Mémoire de master - Carole DUREAU

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Carole DUREAU

LES USAGES DU LOGEMENT DE DEMAIN

Comment transformer l’habitat pour qu’il corresponde aux évolutions de modes de vies ?

2017

ÉTUD. DUREAU Carole UNIT UE093 - E0932 - SEM. RECH.-LAB - Mémoire 3 - Mém. Init. Rech.

MEM

DE MEM

LEQUAY H.

MASTER ARCHI

S10 INTERDEM 16-17 FI

© ENSAL



Carole DUREAU

LES USAGES DU LOGEMENT DE DEMAIN

Comment transformer l’habitat pour qu’il corresponde aux évolutions de modes de vies ?

2017

Mémoire d’initiation à la recherche Master II d’Architecture réalisé à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon, sous la direction d’Hervé Lequay.



TABLE DES MATIÈRES Introduction.........................................................................................................................................6 I. L’impact des changements sociaux sur le logement depuis 1800..................................8 a/ Loisirs...................................................................................................................................8 b/ L’entretien de la maison..................................................................................................10 c/ Économie..........................................................................................................................11 II. Une inadéquation entre modes de vies et logement depuis les années 1980............14 a/ Composition du ménage................................................................................................14 b/ Travail et Loisirs..................................................................................................................19 c/ Entretien du logement.....................................................................................................23 III. Les solutions pour adapter le logement aux modes de vie actuels et futurs...........27 a/ L’Architecture Modulable...............................................................................................28 b/ Architecture Reconfigurable..........................................................................................32 c/ Architecture Évolutive.....................................................................................................36 Conclusion............................................................................................................................44 Bibliographie.........................................................................................................................46 Table des figures....................................................................................................................48


INTRODUCTION Nous assistons actuellement à une révolution du logement : changement des modes de vies1, dynamique du développement durable, économies financières… Tous ces facteurs sociaux participent à l’évolution de l’habitat. En tant que futurs architectes, nous devons comprendre le contexte actuel afin de construire en adéquation avec la société, mais il est également nécessaire de comprendre l’évolution du logement, de la décortiquer, afin d’anticiper la conception du logement de demain. Le développement durable est en effet au coeur de nos préoccupations. Monique Eleb est sociologue, professeur à l’École Nationale supérieure d’architecture de Paris Malaquais. Elle dirige le laboratoire ACS (Architecture Culture Société XIXe-XXe siècles, CNRS FRE 3221). Elle s’intéresse notamment à l’évolution du logement en France et a mené dans ce cadre une exposition itinérante «Vu de l’intérieur - Habiter un immeuble en île-de-France » en collaboration avec Sabri Bendimerad. Le but de cette exposition était d’explorer les principales mutations de l’espace domestique depuis l’après-guerre, de comprendre les enjeux existants entre innovation et résistance, mais également d’observer le développement des équipements techniques et l’évolution des modes de vie. Ce travail de recherche a permis de comprendre l’habitat d’aujourd’hui par rapport à l’Histoire et à l’Humanité. Selon Monique Eleb, « on oublie le volet social dans le développement durable. On ne parle que de la technique ». En effet, nous avons tendance à concevoir face à des calculs thermiques, d’énergies, par rapport à un matériau plutôt qu’un autre, une composition de mur particulière… Mais nous oublions que construire développement durable, c’est également assurer une pérennité du logement. Et pour assurer cette pérennité, il faut avant tout penser à l’Homme, à ses usages, ses déplacements, à sa manière d’habiter en somme. Dans ce mémoire, nous avons consacré la première partie à l’étude des transformations qui ont eu lieu dans le logement depuis le XIXe siècle jusque dans les années 1980. À l’image de Monique Eleb, nous pensons que l’étude des transformations du passé nous aidera à établir des récurrences nécessaire pour imaginer l’habitat de demain. Selon Yvonne Bernard, psyco-sociologue chargée de recherche au CNRS : « Prévoir le futur à partir de la connaissance que l’on a des pratiques d’aujourd’hui suppose que l’on accepte l’hypothèse d’une logique des pratiques, que l’on peut interpréter par référence à un certain nombre de variables qui caractérisent l’individu ou le ménage. Cette compréhension et cette évaluation des déterminismes doit permettre d’anticiper la stabilité ou au contraire la mutation des pratiques. »2 Dans cette première partie, nous verrons qu’il a existé une certaine adéquation entre les modes de vies et le logement jusque dans les années 1980. 1 Mode de vie : Comportement quotidien d’un individu relatif à sa manière de vivre et de penser. Dans ce mémoire, nous aborderons également le mode d’habiter : similaire au mode de vie, il s’applique plus particulièrement au rapport entre un individu et son logement. 2, 3 BERNARD Y., « L’habitat à l’épreuve de la réalité pratique : quelques hypothèses prospectives », in DRIANT J-C., Habitat et villes: l’avenir en jeu, Paris, éd. L’Harmattan, 1992. 6


Introduction Dans un second temps, la deuxième partie portera sur les changements sociaux qui ont eu lieu depuis les années 1980 jusqu’à aujourd’hui, en intégrant les évolutions possibles en 2030. Nous verrons alors que le logement a peu évolué, contrairement aux modes de vies. Cette deuxième partie, contrairement à la première, expose clairement le problème qui réside dans le logement de notre époque. Selon Monique Eleb : « Les limites du rôle de l’architecte sont ici en question. Si l’architecte est trop présent, s’il impose certains modes d’occupation, ou s’il interdit certaines pratiques décoratives, il peut empêcher les phénomènes d’appropriation. Si, en revanche, l’architecte restreint son territoire d’intervention, c’est son rôle qui change : « Si l’on peut imaginer un degré de non finition du logement qui deviendrait le champ d’expression des habitants, certaines de ces propositions ne peuvent que s’accompagner de la régression de la place de l’architecte dans le logement » ELEB M. et CHATELET A-M., Urbanité, sociabilité et infinité: des logements d’aujourd’hui, Saint-Etienne, éd. de l’Epure, 1997. Le logement actuel n’est pas flexible et ne permet donc pas de s’adapter à la diversité des ménages et des modes de vies, qui sont de plus en plus différents en fonction des foyers. Pour finir, la troisième et dernière partie exposera les solutions existantes pour répondre à ces enjeux sociologiques. Selon Yvonne Bernard : «Accroître la flexibilité, permettre de changer l’usage des pièces en fonction du cycle de vie, autoriser l’habitant qui ne peut pas déménager à effectuer de nouveaux choix d’usage est une solution souvent préconisée par les architectes pour adapter la conception à l’évolution des modes de vie. Vérifier la réalité et le poids du choix de la flexibilité constitue un point intéressant à élucider dans le cadre d’une réflexion prospective sur le logement.» En effet, nous sommes persuadés que la flexibilité peut rendre les logements durables dans le temps, en permettant aux habitants de vivre dans un environnement qui s’adapte à leur manière de vivre. Cette partie exposera les différentes architectures qui permettent une flexibilité dans le logement et donc une adaptabilité à l’Homme et à ses modes de vies. L’architecture flexible permet de laisser une liberté à l’usager sur l’organisation de l’espace et sur les usages. Il n’existe pas qu’un seul type de flexibilité. Au cours de cette étude, nous avons réuni près de 40 exemples que nous avons trié afin d’établir des catégories au sein de la grande famille de l’architecture flexible. Nous avons ensuite caractérisé ces différentes catégories d’architecture, afin de bien comprendre à quoi elles répondent. Elles sont diverses et répondent chacun à une problématique précise, l’intérêt étant de comprendre leur rôle afin de les utiliser à l’avenir intelligemment. Vous découvrirez dans la troisième partie, en introduction, une explication quant à la classification de ces solutions. Pour cette étude, nous nous sommes concentrés sur les évolutions des modes de vies des Français, et sur des exemples d’architecture françaises. Néanmoins, nous avons dû parfois faire appel à des exemples étrangers pour appuyer notre propos et montrer des solutions qui fonctionnent dans d’autres pays mais qui restent rares en France. Nous avons également décidé de restreindre l’étude au logement collectif.

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I. L’IMPACT DES CHANGEMENTS SOCIAUX SUR LE LOGEMENT DEPUIS 1800 Dans cette première partie, nous avons procédé à une étude de l’impact des modes de vies sur l’habitat du XIXe siècle aux années 1980. Afin de présenter cette étude de manière claire, nous exposons dans un premier le ou les phénomènes sociaux, nous expliquons après le changement qu’il a eu sur la manière d’habiter pour ensuite expliquer la transformation apportée au logement. Nous illustrerons chaque exemple avec une étude de cas. Dans les deux premières parties, nous avons regroupé les informations par famille de changements sociaux (Loisirs, entretien de la maison, économie et composition du ménage).

a/ Loisirs

Phénomène Social

1950 : Utilisation répandue de la télévision

Impact sur le mode d’habiter

D’après le Larousse, le salon est une “Pièce d’un appartement, d’une maison, destinée à recevoir les visiteurs.” Cet espace a subi de nombreuses modifications au fil du temps. Initialement réservé aux familles bourgeoises, il était lieu de discussions, lectures et réceptions. Véritable objet de société, il servait à montrer les richesses, oeuvres d’art et autres objets. Dans les années 1880, les classes rurales et ouvrières ne disposaient pas de salon. Cette pièce était associée à une certaine bourgeoisie et donc signe de richesse. Les logements des classes rurales ne comportaient qu’une seule pièce réunissant cuisine, salle à manger et chambres : « Là, il y a des chambres qui sont la cuisine, la salle à manger, la chambre à coucher, pour tout le monde : père, mère et petits… Elles sont encore cave et grenier ; écurie et bassecour quelques fois. Le jour y arrive par des ouvertures basses et étroites ; l’air passe sous les portes et les châssis déboîtés […]. C’est une lampe grasse et fumeuse qui éclaire, dans l’occasion – d’habitude, c’est le feu. Puis le plancher, c’est de la terre inégale et humide. » Victor Considerant, 1848. Les classes ouvrières disposent quant à elles de chambres séparées de la pièce commune. Cette dernière, par manque de surface, réunit cuisine, salon, salle à manger. La chasse au taudis de 1875 qui vise à rejeter les logements insalubres et la politique des Habitations à Bon Marché de 1900 participent à construire de plus en plus de logements sains. Le salon commence alors à se répandre dans tous les logements : bourgeois et ouvriers également. Il devient alors un lieu de rassemblement en famille en plus d’un espace de réception pour les invités. Dans les années 1950, la télévision se répand dans les foyers français et elle trouve sa place dans le salon. L’utilisation répandue de la télévision va considérablement changer l’usage du salon, ou le téléviseur devient le point focal de son organisation, associé au canapé. Son usage est alors bien différent de la salle à manger, qui sert uniquement aux repas, en famille ou lors de réceptions. Le temps de travail n’ayant pas encore diminué, la télévision est présente dans les logements mais encore peu utilisée. Les femmes au foyer regardent la télévision mais les hommes n’y consacrent pas autant de temps quotidien qu’aujourd’hui. On retrouve également cet objet dans la cuisine, étant donné que les femmes y passent encore la majorité de leur temps.

Transformation apportée au logement

Dans la première partie concernant les changements sociaux, nous avons évoqué la transformation apportée par l’utilisation répandue de la télévision. Les espaces de la salle à manger et du salon ont alors subi une importante mutation. Tous deux destinés à la réception d’invités mais également à la détente 8


a/ Loisirs (grâce à la télévision notamment), ils sont souvent regroupés dans la même pièce. Les villes se densifient au 19e siècle ce qui entraîne une diminution des surfaces dans le logement, et participe au regroupement de ces deux usages.

Étude de cas

Immeuble de la rue franklin, Paris, 1903, Auguste Perret Dans cet exemple, qui est représentatif des logements des années 1900, on remarque que la salle à manger et le salon sont deux espaces distincts. Le salon occupe une place centrale, étant donné son rôle de réception. En rentrant dans le logement, nous arrivons directement dans cet espace, après un hall d’entrée, ce qui marque sa position centrale. On remarque également que c’est un des seuls espaces éclairés naturellement, grâce à la grande baie vitrée présente au milieu de la pièce. La salle à manger, reste quant à elle séparée du salon, collée à la cuisine et au fumoir. Elle donne également sur l’entrée. Dans cette configuration d’appartement, on remarque très bien la différence entre les deux usages.

Fig. 1 : Immeuble de la rue Franklin - Auguste Perret - Étage type

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I. L’impact des changements sociaux sur le logement depuis 1800 Logements de la rue des Hauts de Forme, Paris, 1979, Portzamparc Dans ce second exemple, très représentatif des logements construits dans les années 80 au regard de l’organisation spatiale des usages, on remarque que le salon et la salle à manger sont désormais réunis dans un seul et même espace. Cet espace regroupant salle à manger et salon se nomme désormais “séjour” ( définition Larousse : Pièce d’un appartement servant à la fois de salle à manger et de salon. (On dit aussi salle de séjour.) On observe également que l’entrée du logement donne également sur un hall d’entrée, qui dessert tous les espaces. La liaison porte d’entrée/salon est moins évidente que dans le premier exemple.

Fig. 2 : Immeuble rue des Hautes Formes - Christian de Portzamparc - Étage type

b/ L’entretien de la maison

Phénomène Social

1960 : Simplification des tâches grâce à l’électroménager 1970 : Généralisation de l’activité féminine salariée

Impact sur le mode d’habiter

Suite à ces deux phénomènes sociaux, les impacts sur les modes d’habiter sont multiples. Tout d’abord, la femme du foyer passe moins de temps en cuisine : l’arrivée de l’électroménager lui permet de préparer les repas plus rapidement, et la généralisation du travail pour les femmes lui apporte un rôle différent que celui de femme au foyer. Cette dernière commence à prendre son indépendance et à être moins associée à cette pièce qu’auparavant. La salle à manger et le salon s’étant regroupé en séjour, les foyers ont tendance à prendre les repas quotidiens dans la cuisine désormais et réserver la salle à man10


b/ entretien de la maison ger pour les grands repas. Dans certains logements, la cuisine étant tellement grande, la salle à manger disparaît au profit d’un plus grand salon.

Transformation apportée au logement

La place occupée par l’électroménager augmente considérablement, et nécessite de nombreux espaces de rangements. La taille de la cuisine augmente : elle n’est alors plus simplement un espace de service mais également un lieu de vie, une pièce conviviale où l’on dîne. On observe également l’apparition de celliers, pour augmenter la surface de rangement nécessaires dans la cuisine.

Étude de cas

Pour montrer cette transformation, reprenons les deux exemples évoqués précédemment. Immeuble de la rue franklin, Paris, 1903, Auguste Perret Sur ce plan (voir p.9), on observe très bien la présence des domestiques : espaces de circulations distincts et entrée spécifique à la cuisine pour ne pas passer dans le logement. La diminution de la présence de domestiques dans les foyers français est également une des causes des transformations du logement. On le voit très bien dans cet appartement, la cuisine est un espace de service uniquement, fait pour la préparation des repas et le stockage de produits alimentaires uniquement. Elle fait directement le lien avec la salle à manger, étant donné qu’aucun espace pour s’asseoir et manger n’est présent dans la cuisine. Logements de la rue des Hauts de Forme, Paris, 1979, Portzamparc Dans le second appartement (voir p.10), la disparition d’espaces pour les domestiques modifie considérablement l’agencement. La cuisine est désormais espace de préparation, mais également lieu de vie avec la possibilité d’installer une table pour manger. La salle à manger étant plus loin de la cuisine que dans le premier exemple, il est plus pratique pour les familles de manger dans la cuisine, et de réserver la salle à manger pour les grands repas. L’espace de rangement à considérablement augmenté, avec la présence d’un cellier. Désormais, la cuisine n’est plus espace de service mais lieu de vie à part entière.

c/ Économie

Phénomène Social

1945 - 1970 : Crise du logement d’après-guerre 1960 : Construction de masse pour répondre à cette crise

Impact sur le mode d’habiter

Le bilan d’après guerre établit que 1851 villes sont endommagées, 420 000 immeubles détruits, 1 900 000 en partie détruits en comptant les bâtiments industriels et agricoles1. La première guerre mondiale ayant fait de nombreux dégâts non réparés en 1945, le nombre de logements manquants augmente alors. Cet épisode de l’histoire implique une pénurie de logement qui s’ajoute à une forte demande de relogement. Les logements encore en état sont pour la plupart insalubres et manquent d’équipement : en 1954, 11% des logements Français disposent d’une salle de bain, avec 17% à Paris. Le Ministère de la Reconstruction et l’Urbanisme, créé en France en 1944 sous le gouvernement du général De Gaulle, vise à contrôler les plans de reconstruction et d’aménagement du bâti détruit pendant la guerre. C’est le début 1

Laboratoire Urbanisme Insurrectionnel, 2014, 70 ans d’architecture sociale en France, Chronologie.

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I. L’impact des changements sociaux sur le logement depuis 1800 d’une politique de construction de masse, et de nombreux grands ensembles seront construits en France afin de répondre à la demande de relogement. La plupart des logements étaient insalubres, sans sanitaires à l’intérieur du logement et trop petits pour certaines familles. Les grands ensembles vont résoudre ces problèmes en proposant des logements sains, comprenant des sanitaires, plusieurs chambres, une cuisine séparée du reste de l’appartement, loggias, mais également des espaces verts et commerces au pied des immeubles. Ce relogement de masse implique une forte densité et la taille des logements, bien qu’elle prévoit une surface suffisante pour une famille, reste limitée. C’est le début d’une nouvelle ère pour le logement. Les familles qui emménagent dans ces logements trouvent un confort inédit, propice à une vie de famille saine.

Transformation apportée au logement

Les grands ensembles ont réussi à reloger de nombreuses familles, en leur proposant un logement digne des modes d’habiter des années 60 : une cuisine laboratoire, ou il est possible de manger, un espace de séjour regroupant le plus souvent salon et salle à manger, des sanitaires séparant la salle de bain et les toilettes, puis des chambres intégrant des placards de rangement. La taille des logements étant réduites, on commence à envisager des solutions pour garantir des usages identiques sur une surface plus petite : Cloisons amovibles, mobilier intégré au murs… On constate une forte attention portée au rangement. Le reportage filmé sur les HLM construits à Bron Parilly peuvent témoigner de cette préoccupation dans les foyers français : “ Pour lutter contre les taudis, peut-il exister quelque chose de mieux que de vastes programmes de construction qui se réalise peu à peu dans et en dehors des grandes villes. Ainsi cette jeune femme pressée qui vous présente, mesdames, et à vous aussi messieurs, les aménagement pratiques qui ont été réalisé dans un appartement témoin des immeubles HLM de bron parilly. C’est une conseillère ménagère. (...) Cet appartement, vous le voyez, est de dimensions réduite, puisqu’ici nous avons un f3 c’est à dire une salle de séjour une cuisine et 2 chambres pour 3 ou 4 personnes. Mais comme vous l’avez vu aussi, chaque chose étant bien a sa place et disposée de façon pratique, chaque personne du foyer, parents et enfants, peuvent vivre confortablement et agréablement. Il y a 1001 manière d’aménager un appartement avec des meubles modernes et surtout avec ces très vastes placards qui forment une cloison entre le coté séjour et le côté chambre. On peut obtenir beaucoup d’ordre aussi bien du mari que des enfants. Pour lui evidemment, l’installation d’une cuisine laboratoire-usine est d’un intérêt indéniable, et pour les enfants, vous le verrez, une loggia ensoleillée avec un grand coffre à jouet leur donne toute la place dont ils ont besoin.”2 Ce reportage atteste d’une transformation sociale, qui induit un changement de mode d’habiter. Ce changement réside dans la volonté de gain de place, dans la suppression de certains usages autrefois présent, et à la mise en place d’espaces “multis-usages” pour répondre à la suppression de certaines pièces. Les usages sont clairement définis, chaque meuble doit être à sa place pour que le logement fonctionne. De nombreux logements de ce type sont encore présents dans les villes et banlieues françaises. Qu’en est-il du mode de vie actuel ? Est-il compatible avec ces appartements ? On peut émettre des doutes quant à la flexibilité d’usage de ce type de logement. Est-il possible de rajouter un espace de bureau ? Une bibliothèque ? Un espace de sport ? Le système constructif murs porteurs / dalle limite la modification de l’appartement et il est effectivement difficile de vivre autrement que les architectes l’ont prévu. Certains immeubles de ce type ont pourtant été construits en intégrant la dimension de flexibilité.

2 INA. Visite d’un appartement témoin HLM à Bron Parilly. [02 déc. 1960]. ina.fr. [en ligne, 02min 21s] Disponible sur : <http://www.ina.fr/video/LXF99006971> (consulté le 21 octobre 2016). 12


c/ Économie

Étude de cas

Logement à La Perralière, Villeurbanne, 1970, Jean Dubuisson Pour démontrer la flexibilité dont les grands ensembles peuvent faire preuve, étudions le cas de La Perralière, construite en 1970 à Villeurbanne, et conçue par l’architecte Jean Dubuisson. Ce type d’appartement est assez classique, et nous le retrouvons dans ne nombreux HLM en France, il est donc assez représentatif de ce type de logement. Comme dans le reportage concernant les HLM de Bron Parilly, on remarque bien la place accordée au rangement : dans le hall d’entrée, trois placards toute hauteur assurent le stockage, avec un placard à balais. Les toilettes sont séparées de la salle de bain et se trouvent dans le hall d’entrée. La cuisine est une cuisine laboratoire, assez grande, mais qui permet difficilement de manger à l’intérieur. On observe que le séjour dispose d’une alcôve. Nous allons montrer que cette alcôve se positionne comme une “pièce en plus”, étant donné que l’espace séjour peut exister sans elle. Observons les différentes possibilités, qui assurent une flexibilité d’usage et donc plusieurs modes d’habiter différents : Il est donc possible de créer des logements non flexibles au niveau de la structure mais de laisser une liberté d’usage à l’habitant. Dans cet exemple, nous observons qu’il est possible d’installer un bureau, une chambre d’enfant, une bibliothèque ou une salle à manger sans pour autant nuire à un autre usage dans le logement.

Fig. 3 : Possibilité d’aménagement d’un appartement de La Perralière, Jean Dubuisson, Villeurbanne.

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II. Une inadéquation entre modes de vies et logement depuis les années 1980

Conclusion partie I : Cette première partie nous a permis de comprendre les logements dans lesquels nous vivons actuellement. Nous avons prouvé que les importantes mutations dans le logement sont dues à des phénomènes sociaux qui modifient notre manière d’habiter. D’autres facteurs entrent évidemment en jeu, comme les progrès techniques par exemple, mais cette technique doit améliorer nos quotidiens et non se servir elle même. Depuis ces grands changements évoqués plus tôt, il n’y a pas eu de révolution majeure dans l’organisation spatiale du logement. On peut l’observer assez facilement, les appartements construits récemment ou en construction présentent les mêmes usages que ceux du passé, des années 60, mais également le même agencement de tous ces usages. Notre société et nos modes de vies ont pourtant bien changés depuis les années 60, on peut alors se demander si nos logements sont bien en adéquation avec nos modes de vies actuels ? Pour la seconde partie, nous présenterons les changements sociaux des années 1980 à aujourd’hui, et grâce aux études menées dans la première partie, nous montrerons qu’il est possible de trouver des réponses à ces changements sociaux dans l’organisation spatiale des logements et dans ses usages.

II. UNE INADÉQUATION ENTRE MODES DE VIES ET LOGEMENT DEPUIS LES ANNÉES 1980 Cette deuxième partie est constituée de la même manière que la première partie. Nous vous exposerons dans un premier temps les phénomènes sociaux qui ont eu lieu depuis les années 1980 et ceux qui pourraient voir le jour en 2030, pour ensuite faire le lien sur la manière de vivre dans le logement, et enfin mettre la lumière sur la transformation apportée au logement. Cette deuxième partie insiste sur les inadéquations entre modes de vies et logements, les études de cas présentées dans chaque sous-partie sont donc volontairement rares et non-ordinaires, puisque peu de solutions aux phénomènes sociaux ne se sont encore répandues.

a/ Composition du ménage

Phénomène Social

1980 : Crise du modèle résidentiel - Fragilisation de la cellule familiale - Modification du groupe domestique 2010 : Augmentation de la colocation 2030 : Partage de domicile 2030 : Modification des structures familiales + rapides 2030 : Vieillissement de la population

Impacts sur le mode d’habiter Familles mono-parentales / Familles recomposées : l’impact du divorce

Une enquête de l’INSEE réalisée en 2016 retraçant l’évolution du nombre de divorce depuis 1960 atteste d’une nette augmentation dans les années 1980 . En effet, en 1984, le nombre de divorces prononcés dépasse les 100 000 contre 30 000 dans les années 1960. Cet écart de 70 000 divorces par an entre ces deux dates a évidemment eu un impact sur la manière d’habiter. Les parents divorcés habitent donc chacun de leur côté, et les enfants n’ont plus un seul logement mais désormais deux. Cette nouvelle organisation nécessite donc des aménagements spécifiques : par manque de place, la plupart des chambres d’enfants sont 14


a/ Composition du ménage regroupées dans une seule pièce, aménagées de lits superposés pour gagner de l’espace. Ce changement social implique lui aussi un gain d’espace, à l’image de ce que l’on a pu observer dans la première partie lors de la crise du logement. Mais contrairement à ce manque d’espace observé dans les années 60/70, la modification du groupe domestique dans les années 80 n’a pas vraiment eu d’impact sur la manière d’organiser son logement ni sur les usages. On observe effectivement des changements au niveau des stratégies résidentielles : “On sait par exemple que les mères célibataires souhaitent vivre à proximité de leur famille, que les couples divorcés ayant des enfants choisissent d’habiter dans des lieux proches, que les couples de cohabitants sont plus rarement propriétaires que les couples mariés. La réponse aux problèmes posés ne réside donc pas pour l’essentiel dans la conception de nouvelles formes d’architecture, mais dans l’accroissement de la fluidité du parc de logement permettant de répondre à la multiplicité des trajectoires résidentielles.”3 Changements de la composition du foyer plus rapides

TABLEAU 26 - ÉVOLUTION DU DIVORCE Année 1960 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967 1968 1969 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Séparations de Divorces Taux brut de corps prononcés (a) divorces (b) (c) prononcées (a) 4 060 30 182 0,66 4 081 30 809 0,67 3 971 30 570 0,65 4 281 30 298 0,63 4 675 33 250 0,69 4 771 34 877 0,72 4 705 36 732 0,75 4 766 37 194 0,75 4 112 36 063 0,72 4 263 37 926 0,75 3 512 38 949 0,77 3 349 41 628 0,81 3 433 44 738 0,87 3 304 47 319 0,91 3 300 53 106 1,01 3 430 55 612 1,06 3 399 60 490 1,14 2 955 71 319 1,34 2 964 74 416 1,39 3 141 78 571 1,47 3 328 81 156 1,51 2 991 87 615 1,62 3 920 93 892 1,72 3 694 98 730 1,80 4 005 104 012 1,89 4 429 107 505 1,94 4 570 108 380 1,95 4 473 106 527 1,91 4 840 106 096 1,89 4 810 105 295 1,87 3 926 105 813 1,87 3 926 108 086 1,90 3 867 107 994 1,89 3 880 110 759 1,93 3 482 115 658 2,01 4 014 119 189 2,06 4 866 117 382 2,02 5 018 116 158 2,00 4 964 116 515 2,00 4 110 116 813 1,99 3 743 114 005 1,93 3 203 112 631 1,89 3 053 115 861 1,93 2 773 125 175 2,08 3 080 131 335 2,16 2 917 152 020 2,48 2 225 135 910 2,21 1 701 131 316 2,12 1 600 129 379 2,08 1 450 127 578 2,04 1 484 130 810 2,08 1 233 129 802 2,05 1 207 125 217 1,97 1 237 121 849 1,91 989 120 568 1,88

Le groupe domestique se modifie au fil des années. Tout d’abord à cause de l’augmentation du nombre de divorce qui accroît le nombre de personnes vivant seules et les familles recomposées, ainsi que les couples non mariés. L’espérance de vie qui augmente génère quant à elle de plus en plus de personnes âgées vivant en couple ou seules, dans des logements aux surfaces supérieures à leurs besoin. L’impact sur le mode d’habiter est que la cellule familiale ne cesse de changer au cours de la vie des habitants d’un logement. a. Source : Ministère de la Justice. b. Taux calculé à partir des divorces prononcés D’abord en couple, arrivent ensuite les enfants qui granc. Divorces pour 1 000 habitants. Ce taux est provisoire pour les deux dernières années, résultats provisoires arrêtés à fin dissent et quittent le foyer, reviennent parfois vivre chez leurs décembre 2015. Champ : France métropolitaine parents en raison des problèmes économiques, du manque de Sources : Ministère de la Justice et Insee, estimations de population travail ou des études… La “génération boomerang” est té- Fig. 4 : évolution divorces 1960 - 2014 selon moin d’un fait social caractéristique des années 2010. L’en- une enquête de l’INSEE fant revient vivre avec ses parents après avoir pris son envol en raison des difficultés à trouver un emploi et donc de s’assumer, ou un retour aux études. Un même logement peut en 30 ans accueillir une famille de 5 personnes, puis en cas de divorce les enfants seulement le week-end, puis plus aucun enfant au domicile pour voir revenir un ou plusieurs enfants, et accueillir une personne âgée qui n’est plus autonome dans son logement. Cela montre bien la flexibilité dont les logements doivent faire preuve pour s’adapter à l’Homme, et non l’inverse. Tous ces facteurs, qui modifient le groupe domestique et qui sont les résultats des phénomènes sociaux de notre époque, impliquent de nombreux déménagements pour les habitants du logement. En effet, le logement actuel, non flexible, correspond à un état du foyer et il est difficile de le modifier pour l’adapter aux changements. 3 BERNARD Y., « L’habitat à l’épreuve de la réalité pratique : quelques hypothèses prospectives », in DRIANT J-C., Habitat et villes: l’avenir en jeu, Paris, éd. L’Harmattan, 1992. 15


II. Une inadéquation entre modes de vies et logement depuis les années 1980 Colocation / Espaces partagés Ces dernières années, de nouvelles modifications du foyer ont eu lieu : l’augmentation de la colocation et le partage de domicile. “En contrepartie, la colocation se développe : elle concerne désormais 7 % des jeunes (contre 4 % en 1999). Chez les 18-24 ans, elle passe de 6 à 10 %.”4 L’augmentation de la densité dans les villes et la hausse des loyers, surtout dans les villes étudiantes, sont des facteurs de l’arrivée de la colocation. Cette nouvelle forme de ménage nécessite de grandes surfaces étant donné que chaque colocataire occupe une chambre, et que le nombre de personnes présente dans le foyer peut aller jusqu’à 5 ou 6 personnes. En revanche, il n’existe pas vraiment de type de logement adapté à ces foyers particuliers. Les colocataires occupent généralement des grands appartements, qui ne sont plus occupés en raison de la diminution du nombre de familles nombreuses. Ces appartements disposent, pour la plupart, d’une seule salle de bain, d’une cuisine de petite taille. Cet aménagement ne correspond pas forcément à des colocataires, malgré le grand nombre de foyers de ce type dans les villes françaises. De plus, les habitants vivent de manière plus communautaire en partageant les espaces avec les colocataires ou les voisins. Les habitants préfèrent alors avoir un plus grand salon mais une buanderie commune (c’est également une réponse à la densification de la ville qui réduit de plus en plus la taille des logements, et qui impose alors de sacrifier certains usages). L’économie collaborative5 s’est développée dans les années 2010 et favorise la création d’espaces communs à tous les locataires d’un immeuble (jardins partagés, chambre d’amis à louer, buanderie…). On quitte le logement autonome pour se diriger vers le partage des biens, des espaces. Les circulations intérieures au sein des immeubles peuvent elles aussi être investies en lieux communs : salons, bibliothèque, etc… Ces initiatives restent toutefois isolées et rares, ces espaces communs étant compliqués à gérer et à entretenir.

Transformation apportée au logement et études de cas

Pour répondre à ces changements qui interviennent dans le foyer tout au long de la vie de ses occupants, la flexibilité est essentielle : Actuellement, il n’existe pas de réponse universelle à ces problématiques, mais des initiatives isolées y répondent très justement. Nous allons observer quelques exemples de logements qui s’adaptent aux changements de composition d’un foyer. Comme nous l’avons vu précédemment, il est de plus en plus fréquent que cette composition soit bouleversée au fil des années (arrivée des enfants, divorces, études des enfants, retour à la maison pour certains, accueil de personnes âgées de la famille, etc…). Nous devons absolument considérer tous ces changements dans la conception des logements d’aujourd’hui et de demain. La prise en compte de ces changements rend le logement plus durable, plus adapté à notre société actuelle et future. Nous verrons plus tard que ces mutations sociales vont augmenter avec le temps, il faut donc dès à présent les considérer et les intégrer dès la conception. Familles mono-parentales / Familles recomposées : l’impact du divorce Concernant cette première thématique, nous avons déjà évoqué précédemment l’inadéquation entre les logements et ce fait social. Toutefois, des initiatives isolées ont été prises pour répondre à la problématique de la hausse du divorce en France. Songpa Micro-Housing, Seoul, Korea, 2014, SSDarchitecture Ces logements sont composées d’unité que l’on peut ajouter ou supprimer au fil du temps, pour répondre à un changement de besoin d’un foyer. Ce type de logement peut tout à fait répondre à la problématique du divorce : si un couple habite dans un logement composé de deux unités et que les unités d’à côté sont disponibles, il est possible d’annexer un logement autonome au logement existant. Chaque 4 Insee, 2010, Jeunes Rhônalpins : plus diplômés, plus autonomes, mais des situations toujours précaires, n° 1004 5 “Concept économique selon lequel la collaboration entre les individus est au coeur de toute organisation, notamment celle du travail.” source : linternaute.com 16


a/ Composition du ménage unité étant reliée par un couloir, il est possible de créer deux appartement reliés mais respectant l’intimité de chacun. Cette solution, bien entendu, peut ne pas convenir à un couple qui ne peut plus se supporter, mais il s’agit tout de même d’une alternative plus douce avant de trouver une autre solution et pour garantir le bien-être des enfants. Ce concept permet aussi de s’adapter à d’autres changements du foyer, comme le départ des enfants de la maison, leur retour, l’accueil de personnes âgées dépendantes… Ce système s’applique à d’autres problématiques que celle du divorce.

Fig. 5 : différentes possibilité d’aménager les unités - Songpa Micro-Housing

Ce type de logement n’est évidemment pas représentatif des logements collectifs en France, mais ce genre d’initiative n’est pas compliqué à mettre en place si on intègre dès la conception les besoins des habitants. Cet exemple sert à appuyer notre propos en montrant la faisabilité de tels procédés. Il prouve également que ce genre de logement est encore très rare, et c’est bien là le propos de cet écrit. 17


II. Une inadéquation entre modes de vies et logement depuis les années 1980 Colocation / Espaces partagés Village Vertical, Villeurbanne, 2013, Arbor&Sens Voici un exemple de logement collectif qui intègre des espaces communs : Le Village Vertical, situé à Villeurbanne, est une coopérative d’habitants qui ont conçu leur immeuble avec les architectes. Dans cet immeuble, chaque appartement à été fait sur mesure, en fonction des modes de vies de chacun, à l’image d’une maison individuelle. Ces logements sont écologiques mais également coopératifs. Sur le site de la coopérative, nous pouvons lire : “Ainsi, nous mutualisons quelques éléments de la vie quotidienne (terrasse, buanderie, potager, équipements, chambres d’amis, espace pour des réunions, etc.). Cette mutualisation permet de vivre mieux à moindre coût.”6

Fig. 6 : espaces partagés du village vertical (Buanderie / Locaux techniques / Balcons / Circulations)

Véritable colocation à grande échelle, le Village Vertical propose des solutions pour la vie en communauté à l’échelle d’un immeuble entier. Ces solutions peuvent être appliquées afin de s’inscrire dans une démarche d’économie collaborative, afin de mieux vivre ensemble mais également dans le but d’économiser de l’espace dans les espaces privés de chacun. Mettre en commun la chambre d’amis, la terrasse ou la buanderie permet effectivement d’avoir un plus grand salon ou une plus grande cuisine. Comme dans l’exemple précédent, il est difficile de mettre en place de telles solutions dans les logements en France, car les coopératives d’habitants sont rares et les locataires non sollicités lors de la conception des immeubles. Ce n’est pas le même cas de figure bien évidemment, mais cet exemple nous donne des solutions quant aux espaces communs qui permettent de soulager les espaces individuels : dans le cadre de logements étudiants, de colocation, ou même de logements standards, il est possible d’aménager des espaces tels que des buanderies ou des chambres d’amis à louer. C’est une flexibilité peu coûteuse à mettre en place, qui fait même économiser de l’argent, de l’espace et de l’énergie. Fig. 7 : Le village vertical : une coopérative d’habitants.

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source : http://www.village-vertical.org/index.php?page=presentation


b/ Travail et Loisirs Co-résidences, Paris, 2012, Star Statégies + Architecture (projet) Un second exemple, au stade de projet, va démontrer qu’il est possible d’installer de tels espaces dans des bâtiments existant : L’agence Star Statégies + Architecture apporte une réponse à ces problématiques dans le cadre de l’Atelier International du Grand Paris (AIGP) consulté à l’automne 2012 autour du thème « Habiter le Grand Paris ». Les architectes proposent alors d’utiliser les parties communes des immeubles existants afin de créer des espaces utilisables par tous les habitants, afin d’augmenter les usages pour ces derniers. Ces solutions concernent directement les dynamiques de colocation, de cohabitation et de partage d’espaces qui augmentent de jour en jour.

Fig. 8 : Intervention sur un immeuble existant pour le transformer en Co-résidences. Utilisation des circulations pour créer des espaces communs.

Ces solutions, présentes dans les exemples observés, témoignent d’un impact des mutations sociales sur le logement. Ces solutions, pertinentes, sont rares. Au stade expérimental, d’essai ou de projet, ces logements attestent d’une possibilité à adapter le logement aux changements de composition des ménages. Le logement peut être durable et convenir à une même famille malgré les départs et arrivées des membres du foyers. Les notions de colocation et d’espaces partagés doivent également être pris en compte comme dans les deux derniers exemples, car c’est une mutation majeure du XXe siècle.

b/ Travail et Loisirs

Phénomène Social

1985 : Diminution du temps de travail 2000 : Mobilité nécessaire au travail : limite l’ancrage 2010 - 2030 : Augmentation des téléactivités 2010 - 2030 : Augmentation des auto-entreprises

Impact sur le mode d’habiter

La diminution du temps de travail en 1985 augmente le temps libre de la population. “Les enquêtes budget-temps (ROY, 1989) montrent que ce gain a été en 10 ans (de 1975 à 1985) d’environ 30 minutes pour les hommes et de 28 minutes pour les femmes”7 7 BERNARD Y., « L’habitat à l’épreuve de la réalité pratique : quelques hypothèses prospectives », in DRIANT J-C., Habitat et villes: l’avenir en jeu, Paris, éd. L’Harmattan, 1992.

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II. Une inadéquation entre modes de vies et logement depuis les années 1980 Le temps passé à la maison est donc plus important qu’auparavant. Le logement n’est plus uniquement un dortoir mais devient également un espace de détente, de repos. L’impact sur le mode d’habiter n’est pas majeur, mais on peut considérer que ce changement social, laissant plus de temps libre, a permis aux habitants de consacrer plus de temps par jour à l’écoute de la télévision : 18 minutes de plus pour les hommes, 11 minutes de plus pour les femmes > Yvonne Bernard. Nous l’avons vu en première partie, le salon a subi beaucoup de changements au cours du XIXe siècle. La télévision occupait déjà une place centrale dans le séjour, mais les habitants, et surtout les hommes-ouvriers, travaillaient trop pour pouvoir y passer du temps. Désormais, le temps libre laissé par la diminution du travail permet à ces habitants de profiter de leur logement. Le temps libre est également occupé à des activités extérieures, sorties, promenades en famille, même si au fur et à mesure, les habitants ont tendance à rester chez eux lors des temps de repos. Une enquête de l’INSEE, datant de mars 1994, expose les dépenses pour les loisirs depuis 1960. En effet, l’arrivée de l’audiovisuel a bouleversé les loisirs des foyers français : autrefois consacré aux sorties extérieures, on observe un net changement entre 1960 et 1992. Le budget consacré aux spectacles (théâtres, concerts, cirques, parcs d’attraction) diminue considérablement entre 1960 et 1992, de même pour le cinéma. En revanche, on observe une augmentation des achats de matériel audiovisuel entre 1970 et 1980. Le budget accordé aux livres diminue au profit des matériels audiovisuels. Le nombre diminue ensuite en raison des prix de plus en plus abordables de ces produits “Le nombre de lecteurs de livres et de quotidiens a diminué, surtout chez les jeunes . Les lecteurs de quotidiens sont passés en vingt ans de 60 % à 40 % de la population .D’après une récente enquête de la SOFRES, 19 % des Français n’avaient lu aucun livre au cours des douze derniers mois, 29 % en avaient lu moins de cinq et 10 % vingt-cinq et plus.”8 Ces chiffres ont un impact direct sur les usages dans le logement, dans lequel la bibliothèque est de plus en plus rare, d’abord en raison de la diminution de la surface dans le logement, mais également en raison de l’augmentation de l’audiovisuel dans les foyers Français.

“Depuis les années soixante, la structure des dépenses de loisirs a beaucoup changé . La baisse spectaculaire des prix des matériels a incité les ménages à bien s’équiper . Ils ont maintenant de nombreuses possibilités de distractions peu onéreuses à domicile et, en particulier, la télévision est omniprésente . Depuis les années quatre vingt, regarder la télévision et écouter de la musique ont pris le pas sur toutes les autres formes de loisirs . Les ménages ont investi dans le matériel, les services audiovisuels et les disques qui représentent ensemble 27 % du budget loisirs en 1992, contre 23 % en 1960.8

Fig. 9 : Les dépenses pour les loisirs des foyers Français de 1960 à 1992.

8 Insee, 1994, Les dépenses pour les loisirs depuis 1960, n° 306 Source : https://www.epsilon.insee.fr/jspui/bitstream/1/10220/1/ip306.pdf 20


b/ Travail et Loisirs Nous venons de voir que les changements de temps de travail ont eu un impact direct sur les loisirs dans les foyers. Mais ce n’est pas le seul impact que le travail a eu : en effet, dès les années 1970, grâce au téléphone et surtout au fax, le télétravail se développe.9 En plein essor dans les années 90, cette activité a eu un fort impact dans le logement : les bureaux se multiplient dans les foyers Français. Le logement peut alors devenir un lieu de travail la journée. En effet, pour de la télé-activité ou des petites entreprises (1 ou 2 personnes), les coûts de location d’un bureau sont souvent trop élevées. La solution favorisée est alors celle du travail à domicile (pour les personnes ayant des enfants également).

Transformation apportée au logement

Les changements sociaux liés au travail dans les années 1980 ont d’abord renforcé le logement en tant que lieu de détente, et de repos. L’impact sur l’organisation spatiale de ce dernier et sur ses usages n’a pas été une révolution, mais le sentiment de confort augmente considérablement avec ces données. Les usages se multiplient : espace dédié à la télévision, à l’écoute de la musique, à la pratique du sport dans le logement, etc… Les usages se multiplient au même titre que les loisirs, mais la surface n’augmente pas pour autant. Les foyers ne se contentent plus uniquement d’un séjour, d’une cuisine et de chambres, il faut désormais y intégrer les activités de loisirs. Aucune solution n’a été apportée à cette problématique, sauf celle du gain de place, comme vu précédemment en réponse à tous les changements sociaux.

Fig. 10 : Nombre annuel de créations d’entreprises en France de 1987 à 2014.

À cela s’ajoute l’augmentation du télé-travail dans les années 1970, en plein essor dans les années 1990 et très présent de nos jours. Selon l’INSEE, le nombre de création d’entreprises en France a doublé entre 2008 et 2010. Cette forte activité concerne directement le logement car manque de budget pour la plupart des petites entreprises, le logement devient un lieu de travail. L’habitat doit alors être assez flexible pour se transformer en bureau le temps de la journée et redevenir logement le soir venu. 9 Carré D. et Craipeau S., Entre délocalisation et mobilité: analyse des stratégies entrepreneuriales de télétravail, Technologies de l’Information et Société, 1996 [Fiche Inist/CNRS] 21


II. Une inadéquation entre modes de vies et logement depuis les années 1980

Étude de cas

Biombombastic, Madrid, 2016, Elii architects Cet appartement, rénové par des architectes espagnols, montrent des solutions possibles pour transformer l’espace dans un temps assez court. Le logement est équipé de cloisons amovibles, avec des repères au sol, qui permettent de séparer ce studio en plusieurs espaces afin d’en augmenter les usages : salon, cuisine, chambre, salle de sport, ou même bureau, l’espace se plie à la volonté de l’usager. Le mobilier est également intégré au murs, comme la table ou le lit, afin de dégager la pièce principale de tout meuble qui pourrait gêner au déploiement des cloisons. Ce type de solution peut tout à fait convenir à un logement qui est occupé par une personne qui travaille à domicile. En revanche, il serait difficile de faire cohabiter une famille entière avec ce genre de cloisons mobiles. Cela convient pour une personne seule, mais si le nombre de personnes dans le foyer augmente, il sera difficile de cohabiter avec les autres membres et travailler à la fois.

Fig. 11 : Plan de l’appartement Biombombastic par l’agence Elii-architects, et des possibilités de modifications.

Fig. 12 : Photographies de Biombombastic illustrant les différentes possibilités d’aménagement

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c/ Entretien du logement CityHome, Prototype, 2014, MIT Media Lab (Kent Larson) Ce deuxième exemple est un prototype créé par le Massachusetts Institute of Technology (MIT). Kent Larson, directeur du projet, a conçu CityHome : un appartement de 78 mètres carrés qui représente en réalité une surface 2 à 3 fois supérieure grâce à des meubles modulables. Contrairement à l’exemple précédent, ce n’est pas les cloisons qui viennent séparer les espaces mais ce sont les meubles qui offrent des usages différents en fonction de leur utilisation. De plus, ce système n’est pas manuel mais automatique : les meubles repèrent les gestes de l’utilisateur pour se déplier, se lever, se baisser… Une commande à distance, pour un projet futuriste. Cet équipement peut être également une solution au télétravail car il permet de combiner des espaces dans un espace réduit. Mais en plus du coût très élevé de cette installation, le même problème qu’à l’exemple précédent se pose : cela convient pour une personne seule mais peu pour un foyer complet, sauf si le logement est inoccupé la journée.

Fig. 12 : Appartement City Home du MIT Media Lab, possibilités de transformations.

c/ Entretien du logement

Phénomène Social

2007 : Apparition des smartphones 2010 : Apparition des NTIC dans le logement / Développement de la domotique et adaptation des services et de l’architecture aux NTIC

Impact sur le mode d’habiter

Selon le Larousse, la domotique est « l’ensemble des techniques visant à intégrer à l’habitat tous les automatismes en matière de sécurité, de gestion de l’énergie, de communication, etc… » Elle caractérise l’habitat, mais plus particulièrement la maison individuelle. Lorsque ces principes s’appliquent à un immeuble, il s’agit de « l’immotique », dont les systèmes sont plus complexes car elle doit gérer un plus grand nombre d’appareils. Bruno de Latour invente le concept de la domotique ainsi que le mot lui même. Créateur du site internet Domotique News, nous y retrouvons un témoignage de Joel Renault, président-fondateur de Delta Dore, société de services énergétiques : « Oui presque 25 ans que le terme “ domotique” a été lancé et bientôt 20 ans pour DOMOTIQUE News. 23


II. Une inadéquation entre modes de vies et logement depuis les années 1980 Mon avis sur ces 20-25 ans est de dire que des irresponsables gouvernementaux, administratifs, groupements industriels voire des médias à l’origine ont fait rêver un certain public en vantant une domotique prête à apporter un panel considérable de services dans la maison. La réalité a été décevante ; les technologies dans leur capacité, à court terme, d’intégrer les besoins suscités n’étaient pas prêtes pour répondre à court terme. Il y a donc eu enchainement de déceptions et le mot domotique non content d’être presque mort dans l’oeuf a porté une connotation négative. (...) »10 Longtemps restée une utopie, un rêve futuriste, la domotique s’est bel et bien installée dans la société. En 1950 déjà, on peut observer les premières visions de la domotique dans le film «Mon Oncle» de Jacques Tatie dans lequel la villa Arpel est un idéal de confort et d’usage: équipée de tableaux de bords ayant des airs de vaisseau spatial, d’une porte de garage peu pratique et d’une fontaine-poisson se déclenchant à distance, on peut voir qu’à l’époque, il s’agit plus d’un gag que d’une réalité. L’idéal de la domotique, c’est la maison qui “s’auto-gère”. On vise alors de plus en plus à l’automatisme des équipements de la maison, mais également une robotisation (pour les appareils ménagers par exemple). L’Homme ne serait alors plus fait pour s’occuper du logement, et pourrait vaquer à d’autres occupations, pendant que la maison est autonome. Le Smartphone, “Téléphone mobile doté de fonctionnalités comme la navigation Web, la messagerie instantanée ou encore le GPS.”11, se développe considérablement à la fin de l’année 2007 grâce à la marque Apple qui sort son premier modèle d’Iphone. Cet appareil, capable de naviguer sur internet, de télécharger des applications de jeux et autres, est également capable de servir de télécommande pour les équipements de la maison. Il permet effectivement de contrôler certains objets connectés (machine à Fig. 13 : La villa Arpel dans le film Mon Oncle café, réfrigérateur, box internet, caméra de surveilde Jacques Tatie lance…). La liaison entre les smartphones et la domotique s’est rapidement faite, en premier temps grâce à ces objets connectés qui ont donné l’envie aux utilisateurs de contrôler plus de choses encore dans leur maison. Dans un second temps, la domotique se développant de son côté, il était logique d’associer les deux pour pouvoir gérer les équipements de la maison depuis son smartphone, et donc depuis un lieu extérieur à la maison.

Transformation apportée au logement

Les systèmes domotiques sont apparus assez récemment et sont encore rares dans les foyers français. Il s’agit pour la plupart de système qui s’adaptent à l’existant, qui ne nécessitent pas forcément d’être intégrés à la construction du logement. Ils permettent un contrôle des ambiances pour adapter cette dernière aux usages souhaités, mais également la réversibilité des pièces. Le confort thermique peut être assuré par la domotique : le réglage par zone (difference zone nuit / zone jour), l’activation du chauffage par détection de présence dans une pièce, l’apparition de nouveaux modes (confort / réduit / hors gel), la réversibilité (puits provençaux ou canadiens permettent de rafraîchir l’été, et de chauffer l’hiver…) ainsi que la programmation quotidienne ou hebdomadaire (le chauffage 10 source : http://www.domotique-news.com/2009/05/21/historique/ Posté le 21/05/09 par Bruno De Latour sur domotique-news.com 11 source : http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/smartphone/ 24


c/ Entretien du logement s’adapte à votre rythme de vie, il s’active quelques minutes avant le réveil ou notre arrivée à la maison par exemple) Le chauffage n’est pas la seule cible de ces nouvelles technologies: l’éclairage en fait également partie. Jouant sur les économies d’énergie, les nouvelles technologies ont impacté l’éclairage pour l’adapter aux différentes activités, aux différentes heures de la journée. La variation d’éclairage est donc le premier moyen de gérer la lumière: à chaque activité son intensité lumineuse. De plus, nous disposons aujourd’hui de plusieurs types d’éclairages dits « autonomes » (fluocompact, l’halogène, la fibre optique, le spot solaire, la led, etc…) qui permettent sur le long terme d’économiser de l’énergie. La régulation en fonction de la luminosité extérieure est également une solution judicieuse pour réaliser des économies, ainsi que les capteurs de présences qui déclenchent automatiquement la lumière dès lors que quelqu’un se trouve dans la pièce. En plus de ces économies d’énergie, la domotique va permettre aux utilisateurs de ces maisons intelligentes de se simplifier la vie quotidienne: activation/désactivation de l’alarme en sortant/entrant dans le logement, ouverture/fermeture du portail à proximité de la maison, éclairage de l’allée en cas d’arrivée dans la nuit… La domotique est également source de sécurité: en quittant la maison, un seul et même bouton permet d’éteindre toutes les lumières et appareils électriques, de déclencher l’alarme, de faire suivre les appels entrant sur le téléphone fixe sur le téléphone portable … La transformation apportée au logement avec le développement de la domotique n’est donc pas matérielle, mais concerne plutôt les ambiances et la réversibilité des pièces. Ces maisons sont bien entendu équipées des dernières technologies en matière de domotique, mais ce n’est pas tout: leur structure se doit de pouvoir accueillir, dans le futur, les nouveaux produits, sans devoir casser murs et plancher à chaque fois. Ces maisons sont donc très modulables, et les parois sont faites de manière à ce que l’on puisse venir retirer, ajouter des fils et connections pour de nouveaux appareils. Nous découvrons ici une caractéristique majeure de ces nouvelles technologies : La modularité des espaces. Au fil des années, nous vivons différemment : la salle à manger et la salon ne font plus qu’un comme vu précédemment, la cuisine s’est ouverte sur le séjour, et d’autres modifications pourraient encore voir le jour. La maison doit pouvoir accueillir une télé dans n’importe quelle pièce, ainsi qu’un téléphone. Pour cela, chacune des pièces doit pouvoir être équipées de ces différentes prises et les liaisons doivent pouvoir être modifiables. La nouveauté dans l’habitat est qu’il est désormais possible de brancher n’importe ou dans la maison téléphone, télé, ordinateurs, box internet… Aucune pièce n’est limitée. Nous avons également évoqué le fait que de plus en plus de personnes travaillent à leurs domiciles, le logement doit pouvoir accueillir cette activité et la domotique est une la solution à ce problème : la chambre doit pouvoir devenir un bureau, le salon une salle d’attente, etc... Les branchements faits au préalable doivent pouvoir assurer ces différentes fonctions. Ces logements équipées en domotique sont la preuve d’un impact de cette dernière sur l’espace intérieur de la maison : nous oublions le principe «une pièce = un usage» pour penser «une pièce = de multiples usages». L’évolutivité du câblage électrique est également un progrès dans la conception de maisons individuelles : dans le passé, plus nous rajoutions d’appareils électriques, plus nous rajoutions de fils et de câbles. Désormais, et dans la démarche de ces logements équipés en domotique, un même câblage permettra d’ajouter, de retirer des appareils facilement. C’est pour cela qu’une chambre pourra accueillir une télévision à la place de la table de chevet, qu’une prise téléphone pourra servir pour brancher l’imprimante... Et toutes ces opérations ne nécessiterons pas de casser sols et murs pour adapter les pièces aux nouveaux besoins.

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II. Une inadéquation entre modes de vies et logement depuis les années 1980

Étude de cas

Les immeubles Hikari, conçus par Kengo Kuma à Lyon Confluence, regroupent trois bâtiments mêlant logements, bureaux et commerces. Le système domotique à été appliqué à cette construction afin de réaliser des économies d’énergies. En effet, Hikari produit plus d’énergie qu’elle n’en consomme, dans le but de la redistribuer au reste du quartier. Les consommations d’énergie sont maîtrisées par les habitants, qui sont informés des chiffres et peuvent donc ajuster cette dernière. La luminosité dans les pièces, le chauffage et les lumières fonctionnent automatiquement grâce à des capteurs situés dans tous les bâtiments. Cette nouvelle technologie permet avant tout de réaliser des économies d’énergie, mais elle permet également de s’adapter aux modes de vies actuels des habitants. Sans cesses connectés, ces derniers ne se soucient plus de l’entretien de la maison et peuvent utiliser ce temps pour faire d’autres activité ou passer plus de temps au travail. Le gain de temps n’est pas considérable mais il atteste d’une autre manière d’habiter : le logement est devenu autonome, l’Homme n’est donc plus censé s’en soucier. L’arrivée de cette technologie marque un changement fort dans la manière de vivre le logement et cet exemple illustre très bien cette mutation. Néanmoins, ce genre d’immeuble coûte beaucoup plus cher qu’un immeuble classique. Il permet bien évidemment de réaliser des économies d’énergie et donc des économies financières, mais le prix de construction limite ce type de logement à une population aisée.

Fig. 14 : Le projet Hikari, vu de l’extérieur

Fig. 15 : Plan d’un appartement d’Hikari

Conclusion partie II : Dans cette partie, nous venons d’évoquer les mutations sociales qui ont eu lieu depuis les années 1980 et jusqu’à aujourd’hui, en intégrant les probables mutations sociales pour 2030. Comme nous venons de le voir, une inadéquation règne encore entre les modes d’habiter et les logements dans lesquels nous vivons. Dans la première partie, nous avons vu comment le logement à été impacté par les mutations sociales jusque dans les années 1980. Nous avons ensuite observé que le logement a stagné jusqu’à aujourd’hui et il n’y a pas vraiment eu de révolution dans l’organisation spatiale du logement. Cette rupture est dûe à plusieurs facteurs : les modes de vies ne sont plus la préoccupation principale des concepteurs. Économie, écologie, technologies et industries sont désormais les moteurs de la construction de logement. Pour permettre au logement d’être en phase avec les modes de vies actuels et futurs, nous devons questionner les évolutions de modes de vies à venir afin de créer un logement adapté. Pour cela, nous croyons que la flexibilité est une réponse à ces évolutions possibles, car elle permet une liberté et ne restreint pas l’Homme à vivre dans des logements qui ne sont pas adapté à sa manière de vivre. Dans la troisième et dernière partie, nous allons découvrir les solutions que pourraient apporter les architectes d’ici 2030 pour concevoir en fonction des modes de vie émergents, afin de construire des bâtiments qui durent dans le temps et qui s’adaptent aux différentes évolutions possibles. 26


c/ Entretien du logement

III. LES SOLUTIONS POUR ADAPTER LE LOGEMENT AUX MODES DE VIE ACTUELS ET FUTURS Nous allons à présent passer à la présentation des solutions pour transformer le logement afin qu’il s’adapte aux usages actuels et de demain. Dans le but de présenter toutes ces solutions de manière claire, nous avons réuni un corpus de bâtiment existants ou des projets non réalisés. Nous avons alors catégoriser toutes ces transformations possibles selon plusieurs critères : Les usages : La transformation permet-elle d’ajouter ou de supprimer des usages au fil du temps ? Est-il possible de mixer les usages dans un temps court ? Le logement peut-il satisfaire des ménages différents ? Permet-il de s’adapter aux évolutions d’une famille ? La transformation permet-elle de modifier l’usage total d’un lieu ? Le lieu : Il est nécessaire de caractériser les solutions par rapport au contexte dans lequel elles peuvent prendre place. La plupart des logements dans lesquels nous vivons sont anciens, nous devons trouver des solutions qui s’adaptent au bâti existant. Nous nous sommes alors posé cette question : Peut-on intervenir dans un bâtiment existant pour installer cette solution ou devons-nous forcément construire un nouveau bâtiment ? La cible : Nous avons différencié les cibles probables d’êtres intéressées par ces solutions afin d’être en mesure de les proposer en tout logique :Cette solution convient-elle à des locataires ou à des propriétaires ? Durabilité : Afin de proposer des solutions en accord avec les enjeux actuels et futurs du logement, nous devons questionner sa durabilité. Nous pensons que l’architecture flexible est forcément durable puisqu’elle permet de s’adapter à tout type de population et d’évolution. Deux points étaient alors questionnés pour chaque type :Cette solution est-elle durable dans le temps ? Est-il possible de recycler un bâtiment présentant cette solution ? Aspect financier : Les solutions présentées sont des transformations qui peuvent sembler idéales. La raison pour laquelle la plupart de ces types de logement ne s’est pas développé est la question financière. Ces solutions sont la plupart du temps plus onéreux qu’un logement classique, car elle présente des spécificités techniques plus avancées. Nous nous sommes alors questionnés sur ce point, de manière globale, afin de présenter à la fois les dépenses engagées et les économies possibles grâce à ces solutions. Facilité de transformation : Enfin, nous avons interrogé la facilité de transformation de chacune des solutions. Dans ce tableau, vous retrouverez la classification réalisée dans le cadre de cette étude :

LIEU CIBLE

ECHELLE DE TRANSFORMATION

COURT TERME

MOYEN TERME

LONG TERME

GROUPE

Architecture Modulable

Architecture reconfigurable

Architecture évolutive

SOUS-GROUPE

Cloisons mobiles

Murs équipés

Réversible

Cloisonnement libre

Modulaire

Divisible

Construction neuve

X

X

X

X

X

X

Intervention existant

X

X X

X

X

Propriétaire

X

X

Locataire

X

X

X

X

X

Rajouter / Supprimer des usages au fil du temps USAGES

Mixer les usages dans un temps court

X

X

Satisfaire des ménages différents

X

X

S'adapter aux évolutions d'une famille

DURABLE

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

Modifier l'usage total d'un lieu

X

X

X

Durabilité du bâti

X

X

X

X

X

X

compliqué

moyen

compliqué

Recycler les bâtiments

X

X

ÉCONOMIE

Gain de place / argent

X

X

MISE EN PLACE

Facilité de transformation

facile

facile

facile

Fig. 16 : Tableau de classification des différentes catégories d’architecture flexible.

27


III. Les solutions pour adapter le logement aux modes de vie actuels et futurs

a/ L’Architecture Modulable En premier lieu, l’Architecture modulable permet de modifier l’espace dans un temps court. Elle regroupe plusieurs catégories :

• Les cloisons mobiles :

Des panneaux déjà présents dans le logement permettent de séparer des pièces ou de les regrouper (exemple : cuisine sur séjour / chambre sur salle de bain / chambre sur salon / une grande chambre pour en faire deux petites...)

Étude de cas

64 logements à Carabanchel, Madrid, 2005, Araguren Y Gallegos Dans cet appartement, la solution des cloisons mobiles à été exploitée au maximum. En effet, une partie de l’appartement consiste en une grande pièce qui peut être divisée par trois grâce à des cloisons mobiles. Exploitable en totalité la journée, il est possible de créer trois chambres le soir venu afin de maximiser l’espace.

Fig. 17 : Possibilités d’aménagement

Fig. 18 : Plan d’un étage courant

Quels usages ?

Ce système peut répondre à plusieurs problématiques sociales : à la suite d’un divorce, un des deux parents peut accueillir ses enfants le week-end uniquement et leur offrir trois chambres séparées, avec un coin bureau, pour garantir un maximum d’intimité. Le reste de la semaine, l’espace peut-être utilisé en totalité par la personne vivant seule dans l’appartement, sans gâcher des mètres carrés de surface habitable. De plus, le système des cloisons mobiles est une bonne solution pour effectuer un simple gain de place : comme nous l’avons vu, la densité dans les villes augmentent et nous sommes contraints à habiter dans des espaces de plus en plus réduits. Pour des logements trop petits, chambres étudiantes ou des studios, les cloisons mobiles peuvent créer des sous-espaces temporaires comme un bureau, un coin lecture, une chambre… Enfin, pour répondre à la problématique du télétravail, les cloisons amovibles peuvent être une solution pour les individus travaillant à domicile. Lieu de travail personnel au quotidien, l’espace peut se cloi28


a/ L’architecture modulable sonner à un instant pour créer une salle de réunion afin d’accueillir quelqu’un au sein du logement, sans forcément lui donner l’accès à l’intégralité de ce dernier. Il est alors possible de cloisonner uniquement la pièce qui donne sur l’entrée du logement pour recevoir un rendez-vous professionnel. Cette solution reste quand même limitée en terme d’usages, car elle permet uniquement de mixer les usages dans un temps court. Elle permet peu le rajout ou la suppression d’usages au cours du temps, ni de s’adapter aux évolutions d’une famille et ne permet de changer l’usage total du lieu. Il est possible de considérer que ces dernières possibilités sont réalisables en forçant la chose, mais ce n’est pas son but et nous verrons plus tard que pour répondre à ces dernières problématiques, il existe des systèmes spécifiques.

Quel lieu possible ?

Pour caractériser au mieux cette transformation, nous avons observé dans quels lieux il est possible de l’installer. Le système des cloisons mobiles s’installe aussi bien dans la construction neuve que dans les logements anciens. Ce système, composé de rails et de panneaux, peut tout à fait convenir à un logement existant, à la seule condition que l’espace de base soit assez “libre” pour pouvoir le re-cloisonner par la suite avec ce système. Il est également envisageable, si la structure du logement le permet, de supprimer des cloisons classiques existantes pour y installer des cloisons amovibles. Cette dernière solution n’est possible que si les murs à supprimer ne sont pas porteurs bien évidemment. Ce type, comme nous venons de le voir, s’adapte à beaucoup de situations.

Quelle cible ?

Afin de cibler le public susceptible d’être intéressé par ce type de transformation, il est important de savoir à qui nous nous adressons : locataires ou propriétaires ? En effet, dans le cadre du logement social, il faudra proposer des solutions favorables aux locataires, et dans le cadre de l’accession à la propriété, il faudra s’adresser à des locataires. Ces deux types d’habitants n’ont pas les mêmes attentes, ni les mêmes budgets et engagements quant à leur logement. Dans le cas des cloisons mobiles, on peut envisager que les locataires sont plus enclin à utiliser ce système étant donné qu’il permet de changer l’espace rapidement et que les locataires sont amenés à rester un court temps dans l’appartement. Ce système permet aussi de changer l’espace et les usages d’un logement sans faire de travaux, si les cloisons sont existantes à l’arrivée des locataires. Néanmoins, des propriétaires peuvent être également intéressés pour des raisons pratiques, dans le cas d’un divorce comme nous l’avons vu précédemment, ou d’une personne travaillant à domicile. Cette solution s’adapte alors à tout type de cible, ce qui le rend d’autant plus intéressant.

Durable ?

Les cloisons mobiles rendent-elle un bâtiment plus durable dans le temps ? On peut se poser la question et la réponse n’est pas évidente. En effet, on peut considérer que s’adaptant à plusieurs ménages différents, cette solution rend le logement intemporel et pourra s’adapter aux évolutions sociales dans le futur. Mais il ne faut pas oublier de considérer l’aspect technique des cloisons mobiles, qu’il faudra sûrement réparer ou remplacer au fil des années. Ce dernier point peut rapidement rendre cette solution obsolète si le logement présente des cloisons défectueuses, vieillies ou abîmées. Sur la question du durable, nous répondrons alors que les cloisons mobiles répondent plus à un problème “urgent” et ne réponds pas forcément à long terme à l’habitat de demain et à ses usages. En matière de recyclage du bâtiment, on observe que ce n’est pas le but premier des cloisons mobiles. On peut effectivement considérer qu’un appartement équipé en cloisons mobiles peut offrir une grande surface une fois les cloisons retirées, et cette grande surface peut convenir à des bureaux ou à des espaces de stockages. Mais là encore, ce n’est pas le but premier de cette solution, et nous verrons plus tard que d’autres solutions plus appropriées y répondent plus justement. 29


III. Les solutions pour adapter le logement aux modes de vie actuels et futurs

Économe ?

Les cloisons mobiles sont bien évidemment économes puisque leur fonction est de gagner de la place, donc de la surface, ce qui réduit le prix du logement (en location ou à l’achat). L’installation de ce type de cloisons est certes un coût, mais à comparer avec le prix de cloisons classiques type placoplâtre, il est possible que les deux solutions reviennent au même prix. Nous l’avons évoqué précédemment, l’entretien de ces cloisons peut générer une différence mais en cas de système industrialisé et non fait sur-mesure, les coûts se réduisent et le remplacement d’un élément peut être abordable.

Facilité de la transformation ?

Cette transformation du logement est une des plus faciles qu’il soit : tirer une cloison, manuellement ou automatiquement, est très rapide et peut se faire de façon individuelle. Des systèmes automatiques existent, équipés de capteurs qui permettent de bloquer le dépliage de la cloison en cas d’obstacle. Cela garanti une sécurité pour les enfants présents dans les logements. Cette facilité implique une certaine rapidité de transformation et prouve son accessibilité auprès de tous.

• Les murs équipés :

Le mobilier est intégré à l’appartement. Il permet d’être rangé dans des “doubles murs” afin de libérer de l’espace (exemple : lit dépliable / armoire qui fait cloison / bloc salle de bain intégré à un meuble coulissant)

Exemple 1

Work’Inn Space, Paris, Appel à Projet “Réinventer Paris” 2015, ABF-lab Work’Inn Space est une proposition de l’agence d’architecture ABF-lab pour l’appel à projet “Réinventer Paris”. Ce bâtiment hybride propose d’associer des logements et des espaces de travail. Les appartements sont capables d’être modifiés pour assurer la transition jour/nuit grâce à des murs équipés qui permettent de faire apparaître des bureaux ou tables de réunion le jour, et une chambre à coucher la nuit. De plus, des espaces partagés existent comme par exemple une laverie commune, des locaux techniques, une salle de projection, un espace d’accueil, un local à vélos, une cafétéria, un espace commercial et une salle de réunion. Le but de Work’Inn Space est de maximiser l’occupation d’un bâtiment, que ce soit du logement ou du bureau, en les associant. De cette manière, les locaux sont toujours occupés et utiles. Les logements proposés sont des studios, disposant de sanitaires partagés dans les parties communes. Ce type de logement ne peut convenir qu’à une personne seule uniquement, pour une courte durée, mais il témoigne de la possibilité étudiée dans cette partie : les murs équipés. Ils permettent dans ce cas d’optimiser les bâtiments en leur garantissant un usage jour et nuit. 30

Fig. 19 : Réversibilité jour / nuit

Fig. 20 : Possibilités d’aménagement


a/ L’architecture modulable

Exemple 2

Appartement, New York, 2013, LifeEdited Ce second exemple est bien différent du premier. Tout d’abord il est réel : situé à New York, cet appartement exploite des murs équipés dans lesquels se trouvent tout le mobilier nécessaire à la vie quotidienne : lits, télévision, table de salle à manger, ordinateur, etc… Il est alors possible de déplier le lit ou de le plaquer contre le mur afin qu’il disparaisse, ou de déplier une table en cas de réception d’invités. Le plus intéressant est qu’il est possible de créer deux pièces en une grâce à ce système de murs équipés : le mur de gauche peut se tirer afin de créer une séparation dans la pièce, et faire apparaître une chambre d’enfants ou d’amis. La séparation fonctionne alors comme les cloisons mobiles, sauf que l’on a remplacé la cloison par un mur capable de stocker des objets et d’assurer un cloisonnement plus intime. Cette transformation du logement permet de modifier les usages dans un temps très court, en réalisant un gain de place conséquent.

Fig. 21 : Transformations possibles grâce aux murs équipés

Quels usages ?

Concernant les usages possibles grâce à ce type de transformation du logement, ils sont assez similaire à ceux des cloisons mobiles. En effet, cette solution permet de mixer les usages dans un temps court, que ce soit dans le cas d’un divorce ou d’une personne travaillant à domicile comme dans la première solution. Ce type de logement assure de multiples usages, renforcé par un grande capacité de rangement qui peut accueillir du matériel de sport, des bibliothèques, du matériel multimédia… L’objectif est de gagner de l’espace, mais également de transformer le logement pour l’adapter aux différentes activités dans une même journée. Les murs équipés peuvent s’adapter à tout type de ménage, et s’adapter aux évolutions des modes de vies en garantissant une liberté à l’usager. Enfin, les murs équipés permettent d’ajouter ou de supprimer des usages si on envisage qu’il est possible d’intervenir sur ces murs pour les modifier, afin d’ajouter d’autres fonctions (matériel de sport, instruments de musiques intégrés, etc…).

Quel lieu possible ?

La construction neuve est préférable pour installer des murs équipés, étant donné que ces derniers nécessite une grande épaisseur afin de pouvoir y stocker de l’ameublement. Il est également possible de l’installer dans un logement existant, si la taille du logement le permet. La distance entre la fenêtre et le mur est à prendre en compte car dans certains logements, la fenêtre se termine au ras du mur et il est donc impossible d’installer ce système.

Quelle cible ?

Les locataires de logements meublés peuvent être très intéressés par ce type de logement qui garantit à la fois un gain d’espace mais aussi des meubles adaptés à l’espace. Cette formule “tout-en-un” peut également séduire les propriétaires qui veulent économiser de la place en raison d’une petite surface dans leur logement, même s’ils préfèrent souvent emménager avec leur ancien mobilier ou le choisir euxmêmes. 31


III. Les solutions pour adapter le logement aux modes de vie actuels et futurs

Durable ?

Cette solution permet de rendre le bâtiment durable car à l’image des cloisons mobiles, il permet de s’adapter aux évolutions des modes de vie grâce à la liberté d’agencement. Si elle comporte les mêmes qualités que les cloisons mobiles, cette solution présente malheureusement les mêmes défauts : vieillissement du mobilier qui peut s’abimer, ou se démoder. Concernant le recyclage du bâtiment pour changer l’usage global, cela diffère de la première solution étant donné que les murs sont équipés pour du logement et non pour des bureaux.

Économe ?

Cette solution est économe car elle permet de gagner de l’espace dans le logement, et donc de réduire sa taille et son prix. La fabrication et l’installation de ces murs équipés peuvent en revanche être onéreux, mais on peut se demander si l’achat de tout le mobilier d’un appartement est équivalent ou non. La réparation ou le remplacement de ces éléments peut également revenir cher. En revanche, dans le cadre d’une location meublée, le locataire est avantageux à utiliser ce système car il n’aura pas à faire de dépenses pour l’ameublement de son logement.

Facilité de la transformation ?

Ces murs occupés sont assez faciles à déplier. Comme nous l’avons vu dans la partie II.b, CityHome présente un modèle de murs équipés avec commande automatique. Il est donc possible de rendre encore plus simple sa mise en place, même si ces systèmes sont encore au stade expérimental et coûtent très cher.

b/ Architecture Reconfigurable Dans un second temps, l’architecture reconfigurable permet de laisser une liberté à l’usager quant à l’usage ou au cloisonnement de son logement. Ce type de transformation s’opère à moyen terme car elle nécessite de changer l’usage d’un logement dans le cas de la réversibilité, ou de réaliser des travaux dans le cadre du cloisonnement libre. Les deux sous catégories sont donc les suivantes :

• Réversible :

L’usage entier du logement peut changer. (exemple : l’habitat peut devenir bureau, commerce, etc…). Pour ce faire, la structure du bâtiment doit pouvoir être assez flexible (structure de type poteau/dalle par exemple) pour pouvoir laisser possible des changements de cloisonnement. De plus, l’emplacement des gaines techniques doit être pensé pour des logements ou pour un autre usage, de même pour les circulations verticales.

Exemple Pour illustrer ce type d’édifice, prenons comme exemple le projet de l’agence MVRDV pour le quartier Olympia à Almere, aux Pays bas. Un des bâtiments du quartier en cours de projet permet de pouvoir changer l’usage au cours du temps. Les deux plans ci-dessous présentent deux possibilités d’usages : dans le premier, il est possible d’installer des bureaux de type open-space, et dans le second des logements. La structure libre permet de pouvoir réaliser ce changement, ainsi que l’emplacement des circulations et des gaines. Ce type de programme anticipe les changements de la ville sur du long terme : si une entreprise s’installe ici, et doit déménager par la suite, il sera possible de transformer le bâtiment en immeuble de logements.

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b/ L’architecture reconfigurable

Fig. 22 : Reconversion possible des logements en bureaux. Positionnement des gaines et circulations qui s’adaptent aux deux usages

Quels usages ?

Comme nous venons de le voir avec ce projet de MVRDV, l’architecture réversible ne permet pas de mixer les usages dans un temps court. En revanche, sa structure porteuse ne limitant pas les possibilités de cloisonnement, ce type de logement est tout à fait capable de satisfaire des ménages différents, ou de s’adapter aux évolutions d’une famille. La caractéristique principale de ce type de transformation restant tout de même de modifier l’usage total d’un lieu.

Quel lieu possible ?

Ce type de transformation ne peut s’appliquer uniquement à de la construction neuve car il faut anticiper une certaine structure et le positionnement des gaines et des distribution. Bien évidemment, certains bâtiment existant peuvent “par hazard” présenter ces caractéristiques, mais dans le cadre de cette étude, nous avons préféré caractériser cette transformation sur de la construction neuve. Le logement n’est pas le seul à subir de fortes mutations, la ville est également le terrain de changements constants, et l’architecture réversible réponds plus aux transformation de la ville qu’à celles du logement. Il est donc indispensable d’envisager la réversibilité des bâtiments dès la construction d’un nouveau quartier pour garantir sa durabilité.

Quelle cible ?

Cette transformation du logement impose un changement à long terme. Pour une copropriété, il est difficile d’envisager de changer l’usage de tout l’immeuble : il faudrait que tous les propriétaires soient d’accords pour vendre le bâtiment à une entreprise. On peut envisager qu’il est possible d’installer un étage de bureaux parmis un bâtiment de logement mais pour limiter les caractéristiques des architectures flexibles, considérons que les propriétaires ne sont pas la cible la plus susceptible d’être intéressée par cette transformation. En revanche, dans le cadre d’un immeuble de logements en locations, il est tout à fait juste d’envisager de l’architecture réversible. Cette solution pourrait alors devenir une alternative aux bâtiments inoccupés ou démolis.

Durable ?

Cette solution de bâtiments réversibles en terme d’usage est bien entendu une solution durable puisqu’elle permet d’augmenter la durée dans le temps des logements. Ces derniers, pouvant changer d’usage, sont presques “immortels” puisqu’ils répondent à de multiples enjeux : reconversion d’une zone de logement en zone de bureaux, transformation d’un immeuble de logement en édifice public, etc… Ce type de bâtiment flexible peut être ré-utilisé à l’infini afin de répondre au mieux aux mutations sociales qui nous attendent tout en laissant une liberté d’intervention. Ils permettent également de ne pas répondre de suite à des phénomènes sociaux dont on ignore actuellement la nature, mais de laisser une liberté au futur. 33


III. Les solutions pour adapter le logement aux modes de vie actuels et futurs

Économe ?

Les logements réversibles nécessitent une structure libre poteau/dalle ou enveloppe extérieure porteuse afin de libérer la surface centrale de toute contrainte porteuse. Ces structures sont plus onéreuses qu’une structure murs porteurs / dalle. En revanche, la recyclabilité que permet la réversibilité des bâtiments est source d’économie car elle permet de réutiliser les bâtiments existants au lieu de construire de nouveaux édifices. Ce type de transformation du logement ne nécessite pas vraiment d’entretien, mais les travaux à faire en cas de changement (position des cloisons, sanitaires à adapter à des bureaux, etc…) peuvent coûter relativement cher.

Facilité de la transformation ?

La transformation du changement est dans le cas des bâtiments réversible assez longue à mettre en place. Comme nous l’avons vu dans le paragraphe précédent, cela nécessite de modifier le cloisonnement existant, d’adapter les sanitaires au nouvel usage, les normes en circulations et sorties de secours également… Cette transformation n’est ni la plus rapide, ni la plus simple à réaliser, mais si elle éviter de construire un nouveau bâtiment en ré-utilisant un existant.

• Cloisonnement libre :

La structure du logement ne comporte pas de murs porteurs et permet à l’usager de casser des cloisons et de re-cloisonner à sa guise.

Exemple Pour expliquer plus en détail ce type d’architecture flexible, prenons comme exemple un projet assez ancien : “Les Anticonformes”, construits en 1975 à Paris et conçus par les Frères Arsène-Henry. Le concept de ces logements est de laisser aux habitants le choix de positionner leurs cloisons. Ces derniers emménagent alors dans un plateau libéré de tout mur, c’est ensuite à eux de les positionner à leur guise. La publicité de ces logements indiquait : “Les Anticonformes, 235 appartements où vous mettez les murs où vous voulez.”. Les constructeurs ont mis en avant cette particularité pour en faire son succès. Peu d’initiatives de ce genre sont relevables, certainement en raison des complications qui entraînent cette solution : travaux, démolition en cas de changement d’occupants, anticipation et délai à prévoir en cas d’aménagement... Les Anticonformes, Paris, 1975, Les Frères Arsène-Henry

Fig. 23 : Plans d’un logement type et d’une publicité représentant un étage courant - Les Anticonformes - Paris

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b/ L’architecture reconfigurable

Quels usages ?

Cette solution qui consiste à laisser le cloisonnement libre pour les usagers permet d’ajouter ou supprimer des usages au cours du temps en fonction des besoins des habitants des logements. Elle peut donc satisfaire des ménages différentes, qui ont des modes de vies différents. Les cloisons libres permettent de s’adapter aux évolutions d’une famille mais également de modifier l’usage total d’un lieu (transformer le logement en bureau par exemple). Ce type de logement peut apporter une réponse aux mutations sociales futures qui sont difficilement prévisibles, et laisse une liberté d’action en cas de mutations sociales importante. L’exemple observé ici ne permet en revanche pas de mixer les usages dans un temps court.

Quel lieu possible ?

Ce type de transformation du logement, comme pour les bâtiments réversible, nécessite une structure particulière laissant l’espace du logement libre de toute structure porteuse. L’intervention sur l’existant est donc difficilement envisageable sauf si la structure de l’édifice le permet déjà. La construction neuve est donc idéale pour installer ce type de logement aux cloisonnement libre, cela nécessite en revanche d’anticiper et de prévoir une structure adaptée.

Quelle cible ?

Le cloisonnement libre vise tout d’abord les propriétaires qui seront plus enclin à effectuer des travaux de cloisonnement dans leur logement que les locataires. Cette solution, à l’aménagement des propriétaires, peut très pratique afin qu’ils installent les cloisons en fonction de leur besoin et de leur nombre. Pour les locataires, il est plus difficile d’envisager ce type de transformation, sauf s’il s’agit d’un type de cloisons assez facile à installer et à retirer, ce qui n’est pas le cas dans l’exemple des Anticonformes.

Durable ?

Ce type de logement est durable dans le temps puisqu’il permet de s’adapter à tous type d’évolutions de l’habitat. Il permet également une réversibilité comme observée dans la partie précédente et permet à un bâtiment de logement de se transformer en bureaux par exemple. Il faut cependant bien faire la différence entre ces deux types : la réversibilité n’a comme unique but de changer l’usage total d’un lieu, contrairement au cloisonnement libre qui vise à laisser l’usager organiser l’espace comme il le souhaite, dans le cadre du logement. Ces deux solutions sont assez similaires, dans leur plan libre notamment, et durables à même hauteur et pour les mêmes raisons. Le bâtiment comportant des cloisonnement libre est bien évidemment recyclable et nous pouvons y appliquer les mêmes changements d’usage qu’au bâtiment réversible.

Économe ?

Le point économique de cette solution est difficilement évaluable : cela dépend en effet du nombre de fois où le logement change de propriétaire, et donc des travaux effectués dans ce cas si les occupants en ressentent la nécessité. Il ne permet pas forcément de gagner de la place donc nous ne pouvons pas témoigner d’une économie faite sur ce point là. En revanche, des économies peuvent être réalisées lors des travaux puisque l’on peut considérer que l’aménagement intérieur du logement et le cloisonnement doit être fait à la charge du propriétaire qui achète ce bien. Le coût des travaux pour le constructeur est alors moindre.

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III. Les solutions pour adapter le logement aux modes de vie actuels et futurs

Facilité de la transformation ?

Cette transformation, qui revient à aménager des cloisons dans l’appartement, n’est pas une transformation simple. Elle implique en effet des travaux en cas d’emménagement ou de changement d’organisation spatiale au cours de la vie dans le logement. Contrairement aux types vus dans la première partie, nous ne pouvons changer l’usage d’une pièce dans la journée, mais la transformation s’opère à long terme, pour rester longtemps.

c/ Architecture Évolutive Pour finir, la troisième et dernière catégorie est l’architecture évolutive. Pouvant être modifiée à long terme, elle permet d’agrandir ou de rétrécir un espace. Deux moyens permettent d’opérer cette transformation.

• L’architecture modulaire :

Un module se répète pour garantir les usages d’un espace donné. On peut alors coupler deux modules pour agrandir cet espace ou se séparer d’un module pour le rétrécir.

Exemples De nombreux exemples d’architectures modulaires ont été réalisés à travers le temps. Le mouvement métaboliste, créé par un groupe d’urbanistes et d’architectes japonais en 1959 est d’ailleurs très représentatif de cette idée. Ils imaginèrent la ville du futur, très dense, capable de se développer en fonction des accroissements de populations à prévoir. Les structures extensibles et flexibles étaient récurrentes, pour pouvoir s’adapter aux mutations à venir, et difficilement prévisible. Ce courant d’idée est très similaires aux questionnements présent dans ce mémoire : la liberté comme réponse aux interrogations du futur, la flexibilité pouvant assurer cette liberté. Ils furent influencé par les dessins d’Archigram, qui représente souvent l’habitat du futur comme éphémère et évolutif. Un des exemples les plus marquants du mouvement métaboliste est assez unique en son genre mais nous devons absolument le prendre en compte pour sa représentation de l’architecture modulaire : Nakagin Capsule Tower, Tokyo, 1970, Kisho Kurokawa

Fig. 24 : Nakagin Capsule Tower : Vue d’ensemble, vue rapprochée des cellules et intérieur d’une «cellule-chambre».

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c/ L’architecture évolutive Le concept est simple : des modules tous identiques, mesurant 2,3 m × 3,8 m × 2,1 m, accueillent des espaces de vies (bureau, chambre, sanitaire) viennent s’accrocher à une porteuse centrale qui assure la distribution des fluides. Une personne seule peut alors vivre dans deux blocs (chambre / sanitaires) à l’image d’un studio, une famille peut en revanche utiliser plus de modules en fonction de ses besoins. Ce bâtiment est actuellement dans un état délabré, les “capsules” devant initialement être changées tous les vingt cinq ans, ce qui n’a jamais été fait.12 Habitat Urbain Dense Et Individualisé, Nantes, 2009, Boskop L’agence lilloise Boskop propose quant à elle une version actuelle des principes de la Nakagin capsule tower. Leur projet à été livré en 2009 à Nantes : il s’agit de logements collectifs répartis de manière horizontales. Il s’agit d’une alternative aux immeubles classiques qui superposent verticalement les logements. A mi-chemin entre le logement collectif et l’habitat pavillonnaire, “L’Habitat Urbain Dense Et Individualisé” (nom donné au projet par l’agence d’architecture) propose une combinaison d’espaces identiques (environ 15m2) que les familles peuvent combiner afin d’obtenir les usages de leurs choix. L’un des modules est indépendant et peut permettre à un habitant d’installer un bureau en cas de travail à domicile, ou à une personne du foyer de vivre de manière autonome (étudiant, personne âgées…)

Fig. 25 : Schéma de fonctionnement des unités

Fig. 26 : Plan des logements, à composition variable

Fig. 27 : Photographie des logements. Les unités qui composent les logements sont clairement lisibles en façade.

12 Il est possible de passer une nuit dans la Nakagin Capsule Tower grâce au site Airbnb. Annonce : https://www.airbnb.fr/rooms/1305889 37


III. Les solutions pour adapter le logement aux modes de vie actuels et futurs L’immeuble flexible, Appel à Projet “Réinventer Paris” , 2009, Bidard & Raissi / CD Enfin, observons un troisième type d’architecture modulaire. Ce bâtiment, imaginé dans le cadre de l’appel à projet “Réinventer Paris”, dispose d’une structure laissant possible des modifications sur l’aménagement intérieur des logements. Composé de modules de 25m2 environs, “l’immeuble flexible” permet d’occuper un ou plusieurs modules en fonction des besoins du foyer. On peut alors louer un studio pour une seule personne, aménagée pour personne à mobilité réduite ou non, mais également deux modules pour un T2 qui peut convenir à un couple sans enfants. Enfin, il est possible de combiner quatre modules pour obtenir un T4 de de 97m2.

Fig. 28 : Plan et schéma de fonctionnement de l’immeuble flexible.

Quels usages ?

L’habitat modulaire permet d’ajouter ou supprimer des usages au fil du temps puisque si l’on ajoute un module au logement existant, il est possible d’y installer un usage supplémentaire. Cette possibilité permet donc de s’adapter aux évolutions d’une famille et de satisfaire des ménages différents. En revanche, concernant l’évolutivité de l’usage, cela dépends des structures : dans le cas de la Nagakin Capsule Tower, il est possible de changer l’usage total du lieu car on peut modifier l’usage des capsules, en fabriquer de nouvelles pour accueillir des lieux de travail. Au contraire, dans le cas de l’exemple de l’agence Boskop, les modules étant moins éphémères, il sera difficile d’en changer l’usage. Dans le troisième exemple, proposé pour l’appel à projet Réinventer Paris, on observe que la modularité impose une structure libre, qui permettra par la suite de changer l’usage total du lieu, pour transformer des logements en bureaux et vice-versa. Pour finir, l’habitat modulaire de permet pas de mixer les usages dans un temps court mais nécessite une transformation à long terme.

Quel lieu possible ?

L’architecture modulaire nécessite une réflexion dès la conception du projet, puisque c’est la structure qui permet la modularité et l’évolutivité des logements. Il est donc impossible d’appliquer cette 38


c/ L’architecture évolutive transformation à un logement existant, sauf dans le cas d’une structure poteaux-dalle déjà présente. En revanche, dans le cadre d’une construction neuve, il est possible d’intégrer cette réflexion sur les modules, afin de les mettre en place à différents degrés, comme vu dans les 3 exemples qui sont des versions plus ou moins “douces de l’architecture modulable”. La bulle pirate, Genève, 1970, Marcel Lachat et Jean-Louis Chanéac Pour illustrer cette impossibilité à rendre un logement existant modulable, observons “La Bulle Pirate” créée en 1970 par Marcel Lachat et Jean-Louis Chanéac. Ce dispositif permet d’accrocher une pièce à la façade d’un immeuble existant. Cet exemplaire de la bulle pirate à été utilisé par un ami de Jean-Louis Chanéac : suite à l’arrivé d’un enfant dans sa famille, et multipliant les refus lorsqu’il cherchait un appartement plus grand et plus adapté à l’évolution de sa famille, il décide d’implanter illégalement la bulle pirate sur la façade de son appartement à Genève. Cette cellule est restée cinq semaines en place, avant d’être démontée en raison de son caractère illégal.

Fig. 29 : Vue extérieure et intérieure de La Bulle Pirate.

Cet exemple illustre très bien le manque de modularité des espaces existants, en plus d’être un acte de contestation au manque de logement.

Quelle cible ?

La cible de cette transformation peut être à la fois les propriétaires et les locataires. Dans le cas des propriétaires, il faut concevoir qu’en fonction de l’évolution de la famille ou de leurs besoin, l’ajout ou la suppression d’un module soit à la charge du propriétaire. La disponibilité des modules se trouvant à côté du logement existant est nécessaire, et implique alors de longues attentes avant de pouvoir procéder à la transformation. Pour les locataires en revanches, l’acteur de la transformation sera le propriétaire qui décide d’adapter la taille du logement qu’il loue à la demande : s’il possède quatre modules, il pourra alors recevoir quatres demandes pour des studios, une demande de studio et une demande de T3, deux demandes de T2 ou une unique demande de T4. Cette liberté que possède le propriétaire peut alors être très arrangeante pour les locataires qui peuvent trouver un logement “à la carte”, en fonction de leur besoin. Il est de plus en plus rare de trouver des logements de type T4 ou plus, étant donné la diminution du nombre de personne vivant dans un foyer aujourd’hui. Les familles sont moins nombreuses, et les personnes vivant seules le sont plus.

Durable ?

L’architecture modulaire, comme nous l’avons vu précédemment dans les exemples, implique une structure particulière : la Nagakin Capsule Tower comporte une structure centrale qui laisse libre le reste du bâti, le projet de l’agence Boskop propose des modules que l’on peut ajouter ou supprimer assez 39


III. Les solutions pour adapter le logement aux modes de vie actuels et futurs facilement, et le projet de l’immeuble flexible propose une structure poteaux / dalle qui assure une liberté de transformation. Toutes ces versions de l’architecture modulaire sont donc prêtes à être renouvelées et donc à durer dans le temps. Ce type de transformation est donc bien durable puisque les bâtiments seront capables de se renouveler et de s’adapter aux évolutions futures. Les bâtiments sont également recyclables, puisque un immeuble de logement peut se transformer en autre chose, comme des bureaux par exemple.

Économe ?

La dimension économique de cette solution est très difficile à évaluer. Dans le cas de la Nakagin Capsule Tower, les modules étaient prévus pour 25 ans. Seulement, par manque de budget, elles n’ont jamais été remplacées et sont aujourd’hui en très mauvais état après 45 ans d’existence. Si l’on considère donc que l’architecture modulaire se résume à des exemples comme la Nagakin, ce n’est pas un type de transformation économe. En revanche, dans le cas du projet de l’immeuble flexible proposé pour l’appel à projet Réinventer Paris, la modularité est bien présente, de manière plus douce, et permet de réaliser des économies en augmentant la durabilité du bâtiment. Elle permet également d’être lucrative pour un propriétaire qui pourra acheter quatres modules, et les louer à quatres personnes différentes dans le cadre des studios. Le propriétaire aura plus de chance de trouver des locataires car il pourra ajuster son offre à la demande. Les systèmes techniques nécessaire à la mise en place d’une telle modularité impliquent une structure poteau / dalle et des portes permettant l’accès à chaque module. La structure poteau / dalle peut être effectivement être plus onéreuse qu’une structure murs / dalle.

Facilité de la transformation ?

Cette transformation s’opère à long terme, et nécessite des travaux pour sa mise en place. L’architecture modulaire est donc une transformation compliquée, même si la mise en place de cloisons de type placoplâtre se fait assez rapidement.

• L’architecture divisible :

Au sein d’un même espace, il est possible d’individualiser une partie pour la rendre autonome.

Exemple

Le monolithe, Lyon, 2010, Erick Van Egeraat Pour expliquer l’architecture divisible, prenons comme exemple Le Monolithe, réalisé par l’architecte Erick Van Egeraat à Lyon confluence en 2010. Au 6e et 7e étages se trouvent des logements en duplex. Ces logements ont une particularité bien rare dans les logements Français : il comporte, à l’entrée, un appartement autonome qui permet à une personne de vivre de manière indépendante. Cette disposition permet de s’adapter à plusieurs évolutions sociales : jeune adulte revenu vivre chez ses parents en raison de difficultés financières, jeune couple vivant de manière indépendante à côté des parents, personne âgée dépendante qui doit vivre avec ses enfants, jeune fille au pair… Il est également possible d’investir cet espace pour créer un bureau dans le cadre du télétravail, phénomène devenu très courant comme nous l’avons vu précédemment. Cette transformation du logement, que nous avons classé dans la catégorie de l’architecture évolutive, est une intervention douce, qui laisse une liberté à l’usager sans imposer de transformation concrète ni de travaux en cas d’évolution des modes de vies.

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Quels usages ?


c/ L’architecture évolutive L’architecture divisible permet d’agrandir ou de réduire la surface d’un logement. Par conséquent, cela permet d’ajouter ou de supprimer des usages au fil du temps. Comme expliqué dans la description du Monolithe à Lyon, il est possible de faire deux logements en un, d’installer un bureau autonome ou un autre usage (salle de sport, bibliothèque…). Ce type de transformation du logement permet de s’adapter aux évolutions d’une famille et de satisfaire des ménages différents. En revanche, elles ne permettent ni de mixer les usages dans un temps court, ni de changer l’usage total du lieu, le plan étant clairement défini pour l’usage du logement. Si un structure libre est pensée en amont ainsi que les circulations, il est possible de transformer l’usage total du bâtiment en bureaux, mais ce n’est pas le but premier de cette transformation.

Quel lieu possible ?

La construction neuve est préférable pour ce type de logement. En effet, le logement divisible nécessite un aménagement spécifique, comportant des entrées au logement qui permettent l’autonomie d’une partie. Il est possible de rajouter une porte d’entrée à un logement existant pour le scinder en deux et rendre autonome une partie de ce dernier, mais ce changement est compliqué à mettre en place.

Quelle cible ?

Les propriétaires peuvent être intéressés par ce type de transformation, car elle permet de s’adapter à l’évolution de la famille. Mais les locataires peuvent également obtenir des avantages en préférant ce type de logement, en cas de colocation par exemple. Une partie du logement pouvant être autonome, cela peut correspondre à une colocation dans laquelle pourrait vivre un couple, avec toute l’autonomie et l’indépendance dont ils auront besoin.

Durable ?

L’architecture divisible n’est pas plus durable qu’une architecture de logement classique. Elle peut présenter les mêmes caractéristiques structurelles et d’usages. La différence réside uniquement dans le fait qu’on peut transformer un logement en deux surfaces habitables. Le bâtiment est difficilement recyclable pour le transformer en bureaux puisque les usages sont spécifiques aux logement. Le but de l’architecture divisible n’est pas d’être par la suite transformé en d’autres usages, mais d’augmenter les possibilités d’occupations et de satisfaire des méet 66 m2),nages Monolithe, Lyon Confluence, différents en s’adaptant aux évolutions de modes de vies. Fig. 30 : Plan d’un appartement du Monolithe avec studio autonome

2010).

Économe ?

Cette solution de transformation du logement peut être économe pour les occupants qui n’auront pas à louer d’appartement supplémentaire pour garantir l’autonomie d’une partie du logement (jeune adulte, bureau, personne âgée…). L’architecture divisible est assez classique en terme de construction, 41


III. Les solutions pour adapter le logement aux modes de vie actuels et futurs ses spécificités se retrouvent dans son plan et dans l’organisation spatiale des espaces. Ce n’est donc pas plus cher ou moins cher qu’un logement classique.

Facilité de la transformation ?

La transformation à faire pour bénéficier d’une autonomisation d’une partie du logement est assez simple à opérer puisque tout est pensé en vue de cette transformation : la pièce à rendre autonome existe déjà, possède déjà son accès et ses équipements (sanitaires notamment). Il suffit donc d’aménager l’espace avec le nouvel usage pour réaliser la transformation.

Conclusion partie III : Cette partie vient de présenter les différentes solutions pour transformer le logement afin de s’adapter aux évolutions des modes de vies dans les foyers Français. Comme nous venons de le voir, les possibilités sont multiples mais n’interviennent pas toutes dans le même cadre. Les différentes questions qui se sont posées afin d’établir des catégories sont essentielles car elles permettent de proposer une transformation possible du logement à une problématique donnée.

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CONCLUSION Nous avons passé en revue les transformations qu’a subi le logement depuis le XIXe siècle pour ensuite mettre en lumière les problèmes actuels du logement qui n’est pas vraiment en adéquation avec les modes de vies et ses évolutions possibles. Dans la dernière partie, nous avons passé en revue les solutions possibles pour répondre au problème énoncé dans la deuxième partie : le logement d’aujourd’hui n’est pas adapté aux modes de vies actuels et pourra difficilement accueillir les évolutions à venir. Ces solutions ont été catégorisées afin de comprendre leur but et dans quel contexte elles peuvent être utilisées. Certaines solutions que nous présentons pour répondre à l’habitat de demain et à ses usages ont déjà été utilisées, et pour certaines il y à longtemps comme dans les années 70 par exemple. Comprendre pourquoi ces solutions ne se sont alors pas diffusées à l’époque peut nous aider à apporter les modifications nécessaires pour qu’elles soient accessibles. Les notions financières sont bien évidemment à prendre en compte, car pour la plupart des solutions, elles impliquent un coût plus élevé que dans un logement classique. Mais dans la plupart des cas, ces types de logements se révèlent être plus durables, et permettent donc de réaliser des économies à long terme. Nous avons concentré cette étude sur les usages, les données techniques et financières n’ont pas été étudiées en détail en raison du manque d’information sur ces logements qui sont très rares. Les architectes doivent considérer les modes de vies et anticiper les évolutions possibles afin de réaliser des logements durables, ce qui est souvent mis de côté lors des conceptions de bâtiments durables. La tendance qui vise à réaliser le maximum d’économies d’énergie ne doit pas être le seul but du développement durable, il doit accompagner les recherches sur les modes de vies et constituer un bienfait technologique supplémentaire, et non une base. De plus, la plupart des solutions présentées dans cette étude implique que les habitants restent dans le même logement, et que c’est ce dernier qui vient se modifier pour satisfaire ses occupants.

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Conclusion

La tendance actuelle, comme nous le savons, est plutôt de changer de logement à chaque fois que l’on a besoin d’un nouvel usage. Il faudrait alors, pour que ces solutions soient pertinentes, que les habitants des villes soient plus fixes, ce qui n’est pas une tendance actuelle ni a venir. Ces solutions ne peuvent donc pas s’appliquer à l’échelle d’une ville entière, car la population recherchera toujours un logement en fonction de ses besoins, et ne cherchera pas forcément à modifier son logement, surtout dans le cadre d’une location. Les solutions présentées dans cette étude servent donc à mettre en valeur le besoin de nouveaux usages, et de flexibilité dont le logement doit faire preuve. La notion de réversibilité étudiée dans la dernière partie est une notion à prendre en compte de toute urgence, étant donné le nombre de démolitions qui sont opérées dans les villes Françaises. De nombreuses recherches et questionnement ont lieu autour du thème du recyclage urbain.1 Cette notion de recyclage urbain s’inscrit dans la même pensée que cette étude, à plus grande échelle. Les transformations que nous pouvons faire dans le logement dans la volonté de le rendre plus adéquat aux modes de vies et aux évolutions à venir se retrouvent dans le recyclage urbain, qui consiste à utiliser au mieux l’existant afin de le rendre plus durable. Pour mettre en place de tels concepts, il est nécessaire de prendre conscience de toutes les problématiques exposées dans cette étude, afin d’anticiper les phénomènes à venir et de concevoir à long terme. Les solutions de transformations de logements exposées ici sont des éléments à mettre en place en amont, dès la réflexion et la conception des projets de logements, en intégrant les usages nécessaires à l’habitat de demain, afin d’atteindre une ville flexible et durable pour 2030.

1 Le Recyclage Urbain est un processus qui vise à remettre en cycle la matière existante à plusieurs échelles.Il est important de définir les termes du sujet. On peut dans une même dynamique parler de reconversion, de réutilisation, de réemploi ou de recyclage : ces mots traduisent différentes pratiques. 45


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TABLE DES FIGURES Fig. 1 : Plan extrait du livre : French, Hilary, Grégoire, Stéphanie and Crevier, Richard, 2009, 100 logements collectifs du XXe siècle. 1. Paris : Éditions le Moniteur. (P.21) Fig. 2 : Plan extrait du livre : French, Hilary, Grégoire, Stéphanie and Crevier, Richard, 2009, 100 logements collectifs du XXe siècle. 1. Paris : Éditions le Moniteur. (p.169) Fig. 3 : © DUREAU Carole à partir du relevé d’un appartement type. Fig. 4 : tableau extrait de : Insee, 2016, Evolution du divorce depuis 1960 : France métropolitaine. La situation démographique en 2014. Fig. 5 : Plan extrait du site : SSDarchitecture. Plan du 2e étage. (date nc). [jpeg] In : www. ssdarchitecture.com. Disponible sur : <http://www.ssdarchitecture.com/works/residential/ songpa-micro-housing/> (consulté le 18 octobre 2016). Fig. 6 : Photographies extraites du site : Detry-Levy. Photographies du projet. (date nc). [jpeg] In : http://detry-levy.eu. Disponible sur : <http://detry-levy.eu/le-village-vertical-villeurbanne-69/> (consulté le 18 octobre 2016). Fig. 7 : Photographie extraites du site : Village Vertical. Photographie de la page d’accueil. (date nc). [jpeg] In : http://www.village-vertical.org/. Disponible sur : <http://www. village-vertical.org/> (consulté le 18 octobre 2016). Fig. 8 : Photographie extraite de la vidéo : RAMO Béatriz. Vidéo 2 - Bienvenue Chez les Co-Résidents. [21 octobre 2013] YOUTUBE. [8 minutes 33] Disponible sur : <https://www. youtube.com/watch?v=7betd1F10Fk&index=2&list=PL0QGMtA8eKD-o4GZzQMwahczi18kEuowx> (consulté le 8 novembre 2016). Fig. 9 : Tableau extrait de l’enquête INSEE : Insee, 1994, Les dépenses pour les loisirs depuis 1960, n° 306. Fig. 10 : Graphique extrait du site internet de l’INSEE suite à une recherche spécifique. Disponible sur : http://www.bdm.insee.fr/bdm2/affichageSeries?idbank=001687560&bouton=OK&codeGroupe=1525 Fig. 11 : Plan extrait du site internet : ARCHDAILY. Biombomastic, Elii. (date nc) Disponible sur : <http://www.archdaily.com/777801/biombombastic-elii/5655fe57e58eceb25f00018b-biombombastic-elii-photo> (consulté le 17 novembre 2016) Fig. 12 : Photographies extraites du site internet : ARCHDAILY. Biombomastic, Elii. (date nc) Disponible sur : <http://www.archdaily.com/777801/biombombastic-elii/5655fe57e58eceb25f00018b-biombombastic-elii-photo> (consulté le 17 novembre 2016) Fig. 13 : Photographie extraite du site internet : La Sentinelle. Inspiration. Disponible sur : <http://www.la-sentinelle.fr/inspirations/jacques-tati/> (consulté le 19 janvier 2017).

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Table des figures

Fig. 14 : Photographie extraite du site internet : Le Monde. Planète. Disponible sur : <http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/09/17/a-lyon-hikari-le-premier-ilot-mixte-intelligent-a-energie-positive_4761665_3244.html> (consulté le 23 décembre 2016). Fig. 15 : Photographie extraite du site internet : Primoneuf. Programmes neufs. Disponible sur : <http://primoneuf.com/immobilier-neuf/region-22-rhone-alpes/69-rhone/lyon/ programme-immobilier-95/appartement-1309-T4-110.00m2> (consulté le 17 novembre 2016). Fig. 16 : © DUREAU Carole Fig. 17, 18 : Photographie extraite du site internet : Aranguren + Gallegos arquitectos. Portfolio. Disponible sur : <http://www.arangurengallegos.com/ag/portfolio_page/ housing-in-carabanchel> (consulté le 17 novembre 2016). Fig. 19, 20 : Plans et schéma extraits du site internet : Réinventer Paris. Lauréats. Disponible sur : <http://reinventerparis.pavillon-arsenal.com/projets/2673-work-inn-space.html?highlight=WyJtb2R1bGFyaXRcdTAwZTkiXQ==> (consulté le 19 octobre 2016). Fig. 21 : Photographies extraite du site internet : Life Edited. Portfolio. Disponible sur : <http://lifeedited.com/see-full-set-of-official-lifeedited-apartment-photos> (consulté le 19 octobre 2016). Crédit photo : Matthew Williams for LifeEdited. Fig. 22 : Plans extraits de la présentation du séminaire : Atelier Grand Paris. Habiter un grand Paris plus intense et confortable, 6 mars 2015, Paris. S. Bendimerad, B. Schippan, 2015, 138 p. Fig. 23 : Plans extraits du site internet : A Few Thoughts. Flexible Housing. Disponible sur : <http://www.afewthoughts.co.uk/flexiblehousing/house.php?house=57&number=&total=&action=&data=&order=&dir=&message=&messagead=&photo=6> (consulté le 21 septembre 2016). Fig. 24 : Photographies extraites du site internet : ARCHDAILY. Nakagin Capsule Tower, Kisho Kurokawa. (date nc) Disponible sur : <http://www.archdaily.com/110745/ad-classics-nakagin-capsule-tower-kisho-kurokawa/5037ff6228ba0d599b000816-ad-classicsnakagin-capsule-tower-kisho-kurokawa-photo> (consulté le 17 novembre 2016) Fig. 25, 26, 27 : Schéma, plan et photographie extraites du site internet : Le Courrier de l’Architecte. Typologies. (date nc) Disponible sur : <https://www.lecourrierdelarchitecte. com/article_448> (consulté le 19 octobre 2016) Fig. 28 : Plans et schéma extraits du site internet : Réinventer Paris. Lauréats. Disponible sur : <http://reinventerparis.pavillon-arsenal.com/projets/2521-l-immeuble-flexible.html?highlight=WyJmbGV4aWJsZSJd> (consulté le 19 octobre 2016). Fig. 29 : Photographies extraites du site internet : Pop Up City. Architecture. Disponible sur : <http://popupcity.net/the-pirate-bubble-parasite-architecture-from-the-seventies> (consulté le 21 septembre 2016). Fig. 30 : Plan extrait du livre : ELEB Monique, SIMON P., 2012, Entre confort, désir et normes : le logement contemporain (1995-2010). Paris : Éditions Mardaga (P.17) 49


Ce mémoire retrace une étude des logements collectifs afin de comprendre les usages de l’habitat d’aujourd’hui et anticiper l’avenir. De multiples recherches sur le logement du futur ont déjà été réalisées, en parallèle d’études sur les évolutions des modes de vies qui nous attendent en 2030. Cet ouvrage à pour but de croiser toutes ces réflexions afin de présenter des solutions pour l’habitat de demain, en accord avec les modes de vies à venir. Afin de déterminer le logement du futur, nous avons concentré nos recherches sur l’architecture flexible qui réunit plusieurs catégories : l’architecture modulable, l’architecture reconfigurable et l’architecture évolutive. Tous ces types de logements ont été classés, catégorisés, afin de comprendre au mieux leur but et le contexte dans lequel ils peuvent s’inscrire. «L’éphémère est sans doute la vérité de l’habitat futur. Les structures mobiles, variables, rétractables, etc., s’inscrivent dans l’exigence formelle des architectes et dans l’exigence sociale et économique de la modernité.» (Jean BAUDRILLARD, L’éphémère, Utopie, n° 1, mai 1967) Habitat de demain - Usages - Modes de vie - Logement Flexible _______________________________________ This thesis traces a study of collective housing in order to understand the uses of today’s housing and anticipate the future. Numerous studies on the housing of the future have already been carried out, in parallel with studies on the evolutions of the modes of life that await us in 2030. This book aims to cross all these reflections in order to present solutions for the habitat of tomorrow, in accordance with the way of life to come. In order to determine the housing of the future, we concentrated our research on the flexible architecture which combines several categories: modular architecture, reconfigurable architecture and evolutionary architecture. All these types of housing have been classified, categorized, in order to better understand their purpose and the context in which they can register. «The ephemeral is undoubtedly the truth of the future habitat. The mobile, variable, retractable structures, etc., are in keeping with the formal demands of the architects and the social and economic demands of modernity « (Jean BAUDRILLARD, L’éphémère, Utopie, n° 1,May 1967 ) Tomorrow’s housing - Uses - Lifestyles - Flexible Housing

© DUREAU Carole, LEQUAY Hervé, École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon, 2017


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