Mémoire PFE - Archiland - Carole DUREAU

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Archiland

PREMIER NUMÉRO

Cité de l’Ar. de Lyon L’UC1

Découvrez l’histoire du bâtiment !

Les travaux

Retour sur l’expérience...

Avant Première

Le programme, les expos, présentation des ateliers à louer

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Archiland

Éd.

N °1 - S e ptem br e 2020 - 5,50€

ÉTUD. UNIT

DUREAU Carole

UE101A - PROJ 10 - MEM (My Ethique Maïeutique) DE PFE Desevedavy Gilles -

PFE

MASTER ARCHI

S10 ALT 16-17 FI

© ENSAL


L’équipe


Carole Dureau, 8 ans Curieuse, capricieuse, la petite Carole est rarement d’accord. Lors de la conception de ce projet, elle a su défendre avec conviction ses points de vues sur les couleurs, les jeux, les activités que propose Archiland.

Karine Lapray Conseillère dès la première heure pour le projet Archiland, Karine a su faire rimer technique et poésie pour viser en plein milieu de la cible. Elle occupe désormais les locaux, avec son bureau d’étude TRIBU, et anime souvent les ateliers d’enfants sur son temps libre.

Carole Dureau, 23 ans La grande Carole était en master 2 à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon lorsqu’elle à commencé à travailler sur le projet. Elle est désormais résidente à Archiland dans une des agences et continue de s’y rendre avec plaisir tous les matins.

Gilles Desevedavy Gilles fut le premier convaincu du projet Archiland ! Grâce à ses nombreuses discussions avec les deux Carole, il a su faire remonter la douceur du projet, les rêves de la petite et les attentes de la grande.


Édito


N

« ous avions l’habitude d’aller chez Mamie. Depuis chez nous, nous devions prendre cette grosse route avec plusieurs voies de voitures. C’était paisible, Maman mettait du Chopin et le ronronnement du moteur me berçait. Parfois, je m’endormais. Mais, à chaque fois, un élément venait perturber cette sensation de bien-être : cet immense immeuble, aux couleurs délavées et aux lumières grésillantes. Il était là, tellement là, les pieds sur la route, et la tête dans la pollution de ce courant de voitures interminable. À chaque passage, et c’était très rapide, j’essayais d’en voir plus, d’apercevoir quelqu’un derrière la fenêtre. Mais tout ce que je pouvais voir, c’était une façade terne, aux stores cassés pour la plupart. Au bout d’une dizaine de passages, je remarquais ce vide en plein milieu du bâtiment : à l’abandon, j’arrivais à discerner une forêt de poteaux. Des filets avait été mis pour «empêcher les gens de sauter sur la route», me disais-je.

POURQUOI CES GENS AURAIENT-ILS VOULU FAIRE UNE CHOSE PAREILLE ? Inconsciemment, ce bâtiment appelait au suicide, à la tristesse. Naïvement, je demandais régulièrement : «Maman, des gens habitent vraiment ici?», et naïvement, elle me répondais : «Oui ma chérie, des gens qui n’ont pas beaucoup d’argent». Et égoïstement, je laissais le bâtiment s’éloigner, alors que je faisais route vers ma maison, au milieu des champs. Lorsque je passais devant, j’essayais de comprendre, de décrypter cette bête qui m’horrifiait autant qu’elle me fascinait. Je la défiais du regard : « Je n’ai pas peur. Je te regarde dans les yeux, tu le vois bien. Je peux te fixer pendant longtemps tu sais, tu ne m’impressionnes pas...». Mais plus la voiture avançait, plus je le perdais du regard. Je persistais jusqu’à me faire mal à la nuque, jusqu’à ce qu’il disparaisse de mon regard, jusqu’à que je le défie une dernière fois dans le rétroviseur. La nuit tombée, le bâtiment, ce monstre, faisait irruption dans mes rêves. Ceux-ci se transformaient alors en cauchemars, et plus d’une fois, je poussais la porte d’entrée pour y découvrir l’intérieur. Je me trouvais là, au milieu de cette autoroute, à poser ma si petite main sur cette énorme porte rouillée et sale. Plus les cauchemars se répétaient, plus je pénétrais dans le bâtiment. Il faisait sombre, il faisait froid, et des cadavres gisaient sur le sol. A chaque fois que le monstre apparaissait dans mon rêve, c’était une nouvelle scène d’horreur. Aujourd’hui, j’ai 23 ans, et cet immeuble apparait encore dans mes rêves, dans mes cauchemars. Je suis passée des milliers de fois devant, j’y ai pensé des dizaines de milliers de fois, mais pas une je n’y suis rentrée.

Aujourd’hui, j’ai décidé d’affronter cette peur qui me suit depuis mes 4 ans.

Aujourd’hui, j’ai décidé de transformer mon pire cauchemar en le plus doux de mes rêves. »

CAROLE DUREAU

FONDATRICE D’ARCHILAND


Remerciements

UC1

BRON PARILLY

Construction des UC de Bron Parilly

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1948

1950

Eugène Claudius-Petit devient minsitre de la Reconstruction

Proposition pour le boulevard de ceinture par René Gagès

1954

1960

1967

1970

2008

2016

Réhabilitation de l’UC1 par Albert Constantin

Requalification de l’avenue Jean Mermoz en A43

Démolition de l’UC8

Annonce de la démolition de l’UC1 en 2018


Nous tenions à consacrer ce premier numéro de la revue d’Archiland à son histoire. À travers ces pages, nous raconterons la vie de l’UC1 : sa naissance, sa construction, son abandon et enfin sa réhabilitation. Vous pourrez alors découvrir tout ce que propose La Cité de l’Ar’ de Lyon, afin de comprendre au mieux le lieu malgré son immensité. Nous remercions les villes de Lyon et Bron pour avoir cru en ce projet et pour nous avoir laissé carte blanche sur cette réhabilitation. Nous remercions les habitants de Bron pour leur participation au moment de la conception du projet, mais aussi de la construction. Nous remercions tous les enfants de l’association Archigones pour nous avoir expliqué leur vision rêvée d’Archiland. Ce lieu est désormais le leur, en espérant que l’UC1 puisse capturer leurs âmes et leurs rires pour qu’ils vivent à jamais entre ses murs. Merci à Gilles pour sa folie, Merci à Karine pour son écoute et ses conseils. Merci à nos proches pour le soutien, depuis 2016. Merci d’exister.


Le projet de Bron Parilly

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Résumé

Urbanisme

En 1954 commence le chantier de Bron Parilly. Au programme : 2600 logements répartis dans plusieurs «Unités de Construction». Pierre Bourdeix, René Gagès et Franck Grimal sont alors les architectes chargés du projet. Nous mettrons l’accent sur la recherche pluridisciplinaire qui a accompagné la conception de ces grands ensembles, notamment en terme de prouesse technique (avec l’ingénieur Henri Moïse) et artistique (avec les artistes Claude Idoux et Jean Amado). Les thématiques abordées dans cette partie historique témoigneront des difficultés rencontrées par ce projet dès la conception dans les années 50, et qui perdurent en 2016 avec des projets de démolitions.

Les architectes ont d’abord résonné en «Unités de Construction» : en effet, ce projet est l’emblème de la construction industrialisée. Il a permis de tester des procédés encore peu utilisés à l’époque (préfabrication, chemin de grue, coffrages béton...).

La naissance du projet L’opération de Bron Parilly est l’un des 6 projets retenus en 1951 par Eugène Claudius Petit (ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme de 1948 à 1953) pour lancer le «secteur industrialisé». Ce projet est alors le plus important, avec 2607 logements prévus. Laurent Bonnevay, qui était alors le président du Conseil général du Rhône, confie la mission à deux architectes : Franck Grimal et René Gagès. Ces deux architectes avaient déjà participé à une réflexion sur le plan directeur du Groupement d’Urbanisme de la Région Lyonnaise. En 1951, Gagès et Grimal sont chargés de repérer des terrains libres dans l’agglomération lyonnaise sur lesquels les grandes opérations de logements pouvaient se construire. Les espaces choisis proviennent de terrains appartenant à l’armée, souvent en dehors des centres villes, positionnés sur des collines et non urbanisées jusqu’alors. C’est dans ce contexte qu’est né le projet urbain de Bron Parilly.

C’est en ce point que le projet de Bron Parilly est extraordinaire et surtout novateur ! La structure béton est coulée sur place, grâce au coffrage tunnel («moules métalliques, susceptibles de nombreux réemplois et permettant par juxtaposition les uns à côté des autres, de couler en une seule fois une dalle de béton de grande surface, ainsi que ses murs porteurs.» OPPBTP). Ce procédé garanti une structure de qualité et des panneaux de façades amovibles car ils ne sont pas structurels. Ce type de bâtiment peut alors être entièrement rénové thermiquement en changeant les panneaux de façade.

quant à elle l’avenue Jean Mermoz, deuxième axe de circulation du quartier. Leur morphologie en «L» permet à nouveau de créer un dialogue avec la nature, en permettant au parc de rentrer dans le L. Ingrid et Michel Bourne, tous deux jeunes paysagistes, ont su faire dialoguer architecture et paysage dans ce projet. La diversité des logements présents dans le programme de Bron Parilly permet d’assurer un maximum de logements, du studio au T6, pour des foyers de différentes tailles. La plupart des rez de chaussées (surtout les barres) sont occupés par des commerces, des locaux d’artisants ou d’associations. Les espaces verts sont également très présents et font de ce grand ensemble un cadre de vie idéal et complet.

Jean Prouvé avait dessiné un prototype pour les panneaux de façades des Unités de Construction (6), mais malheureusement, et pour des raisons financières, le modèle n’a pas été retenu. L’ensemble Sur le plan masse d’origine (5), on repère très distinctement chaque Unité de Construction. On observe une absence de symétrie, mais un fonctionnement à l’image d’un mobile suspendu, qui s’équilibre par les formes et les masses. L’élément central de cette composition est l’UC1, qui borde de boulevard de ceinture. Elle est accompagnée de deux «bras» aux formes courbes, l’UC7 et l’UC6a, qui ouvrent l’espace sur le futur parc de Parilly. Cela permet de lier le bâti à la nature en faisant un lien avec le parc. L’UC7 est à son tour accompagnée de 4 tours, les UC8 qui se trouvent le long du boulevard de ceinture, comme l’UC1. Les autres UC, 2, 3, 4 et 5, bordent

« Tous ces éléments fonctionnels

livrés finis et montés à sec étaient notre réponse à cette notion d’INDUSTRIALISATION DU BATIMENT. Pour la première fois, des industriels s’intéressaient au bâtiment et apportaient des solutions neuves, ouvrant ainsi la porte à un avenir fructueux. » René Gagès

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Art

Pour compléter cette recherche de forme et d’esthétique, la couleur a joué un rôle majeur dans ce projet : le peintre Claude Idoux a travaillé à la colorisation des façades, en recherchant un équilibre, un rythme, qui allègerait les façades monumentales. Si l’on prends uniquement la façade de l’UC1 (4), on distingue bien l’harmonie qui règne dans les jeux de couleurs. La peinture de Claude Idoux, son style (3) est alors omniprésente dans les UC de Bron Parilly. Elles sont à la fois logements mais également supports à oeuvre d’art. « Les couleurs furent étudiées avec la collaboration du peintre Claude Idoux. Leur position les unes par rapport aux autres comme leur place au sein de la composition, furent d’une importance décisive pour l’expression de l’ensemble » René Gagès Cette collaboration artiste / architecte à marqué ce bâtiment. Cette forme, sa proportionnalité n’auraient jamais pu fonctionner sans ces couleurs présentes sur la façade, qui harmonise les éléments entre eux.

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Immeuble-tour. Immeubles-tours et immeuble-barre UC VII. Etude de couleurs de l’immeuble-barre UC I. Immeuble-barre UC I. Détail d’une perspective d’étude. Immeuble-barre UC I.

Immeuble-tour. Immeubles-tours et immeuble-barre UC VII. Etude de couleurs de l’immeuble-barre UC I. Immeuble-barre UC I. Détail d’une perspective d’étude. Immeuble-barre UC I.

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1. Immeub 2. Immeub 3. Etude d 4. Immeub 5. Détail d 6. Immeub

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Nature

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Immeuble-tour. Immeubles-tours et immeuble-barre UC VII. Etude de couleurs de l’immeuble-barre UC I. Immeuble-barre UC I. Détail d’une perspective d’étude. Immeuble-barre UC I.

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«les Leannées projet de Bron Parilly, dans 50, c’était avant tout un

ensemble de logements qui s’intégraient complètement au site. Les Unités de Constructions ont été placées pour respecter au mieux le terrain d’origine et les changements de topographie. Chaque immeuble prend sens par rapport au terrain, au parc de Parilly ou au boulevard de Ceinture. Sur le document 5, la présence de la nature saute aux yeux. Elle était omniprésente à l’époque, et dès la conception du projet. Devant chaque unité : un parc, un jardin, ou l’intervention de l’Homme fut limitée. On vivait souvent dehors, c’était très agréable de pouvoir bénéficier des logements «tout-confort» et d’un extérieur de qualité en même temps. C’était un petit paradis sur terre. Puis après, le boulevard périphérique est arrivé. C’est ça qui a ruiné Bron Parilly : plus de nature, plus de balcons sur parc. C’est à ce moment là qu’on a tué le projet...

»

Yvette, une des premières locataires de Bron Parilly

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Abandon Espaces Communs

travaux routiers qui allaient se faire.

Au cinquième niveau de l’UC1, un espace de 600m2 sur deux niveaux était destiné aux commerces (5).

Cette intervention intervient quand même très peu de temps après la fin de la construction du quartier, et on peux alors se questionner sur les raisons de cette rénovation : les couleurs étaient-elles déjà fades ? Y-a-t-il eu une dégradation sur les façades nécessitant de les repeindre ? Peu d’informations sont disponibles quant à cette rénovation, le nom de l’architecte n’est même jamais mentionné.

Comme dans les unités d’habitations de Le Corbusier, l’UC1 devait comporter des logements mais également des services destinés aux habitants de l’immeuble et du quartier. Cet espace permettait d’animer la vie de quartier et d’ouvrir l’immeuble sur la ville. Il aurait également joué un rôle clef car la mise en place de tels espaces aurait permis de créer des emplois au sein de l’immeuble. Cet espace n’a en fait jamais vu le jour car aucun moyen financier n’a été accordé à sa réalisation. Dès l’emménagement des premiers locataires, ce lieu a été muré. L’artiste Jean Amado (1927-1995), sculpteur, a été missionné pour créer la fresque qui cache désormais cet espace. Du côté du périphérique, on peut observer que cet espace est laissé à l’air libre, on aperçoit des tags et des filets de protections on été installés pour sécuriser le lieu. Quelle tristesse de voir que dès la naissance du bâtiment, l’élément crucial de ce dernier à été supprimé, laissant le quartier de Bron Parilly avec peu de commerces, tel un ghetto. Couleur En 1967, soit 6 ans après la fin de la construction des UC de Bron, une réhabilitation de l’UC1 est opérée par Albert Constantin de l’Atelier de la Rize. C’est à partir de ce jour là que l’on a commencé à détruire l’oeuvre architecturale de l’UC1. Toutes les couleurs auparavant présentes ont été repeintes en un gris monotone, supprimant ainsi l’effet qui animait la façade. Ces couleurs avait été le fruit d’un travail pour éviter une répétition et une monotonie. Dorénavant, l’UC1 demeure une énorme barre de logement, aux «couleurs» tristes. De plus, de nombreux balcons étaient présents avant l’intervention, ils ont été fermés, sans doute à cause des 14

Périphérique

« Au fil des années, l’environne-

ment se modifiant, Bron-Parilly se détruisait. Quelques années après sa construction, y fut inscrit un vaste échangeur autoroutier. Cette décision extrêmement lourde de conséquences est symbole de la coupure qui existera dans l’administration française jusqu’en 1966 entre le ministère de la Construction, chargé du logement, et le ministère des Travaux Publics, chargé des routes. Ce quartier, ne répondant plus aux critères de confort indispensable pour ses habitants, demandait une rénovation de qualité. » René gagès La présence de la nature dans le projet de Bron Parilly a été bouleversée avec l’arrivée de l’échangeur routier et des autoroutes en 1970. En effet, la requalification de l’avenue Jean Mermoz en A43 et la transformation du boulevard de ceinture en périphérique, avec échangeur autoroutier, a définitivement rendu le quartier insalubre. Pollution, nuisance sonore, vue catastrophique sur l’autoroute, le projet routier qui devait permettre aux villes comme Bron de s’urbaniser a plutôt fait d’elles des ghettos urbains. Démolitions L’Équilibre de l’ensemble à été détruit entre 2006 et 2008 lors de la démolition de l’UC7. Cette barre

courbe à d’abord été détruite à moitié en 2006 (en laissant les habitants dans les appartements du reste de la barre, même pendant la démolition même) et a finie d’être détruite en 2008. Les habitants ont été relogés et de nouveaux immeubles ont pris place à cet emplacement (on remarque l’écart de style entre les nouveaux bâtiments et l’UC7. Il n’y a eu aucune prise en compte du contexte historique, aucune expression de la mémoire du lieu.) Beaucoup d’habitants se sont battus pour empêcher cette démolition, notamment Henri Morisson (décédé en 2016), prêtre-ouvrier qui a fondé l’association «Droit Pour Tous». Ce cycle de démolition n’est pas terminé, car en juillet 2016, la mairie a annoncé la démolition de l’UC1 prévue pour 2018.

« Victoire de la banalité et de l’in-

différence. C’est en 1967 que les couleurs ont disparu au profit d’un gris uniforme. La réhabilitation des immeubles n’est intervenue que plus tard. Dans les années 80, l’Opac du Rhône avait confié à la Direction départementale de l’Equipement l’étude d’une amélioration des isolations phonique et thermique. La proposition consistait à doubler les panneaux de façade par d’autres panneaux posés au nu des débords des dalles et des murs, supprimant tout relief. Après, fut nommé l’architecte de la réhabilitation. Il est maintenant question de charges explosives pour amputer quelque barre. La destruction de Bron-Parilly a commencé en 1967... » Robert Dussud


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Intentions Viscérales

Récit

Dans ce texte datant de 2017, Carole continue son histoire avec l’UC1. Elle raconte son rapport à l’édifice, et sa posture architecturale. Comment ce bâtiment est-il passé de son pire cauchemar à une fascination ?

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«

Par la suite, à l’adolescence, j’avais oublié l’existence de cet immeuble. Je passais beaucoup moins devant. En L1, lorsque j’ai enmenagé à Villeurbanne, j’ai commencé à re-croiser cet immeuble lors de mes trajets maison/appartement depuis Montagny. Étant alors en école d’architecture, je me suis dit qu’il était de mon devoir de ne jamais reproduire ce genre de bâtiment, que c’était insalubre, invivable. Petit à petit, et grâce aux cours d’histoire que nous avons eu, je me suis mise à comprendre ce bâtiment, à le pardonner d’être si laid. Il avait été construit dans un contexte difficile, il avait permis à des milliers de personnes de trouver un abri. Je commencais même à apprécier son esthétique, digne des unités d’habitations du Corbusier. Je trouvais ça alors fascinant de voir à quel point mon avis sur ce bâtiment avait changé : il était passé d’un cauchemar à une fascination.


Je me suis mise à en rêver la nuit, à imaginer que je le visitais enfin, mais mes rêves se terminaient souvent en cauchemar. Je n’ai jamais eu le courage d’y aller. Je me suis alors documentée dessus. En effet, cette «unité de voisinage» située à Bron à permis de loger beaucoup de gens, certes, mais les aménagements publics n’ont jamais été terminés : cela explique l’étage vide, situé en plein milieu du bâtiment. J’aimerais imaginer une proposition de rénhabilitation pour cet immeuble. En ayant visité plusieurs unités d’habitations, je me suis rendue compte que les espaces intérieurs étaient vraiment traités avec attention, et j’aimerais également souligner l’importance du mobilier et de l’agencement intérieur. L’Architecture à tendance à se résumer à des boites vides : de belles vitrines, des volumes «tape à l’oeil» et un affreux décalage entre l’extérieur et

l’intérieur. En tant qu’architecte, nous avons l’obsession de la façade et moins celle des espaces intérieurs. Nous devons considérer ces deux espaces comme aussi importants l’un que l’autre : je reste persuadée que nous devons sans cesse nous interroger sur le mode de vie de l’usager pour adapter au mieux les espaces intérieurs dans lesquels il vivra. Le mobilier fait partie intégrante de l’architecture : il retranscris les mêmes volontés, les mêmes idées à petite échelle. Dans ces grandes unités d’habitations, le confort intérieur de l’usager à une place très importante, et je souhaite ré-interpréter ces notions, en version 2020.

J’AIMERAIS QUE LES ENFANTS N’AIENT PLUS PEUR DE CET IMMEUBLE, ET PEUTÊTRE, QU’ILS LEUR DONNE ENVIE DE DEVENIR ARCHITECTE À LEUR TOUR ?

»

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Introduction

L’ U C 1 60 ans d’Architecture

À mi-chemin entre musée et parc d’attraction, rejoignez Archiland. Laissez vous guider par votre soif de découverte.

ARCHILAND, c’est quoi ? Archiland est une réhabilitation d’une des barres de logement de Bron Parilly pour en faire une cité de l’Ar’ (Art, Artisanat et Architecture). La démolition de l’UC1 était prévue pour 2018, mais une jeune agence d’architectes à réussi à convaincre la métropole de Lyon de la garder pour en faire un lieu de culture. Située dans un quartier ciblé par l’agence nationale de rénovation urbaine, Archiland fait désormais le lien entre habitants, artisans et artistes (dont de nombreux architectes). À travers des expositions temporaires et permanentes, une salle de cinéma, des ateliers d’animations, on apprend à aimer l’art, sous toutes ses formes. Contexte Afin de changer l’image des grands ensembles de Bron Parilly, de jeunes architectes ont imaginé Archiland dans l’UC1. Ce bâtiment est situé au croisement du boulevard périphérique Laurent Bonnevay et de l’A43. Il est victime de pol-

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lution de l’air et de pollution sonore mais constitue un mur anti-bruit pour tout le quartier qui se situe derrière lui. À la fois martyr et bouclier, l’UC1 existait mais ne pouvait plus accueillir du logement. Il est désormais un espace appropriable par tous, parfois spectateurs, parfois acteurs de ce lieu particulier.

VOUS ÊTES CONCERNÉS. 38 000m2 réhabilités rien que pour vous, et votre plaisir.

Nous vous invitons tous à rejoindre nos rangs, à pousser la porte d’Archiland pour découvrir cet univers, et pour que nous fassions votre rencontre. Faisons de l’Architecture un sujet banal ! Faisons de la ville un terrain de jeux ! Faisons grandir nos enfants dans des espaces où ils sont acteurs des transformations ! Nous n’attendons que vous, vos compétences, et votre regard unique sur l’architecture.

Adresse Rue Paul Bellemain, 69500, BRON contact@archiland.fr


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Le Programme

Le Programme

Vous vous trouvez là, devant Archiland, et vous ne savez pas où vous diriger ? Quels espaces explorer ? Rendez-vous à l’accueil de La Cité de L’Ar’ où nos guides vous donneront des informations ! Deuxième solultion : gardez cette double-page précieusement avec vous. Toute la vie.

Salle Polyvalente / Cafét’ Entrée : niveau 4 bloc 1 Un espace laissé vide, appropriable par tous : habitants, associations de la ville, etc... Vous y retrouverez un espace cafétéria pour vous restaurer !

Expos Temporaires Entrée : RDC bloc 1 Pour toute proposition d’exposition, merci de contacter le service événementiel (events@archiland.fr), votre demande sera étudiée de près.

Archigones Entrée : niveau 5 bloc 1 Le paradis des enfants avides d’apprendre n’attend que vous ! Jeux, expériences, activités, lâchez vos gones dans cet espace 100% sécurisé et à leur échelle. Ils en sortiront plus grands.

Ateliers Entrée : RDC bloc 3 Ateliers de travail. Pour tout renseignement sur la location d’un atelier, envoyez un mail à : ateliers@ archiland.fr ​ Salle de spectacle Entrée : niveau 5 bloc 3

Rooftop Entrée : ascenceur-grue au RDC Depuis le toit aménagé en terrasse urbaine, admirez la vue sur Bron, sur le périphérique et au loin, la ville de Lyon. Vous pouvez également réserver cet espace pour vos événements privés. Infos et résa à : rooftop@ archiland.fr Expos Permanentes Entrée : RDC bloc 1 Découvrez l’architecture de long en large grâce à notre exposition permanente. Plusieurs niveaux de lectures, du débutant à l’expert.

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Cinéma Entrée : niveau 5 bloc 6 ​ Agences Entrée : RDC bloc 3 ou Rooftop ​Venez découvrir nos agences ouvertes, et rencontrez les acteurs de la ville pour des discussions ou un simple café ! Architectes, paysagistes, ingénieurs, designers, artisans vous attendent, vous et vos idées... Bibliothèque commune au R+7


uc1

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Recul

«

Réhabiliter l’UC1 en 2016, quel défi ! 38 000 m2 de surface, qui commençaient petit à petit à se vider. La décision de démolition du bâtiment avait été annoncée en juillet 2016 mais nous n’avions pas entendu l’information avant. C’est au moment où nous avons débuté les recherches pour commencer le projet que nous avons été mis au courant. Quel hasard ! Après des années de peur face à ce bâtiment, et quelques unes de fascination, au moment ou nous commencions à l’aimer, nous nous rendions compte qu’il été voué à disparaître. Nous avons alors réfléchi à la pertinence de notre projet, nous nous sommes demandés s’il ne fallait tout simplement pas abandonner cette idée folle. Nous nous sommes beaucoup documentés et nous avons rencontrés plusieurs personnes qui connaissaient bien l’UC1 et son histoire. Ils étaient unanimes : le détruire était la pire chose à faire.

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Victime des jeux politiques depuis sa construction, le projet de Bron Parilly voyait désormais sa mort arriver. C’était assez simple pour nous de comprendre cette décision étant donné que ce bâtiment avait été l’objet de mes cauchemars quand j’étais enfant. Nous pouvions alors facilement nous mettre à la place de ceux qui ignoraient tout de lui. Mais nous, nous qui savions ses qualités, historiques et architecturales, nous ne pouvions rester là, sans rien faire.

phérie, comme Bron. Ces bâtiments ont fortement marqué son histoire sociale, et architecturale. Quel autre lieu pour parler d’architecture qu’un édifice comme l’UC1 ? En plus, ce bâtiment était très différent des autres : il avait été construit avec des procédés inédits à l’époque, des procédés encore utilisés aujourd’hui. Sa différence par rapport à la plupart des autres grands ensembles Lyonnais ? Sa qualité. Au début, on voulait parler uniquement d’architecture, mais on voulait à tout prix la vulgariser.

Nous avons alors réalisé un projet fictif de réhabilitation de l’UC1, celui d’une Cité de l’Architecture. C’était venu comme ça, une idée comme une autre au fond, qui était surement due au manque d’un tel lieu à Lyon. Mais plus nous avancions dans nos recherches, plus ce programme devenait d’une logique implacable. La ville de Lyon avait été marquée par les grands ensembles, ils faisaient partie de son identité et de celles des communes en péri-

C’est d’ailleurs à ce moment là qu’est arrivé le nom «Archiland». Oui, on pensait à un nom qui donne envie aux gens de venir, pas un «Fondation Machin» ou «Centre Truc». Non, on voulait qu’un enfant de 8 ans, qui ne connaisse rien à l’architecture demande à ses parents : « Papa ? Maman ? On peut aller à Archiland ce week-end ? ». Archiland c’était simple et ça résumait tout. Après, on s’est rendus compte que parler d’architecture, c’était pas for-


cément accessible à tous, et plus on découvrait l’histoire de l’UC1, plus on se rendait compte qu’il fallait absolument intégrer d’autres acteurs : le bâtiment avait une empreinte artistique très forte, il était un des premiers projets urbains à être conçus par des équipes pluridisciplinaires (architectes, ingénieurs, artistes, paysagistes...). En plus, il y avait des locaux voués aux artisans à l’origine. On en était sûrs : la Cité de l’Architecture devait se transformer en Cité de l’Art, Architecture et Artisanat. Après c’était simple, on a transformé «Cité de l’Architecture» et «Cité de l’Ar’», tous les mots commençaient pareil, ça coulait de source. On est alors partis sur cette idée, et on imaginé Archiland, comme si on imaginait un monde imaginaire. Nous avons fermés les yeux, et quand nous les avons ouverts à nouveau, nous étions des enfants. Nous avons vécus pendant tous ces mois de conceptions, de septembre à juin en gros, avec des étoiles dans les yeux. C’était hal-

lucinant. Nous nous étions mis à rire de tout, à faire des choses stupides, à inventer des jeux... Archiland avait une telle emprise sur nous, et nous voulions à tout prix que ca se voie. A la fin, quand nous l’avons présenté au jury en juin, c’était pareil. On ne se rendait même pas compte qu’on présentait un projet sérieux, de réhabilitation. Tout ce qu’on voulait, c’était les contaminer, les faire rentrer dans notre monde, dans celui d’Archiland. S’il pouvait nous rendre comme ça, nous étions persuadés qu’il pouvait se passer la même chose avec d’autres.

CE QU’ON VOULAIT, AU FOND, C’ETAIT CHANGER L’IMAGE DU GRAND ENSEMBLE. ARCHILAND, C’EST UN CONCEPT QUI PEUT ETRE UNIVERSEL, A BRON, A VAULX EN VELIN OU A SARCELLES.

Réhabiliter l’UC1, c’est le plus gros défi qu’on se soit lancés : l’immeuble le plus moche de Lyon, le plus gros, le plus proche de l’autoroute. L ‘enjeu était énorme. On voulait se prouver à nous même qu’on en était capable, et après ça, on pourrait tout faire. C’est comme un jeune médecin qui arrive à l’hôpital pour son premier jour et qui veut soigner le patient dans le pire état dans tout le service. Si on peut réaliser le pire, alors tout est faisable (même si en réalité, c’était pas forcément vrai, mais ça, on s’en est rendu compte plus tard...). Malgré toutes les critiques qu’on a pu avoir, à propos de la gentrification de ce quartier depuis la construction d’Archiland et tout ça, la ville ne se voit plus sans elle. Et les habitants non plus d’ailleurs. De toute façon, ça allait être démoli et ils allaient avoir l’autoroute sur leurs balcons sans l’UC1. Ils viennent souvent, les écoles aussi.

Au final, tout s’harmonise.

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Les travaux

Suppression du balcon

pour mettre en valeur la trame structurelle

On garde les circulations verticales et les gaines

DĂŠpose des anciens panneaux

Isolation des murs porteurs

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Protections solaires

Installation de nouveaux panneaux isolés

RÉNOVATION THERMIQUE Afin d’installer notre Cité de l’Ar’ dans de bonnes conditions, nous avons du procéder à une rénovation thermique de l’UC1. Le bâtiment est composé d’une structure porteuse en béton, réalisé grâce à un coffrage tunnel. Les panneaux de façade sont amovibles. Nous avons donc isolé les murs de refends, et ainsi augmenté les tranches verticales visible : il s’agit donc d’une isolation par l’extérieur. Par ce moyen, nous tenions à mettre en valeur la structure existante, que nous voulions sublimer. Les dalles n’ont pas pu être isolées, nous avons donc pris en compte ce pont thermique dans les calculs nécessaires à l’élaboration des nouveaux panneaux de façade. Des stores à projection ont également été installés. 25


Les ateliers

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CUISINE RÉUNIONS ATELIER 2

ATELIER 1

SANITAIRES

LES ATELIERS Rejoignez Guillaume, rédacteur en chef de la revue RAB! et Jean-Baptiste, peintre. Loyer Mensuel : 314€ TTC Ces ateliers de 40m2 sont disponibles pour tout professionnel ! Accessibles par une coursive extérieure, vous disposerez d’un balcon. Des espaces communs (cuisines / salle de réunion / sanitaires) sont également à votre disposition.

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Détail des panneaux de façade

Aérateur auto-réglable à rupture de pont thermique Ar60® avec filtre Pollux - RENSON

dalle béton 15 cm coffre store / aluminium

mécanisme store projetté aérateur auto-réglable à rupture de pont thermique Ar60® avec filtre Pollux - RENSON toile store triple vitrage bras de projection Vitrage fixe EI90® - NORBA

Panneau bois Tasseau bois Pare pluie Voile travaillant Isolant laine de roche 11.5 cm Isolant laine de roche 8 cm Pare Vapeur Plaque de plâtre

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10cm


LES BUREAUX

Comme nous l’avons expliqué précédemment, nous avons du effectuer une rénovation thermique de l’UC1. Les ateliers, les locaux des agences et les bureaux de l’administration sont des espaces que nous avons traités avec attention puisqu’ils accueillent des habitants toute la journée, en continu. Nous avons donc, en plus du doublage des murs de refends, dessiné de nouveaux panneaux de façade, plus performants thermiquement et qui permettent également de changer l’esthétique du bâtiment. Nous sommes repartis sur la trame d’origine, divisée en trois parties égales. En revanche, la partie centrale était autrefois opaque, elle est désormais vitrée pour ouvrir le bâtiment, le rendre plus poreux. Les parties basses sur les côtés sont quant à elle opaques, afin de protéger les espaces intérieurs du soleil, et de permettre l’installation de mobilier derrière ces pièces. Des stores à projection ont également été installés, ils sont très similaires aux stores d’origines qui avaient été supprimés lors de la rénovation de 1967. La couleur, ici jaune mais qui peut être différente, rappelle l’histoire du bâtiment et ses couleurs d’origine. Ces stores garantissent un confort thermique, notamment pour la façade Ouest. Les nouveaux panneaux sont désormais en bois. Ils sont assez similaires aux anciens au niveau de l’esthétique, mais intègrent les nouvelles préoccupations thermiques. Des aérateurs auto-réglables ont été insérés dans les menuiseries pour permettre une ventilation naturelle des pièces, qui sont traversantes. Chaque trait de ces nouveaux panneaux correspond à une attention esthétique, éthique, et nous remercions nos partenaires d’avoir su confectionner ces pièces.

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Site internet

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Archiland est à portée de clic ! Découvrez le nouveau site internet de La Cité de l’Ar’, qui vous permet de profiter des actualités partout dans le monde en mode déconnecté ! Vous retrouverez les magazines en e-book.

http://archi-land.weebly.com/

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