ÉDI TO
Miroir, joli miroir L
’un des plus beaux clichés de Paris ? Les quais dans la lumière dorée d’un petit matin d’été… Sauf que dans la vraie vie, cette carte postale peut tourner au cauchemar avec la vision de dizaines de rats en train de festoyer des restes de piquenique. Alors oui, on peut évidemment vitupérer contre la Mairie de Paris, les services de nettoyage jamais assez performants et même contre les touristes, ces « autres » qui salissent notre belle ville… mais il s’agirait aussi de nous regarder franchement dans le miroir. Le rat est une espèce commensale, c’est-à-dire qu’elle se nourrit de l’activité humaine : si les habitants traitaient bien leurs déchets, il n’y aurait pas cette prolifération de rongeurs dans la Capitale, à tel point que les scénaristes de Pixar ont imaginé Ratatouille à Paris, et pas ailleurs. Avant de s’indigner, il s’agit donc de savoir si nous sommes nousmêmes irréprochables… Plutôt que de se désespérer à la vue des mégots de cigarettes ou des cadavres de bouteilles le dimanche soir dans le parc des Buttes-Chaumont, à Montsouris ou à Vincennes, on peut aussi agir en ramassant un détritus au détour d’un chemin (exactement comme
003
on le ferait si on voyait, par exemple, une bouteille d’eau en plastique sur les rives de la Méditerranée) ou en se permettant une réflexion à ceux qui abandonnent leurs ordures. Parce que ça pourrit notre vie, mais aussi pour leur rendre service : la Mairie a décidé de sévir cet été en infligeant plus d’amendes à ces « indélicats ». Comme c’est tous ensemble qu’on changera le monde, autant prendre notre part dès maintenant ! Bon été !
Estelle Surbranche Rédactrice en chef
ABONNEMENTS Vivre Paris marjorie@editionsvivre.fr
RÉDACTION Vivre Paris 55 boulevard Pereire 75017 Paris Directeur de la publication Yann Crabé redaction@vivre.paris Editor at large Estelle Surbranche estelle@vivre.paris Direction artistique & Design graphique Grand National Studio hello@grandnationalstudio.com Secrétaire de rédaction Marianne Ravel
facebook.com/ vivre-paris
instagram.com/ vivreparis
twitter.com/ vivreparis
tiktok.com/ @vivreparis
La reproduction, même partielle, des textes, photos et illustrations est interdite sans l’autorisation de CAPITALE PUBLISHING. Le contenu des textes n’engage que la responsabilité de leurs auteurs respectifs.
Administration et finance Marjorie Batikian marjorie@vivreparis.fr Photographes/Illustrateurs Laure Cozic Corinne Schanté-Angelé Lucile Casanova Estelle Surbranche Nora Hegedus WLV Anaka Anne Thoumieux Manon Levet Johanna Alam Clément Savel Contributeurs Marie Dufour Juliette Le Lorier Anne Thoumieux Thomas Thevenoud Marianne Hesse Elodie Liénard Florence Valencourt Philippe Guillaume Marie Lacire
VIVRE PARIS est édité par Capitale Publishing SARL de presse au capital de 5 000 € Siège social 55 boulevard Péreire, 75017 Paris RCS 517 815 908 Gérant : Yann Crabé PUBLICITÉ Mediaobs 44, rue Notre-Dame des Victoires 75002 Paris Tél. 01 44 88 97 70 Fax 01 44 88 97 79 Pour envoyer un mail, tapez pnom@mediaobs.com Directrice générale : Corinne Rougé (93 70) Directrice déléguée : Sandrine Kirchthaler (89 22) Directeur de publicité : Arnaud Depoisier (97 52) Distribution France MLP Numéro commission paritaire 1224 K 90156 ISSN : 2106-9816 IMPRIMERIE Rotimpress. Girona, Espagne Photo de couverture © ANJA PARIS
Le papier de ce magazine est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées. pefc-france.org
004
© DR
© Cookheure
© Louis Comar
SOMMA I RE
Culture —
L’expo évènement : la Neue Sachlichkeit au Centre Pompidou p. 12
Enquête : Les rats sont les plus vieux ennemis des Parisiens… et ils sont bel et bien de retour cet été ! Pourquoi ? Et comment lutter contre leur prolifération ? L’équipe de Vivre Paris a enquêté… p. 34
Rencontre avec EmmanuelAlain Raynal, fondateur de Miyu, une société de production spécialisée en animation, et d’une galerie d’art associée p. 16
Dans l’atelier de… : Ojan a transformé un parking souterrain abandonné en un musée secret pour les street artistes p. 44
La librairie féministe d’Annabelle Chauvet et Juliette Debrix p. 22
Food —
Le plus grand salon de tatouage de Paris p. 25 Le théâtre et la danse continuent le show pendant l’été p. 28 Visite privée dans la cité des arts au cœur du 18e p. 30
Après la K-pop, la folie de la K-food déferle sur Paris : Vanessa et Linzey nous révèlent leurs meilleures adresses p. 54 Vincent Audoin imagine la vitrine de vos restaurants préférés p. 62 Success-story : le parcours hors du commun de Silax, pâtissier star p. 66
006
Portfolio —
Pour célébrer les habitants du Grand Paris, le ministère de la Culture a commandé des photos à 38 artistes contemporains : extraits choisis p. 72
Green —
Rencontre avec Thaïs Brujaille-Latour, directrice de TLM, le nouveau lieu de vie de la Petite Ceinture p. 81 Reportage exclusif dans les réservoirs d’eau de Montsouris p. 84 L’Académie du climat accueille les Parisiens et Parisiennes de tous les âges autour de programmes et ateliers pour apprendre et agir autour de l’écologie. p. 92
© Nora Hegedus
© DR
© Scoopdyga
V I V RE PA R I S ÉTÉ 2022
Enfant —
Nathalie Wyss et Juliette Lagrange : comment parler de la précarité aux enfants ? p. 97 Top 10 : devenir un superhéros, s’initier à l’apiculture, jouer dans une miniville de cinéma.... : le top des activités inédites à faire en famille cet été à Paris ! p. 98
Bien-être — Hommage olfactif de Chanel à la Ville Lumière avec une nouvelle Cologne d’exception, Paris-Paris p. 106
Aline Faucheur, pionnière du massage Kobido en France, a transmis à ses filles Margot et Othilie son savoir-faire p. 108
Le « breathwork » : Susan Oubari, son importatrice en France, explique ses principes fondamentaux p. 110
Cécile Omani, créatrice de la marque Omani, et son mari Salah dans leur duplex de Ménilmontant p. 136
La promesse de faire 20000 abdos en une séance de 20 minutes p. 116
Dans le bureau de Petite Friture, l’éditeur qui monte p. 144
Mode —
Visite de la maison de Carole Tolila et Thomas Isle en banlieue pavillonnaire dans le 92 p. 148
Balzac Paris, décryptée par sa directrice artistique, Chrysoline de Gastines p. 122 Alexandra Thiltgès, créatrice des maillots de bain Anja Paris, sublime tous les corps de femmes avec ses maillots de bain p. 128
Escapade — À trois heures en TGV de Paris, Marseille est la destination idéale pour une escapade de rêve à la mer p. 158
+
Déco —
Tiphaine Verdier, fondatrice de la marque Les Causeuses, lance sa première collection p. 135
0 07
Carnet d’adresses p. 154 L’humeur du printemps de l’illustratrice Laure Cozic p. 162
Photos © Nora Hegedüs
PU BLI -C OM MU NIQU É
L’ourson, mascotte de la maison Oris
ORIS
Nous aimons que le client prenne son temps et passe un bon moment en notre compagnie », sourit Vincent Coquet, Directeur Commercial et Marketing de Oris France.
De Montorgueuil à Saint-Germain
Sur un air de jazz
Après le succès de son premier écrin dans le bouillonnant et très mode quartier Montorgueil, Oris installe une seconde boutique en plein cœur de Saint-Germain… avec un petit twist jazzy !
« Fais-le à ta manière » Label disruptif depuis sa création en 1904, Oris n’est pas une marque de montres de luxe comme les autres : « Go your own way » (« Fais-le à ta manière») clame d’ailleurs la devise de la maison. En 2019, Oris avait donc choisi d’installer sa première boutique dans la Capitale, loin du triangle d’or parisien, dans le très trendy et vivant quartier Montorgueil. Pour sa seconde adresse, sise sur le mythique boulevard Saint-Ger-
main, la Maison suisse bouscule à nouveau les codes via l’architecture des lieux. Imaginé par le designer Veit Rausch, ce nouvel écrin fait ainsi honneur à l’esprit du quartier. Un magnifique bar en bois et de confortables banquettes rondes évoquent les iconiques brasseries voisines, comme Le Flore ou Lipp. Alors lorsque vous entrez, avant toute chose, on vous propose un délicieux café, torréfié à Paris : « Nous ne vendons pas que des montres, mais avant tout un lifestyle. 008
Il règne ici une ambiance vintage rassurante et assumée, renforcée par les boiseries au mur et les affiches d’époque des publicités de la marque. Le label suisse a également honoré l’histoire jazzy de Saint-Germain en aménageant la cave à la manière d’un speakeasy : elle s’ouvre à la vue de tous seulement grâce à un système de vérins automatiques impressionnant. « Nous y prévoyons des évènements, comme des ateliers d’horlogerie, mais aussi des dégustations pour nos clients », révèle notre hôte.
Des montres durables par nature Oris a créé des classiques, qui figurent aujourd’hui parmi les montres les plus désirables au monde.
La Big Crown (au catalogue depuis 1938 !) est inspirée de l’univers aérien. La Divers Sixty Five, l’Aquis ou la ProPilot X émanent des liens très forts que la maison entretient avec l’univers aquatique. « La marque est engagée dans des combats autour de l’eau. Nous faisons des partenariats avec des associations, des aventuriers, des plongeurs… , relate Vincent Coquet. Une montre mécanique Oris est durable par essence mais nous avons aussi pris nos responsabilités écologiques en créant des produits sans matière plastique, avec une structure telle que la montre soit réparable autant de fois que nécessaire. Certaines des montres sont même garanties pendant 10 ans ! L’ensemble de nos emballages sont recyclables et upcyclables. Nous avons conçu des pochettes en cuir, tannées végétalement où vous pouvez ensuite, par exemple, mettre vos lunettes. »
“Une montre mécanique Oris est durable par essence”
Une montre « à partager » Marque résolument contemporaine, Oris accompagne les tendances comme l’unisexe. « Chez Oris, nous ne réfléchissons pas en termes de montre féminine ou masculine : c’est le choix du client qui est important, assume Ferdinand Albareil, le responsable de la boutique. Nous avons ainsi remarqué que les hommes optent pour des cadrans de plus en plus petits et, les femmes, pour des cadrans de plus en plus grands… Alors nous proposons souvent aux couples d’acheter une montre en commun, en 38 mm ou 39 mm, une montre à partager. Un choix audacieux qui enthousiasmera les Parisiens et les Parisiennes qui aiment le classique… with a twist !
LES DEUX ADRESSES PARISIENNES DE ORIS Sur la rive gauche : 167 boulevard Saint-Germain, Paris 6 Sur la rive droite : 71 Rue d’Argout, Paris 2
Les équipes de la boutique Saint-Germain : Ferdinand Albareil, Thibault Chirinian, Audrey Berland et Joel Gertiser
009
Culture ×
“Pour réaliser cette exposition, j’ai suivi le parcours fantomatique des voitures qui descendent au parking.” OJAN, graffiti artiste p. 44
011
L’art de Weimar POST-EXPRESSIONNISME. Pour la première fois dans l’Hexagone a lieu une exposition de grande ampleur sur l’art et la culture de la Neue Sachlichkeit (« Nouvelle Objectivité ») en Allemagne. Les artistes de ce mouvement né juste après la Première Guerre mondiale se caractérisaient par une volonté de revenir à un réel « objectif ». Très liés à la république de Weimar, la plupart furent déclarés « dégénérés » par le régime nazi à son arrivée en 1933. Articulé autour du travail du e photographe August Sander, Menschen des 20. Jahrhunderts (« Hommes du XX siècle »), qui constitue une « exposition dans l’exposition », le parcours rassemble par ailleurs 900 œuvres liées à ce mouvement. On y retrouve en particulier les peintures pour le moins dérangeantes d’Otto Dix, George Grosz, Alexander Kanoldt, Georg Scholz ou Georg Schrimpf. Un écho contemporain est également donné à l’exposition dans la programmation parallèle du Centre Pompidou Berlin, nos années 20 (jusqu’au 3 juillet), qui invite à connaître tout ce qui fait « battre le cœur de Berlin en ces nouvelles années 20 » grâce à des rencontres, des spectacles ou du cinéma ! MH
➀ ➀ Otto Dix, Bildnis der Journalistin Sylvia von Harden (Portrait de la journaliste Sylvia von Harden), 1926, huile et tempera sur bois, 121 x 89 cm ➁ Otto Dix, Bildnis der Tänzerin Anita Berber (Portrait de la danseuse Anita Berber), 1925, huile et tempera sur contreplaqué, 120,4 x 64,9 cm
➁
© Adagp, Paris, 2022, Photo bpk / Kunstmuseum Stuttgart, Sammlung Landesbank Baden-Württemberg im Kunstmuseum Stuttgart / Frank Kleinbach @ADAGP, Paris
© Centre Pompidou MNAM-CCI © Adagp, Paris, 2022 Photo Centre Pompidou, MNAM-CCI/Audrey Laurans/Dist. RMN-GP @ADAGP, Paris
Allemagne / Années 1920 / Nouvelle Objectivité / August Sander au Centre Pompidou, jusqu’au 5 septembre 2022
© Pierre-Emmanuel Rastoin © Park Circus Paramount
En plein air CINÉMA. C’est devenu un must de l’été parisien : le festival de cinéma en plein air de La Villette ! On s’y installe en tribu, on pique-nique… et évidemment on se fait une toile s ous le ciel de Paris. Cette année, le thème est « Alors on danse » : 25 soirées où vous verrez notamment le twist endiablé de John Travolta et Uma Thurman dans Pulp Fiction, la valse de Nicole Kidman et Tom Cruise dans Eyes Wide Shut, ou pour les enfants, le swing de Duchesse et Thomas O’Malley dans Les Aristochats. Cette année, des ateliers sont prévus certains soirs, comme par exemple une démonstration et une initiation aux claquettes avec le danseur Aurélien Lehmann ! MH Du 20 juillet au 21 août 2022 à la prairie du Triangle (accès libre, du mercredi au dimanche, accès à la pelouse à partir de 19 h)
Paris, ville des amours
© Sergio Grazia
SOIRÉE. La barge du Rosa Bonheur sur Seine, amarrée dans le 7e, lance tous les dimanches soir la « Get in Dance », une soirée spéciale pour les lesbiennes et queers : un retour à l’esprit de la fameuse boîte Le Pulp que tenait Mimi, la boss des lieux, dans les années 2000. ES 014
Emmanuel-Alain à gauche et Pierre Baussaron à droite, les fondateurs de Miyu
L’animé superstar
Depuis combien de temps aviez-vous envie d’ouvrir une galerie liée à votre métier ? J’ai fait des études d’histoire de l’art et je suis un passionné d’arts visuels. En voyant le talent des réalisateurs et des réalisatrices avec qui je travaillais dans l’animé, l’idée est vite venue… d’autant que certains avaient déjà en tête de se diversifier à travers l’emploi d’autres médias que celui du cinéma d’animation. On imagine que l’animation, c’est une centaine de dessins qui marchent ensemble, contrairement à une galerie où on met en valeur généralement une
Photos © Galerie MIYU
Fondateur de Miyu, une société de production spécialisée en animation, Emmanuel-Alain Raynal installe une galerie dédiée au travail plastique autour du dessin, de la sculpture ou de l’animation sur des formes expérimentales dans le Marais. seule œuvre : comment articulezvous cette dichotomie ? L’animation est un ensemble de techniques. Là, vous évoquez la plus connue qui est le dessin animé, une succession de dessins qui crée le mouvement. Il peut se faire sur papier à la Walt Disney ou en numérique, en animation 2D. Il peut y avoir aussi du stop motion façon Wallace et Gromit, c’est de l’animation en volume avec des marionnettes en pâte à modeler, en laine… La troisième catégorie, c’est l’animation 3D comme les Pixar qui utilisent des techniques déjà employées par certains artistes contemporains. La galerie a une double mission : valoriser le travail des réalisateurs de 016
dessin animé, comme Simon Ruby qui propose un travail plastique à part, mais aussi valoriser toutes ces techniques. Nous pourrions par exemple coproduire le travail d’un plasticien désireux de s’emparer des possibilités offertes par ces techniques d’animation, mais qui ne saurait pas vers qui se tourner. Quelle est votre ligne artistique ? Nous avons une ligne très « auteur » avec Miyu : on défend le documentaire animé, l’animation pour adultes et on aime bien être défricheurs. Ce sera la même chose à la galerie ! ES Galerie Miyu 101 rue du Temple, Paris 3e
L’autre Maillol
© Sergii Molchenko
© RMN - Herve Lewandowski
SCULPTURE. Très connu pour ses sculptures de nus féminins épurés, Aristide Maillol était aussi un peintre sensible influencé par Courbet et les nabis. Le musée d’Orsay expose ainsi 90 sculptures, mais aussi des dessins, gravures, peintures et arts décoratifs de l’artiste. MH
Extrême fantaisie
Horst P. Horst, Vogue USA, 15 mars 1937
MODE. À la Fashion week haute couture de janvier, le défilé de Daniel Roseberry pour Schiaparelli a fait sensation avec des accessoires dingues comme des bijoux de poitrine en laiton doré ou un spectaculaire chapeau corolle : chacun a crié à la renaissance de la maison ! Coïncidence ? Le musée des Arts décoratifs met maintenant à l’honneur le travail de la créatrice italienne chouchou du Paris des années 20 et 30. À travers une scénographie poétique et immersive, on découvre évidemment ses modèles, mais aussi toutes les œuvres que ses amis de l’avant-garde parisienne, de Man Ray à Salvador DalÍ en passant par Jean Cocteau ou Elsa Triolet, ont réalisées pour elle. Fantaisie débridée et goût du spectacle : Elsa Schiaparelli avait déjà tout compris à l’esprit de la mode parisienne actuelle ! MH Shocking ! Les Mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli au musée des Arts décoratifs, du 6 juillet 2022 au 22 janvier 2023 018
© Didier Saulnier
Plonger dans un moment d’histoire VERSAILLES. Après une restauration d’envergure, la salle du jeu de Paume, emblématique de la Révolution française, vient d’être rouverte au public. C’est ici que le 20 juin 1789, plus de 300 députés du tiers état se trouvant à Versailles pour les états généraux convoqués par Louis XVI se réunissent et prêtent un serment devenu célèbre, l’un des actes fondateurs de la démocratie française. « Nous jurons de ne jamais nous séparer et de nous réunir partout où les circonstances l’exigeraient, jusqu’à ce que la Constitution du royaume fût établie et affermie par des fondements solides. » Deux cent trente-trois ans plus tard, c’est l’occasion de se replonger dans l’histoire du pays… Attention, la salle est accessible uniquement sur visite guidée. MH À réserver sur le site chateauversailles.fr (10 €) ou le 14 juillet en visite libre
Grand Paris
© Paris Tourist Office © Sarah Sergent
GRATUIT. Le Festival #ExploreParis propose jusqu’au 30 septembre plus de 1500 balades urbaines et insolites à pied, à vélo et même en croisières, pour redécouvrir le territoire du Grand Paris, sa diversité, sa nature et ses richesses culturelles. MH Retrouvez le programme sur exploreparis.com 020
Photos © DR
Annabelle Chauvet et Juliette Debrix dans leur librairie rue Boulanger
Aux livres citoyennes ! Annabelle Chauvet, 28 ans, et Juliette Debrix, 26 ans, sont les deux pétillantes libraires d’Un livre et une tasse de thé, une officine féministe située juste à côté de la place de la République. Rencontre. Comment vous êtes-vous rencontrées ? Avec Juliette, on est amies depuis huit ans. On était surveillantes dans le même lycée ! Moi j’étais journaliste, elle spécialiste en histoire de l’art… Nous avions une passion commune pour les livres. Tenir une librairie, c’était un rêve ! Puis on a rencontré Laurent et Véronique qui partaient en retraite et la passation s’est faite en douceur en novembre 2020. Vous lui avez donné une orientation féministe… Oui, ça c’est notre touche ! C’était
très important pour nous d’avoir une librairie qui porte nos valeurs… On soutient les auteures, les premiers romans et les essais féministes qu’on ne trouve pas ailleurs en les mettant en avant. Mais c’est évidemment une librairie où il y a aussi des romans, de la BD, de la jeunesse… Nous avons également installé un salon de thé qui n’était pas là avant. Vous proposez aussi des boxs féministes ? C’est important que nos clientes puissent prolonger l’expérience d’une librairie indépendante et engagée sur le web. Sur notre site, nous proposons 022
donc deux boxs, une grande à 35 € et un petit format à 15 €, avec une sélection de deux livres sur une thématique féministe. Nous postons également sur Instagram des interviews des auteures que nous invitons à la librairie. Il y a au moins deux évènements par semaine ! On ne voulait pas une librairie-musée où l’on regarde les livres religieusement. Au contraire ! Notre librairie est un lieu de vie où discuter, débattre… Cette librairie, c’est un peu l’âme de ce coin de République… On s’en rend compte : la vie de quartier est très forte ici. Il y a beaucoup de bars, de restaurants, mais aussi les sièges d’associations féministes, comme Empow’her qui aide l’entrepreneuriat des femmes. On travaille beaucoup avec eux d’ailleurs. ES unlivreunetassedethe.fr
Le festival de la rentrée
© DR
CONCERT. Après deux années de quasi-silence, le festival Rock en Seine annonce une affiche aussi tonitruante qu’alléchante. Les hostilités ouvriront au domaine national de SaintCloud le 25 août avec les Artic Monkeys, les Fontaines D.C. puis se poursuivront avec Nick Cave, Stromae ou Tame Impala… Mais c’est la journée de clôture, exceptionnellement un mardi (le 30 août) qui s’annonce mythique, avec l’unique concert français de Rage Against the Machine après 14 ans d’absence des scènes hexagonales. Le groupe, mené par Zack de la Rocha, livrera certainement un live explosif avec en apothéose l’interprétation de leur tube Killing in the Name (qui donne lieu à des scènes de liesse hystérique de la foule). Ils seront accompagnés par les très bons rappeurs de Run the Jewels en première partie. MH
Bouge ton corps !
© Picturaline
SOIRÉE. Jogging, le festival au croisement des arts et du sport, reprend ses marques au Carreau du Temple du 29 juin au 3 juillet. Du théâtre, des cours de sport et le samedi, une soirée Roller Dance Party placée sous le thème de la « JB-style de Chicago », un style de danse inspiré des pas frénétiques de James Brown. MH 024
Le Rayon Noir À 27 ans, Maxime Grehier, alias Maxlesquatt, vient d’ouvrir Rayon Noir, le plus grand studio de tatouage de Paris intra-muros, du côté de l’hôpital Saint-Antoine.
Photos © DR
Qui sont les tatoueurs chez Rayon Noir ? Ils ont tous été mes apprentis… Je les ai choisis car ils ont une « patte » unique et reconnaissable. Ce sont des artistes qui peuvent travailler sur la peau mais qui ont des compétences de D.A. au sens large, comme moi. Par exemple, je travaille en ce moment avec le chef pâtissier Sebastien Bouillet à Lyon sur sa bûche de Noël. Nous avons également beaucoup d’invités, entre
dix et quinze par mois, originaires du monde entier, qui viennent au studio. Nous sommes le seul studio à avoir un « guest manager », c’est-àdire quelqu’un qui s’occupe de nos tatoueurs invités de leur arrivée à leur départ pour qu’ils soient à l’aise. L’idée, c’est que Rayon Noir devienne la référence pour les artistes qui viennent tatouer en France. Comment êtes-vous venu au tatouage ? J’ai commencé à me tatouer en sortant de l’école Boulle à 17 ans. En discutant avec des tatoueurs, j’ai vu que chacun avait sa manière de travailler. Certains dessinaient sur tablette, mais d’autres prenaient le temps de parler avec le client, de faire des essais de vrais dessins avec lui… J’ai trouvé ça cool. Trois mois après, j’ai acheté mon matériel et j’ai commencé à tatouer dans ma chambre. À 18 ans, je me suis
Maxlesquatt, fondateur de Rayon Noir
025
retrouvé à l’Encrerie, un gros studio à Paris. Je suis resté sept ans là-bas, puis je suis parti en 2019 pour monter Rayon Noir. Il y a de plus en plus de gens qui se tatouent ? Oui … mais je pense que c’est parce qu’il y a vingt ans, il y avait seulement trois styles de tatoos : les tatoos de prisonniers, de marins et les tatoos maoris ou tribaux… Ça ne touchait pas grand monde : tu aimais ces dessins ou pas. Aujourd’hui, beaucoup d’artistes se sont mis à tatouer, alors il y a une multitude de styles : forcément, ça va toucher plus de gens. Mon plus vieux client a fait son premier tatoo avec moi à pas loin de 70 ans. Il n’avait jamais prévu de se faire tatouer mais il aimait mes dessins… C’est le plus beau des compliments ! ES rayon-noir.com
© Luis Xertu
Intime confession Elisabeth Gets Her Way aux Abbesses, du 4 au 13 juillet
HOMMAGE. Le projet est inspirant et original. Jugez : le chorégraphe flamand Jan Martens propose un portrait dansé, un seul en scène rendant hommage à Elisabeth Chojnacka, grande claveciniste polonaise décédée en 2017. En interprétant des œuvres contemporaines, Chojnacka a dépoussiéré l’image que l’on se faisait alors du clavecin, mieux, elle a permis son renouveau. Mais comment danser la vie d’un autre ? Surtout quand elle a été aussi riche, inspirant des compositeurs comme György Ligeti, Michael Nyman ou encore Iannis Xenakis. Comment ne pas tomber dans l’excès fanatique, le trop-plein d’admiration, émotions toujours dangereuses pour une création réussie ? Jan Martens sait doser. Il fait évoluer son corps sur une bande-son aux musiques enregistrées et interprétées par Chojnacka, donne la parole aux personnes proches de l’artiste… Son œuvre est réfléchie, étudiée afin de parvenir à une sincère confession. Elisabeth Chojnacka aimait la musique, la respirait, vivait pour et avec elle, tout comme Jan Martens. Et Elisabeth Gets Her Way est ainsi bien plus qu’une heure de danse. MD 026
L’Ukraine en danse HÉRITAGE. Puisant son inspiration dans l’histoire et les racines de l’Ukraine, la compagnie Virsky rejoue huit représentations de son spectacle où se mêlent poésie, chorégraphies étourdissantes et haute voltige grâce à 45 danseurs sur scène. © DR
Au Casino de Paris du 2 au 9 juillet 2022
Perpétuel recommencement
© Laure Delamotte-Legrand
DANSE CONTEMPORAINE. Nous sommes prévenus : ce spectacle créé en 1998 n’est toujours pas terminé. Philippe Découflé, son chorégraphe, vient lui-même nous l’annoncer, en simple veste, jambes nues. « Il n’est pas fini pour des raisons techniques, artistiques et pour des raisons qui m’échappent encore. » Le ton est donné, ironique et poétique, servant un ballet fantastique où tous les arts se mélangent joyeusement. Shazam, que l’on pourrait traduire en français par « Abracadabra », tient de la magie. Les illusions d’optique côtoient des danseurs en costume, les reflets nous jouent des tours, les miroirs déforment les apparences et la vidéo n’est jamais bien loin car Shazam est aussi un hommage au cinéma, en perpétuel recommencement. Une reprise enchantée ! MD Shazam de Philippe Decouflé à la Grande Halle de La Villette, du 30 juin au 10 juillet 2022 027
Au choix !
Photos © Emilie Brouchon
INTERACTIF. S’il y a une chose dont vous pouvez être certain en allant voir une création de Sébastien Azzopardi, c’est que vous n’allez pas vous ennuyer ! Après vous avoir fait rire aux larmes grâce à Dernier Coup de ciseau (molière de la Meilleure Comédie), il revient avec un concept ingénieux dans L’Embarras du choix. Le rideau s’ouvre sur un anniversaire, celui de Max, qui fête ses 35 ans. Ce dernier n’aime pas sa vie : il trouve qu’il a fait des mauvais choix. Alors il demande des conseils pour la suite à ses amis, le public… À partir de là, l’ambiance de la pièce va varier selon les desiderata et l’humeur de la salle : on peut aller de la comédie à la tragédie ! Mais de toute façon, comme c’est interactif, on rit, on s’emballe, on s’émeut… Du très bon théâtre, accessible à tous. MH L’Embarras du choix de et avec Sébastien Azzopardi, tout l’été au théâtre de la Gaîté Montparnasse
Le roi du burlesque
© PBenjamin-Meignan
MYTHE. Jouée depuis 1957 au théâtre de la Huchette, La Leçon, chef-d’œuvre de Ionesco, détient le record du monde du spectacle donné sans interruption dans un même lieu. Un vieux professeur reçoit chez lui une bachelière, mais plus la leçon avance, plus les rapports entre les deux protagonistes évoluent étrangement. MD La leçon, Eugène Ionesco au théâtre de la Huchette, tout l’été, du mercredi au samedi 20 h 028
Une bonne idée à plus d’un titre !
Les Confessions de Beethoven au théâtre des Bouffes Parisiens (Paris 2), jusqu’au 12 juillet
© Maria-Letizia Piantoni
À deux sur scène : JeanFrançois Balmer, le comédien, et Nicolas Chevereau, le pianiste
MAESTRO. Cette pièce au duo comédien-pianiste devrait réjouir autant les mélomanes que les amoureux des planches ! Jean-François Balmer nous plonge dans Les Confessions de Beethoven, un texte de l’écrivain et politicien libanais Alexandre Najjar. En se mettant dans la peau du grand compositeur allemand, le talentueux comédien nous livre habilement ses plus intimes pensées : les amours de sa vie, ses désillusions politiques, sa relation complexe avec son père et le genre humain ou encore son combat pour être l’unique tuteur de son neveu Karl. Quant au jeune pianiste et compositeur Nicolas Chevereau (33 ans), il renforce la puissance du texte et de sa mise en scène par l’interprétation de morceaux choisis. Une façon agréable d’apprendre des pans méconnus de la vie du compositeur, pianiste et chef d’orchestre, mais encore d’entendre sa musique, si profonde et révolutionnaire. MD
029
Un îlot de verdure secret e dans le 18 Créée par un couple de résistants, la Cité internationale des arts reçoit toute l’année des artistes du monde entier en résidence. Après sa première adresse du Marais, un second site les accueille à Montmartre, au cœur d’un parc boisé indomptable.
Texte & Photos Anne Thoumieux
Depuis 1937 C’est derrière une jolie grille noire que se dessine l’allée qui mène au cœur du site de Montmartre de la Cité internationale des arts. Discrète, l’adresse est pourtant extraordinaire : imaginez, quelque 6 000 m² de verdure, d’arbres et de plantes qui s’épanouissent librement, en plein Paris, au milieu de maisons individuelles et d’ateliers d’artistes. C’est pendant l’Exposition universelle de 1937 que Simone et Félix Brunau ont l’idée de créer une fondation qui rendrait à Paris son statut de capitale des arts et serait ouverte aux artistes du monde entier. L’idée prend forme avec l’aide du Finlandais Eero Snellman et de 135 partenaires français et internationaux. La Ville de Paris les soutient et leur offre un bail rue de l’Hôtel de Ville. Le bâtiment, qui sort
de terre en 1960, compte aujourd’hui 280 ateliers. Les 135 souscripteurs d’origine permettent à la Cité de faire venir en résidence des artistes de toutes générations, nationalités et disciplines (arts visuels, musique, écriture ou encore spectacle vivant), qui sont accueillis sur des périodes de deux mois à un an, à n’importe quel moment de leur projet artistique.
Le « poumon » du 18e Au début des années 70, la Ville de Paris propose à la Cité de reprendre la gestion du site de Montmartre, encore partiellement habité, mais en difficulté. Au gré des départs des habitants, les résidents arrivent. On compte encore aujourd’hui deux locataires de l’époque et une quarantaine de résidents qui font vivre l’incroyable jardin qui entoure les résidences. Le terrain en pente – on 030
est à Montmartre – est à disposition des résidents qui y ont parfois créé des potagers, mais qui laissent aux parties en friche le soin de tenir leur rôle bénéfique à la biodiversité. Véritable refuge à oiseaux, insectes et plantes, le parc est un trésor de verdure auquel tient particulièrement la nouvelle direction arrivée en 2016. Il faut dire que ce jardin bucolique en friche, avec ses ateliers à verrières, représente tout l’esprit de la butte Montmartre. Il a d’ailleurs fait l’objet de nombreuses discussions dans les équipes, qui ont préféré le laisser fidèle à l’esprit de liberté et d’expression qui anime le lieu, et en écho à la manière dont les artistes s’en emparent.
Le temps de rêver Le vivier d’artistes est ainsi aussi un vivier de nature, comme nous l’explique Thomas Ferrand, metteur
031
“Cet espace offre aux artistes une bulle favorable à la créativité : chacun peut venir y puiser l’inspiration”
Le metteur en scène Thomas Ferrand, notre guide dans les lieux
L’entrée de la cité Montmartre se fait au 16 rue Girardon et au 24 rue Norvins.
en scène résident qui se consacre à la botanique, et en particulier aux plantes sauvages comestibles. Pour réfléchir au jardin, la Cité lui a confié la tâche de réaliser un diagnostic et un état des lieux. L’idée était de savoir ce qui y pousse, et ce qu’on peut en faire. « J’ai fait un inventaire de toutes les plantes. C’est un mix de plantes sauvages qui poussent spontanément, et de plantes d’ornement qui se sont « échappées ». Il y a plein de jacinthes, des perce-neige, des jonquilles qui ont dû être plantées dans le temps », explique-t-il. Jusqu’à son arrivée il y a un an, une coupe rase de la prairie était faite chaque année. Un débroussaillage assez sévère que l’amoureux de la nature aimerait éviter. « Ma préconisation est de laisser une partie sauvage, car ça existe de 032
moins en moins, surtout à Paris. C’est exceptionnel, et le jardin n’en sera que plus beau. On a du mal à ne pas intervenir, c’est culturel. Or la nature se régule très bien toute seule et elle est plus résiliente quand on la laisse faire. » Et l’intérêt écologique de conserver une partie en friche est grand : en quelques années la partie boisée se développerait, offrant un habitat aux oiseaux, aux insectes, et un îlot de fraîcheur renforcé, non négligeable en plein Paris. « C’est la notion de corridor écologique : si on veut que la nature revienne dans certaines zones, il faut entretenir des successions d’espaces accueillants pour la faune et la flore », explique le botaniste. Il a également recensé les oiseaux : des roitelets, un pic épeiche, des mésanges, des merles, des pies, des geais des chênes et des fauvettes à tête noire. Cet espace offre ainsi aux artistes une bulle favorable à la créativité : chacun peut venir y puiser l’inspiration, s’y asseoir pour lire, peindre ou écrire. Ils peuvent aussi être accueillis en résidence pour travailler, en dehors d’un projet précis. Une manière de signifier l’importance du temps de création qui est nécessaire, et rendu possible à la Cité. Aujourd’hui, le lieu veut se replacer sur la carte culturelle internationale, en s’ouvrant au monde pour développer sa fonction de ruche de talents. Prochaines portes ouvertes les 2 et 3 juillet 2022 Le site du Marais propose aussi des expos et un parcours de visites d’ateliers chaque mercredi, entre 18 h et 21 h. citedesartsparis.net
Un grand jardin sauvage en plein cœur de Montmartre : quoi de mieux pour s’inspirer ?
033
ENQU ÊTE
LE RAT À PARIS Le rat et Paris, c’est une histoire d’amour qui dure depuis des siècles ! La chercheuse Hecate Vergopoulos le rappelle dans un essai passionnant sur l’histoire du rat dans la Capitale et détaille les dessous de sa cohabitation avec les Parisiens. Réalisée par Estelle Surbranche Photos Paris en Images – Roger-Viollet (sauf mentions)
Les rats n’ont pas toujours été les ennemis odieux des Parisiens qu’ils sont devenus aujourd’hui ? Non, car les Parisiens étaient habitués à leur présence. La ville était habituée aux animaux car on avait besoin d’eux pour se nourrir, pour les mettre au travail… Parmi eux, il y avait les rats, même s’ils n’avaient aucune fonction. Il y avait déjà des chasseurs de rats, mais ils faisaient partie de la vie ordinaire. On vivait avec… Les rats deviennent insupportables à la vue des Parisiens à partir de la construction des égouts, sous le Second Empire, et du métro. En creusant les souterrains de Paris, on leur offre un écosystème dans lequel ils peuvent s’épanouir pleinement. Il y fait sombre, humide, avec une température constante. Ils y trouvent de la nourriture, notamment dans les égouts… et il n’y a pas d’homme. Pour le rat brun, qui remplace le rat noir [celui qui transmettait la peste] à la fin du XVIIIe siècle, ce sont les conditions de vie idéales. Ils disparaissent donc de la vie quotidienne 034
101776-2 © Excelsior - L’Equipe / Roger-Viollet
M. Louis Morin, chasseur de rats à Paris. Août 1920. Photographie du journal Excelsior
ENQU ÊTE
4824-11 © Jacques Boyer / Roger-Viollet
ou des cadavres. Sous la Troisième République et au tournant du XXe siècle, on trouve plus des histoires de rats associés au logement insalubre. On commence à se rendre compte que c’est dans l’insalubrité qu’ils prolifèrent, et ils deviennent alors des marqueurs socio-économiques. Avec Eugène Poubelle [le préfet qui a rendu obligatoires en 1884 les récipients pour les déchets dans les immeubles], on se rend compte aussi que lorsqu’on ferme les couvercles des poubelles, il y a une grosse marge d’amélioration possible.
Chasseur de rats d’égout, le Père Dayoe. Paris, 1900.
des Parisiens… Paradoxalement, aujourd’hui, il y a de moins en moins de rats dans les égouts : ils remontent à la surface car il y a de plus en plus de choses à manger dans les rues, notamment dans les zones très touristiques de Paris. Là où les gens piqueniquent et laissent la nourriture dans la rue, on trouve des rats. Ils sortent des égouts car la nourriture est plus facile à trouver dans la rue que dans les sous-sols. Vous expliquez qu’une des rares fois où les Parisiens ont mangé du rat, c’est en 1870 lors du siège de Paris. Pourquoi le rat n’est jamais devenu une viande de consommation comme les autres ? Oui, de la même manière que le pigeon ! Ils font partie des animaux liminaires, c’est-à-dire les animaux sauvages de la ville. Du coup ils font peur… En plus ce sont des animaux rampants et nous avons une certaine aversion pour tout ce qui est rampant en Occident. Il a été considéré de plus en plus sale à partir du moment où l’on a construit la ville belle, propre et ordonnée du Second Empire et que le rat ne se pliait pas à ce nouvel ordre… Quand on a compris qu’il avait un lien avec la peste, là il a été détesté. Il y avait beaucoup d’incidents graves impliquant des rats à Paris ? Tout au long du XIXe siècle, on trouve dans les gazettes des histoires de rats qui mangent des bébés 036
À l’époque, quels moyens étaient employés pour détruire les rats ? Il y avait beaucoup de mort au rat et on organisait des chasses au rat dans tout Paris. D’ailleurs, même certains nobles s’y adonnaient de temps en temps de manière mondaine ! Il y avait aussi des ratodromes où on organisait des combats de rats… Mais c’était plutôt les classes populaires qui œuvraient, car il y avait une rétribution à la queue de rat. Ça a donné lieu à des dérives car certains les élevaient dans leur cave… Au niveau municipal, on s’est posé la question de l’achat de chats ou de chiens. Sous la Troisième République, on a commencé à penser qu’il ne fallait plus développer une lutte offensive mais défensive, c’est-à-dire calfeutrer les habitations en les rendant « rat-proof ». Encore aujourd’hui, c’est ce qui est préconisé par les dératiseurs et la plupart du temps, quand les gens ont des souris chez eux, c’est parce qu’ils n’ont pas bien calfeutré les trous. Et ces méthodes ont eu du succès ? Tuer un rat en soi, ça n’a pas de sens car ce sont des espèces intelligentes : le rat ne se développe que quand il y a de la nourriture à disposition. Vous pouvez les tuer, mais ils continueront à proliférer si vous ne fermez pas les poubelles, si vous laissez de la nourriture par terre… Ils régulent eux-mêmes leur population : moins ils trouvent de ressources, moins ils vont se développer. Du coup la lutte offensive n’a pas de sens. C’est la lutte défensive qui a de l’effet… C’est pour cela qu’aujourd’hui il n’y a plus de mort au rat ? Il n’y a plus de mort au rat, mais il y a bien d’autres outils… Sur le salon Parasitec, vous trouvez un nombre de technologies incroyables dédiées à la destruction du rat. Seulement aujourd’hui, il y a aussi des considérations écologiques qui rentrent en compte dans leur destruction. Il y a aussi la question du bien-être animal qui nous porte à ne
Tout au long du XIXe siècle, on trouve dans les gazettes des histoires de rats qui mangent des bébés ou des cadavres plus aimer utiliser par exemple des plaques de colle [des plaques de colle forte sur lesquelles les rats marchent puis meurent d’épuisement à force d’essayer de se décoller].
613-5 © Roger-Viollet / Roger-Viollet
La Ville de Paris mène donc une lutte sans fin contre les rats depuis 1850 ? Il y a toujours eu autant de rats à Paris que d’incivilités. Si les habitants traitaient bien leurs déchets, il n’y aurait pas cette prolifération de rats. La population de rats n’est pas liée au nombre d’habitants en soi.
Campagne de dératisation. Ravitaillement des chats, destructeurs de rats, aux Halles. Paris, 1941.
Ce qui est étonnant, c’est que les journaux du XIXe siècle ou les journaux d’aujourd’hui parlent des rats et de la bataille que mène la municipalité contre eux de la même manière. C’est quasi un copié-collé… Depuis la Troisième République, il y a une sorte de permanence médiatique autour du rat avec les mêmes réflexions des journaux : la municipalité n’en fait pas assez, le calcul du coût de la lutte contre les rats…
8473-2 © Jacques Boyer / Roger-Viollet
À vous lire, on a l’impression que la lutte est perdue d’avance contre les rats car ils n’ont fait que se multiplier ? Le rat accompagne l’homme, c’est une espèce commensale, c’est-à-dire qu’elle se nourrit de l’activité humaine. Plus il y a d’hommes, plus il y a de rats… C’est donc une fatalité. D’autant plus qu’aujourd’hui, on veut une ville où il y a plus de biodiversité avec du compost, des parcs qui ne sont pas bêchés… Et cela augmente le nombre de rats. Il n’y a pas que les petits oiseaux quand on parle de biodiversité !
Capture d’un rat dans un égout. Paris, 1911.
Les Rats de Paris, une brève histoire de l’infamie (1800-1939) par Hécate Vergopoulos (éd. du Murmure), 9 €
0 37
ENQU ÊTE
LE RAT, LE COMPAGNON DE VOTRE ÉTÉ 2022
La question du rat à Paris n’est pas nouvelle, mais elle prend de l’ampleur depuis une dizaine d’années à cause de l’incivilité des Parisiens comme des touristes, des nombreux travaux dans la ville qui ont détruit leurs habitats souterrains (ou les font fuir à cause des vibrations) et de la politique de biodiversité entreprise par la Mairie. La carte postale idyllique des quais de Paris dans la lumière dorée d’un petit matin d’été tourne ainsi soudain au cauchemar avec la vision de dizaines de rats en train de festoyer des restes de pique-nique. Prêts à connaître la suite ? 038
© Florian Bott
Plus de rats que d’habitants À l’heure actuelle, il est impossible de savoir exactement combien de rats habitent Paris. La plupart des chercheurs ne se prononcent pas. Les plus téméraires avancent des chiffres sur le nombre de rats dans les villes, allant d’un à deux rats par habitant, voire plus, ce qui aboutirait à estimer leur population entre 3 et 6 millions à Paris. Ce qu’on sait en revanche, c’est que leur cycle de reproduction est hallucinant. Si les conditions sont propices, une rate peut faire quatre portées par an, chacune d’environ huit petits… Et Anne Hidalgo indiquait même qu’avec le changement climatique et la chaleur plus précoce, les rats pourraient même avoir une portée supplémentaire par an. Mieux connaître le rat et ses habitudes de vie, c’est justement l’objet du projet Armaguedon, financé par l’Agence nationale pour la recherche (ANR), en partenariat avec la Ville de Paris.
Le projet Armaguedon Lancé en janvier 2021, pour une durée prévisionnelle de trente mois, Armaguedon semble séduisant sur le papier : il réunit un conglomérat de
scientifiques de la Sorbonne Université, Vet Agro ou l’Institut Pasteur, pour étudier les rats à Paris aussi bien sur le plan épidémique, que génétique ou social… Partenaire de cette étude, la Mairie de Paris ouvre ses parcs et jardins et leur donne les cadavres de rongeurs à étudier. Hélas, quand on demande une interview à Virginie Lattard de Vet Agro Sup pour connaître les premiers résultats, on obtient une fin de non-recevoir. Visiblement, dixsept mois n’ont pas encore suffi à Vet Agro pour analyser les queues de rat et savoir si, par exemple, les rongeurs parisiens transportent des nouveaux virus transmissibles à l’humain, ou s’ils se sont habitués aux produits utilisés pour les tuer et ainsi écarter ceux qui ne servent à rien ! Dommage pour les Parisiens et les Parisiennes…
L’année du branle-bas de combat En 2017, la Mairie de Paris abandonne officiellement les produits hyper toxiques pour tuer les rats. « Ils sont non seulement interdits par la législation européenne, mais en plus ils polluent les sols, les nappes phréatiques ou contiennent des perturbateurs endocriniens », rappelle madame Anne Souyris, adjointe à la Santé à
ENQU ÊTE
la Mairie de Paris. Du coup l’été d’après, c’est l’explosion ! Rappelez-vous, c’est en 2018 que la fameuse vidéo d’un agent de propreté de la ville montrant une orgie d’une dizaine de rats dans une poubelle du 7e arrondissement avait fait le tour du web. Consciente de la nuisance des rats aussi bien en termes d’image que de salubrité publique ou de dégradations (ils rongent les fils électriques, provoquant ainsi diverses pannes et dysfonctionnements des installations humaines), la Mairie de Paris a pris plusieurs mesures d’urgence. En 2017, 1,5 million d’euros sont injectés dans les actions du Plan de gestion intégrée des rats à Paris. Ce budget a servi en partie à la lutte directe, c’est-à-dire l’achat de pièges notamment Les poubelles en plastique transparent avaient été installées dans le cadre du plan « vigipirate ». Le problème ? Les rats peuvent les percer…
040
et rodonticides : réalisés massivement en 2018, ces achats ont été poursuivis en 2019 et 2020, réalisant l’objectif de 500 pièges. Aujourd’hui, deux types de pièges sont employés : les boîtes à appâts sécurisées, appelés raticides, à base de produits biocides chimiques, et des pièges mécaniques dits Ekomille. La Ville a choisi d’installer ces pièges notamment dans le but de réduire l’impact environnemental des rodonticides. Avec eux, le rat, attiré par l’odeur des appâts naturels placés dans le piège, est capturé dès qu’il tente de manger. Le produit liquide (à base d’alcool) placé dans le piège a une double fonction : il narcotise et conserve les cadavres des rongeurs. Les vapeurs émises par le liquide brassé par le rat lors de sa capture étourdissent le rat avant noyade. C’est le département Faune et Actions de salubrité du service parisien de Santé environnementale qui va poser ces pièges et aussi « dératiser » les parcs.
Paradoxalement, aujourd’hui, il y a moins de rats dans les égouts : ils remontent à la surface car il y a de plus en plus de choses à manger dans les rues, notamment dans les zones très touristiques de Paris. L’autre partie de ce budget de 1,5 million a été utilisée pour remplacer les poubelles en plastique par des bacs et abri-bacs dans les jardins, des actions de propreté dédiées, ainsi que la confection et distribution de composteurs « anti-rat », etc. Certaines grandes poubelles parisiennes, notamment celles des restaurants, sont aujourd’hui équipées de grilles en métal à leur base afin que les rats ne puissent plus y rentrer (ils y pénétraient par le trou d’évacuation des eaux). Les agents de la Ville rebouchent aussi les trous des terriers. « L’objectif est qu’ils ne remontent pas à la surface », souligne Anne Souyris. Pour ceux qui ont la mauvaise idée de sortir à l’air libre, une adresse internet dédiée a été créée pour les signaler (spse.dfas@paris.fr) afin qu’une équipe intervienne.
© Xavier Japiot
Dans les jardins et tout autour
Plus de sanctions à l’été 2022
Inventeur de la célèbre tapette à souris, la famille Aurouze officie dans cette boutique depuis 1872, preuve que le rat n’est pas un problème nouveau dans la Capitale. La devanture est tellement connue qu’elle figure même dans le dessin animé Ratatouille !
© DR
« Nous ne pourrons lutter contre les rats qu’en faisant de la prévention. Nous avons mis en place de nouvelles poubelles, augmenté notre personnel de nettoyage aussi bien en interne qu’en recrutant dans le privé, mis en place quantité de plaques d’informations pour dire qu’il fallait ramasser ses déchets, martèle l’élue du groupe écologiste, alors à un moment donné, moi je suis très favorable au fait qu’on mette plus de sanctions en œuvre en cas d’incivilité. Cette lutte doit se faire avec la population parisienne. Sans elle, on ne peut rien faire. » Il est vrai que pour l’instant, la Ville a plutôt fait dans la prévention avec « seulement » 438 verbalisations en 2020… Concrètement, il s’agit donc pour chacun de se prendre en main en mettant tout simplement à
Rat surmulot (Rattus norvegicus) adulte
041
© DR
ENQU ÊTE
la poubelle ses déchets après un pique-nique ou si celle-ci est pleine, les emporter pour les jeter chez soi : une solution simple qui permettrait que les rongeurs disparaissent de notre vue !
Et pour les squats ? Au-delà des incivilités des Parisiens – ou des touristes –, comment faire du côté des squats ? « Nous nettoyons les campements tous les jours, c’est notamment le cas à Forceval [le square du 19e, situé entre la porte de La Villette et les villes d’Aubervilliers et de Pantin, squatté par des toxicomanes après l’évacuation de la rue Riquet] où on leur demande d’enlever les tentes pour qu’on puisse nettoyer. Ensuite ils peuvent évidemment remettre leurs affaires », indique Anne Souyris. Côté santé publique, « on avait eu deux cas de leptospirose [une maladie transmise à l’homme par contact de la peau lésée avec de l’eau contaminée ou avec les urines des animaux infectés] il y a très longtemps, mais aujourd’hui nous n’avons plus du tout de cas. On a proposé au personnel de ville, les éboueurs et le personnel de nettoyage de se faire vacciner car ils sont en première ligne : ils mettent leurs mains dans les poubelles et peuvent se retrouver avec un rat entre les mains – et donc être mordu. Cette vaccination n’est pas obligatoire. » Tous ces efforts semblent aujourd’hui porter leurs fruits : à l’heure où nous écrivons, aucun parc n’est fermé à cause des rongeurs (s’ils sont fermés, c’est uniquement en raison de travaux) contrairement à ces dernières années. 0 42
Les défenseurs des animaux expliquent qu’il existe des gestes simples, comme fermer les poubelles ou ramasser ses déchets, pour ne pas avoir besoin de tuer ces rongeurs Du côté des éboueurs En se baladant dans Paris, on aborde des éboueurs en leur demandant leur avis sur la question depuis le terrain. Pour eux, l’appréhension d’ouvrir une poubelle et de tomber sur un rat est toujours là. Il semblerait que les rats soient de moins en moins présents (ou plutôt visibles) sur les quais des beaux quartiers du 7e, mais plutôt tout le long du canal Saint-Martin et sur les rives du quai de Valmy, vers le point Éphémère, ainsi que les grands parcs où les gens font des pique-niques… Direction le parc des Buttes-Chaumont, où une conversation avec les parents sur une aire de jeu nous confirme l’info. Tous affirment avoir vu les rats se faufiler dans les fourrés aux abords de
© DR
Les amis des rats Certains militent pour que le rat parisien soit mieux traité par la ville. La PAZ (Paris Animaux Zoopolis) aux côtés d’associations comme la SPA ou L214 avait écrit une lettre à la Mairie de Paris en août 2021 pour demander la création d’un groupe de travail sur des alternatives non létales concernant les rats, et demander une cohabitation pacifique avec eux. Ils rappelaient que le rat est doué d’intelligence et peut même faire office d’animal de compagnie pour certains. Cette association a d’ores et déjà réitéré sa demande auprès de madame Souyris d’épargner les rats parisiens cet été. Au-delà de l’anecdote, beaucoup de défenseurs des animaux expliquent qu’il existe des gestes simples, comme fermer les poubelles ou ramasser ses déchets, pour ne pas avoir besoin de tuer ces rongeurs ni de les faire souffrir parce qu’eux-mêmes se réguleront. C’est finalement le même constat que celui de l’élue… Sans aller jusqu’à un roman d’amitié, il faut rappeler qu’on ne peut pas éradiquer le rat – car là où il y a des hommes, il y a des rats –, et que leur disparition
Le rat se reproduit très vite mais son espérance de vie est courte, 2 à 3 ans maximum.
totale ne serait pas un bénéfice pour la ville. La Mairie explique aussi que la présence des rats est nécessaire dans une certaine mesure : à Paris, le rongeur engloutirait 800 tonnes de déchets solides par an dans les égouts, « contribuant sans doute au nettoyage des réseaux d’assainissement. Il participe également au désengorgement des égouts et peut avertir de la montée des eaux ». Autant le dire, la bataille semble sans fin et vous risquez bel et bien de croiser ces rongeurs au détour de vos balades sur les quais ou dans les parcs cet été.
© DR
l’aire. Une maman horrifiée nous assure même avoir vu de jeunes enfants qui tentaient de « jouer avec eux car ils se sont habitués à leur présence » ! Or l’une des spécificités du rat brun parisien est qu’il est carnivore, contrairement au rat noir : ce sont donc des fréquentations qu’on ne préfère pas avoir… Quoi que ?
Stupéfaction à la télévision espagnole lorsqu’un reporter, en plein direct devant Notre-Dame avant la finale de la Ligue des champions, voit son reportage interrompu par un rat : l’image a fait grand bruit aussi bien sur les réseaux sociaux qu’en Espagne.
043
Texte Thomas Thévenoud Photos WLV
Les cercles de Belleville Dans un parking désaffecté de la RIVP, au cœur de Belleville, OJAN a rassemblé un collectif d’artistes et créé une œuvre étonnante : 52 cercles peints sur les murs de béton pour un éloge de la nature. Vivre Paris vous fait découvrir ce lieu où presque personne n’est encore allé…
Un mort dans un coffre La lourde porte s’est rabattue derrière nous. Le silence se fait. On quitte la ville pour descendre sous terre. À gauche, en bas de la rampe qui permet d’accéder au parking se trouve une relique du passé : une vieille Renault 8 recouverte de graffitis. Pièce à conviction principale : c’est dans son coffre qu’a été retrouvé un homme mort en 1994. Depuis, les 1 700 mètres carrés du parking, propriété de la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP), ont été désaffectés. Le lieu est comme hanté. C’est un parking sans voitures, sans
traces de pneus, sans taches d’huile sur le sol, sans bruit et sans odeur au sol. Il ne reste que les numéros de place inscrits au pochoir sur les murs de béton. Fan de l’« urbex », l’exploration urbaine qui consiste à dénicher des lieux inconnus ou laissés à l’abandon, et ancien architecte, l’artiste OJAN est tombé par hasard sur cette histoire qui a terrorisé le quartier pendant vingt-sept ans. Il a décidé d’en faire pendant deux mois une résidence d’artistes, avec le concours de la Villa Belleville, la formidable ruche de talents qui se trouve à deux pas, rue Ramponneau. 044
Le principe : faire dialoguer des street artistes reconnus avec de jeunes graffeurs du quartier. En septembre dernier, ils ont investi les lieux et ont pu exprimer leur talent, à l’écart des autres. Une seule contrainte : tenir dans l’un des 52 cercles dessinés à la craie par OJAN.
Des cercles infinis La plupart des 34 artistes ont respecté la règle, mais chacun à sa façon. Les autres ont choisi d’y déroger en créant des anamorphoses, en jouant sur les illusions d’optique ou en peignant autour du cercle
OJAN
045
Lek
“Les 1 700 mètres carrés du parking, propriété de la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP), ont été désaffectés. Le lieu est comme hanté”
Kid Kreol & Boogie
Apôtre et Sowat
afin de le faire apparaître en creux. Le résultat est spectaculaire et le parking souterrain prend des allures de galerie clandestine. Le bruit de nos pas résonne au rythme du goutteà-goutte des tuyaux d’évacuation et de l’écoulement des eaux usées de l’immeuble. La vie est au-dessus de nos têtes. Nous déambulons dans ce grand espace vide, secret et anonyme. Lieu fonctionnel au départ, devenu dysfonctionnel avec le temps, le parking est aujourd’hui un espace transitoire entre le réel et l’imaginaire. La poésie s’est installée entre les piliers de béton.
La nature qui surgit, même au milieu du béton
crew RTZ - Luzio
Aujourd’hui, OJAN fait du haïku pictural : des œuvres très solides et très graphiques, en forme de mont Fuji. Très fragiles aussi, ses peintures sont comme suspendues à un fil d’Ariane, prêtes à disparaître à la moindre secousse. Mais, l’artiste, à la formation d’architecte, sait jouer des perspectives et des lieux. « En entrant 046
ici, je savais qu’il ne fallait pas tout recouvrir. Il fallait préserver les grands vides. » OJAN aime le béton : sa force, sa densité mais aussi ses aspérités, son relief et sa « couleur dorée », comme il dit. « Pour réaliser cette exposition, j’ai suivi le parcours fantomatique des voitures qui descendent au parking. » En choisissant le thème de la nature comme fil rouge du projet, il a su trouver le contrepoint parfait à cet univers urbain et a libéré la créativité des artistes. Les 52 cercles trouent l’espace du parking et lui redonnent vie, comme autant de perspectives ouvertes sur l’extérieur. Rosace multicolore de loin, une citation de Baudelaire apparaît peu à peu quand on s’approche du cercle bombé d’Arthur Simony : « La nature est un temple. » Elle résonne comme une profession de foi d’aujourd’hui pour le monde du dehors.
Les arts d’Arnaid Liard, Apôtre, Tcheko… Avec son Underground Moon, Arnaud Liard éclaire le parking. Les quatre
Hobz
Arnaud Liard
couches de peinture appliquées à la taloche donnent au cercle multicolore des effets de relief imprévus. Les surfaces de la lune s’ajoutent les unes aux autres, comme si on la voyait sous plusieurs angles. Les couleurs se répondent. Sur le sol, un halo de peinture témoigne du travail de l’artiste. J’essaie de lire la poésie automatique d’Apôtre, « l’apôtre du graffiti vandale » selon la jolie expression d’OJAN. Sa calligraphie ressemble à un sismographe, les mots s’enchaînent, sans ponctuation : « scarabées colibris ». C’est le cercle qui donne sa cohérence au texte. Des mots se détachent : « Scarabées et colibris le ciel et les nuages. » Le Golgoth de Tcheko, disloqué en cinq morceaux sur les murs du parking, est le personnage principal des lieux. Son doigt pointé à la Michel-Ange et les numéros tatoués sur ses muscles noirs font de lui un demi-dieu ou un esclave. C’est selon…
Namaste
Jeanne Varaldi
Crew RTZ, les jeunes de Belleville Au-delà de la peinture, des histoires de vie se racontent, à travers ces 52 cercles. Les œuvres se complètent et s’enrichissent. Au bout du parking, on découvre les cercles des membres de la crew RTZ. Ils ont entre 16 et 21 ans et c’est leur première exposition. Leur terrain de jeu favori : la rue Desnoyers à Belleville et les stores
Tcheko
0 47
Hydrane
Renzo
“Les 52 cercles trouent l’espace du parking et lui redonnent vie” des boutiques du quartier. OJAN est parti à leur recherche : « Les stores peints, c’est comme une seconde lecture du monde. On ne les voit que la nuit quand les commerces sont fermés. » Leur peinture éclabousse d’énergie. Les couleurs et les coulures sont leurs armes picturales. Ils inventent un nouveau langage, fait de blazes redoutables et de jungle urbaine inquiétante, et n’hésitent pas à se « toyer » entre eux, autrement dit à se recouvrir à la bombe.
Un nouveau musée à Belleville ? OJAN a 36 ans. Belleville est son quartier. Il en aime l’énergie et la jeunesse. En réunissant des artistes venus d’horizons si différents, il a réussi son pari : transmettre une part de son expérience aux plus jeunes et leur permettre de s’exposer au regard des autres. Pour cela, il faut ouvrir le lieu et redonner définitivement vie au parking. OJAN y réfléchit, avec la RIVP. Accueillir de nouveau 048
les voitures ? Transformer l’étage inférieur en deuxième terrain de jeu ? En faire une vraie galerie de street art ? Mais il pense aussi à l’avenir de son quartier et pas seulement en termes artistiques. Son idée est de développer les interventions scolaires et de donner aux enfants de Belleville l’occasion de découvrir le street art. Pour OJAN, les cercles ont vocation à s’élargir. instagram.com/ojan.fr
Food ×
“Mon père achetait des sablés par paquet de cent. On ne les mangeait pas, ils étaient trop secs.” Silamaka Soukouna, dit Silax, star montante de la pâtisserie parisienne p. 66
049
© DR
Le maître des saveurs
Combien de breuvages créezvous chaque année ? Pour Kodama, nous créons cinq à six recettes par an, en essayant de varier les couleurs et les saveurs. Afin de conserver un catalogue assez court, pour éviter les stocks et les pertes, et ainsi garantir la fraîcheur de nos recettes, nous nous limitons à 40 références au total – de sorte qu’à chaque création, nous sortons une recette du catalogue… Vous avez un best of ? Un trio de tête : La Part des anges, notre thé blanc Pai Mu Tan aux amandes effilées et maïs soufflé, puis Rehab, le thé des nuits brèves, qui concilie un thé vert sencha, du gingembre et de la citronnelle… et enfin Sobacha, une infusion de sarrasins bretons à la japonaise.
© Lauriane Lartigot
À la fois boutique et bar à thé, Kodama, dans le quartier Montorgueil, propose une vision contemporaine du thé via des recettes originales : on a rencontré Vincent, le cofondateur des lieux et sommelier en thé. Qu’est-ce qui fait les qualités d’un bon mix de thé ? De bons ingrédients, avant tout ! On a tellement pris l’habitude des thés chauds bourrés d’arômes de synthèse et des thés glacés sucrés comme des sodas ! Il faut que les ingrédients soient à la fois 100 % naturels et entiers, avec des feuilles de thé entières, mais aussi des quartiers entiers d’orange, des baies de poivre non moulues, etc. Avez-vous remarqué des demandes spécifiques de la part des Parisiens ? À Paris, en comparaison avec nos clients en région, on constate en ce moment une très forte demande du chaï latte – principalement à partir de laits végétaux. Il s’agit d’une 050
Vincent et Martin entourent Alix, la sœur de Martin qui a rejoint l’aventure Kodama.
recette bio et maison, qui revisite la célébrissime boisson indienne où sont infusés lentement thé noir, épices et sucre roux. Le nôtre est peu sucré. Il contient des épices inédites dans cette recette, mais qui apportent de la fraîcheur pour éviter d’alourdir la boisson, comme les baies de poivre rose. Quels sont vos prochains projets ? L’ouverture d’un second point de vente boulevard Beaumarchais et la création d’un concentré de chaï maison pour réaliser ses propres chaï latte chez soi. ES
Photos © Thibaut Vankemmel
Les plaisirs éphémères Justine Piluso En haut, la vue magnifique depuis la terrasse des Petites Mains
TENDANCE. Tels les fleurs ou les fruits estivaux, certains restaurants éclosent à Paris uniquement en été, et seuls les Parisiens avertis et quelques touristes peuvent en profiter. Parmi ces éphémères, il faut savoir faire le tri : certains font payer chèrement le cadre et oublient l’assiette, et puis il y a les autres, ceux qui ont décidé d’enchanter les yeux ET le palais en faisant appel à de vrais chefs ! Vivre Paris a ainsi repéré ces deux très bonnes tables dotées d’un cadre enchanteur qui s’évanouiront les premiers frimas venus. Au sein du musée Carnavalet, il y a Fabula, tenu par le top chef Thibaut Spiwack (et des cocktails signés par le mixologue star Nico de Soto, du Danico) : des plats magnifiques et gastronomiques (avec des prix à l’avenant). Plus simple et moins cher (menu à 33 € et entrée-plat, 24 €), Justine Piluso (candidate de la saison 11) fait honneur à ses racines italiennes aux Petites Mains grâce à une carte aux accents méditerranéens centrée sur les produits du soleil, viandes et poissons saisis à la plancha (en plein air) ainsi que des pâtes fraîches. Le tout dans le cadre sublime des jardins du musée du palais Galliera, sous l’œil de la tour Eiffel. ES 051
Photos © Arthuro Peduzzi
La Grèce à Paris
Après avoir fait ses armes chez Michel Rostang et Cyril Lignac, Mikaëla est revenue à la cuisine grecque, sa cuisine de cœur, en la dépoussiérant !
18e. Des légumes en majesté et des poissons simplement apprêtés, le tout finement arrosé d’une huile d’olive dorée et fruitée : la gastronomie grecque coche toutes les bonnes cases de nos envies estivales. Ça tombe bien : la sémillante Mikaëla Liaroutsos, l’une des chefs de file de cette cuisine, ouvre une nouvelle adresse dans le quartier Jules Joffrin, l’Ouzeri. Et ceux qui s’en réjouissent le plus sont les habitants du quartier : sa première table, étsi (situé à un jet de pierre) était tout le temps pleine ! « Ici j’ai voulu recréer l’ambiance d’une vraie taverne grecque ; on est moins dans la bistronomie qu’à étsi. Mais j’aime changer la carte tout le temps aussi ! » sourit la cheffe. Il y a quand même quelques incontournables : sa salade de poulpe, tout en contraste de saveurs, le fromage saganaki (du fromage de brebis frit) au miel et sésame – plus « comfort food » impossible –, les boulettes de viande aux épices, et en dessert, un yaourt grec à la fleur d’oranger et brisures de pistaches… Tout est servi dans des petites assiettes qu’on peut se partager : l’ambiance est chaleureuse et, le soir, elle s’enflamme grâce aux ouzos ! ES 052
© Fred Durantet
20 000 lieux sous les mers EXPÉRIENCE. Au même titre que l’art immersif permet au spectateur de pénétrer ou même séjourner dans l’œuvre, Under the Sea vous propose une expérience non seulement gustative, mais également visuelle et sonore autour du thème de l’océan. Une fois la porte de ce restaurant refermée, vous entrez donc dans les fonds marins grâce à une vingtaine d’écrans géants qui projettent des images des abysses. Toutes les trente minutes, la profondeur des fonds change… et cela donne lieu à une sorte de petit show son et lumière. Côté assiette, la carte est courte et met en avant les produits de la mer à des prix très corrects : ceviche de daurade (18 €), spaghetti alle vongole (18,50 €) ou tataki de truite (18 €). Autant restaurant que spectacle, Under the Sea est le nouveau lieu à tester – d’autant que l’illusion s’évanouira dans dix-huit mois pour s’installer dans une autre ville. ES
Le goût de la rentrée
© WS-Studio/Shutterstock.com
FESTIVAL. Adorateurs de pastel de Belém et de bacalhau (morue séchée), réjouissez-vous car le Portugal est le pays invité de la saison croisée FrancePortugal 2022. Du coup, le festival Food Temple qui aura lieu au Carreau du Temple du 23 au 25 septembre lui consacrera une belle place avec des spécialités à goûter mais aussi une exposition de photos. MH 053
Texte Florence Valencourt Photos Manon Levet (sauf mentions)
LA K-FOOD ENVAHIT PARIS Ce n’est plus une vague, c’est presque un tsunami ! La Corée mania s’est emparée de la Capitale et, après la K-pop et la K-TV, c’est au tour de la K-food de connaître une vraie ferveur auprès des Parisiens. Décryptage d’un phénomène qui prend de l’ampleur.
054
© DR
Kick Café
© DR
Nos deux guides : Hee-Jung, dite Linzy, et Juliette
“Le nombre de restaurants coréens à Paris a carrément été multiplié par deux depuis 2017, pour compter plus d’une centaine d’établissements (tous genres confondus) aujourd’hui !”
P
our prendre le pouls d’une tendance, rien de mieux que de voir le nombre d’événements et de discussions qui lui sont consacrés. Or, en ce qui concerne la K-Food, les forums dédiés se multiplient sur les réseaux sociaux (emoji bibimbap en « trending topic » !) et les manifestations concrètes aussi. Pour preuve, Taste of Paris, le salon gastronomique préféré des Parisiens, n’a pas fait l’impasse sur un beau stand « Corée » cette année, alors qu’il est logiquement tourné vers les toques de la Capitale… Mieux, dans quelques semaines à peine, se tiendra les 8 et 9 juillet 2022 la K-Food Fair au Carrousel du Louvre. Soit un festival dédié entièrement à la street food coréenne ! D’ailleurs, si l’on en croit le choix du Carrousel (lieu beaucoup plus vaste que les trois éditions précédentes), 056
les préinscriptions et les dires de madame Choi, responsable de l’organisation au aT Center (bureau européen de Korea Agro-Fisheries and Food Trade Corp), l’engouement pour cette fair pop et gourmande ne se dément pas, bien au contraire. Logique, puisqu’elle n’est que le reflet de l’effervescence culinaire coréenne qui touche Paris. En effet, si la gastronomie coréenne avait une présence discrète dans la Capitale jusqu’à présent, elle a complètement changé de dimension avec la nouvelle génération et ses nouvelles attentes en matière de gastronomie. Selon les chiffres de l’aT Center Paris, le nombre de restaurants coréens à Paris a carrément été multiplié par deux depuis 2017, pour compter plus d’une centaine d’établissements (tous genres confondus) aujourd’hui ! Tout cela alors que la cuisine coréenne reste
© DR
Bekseju Village le « bistrot » coréen
encore largement méconnue du grand public. Le célèbre critique François Simon explique ce succès par sa facilité d’accès : « En Corée, les gens n’ont pas le temps et mangent en vitesse […]. C’est une gastronomie joviale, souple et mobile, avec un rapport plus décomplexé à la nourriture ». Ajoutons que ce n’est pourtant que la partie émergée de l’iceberg, car la majorité des fans de K-food sont avant tout des fans de K-pop et de K-TV. D’ailleurs, cela peut sembler un peu fou, mais on trouve même une véritable sousculture coréenne en France. Des Français qui n’ont pour la plupart jamais mis un pied en Corée, mais qui vivent pourtant totalement à l’heure coréenne dans beaucoup d’aspects de leur vie. Et, ce qui est encore plus fou, c’est que ce n’est pas le fruit du hasard, car c’est bien la Corée elle-même qui a
lancé cette campagne de séduction internationale en mode soft power en 2009, dont on voit les fruits aujourd’hui à Paris. Pour découvrir cette Korea mania dans la Capitale, mieux vaut se choisir un bon guide, voire même plusieurs. Vivre Paris a donc demandé à deux insiders, Linzy, une Coréenne installée à Paris, et Juliette, une journaliste fan de K-pop, leurs itinéraires favoris.
Suivez le guide ! Hee-Jung (qui se fait appeler Linzy), jeune Coréenne installée à Paris depuis décembre dernier, nous prévient d’emblée : « Aujourd’hui, il y a beaucoup de restaurants qui se disent coréens alors qu’ils sont en fait tenus par des Chinois (la communauté Wenzhou). Ce n’est pas mauvais, c’est très instagrammable, mais ce n’est pas authentique. » On 0 57
Kayo Coffee,une boisson… avec un supplément de K-pop !
Ci-dessous, le Soon Grill, l’un des meilleurs barbecues coréens de Paris
Ci-dessus, Café Dabang – Goûter et thé Yuza, un coffee shop comme à Séoul Séoul Opéra Mandu et ses « ravioles » (dite « mandu ») à tomber
l’aura compris, on ne plaisante pas avec Linzy ! Parmi les restaurants et salons de thé qui trouvent grâce à ses yeux, on retiendra Soon Grill, soit ce qui se rapproche le plus d’un restaurant gastronomique – avec des prix à l’avenant ; le Mandoo Bar, spécialisé dans les raviolis coréens (mandu) et Séoul Opéra, qui sert une nourriture traditionnelle appréciée de la communauté. Sans oublier deux adorables salons de thé tenus par le même propriétaire coréen, Paris Dabang et Plus 82. Dans le premier, vers Saint-Ambroise, on découvre avec délice le thé Yuza (au citron coréen) et le Ssuk brownie « issu du ssuk, une plante plus utilisée et plus consommée que du thé vert chez nous en Corée. Il se déguste préparé dans des gâteaux de riz, en infusion à boire ou en préparations médicinales uniques ». Un délice. Dans le second, on succombe au « bingsu », LE dessert super à la mode. Présenté dans un gros bol, il se compose traditionnellement de fruits coupés servis sur de la glace pilée, d’une boule de glace, et est accompagné de haricots rouges et de lait concentré
Plus 82, le spécialiste du « bingsu », un dessert coréen
058
Le plat culte de Bong : le barbecue de bœuf mariné
“Aujourd’hui, il y a beaucoup de restaurants qui se disent coréens alors qu’ils sont en fait tenus par des Chinois (la communauté Wenzhou). Ce n’est pas mauvais, c’est très instagrammable, mais ce n’est pas authentique” pour être mélangés au bingsu selon ses goûts. Mais, à partir de cette base, certains laissent libre cours à leur créativité débridée… C’est très sucré, mais aussi très rafraîchissant. Un parfait dessert d’été. C’est là qu’on apprend de Linzy que le plus souvent les Coréens (et ceux qui veulent les imiter) mangent le plat et le dessert dans deux lieux différents.
Le bibimbap C’est la spécialité la plus connue du grand public : le bibimbap, un mélange de riz et de légumes, servi froid ou chaud, avec un œuf mollet,
des herbes, des algues parfumées, une sauce soja, du piment rouge… Après, pour la protéine, cela dépend de la région et du régime alimentaire, les Coréens étant très veggie friendly. Sur les conseils de Linzy, il faut aller le déguster chez Bong (spécialisé en barbecue), un restaurant aux antipodes du pop, mais qui de l’avis de Linzy est très correct et respecté. Enfin, si vous voulez vous lancer dans la K-food à la maison, il y a un temple où vous trouverez tout ce qu’il vous faut : l’épicerie coréenne K-Mart. Il y en a trois à Paris (dans le 15e, dans le 1er et dans le 8e). 059
K-Mart, l’épicerie coréenne favorite de Linzy
© DR
Kick Café, le premier concept store dédié aux fans de K-pop
Les trois drôles de dames du Kayo Coffee
“Qui dit Corée dit K-pop : ce café est dédié à cette culture musicale coréenne et est reconnu pour ça – certaines stars du genre sont même déjà venues ici”
© DR
Du K-pop et du fun
Un dessert de chez Sweetea’s
Juliette, une Parisienne branchée qui voue une véritable passion à la Corée, à commencer par tout ce qui se mange, est quant à elle une spécialiste de ce pays sous un angle fun et K-pop. Elle nous recommande d’entrée le Kick Café « parce que qui dit Corée dit K-pop et que ce café, dédié à la culture musicale coréenne, est reconnu pour ça – certaines stars coréennes sont même déjà venues ici ». C’est fusion (on trouve des bingsu aux Oreo !), c’est girly et très fréquenté par les jeunes. Mélanie, la responsable marketing, renchérit : « Ici, les gens viennent surtout pour nos gâteaux phares, l’ambiance et nos fameuses boissons aux couleurs 060
des groupes de K-pop, qu’on sert dans des gourdes transparentes. » Dans le même registre, direction Sweetea’s, à quelques rues de là, vers Arts et Métiers. Adrien, le gérant, confie que s’il fait du salé la semaine, les desserts sont tellement convoités qu’il a décidé d’ouvrir en mode tea time le week-end. Parmi ses best-sellers : honey toasts et hotteok (sorte de pancakes coréens fourrés). Enfin, on termine avec une boisson chaude à l’aloe vera au Kayo Coffee, le QG parisien des fans de K-pop tenu par Émilie et Mélanie, deux spécialistes de ce genre musical qui ont lancé ce lieu où les fans peuvent se réunir et échanger.
Au Food Market de Belleville, une édition spéciale Corée est organisée en septembre
© DR
Pour le salé, en mode très street food dans un premier temps, on prend rendez-vous chez Chikin qui, de l’avis de Juliette, fait des « corn dogs incroyables ». Et c’est vrai que c’est très « gourmand-décadent », tout comme la version coréenne du fried chicken américain : le dakgangjeong. Deuxième spot incontournable pour le poulet : On the Bab (déjà couru à Londres). Pour des plats un peu plus classiques mais très prisés également, Juliette recommande In Seoul Paris, dans le 10e arrondissement, qui sert de délicieux teokbokki, l’un des emblèmes de la cuisine coréenne. Ce sont des gâteaux de riz moelleux et un peu élastiques qui cuisent dans une sauce rouge très piquante et qui sont souvent accompagnés de divers autres ingrédients comme les gâteaux
de poisson, des œufs durs, du poireau, etc. Le plat préféré de madame Park, à la tête du restaurant ? Le dakgalbi, du poulet sauté aux épices avec du kimchi (mets traditionnel coréen composé de piments et de légumes lactofermentés). On le voit, impossible de faire le tour de la cuisine coréenne en un clin d’œil, tant elle est riche et diversifiée (et on n’a même pas abordé la cuisine coréenne des temples !). Il n’y a pas véritablement de quartier « Little Seoul » à Paris où vous pouvez vous balader et découvrir cette cuisine, comme on peut dériver dans le Chinatown du 13e. Cela dit, les adresses sont plutôt concentrées du côté d’Opéra, dans le 15e et dans le Haut-Marais. Et si vous voulez avoir un bon aperçu de l’offre de K-food parisienne en un seul lieu, le plus simple est encore de guetter la date du « Spécial Corée » du Food Market de Belleville, qui a lieu tous les ans en septembre, aux alentours de Chuseok (le Thanksgiving coréen).
Chikin, le spécialiste du poulet coréen
In Seoul Paris, la cuisine coréenne authentique
On the Bab, la cuisine coréenne version street food
© DR
De la « junk food », mais pas que…
061
Lettreur, l’être derrière la vitrine du restaurant Si les chefs sont sortis de leur cuisine depuis longtemps, il reste encore à découvrir plein d’artisans qui font l’âme d’un restaurant. À commencer par celui qui vous donne envie d’y entrer : le lettreur qui réalise l’enseigne ! Rencontre avec le Parisien Vincent Audoin, connu sous le nom de Lettreur & Gold.
Texte Florence Valencourt Photos Manon Levet
Qu’est-ce qu’un lettreur et pourquoi avez-vous choisi de vous présenter sous le nom de Lettreur & Gold ? Lettreur, c’est le mot québecois pour « peintre en lettres », mais j’aimais bien le vieux français, la sonorité et le côté voyageur qui reflète bien mon parcours. C’est aussi pour cela que j’y ai rattaché « & Gold », car j’ai appris le métier dans des pays anglo-saxons. L’ensemble est assez compréhensible intuitivement. Mon métier consiste donc à faire de la peinture en lettres, des dorures et enseignes peintes à la main, essentiellement pour les
062
commerces et, en ce qui me concerne, beaucoup pour les bars et les restaurants parisiens – puisque c’est ici que se trouve mon studio. Racontez-nous votre parcours. Comment devient-on lettreur ? J’ai commencé par un BTS, puis une école d’art, avant de passer une licence pro Métiers de l’édition, conception graphique et multimédia. Cela m’a donné des bases, mais ce n’était pas suffisant. Pour devenir lettreur, il faut pratiquer le pinceau. Dans ce métier, beaucoup viennent du graffiti, avec l’ambition de
063
La préparation du logo à l’atelier
“Nous sommes environ 15 lettreurs à Paris… contre 100 à Londres”
transformer un hobby un peu illégal en métier. Mais moi, je viens de la campagne, alors ce n’était pas du tout mon univers, le graff ! J’ai eu une opportunité à Londres en 2015 chez Ged Palmer, une référence. Il faut dire que cette spécialité est vraiment beaucoup plus développée là-bas, c’est fou. C’est avec lui que j’ai pris les pinceaux pour la première fois et je ne les ai plus lâchés depuis. Puis, je suis parti chez Tristan Kerr à Melbourne. Je devais rester deux mois en Australie, finalement je suis resté sept mois. J’y ai rencontré le Parisien François Morel (MO Signs) et je me suis décidé à rentrer pour m’installer à mon compte à Paris. Comme je n’y avais jamais encore vécu, François m’a mis le pied à l’étrier. C’était en 2016. Depuis, on travaille souvent ensemble pour les gros projets [comme sur le film The French Dispatch, de Wes Anderson, pour lequel il a réalisé des décors]. Sinon, je travaille seul, à mon compte. Au 064
début, chez moi, mais depuis 2020, au sein d’un ensemble d’ateliers géré par la coopérative Plateau Urbain. C’est plus confortable et il y a plus d’émulation. Pourriez-vous nous décrire une journée type, pour que nos lecteurs comprennent bien en quoi consiste votre métier ? Si je devais décrire le moment où je vais peindre, cela serait déjà sur deux journées, pas une. La veille, je prépare tout à l’atelier : dessins à la main, vectorisation du logo créé ou récupéré à l’ordinateur, préparation des peintures, des impressions au format, « trouage » des lettres, organisation de ma mallette (pinceaux, peintures, white-spirit, etc.). Le jour même, je pose le visuel sur la vitrine, je projette le « pounce pattern » – qu’on pourrait décrire comme une empreinte fantôme – puis je peins. Les gens pensent que c’est aussi simple qu’une décalcomanie, mais pas du tout !
Comment expliquez-vous que la plupart de vos clients parisiens soient des bars et des restaurants ? S’il y a un renouveau du lettrage depuis une petite dizaine d’années dans ce genre de commerces, je crois que cela tient avant tout au profil des propriétaires. De plus en plus sont des reconvertis, qui ont un plus grand souci de l’esthétique, mais aussi de l’écoresponsabilité. Sans compter qu’ils en ont marre de payer trois fois rien pour du vinyle fait en Chine qu’ils doivent changer tous les deux ans parce que cela ne tient pas. Enfin, ce sont des gens qui voyagent plus et s’intéressent au patrimoine. Or, le nôtre en la matière est foisonnant… Mais malheureusement pas assez entretenu.
Justement, la transmission, c’est important. Combien êtes-vous à Paris et quels conseils donneriezvous à ceux qui voudraient devenir lettreurs à leur tour ? On doit être une quinzaine à Paris [contre un peu moins de 100 à Londres]. Parmi les « patrons », il y a Jacky Georges ou encore Samy, mais il faut du renouveau. Or, les anciens ont toujours été un peu réticents à confier leurs secrets. C’est dommage, car sans transmission le métier pourrait bien disparaître… Pour moi, il faut trois ans de pratique avant de pouvoir se dire professionnel. Côté conseils, je dirais qu’il faut avant tout être passionné, ne pas compter ses heures et ne pas avoir peur de se salir ou de porter des choses lourdes. Et être en bonne forme physique. Car Instagram c’est bien joli, mais cela ne montre pas la réalité du métier… 065
Vincent crée aussi des décors de cinéma, comme ceux du dernier Wes Anderson.
Lettreurandgold.com
© Cookheure
Texte Thomas Thévenoud Photos Voir mentions
LES MAINS D’OR Installé à Fontenay-sous-Bois depuis quelques mois, Silax attire des clients venus de toute l’Île-de-France pour découvrir son fameux paris-brest. Une belle récompense pour ce pâtissier au parcours hors du commun : parti des tentes d’urgence de la Croix-Rouge de Vincennes, il est aujourd’hui une nouvelle signature qui compte dans la haute pâtisserie française !
L
e cartable est moins lourd à porter avec un éclair au chocolat à la main. Vendredi après-midi, sortie d’école à Fontenaysous-Bois, les petits se précipitent chez Silax. Même si la pâtisserie a ouvert il y a seulement quelques mois, ils connaissent déjà le chemin. Une fois à l’intérieur, les parents hésitent et finissent pas se laisser tenter par un paris-brest, le gâteau
signature de la maison. Classé 3e meilleur d’Île-de-France, sa notoriété s’accroît chaque jour et on se déplace de loin pour le découvrir – Mathieu Kassowitz en tête ! Le chef prend le temps de détailler sa composition à une cliente venue spécialement de Paris pendant que les habitués en font la publicité directe : « Frérot, c’est vraiment une dinguerie ton paris-brest ! » 067
La vocation Né à Vincennes il y a 36 ans, Silamaka Soukounarien, dit Silax, n’était pas prédestiné à devenir un grand pâtissier. Dans la famille, on n’était pas trop gâteaux. « Mon père achetait des sablés par paquet de 100. On ne les mangeait pas, ils étaient trop secs. » Le papa, venu du Mali, est gardien d’immeuble mais il n’y a aucun appartement suffisamment
© Johanna Alam © Johanna Alam
“À l’orée de la trentaine, sa pâtisserie s’affirme et il commence à savoir ce qu’il veut : créer ses propres gâteaux, le plus souvent en revisitant des standards de la pâtisserie française, et surtout devenir son propre patron” grand pour accueillir toute la famille : quinze frères et sœurs. « D’abord on s’est entassés dans un studio, mais il était beaucoup trop petit pour nous. Et puis en 1992, nous avons vécu trois mois dans les tentes de Vincennes, ensuite la Croix Rouge nous a proposé des Algeco et pour finir un pavillon de l’association. Au total, nous sommes restés dans ces hébergements
d’urgence pendant plus de dix ans. Et pourtant, mes parents avaient leur carte de séjour… »
Merci Simone ! Au collège, Silamaka est turbulent, pas du genre à rester tranquille au premier rang, plutôt à faire rire la classe depuis les derniers rangs. La conseillère d’orientation lui propose de se tourner vers une 068
filière professionnelle : la plomberie ou la mécanique. Mais ce n’est pas son truc. Le mercredi, il préfère aller chez Simone qui habite en face de l’Algeco où vit sa famille et la regarder confectionner des gâteaux au yaourt. Là, il observe, apprend le nom des ustensiles, les gestes rudimentaires, les recettes de base. Alors, quand il s’agit de choisir une orientation, il se dit que mettre les mains dans la farine lui plairait plus que dans un moteur. Son pote Yacine lui a déjà trouvé un surnom : Silax. C’est comme ça qu’on l’appelle dans le quartier. Ça fait affûté, précis, déterminé et il aime bien. Sans se douter que ça deviendra sa marque, dans quelques années.
Le seul pâtissier noir de l’école En attendant, Silamaka se retrouve en préapprentissage chez Les Jeannin au Perreux, une pâtisserie traditionnelle où Monsieur est au laboratoire et Madame en boutique. Il n’a que 15 ans et travaille déjà. Il apprend vite et se découvre une vraie passion pour le métier : monter une ganache, abricoter une génoise, zester un citron vert… Un jour, il se trompe dans la confection d’une tarte aux fraises et ajoute d’autres fruits rouges. Les clients en redemandent. Comme pour la fameuse tarte
Photos © Cookheure
À droite, le fameux paris-brest qui lui a apporté sa notoriété
069
© Cookheure
© Johanna Alam
© Johanna Alam
© Johanna Alam
Pour faire de la pâtisserie haut de gamme, Silax n’utilise que des matières premières d’exception.
070
“Aujourd’hui, les jeunes des quartiers pensent qu’ils ont peu de perspectives dans la vie. Je veux leur montrer qu’ils peuvent réussir dans d’autres domaines que le foot, le rap ou malheureusement la drogue. Ce n’était pas gagné pour moi, mais il y a de la place pour tout le monde, même dans la pâtisserie” Tatin, l’erreur fait le succès. Mais, les premiers temps, il n’est pas autorisé à venir en boutique. C’est le labo et rien d’autre. « Je ne dirais pas qu’ils étaient racistes, mais ils avaient sans doute peur des réactions de la clientèle. En tout cas, ils m’ont donné ma chance, laissé pratiquer, j’ai un grand respect pour eux. » Ni victime, ni vindicatif, il ne fait que constater : « Pendant mon parcours, j’ai rencontré très peu de pâtissiers noirs et, en tout cas, aucun en école de pâtisserie. » On imagine donc qu’il lui a fallu une certaine volonté pour suivre son rêve.
Silax le nomade En vingt ans, il a travaillé dans quinze maisons différentes. Peutêtre un reste de son enfance où il n’aimait pas trop rester à la maison : « D’abord ce n’était même pas chez nous, alors je vagabondais beaucoup… » À 17 ans, il décroche son premier CDI chez Ladurée puis enchaîne les expériences les plus variées : à Londres pendant six mois mais aussi au Lutetia, au Prince de Galles, au Train Bleu, à La Réserve, chez Drouant. Au Club Med, il est en contact direct avec les clients et apprend à être réactif. Chaque jour réserve une surprise. Dans ces maisons, Silax apprend les contraintes du métier et surtout la rigueur qui le caractérise : « En cuisine, on peut toujours rattraper un plat, avec une sauce ou un assaisonnement. En pâtisserie, impossible ! Il faut être extrêmement pointilleux sur les
cuissons et les quantités… Rien ne doit être laissé au hasard. » À l’orée de la trentaine, sa pâtisserie s’affirme et il commence à savoir ce qu’il veut : créer ses propres gâteaux, le plus souvent en revisitant des standards de la pâtisserie française, et surtout devenir son propre patron.
La révélation du confinement Pendant le confinement, il décide de poster ses créations sur Instagram. Le succès est immédiat et ses followers, qui sont aujourd’hui plus de 10 000, lui réclament de pouvoir acheter ce qu’ils découvrent sur l’écran. Magie des réseaux sociaux, magie du confinement. Dans sa cuisine transformée en labo, chaque matin il prépare ses gâteaux et les vend dans la journée. « En bas de chez moi, c’était devenu comme un drive. » Bientôt, le succès est tel qu’il se retrouve à l’étroit. Il faut s’installer. Ça tombe bien, la mairie de Fontenay-sous-Bois veut redynamiser le commerce local après le confinement. Elle a un local à louer, à prix modéré, en plein centre-ville, face à l’église : une boutique sur la rue, un labo à l’arrière dans la cour. Une aubaine pour Silax qui s’installe quelques semaines avant Noël 2021.
labo. En boutique, le téléphone ne cesse de sonner et les commandes du lendemain augmentent à chaque appel. Partisan d’une pâtisserie haut de gamme mais généreuse, Silax essaie de trouver le bon équilibre entre recettes traditionnelles et innovation. C’est comme ça qu’il a allégé son parisbrest avec une praline confite et des noisettes torréfiées. Nathan, son jeune apprenti, observe le chef. Il est arrivé d’Alsace il y a quelques mois et ne devait rester que trois semaines. Il est toujours là, les yeux qui brillent. Silax veut transmettre sa passion et casser les codes : « Aujourd’hui, les jeunes des quartiers pensent qu’ils ont peu de perspectives dans la vie. Je veux leur montrer qu’ils peuvent réussir dans d’autres domaines que le foot, le rap ou malheureusement la drogue. Ce n’était pas gagné pour moi mais il y a de la place pour tout le monde, même dans la pâtisserie. » Cindy, la voisine fleuriste, passe une tête pour voir s’il ne resterait pas quelque chose. Hélas pour elle, la bataille du paris-brest a déjà eu lieu… Avant de repartir, elle m’avoue que le premier mois où Silax s’est installé à côté d’elle, elle a dépensé la moitié de son salaire dans la pâtisserie : « Il a des mains en or ! »
Sa leçon de transmission Depuis, le succès ne se dément pas. Bien souvent, avant la fin de la journée, il ne reste plus un seul des 200 gâteaux qu’il a préparés le matin même dans son petit 07 1
Silax Pâtisserie 3 pl. du Général Leclerc, 94120 Fontenay-sous-Bois
PORTFOLI O
Le Grand Paris, loin des clichés Alassan Diawara Sans titre, octobre 2021 de la série Navigo Épreuve argentique sur papier Kodak contrecollée sur aluminium. 60 x 90 cm FNAC 2022-0002 Réalisée dans le cadre de la commande photographique Regards du Grand Paris 2020-2021 : Observer nos distances ; un partenariat entre le Centre national des arts plastiques et les Ateliers Médicis. Collection du Centre national des arts plastiques
072
© Adagp, Paris, 2022 / Cnap
07 3
© Baudouin Mouanda / Cnap
PORTFOLI O
L Baudouin Mouanda Sape : Rêve aller et retour, 2021 de la série : Sapeur de Bacongo Épreuve numérique impression jet d’encre sur papier Hahnemühle fine art Baryta 325g. 41 x 61 cm FNAC 2022-0031 Réalisée dans le cadre de la commande photographique Regards du Grand Paris 20182019 : Grand Paris, fiction vraie ; un partenariat entre le Centre national des arts plastiques et les Ateliers Médicis. Collection du Centre national des arts plastiques
e Grand Paris, c’est-à-dire les villes au-delà des anciennes fortifications ou le Paris des faubourgs, a longtemps fait peur aux politiques, puis il a été rêvé ou honni… Aujourd’hui, il est une réalité notamment grâce aux travaux d’extension des lignes de métro existantes et les créations de nouvelles lignes. Pour célébrer ses habitants et immortaliser ses espaces avant les grands changements à venir, le ministère de la Culture a commandé des photos à 38 artistes contemporains via les Ateliers Médicis, le Centre national des arts plastiques (Cnap), les Magasins généraux, la Société du Grand Paris et le musée Carnavalet - Histoire de Paris. Le travail de ces artistes a donné lieu à 337 œuvres modernes, vivantes et très loin des clichés ! Elles seront exposées aux Magasins généraux à Pantin, au musée Carnavalet - Histoire de Paris, mais aussi affichées dans de nombreux sites extérieurs et espaces publics du Grand Paris. Le regard des Grands Parisiens vous surprendra donc dans des lieux aussi variés que les palissades des chantiers des futures gares du métro Grand Paris Express, les grilles de l’Hôtel de Ville de Paris, ou les aéroports de Paris-Charles de Gaulle et Paris-Orly à partir du 24 juin 2022. ES 074
© Geoffroy Mathieu / Cnap
Geoffroy Mathieu L’Or des ruines, 2021 Christophe et l’armoise au bois de Vincennes Épreuve numérique impression jet d’encre sur papier Baryta Prestige Canson 340 g contrecollée sur Dibond. 80 x 60 cm FNAC 2021-0704 (16) Réalisée dans le cadre de la commande photographique Regards du Grand Paris 2019-2020 : Quel avenir commun ? ; un partenariat entre le Centre national des arts plastiques et les Ateliers Médicis. Collection du Centre national des arts plastiques
075
© Lucie Jean / Cnap
PORTFOLI O
Lucie Jean Cité lacustre #7, 2021 Épreuve pigmentaire sur papier Hahnemühle Bright White 300 g contrecollée sur Dibond 19 x 24,9 cm FNAC 2021-0545 Réalisée dans le cadre de la commande photographique Regards du Grand Paris 2018-2019 : Grand Paris, fiction vraie ; un partenariat entre le Centre national des arts plastiques et les Ateliers Médicis. Collection du Centre national des arts plastiques
076
© Francis Morandini / Cnap
Francis Morandini Panneau publicitaire, Saint-Denis, 2018 Épreuve argentique chromogène RA-4 Kodak Professional Endura Premier Paper satiné contrecollée sur aluminium. 94 x 124 cm FNAC 2019-0174 Réalisée dans le cadre de la commande photographique Regards du Grand Paris 2017-2018 : Translation - vers le même ou vers l’autre ? ; un partenariat entre le Centre national des arts plastiques et les Ateliers Médicis. Collection du Centre national des arts plastiques
07 7
© Marion Poussier / Cnap
PORTFOLI O
Marion Poussier On est là, Simona, Aubervilliers, 2021 de la série : On est là Épreuve chromogène classique Kodachrome contrecollée sur aluminium. 90 x 113 cm FNAC 2022-0022 Réalisée dans le cadre de la commande photographique Regards du Grand Paris 2020-2021 : Observer nos distances ; un partenariat entre le Centre national des arts plastiques et les Ateliers Médicis. Collection du Centre national des arts plastiques
078
Green ×
“Grâce à cet incroyable système, nous délivrons 2,5 bar de pression minimum au pied de chaque immeuble, soit 25 mètres de hauteur, l’équivalent de 7 étages, tout ça par la seule loi de la gravité !” Ludovic Robillard, responsable des installations Est à la direction de la distribution de l’Eau de Paris p. 84
079
Ça bouge dans le 19e ! TLM, un nouveau lieu de vie dédié à la mode circulaire, l’alimentation durable et la culture sous toutes ses formes, ouvre ses portes jusqu’en septembre dans le quartier Curial. Rencontre avec la représentante des collectifs qui ont redonné vie à l’endroit, la directrice et programmatrice, Thaïs Brujaille-Latour.
Quelle est l’activité du TLM ? C’est un lieu de vie convivial du quartier porté par un collectif de structures associatives du 19e nommé Au Fil du rail. Nous avons choisi trois thèmes, la mode, l’alimentation et la culture, pour l’animer. Nous pensons qu’ils rassemblent les gens, quelles que soient leur origine ou leur appartenance sociale. Toutes nos actions sont menées à chaque fois sous le prisme de l’écologie et de l’inclusion sociale. Par exemple, pour la mode, nous avons uniquement des activités autour de la seconde main. Le projet vient de commencer : nous allons fermer nos portes en septembre pour faire des travaux à l’intérieur, mais nous rouvrirons l’année prochaine car le TLM va perdurer douze ans, minimum. Quel était l’usage de ce bâtiment ? C’est un ancien quai de chargement de marchandises, situé sur les anciens rails de la Petite Ceinture. Il était fermé au public, mais la SNCF le louait pour des tournages de films. 080
Photos © Louis Comar
Thaïs Brujaille-Latour, directrice et programmatrice du TLM
Le bâtiment nécessite de gros travaux de réhabilitation pour une exploitation en hiver par la suite. Que va-t-on trouver chez vous cet été ? En permanence, il y a un corner fripes, un restaurant tenu par Mam’Ayoka [un traiteur solidaire et écoresponsable d’insertion pour les femmes éloignées de l’emploi], mais aussi un bar et une salle où l’on accueille notre programmation artistique. Là, ça va bouger tout le temps : il y aura des artistes du Paname Comedy Club, une soirée DJ ou salsa, mais également des talents du quartier… Les soirées auront lieu autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. ES L’entrée au TLM ne se fait pas de la rue : l’accès au site se trouve sur la Petite Ceinture via deux points possibles, le 97 rue Curial ou le 175 avenue de Flandre. Ouvert du mercredi au dimanche à partir de midi
Photos © DR
Amber, une des plus grandes spécialistes des cheveux crépus ou bouclés de Paris, en pleine action !
Après les vacances DÉCOUVERTE. C’est la fin des vacances et l’eau salée ou chlorée a rendu vos cheveux secs et fourchus ? Amber, du salon du même nom rue Greneta, spécialiste des cheveux délicats, bouclés ou crépus, a découvert un soin pour cheveux 100 % bio élaboré par Devance Cosmétiques ! Il fait l’effet d’un véritable cataplasme pour les crinières grâce à une alliance inédite et surtout sans ajout d’additifs chimiques (comme les silicones, ammoniums quaternaires et les agents de stabilisation ou de conservation) entre la marante (dictame) et le gombo. Ces deux actifs enrobent le cheveu d’une enveloppe hydratante et cicatrisante, avec une action nutritive au cœur du vortex. Non seulement le résultat est whaou tout de suite, mais il dure pendant deux mois ! ES Soin Devance (coiffage inclus) 75 €
Anti-obsolescence programmée MOBILITÉ DOUCE. La première trottinette électrique certifiée Origine France Garantie, avec une batterie sans soudure 100 % réparable (chaque cellule défectueuse peut être remplacée comme un consommable), s’appelle Plume Allure. En plus, elle met en avant la sécurité avec un système d’éclairage unique. MH © DR
1199 € ou 1499 € en fonction de la batterie 081
MOBI LI TÉ
TROIS SALLES, TROIS AMBIANCES Même chez les berlines de luxe et les limousines, l’e-mobilité est une nécessité. Nous avons sélectionné trois autos qui allient confort, prestance et efficience, chacune à leur manière, avec des motorisations à l’hydrogène, en 100 % électrique ou en hybride rechargeable. Revue de détail… QUELQUES CHIFFRES CLÉS Moteur électrique 333 ch Batteries 107,8 kWh Autonomie théorique 725 km Autonomie réelle constatée 550 km À partir de 128850 €
Le verdict Faire mieux qu’une Classe S, Mercedes y est parvenu avec l’EQS, en ajoutant le silence aux qualités reconnues de ces limousines.
Mercedes EQS 450+ ÉLECTRIQUE
Qu’est-ce qui est le plus impressionnant ? L’extérieur, avec ces dimensions hors-norme de 5,23 mètres de long, et cette carrosserie sculptée comme un galet avec un Cx (coefficient de pénétration dans l’air) record de 0,20, gage d’une efficience inédite sur route ? Ou l’intérieur, avec l’hyperscreen, cette dalle numérique s’étalant sur 141 centimètres de large, combinant trois écrans distincts en un grand ensemble à la présence aussi impressionnante que futuriste, et dotée de l’assistant vocal MBUX, qui est tout simplement le meilleur du marché. Que cela ne fasse pas de doute : avec sa ligne EQ, Mercedes est en train de proposer des alternatives 100 % électriques à toute sa gamme. Si la Classe S fait référence chez les limousines, l’EQS aspire ainsi 0 82
Texte Philippe Guillaume Photos DR
à faire référence chez les limousines électriques et le doute n’est pas permis quand l’on découvre l’intérieur, d’un luxe remarquable. Les attentions sont multiples pour l’équipage : entre l’éclairage d’ambiance, la qualité de la sono, les sièges massants, chauffants, ventilés à l’avant comme à l’arrière, la suspension d’un filtrage exceptionnel, l’absence de bruits extérieurs et de turbulences aérodynamiques, on voyage tout simplement en première classe. Le gabarit généreux de l’auto a permis à Mercedes de loger des batteries d’une capacité record : sur route, plus de 600 kilomètres d’autonomie sont réalistes. En d’autres termes, vous partez en Bretagne depuis Paris et arrivez à destination sans avoir à recharger. Puis, au retour, une borne rapide vous permet de refaire le plein d’énergie le temps d’un café et d’une petite pause, ce qui est absolument remarquable : l’EQS accepte des recharges à 200 kW ! Enfin, les roues arrière directrices confèrent à cette limousine une agilité remarquable qui lui permet de se faufiler en ville sans soucis.
QUELQUES CHIFFRES CLÉS Moteur 4 cylindres essence + moteur électrique, puissance cumulée 250 ch Batteries 15,6 kWh Autonomie électrique théorique 61 km Autonomie réelle constatée 40 km À partir de 58000 €
DS9 E-Tense 250 HYBRIDE RECHARGEABLE
Bien que construite en Chine, la DS9 se veut l’incarnation du luxe à la française et c’est le cas dans sa version haut de gamme Rivoli : intérieur cuir pleine fleur, sono Focal de haut niveau… On se sent particulièrement choyé dans cette berline, dont on aura au préalable admiré le niveau de détail de la carrosserie, entre la cinématique des feux avant à leds et des feux arrière à motif « diamant », tout comme le retour de clignotant sur le montant de custode arrière, comme la DS
originelle. Techniquement, la DS9 partage de nombreux éléments avec la Peugeot 508, mais sa plateforme est étirée de 10 cm, au bénéfice de l’espace intérieur. Sous le capot, la marque offre des motorisations hybrides rechargeables, en 225 et 250 chevaux, ainsi qu’en 360 chevaux avec quatre roues motrices. C’est, à nos yeux, la motorisation intermédiaire la plus intéressante, notamment parce qu’elle offre la plus grande batterie, d’une capacité de 15,6 kWh, pour une autonomie 100 % électrique de 61 km (dans les faits, vous en ferez une bonne quarantaine). Et sur la route, l’équilibre du châssis, parfaitement calibré entre confort et efficience, séduit pleinement.
Le verdict Voici une manière intéressante de rouler différemment, tout en conjuguant efficience et polyvalence. QUELQUES CHIFFRES CLÉS Moteur électrique 182 ch Batteries : pile à combustible, 5,4 kW/l Autonomie théorique 650 km Autonomie réelle constatée 450 km À partir de 69400 €
Toyota Mirai HYDROGÈNE
L’hydrogène, c’est l’avenir ? C’est fort possible, une fois que l’on aura réglé le problème de l’énergie nécessaire à la fabrication de ce type d’alimentation, ainsi que son stockage et sa distribution. Le chantier est balbutiant, mais en cours de nette amélioration. La Toyota Mirai, qui en est à sa seconde génération (la première est sortie en 2014, avec un design assez controversé, là où ce second opus est nettement plus élégant, avec des airs de grand coupé élancé
façon Audi A7), est ainsi très en avance sur l’écosystème dont elle dépend. Rappelons les bases du concept : le véhicule à hydrogène n’a que des qualités ! Il combine une motorisation électrique, alimenté par une pile à combustible, nourrie par une bonbonne d’hydrogène sous très haute pression, et dont on fait le plein en quatre minutes. En action, l’auto ne rejette que de la vapeur d’eau. À la conduite, le système est transparent : douceur et sérénité sont au rendez-vous, avec un sentiment de tapis volant rarement expérimenté ailleurs, et sans la brutalité des accélérations ressentie parfois au volant des autos électriques. 083
Le verdict Dotée d’un agrément de conduite d’un grand raffinement et d’une grande douceur, cette Mirai préfigure le futur…
C OU LI SSES
Texte Anne Thoumieux
Et l’eau devint potable au réservoir Montsouris Photos Clément Savel
084
Le réservoir inférieur
C OU LI SSES
Avant d’arriver aux robinets des Parisiens, l’eau est acheminée vers la Capitale depuis plusieurs sources, puis stockée dans des réservoirs gigantesques. Celui de Montsouris nous a ouvert ses galeries et sa cathédrale de l’eau.
V
Ci-dessus, le lanternon principal
Ci-contre, les tulipes de l’arrivée d’eau dans le lanternon
ous êtes-vous déjà demandé d’où provenait l’eau que vous buviez ? Spécificité parisienne, la moitié de l’eau potable distribuée dans la Capitale provient d’eaux de sources captées dans des nappes phréatiques ou des résurgences naturelles, et amenées jusqu’à Paris par trois aqueducs : celui de la Vanne, celui du Loing et celui de l’Avre, du nom des sources. L’autre moitié est prise dans la Seine et la Marne, et traitée par deux usines de potabilisation. Cette répartition garantit un approvisionnement continu : en cas d’incident sur l’une des sources, les autres prendraient le relais. Une fois les traitements nécessaires effectués, des aqueducs à la technicité remarquable de simplicité amènent le mélange directement dans les différents réservoirs parisiens.
Des aqueducs centenaires Au XIXe siècle, alors que l’eau est prise uniquement dans les rivières, des aqueducs sont construits pour acheminer des eaux de sources jugées plus pures jusqu’à Paris, sur l’exemple des Romains. On leur doit en effet l’aqueduc de Lutèce, le premier jamais construit à Paris. Remontant au IIe siècle apr. J.-C., il relève déjà l’exploit technique d’acheminer l’eau grâce à la gravité. Utilisé pendant plus de cinq cents ans, son parcours ingénieux sera repris par Belgrand, l’ingénieur surdoué qui imagine ainsi le nouveau réseau d’eau en perpétuant le système gravitaire romain. Par un jeu d’inclinaison
➀ Au-dessus du réservoir
supérieur : on aperçoit les vannes de contrôle de l’eau
➁ Ludovic Robillard, responsable
des installations Est à la direction de la distribution chez Eau de Paris
➂ Entrée du réservoir supérieur ➃ Les sources de l’eau
➀ ➁
➃
➂
Ci-dessus, le réservoir supérieur Ci-contre, la descente vers la « chambre des vannes »
C OU LI SSES
088
“À Montsouris, on est à 78 mètres d’altitude et on alimente les quartiers de Paris qui sont le long de la Seine, 33 mètres plus bas. C’est ça qui apporte la pression que nous avons au robinet” des aqueducs, cette technique, écologique avant l’heure, permet encore aujourd’hui d’obtenir un débit régulier et de transporter l’eau sans apport d’énergie !
Des réservoirs bien placés Paris dispose de cinq réservoirs pour stocker son or bleu : ceux de Ménilmontant et des Lilas qui alimentent l’Est parisien, celui de Saint-Cloud pour le Nord-Ouest, celui de L’Haÿ-les-Roses pour le Sud-Ouest et enfin, le réservoir de Montsouris. « Ils sont situés sur des points hauts car la distribution se fait grâce au dénivelé. À Montsouris, on est à 78 mètres d’altitude et on alimente les quartiers de Paris qui sont le long de la Seine, 33 mètres plus bas. C’est ça qui apporte la pression que nous avons au robinet », explique Ludovic Robillard, responsable des installations Est à la direction de la distribution chez Eau de Paris. « Grâce à cet incroyable système, nous délivrons 2,5 bar de pression minimum au pied de chaque immeuble, soit 25 mètres de hauteur, l’équivalent de 7 étages, tout ça par la seule loi de la gravité ! » s’enthousiasme-t-il. Si l’eau doit aller plus haut, l’immeuble doit être doté de surpresseurs.
Le mythique réservoir Montsouris Fermé au public pour raisons de sécurité, cet ouvrage mythique fut longtemps la plus grande réserve d’eau potable de la Capitale, voire du monde. Construit sur l’un des plus hauts points sud de Paris, il possède deux étages superposés dédiés au stockage de l’eau, chacun coupé en deux, offrant ainsi quatre compartiments distincts de 254 mètres de longueur sur 127 mètres de largeur chacun,
soit une capacité de stockage de plus de 200 000 m³ d’eau. À l’étage supérieur, les compartiments stockent l’eau jusqu’à 2,2 mètres pour un total d’environ 40 000 m3 d’eau chacun. Dans le réservoir du dessous se trouvent les compartiments les plus grands : sous leurs arcades et leurs voûtes de 7 mètres de haut, ils protègent jusqu’à 60 000 m3 d’eau chacun. En tout, ce sont 1 800 piliers qui soutiennent le poids de ces milliers de mètres cubes. Mais ce n’est pas tout : l’ensemble du réservoir repose également sur… des carrières ! « Avant de construire le réservoir, il a fallu conforter les carrières. Ce fut le plus gros chantier de confortement de carrières au monde. Elles sont assez basses de plafond et les piliers sont quatre fois plus gros que ceux-là : ils soutiennent tout. C’est assez magique, il y a même des sources d’eau qui circulent au sol », raconte Ludovic Robillard. 089
Dans la grotte, les « truitomètres » à l’entrée du réservoir inférieur
OPÉRATION EAU SANS BOUTEILLE « Ici, je choisis l’eau de Paris. » En plus de ses 1200 fontaines parisiennes, pour éliminer les bouteilles en plastique, Eau de Paris a développé un réseau de commerces et restaurants partenaires où remplir sa gourde d’eau potable. Sur leur site, une carte localise les quelque 500 établissements participants et un livre blanc dédié aux solutions alternatives est téléchargeable gratuitement. eaudeparis.fr
C OU LI SSES
© Eau de Paris
La cathédrale de l’eau
La qualité de l’eau 3 questions à Jean Baron, directeur adjoint en recherche et développement de la qualité de l’eau au laboratoire d’Eau de Paris L’eau de Paris respecte les 56 paramètres de potabilité définis par le Code de la santé publique
Comment est contrôlée l’eau de Paris ? Notre labo réalise des analyses physico-chimiques et bactériologiques quotidiennes, vérifie qu’il n’y a pas de résidus de médicaments, de métaux, de pesticides… dont l’utilisation est d’ailleurs interdite autour des sources. L’eau répond à un cahier des charges, mais notre travail c’est d’aller au-delà, en recherchant d’autres paramètres comme des virus, et des solutions. Pourquoi y a-t-il du chlore dans l’eau ? Pour garantir sa qualité bactériologique, on laisse un petit résidu de chlore, le plus faible possible. La norme est de 0,3 microgramme par mètre cube car le chlore s’évapore : il faut qu’il en reste suffisamment au robinet pour garantir son innocuité. À Paris, on est chanceux : on est à 0,2 car les distances sont courtes. Vous occupez-vous de l’eau non potable ? Paris possède une spécificité : un second réseau d’eau est dédié à l’eau non potable. C’est une eau récupérée de la Seine et du canal de l’Ourq, que l’on filtre sans la traiter. On l’utilise pour l’arrosage des parcs et jardins, le nettoyage des trottoirs, le curage des égouts et pour renflouer les lacs de Vincennes et Boulogne. 090
La visite commence par le lanternon où l’eau qui provient directement de l’aqueduc du Loing jaillit par des ouvertures évasées appelées tulipes, avant de s’écouler dans les compartiments du haut avec lesquels il communique. Cet édifice, symbole du réservoir, est décoré de céramiques jusqu’au plafond où l’on peut lire la devise de Paris « Fluctuat nec mergitur* ». Juste à côté, on accède au réservoir supérieur par un escalier en colimaçon d’où l’on peut juste voir les volutes bleues de l’eau qui se déversent dans un bruit torrentiel. On accède ensuite au réservoir inférieur, par une entrée très spéciale. « Quand on a commencé à faire venir l’eau de source à Paris, les gens étaient un peu méfiants. Cet espace a été pensé pour promouvoir sa qualité, avec un aspect grotte pour faire penser aux sources thermales », confie le responsable. Face à nous, les célèbres « truitomètres », des aquariums où des truites servaient autrefois à tester la qualité de l’eau : aux premiers signes de faiblesse de ces poissons très sensibles à la pollution, l’eau était éliminée par sécurité. Derrière une porte, une coursive humide en forme de tunnel nous offre ensuite un spectacle inattendu : une immensité d’eau bleu turquoise entrecoupée de majestueux piliers offrant des jeux de lumière saisissants. Une piscine géante qui ferait presque oublier que près de 80 000 m3 d’eau se trouvent juste au-dessus de nos têtes…
Visite et fonctionnement sous contrôle Le réservoir inférieur sert à moduler les entrées et les sorties en eau qui se font par le réservoir du haut. Si le débit de l’aqueduc est constant, selon les jours, la consommation, elle, varie. « Le week-end, on remplit tout au maximum. L’eau est ensuite utilisée au fil de la semaine
“80 000 m3 d’eau se trouvent juste au-dessus de nos têtes”
Test du chlore avant départ de l’eau vers les particuliers dans la « chambre des vannes »
afin qu’elle ne stagne jamais », explique l’expert. Le centre de contrôle-commande surveille la consommation de tout Paris en temps réel : cinq équipes se relaient 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. « Tenez bien votre stylo : si vous le faites tomber, il faudra enclencher un cycle de désinfection… » prévient monsieur Robillard. Chaque compartiment est en effet nettoyé une fois par an, une opération complexe : « Il faut nettoyer le sol, les murs et les 1 800 piliers avec des
lances, suivre des procédures, faire des tests au chlore et des analyses. Avec les temps de vidange et de remplissage, chaque compartiment est inutilisable un mois par an », précise-t-il. Enfin, direction la « chambre des vannes » qui commande l’arrivée des eaux à Montsouris. On y retrouve les conduites verticales qui débouchent sur les deux tulipes du lanternon, puis une salle d’où part l’eau dans Paris après un ultime contrôle. * « Il est battu par les flots, mais ne sombre pas. »
091
À VOIR À PARIS Les vestiges d’anciens aqueducs des IIe et XVIIe siècles dans la ZAC AlésiaMontsouris Le pavillon de la porte d’Arcueil, seul aqueduc en fonction où l’on peut voir couler l’eau sous ses pieds
Ce nouveau lieu accueille les Parisiens et Parisiennes de tous âges dans le cadre de programmes et ateliers pour apprendre et agir autour de l’écologie.
Texte Anne Thoumieux Photos Académie du climat (sauf mentions)
L’école de l’écologie citoyenne
Objectif : former et informer Pour faire face à l’urgence climatique, la Ville de Paris a décidé de créer un lieu dédié à l’accompagnement de tous ceux qui souhaitent se mobiliser, conduire des projets, profiter d’espaces de rencontres pour passer à l’action. Installée dans l’ancienne mairie du 4 e arrondissement, l’Académie est conçue comme un espace d’intelligence collective pour permettre à chacun de comprendre comment réduire au quotidien son empreinte carbone et adopter un mode de vie adapté aux futurs aléas climatiques. Ce projet aux multiples facettes a pour ambition de devenir le lieu de référence pour informer, expérimenter, sensibiliser et mobiliser en particulier les jeunes autour de questions socio-environnementales et de défis environnementaux.
4 000 m2 « par les jeunes pour les jeunes » Avec un axe spécifique destiné aux jeunes, à l’Académie, on collabore et on agit ensemble. « La programmation est cogérée avec un groupe des Jeunes pour le climat qui participe ainsi à la gouvernance du lieu. On se voit chaque semaine, ils sont notre boussole, ils nous challengent », confie Sarah Alby, directrice de l’Académie du climat. Le lieu leur apporte des moyens d’agir et des outils qui les aident à prendre conscience de leur capacité d’action pour bousculer les pratiques individuelles et collectives. « On travaille sur la sensibilisation et l’orientation vers les métiers de la transition écologique. À la rentrée, nous offrirons aussi une formation aux écodélégués élus dans les collèges et lycées », pointe la directrice. Un espace de travail collectif de 76 m2 est aussi à la disposition des jeunes tous les jours pour se retrouver, faire grandir leurs projets et émerger des solutions concrètes. Cette
Un lieu ouvert à tous, à découvrir juste à côté de l’Hôtel de Ville
pépinière accompagnera chaque année quinze projets bénéficiant d’une mise en relation avec des professionnels et d’un soutien financier de la Ville de Paris pour les plus prometteurs.
Apprendre avec l’Académie du climat Des parcours pédagogiques gratuits sont organisés pour les scolaires, à l’école et sur place, avec pour mot d’ordre : apprendre par le « faire » sur des sujets comme la biodiversité, 0 93
“Pour les familles, des ateliers sont proposés pour apprendre à réduire son empreinte carbone”
© YesWeCamp
© YesWeCamp
“À la rentrée, nous offrirons aussi une formation aux écodélégués élus dans les collèges et lycées”
Des ateliers pédagogiques pour tous, tout au long de l’année
l’eau, l’énergie, la consommation… Par ailleurs, l’Académie accueille TUMO Paris 4, l’école du climat, qui dispense, sur inscription mais toujours gratuitement, des sessions chaque semaine par cycles de deux mois autour de huit spécialités au choix. Au programme pour les kids : un peu de théorie et beaucoup de créations !
Une programmation gratuite et familiale
Académie du climat Place Baudoyer Paris 4e academieduclimat.paris
Sur place, des ateliers, des conférences et des débats, des projections, des expositions, des événements, un verger et une bibliothèque sont ouverts à tous gratuitement. Des ateliers destinés aux familles sont proposés pour apprendre à réduire son empreinte carbone via l’alimentation, la réparation et d’autres solutions concrètes, dans des espaces d’expérimentation : une cuisine, un atelier bricolage, 094
un jardin pédagogique, un espace couture, un labo d’écoconstruction… On peut également participer chaque mois aux « Apéros circulaires » proposés par Tout Day, dont chaque édition est thématique et suivie d’un apéro durable à la buvette.
Une buvette engagée Épicentre de l’Académie, elle offre une programmation festive et engagée, mais surtout de quoi se restaurer « ultra-local » grâce à YesWe Camp, spécialistes de la réinvention d’espaces urbains. Concerts, débats, fanfares et projections – sans obligation de consommer – y facilitent les rencontres et l’émergence d’une communauté parisienne d’écocitoyens militants. Le programme se construit avec les utilisateurs du lieu via une rencontre ouverte où chaque mois chacun peut proposer une activité.
Enfants ×
“Les enfants peuvent se faire leur propre idée de ce personnage atypique qui a pour toit un arrêt de bus.” Nathalie Wyss, auteure de livres pour enfants p. 97
095
© Brigitte Besson
Nathalie Wyss
Nathalie Wyss et Juliette Lagrange signent un joli livre sur le thème délicat de l’exclusion à Paris via l’histoire d’amitié entre un sans-abri, Monsieur Henri, et un éléphanteau : un moyen intelligent d’évoquer le sujet avec les petits – dès 4 ans, l’âge auquel les questions fusent… Alors qu’elle est très présente dans les grandes villes, l’exclusion est un thème assez peu abordé dans les livres pour enfants… Nathalie : Henri, nous l’avons tous croisé un jour ou l’autre, nous l’avons tous ignoré, nous avons tous évité de le regarder. C’est cette culpabilité-là que cet album raconte. La mienne. Mon incapacité à aider ces gens, mon ignorance et mon impuissance. Je me souviens très bien de mon incompréhension et ma détresse face à cette douloureuse réalité lorsque j’étais petite… C’est un bel outil pour parler des sans-abri et de l’exclusion aux petits Parisiens qui y sont beaucoup confrontés… Juliette : Effectivement, la pauvreté est très visible à Paris, notamment dans mon arrondissement et aux portes de Paris. Mais la pauvreté est partout malheureusement. J’espère
que ce livre peut sensibiliser à ceux qu’on ne voit pas ou qu’on ne veut pas voir. Pourquoi avoir choisi le 19e ? J. : Pour chacun de mes livres, je m’inspire de ce qui m’entoure, je réalise beaucoup de croquis, de photos de paysages et détails que j’affectionne. J’ai déambulé dans mon quartier, le 19e, et j’ai imaginé où ces personnages pouvaient vivre. Il y a une place avec un arrêt de bus pas loin de chez moi, situé devant les Buttes-Chaumont que j’aime particulièrement. Beaucoup de monde y défile. J’ai donc ancré mon histoire ici. Quelles étaient les difficultés pour que le sujet ne devienne pas trop dur ? N. : Je crois que la clé était de ne pas donner trop de détails sur Monsieur Henri. Les choses sont suggérées. Les enfants peuvent 096
Juliette Lagrange
© DR
L’exclusion en question
se faire leur propre idée de ce personnage atypique qui a pour toit un arrêt de bus. Et sinon, c’est le petit éléphanteau qui allège l’histoire. Il est la douceur, l’espoir, la compagnie, la chaleur et le réconfort. Il amène une dose de magie salutaire pour accompagner les enfants dans ce récit à la thématique délicate. En racontant cette histoire, je voulais avant tout que les enfants passent un bon moment !
L’Arrêt de bus de Nathalie Wyss et Juliette Lagrange (Kaleidoscope), 13,50 €
Photos © DR
Virginie Guigard, créatrice de Maison Charlotte
Le tour de Paris JOLI LINGE. Réalisées de façon éthique au Portugal, en percale de coton biologique, les collections de linge de lit et de mobilier pour bébé et enfant de Maison Charlotte apportent tout de suite un côté rétro intemporel, empreint de douceur dans une chambre. Cette saison, c’est l’art de vie parisien qui a inspiré Virginie Guigard, créatrice de la marque et en charge des collections. « Plus que Paris, ville effervescente, ce sont ses parcs, petites bulles où se ressourcer avec leurs arbres et oiseaux, leurs allées et sièges, les enfants jouant, le tout entouré d’élégants bâtiments qui ont regardé passer tant de générations, tant d’histoires… » nous précise-t-elle. D’ailleurs, la nouvelle collection a été baptisée Monceau, en l’honneur du célèbre parc du 8e arrondissement. ES
De la magie EN FAMILLE. À l’occasion de ses 140 ans, le musée Grévin propose des nouvelles aventures immersives inédites, dont L’Armoire aux rêves. Mélange entre un escape game, un jeu de rôle et du théâtre immersif, cette animation de trente minutes vous propose de mener une enquête étrange sur les pas du grand magicien Harry Houdini. ES © DR
À partir de 8 ans, et à partir de 10 € 0 97
SÉLEC TI ON
10 ACTIVITÉS INÉDITES AVEC LES ENFANTS
L’Hippodrome en famille
© Scoopdyga
Qui a dit que les kids s’ennuyaient en été à Paris ? Voici 10 activités inédites pour passer un moment formidable en famille !
L’Hippodrome en famille TOUS À CHEVAL ! C’est une journée inoubliable qui attend toute la famille dans les hippodromes parisiens ! Les parents vibrent pour les courses de chevaux et l’ambiance électrique sur la piste, tandis que les enfants s’amusent comme des fous, avec des animations comme des balades à poney, des structures gonflables où sauter dans tous les sens, du ponycycle ou même une initiation aux courses. Le tout dans un espace au vert et sans voitures ! L’Hippodrome en famille : les 2 et 17 juillet à Chantilly, le 3 juillet à Saint-Cloud, le 11 septembre à ParisLongchamp, le 24 septembre à Auteuil.
© F-G Grandin MNHN
× Entrée gratuite pour les enfants jusqu’à 12 ans, tarif réduit de 12 à 18 ans, adultes à partir de 5 €
Le zoo de Paris
Photos © Scoopdyga
UNE ESCALE EN AFRIQUE Le zoo de Paris a imaginé toute une installation sensorielle pour vous télétransporter sur un continent différent ou carrément… dans la peau des animaux ! Vous pourrez ainsi vous immerger dans l’atmosphère de chaque biozone à travers les sons et les odeurs, tandis que le parcours pieds nus dans la clairière permet de déambuler sur des sols recouverts de différents substrats, identiques à ceux qui tapissent les enclos des animaux… Sensations garanties ! Au Chalet, les cinq sens sont célébrés via une exposition sur les espèces aux organes sensoriels originaux ou particulièrement efficaces. Par ailleurs, les Rendez-vous sauvages d’été commenceront le 21 juin (pour se terminer le 31 août) avec des défis olfactifs, un aquarium tactile mobile ainsi que des animations dédiées aux 3-6 ans comme le Petit Marché (un quizz alimentation à la plaine Pampa) ou à l’écoute des animaux (blindtest aux otaries) ! Et surtout, passez faire un petit coucou aux deux rhinos blancs Wami et Angus, les deux stars de la saison ! × Le zoo de Paris, pour tous les âges, à partir de 15 € 099
SÉLEC TI ON
La Japan Expo
© Arthur Crestani
LE RENDEZ-VOUS DES FANS DE MANGA Pour les aficionados de pop culture japonaise, manga en tête, direction Japan Expo au Parc des expositions de Villepinte du 14 au 17 juillet. Le programme s’annonce exceptionnel, avec 80 invités (dont le girls band Kannagi Rabbit, la reine des cosplayeuses Hikari…) et des animations comme une initiation au Gunpla ou l’essai de jeux vidéo en avant-première… Avant tout, c’est l’environnement qui sera génial, puisque tous les kids adeptes du genre s’y rencontrent, échangent et même se déguisent comme leurs personnages favoris !
© Arthur Crestani
© Seine-Saint-Denis Tourisme
× Entrée à partir de 20 € (gratuit pour les moins de 8 ans)
L’été du canal
© DR
© Manon Harmand
© DR
PRENDRE LA MER (OU PRESQUE) L’Été du canal propose de vivre Paris et sa grande région Nord au fil de l’eau avec des animations ludiques, culturelles, sportives ou festives tout le long du canal, pour tous les âges, tous les styles. Le must pour les familles arty, c’est la croisière commentée de deux heures en aller-retour du Bassin de la Villette jusqu’au pont de Bondy, pour découvrir la relation entre street art et le canal de l’Ourcq (à partir de 9 €). Pour les kids (à partir de 10 ans) qui rêvent de Hawaï, direction Joinville-lePont : sur ce plan d’eau ont lieu des cours d’initiation au stand up paddle (29 € par personne). Dans les animations gratuites, il y a évidemment toutes celles de Paris Plage qui se dérouleront cette année encore au bassin de la Villette : aviron, kayak, parasol, village enfants, taï-chi et Do-In, danses pour adultes et enfants, et piscine en plein air dans le bassin de la Villette, gratuite et surveillée (rendezvous au niveau du quai de la Loire - Paris 19e). × Tous les week-ends, du 9 juillet au 14 août 2022, tourisme93.com 100
Photos © Sarah Annie
Palomano City LE MINI-MONDE DES ENFANTS Créée par des décorateurs de cinéma, Palomano City est une mini-ville ludo-éducative où les enfants développent leur imaginaire en inventant des scénarios entre eux, mais aussi un lieu où ils prennent conscience de tous les rôles qu’ils peuvent jouer dans une vie. Durant deux heures, ils circulent ainsi librement entre l’hôpital (Palo-Hosto), le salon de beauté et de style (PaloStyle), l’aéroport (Palo-ManAir) ou la caserne de pompiers (Palo-Feu) pour incarner des personnages. Bon à savoir : les bébés sont les bienvenus avec un espace semi-fermé qui leur permet de s’essayer à un parcours de motricité Wesco. × Entrée 9,50 € pour un enfant, 5,50 € pour un adulte 101
© DR
SÉLEC TI ON
Marvel Avengers Campus
× Disneyland Paris, à partir de 54 € pour 1 journée 102
© Disneyland Resort/Christian Thompson
© Ty Popko/Disneyland Resort
© DR
DEVENIR UN SUPERHÉROS Conçu par Tony Stark en personne pour découvrir, recruter et former la prochaine génération de superhéros, le Marvel Avengers Campus européen ouvre ses portes au parc Disney le 20 juillet. Dans ce tout nouvel univers, l’interaction est le maître-mot via des rencontres avec tous les héros Marvel, de Black Panther à Black Widow en passant par Spider Man, mais aussi dans les attractions proposées. Les enfants (et les parents !) sont invités à s’entraîner avec Okoye et des Dora Milaje, danser avec les Gardiens de la Galaxie ou faire équipe avec l’Homme Araignée afin de capturer des Spider-Bots en lançant des toiles dans la nouvelle attraction, Worldwide Engineering Brigade. Les émotions très, très fortes ne sont pas oubliées avec le roller coaster inédit Avengers Assemble : Flight Force. Le départ est plutôt décoiffant puisqu’on passe de 0 à 96 km/h en 3 secondes, puis s’ensuivent trois inversions, deux roll-overs et un « tire-bouchon », c’est-à-dire un looping vertical. Heureusement, Iron Man et Captain Marvel sont là pour nous accompagner tout au long du voyage !
Prendre la tangente UN TOURISTE PAS COMME LES AUTRES Plutôt que préparer fiévreusement une valise pour une destination lointaine, les familles se régaleront de la nouvelle exposition du MAIF Social Club qui interroge la notion d’évasion avec onze artistes. Laila Hida vous invite à un selfie sur une fausse place Jemaa el-Fna au Maroc avec le Arnakech Project, tandis que Mounir Ayache vous donne les commandes d’une sorte de simulateur de vol… dont vous ne contrôlez ni la destination ni le chemin ! N’hésitez pas à regarder le programme sur le site du lieu : des ateliers dédiés aux enfants autour de l’expo sont proposés tout le mois de juillet.
© William Bibet
× Prendre la tangente, jusqu’au 22 juillet, gratuit
Happyculteur
Photos © Jean-Louis Carli / MAIF
LES FUTURS APICULTEURS C’est une attraction à la fois green, scientifique et conviviale : les ateliers d’initiation à l’apiculture d’Happyculteur, destinés au grand public et animés par des apiculteurs passionnés, qui ont à cœur de partager leur savoir-faire ! Leur but est de sensibiliser le plus grand nombre à la protection de l’abeille et de la biodiversité à travers trois temps principaux : de la théorie pour comprendre, de la pratique sur les ruches pour observer, de la dégustation de miel pour sensibiliser aux bons produits. Chaque mois, des ateliers aux thématiques variées sont proposés selon vos envies : la construction d’un nichoir à abeilles sauvages du côté de Stalingrad (gratuit sur réservation), le « classique » avec trois heures d’initiation à l’apiculture urbaine et écologique dans le 16e (50 € par participant) ou carrément un stage d’une journée pour apprendre à installer son propre rucher (90 €)… Comme c’est assez technique, les ateliers sont réservés aux plus de 12 ans. × happyculteur.co 103
SÉLEC TI ON
Pop Air UNE EXPO « GONFLÉE » Avec Pop Air à La Villette, une exposition consacrée à l’art gonflable, les installations artistiques modernes font la joie des petits comme des grands, car il s’agit tout autant d’une expérience immersive que d’un émoi artistique accessible à tous. La première œuvre, Cupid’s Koi Garden du studio australien Eness, des sortes de champignons aux couleurs psychédéliques, hauts de 6 mètres et gonflés à l’hélium, donne le ton : on a l’impression de pénétrer dans un monde magique ! Dans ce musée plutôt spécial, vous pouvez vous jeter sur les œuvres, courir dans tous les sens et vous perdre dans les couleurs. Les enfants plébiscitent Hypercosmo du collectif Italian Quiet Ensemble : une immense piscine à boules accompagnée de projections lumineuses, de mouvements et de sons, dans laquelle ils se plongent pour un moment magique. À découvrir : les œuvres de 15 artistes sur un parcours de plus de 5000 m2 !
© Agence photographique musée Rodin - A. Berg
× Pop Air, jusqu’au 21 août 2022 à la Grande Halle de La Villette, à partir de 10 €
Le musée Rodin
Photos © DR
METTRE LES MAINS À LA PÂTE Le musée Rodin ouvre juste cet été un nouvel espace en accès libre, dédié à la découverte de l’art par la pratique, après la visite du musée et du jardin de sculptures. Quatre ateliers y sont proposés – et c’est inclus dans le prix de la visite ! Les enfants découvrent les matières en les touchant à l’aveugle, assemblent des morceaux d’œuvres de Rodin aimantés au mur ou bien recomposent des œuvres avec des cubes en bois. Dans l’espace « coloriage », ils adorent dessiner les contours de leur propre corps sur le mur et tout le monde se calme en écoutant des podcasts autour de la sculpture dans le dernier atelier. ×G ratuit sans réservation pour les enfants (jusqu’à 25 ans pour les ressortissants de l’UE), 14 € pour les adultes 104
Bien-être ×
“Ce n’est pas facile de changer de vie : moi, ça m’a pris quinze ans.” Susan Oubari, fondatrice de Breathe in Paris et The Breathe in Paris School p. 110
105
Le vélo allongé à infrarouge
© Estelle Surbranche
SPORT. C’est le nouveau sport pour avoir un corps de rêve avant l’été ! Avec lui, vous détoxifiez votre organisme, traitez la cellulite et brûlez des graisses dès la 3e minute (au lieu de 20 minutes normalement), si bien qu’on peut perdre jusqu’à 1300 calories en une séance. Enthousiasmés par la performance de l’engin, Rebecca et Sébastien viennent d’ouvrir Gold’n Bike, un studio rue Greneta où vous pédalez en musique. ES
Bonheur express SOMMEIL. C’est le genre de machine qu’on aimerait avoir à domicile pour l’utiliser tous les soirs, mais pour l’instant, elle n’est disponible qu’à la Villa Thalgo et à la Maison Epigenic à Paris : la Rebalance Impulse ! Cette sorte de navette futuriste dans laquelle on se couche est un bijou technologique qui bénéficie de dix ans de recherches sur les neurosciences. En favorisant notamment la production d’ondes alpha pendant la séance, elle permet un rééquilibrage rapide du système nerveux autonome par l’augmentation de l’activité parasympathique et un rééquilibrage des ondes cérébrales. Le premier effet, immédiat, est un état de relaxation profonde et régénérante. Puis, au fur et à mesure des séances, on est beaucoup plus calme, le stress baisse, le sommeil vient facilement… et on récupère le moral ! Bluffant. ES © DR
À partir de 60 € pour une séance de 30 minutes 106
© CHANEL
De Paris à Paris COLOGNE. Sixième voyage olfactif de la maison Chanel dans la collection Les Eaux, la destination Paris joue la fraîcheur dans une déclinaison sophistiquée qui sied tout à fait à la Ville Lumière. Au départ, il y a une rose damascena. « Distillée à la vapeur d’eau, elle apporte des notes très fraîches, citronnées et épicées, qui la rendent très vibrante », décrypte Olivier Polge, le « nez » Chanel. Associée à un patchouli fragmenté exclusif de la maison, cette rose acquiert une complexité singulière, en soulignant fièrement son côté féminin-masculin. Chypré floral en parfait équilibre entre élégance et décontraction, Paris-Paris impressionne et s’inscrit comme l’un des hommages les plus chics à la Capitale ! ES Eau de toilette Paris-Paris, collection Les Eaux, Chanel, 125 ml, 135 €
Dans le 8e
© DR
DÉTENTE. Laurent Bui-Thé et sa femme Pranon, les fondateurs des studios de massage Ban Sabaï, ouvrent une cinquième adresse à Paris, à deux pas du parc Monceau. Comme dans leurs établissements du 16e ou de Bastille, toutes les masseuses sont ici diplômées de Wat Pô, la fameuse école de médecine traditionnelle thaïlandaise. Une recommandation ? Demandez Kita, une pro avec une technique exceptionnelle que les sportifs s’arrachent (à partir de 40 €). ES 1 07
Les reines du kobido
Photos © Lucie Sassiat
Aline Faucheur, pionnière du massage kobido en France, a transmis à ses filles Margot et Othilie son savoir-faire : toutes les trois viennent d’ouvrir MO by Faucheur Paris, un espace dédié au massage d’exception dans le 16e.
Les trois Drôles de dames de la famille Faucheur : Margot, Aline et Othilie
Depuis combien de temps massez-vous le visage dans la famille Faucheur ? Othilie : Maman masse le visage depuis quinze ans : elle a découvert le massage profond du visage en Inde, puis le massage kobido au Japon. Elle a été la première à le ramener en France et elle l’a enrichi avec des manœuvres de détente… car clairement si le mental ne lâche pas, les expressions faciales seront toujours aussi crispées. C’est la spécificité du « kobido Faucheur » qu’elle nous a appris, ma sœur Margot et moi. Personnellement, je masse depuis toujours… mais professionnellement depuis six ans et Margot, deux ans.
Vous avez un conseil à nous donner pour éviter la ptose de la peau ? O. : Je fais régulièrement des vidéos avec la marque Decleor sur Instagram pour montrer comment poser sa crème chaque jour avec des gestes efficaces. Il faut toujours aller vers le haut, vers l’extérieur, et en profondeur, en tout cas pas seulement effleurer la peau ! N’hésitez pas à vraiment masser pour faire circuler le sang, la lymphe… Ensuite, vous pouvez fouetter les muscles au niveau de l’ovale, et lisser au niveau du front, sujet aux surcontractions qui créent des rides. 108
Margot a également lancé les massages pour femmes enceintes ? O. : Pendant sa grossesse, elle n’a pas trouvé d’endroits dédiés et suffisamment sécurisés à son goût. Alors elle a élaboré avec ma mère un rituel très doux, avec des produits spécifiques. Ce soin est aussi adapté aux « jeunes mamans », car elles ont aussi des besoins particuliers en termes de prise en charge… Et souvent, l’entourage s’occupe du bébé mais plus trop de la maman ! Enfin, nous nous sommes aussi formées au massage bébé, la passion de ma mère. Depuis deux ans, elle est d’ailleurs aussi formatrice à l’école du bien-naître. kobido-faucheur-paris.com
Et si on dégonflait ?
Photos © DR
SPÉCIAL LYMPHE. Les problèmes de rétention d’eau ou de cellulite sont souvent liés à une mauvaise circulation de la lymphe, le liquide qui recueille les déchets du corps pour les évacuer. Créé par Sarah Line, une kinésithérapeute, Lymféa est un nouveau lieu dans le 16e qui travaille le sujet de toutes les manières. Sarah a ainsi élaboré des massages inspirés par le drainage lymphatique pour dégonfler (l’aspect du corps avant et après est vraiment impressionnant) et c’est l’une des rares praticiennes à proposer de la madérothérapie. Cette technique venue de Colombie consiste à masser le corps ou le visage avec des instruments en bois. C’est très tonique et ça a un effet drainant, et également amincissant, avec une action rapide sur la peau d’orange. Le revers de la médaille ? Des bleus peuvent survenir, alors on oublie la jupe juste après ! MH
© DR
Du propre !
Gel Bain Douche BIO, Cavaillès, 1 l, 13,90 € 109
HISTOIRE. C’est le gel douche des familles depuis (presque) 100 ans – date à laquelle monsieur Cavaillès a élaboré la formule du « surgras » dans les sous-sols de sa pharmacie du 8e arrondissement (qui existe toujours !). Cette année, Cavaillès livre une formule 100 % végétale du surgras, à base de glycérine et d’huile d’amande bio, et promet en septembre des packs rechargeables.
Texte Estelle Surbranche Photos Anaka
Le Breathwork à la française Énergie débordante, sourire XXL et accent américain sonore, Susan Oubari est le visage du Breathwork, le « travail du souffle » dans la Capitale. Entre deux sessions, elle a raconté à Vivre Paris sa vie, sa méthode et ses bienfaits. Prêts à respirer pour changer ?
110
111
La méthode Oubari
“On cherche à entrer dans un état de conscience modifié pour se déconnecter du cortex préfrontal où sont logés nos conditionnements”
Breathwork, respirer pour changer, Susan Oubari & Émilie Veyretout Flammarion, 2020
Une technique venue des USA Susan Oubari le précise d’entrée : « Je n’ai pas inventé le Breathwork, je l’ai importé à Paris ! » Le procédé est en effet né dans les années 70 en Californie. Les médecins utilisaient alors des drogues comme le LSD pour aider leurs patients à rentrer dans un état de conscience modifié. Quand le LSD a été déclaré illégal, deux psychiatres, Stan Grof et Leonard Orr, se sont rendu compte que le travail du souffle pouvait avoir des effets similaires à celui des drogues. Mais pourquoi vouloir rentrer dans un état de conscience modifié ? « Parce que c’est comme ça que les patients se déconnectent de cette zone du cerveau, le cortex préfrontal », explique Susan en se touchant la partie basse du front. « Ici sont logés les conditionnements, la partie diagnostic et analyse… Tout ce qui empêche le lâcher-prise. Cette partie nous fige dans les émotions et les réactions immédiates – mon collègue m’a fait ça… mes parents ne m’ont pas dit ça… Via le souffle, on met en pause cette partie du cerveau pour s’en libérer. Parce que lorsqu’on est trop dans l’analyse ou dans le contrôle, on ne pleure pas, on ne lâche rien… » 112
Si Susan est devenue aussi populaire dans cette pratique, au point de fonder sa propre école, The Breathe in Paris School, qui forme des facilitateurs-professeurs de Breathwork, et d’écrire le premier livre français consacré à ce sujet (Breathwork, respirer pour changer) avec la journaliste Émilie Veyretout (Flammarion, 2020), c’est qu’elle a élaboré une méthode unique, fruit de son histoire personnelle. « Je travaillais dans la mode au sein de magazines prestigieux, j’avais un mari ingénieur et deux beaux enfants… En apparence, j’avais tout, mais au fond je n’étais pas bien. J’étais tout le temps stressée, anxieuse… Je ne m’occupais pas bien de mes enfants. Ma fille faisait de l’eczéma. Mais ce n’est pas facile de changer de vie : moi, ça m’a pris quinze ans. En 2005, j’ai découvert le reiki et la méditation. La semaine, je continuais à travailler dans la mode, et le week-end, je suivais des formations. Cette pratique m’a aidée et je commençais à aller mieux : j’ai retrouvé un lien avec mes enfants. Ma fille n’a plus eu d’eczéma. Mais mon entourage, et en particulier mon mari, se moquait de moi. Il n’y croyait pas du tout… En 2012, alors que nous devions déménager au Canada, je me suis fait voler tous mes papiers. J’ai vu ça comme un signe pour me réinventer. À Vancouver, grâce à une coach, j’ai assumé que j’étais Susan, une ex-fashionista devenue maître de reiki. Je proposais des séances de méditation, de coaching et de reiki. Mais je sentais toujours un manque car mes cours ne marchaient pas assez… C’est alors que j’ai découvert le Breathwork avec ma sœur à Los Angeles. En sortant de ma séance, j’ai eu une vision très claire de ce que je devais faire : apporter le Breathwork en France. C’était mon destin. » La méthode Oubari consiste donc à mêler le
Susan Oubari en pleine séance : elle y montre une énergie de cheerleader pour nous faire lâcher prise !
113
Certains affirment qu’une séance de Breathwork équivaut à une année de psy !
“La méthode Oubari consiste à mêler le Breathwork à la méditation, au coaching et au reiki” Breathwork à la méditation, au coaching et au reiki. Les séances en groupe durent généralement 2 h 30 et une séance particulière peut durer 5 heures ! Ces dernières débutent par une conversation où Susan nous met à l’aise et nous demande de placer une image sur un blocage que l’on sent via une première méditation associée à une respiration diaphragmatique. « L’idée est d’amener cette image dans le Breathwork pour qu’à la fin de la séance, elle ait changé. Peut-être même disparu. » Puis le travail de la respiration commence sur une playlist élaborée spécialement par Susan. 114
Comme un stade de foot « Je veux qu’on soit comme dans un stade de foot ! », sourit-elle. « Il n’y a pas beaucoup d’endroits où tu peux ressentir et relâcher des émotions très fortes comme dans un stade de foot. On rit, on pleure, on est désespéré… mais à la fin, ça fait du bien. » Le Breathwork est donc une technique puissante, mais qui ne marche pas non plus sur tout le monde. « Il y a certaines personnes pour qui ça ne sera pas la bonne méthode. Il y a des gens qui ne pourront pas arriver là car ils sont trop dans le contrôle ou parce que ce n’est pas leur jour. Certains sont tellement habitués à leurs peurs qu’ils ne veulent pas les lâcher car elles font partie de leur fonctionnement… Alors je dis “Ouvre la porte doucement…”. » Parce qu’elle est très intense, la méthode est interdite aux femmes enceintes ou aux personnes cardiaques.
Une respiration spécifique Concrètement, le Breathwork consiste à faire deux inspirations et une expiration par la bouche pendant environ trente minutes. « C’est une technique de respiration consciente, contrôlée, circulaire et surtout continue. On ne s’arrête pas pour rentrer dans une hyperventilation contrôlée et volontaire », insiste Susan. « Les niveaux d’oxygène augmentent alors dans le sang et le dioxyde de carbone, lui, diminue. On a des sensations très physiques qui arrivent : des crampes dans les mains ou dans les pieds, la tête qui tourne… et puis on peut avoir peur. Mentalement, le cerveau est câblé pour nous protéger, or le corps se met en stress pendant une séance de Breathwork. En panique, le cerveau envoie de l’adrénaline et le cortisol, l’hormone du stress, pour qu’on arrête… Il s’agit alors de dire à son cerveau “Tout va bien, je continue” malgré le stress, et ce n’est pas si facile. » Pour avoir testé la technique, on confirme ! Il faut vraiment un guide de la trempe de Susan pour ne pas abandonner. La Franco-Américaine nous encourage à dépasser notre peur et aller plus loin, comme une cheerleader le ferait pour son équipe favorite. Elle ne nous « lâche » pas de toute la séance, nous menant à cet état second autant grâce à des compliments que des adjonctions au lâcher-prise et sa bande-son ultra bien pensée. Alors on continue à souffler, malgré les sensations plutôt désagréables au début de la séance.
expérience est différente par rapport à tes besoins. Et la personne d’à côté va avoir une expérience différente de la tienne », prévient Susan. « Mais pour tous, cette expérience sert ensuite à aller au-delà de ses peurs : on prend le contrôle sur son cerveau et cette production d’hormone spécifique. On ordonne à notre cerveau d’arrêter d’avoir peur… Et ça aide beaucoup à calmer le stress dans la vie quotidienne. » La pratique peut donc servir pour des déblocages émotionnels – certains disent même que ça équivaut à une année de psy !
Un sentiment d’euphorie Au bout de trente minutes, Susan nous fait « redescendre », tout simplement en reprenant une respiration normale par le nez. À ce moment-là, on est dans un état particulier : une sorte de transe hypnotique où on a l’impression de recevoir des messages. « Chaque 115
D’autres études tendent également à prouver qu’elle améliorerait le système immunitaire grâce à l’afflux d’oxygène, et le lâcher-prise qu’elle provoque permet un sommeil réparateur. La technique masse aussi les intestins et lutte ainsi contre la constipation. Dans tous les cas, c’est une expérience étonnante que vous pouvez vivre soit à l’Usine SaintLazare, soit au Centre Élément, soit par Zoom sur le site de Susan. susanoubari.com
Texte Estelle Surbranche
Au froid français
Photos DR
À l’approche de l’été, beaucoup ont envie de voir vite disparaître le petit bourrelet disgracieux qui s’est installé sur leurs hanches pendant l’hiver. Si un régime ne suffit pas, il y a la cryolipolyse médicale, une méthode bien connue pour rectifier ce genre de rondeurs en un temps record. La chance, c’est qu’à Paris, il y a les dernières machines référentes et 100 % sécurisées de la technique. La technique La cryolipolyse médicale est une technique non invasive qui permet d’éliminer la surcharge graisseuse par le froid. « Avec une cryolipolyse médicale, on va créer une apoptose cellulaire. Le froid va détruire les cellules adipocytaires » explique le docteur Julien Samama. « Ces cellules “mortes” vont partir ensuite dans la circulation et être éliminées par les cellules qui digèrent, les macrophages. Ça va prendre à peu près un mois. »
d’eau ou une mauvaise circulation. Ça ne fonctionne pas non plus sur de la cellulite fibreuse, c’està-dire très ancienne. On ne peut pas traiter de grandes zones avec la « cryo », donc ce n’est pas une technique pour mincir en globalité. Et évidemment, il faut impérativement que cette technique soit réalisée par un médecin avec des machines sécurisées.
Parlez-moi de votre graisse Pour que la cryolipolyse fonctionne, il faut que le bourrelet soit souple. Ça ne marche pas sur la cellulite aqueuse liée à la rétention
Une séance de « cryo » dure de 30 à 90 minutes selon la zone.
116
100 % français « Moi, j’utilise la nouvelle technologie Cristal Pro pour laquelle je suis référent à Paris, précise le docteur Samama. C’est un dispositif qui a été développé par une équipe française et créé en France. Et c’est le seul dispositif français de cette puissance… Le fait que ça soit français garantit une certaine sécurité et une efficacité technique.
Ici, les autorités sont hyper vigilantes sur les techniques, les paramètres et tout ce qui concerne l’avant-geste, c’est-à-dire tout ce qui précède le soin, avec par exemple des lingettes cryoprotectrices stériles particulières pour protéger la peau… Ce qui va également faire la différence, c’est la qualité du froid. Le froid Cristal Pro est absolument homogène sur toute la zone traitée, c’est-à-dire qu’il ne sera pas plus froid sur un côté qu’un autre par exemple… Et c’est important pour le résultat final. Il en est de même pour l’aspiration. »
La sensation Après avoir défini la partie du corps à traiter, le docteur applique ces fameuses lingettes, puis pose
117
UNE BOOTY FACTORY Ces techniques n’empêchent pas de continuer à se muscler « à l’ancienne » ! Pour avoir un fessier d’acier, direction l’espace dédié aux « booty » de la toute nouvelle salle de sport Neoness BNF avec entre autres de la presse, du hip thrust ou encore du kickback…
Et les muscles ?
Julien Samama
“En une séance de 20 minutes, on réalise 20 000 abdos”
une sorte de ventouse géante sur la zone. La machine va d’abord aspirer fortement la peau, une sensation plutôt désagréable, puis le traitement par le froid commence. Cette partie n’est pas douloureuse. La séance dure de 30 à 90 minutes selon la zone, puis elle est suivie d’un massage vigoureux de la partie traitée qui s’est transformée en un petit boudin de glace ! Le résultat est efficace, avec 15 % à 20 % de perte de cellules graisseuses en une séance, à renouveler « une à trois fois selon la zone et l’envie de la cliente ». 118
Une fois qu’on a aspiré la graisse, il y a une toute nouvelle méthode proposée par la société française qui s’appelle le cristal-fit. « On va créer un champ magnétique qui va permettre d’atteindre la partie la plus profonde du muscle, la face interne, et la faire travailler. Cette contraction sera plus pérenne que celle qu’on fait au sport ou via une ceinture électrique. En une séance de 20 minutes, on réalise 20 000 abdos. Ce qui est intéressant, c’est qu’on va créer une mémoire musculaire : quand vous allez refaire du sport, le muscle va se recontracter et vous aurez un résultat visible beaucoup plus rapidement. Enfin pour jouer sur le relâchement cutané, il y a le cristalskin, une radio multifréquence qui remet la peau en tension », conclut le médecin. De quoi devenir la Parisienne ou le Parisien le plus hot de l’été ! Traitement Cristal Pro : 400 € la zone cryolipolysecristal.com
Mode ×
“L’industrie textile est la deuxième industrie la plus polluante au monde : c’est à nous de prendre nos responsabilités et de faire bouger les lignes !” Chrysoline de Gastines, directrice artistique de Balzac Paris, p. 122
119
Photos © DR
Macramé, linogravure ou création de bijoux : tout est possible dans cette boutique !
Mazette, le nouveau temple du Do It Yourself à Paris CRÉATION. Oui, vous avez du talent… seulement les appartements parisiens ne sont pas toujours le cadre idéal pour se lancer dans une activité. Tout le monde ne peut pas avoir à domicile un atelier de couture avec machine à coudre ou des outils à bois ! Après avoir elle-même percé par mégarde la table de sa salle à manger lors d’une tentative de « string art », Juliette Buron rêve en 2018 « d’un endroit convivial où elle pourrait venir créer tout ce qu’elle souhaite. Un lieu avec tout le matériel, de la place et des conseillères plus efficaces que tous les forums sur internet ». Le rêve mettra presque quatre ans à prendre vie mais Mazette vient d’ouvrir dans le Sentier. Vous pouvez y pratiquer une vingtaine d’activités artistiques différentes : l’art du fil (couture, crochet, tricot, broderie, tapisserie au point, punch needle, tufting, macramé…), des arts graphiques (scrapbooking, papercraft, decopatch, dessin, peinture, linogravure, reliure…), ainsi que des arts manuels (résine, modelage, pyrogravure, travail du bois, création de bijoux, gravure sur verre, string art). Le concept store propose un espace atelier de 150 m2 pour s’adonner à ses passions et une boutique de 30 m2 avec un coin café afin de partager ses coups de cœur : un joli endroit pour tous les passionné(e)s ! MH 120
© DR
La vie des rues MAGASIN. Brownie, le label barcelonais connu pour son choix XXL de jeans et les couleurs flashy de son vestiaire, ouvre un premier magasin à Paris, rue de Rennes. Et on se réjouit que, après le départ de nombreuses enseignes, cette rue du 6e soit de nouveau le lieu où découvrir plein de nouvelles marques. Ce n’est hélas pas le cas de toutes les artères parisiennes : vous l’avez certainement remarqué, la crise de l’habillement frappe de plein fouet les magasins de vêtements et dans certains quartiers, c’est carrément 30 % des boutiques qui ont baissé le rideau de fer, bientôt tagué et recouvert d’affichage sauvage… ce qui n’est pas pour embellir la rue ! Du coup, beaucoup se posent la question : est-ce que les pieds d’immeuble de Paris vont continuer à être dédiés aux magasins, ce qui était l’une des spécificités de la Ville Lumière, ou vont-ils se transformer en habitations ? Affaire à suivre. MH
Les deux amis
Photos © DR
ESTIVAL. Le coiffeur star David Lucas, qui vient d’ouvrir un nouveau salon très design du côté de la place Vendôme, et sa copine d’enfance l’animatrice télé Agathe Lecaron, ont conçu pour toute la famille des tee-shirts, des sweats ou des casquettes flashy, flanqués des mots « soleil » ou « océan » en hommage à leurs souvenirs arcachonnais. Le nom de leur marque ? Ron Ron ! MH 121
122
Texte Estelle Surbranche Photos DR
Chrysoline de Gastines, en pleine conscience En dix ans, Balzac Paris est devenue la marque parisienne cool par excellence, notamment grâce à l’intuition et la vision de sa directrice artistique. Elle raconte à Vivre Paris ses influences et son engagement écologique qui conduit aujourd’hui toutes les actions du label.
123
“Balzac Paris fait partie d’initiatives pour relocaliser la production en France, notamment dans le Nord. Il faut récréer une chaîne industrielle et retrouver nos savoir-faire !” de l’aventure, nous sommes allés de plus en plus loin dans notre engagement écoresponsable. C’est devenu vraiment des convictions très, très fortes, partagées par toutes les personnalités de l’entreprise. Notre slogan « Toujours plus responsable » n’est vraiment pas un vain mot ! Nos vêtements doivent être désirables et durables. Au début, ça passait par la fabrication exclusivement française, puis nous nous sommes envolés vers le Portugal.
L’ADRESSE BALZAC PARIS Au mois de juin, Balzac Paris a ouvert sa première boutique à Paris dans le 10e. 400 m2 pour mettre nos cinq sens en éveil. « Se déplacer en boutique doit être un véritable plaisir aujourd’hui, souligne Chrysoline. Avant, tu étais déjà contente quand la vendeuse était aimable, maintenant tout doit être parfait. Tous les clients sont traités comme des rois et en plus, la cliente qui passe du digital au physique doit vivre une expérience. Notre boutique est donc une expérience auditive avec des enceintes dans chaque cabine : en fonction de votre cabine, une voix vous chuchote des choses différentes… On sollicite aussi les yeux avec notre fameux motif léopard qui a été largement décliné dans la décoration. Niveau odeur, notre parfum est évidemment diffusé dans les lieux. Enfin, on a développé une tisane Balzac pour le goût. »
Comment est né Balzac Paris ? On a créé Balzac en 2011 et notre première activité était des nœuds papillons créés en France sur mesure. Nous nous sommes lancés à plein temps en 2014 : Balzac est alors devenue une marque exclusivement féminine. Nous étions trois autodidactes : Victorien, qui est mon mari aujourd’hui, et Charles, mon beau-frère. Nous avions chacun des compétences différentes, mais tous les trois, on avait envie de faire de la mode autrement, en la rendant plus responsable. Au fur et à mesure 124
Pourquoi avoir arrêté la fabrication à Paris ? En 2014, le « made in Paris », c’était plus compliqué et beaucoup moins glorieux que ce qu’en disait l’étiquette… Aujourd’hui, les choses ont peut-être changé. À l’époque, nous faisions réaliser nos vêtements dans des petits ateliers parisiens et certains ne respectaient pas toutes les normes. Lorsque nous sommes allés au Portugal, nous avons visité des usines en adéquation totale avec nos valeurs… et nos envies de qualité, de durabilité. Comment se définit le style Balzac ? Le ton Balzac Paris, c’est le tradibarge ! C’est une marque féminine avec une touche décalée et un
La collection de meubles et de décoration de Balzac pour La Redoute
125
Le 10e, c’est votre quartier préféré ? Oui, j’adore ! C’est là où j’habite et nos bureaux sont aussi dans le quartier. C’est forcément pratique pour moi que les deux soient proches ! Vous êtes parisienne d’origine ? Je suis lilloise. Mes grands-parents avaient une usine de linge de lit en lin à Roubaix, le berceau du textile. Mais ça s’est perdu, comme beaucoup de savoir-faire industriels français… Aujourd’hui, Balzac Paris fait justement partie d’initiatives pour relocaliser la production en France, notamment dans le Nord. Il faut récréer une chaîne industrielle et retrouver nos savoir-faire ! Depuis trois ans, nous appartenons par exemple au collectif Tricolore : une initiative de la filière lainière qui cherche à produire de la laine en France, du mouton au tricotage… Le tout dans un rayon de moins de 1 000 kilomètres.
côté sportswear, notamment via nos baskets. On emprunte aussi au vestiaire de l’enfant pour le décliner chez la femme – des chemises avec des grands cols, du léopard… Du coup, c’était facile de lancer notre déclinaison « kid » : il y avait beaucoup de pièces communes. Et quelle maman n’aime pas le mini-me ? Vous avez des enfants ? Oui, j’ai trois enfants : Garance qui a 7 ans, Colombe 5 ans et le petit dernier, Lazare, 10 mois. 126
Donc si quelqu’un a une idée pour relocaliser un savoir-faire en France, il peut venir voir Balzac pour se faire aider ? Tout à fait ! Nous cherchons aussi les projets innovants. Par exemple, nous collaborons pour la saison automne/hiver avec Renaissance Textile. Ce sont des industriels qui ont réussi à transformer de vieux tissus pour en faire un nouveau tissu recyclé 100 % français. Ils sont persuadés que le coton de demain se trouve dans nos vestiaires d’aujourd’hui… De toute façon, le coton coûte de plus en plus cher : il faut donc qu’on puisse mieux recycler. Tous nos tote bags sont déjà en tissu recyclé. L’idée, c’est de ne plus produire de nouveaux tissus, plutôt de recycler les vieilles matières à l’infini. Pour les stylistes, c’est une contrainte puisqu’elles partent non pas d’un
“En 2014, le « made in Paris », c’était plus compliqué et beaucoup moins glorieux que ce qu’en disait l’étiquette…”
➀
dessin et d’une idée, mais d’une matière donnée. Mais l’industrie textile est la 2e industrie la plus polluante au monde : c’est à nous de prendre nos responsabilités et de faire bouger les lignes ! D’ailleurs, chaque saison vous vous engagez avec une association ? On a une création engagée dont 10 % de la recette sont reversés à notre partenaire. Avec notre tee-shirt Ocean l’année dernière, on a pu ainsi donner 120 000 euros à Surf Rider Fondation. En 2022, nous avons rejoint une association qui s’appelle TerraTerre. Elle participe à la transformation en bio d’une ferme à Villeneuved’Ascq. L’agriculteur, JeanFrançois, y cultive notamment du lin, donc ça faisait sens d’aller vers lui. En plus, le lin consomme très peu d’eau, il est naturel… Il permet de baisser le bilan carbone de notre industrie.
➁
Vous avez été aussi pionniers sur la vente de seconde main sur votre site… La seconde main est très importante pour nous : c’est une preuve de la durabilité de nos produits ! On permet à nos clientes de passer par le site de Balzac et elles ont l’assurance d’avoir un bon d’achat pour racheter un vêtement neuf – sans se prendre la tête avec la vente. Cette année, vous vous lancez dans la déco avec La Redoute ? Oui, ils nous ont donné carte blanche ! J’ai commencé ma vie professionnelle comme journaliste déco, alors j’ai vraiment adoré faire cette collaboration ! Les canapés sont français, les affiches sont de Roubaix… La mode et la déco sont deux milieux intimement liés, ne serait-ce que dans l’étude des couleurs. Beaucoup de stylistes sont d’ailleurs des habitués du salon Maison&Objet. 127
➂
LES BEST BALZAC Une jeune marque, oui mais déjà trois pièces cultes signées Balzac Paris ! ➀ Sweat Harlow Leopard, 95 € ➁ Sac Cesar, 240 € ➂ Baskets Maximilien,160 €
Contrairement à beaucoup de marques de mode, vous avez connu un boom pendant le confinement. Comment l’expliquez-vous ? Parce que nous sommes une marque 100 % digitale, mais aussi parce que les gens ont fait un switch dans leur consommation. Ils veulent des produits responsables ! Aujourd’hui nous sommes 70 à travailler pour Balzac Paris.
Balzac Paris 82 rue d’Hauteville 75010 Paris balzac-paris.fr
Toutes à la plage ! La très dynamique Alexandra Thiltgès, créatrice des maillots de bain Anja Paris, s’est donné pour mission de sublimer tous les corps de femme sur la plage !
Texte Estelle Surbranche Photos DR
Le bon maillot Les vacances sur le sable fin riment quelquefois avec une étape plutôt désagréable : le choix du maillot. Il faut alors trouver une pièce dans laquelle on se sent bien, quand bien même on n’a pas un corps de mannequin. Souvent la recherche tourne alors au casse-tête… jusqu’à la découverte des maillots Anja Paris ! Ces derniers cochent toutes les bonnes cases : ils sont beaux, avec des modèles pensés pour chaque corpulence et à prix abordable. « J’adore faire des maillots de bain dans lesquels on se sent belle, sensuelle… » approuve Alexandra, la créatrice de la marque, « mais il faut aussi qu’ils ne fassent pas de marques improbables lorsqu’on fait des châteaux de sable avec les enfants et qu’ils tiennent dans l’eau ! On a un pied dans la réalité, un pied dans le rêve. Par exemple, dès le début, on a fait le choix de ne pas retoucher nos photos de campagne. Nos shoots se font exclusivement avec des copines 129
de copines, qui font du 34 au 44 et qui ont de 20 ans à 70 ans ; elles sont rousses, blondes, métisses… On fait attention aux détails, aux lumières pour faire rêver, mais on ne retouche pas les corps et les peaux. »
Hyperactive Cette Franco-Belge (« Je suis belge de Bruxelles, mais je suis née et j’ai vécu mon enfance à Paris. En vérité, je ne me sens ni vraiment parisienne, ni vraiment belge : j’ai la double nationalité et la double culture ») est une sorte de tourbillon d’énergie et elle adore être sous pression. Par exemple, elle a lancé Anja le jour de son mariage ! « Pour être exacte, je me suis mariée un 29 avril, le même mois que ma campagne Ulule… J’aime avoir un planning chargé. Je crois que plus on est actif, plus on est actif ! Quand on a une to-do list très légère, on la fait tarder. Alors que lorsqu’on a 1 000 trucs à faire, on est plus stimulé et on en fait plus. »
Photos © Stanislas Liban
Entre le 11e, le 16e et le 17e
“Dès le début, on a fait le choix de ne pas retoucher nos photos de campagne” Une business girl revendiquée Alexandra avoue aussi « adorer Excel et les chiffres » et elle ne cache pas son ambition. Elle a toujours voulu être chef d’entreprise. Elle travaillait alors en cosmétique quand elle a eu l’idée d’Anja. « À l’époque, j’étais chez Make Up For Ever la journée et le soir, en sous-marin, je montais ma marque. Je faisais partie d’un groupe d’intrapreneurs dans la boîte et ils m’ont bien motivée pour me lancer dans cette aventure », se remémore-t-elle.
« Et puis avec mon mari, on s’est dit : “On n’a pas 30 ans, pas d’emprunt, pas d’enfant… s’il y a un moment où il faut se lancer et se planter, c’est maintenant car on n’a pas trop de contraintes.” Alors on l’a fait… Il a lancé son propre cabinet d’avocat et moi, Anja ! Je n’avais pas d’associé, pas de styliste, pas de modéliste… Ma mère, qui est sculptrice, m’avait fait prendre des cours de dessin très jeune, donc j’ai un petit coup de crayon, mais rien de professionnel. » 130
Aujourd’hui, Alexandra emploie treize personnes et multiplie les développements. Elle lance cette année le prêt-à-porter pour accompagner la femme en sortie de plage, avec des robes, des bobs, des sacs, des sweats… et elle a réalisé des collabs avec Rose Carmine ou Septem. Vous pouvez la croiser à la boutique Anja Paris dans le 16e où se trouvent également les bureaux de création, ainsi que dans le 17e où elle habite. « Lorsque j’étais jeune, en couple et sans enfant, je vivais rue Amelot dans le 11e au-dessus du Cirque d’hiver. J’ai adoré : on entendait les lions et on voyait les éléphants sur la place juste devant… On sortait beaucoup dans le quartier. Et puis quand je suis tombée enceinte à 30 ans, on a déménagé pour avoir plus d’espace. Et là nous sommes dans le 17e, vers la rue Cardinet. Le quartier est formidable pour les familles. Car oui, j’ai eu deux petits garçons juste après avoir monté la marque (Rires.)… Ils ont 3 ans et 1 an maintenant. Tout s’est passé très vite, je vous le disais : j’ai toujours tout fait en même temps… » s’esclaffe-t-elle. Anja Paris 5 Rue Pierre Guérin, 75016 Paris
Déco ×
“Au début j’avais mis de la végétation partout, c’était envahissant. J’ai eu envie d’en profiter plus et de créer une vraie cuisine d’été à Paris dans un esprit de vacances.” Céline Omani, fondatrice de Maison Omani p. 136
131
© Benoit Linero
Pas de superflu, mais une attention aux matières, aux couleurs : la signature Lizée-Hugot
Stéphanie Lizée et Raphaël Hugot, le duo à suivre DÉCORATION. Le cadre intime et original d’Abstinence, le restaurant bistronomique du 15e ouvert par le chef Lucas Felzine ? C’est eux ! Le design atypique de l’hôtel des Académies et des Arts, un boutique-hôtel proche du jardin du Luxembourg et de Montparnasse « dédié à la création artistique » selon les mots de ses propriétaires ? C’est encore le fait de ce duo, qui signe ainsi d’affilée plusieurs architectures d’intérieur remarquées à Paris. Leur studio nommé Lizée-Hugot vient pourtant tout juste de voir le jour. Après une rencontre à l’école, chacun a mené sa carrière dans des cabinets différents avant de s’associer, juste après le confinement. Entre-temps, ils avaient en effet noté leur complémentarité dans le travail. Raphaël aime le côté technique. Stéphanie préfère la recherche de matière et de pièces uniques, ou le dessin de mobilier sur mesure. Leur signature commune est un luxe simple et chaleureux, le petit détail qui va intriguer l’œil, et les pièces uniques. Si vous aimez la déco, on ne peut donc que vous conseiller d’aller découvrir presto les deux adresses susnommées… MH 132
Sophie Gauthier, créatrice de Carnets Goguette
Photos © DR
Carnet d’inspiration PAPETERIE. Depuis toute petite, Sophie Gauthier adore remplir des carnets où elle prend des notes sur ses voyages, met des mots sur ses sentiments ou colle des souvenirs. Journaliste dans une première vie, elle met son métier entre parenthèses en 2020 pour « réaliser 100 défis pour ses 30 ans ». C’est pendant ce temps-là qu’elle imagine Carnets Goguette, « des carnets pour consigner tous les petits riens qui comptent » et pour « inviter à tourner son attention vers le moment présent ». Après une cagnotte Ulule réussie, voici son rêve qui se réalise avec cet outil papier élégant, pensé à Paris et imprimé au Pays basque, qui renouvelle l’art du carnet intime pour le transformer en outil de développement personnel. MH 28,90 € chez Club Couleur
© DR
Joyeux anniversaire FÊTE. Bonton et l’atelier de papeterie Cotton Bird se sont associés pour une collaboration autour des faire-part et des accessoires d’anniversaire. C’est évidemment très mignon, et en plus invitations, sets de table ou guirlandes sont personnalisables en ligne au moment de la commande. MH
Boudoir, mon beau boudoir !
Photos © Marjolijn de Groot
Après s’être illustrée en retapissant des bancs anciens avec des tissus joyeux, savamment chinés par ses soins, pour habiller les intérieurs de Paris et d’ailleurs, Tiphaine Verdier, fondatrice de la marque Les Causeuses, lance sa première collection : nos salons parisiens n’ont qu’à bien se tenir…
Le style de Tiphaine en deux mots ? Fleuri et décomplexé.
Comment est née l’envie de créer votre collection pour la maison ? Pour commencer, j’ai toujours évolué dans des milieux créatifs : j’ai vécu mon enfance au milieu des livres d’art et des bibelots grâce à mes parents collectionneurs, qui m’emmenaient aux ventes Drouot tous les week-ends. J’ai donc naturellement opté pour une voie créative en suivant des études au Studio Berçot. Mais j’ai rapidement délaissé la mode pour l’art, puis la décoration. C’est avant tout la convivialité qui m’anime pour habiller les intérieurs : j’adore recevoir et je peux passer des heures à concocter une belle table ou à agencer un salon qui respire la joie de vivre.
En revanche, il ne faut pas compter sur moi pour le menu : je suis une piètre cuisinière ! Comment définiriez-vous le style de votre collection ? Je dirais à la fois ludique, sophistiqué et féminin. La collection dans son ensemble s’inspire de l’univers des fleurs, qu’il s’agisse des appliques et des coussins en forme de corolles, ou même du fauteuil dont le dossier imite des pétales. Ce côté floral, très british, me vient aussi sans doute de mes années londoniennes, comme la touche fantaisiste que j’insuffle avec ces mix and matchs de couleurs et d’imprimés. 134
D’autres projets à venir ? Je ne suis pas dans la course à la production, d’ailleurs toute la collection est fabriquée de façon très artisanale au Portugal. Néanmoins, j’aimerais développer un univers complet pour la maison. J’ai d’ailleurs imaginé, pour compléter ma collection déco, une veste d’intérieur assortie, qui bien entendu se porte aussi magnifiquement une fois passée la porte de la maison ! JLL
lescauseuses.fr
De la Normandie à Paris
© DR
BOUTIQUE. Après Trouville, Nathalie et sa fille Céline proposent dans la Capitale leur jolie sélection d’artisanat du monde (et de terroir normand !) dans leur nouvelle boutique-coffee shop baptisée également Villa Gypsy, située à la place de l’ancien hammam des Batignolles dans le 17e. Le week-end, on peut y flâner le samedi jusqu’à 23 heures et tout le dimanche ! MH
À la manière d’un pont
© Sébastien Erome
LUMIÈRE. Sa forme sphérique évoque celle de certains lampadaires des ponts de l’Ouest parisien, pont Mirabeau ou pont des Invalides en tête… sauf que les lampes Mooon ! de Fermob sont sans fil, et se rechargent sur un socle USB, si bien que vous pouvez les placer n’importe où dans la maison ou à l’extérieur. Écoconçues, elles consomment également très peu d’énergie grâce aux leds. Autre avantage par rapport à leurs aînées, la température et l’intensité de la lumière sont variables à l’infini, et même pilotables à distance via la nouvelle appli Fermob Lighting pour un effet whaou garanti ! ES MOOON ! de Fermob, à partir de 145 € (format H41 cm) 135
136
Texte Marie Lacire Photos Corinne Schanté-Angelé
PARIS – OMANI Sur les hauteurs de Paris, dans le quartier de Ménilmontant, Cécile et sa famille se sont installées dans un duplex avec terrasse à deux pas de sa boutique de déco Maison Omani. Dans les deux endroits, elle insuffle sa passion pour l’artisanat et l’art de vivre du continent africain.
Paris et des rencontres
Cécile a entièrement refait avec l’aide d’un ami la terrasse donnant sur le Sacré-Cœur et créé une vraie cuisine d’été. Le sol est en bejmat d’un beau vert marocain de Tamegroute. Les portes de placard sont d’anciennes portes du Sahara marocain. Le plan de travail est en béton ciré et les suspensions en feuilles de palmier (Maison Omani). Bols en céramique @jmp_ceramique, torchon (Bed and Philosophy) & table d’appoint en rotin du Malawi (le tout Maison Omani).
Une vue sur le ciel et Paris, un ciel bleu éclatant et le sourire de Cécile dans ce duplex de Ménilmontant. À deux pas du métro Couronnes, une fois passé le marché aux légumes, les échoppes exotiques, on grimpe sur les hauteurs et la maison de Cécile et Salah ouvre grand ses bras. Installée au dernier étage d’un immeuble moderne, sur deux étages, elle est une invitation au voyage. Baignée de soleil, avec ses trois terrasses donnant sur des coins différents de la ville, elle est tout Paris et ailleurs à la fois. « Nous adorons Paris, nous avons la chance de vivre dans un petit village, à Ménilmontant. Nous avons une vie de provinciaux, nos copains commerçants vivent là aussi, c’est très facile et agréable », raconte Cécile. Salah, d’origine algérienne, avec sa longue silhouette, vient de Chamonix. Cécile, de Fécamp, en Normandie. Tous les deux sont montés à la Capitale dans les années 90 et se sont rencontrés 138
“Avec un ami, elle réalise un sol en bejmat vert et la cuisine d’été en béton ciré” en 2008 quand Salah a ouvert le Karton, un café-concert très festif du boulevard de Ménilmontant. « J’étais une cliente très fidèle ! » C’est le début d’une grande aventure, la construction d’une famille – Sami, Lola et Isaac – et d’une série de voyages de Paris au bled, de Paris en Afrique, de Paris à Marseille, en 504 Peugeot. Cécile travaille comme directrice de pub à Libé, Salah ouvre Popine à Ménilmontant, une pizzeria napolitaine classée parmi les meilleures de Paris. Deux autres adresses ouvrent dans la foulée : Popine Sacré-Cœur et Popine SaintSauveur. Autant dire deux grands bosseurs et une vie professionnelle et familiale bien remplie.
De l’autre côté de la terrasse, une banquette est habillée d’un haïk aux doux tons de rose et de bleu et de coussins en bogolan malien. Fauteuil en rotin du Malawi (Maison Omani), table basse marocaine, tabouret en béton (Maison Omani), jarre palmier, Tamegroute, Maroc. Les portes-persiennes blanches ont été trouvées dans la rue.
139
Un petit salon a été aménagé dans la grande pièce à vivre avec un canapé en velours côtelé brun modulable, une table Floating House, une série de coussins en laine organique tissée main par une famille afghane et une décoration murale en textile recyclé Martine Persault (le tout Maison Omani).
Pignon sur boulevard
L’artisanat dans ses détails avec un gros fauteuil en cuir tressé, un collier décoratif XXL marocain, et des rideaux en lin brodé (Élitis)
Et puis il y a Omani. « J’ai toujours énormément aimé le nom de famille de Salah qui est le mien aujourd’hui. Omani m’inspire l’ailleurs, sans savoir exactement quel ailleurs. » Dans la vie de Cécile, le voyage occupe une grande place. Il y a quatre ans, elle crée Maison Omani. « J’avais envie de vivre une nouvelle vie, d’en finir avec celle d’avant et de lier mes deux passions, le voyage et l’artisanat », raconte-t-elle. Suite à un workshop sur le thème de la création de collection à Marrakech – « une expérience déterminante » – elle ouvre la boutique, entre Ménilmontant et Père-Lachaise. « C’était une brocante où j’allais régulièrement, sa devanture à 140
Le petit salon avec sa mini-terrasse au fond et le couvert dressé sur la longue table de chêne faite sur mesure en Pologne. Les verres soufflés couleur aubergine viennent d’Égypte et les couteaux sont en bois d’ébène noir (Maison Omani).
l’ancienne avait un charme fou avec son carrelage en mosaïque. » Devant la boutique, il y a le grand trottoir du boulevard, avec ses cafés, ses thés à la menthe et les enfants qui jouent, font du skate… Toute la place pour être libre. Quand le soleil se pointe, les petites tables sortent, les apéros vont bon train. Quand la boutique se libère, le propriétaire la lui propose. Ça se fait rapidement, naturellement, et Cécile emménage,
Des pots à ustensiles en tronc de bois, des couteaux en Bakélite (Opinel), des couteaux à manche noir en ébène et un tas de cuillers en bois pour cuisiner agréablement (le tout Maison Omani).
La cuisine a été complètement décloisonnée. Ainsi la circulation est libre et l’espace convivial. Un ton chaud (Terre d’Afrique de chez Argile) pour le mur et du noir pour la crédence et les placards de rangement structurent la cuisine, la table à manger longiligne promet des repas joyeux, la pièce est inondée de lumière naturelle. Autour de la table, chaises en velours kaki (Maison Omani). Suspensions en jute (Chérie Chérie).
“Baigné de soleil, avec ses trois terrasses donnant sur des coins différents de la ville, l’appartement est tout Paris et ailleurs à la fois” à deux pas de chez elle, de l’école des enfants, de sa vie, du duplex. Tout se fait à pied à part les longs voyages ! Cécile ne tarit pas d’histoires sur les pays d’Afrique où elle se rend régulièrement. « Le voyage c’est ma grande passion : la découverte, les rencontres, les nouveaux savoir-faire… Très jeune, j’ai découvert le Maroc et j’y ai tissé de très forts liens d’amitié. » Avec un commerçant touareg de Marrakech qui lui propose de découvrir son village natal, Cécile part dans le désert marocain. À chaque voyage, elle va à la rencontre de créateurs et
d’artisans, rentre à Paris les bras et les valises remplis de trésors pour la boutique. « Je réalise les achats pour Maison Omani en fonction des rencontres et des coups de cœur, je mixe des pièces anciennes et plus récentes. Je me sépare parfois difficilement de ce que je ramène car chaque chose est liée à un souvenir ! » La rencontre avec les artisans est riche, l’imperfection des objets façonnés et tissés à la main fait la touche Omani. Du désert qu’elle aime tant, elle a rapporté son produit phare : le haïk. Pièce de tissu vintage en laine et coton 141
Céramique sur pied Julie Pichon (Maison Omani)
Dans la chambre de Sami qui donne sur la terrasse, Lola et Isaac bouquinent tous les deux. Cécile a repeint les murs en vert Olive et en Rotin (Ressource Peintures) pour aller avec le plaid haïk du lit (Maison Omani). Le bureau a été chiné dans une brocante. Tapis vintage et linge de lit Harmony (Maison Omani).
“Je me sépare parfois difficilement de ce que je ramène car chaque chose est liée à un souvenir !”
Cadre chiné au Maroc : des paillettes d’or sur un portrait de femme marocaine
vintage à utiliser en nappe, rideau, plaid, il peut être quadrillé, rayé, coloré, s’associer avec les peintures de nos murs et de nos maisons. Les verres soufflés égyptiens, le broc à eau mauritanien, les jolis récipients, couverts en bois et autres planches à découper remplissent la boutique. Un gros arrivage de céramiques made in Paris prend place, se mariant parfaitement avec les pots en grès, fauteuil en rotin, natte mauritanienne en cuir, échelle malienne et le linge de maison en lin, brodé de palmier ou juste uni.
Une maison grande ouverte Le quartier donc, le parc de Belleville magique, tout près, les petites cantines du coin plus 1 42
délicieuses les unes que les autres, une vie culturelle riche et diverse… « Nous nous sommes tout de suite projetés dans cet appartement. » C’était deux ans avant la boutique, comme un signe avant-coureur. Quelques travaux d’aménagement ont été réalisés, notamment l’ouverture de la cuisine sur la salle à manger et le salon pour créer une grande pièce accueillante, facile à vivre. L’agencement des terrasses s’est fait en plusieurs temps. « Au début j’avais mis de la végétation partout, c’était envahissant. J’ai eu envie d’en profiter plus et de créer une vraie cuisine d’été à Paris dans un esprit de vacances. » On est transporté dans tout ce que la culture marocaine fait de
Dans la chambre de Lola et Isaac, une petite banquette de rangement peinte dans un doux ton Amande (Ressource Peintures) a été réalisée sur mesure et recouverte d’un haïk vintage. Au sol, une natte unique rapportée de Mauritanie pour Maison Omani. Photographie d’un des plus vieux studios de Casablanca chinée au Maroc.
plus agréable, ses terrasses, ses « salons » ouverts sur la nature et le ciel. Avec un ami, elle réalise un sol en bejmat vert et la cuisine d’été en béton ciré. « J’ai utilisé de vieilles portes du Sahara marocain pour les placards et planté l’olivier et le palmier dans des jarres de Tamegroute. » Le dépaysement est total, avec vue sur le Sacré-Cœur, et comme les deux chambres donnent sur la terrasse, on se réveille avec la végétation et le ciel. Pendant le confinement, Cécile a télétravaillé dans cette atmosphère, entourée d’objets aimés, de jolis textiles et tapis, de pépites chinées aux quatre coins de l’Afrique, empaquetant, pliant, préparant les colis, et Maison Omani a pris son essor. « J’en ai
profité aussi pour développer mon e-shop. » Dans la maison des Omani, les objets s’envolent, changent de place, passent du duplex à la boutique, les murs prennent un coup de neuf avec un coup de pinceau qui ira avec le haïk du lit. Les pivoines roses du bouquet s’épanouissent sur la longue table à manger, une pizza se déguste, les enfants joueront un petit air de blues au piano. Et tous les cinq embarqueront bientôt pour la Mauritanie. Ou comment quitter Paris pour l’aimer encore plus…
Maison Omani 62, bd de Ménilmontant, Paris 20e @maison_omani
143
Bonne idée dans la salle de bains : une branche d’arbre d’eucalyptus fixée comme une tringle à rideau de part et d’autre de la baignoire, sur laquelle on peut suspendre des crochets et des savons. Peinture Terre du Roussillon (Argile), miroir chiné, grappe de savon libanais.
Décoction de style Le nom de la maison d’édition Petite Friture résonne avec talents et projets de design aussi joyeux qu’élégants. Aujourd’hui, cette histoire s’incarne parfaitement dans le sublime atelier montreuillois, ouvert et propice aux rencontres, qui abrite les nouveaux bureaux d’Amélie du Passage, fondatrice de la marque, et de ses équipes ! Texte Juliette Le Lorier Photos Nora Hegedus
144
Comment définiriez-vous le style de Petite Friture ? Lorsque j’ai créé la maison d’édition, mon ambition n’était pas de me revendiquer d’une époque ou d’un courant. Je raisonne donc plus en termes d’état d’esprit que de style. Je dirais que nous soutenons un design élégant et sobre mais qui a aussi le pouvoir de surprendre et de faire sourire, comme l’attestent des produits comme la suspension Vertigo et le miroir Francis, de Constance Guisset, la collection Week-End du studio Brichet et Ziegler, ou encore dans un esprit plus graphique toute la gamme Unseen du studio Pepe… En quoi ce nouveau lieu, situé à Montreuil, correspond-il à votre ADN ? La notion de partage est depuis toujours inscrite dans notre ADN. J’ai toujours été frappée par les récits de nombreux designers qui me racontaient n’avoir eu, petits, aucun accès aux univers de la création, et qui grâce à des rencontres décisives ont finalement eu la possibilité de s’ouvrir à ce métier. Lorsque nous avons investi cet espace, une ancienne usine de métal qui a ensuite abrité des décors de cinéma puis des cabinets d’architectes, nous y avons tout de suite vu la possibilité d’en faire un lieu de rencontres afin de permettre à des jeunes de participer à des workshops, car je suis convaincue que l’éducation a réellement le pouvoir de faire changer les choses. À Montreuil, nous sommes à la fois au plus près de nombreux créatifs, qui sont pour la plupart installés dans l’Est parisien, et d’associations ayant pour objectif d’ouvrir le champ des possibles à des enfants du quartier. Dès le mois de juin, nous allons ainsi régulièrement organiser des ateliers en partenariat avec ces associations et des intervenants, artistes et 145
“Cette idée de partage et de réunir les talents complémentaires est aussi lisible dans la scénographie de l’espace d’exposition qui sera régulièrement investi par des artistes” designers, qui viendront animer le lieu, sans d’ailleurs que cela ait forcément un lien avec nos produits. Cette idée de partager et de réunir les talents complémentaires est aussi lisible dans la scénographie de l’espace showroom qui sera régulièrement investi par des artistes comme Elvire Bonduelle, l’auteure de la mise en scène actuelle, ou comme cet artiste peintre montreuillois qui viendra en juin habiller les murs d’une grande fresque. Enfin, s’il est plus difficile de faire venir nos clients et distributeurs de l’autre côté du périphérique, nous leur proposons, ici, de vivre une véritable expérience pour entrer dans l’histoire de la marque et en devenir, ainsi, les meilleurs ambassadeurs. Nous travaillons par exemple sur des programmes culinaires en faisant appel à des food designers. En bref, ce lieu est un véritable territoire d’expression ! Petite Friture existe depuis maintenant douze ans, diriezvous que vos valeurs ont évolué depuis les débuts ? Nous avons toujours eu une préoccupation sociale forte, c’est pourquoi nous avons, dès le départ, choisi l’Association des paralysés de France pour fabriquer tous nos luminaires. Et cela nécessite un vrai
Amélie a créé Petite Friture en 2009 en se questionnant sur le beau. Son nouvel espace à Montreuil donne quelques réponses!
“Garder les produits en collection, les réparer et avoir en tête cette notion de transmission qui était naturelle pour nos grands-parents” engagement de part et d’autre, en termes de recrutement comme de formation. La durabilité est aussi l’un des sujets qui nous tiennent à cœur depuis le départ, et qui est désormais fondamentale. Selon moi, c’est devenu l’enjeu principal de notre époque pour lutter contre la surconsommation : garder les produits en collection, les réparer et avoir en tête cette notion de transmission qui était naturelle pour nos grands-parents. Nous avons toujours eu à cœur d’éditer des produits qui satisfont les clients tout en s’inscrivant dans le temps tant en ce qui concerne l’esthétique que la qualité. Nous allons désormais plus loin en
développant des services tels que la réparation de certains produits, comme c’est le cas aujourd’hui pour notre lampe Vertigo, afin de leur assurer la durée de vie la plus longue possible. Récemment, nous avons lancé la lampe baladeuse Quasar avec le designer Samy Rio qui est très investi sur le plan de l’écologie et avec qui nous sommes tout à fait en phase sur le sujet de la durabilité. Si l’objet est fabriqué à partir d’aluminium en partie recyclé et recyclable, nous avons tenu à ce que la batterie, en fin de vie, puisse être retirée pour entrer, elle aussi, dans la filière du recyclage. Sur la partie sourcing et approvisionnement enfin, le fait 146
d’avoir plus de poids nous permet d’être plus exigeants quant aux normes environnementales, même si l’on constate que les fabricants, eux-mêmes, sont beaucoup plus vigilants du fait des nouvelles réglementations… Quelles sont les nouvelles orientations de Petite Friture ? Outre le programme expérientiel que nous allons développer grâce à ce nouvel espace de Montreuil, nous nous concentrons aujourd’hui sur le développement d’objets tel que nous l’avions mené à nos débuts. Nous nous étions ensuite concentrés sur les luminaires et les mobiliers, or je voudrais vraiment revenir à l’objet qui n’est pas soumis aux mêmes normes et permet ainsi une très grande liberté créative !
petitefriture.com
1 47
Texte Juliette Le Lorier
› Suspension de Vassara Lamps (spécialiste des luminaires artisanaux sur mesure) ; carreaux de ciment Mosaïc Factory ; Peinture Caramel beurre salé et Noir chez Bilboquet Deco
Photos Lucile Casanova
Maison de famille Journalistes passionnés et animateurs télé à succès, Carole Tolila et Thomas Isle ont beau être scrutés tous les samedis par des milliers de spectateurs, ils ont une autre politique en ce qui concerne leur vie privée. Éloignés du centre de la Capitale, le couple et ses deux enfants goûtent depuis un an aux joies de la grande maison et au calme de la banlieue pavillonnaire du 92…
148
Ci-dessous : Suspension Hartô, table commandée sur fermliving.com et chaises, La Redoute
Carole Tolila et Thomas Isle
R Chaise vintage chinée chez Bensimon
espectivement originaires de Nice et d’Angers, Carole et Thomas ont suivi des études de journalisme avant de quitter la province pour faire carrière à Paris. Si leur métier commun les oblige aujourd’hui à rester au plus proche des productions et des chaînes de télévision nationales, ils ont toujours eu pour ambition de faire grandir leurs enfants au vert ! « Cela nous semblait naturel de leur offrir la même chance que nous avions eue. Nous étions installés depuis plusieurs années dans un appartement aux portes de Paris, et après la naissance de notre deuxième enfant, nous nous sommes donc mis en quête d’une maison. » Depuis cinq ans, donc, le couple cherchait le Graal, un nid douillet avec vue sur le jardin : « C’était une condition sine qua non, surtout depuis que je travaille pour
l’émission Silence, ça pousse ! même si, dans les faits, aujourd’hui c’est plus Thomas qui jardine que moi ! » révèle Carole.
L’épreuve des travaux Leur choix s’est finalement arrêté, juste avant le confinement, sur cette bâtisse classique des années 60 pourvue de deux étages, malgré sa décoration d’un autre temps et son manque d’ouverture vers l’extérieur : « Il n’y avait aucune vue sur le jardin ! » sourit Carole. Le couple n’avait pourtant pas anticipé l’ensemble des rénovations à prévoir. « Après expertise, nous nous sommes rendu compte qu’en raison de sols argileux, la maison avait de gros problèmes de fondations et qu’il fallait faire d’importants travaux pour l’ancrer et la restructurer », explique Carole. C’est donc accompagné du cabinet Lagom Architectes que le couple a investi les lieux et ce sont d’ailleurs
Pour le salon, on joue le dégradé de blancs… Canapé modulable, La Redoute Armoire vintage trouvée chez Les Perles de Chine Suspension, Gubi Appliques, Le Petit Florilège Table basse et bout de canapé blanc commandés sur le site noo.ma Rideaux, Harmony Textile
les épreuves du chantier qui ont, en partie, donné à Carole l’idée de lancer sa Pyjama Thérapie, une série de lives hebdomadaires programmés tous les jeudis – hors vacances scolaires – sur son compte Instagram. « Au départ, je voulais retrouver mes 15 ans et lancer un rendez-vous pyjama party entre copines. Avec les travaux, je me suis intéressée aux projets de rénovation et à la décoration… L’idée aujourd’hui, c’est que les filles se racontent à travers leur chez-elle et leurs objets phares. C’est d’ailleurs ce qui m’intéresse principalement dans la décoration : qu’elle raconte des histoires ! »
Une maison à histoires Le décor chez Thomas et Carole est ainsi ponctué de rencontres faites au hasard de tournages ou de pérégrinations sur Internet. « En ce qui concerne le choix des couleurs, notamment ce jaune
moutarde dans l’entrée où je souhaitais quelque chose de fort, j’ai été accompagnée par la coloriste et décoratrice Laura Pons, que je connaissais via Instagram et qui est venue ici pour m’aider à me décider. Toutes les teintes ont été sélectionnées chez Ressource et chez Bilboquet. » Si le ton est donné dès l’entrée, avec une teinte à la fois chaleureuse, enveloppante et dynamique, l’histoire se déroule sans fausse note au gré de la déambulation dans la maison. Le rez-de-chaussée, doté d’une cuisine ouverte, d’un salon et d’une bibliothèque, privilégie le blanc comme un vecteur d’apaisement tandis que les chambres et les salles d’eau de l’étage sont habillées de papiers peints ou de couleurs pour participer au côté « cocon » comme aux caractères particuliers des espaces. « Il faut aussi noter que cette maison recèle un lieu caché, introuvable ailleurs : il s’agit
Cuisine de Howdens. Le plaquage gaufré a été réalisé par Orac Decor. Suspensions, Alix D. Reynis Étagères commandées sur stringfurniture.com
La chambre parentale, apaisante avec ses teintes « terre » : linge de lit, Zara Home ; coussins, Bouchara ; dessus de lit Gabrielle Paris, La Redoute
de notre pièce secrète », plaisante Thomas. « C’est ainsi que nous avons choisi de l’appeler après moult réflexions pour provoquer l’adhésion immédiate des enfants » : en effet, accessible par une petite trappe juste en haut de l’escalier, un ancien espace de stockage sous les combles est devenu une salle de jeux, chasse gardée des moins de 10 ans. Ici s’accumulent donc joyeusement et en toute liberté une multitude de jouets préservés des velléités d’ordre de Carole…
“Quand nous ne sommes pas en tournage, nous travaillons exclusivement de la maison ; j’avais donc besoin de créer un espace minimaliste et aéré” Un style ancien et épuré Si Carole confesse volontiers ne pas avoir une connaissance extrêmement pointue du design, favorisant une approche instinctive et narrative des objets et de la décoration, son amour de l’ordre et de l’organisation la pousse à privilégier un intérieur épuré qui invite à la décompression. « Nous passons énormément de temps chez nous, Thomas et moi. Quand nous ne sommes pas en tournage, nous travaillons désormais exclusivement 152
de la maison ; j’avais donc besoin de créer un espace minimaliste et aéré. Dans les pièces de vie, j’ai favorisé des coloris clairs et j’ai même misé sur ce canapé en velours côtelé blanc de chez La Redoute, ce qui est particulièrement risqué avec des enfants », s’amuse-t-elle. « Mais comme il est composé de cinq modules indépendants, j’ai pensé qu’en cas de catastrophe, je pourrais toujours en remplacer un ! » Amoureux des livres, le couple a aussi et simplement misé sur une
magnifique bibliothèque sur mesure, dessinée par leurs architectes pour habiller le coin bureau qui jouxte le salon. « Je ne me définis pas vraiment par un style ou une tendance décorative », souligne Carole, « mais j’ai tout de même souhaité apporter un cachet ancien dans cette maison des années 60. » Le couple a ainsi consacré un budget conséquent pour rénover les fenêtres dans un style haussmannien – en bois avec des gueules de loup et des grilles en ferronnerie – et retravailler toutes les moulures et boiseries des murs. « Je chine aussi volontiers sur le Bon Coin, ou via Instagram pour dégotter des pièces anciennes comme cette armoire dans le coin du salon qui a été entièrement rénovée pour nous par Victoria, la spécialiste en mobiliers vintage du compte @perlesdechine. » C’est aussi une esthétique traditionnelle qui a été privilégiée dans la cuisine ouverte (Howdens) où s’accumulent une partie des bibelots dénichés par Carole…
Une vue sur la « pièce secrète » de la maison, le bonheur des deux enfants du couple, Edgar et Thelma
C A RNET D ’ A D R E S S E S
Culture
—
Le Centre Pompidou Place GeorgesPompidou, Paris 4e 01 44 78 12 33 Métro Hôtel-de-Ville, Rambuteau RER Châtelet-les-Halles Exposition ouverte tous les jours de 11 h à 21 h, sauf le mardi, nocturne le jeudi jusqu’à 23 h Péniche Fluctuart, pont des Invalides, port du Gros Caillou, Paris 7e 07 67 02 44 37 Ouvert l'été 7J/7 dès 12 h Espaces accessibles aux personnes à mobilité réduite
Under the Sea 160 av. de France, Paris 13e
Green
—
Salon Amber 32, rue Greneta, Paris 2e
Enfants
—
Grande Halle de La Villette 211 av. Jean Jaurès, Paris 19e Musée Rodin 77 rue de Varenne, Paris 7e
Rebalance à la Villa Thalgo 8 av. Raymond Poincaré Paris 16e rebalancetech.com Ban Sabaï Royal Spa 67 bd de Courcelles Paris 8e 01 45 01 65 85 Ouvert tous les jours de 10 h à 22 h bansabai.fr Faucheur Paris MO by Faucheur 57 rue Boissière Paris 16e
Mode
—
Brownie 74 rue de Rennes, Paris 6e
Un livre, une tasse de thé 36 rue René Boulanger, Paris 10e
Palomano 125 bd Jean Jaurès, 92110 Clichy
Rayon Noir 12 rue Crozatier, Paris 12e
Maif Social Club 37 rue de Turenne, Paris 3e
Food
Parc zoologique de Paris Av. Daumesnil, Paris 12e
étsi - l’ouzeri 41 rue du Ruisseau, Paris 18e
Bien-être
Mazette 7 rue d’Alexandrie, Paris 2e
Gold’n’Bike 69 rue Greneta Paris 2e goldnbike.com
Balzac Paris 82 rue d’Hauteville, Paris 10e
—
étsi - le bistro 23 rue Eugène Carrière, Paris 18e Kodama 30 rue Tiquetonne, Paris 2e
—
Oris Saint-Germain, 167 bd Saint-Germain, Paris 6e Oris Montorgueil, 71 rue d’Argout, Paris 2e David Lucas Vendôme 20 rue Danielle Casanova, Paris 2e
Anja Paris, 5 rue Pierre Guérin, Paris 16e
154
Déco
—
Club Couleur 48 rue Sainte-Croix de la Bretonnerie Paris 4e Cotton Bird & Bonton sur cottonbird.fr et dans les boutiques Bonton sélectionnées Abstinence 47 av. de la Motte-Picquet Paris 15e Hôtel des académies et des arts 15 rue de la Grande Chaumière Paris 6e Villa Gipsy 126 rue Legendre Paris 17e
Escapade
—
Château de Villiers-le-Mahieu rue du Centre 78770 Villiersle-Mahieu lesmaisons decampagne.com
× “Un hôtel face à la mer, un resto aux portes des calanques, une randonnée en pleine nature… À Marseille, tout cela est possible.” Élodie Liénard
155
Ma Maison de campagne ESCAPADE COURTE. Beaucoup de Parisiens rêvent d’une maison de campagne dans laquelle famille et copains pourraient venir se prélasser le week-end… Avec le château de Villiers-le-Mahieu (juste à côté de Thoiry, à 45 minutes de Paris), vos rêves se réalisent ! Cet hôtel ne vous propose pas seulement de vous héberger dans l’une des 98 chambres réparties entre le château et ses dépendances, il offre une formule « tout compris » avec tous les services dont vous pourriez avoir envie dans la maison de campagne de vos rêves. Des buffets, des collations et des bars sont ouverts toute la journée, gratuitement et en libre-service, sur le domaine. Mais le « tout compris » ne s’arrête pas là, avec un large panel d’activités au choix : balade en barque sur les douves, practice de golf, terrains de tennis, vélos à disposition, cours de yoga le dimanche matin ou tout simplement piscine (couverte et en plein air). Pour les enfants, c’est le paradis avec des animateurs qui leur concoctent, s’ils le souhaitent, un programme sur mesure au sein du « kids club » (à partir de 4 ans) : chasse au trésor, course en sac ou lecture dans le « grenier de Gustave », un immense espace de jeu dédié… En un mot, vous ne vous occupez de rien à part vous faire plaisir : un vrai week-end de détente ! ES Château de Villiers-le-Mahieu : à partir de 154 € par personne en tout inclus – non annulable, non remboursable 156
1 57
Photos © Karel Balas
Une escapade à Marseille
Texte Élodie Liénard Photos DR (sauf mentions)
© Boris Stroujko
À seulement trois heures de Paris en train, avec de très belles plages en plein centre-ville, des musées récents à la programmation ambitieuse et des hôtels et restaurants branchés, la Cité phocéenne est idéale pour une escapade de quelques jours sans voiture. On vous guide…
158
© ydecaseneuve
© Pani Garmyder / Shutterstock.com
P
endant longtemps, Marseille a rimé avec deux clichés ancestraux : « bouillabaisse et pétanque ». Mais depuis quelques années – peut-être depuis qu’elle a été élue capitale européenne de la culture en 2013 –, la ville change à vitesse grand V, aussi vite que le TGV qui nous transporte jusqu’en son cœur ! Car, c’est le grand avantage de cette destination pour les Parisiens, elle est à seulement trois heures en train depuis la Capitale. Après ce rapide voyage, il vous suffit de descendre les grands escaliers de la gare Saint-Charles afin d’en goûter la singularité. Le second avantage réside dans le fait que vous n’avez pas forcément besoin de louer une voiture pour découvrir ses nouvelles adresses ultrabranchées, ses calanques sublimes, sa gastronomie méditerranéenne réinventée. Commencez par faire un petit tour à Noailles et son marché, il y a juste à traverser la Canebière… Vous serez immédiatement séduit par le contraste entre les boutiques d’épices ou d’artisanat oriental, les vendeurs ambulants de légumes exotiques, et les adresses trendy comme le restoépicerie L’Idéal (11, rue d’Aubagne) ou la table terriblement inventive de La Mercerie (9, cours SaintLouis). Ensuite, direction le VieuxPort pour toucher du doigt ce qui fait vraiment Marseille : son ouverture sur la mer ! S’il est tôt, et que les marchandes de poissons sont encore là, vous vivrez un moment hors du temps. La Méditerranée est là, devant vous, et libre à vous de l’embrasser comme bon vous semble. Un hôtel face à la mer, un restaurant aux portes des calanques ou une randonnée en pleine nature… À Marseille, tout cela est possible. Le dépaysement absolu est accessible en bus, en bateau ou tout simplement à pied.
L’ACTIVITÉ Balade jusqu’à Marseilleveyre Vous voulez profiter des calanques, mais n’avez ni voiture ni bateau ? C’est possible ! La calanque de Marseilleveyre est à 1 heure de marche du petit village de Callelongue, accessible en bus (ligne 20 depuis la Madrague de Montredon). Le parcours contourne l’ancien sémaphore et longe la mer, avec une vue magnifique sur l’archipel du Riou. Au bout du chemin, dégustez une glace ou un café chez Le Belge (un petit restaurant uniquement ravitaillé par la mer), et faites un plongeon dans la Méditerranée ! calanques13.com 159
L’HÔTEL Les Bords de Mer Ce bâtiment art Déco est accroché à la Corniche ! Seulement 19 chambres, dont certaines ont des vues à 180° sur la mer et les îles du Frioul. C’est simple : on est à la fois en plein centre-ville tout en étant en totale immersion sur la mer Méditerranée. L’hôtel est situé à l’extrémité de la plage des Catalans, face au célèbre Cercle des nageurs, et à cinq minutes à pied du Vieux-Port. Sur le toit, la piscine chauffée est également tournée vers la mer, tout comme le bar, le restaurant et même le spa. C’est la Méditerranée plein cadre !
Photos © Yann Deret
52, corniche Kennedy, Marseille 7e 04 13 94 34 00 250 € la chambre Deluxe vue mer lesdomainesdefontenille.com/fr/ lesbordsdemer.html LE RESTAURANT
Photos © Delaney Inamine
Tuba Club Imaginez un restaurant (presque) au bout du monde ! Ancien club de plongée niché dans le village des Goudes, Tuba Club est aujourd’hui un cabanon avec cinq chambres aux vues époustouflantes sur la mer, un restaurant avec 80 places assises, et une ambiance chaleureuse et minimaliste. Aux fourneaux cette année, Sylvain Roucayrol et Paul-Henri Bayart qui proposent une cuisine méditerranéenne revisitée. Antipasti, crustacés, côtelettes d’agneau grillées, poissons crus… Et en dessert, la glace maison et ses biscuits provençaux. Après, vous avez le choix entre les transats, le paddle ou la pétanque ! Pour venir prendre la navette maritime du Vieux-Port jusqu’à Pointe-Rouge, puis en changer et prendre celle qui va jusqu’aux Goudes. Déjà un voyage ! 2, bd Alexandre Delabre Marseille 8e, Les Goudes 06 07 17 19 01 tuba-club.com 160
L’ H U MEU R DU MOME NT
À l’occasion de notre numéro d’été, l’illustratrice et graphiste Laure Cozic rappelle que Paris est le centre du monde… à en croire les Parisiens et les Parisiennes ! 162
Vivre_Paris_2204-633-5-210x280_BLEU_DE_CHANEL_France.INDD 1
12/05/2022 17:34