuis 1966 (deux ans avant l’interdiction d’interdire), et au motif que la présence des humains dérangerait les oiseaux, ces mesures ont abouti à un résultat sur lequel les ayatollahs de la Sépanso se gardent bien de communiquer : aucune naissance de sterne caugek n’a eu lieu sur le banc d’Arguin en 2019, une première depuis 1975 !! La raison : encouragées par la moindre fréquentation des plaisanciers et des amateurs de 130
bronzette ou de promenades sur le banc, des colonies de milans noirs et de goélands noirs ou argentés s’y sont multipliées, terrorisant les sternes et dévorant leurs œufs… Conclusion : là où les sternes vivaient et se reproduisaient parfaitement alors que les promeneurs allaient et venaient librement à Arguin, les règlements censés les protéger les ont en réalité mises en danger de disparition. Il en va de même des interdictions de plus en plus nombreuses concernant la constructibilité de certains territoires, et de l’extension exponentielle des « zones rouges » pour éviter les risques de submersion marine ou d’érosion côtière. Là encore, le principe de précaution est à l’œuvre : au lieu de laisser à chacun la responsabilité d’assumer un risque potentiel (quitte à évidemment renoncer à attaquer l’État ou la commune dans le cas où l’événement redouté se produirait), on préfère déresponsabiliser tout le monde et réduire de plus en plus les possibilités d’entreprendre et de créer. Ainsi, des milliers de propriétaires voient-ils leur patrimoine subitement dévalorisé et autant de candidats acquéreurs leur rêve s’évanouir au prétexte d’une menace dont personne ne peut sérieusement prédire les possibilités réelles de se concrétiser. Alors, à défaut de renouer avec l’espoir soixante-huitard d’une société sans interdits, ne faudrait-il pas pour autant se souvenir d’un temps où l’on vivait plutôt bien, dans un respect mutuel qui n’avait rien à envier aux préceptes en vigueur aujourd’hui et où l’on avait pourtant tellement plus de droits, de libertés et d’autonomie. Interdit d’interdire, non, mais vivre le Bassin un peu plus libres, vraiment, essayons ! On ne devrait pas le regretter !
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