Travail personnel de fin d’étude Catarina Bento encadrée par Claude Chazelle 2017
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© Catarina Bento - La brume de la confluence
Regards entre Vouga et Caramulo Révéler un territoire grâce aux Hommes
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Regards entre Vouga et Caramulo Révéler un territoire grâce aux Hommes
Catarina Bento Directeur d’étude : Claude Chazelle École Nationale Supérieure de Paysage Travail Personnel de Fin d’Études Versailles, 2017
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Les documents graphiques dont les sources n’ont pas été mentionnées ont été produits par Catarina Bento. Les cartes ont été réalisées d’après les bases IGEoE, base de donnée cartographique portugaise. 5
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En route pour le Portugal...
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En voiture: un trajet de 15 à 20 heures en fonction de la forme physique et de la circulation. En avion: 2h30 de Paris Orly à Porto puis 1h20 de voiture de Porto jusque Silvite par l’autoroute. 7
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SOMMAIRE p. 13 Avant-propos p.15 Démarche p.17
Introduction
p.21 Conditions, morphologie et climat CONNAÎTRE p.22 p.24
Un socle granitique Grands massifs et Serras du centre du Portugal
p.29 Au cœur des massifs granitiques, un territoire s’éveille : le concelho de Vouzela RECONNAÎTRE p.30 Concelho de Vouzela p.34 Le parc naturel local Vouga-Caramulo p.44 Rencontre avec le parc naturel local Vouga-Caramulo
p.53 Au fil du Zela, la pierre dans tous ses états REdécouvrir p.55 p.60 p.116
Pourquoi le vallon du Zela ? Les paysages du vallon du Zela Dévoiler le système du vallon du Zela
p.119 Révéler les paysages Considérer p.121 p.123 p.125 p.131
Révéler la structure Cultiver la forêt Valoriser des lieux remarquables Redécouvrir des savoir-faire et connaissances
p.133 Conclusion
p.139 Bibliographie p.141 Remerciements 9
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Je suis née ici, Engendrée dans la chaleur des profondeurs J’ai été hissée hors de l’ombre d’un geste brutal Mise à la lumière du jour, j’ai subi Subi, La pluie, le vent, les éléments La pluie lavant mes rugosités Le vent les balayant Le soleil réchauffant ma peau de plus en plus lisse Explosée, découpée, manipulée Multiplier Je me trouve ici, partout à la fois Modeler Je suis de mille formes Composer Je me tiens et maintiens Je suis reine de ces paysages La pierre
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Avant-propos Je suis née dans le concelho de Vouzela, à l’hôpital de Vouzela, devenu depuis un hôpital gériatrique. Mes premières années de vie, se sont déroulées à Silvite, petit village perché au-dessus du vallon du Zela, avec une vue frontale depuis le salon sur le Mont du Lafão. Mes parents ont quitté le Portugal pour vivre en France. J’avais alors quatre ans, en finir avec le labeur des champs, la succession de petit boulot, quatre enfants à élever, une situation précaire. Ils ont tout quitté, avec l’espoir d’une vie plus confortable. Chaque année, nous y sommes retournés et y retournons, pour les vacances, les enterrements, les mariages. Nos vies sont en deux lieux différents. En France, nous travaillons, avons nos amis, nos loisirs au Portugal, nous avons notre famille. Quand nous y retournons, c’est pour être avec eux et revoir ce Mont du Lafão sans qui l’horizon serait moins enchanteur. Pendant toute ma vie, j’ai eu sous les yeux ce Mont dont on nous racontait, qu’il y vivait toute sorte de monstre. Des sorcières bruxas, des jeunes filles ensorcelées mouras1, des loups-garous lobisomems. Ces êtres féeriques pouvaient être aperçus ou on pouvait en voir les traces. Grand paradoxe de cette société catholique, qui raconte et essaye d’entretenir les contes et les légendes de son territoire, malgré la messe tous les dimanches.
1. Les mouras sont des jeunes filles qui ont été ensorcelées pour garder les trésors que les Maures ont laissés derrière eux après avoir été chassés de la Péninsule Ibérique. Elles habitent souvent des dolmens ou à proximité de ruisseaux et de sources. 2. Travail Personnel de Fin d’Étude.
Le choix de mon site n’est pas anodin, basé sur l’envie de mieux connaître ce territoire et le comprendre. Comprendre mon admiration, comprendre pourquoi il est si attrayant à mes yeux et aux yeux des touristes qui le parcourent chaque année. Ma première attirance est celle de mes racines qui malgré les années, y restent bien ancrées. Pour moi, c’est un territoire de liberté, de tous les possibles. Deuxième attirance liée à la mutation sociale, mais dont les populations ont gardé le rapport à la terre, à l’agriculture vivrière. Troisième intérêt, lié à la création du Parc Naturel Local Vouga-Caramulo, qui a éveillé mon intérêt en tant que paysagiste. Enthousiasmée par cet outil que je voyais comme un potentiel de développement, il s’est révélé ne pas avoir été bien reçu par les populations et reste un outil touristique. Enfin, ayant moi-même perdu le savoir paysan du territoire, j’ai le besoin de le retrouver au même titre que ce territoire a besoin que ses habitants le retrouvent. La disparition des savoirs et savoir-faire entraîne peu à peu l’effacement des valeurs de ce territoire et avec elle, il se déshumanise peu à peu. Avec l’envie de m’investir personnellement et professionnellement dans ce territoire, il m’a semblé judicieux de jeter une pierre grâce à mon TPFE2. 13
Redécouvrir,
verbe trans. Considérer quelqu'un ou quelque chose avec des yeux neufs, afin de reprendre conscience d'une chose à laquelle on n'accordait plus ni pensée, ni intérêt, ni importance.
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Démarche
Connaissant le site avec des yeux d’enfant, il m’a fallu le reconnaître. Pour le reconnaître, il m’a fallu le redécouvrir. Le redécouvrir, en lui portant un regard de paysagiste. Redécouvrir des chemins connus et découvrir des chemins inconnus. Questionner les personnes connues et trouver de nouvelles personnes à questionner. Lire dans ces paysages, plus que leur beauté ; qui me touche personnellement, leurs caractéristiques, leurs fondements, leurs valeurs qui les rendent extraordinaires. Rendre dicible l’indicible... L’émotion ressentie sans être divulguée, se cachant derrière des mots ; beau, superbe, grand, haut, paysage, forêt, maison, en bas, rocher, ruisseau, terre, vent, feu... Des mots banals pour définir des émotions peu banales et un attachement irrationnel à un territoire, face aux éléments naturels.
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Introduction Entre la Serra do Caramulo et le versant Sud du Rio Vouga, des territoires semblent oubliés entre ces deux grandes entités géographiques et symboliques. Autour de Vouzela, les villages se vident, les terrasses disparaissent et la forêt se densifie, les affluents du Vouga s’effacent et tombent dans l’oubli. Ce territoire, investi par les économies extérieures, est partagé entre la résignation et le désir de revoir ses versants reprendre vie. Ce désir est tel, que les surface en déshérence sont mises à disposition à qui voudra bien essayer de faire renaître de leurs cendres ces espaces autrefois habités, villages, terrasses, coteaux, vallons. Les populations en situation précaire, semblent parfois être prêtes à tout pour s’en sortir. Des investissements massifs de plusieurs millions au risque de détruire leurs vies, ou tentative désespéré pour trouver un emploi en travaillant gratuitement. Mais beaucoup se contentent du peu qu’ils ont, en oubliant leurs rêves ou leurs ambitions.
1. Division territoriale administrée par une municipalité composée d’une assemblée municipale; qui gère la fiscalisation et une chambre municipale exécutive. 2. Ligne de chemin de fer qui reliait Viseu à Espinho et de là, Porto et Lisbonne. 3. Race de vache local
Ancien territoire de richesse, le concelho1 de Lafões s’est disloqué, se répartissant entre Vouzela, São Pedro do Sul et Oliveira de Frades. Cette dislocation a affaibli l’univers qui existait autour de cette entité Lafões maintenant sans territoire reconnu. Dans le concelho de Vouzela, les explorations minières se sont arrêtées, le mythique train du Vale do Vouga2 s’est arrêté, le Vitela de Lafões3 disparaît des étables, le vin blanc de Lafões d’origine protégée a disparu, sa coopérative a fermé, les cœurs de village s’éteignent. Des routes naissent et des chemins disparaissent, avec elles sont arrivées les zones industrielles, les élevages massifs de volaille, les plantations effrénées d’Eucalyptus, les éoliennes. Pour être à la mesure de ces structures de plus en plus massives, les habitations se sont mise à grossir, à surgir là où l’espace était ample, souvent des maisons habitées un mois dans l’année. Le départ d’une partie de la population de ces villages a mis en difficulté les cultures locales, les traditions ne se sont pas renouvelées, n’ont pas été enrichies de l’apport contemporain. Les nouveaux modes de vie ont modifié en partie les rapports au territoire. Le manque de temps, le stress, les factures à payer ont éloigné les habitants de leurs forêts et de leurs Serras, elles doivent être rentables, la terre est cultivée pour la survie. La nostalgie est de plus en plus présente d’un temps où il y avait des gens, où tous s’entraidaient. Le travail au champ se faisait en chantant toujours à cinq ou six personnes, voir plus pendant les moissons. Les fêtes traditionnelles, souvent religieuses, étaient source d’engouement des jeunes générations, qui vivaient ces moments avec 17
une certaine liberté. Aujourd’hui, tout cela est pesant, un fardeau que les jeunes ne veulent plus porter. Face à de telles mutations et à la dualité qu’il y a entre la gestion ancestrale fine de ce territoire et la brutalité amenée par les nouvelles sources économiques, le paysage peut-il être une réponse ? Peut-il créer une continuité quand il y a eu une rupture ? Rupture sociale et aspiration à des modèles économiques en discordance avec les capacités du territoire. Le territoire glisse ainsi vers un lieu dont on ne reconnaît plus les valeurs, dont on perd la connaissance par manque de reconnaissance. Comment le projet de paysage peut-il être une réponse à cette déshumanisation et participer à une reconquête des connaissances ? Comment accompagner ces transformations ? Pour retrouver un lien entre les habitants et leur territoire, en définir les valeurs et les connaissances afin qu’il soit à nouveau reconnu. Baigné dans une richesse patrimoniale, culturelle et naturelle le concelho de Vouzela a créé le Parc Naturel Local Vouga-Caramulo afin de préserver le caractère du concelho menacé par les plantations d’eucalyptus. Le parc valorise les monuments, la faune et la flore, mais oublie ce qui le caractérise le plus : ses paysages et les populations qui les habitent. Le nom choisi pour le parc est révélateur de cet oubli et trahit un manque de reconnaissance d’une identité propre. « Parc Naturel Local Vouga-Caramulo », met l’accent sur deux entités fortes déjà reconnues, énonçant ainsi ce qui le limite et non ce qu’il est.
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conditions, morphologie et climat connaĂŽtre
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Un socle granitique
Le territoire d’étude se situe au coeur de massifs granitiques, que des failles sont venues fracturer. Les fractures de cette roche ont fait émerger des massifs qui vont déterminer la morphologie du site. À partir de Porto la côte portugaise s’élargit, donnant ainsi une plaine alluvionnaire profonde. Le long du fleuve Vouga, les villes d'Albergaria-a-velha et d’àgueda marquent le début d’une région au relief accidenté (cf, carte p.24). Une succession de barrières montagneuses, fait obstacle à l’avancée des précipitations. La première barrière est formée par le Maciço da Gralheira (1077 m) et la Serra do Caramulo (1075 m) puis une deuxième est formée par la Serra da Estrela (1993 m) et la Serra de Montemouro (1381 m). Ces deux barrières, offrent à la sous-région Viseu DaoLafões, des coteaux fertiles aux innombrables sources. Des paysages verdoyants au coeur des massifs comme à Farves. La pluviométrie moyenne est ici de 2000 mm/an d’eau. En contraste avec les territoires à l’Est de la Serra da Estrela, la région de Salamanque en Espagne, avec une pluviométrie moyenne de 400 mm/an, montre de douces collines et des étendues de terre rouge arides, semblables à un désert.
Site d’étude
au plus récent alluvions, limons alluvions, limons alluvions, grès et argile calcaire, dolomie et grès calcaire, dolomie calcaire, quartzite, ardoise et grès quartzite et grès gneiss, schiste granite zone supérieure granite zone supérieure et intermédiaire granite zone intermédiaire et inférieure failles
du plus ancien
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Grands ensembles granitiques Carte gĂŠologique
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Grands Massifs et Serras du centre du Portugal
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Sátão Site d’étude
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/ Delta du Vouga
Delta do rio Vouga, Paul Teixeira
Delta do rio Vouga, ria de Aveiro Paulo Magalhães
Des précipitations abondantes au centre du Portugal, offrent des paysages verdoyants à ces massifs granitiques. Ces eaux s’accumulent au cœur des massifs qui les contraignent, jusqu’à s’étaler en un large delta marécageux en façade Atlantique.
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/ Montagnes
Serra do Caramulo solagasta.com
verdoyantes
Village de Farves concelho de Vouzela
/ Terres d’apparence arides
Carcavas, Fresno de Cantespino, Castille et Leon L. Mira L.
Environs de Salmanque dans la région de Castille et Leon en Espagne elevation.maplogs.com
Des précipitations rares dans la région de Salamanque, créent des paysages désertiques, arides. Quelques arbres émergent au milieu de cette étendue ocre rouge, dû à l’oxydation du fer.
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Au cœur des massifs granitiques, un territoire s’éveille: le concelho de Vouzela reconnaître
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Carte du concelho de Vouzela
Des vallons cultivés, des monts rocheux boisés et la Serra nue où l’on rencontre la pierre sauvage rio Vou
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Le concelho de Vouzela est bordé au Nord par le Vouga et au Sud par le Massif du Caramulo. La présence de nombreuses sources, font de ce territoire un écrin de verdure. En été il prend des teintes dorées et sèches, avec la rarification des eaux de surface. Cet écrin est caractérisé par des vallées cultivées, grâce au maintien des coteaux par des murs en pierre sèche. Des sommets secs où le vent balaye la roche qui s’exprime librement sous forme d’amas de pierres appelés tores. Ces sommets étaient par le passé, utilisés comme espace de pâturage. Les forêts occupent les versants et monts délaissés de l’agriculture et du pastoralisme.
Cultures en terrasses, qui révèlent les vallées.
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Les espaces venteux ou récemment touchés par le feu, révèlent la roche, élément fondateur du territoire.
Les forêts s’installent sur les sommets, gommant peu à peu leur caractère rocheux.
De grandes structures se développer et viennent amoindrir la perception du territoire, qui depuis quelques années est de plus en plus bousculée par l’industrie. Les forêts deviennent ultra-productives avec des plantations intensives d’eucalyptus et de pins. Les coupes à blanc mettent à nu les sols et les appauvrissent par la cadence de production. De plus l’eucalyptus est une essence à croissance rapide consommant de grande quantité d’eau et de nutriments. Des structures, de plusieurs millions d’euros transforment le paysan en banquier, le détache de son sol, le met face à des milliers de poulets... Les zones industrielles viennent perturber la valeur stratégique des monts, privatiser le privilège de la vue panoramique et les fragmenter.
Coupe à blanc de parcelles d’eucalyptus.
Les structures d’élevage en batterie, viennent amoindrir la perception du territoire.
La zone industrielle de Vouzela vient tasser le Monte Cavalo, le réduisant.
Dans ce contexte de rupture entre des activités humaines massives et une appréhension fine du territoire, le concelho de Vouzela en 2015 décide de créer le Parc Naturel Local Vouga-Caramulo (PNLVC). 33
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Le pÊrimètre du parc naturel local Vouga-Caramulo
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Le Parc Naturel Local Vouga-Caramulo (PNLV-C) a été créé en 2015 dans le but de protéger une forêt de chêne de plus en plus menacée par la plantation d’eucalyptus et de pin. Des essences à développement rapide, revendues à l’industrie pour la production de pâte à papier. Sa création s'est faite rapidement à la suite d’une étude sur le patrimoine arboré et sans une longue consultation des populations au préalable, ce qui a conduit à des difficultés de dialogue entre population et gestionnaire. La difficulté est due, surtout, à l’accent mis sur la gestion forestière et à la réglementation mise en place pour le contrôle des plantations et des abattages d’arbres. Les portugais de manière générale, mais encore plus en milieu rural, sont attachés à leur propriété privée, fait assez paradoxal, puisque le pays n’est pas encore entièrement cadastré. Cette nouvelle réglementation est perçue comme une atteinte à la propriété privée qui a conduit à divers procès contre le parc naturel, mais qui n’ont pas donné gain de cause à la partie privée. Ce Parc est le treizième d'intérêt régional du pays et le premier désigné comme Parc Naturel Local. Le PNLV-C a trois vocations principales : . Préservation de la nature et de la biodiversité . Valorisation du patrimoine naturel et paysager . Promouvoir des activités indispensables à la connaissance et divulgation des valeurs Naturelles en présence.
Quercus robur
Quercus pyrenaica
Le parc naturel est actuellement un outil touristique, il permet de communiquer sur le territoire. Le parc est le plus souvent mis en avant pour ses espaces de nature à forte qualité environnementale et ses lieux de patrimoine où la culture rurale est, pour partie, préservée. Dans la pratique, le paysage et sa valorisation sont encore peu considérés. Un des enjeux de la prise en compte du paysage sur ce territoire est de mettre en avant les connaissances des Hommes qui l’habitent et le transforment, de manière à les remettre au centre du Parc Naturel. Les images à travers lesquelles le parc naturel communique parlent davantage de nature et de patrimoine ponctuel que de paysage. Très peu d’images illustrent la dimension paysagère. La majorité relève du fait naturel (flore, faune, géologie, rochers). Mis à part la pierre omniprésente, qui est à la base de la transformation de ce territoire par l’Homme, la dimension patrimoniale est fort peu mise en perspective paysagère. Le nom du parc naturel est révélateur du manque de visibilité de ce site. Le fait de le nommer Parc Naturel Local Vouga-Caramulo, l’attache à deux entités reconnues: le Vouga et le Caramulo, qui certes le nourrissent et l’influencent. à travers cela, on sent un déficit de reconnaissance du concelho de Vouzela à l’échelle nationale et une abstraction de ce qu’il est, qu’est-ce qui fait que ce territoire est différent des autres ? Qu’est-ce qui lui donne son intérêt ? A quoi est-il reconnaissable ? Pour définir ce parc naturel, il faut parler de ses paysages et de ce qui 36
Quercus suber
1. Les variétés de chêne que l’on rencontrer dans le concelho de Vouzela sont : Quercus robur (chêne pédonculé), Quercus pyrenaica (chêne tauzin) et le Quercus suber (chêne liège)
est à la base de ceux-ci, sa morphologie, ce qui le rend extraordinaire. Le Parc Naturel Local Vouga-Caramulo pourrait être le garant de la personnalité (et par là, du paysage) d’un versant majeur du Caramulo, son versant le plus doux et celui où naissent de nombreux affluents du Vouga. Les prémices de cette Serra sont ici. Le parc pourrait garantir que ce géant ne perdra pas ce qui le rend si reconnaissable et emblématique. Les tores1, les vallons et leurs ruisseaux, les terrasses et leurs murs qui luttent contre l’érosion. Le parc englobe des milieux forestiers jugés d’intérêt pour leur faune et flore, même s’ils mettent en péril des terrasses anciennement cultivées, des fonds de vallons agricoles, certains villages dont le caractère a été conservé. L’objectif est de protéger ces espaces de la plantation d’eucalyptus et de reconnaître leurs valeurs par une divulgation touristique (cf carte p.38).
1. Empilements de boules de granite
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Lieux et éléments remarquables du Parc Naturel Local Vouga-Caramulo
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Voie romaine
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Maison de noble Musée édifice religieux
Carvalhal de Vermilhas
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Forêt notable
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10. Rhododendron de la Réserve Naturelle de Cambarihnho
1. Vouzela,fête du corps de Dieu
Jeune fille à capuche en laine
2. Eglise de la miséricorde de Vouzela
3. Vue de Vouzela
4. Igreja Matriz de Vouzela
14. Rio Couto
16. Paysans de Cavalhal de Vermilhas,
15. Chêne de 239 ans
carte postale
carte postale
CMV
carte postale
To Vieira
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carte postale
João Cosme
carte postale
João Cosme
18. Tour médiévale de Vilharigues
11. Tour médiévale de Cambra João Cosme
Alto do Couto
João Cosme
17. Chemin marqué par le passage des charrues, João Cosme
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13. Joana Martins João Cosme
Canastro, bâtiment pour le stockage du maïs, João Cosme
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12. Dolmen de Meruje http://onossorasto.blogspot.fr
6. Poldras João Cosme
9. Pont romain de Vila Nova
5. Voie romaine João Cosme
7. Rivière Zela carte Postale
8. Rivière Zela João Cosme
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Rencontre avec le Parc Naturel Local Vouga-Caramulo
Le feu étant passé par là, il a révéler tous les tors, tous les pics Les pics entours Fornelo do Monte, nous sommes petits...
Quelques brebis, des agneaux pour arrondir la pension de retraite, Fornelo do Monte
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Partir à la rencontre du Parc Naturel c’était d’abord, repérer mais aussi voir ce qui n’était pas divulgué, la part de l’oubli, qui participe à l’entretien des paysages que l’on rencontre. Sa commence par la morphologie du territoire, aller à sa rencontre et rencontrer les personnes qui la pratique, qui la cultive.
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Au-dessus de la forêt, en haut d’un rocher, on pourrait s’envoler Forêt de Penoita
Labyrinthe de tronc...se fier au rocher Forêt de Penoita
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S’immiscer dans les forêts si chères aux habitants, pour diverses raisons, éconmique, touristique, fantastique, patrimoniale, pourtant ces forêts semblent être peu pratiquées...
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Petit corgo ( ruisseau), petit fil d’eau, mais toutes ces pierres.. à croire que beaucoup d’eau passe là. Village de Figueiras
Arrivée de l’eau sur la parcelle, l’occasion de se rafraîchir sous les vignes, fortement appréciable pendant l’été.
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Traverser des torrents qui même quand ils sont calme laissent encore lire les traces de leur colère. Les Hommes ont réussi à canaliser ses colères pour adoucir et calmer l’eau afin de rendre ces terres habitables et accueillantes. Un travail laborieux siècle après siècle, pierre après pierre... Un héritage qui semble immuable, que l’on pense peutêtre trop souvent acquis, alors que l’érosion fait son travail, par l’eau, par le vent, les racines aussi s’immiscent entre les pierres, les mettant délicatement et sournoisement en mouvement...
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Agriculture aux techniques ancestrales, d’actualité dans un monde où l’on cherche à retrouver des modes de cultures plus humains. Ici à Mogueirães
«Se não tiver-se herdeiros, faz casa d’adobes e planta pessegueiros» «Si tu n’as pas d’héritier, fais une maison en ciment et plante des pêchiers» Citation de mon arrière grand-père. Ici à Mogueirães
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La domestication de la pierre, l’amélioration des techniques pour la manipuler ont permis la construction d’habitation et de retenir la terre. La pierre a été pendant longtemps, le premier matériau de construction, maintenant elle est utilisée en pastiche, juste pour habiller les façades et les sols.
Parcourir le Parc Naturel m’a permis de cibler un vallon, le vallon du rio Zela, dans lequel plusieurs questionnement se retrouve, et qui me semble être un territoire sous-estimé.
Les extensions sont construite à côté ou sur les anciennes ou grange maisons en pierre.
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Au fil du Zela La pierre dans tous ses ĂŠtats redĂŠcouvrir
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Termas
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Morphologie du vallon V du Zela
Monte Cavalo
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Vouzela Caritel
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Mont du Gamardo Quintela Ventosa
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910 - 860 m 860 - 810 m
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Covelo
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Casal de Ouzenda
710 - 660 m
Mont Modonas
Mont Pena
660 - 610 m 610 - 560 m
Joana Martins
560 - 510 m 510 - 460 m 460 - 410 m 410 - 360 m 360 - 310 m 310 - 260 m 260 - 210 m
Adsamo
210 - 160 m
Mont Abas
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Les prémisses de la Serra du Caramulo
160 - 110 m 0
Covas
1000 m
Pourquoi le vallon du zela ?
Le vallon de la rivière Zela est encore peu raconté. Le rio1 Zela naît de la rencontre de plusieurs sources au Nord d’Adsamo, un petit village perché entre deux pics à 940 m d’altitude aux prémisses du Caramulo. Cette rivière d’environ sept kilomètres de long, se glisse du sud vers le nord dans une vallée étroite cernée par les contreforts du Caramulo, avant de se jeter dans le fleuve Vouga au nord de Vouzela. La fertilité de ce vallon est apportée par les limons des eaux du Zela, qui permettent l’irrigation de toutes les terrasses qui le bordent. Le Zela est un lien physique, réel entre ces deux entités. La reconnaissance de sa valeur est essentielle pour ancrer le parc dans son territoire. De plus, le Zela est bordé par le mont du Lafão qui est déjà un symbole connu du territoire et qui doit être reconnu. Pour démontrer les qualités paysagères du territoire, nous allons suivre le Zela. Ce choix est motivé pour au moins trois raisons. 1. rio, est ici une rivière
La première, il relit le Caramulo et le Vouga, il est le lien physique entre ces deux entités forte, par lesquel le parc se définit. Le Zela accompagne un bras du massif du Caramulo jusqu’au Mont du Castelo. Ce bras, nous guide vers les sommet de ce Mont malgré son apparent détachement. Il est une main tendue aux habitants de Vouzela, Adsamo me parrait être une porte d’entrée vers cette Serra.
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VOU(GA) + ZELA VOUZELA
Monte Cavalo
Vouzela
La deuxième, la ville de Vouzela tient son nom de la rencontre entre
le Vouga et le Zela. Elle est la ville de la confluence. Même si l’origine du nom de la ville reste incertaine et discutée...
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Le mont du Lafão comme repère
Vale de Cambra
Manhouce
São Pedro do Sul Sever do Vouga
Oliveira de Frades Vouzela
Viseu A25
águeda 0
10 km
L’ ancien concelho de Lafões, ici délimité en noir regroupait, Oliveira de Frades, São Pedro do Sul et Vouzela, jusqu’en 1835, suite aux révolutions populaires libérales, les groupements se sont disloqués.
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Espinho Arouca Ovar
Vale de Cambra Sever do Vouga
Albergaria-a-velha
Aveiro
Oliveira de Frades
Manhouce São Pedro do Sul Sátão Vouzela
Viseu
Macinhata do Vouga
A25
Mangualde
águeda Tondela
Nelas
0
20
40 km
Région Viseu Dão-Lafões, délimité en noir.
La troisième, le vallon du Zela est bordé par le Mont du Lafão. Ce mont a une valeur symbolique forte et a vraisemblablement joué un rôle important pour ce territoire. Depuis des millénaires il est un repère, on y trouve des vestiges datant du néolithique. Il est aussi un repère pour toute cette région en lui donnant son nom, dans un premier temps au Concelho de Lafões1, toujours connu comme le pays de Lafões. Maintenant il donne son nom à la région Viseu Dão-Lafões, avec une visibilité internationale (carte p.56)
1. concelho de Lafões, décrite par le géographe Amorim Girão: « um todo homogéneo, correspondendo a uma verdadeira região natural » « Un ensemble homogène, qui crée une véritable région naturelle » et Leite de Vasconcelos disait : « Existe uma unidade territorial ou subregião denominada Lafões » « Il existe une unité territoriale ou sousrégion appelée Lafões »
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59
Les paysages du vallon du Zela
Vouzela
Monte Cavalo
Caritel
Mont du Castelo
Vilharigues
Mont du Lafão
Mont du Gamardo Ventosa Quintela
Corujeira
Touça
Vila Nova Fragueira
Paços
Silvite
Ventosa
Figueiras
Casal Bom
Sacorelhe Ânsara
Covelo
Mont Pena
Carte réalisée aux crayons de couleurs sur calque, à partir de la carte militaire, de l’ortho-image et des relevés in situ lors de visites de terrain.
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Casal de Ouzenda
Joana Martins
Mont Modonas
Adsamo
Mont Abas
légende et motifs de paysages L’eau [lignes] photo canaux
photo Zela
irrigue, évacue, emporte
Terrasses et Espaces cultivés [lignes de pierre] maintien et retient
Villes et Villages [village groupé ou village rue] ponctue
Routes et chemins
[lignes] accompagne, guide, traverse
Autoroute et viaduc [lignes] repère, monument, liaison, balcon, belvédère
Forêt [surface] ressource économique, enfrichement
Espaces rocheux, secs [masse] repères, tores, horizons
0
500
1000 m
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62
Le long du Zela, on traverse les âges. On s’extrait du monde, ou on s’offre à lui. On vit ici des expériences physiques et philosophiques fortes. On est avec soi, face à ce territoire brut, sauvage qui nous surprend par l’amour que les hommes ont des choses bien faites et l’attention qu’ils portent à leur terre. Cette rivière est rythmée par diverses ambiances. Les ambiances sont déterminées par les différentes végétations, la manière dont apparaît la pierre et la marque de la présence de l’Homme au contact de cette eau, si vitale. à contre-courant du Vouga, de Vouzela à Adsamo...
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Rencontre entre le Zela et le Vouga
Sao Pedro do Sul
Vouzela
L’un est paysan, l’autre ne sait plus bien. Ils sont différents, mais ici, quoi qu’il arrive, ils se rencontrent. Le Zela a parcouru un peu plus de sept kilomètres, se nourrissant de rus, de ruisseaux et de torrents. Dans sa course, il se pare de blocs de roches, qu’il va de toutes ces forces façonner en galets, pour offrir au Vouga ce qu’il a de plus précieux, des galets de granite travaillés par ses eaux. Le Vouga est un fleuve discret, il fait peu étalage de ses qualités. Il manque de reconnaissance et d’assurance et les Hommes n’ont que faire de lui; ils en connaissent de plus grands et de plus beaux, tel que le Douro et le Mondego. Il a bien essayé lui aussi, d’offrir de beaux coteaux pour les vignes, mais les Hommes les ont abandonnés. Les vents venant de l’Atlantique par la vallée du fleuve, ne donnaient pas «bon goût» au vin, à en croire les dire. Le Vouga, s’efface avec générosité dans un grand delta, offert aux Aveirenses, avant de se jeter dans l’océan. Le Zela est pour lui comme beaucoup d’autres rivières, mais sans elles, le Vouga n’existerait pas. Ils sont liés, c’est leurs forces cumulées qui donnent au Vouga son énergie pour contrer tous les rochers, les massifs. Parfois, son énergie est si débordante, qu’il inonde alors les villes qui le bordent telles que : águeda, Macinhata, São Pedro do Sul, Aveiro, Angeja. à chaque confluence, rencontre entre le Vouga et un affluent, il y a un enjeux majeur, celui du devenir des villes qui bordent le fleuve en aval. Les territoire en amont comme le territoire de Vouzela, sont des réservoirs. Ils retiennent les eaux limitant, les risques pour l’aval, cette vocation de réservoirs, peu à peu diminue, à mesure que les terres sont moins cultivées et à mesure que les terrasses disparaissent. L’enjeu est premier pour la ville de Vouzela, mais aussi pour les villes plus en aval qui bordent le Vouga vers l’Atlantique.
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Vouzela
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Viseu
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1075
0
12,5
25 km En rouge les villes touchées par des innondations quasi annuelles.
Site d’étude
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la ville de vouzela :
promontoire sur la confluence
Vouzela Caritel
En remontant le Zela, le passage est étroit, sinueux, sombre. Le Zela reste discret sous la cime des arbres jusqu’au Monte Cavalo où la zone industrielle profite de la vue sur la vallée du Vouga. Elle annonce l’arrivée à Vouzela. Le ciel s’ouvre grâce aux terrasses cultivées par les paysans ou les jardiniers du dimanche. Ces traits qui divergent puis convergent, dessinent sous nos yeux la force et la puissance du socle granitique. La ville baigne au cœur des monts, implantées sur un promontoire dominant la confluence entre le Zela et le Vouga, une situation stratégique. Les parties basses de la ville, au plus près du Zela sont des terrasses cultivées. La ville, dans son semble reposer sur ces structures en pierre, fondations de la ville mettant en valeur son socle. Vouzela est dominée par un gigantesque pont, qui traverse le vallon du Zela. Cet ancien pont ferroviaire permettait à ce territoire de se raccorder à la légendaire ligne du Vale do Vouga qui reliait Espinho à Viseu. La locomotive à Vapeur amenait avec elle une effervescence,
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maintenant disparue. La ligne a été désaffectée, mais le pont dévoile toujours l’ampleur du vallon et offre un point de vue remarquable sur la Serra da Gralheira et la ville, dont il est devenu le symbole. Dans la ville on sent et on éprouve la morphologie, sur laquelle la ville s’est installée. Les coteaux en apparence doux, dissimulés sous la végétation, se révèlent par l’usage quand on empreinte l’ancienne route romaine, éprouvante et rude !
Le Viaduc du chemin de fer
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Potager autour de Vouzela où l’agriculture en ville persiste.
«Les coteaux en apparence doux, dissimulés sous la végétation, se révèlent dans l’usage quand on empreinte l’ancienne route romaine, éprouvante et rude !»
Mise en valeur de la morphologie par les éléments végétaux comme ici un eucalyptus.
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Le rio Zela en amont de Vouzela, bordé de terrasses à l’abandon.
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le zela à travers la roche
Passage discret, au pied du mont du castelo Vouzela Caritel
Mont du Castelo
Mont du Gamardo
Vouzela
Mont du Gamardo
Mont du Castelo Le Vouga
En amont de Vouzela, les méandres se resserrent, le Zela franchit un passage étroit, cerné par le mont du Castelo et mont du Gamardo. Le mont du Gamardo est surmonté d’un monument dédié à l’indépendance du Portugal. Salazar1 a fait produire en série ces monuments qu’il a fait placer sur l’ensemble du pays, dans des lieux visibles, à l’occasion de l’exposition universelle de Paris en 1940 afin de montrer et divulguer le pays et sa force. Le mont du Castelo est aussi un lieu où l’on domine la vallée du Zela et celle du Vouga. En son sommet, la chapelle de Nossa Senhora do Castelo, était un haut lieu de rassemblement de fidèles et des prêtres locaux, afin de partir tous en cortège jusqu’à la cathédrale de Viseu. Aujourd’hui, les cortèges ne partent plus, mais on commémore toujours cette chapelle lors d’une fête au mois d’août. Ce mont cache 70
1. En 1926, une dictature militaire met fin à la République. Le Portugal vit alors une crise économique et militaire. En 1928, Salazar est nommé au poste de Ministre des Finances. En un an, il procède à un redressement économique spectaculaire. En 1932 il est nommé Premier Ministre par le président-général António de Fragoso Carmona. Salazar consolide le régime totalitaire. Il introduit une nouvelle constitution qui lui confère les pleins pouvoirs et le contrôle total de l’État: c’est le Estado Novo (État Nouveau). source: http://www.dictateurs.com/antonio_de_oliveira_salazar.php 2. Nourriture providentielle que Dieu envoya aux Hébreux pendant la traversée du désert. source: cnrt.fr
dans son sous-sol des mines. Une multitude de galeries desquelles ont été extrait entre 1871 et 1990 de la wolframite un minerais contenant du tungstène et de l’étain. Mais plusieurs tunnels témoignent de l’exploitation du sous-sol déjà à l’époque de l’occupation romaine. «O volframio foi para as populaçoes do Norte, desertadas de Deus, o que mana foi para os Israélitas atraves do deserto faraonico. Imaginese o que seriam os impulsos da horda esfaimante antes o alimento providencial do afogo do dejejum.» Aquilino Ribeiro, Volfâmio, 1944. «Le Volframio a été pour la population du Nord, désertée de Dieux, ce que manne2 a été pour les ïsraélites à travers le désert. Imaginez ce que seraient les impulsions de horde de la faim avant que la nourriture providentielle ne la noie.»
En ces temps, où le mont grouillant d’Hommes affairés à la tâche, le minerai était exporté partout dans le monde entier, surtout aux cours de la seconde guerre mondiale. Ces mines sont toujours visibles, certaines se sont effondrées, créant des creux, d’autres sont fermées, et certaines sont encore accessibles. Elles deviennent le terrain de jeux de quelques jeunes échappés du lycée en quête de frissons. En contrebas de ce lieu, on entend le Zela, caché sous les frondaisons. Les arbres s’accrochent aux coteaux pentus. Le cours du Zela est moins sinueux, il progresse par des méandres plus tenus. Il est plus vif. Sa force a permis l’installation de nombreux moulins, mais aussi de creuser la roche sur laquelle il semble glisser aujourd’hui, formant de grande vasque naturelle. La plus grande, le poço do pego, est aujourd’hui comblée mais elle est toujours dans les mémoires. C’était un trou de plusieurs mètres de profondeur que les populations craignaient. Le passage d’une rive à l’autre se faisait là et pour s’assurer de ne pas tomber dans le gouffre, une corde servait de passe main. Ce lieu reste toutefois fascinant pour son ambiance fraîche, appréciable l’été En bas, discrètement le Zela s’écoule.
Chemin qui s’efface, la végétation avance, tant que les pierres seront là, on le retrouvera.
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Vouzela Caritel
Mont du Castelo
La morphologie contraint la rivière, créant une ambiance intime
Mont du Gamardo
quand le débit de la rivière rend ces berges accessibles et la baignade possible. C’est un lieu qui est resté sauvage. Les terrasses agricoles qui bordent le Zela, en contrebas du mont du Castelo, ont été délaissées, les mines et les chemins aussi. Lieux craints et encore perçus comme tel, ils sont difficilement accessibles et donc visibles. Ce flanc du mont du Castelo semble faire partie d’un autre temps, inaccessible à cause de la végétation qui s’étoffe, pourtant non loin du camping. Un contraste qui se marque, entre un espace débordant de vie et un autre dans l’oubli. Ces lieux offrent pourtant un voyage extraordinaire dans le temps.
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360 Rio Zela
450
Mont du Castelo
430
Mont du Gamardo
0
50
100 m
73
Vouzela Caritel
La rivière étant contrainte, l’eau gagne de la vitesse
Mont du Castelo
Mont du Gamardo
On peut y lire des usages, maintenant délaissés: les moulins, les terrasses, nous indique que les terres étaient fertiles, que les coteaux étaient plus ouverts. Le lit de la rivière nous parle aussi du caractère de l’eau, précieuse et impétueuse. Sa force est mise en lumière par la présence des moulins mais aussi de petites et grandes lagunes creusées dans la roche. Tant d’indication qui pourraient nous mettre en garde, face au délaissement des structures qui domptent l’eau et la retiennent. Ces structures, les murs en pierre sèche, traversent les siècles. La pierre est une matière première inépuisable et réutilisable. Elles mutent au grés des besoins des Hommes.
Création de petite lagune dans la rivière
Dans un creux naturel de la roche, quelques galets et pierres sont piégés. La force de l’eau les mets en mouvement.
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Au fil des années, le creux s’agrandit, par l’érosion de la roche par les pierres.
Une lagune s’est formée.
Le rio Zela et ces affluents
Moulins Moulins Prise d’eau dans la rivière
Sens d’écoulement des eaux.
Sources, puits, moulins, écoulement des eaux d’après la carte militaire de 1945. Ces données sont absentes des actuelles cartes du territoire, pourtant elles sont des données extrêmement importantes pour le développement de celui-ci mais aussi pour sa gestion.
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En quittant la rivière, sous les pins et les eucalyptus, les rochers, donnent l’espoir de découvrir des traces, des ruines.
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Plateau de Portelo
Mont du Castelo
Plaine de Portelo Mont du Lafão
Portelo est un plateau agricole qui semble flotter entre le mont du Lafão et le mont du Castelo. Une grande ouverture plane, au vert tendre, entre deux géants boisés d’un vert sombre. Le plateau est traversé par plusieurs affluents du Zela, qu’ils rejoignent à l’Est en traversant des terres en terrasses. Espace rare dans un milieu accidenté, les terres de ce plateau sont reconnues pour leur valeur agronomique. La terre est différente, elle est de couleur orangée, certainement issue d’une roche schisteuse, alors que dans le secteur la majorité des roches sont granitiques. Quelques parcelles sont encore plantées de choux et de haricots, mais la plupart sont en foin ou en maïs pour alimenter le bétail ou bien sont en friche. Pour limiter l’enfrichement certains propriétaires ont commencé la plantation de vignes ou d’oliveraies, pour leur propre consommation. Les parcelles en bord de plateau sont les premières à être délaissées, elles s’enfrichent et se boisent. Ces parcelles sont plus accidentées que les autres et de plus petites dimension, rendant leur mise en culture plus difficile. Comme la forêt, les espaces agricoles sont aussi habités de nombreuses histoires fantastiques. Au détour d’un mur, elles émergent... On raconte qu’un jour un homme rencontra une moura, qu’il aida. En retour de son aide, elle lui offrit une ceinture. Il ne devait raconter à personne comment il avait obtenu la ceinture. En retournant aux champs, il raconta à un villageois son aventure. Avant de se remettre au travail, il mit la ceinture autour du tronc d’un olivier, imaginant déjà sa femme la portant. En se retournant, pourvoir l’effet de l’accessoire, la ceinture s’était transformée en serpent... Les habitants connaissent de nombreuses histoires qui se déroulent dans des décors que l’on peut rencontrer sur le territoire de Vouzela.
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Terre dorée, la roche est différente, surement schisteuse.
La plaine de Portelo bordée de boisements, on aperçoit le Gamardo à gauche.
Le plateau de Portelo, agricole, s’enfriche par ses franges.
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Portelo fut un plateau habité, il reste du noyau villageois quelques ruines, dont seuls les paysans locaux connaissent la localisation. La cause de la désertification de ce village m’est inconnue. Aujourd’hui, les seuls habitants sont les campeurs qui viennent s’installer au camping municipal pour les vacances, parfois depuis plusieurs années, ils viennent en quête de calme et en profitent pour explorer les environs.
Au bord du plateau, en fond le Gamardo, à gauche le mont du Castelo, derrière nous le Lãfao .
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Parcelle délaissée depuis plus de dix ans, à en juger la taille des arbres. Parcelle délaissée depuis peu envahit par les genêts.
Les pourtours de la plaine de Portelo s’enfrichent peu à peu, les terres disparaissent sous la végétation. S’efface avec elle, le soin de la terre, les murs, l’eau, la connaissance. Le Mont du Lafão s’étoffe, et s’ancre de plus en plus sur le plateau. La perte de sa lecture et de sa compréhension se gomme à mesure qu’il s’étend, par l’avancée des pins.
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Le Mont du Lafão : repère
Portelo
Mont du Lafão
Vila Nova
En prenant la route qui parcourt le mont du Lafão, la vue sur le vallon est obstruée par les pins qui habillent l’ensemble du mont. L’intérêt est captivé par la roche, par tous ces blocs gigantesques, immobiles, en équilibre. On aperçoit, des pierres ne semblant pas avoir été agencées naturellement, offrant des refuges, une pierre ronde en supportant une plate, des marches, très bien taillées pour avoir été l’œuvre de l’érosion, rien n’est prouvé, mais quelque chose ici est différent et la sensation de découverte qui l’accompagne donne le sourire. Le mont du Lafão est un emblème, dont on ne connaît plus la valeur. Pourquoi ce mont, plus que tous les autres ? La question reste ouverte, mais il semblerait qu’il ait été à plusieurs époques possédé par des personnes importantes. Le nom de certaines parcelles en témoigne : “A eira do rei”, “ A laje dos mouros”, la terrasse du roi, la dalle des Maures. Le nom même de Lafão a un fort pouvoir Évocateur. Mais il est difficile de déterminer ce qu’il évoque, à quoi est-ce lié ? Une première évocation, les légendes de Lafões. Elles racontent la fondation de certains villages ou lieux de l’ancien concelho, mais l’histoire de ce mont et de son territoire reste encore à raconter et à découvrir. Sans le bagage culturel, il est difficile de comprendre la valeur de ce lieu. Mais sa forêt de pin (Pinus pinaster), nous emmène dans un monde mystérieux, les chemins qui s’effacent, nous mènent sans savoir où l’on va, rendant l’avancé incertaine. L’esprit divague, les histoires de sorcières s’invitent dans notre parcours. Le chemin arrive face à une batterie d’élevage de poulet, dur retour à la réalité.
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Le sommet du mont du Lafão. Les habitants de Vila Nova, il y a trois ans sont retournés au sommet du mont pour replacer une croix de bois. L’ancienne a été brûlée au cours du dernier incendie en 2002.
Le Lafão a encore toute une histoire à nous raconter. L’Homme habite ce mont et ces paysages depuis des siècles, mais l’histoire de ces lieux reste à découvrir.
Le mont commence à accueillir des structures que l’on ne désire pas ailleurs, mais les désire-t-on vraiment ici ? Sur ce mont qui est un repère...
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Mont du Castelo
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Mont du Lafão
Le Lafão et son frère, le mont du Castelo, vu depuis Silvite. Lafão vient d’un mot arabe qui signifie les deux frères. David Lopes écrit dans un article de la revue Hispanique que Lafões serait le nom donné à deux châteaux frontaliers près de Viseu. source: https://sites.google.com/site/pacosdevilharigues/home/localizacao/historia/patrimonio-cultural/patrimonio-cultural-de-vouzela
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la vallée de vila nova :
seul espace ample sur le chemin du zela
Portelo
Mont du Lafão Corujeira Vila Nova Silvite Casal Bom Sacorelhe
Depuis le Lafão, on aperçoit à travers les troncs, la vallée de Vila Nova. Après un passage étroit et sombre, le rio Zela encaissé et emmuré, traverse la vallée autour de laquelle plusieurs villages se sont implantés. L’arrivée sur cette vallée est marquée par un pont qui franchit le Zela datant de l’époque romaine. La présence de cet élément antique encore emprunté par les voitures, les tracteurs, les piétons, les chèvres, donne la mesure du temps, de la présence de l’Homme sur ce territoire. On comprend que cette vallée va ancrer son histoire, plusieurs millénaire en arrière. Paysage palimpseste, on rencontre tous les âges en le parcourant. Les villages sont la plupart du temps installés à mi-pente, à proximité vers Vouzela des rivières, des ruisseaux et des rus, mais toujours en hauteur par rapport au niveau des eaux. Seuls les moulins jouxtent les eaux. Les villages se sont implantés selon, la disponibilité des ressources, mais aussi en fonction des caractéristiques du terrain, à l’abri du vent, meilleure exposition, situation géographique avantageuse. Les cœurs de villages, aux maisons de granite, se sont étendus. De nouvelles maisons se construisent loin des villages, débutant le mitage des espaces agricoles et des coteaux. Les cœurs de villages sont abandonnés, trop vétustes et coûteux à réhabiliter. Il n’y a pas de politique pour maintenir les cœurs de villages. Les ruines, nous rappellent que malgré la permanence des pierres, les populations sont partis et continuent de partir. Aucune pierre ne tient éternellement... Vila Nova est sur un petit promontoire en surplomb du Zela et sur les prémisses des contreforts du mont du Lafão. En face, Silvite, petit village qui compte une vingtaine d’âmes, formé d’une seule rue qui permet d’accéder au mont da Rapoza et aux villages qui se situent plus haut autour du Zela. Silvite et Casal Bom marquent, au Sud, l’entrée sur la plaine de Vila 86
Mont du Castelo
Village de Vila Nova Plateau de Portelo Mont du Lafão
Rio Z el
a
Rio
Zela Le Zela traverse cette plaine, permettant aux habitants de cultiver ces terrasses. Partout où le Zela passe ou ses affluents, se développe l’agriculture.
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Mont du Lafão
Corujeira Vila Nova Silvite
Casal Bom
Sacorelhe
vers Vouzela
450
Mont du Lafão
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Espace inondable
Nova, où le Zela est rejoint par deux ruisseaux importants. Un d’axe sud-ouest/nord-est prenant source près de Joana Martins et qui nourrit la petite alcôve autour de Figueiras. Un autre, d’axe sud-est/ nord-ouest qui irrigue une autre alcôve autour de Sacorelhe. Ces deux affluents ont ici autant d’importance que le rio Zela. Leur dimension est comparable et l’eau qu’ils cumulent au cours de l’hiver, inonde régulièrement les terres les plus basses de la vallée de Vila Nova, malgré l’encaissement du Zela. Mais les mémoires nous rappellent que cette rivière fut plus dangereuse qu’elle ne l’est maintenant.
360 Rio Zela
Les villages se sont installés en hauteur, hors d’eau, là où la morphologie du terrain était la plus avantageuse.
0
vers Covelo
50
100 m
450
Silvite
89
Les vallées souvent inondables sont occupées par l’agriculture, production de foin, de maraîchage, la plupart sont des parcelles vivrières. Les parties basse de la vallée, sont utilisées pour la production de foin. De manière générale le foin local est reconnu pour sa qualité. Les ouvertures créées en cœur de vallon inondées de lumière sont une bouffée d’air. Entouré de monts, nous sommes dans un cocon. Entre plaines et plateaux agricoles, se déroule la vie quotidienne. Les habitants, toujours afférés, sont pourtant accueillants.
vers Vouzela
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Société qui s’est modernisée, mais où chacun reste paysan.
Culture de foin
Ingénieur à l’usine la semaine, paysan le week-end. Agent d’entretien le matin, paysan l’après-midi. Menuisier à plein temps et paysan à ses heures perdues. Fonctionnaire de 8h30 à 18H00 et de 18H00 à 21H00 paysan. Agriculteur à temps complet, aide soignant avant et après la traite. Boulanger et paysan.
Rare sont les personnes à ne pas avoir les mains dans la terre à un moment de leur journée. Un peuple d’agriculteurs qui doit vivre avec leur temps et donner la possibilité des services modernes aux jeunes générations.
vers Covelo
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Le foin vient d’être coupé, tous les deux jours il sera retourné. Il va sécher pendant quelques jours.
Puis, il est récolté en bottes.
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Les eaux de ces lieux préparent le décor Une succession de plans montagneux Lumière brumeuse Premier acte Il est près de six heures du matin Les tracteurs entrent en scène... Sensation d’estampe1
1. Image sur papier ou vélin obtenue par l’impression d’une plaque de cuivre ou de bois gravée en taille douce et imprégnée d’encre spéciale. Estampe chinoise
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Aux abords des villages, se déploie des terrasses agricoles, qui persistent formant autour des villages des clairières. Ces clairières mettent à distance les espaces boisés de plus en plus nombreux. La mise en culture des terrasses est permise par une gestion de l’eau fine. Les terrasses accueillent une agricultures vivrière de proximité pour les habitants, qui s’efforcent année après année de maintenir le plus d’espace cultivé possible, pour s’alimenter mais aussi pour leurs animaux.
vers Vouzela
Les espaces façonnés et domestiqués par les terrasses et les canaux produisent la singularité de ce site. Ces structures œuvres de plusieurs siècles de labeur sont importantes dans l’existence de ce site. Leur ingéniosité permet à ce vallon de profiter d’un sol stable dans un environnement où chaque pierre et goutte d’eau sont en mouvement.
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Culture en terrasse
vers Covelo
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Parcours de l’eau jusqu’aux parcelles de la vallée de Vila Nova
Les eaux Torrents, résurgences, ruisseaux, rivières, fleuve. L’eau a été un moteur dans cette vallée, on la retrouve sous différents mouvements : L’eau filante, dans les rus ruisseaux et rivières. L’eau en attente dans des bassins. L’eau dissimulée, révélée par les puits et forages.
L’eau vient des crêtes, par de multiples filets d’eau, rus et ruisseaux. Elle s’accumule pour former la rivière...
Quittant sa forme naturelle elle est emmurée par l’Homme
Le Zela emmuré traverse la plaine et autour de lui, les choux, les oliviers, les orangers, les citronniers, le foin, occupent au printemps, les terrasses et la plaine.
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L’eau est prise à la rivière et conduite dans des canaux, souterrains, aériens ou elle est canalisée.
Toutes ces eaux sont duelles. Abondance, opulence d’eau, en hiver. Une vraie réjouissance de voir l’eau s’écouler des plus petits interstices entre les pierres et couler à flots sous les ponts. Invisible, évaporée ou stagnante l’été. Les populations sont vigilantes, de nombreux dictons permettent de prévoir si les années vont être sèches ou non. Le système de gestion de l’eau est complexe et fin pour guider l’eau par de multiples canaux afin d’irriguer toutes les parcelles. Un travail de brute que de tailler la pierre et à la fois de génie pour gérer les pentes sur des centaines de mètres. La précision des gestes pour guider l’eau à la houe, pour irriguer les cultures. Geste, que l’on apprend dés le plus jeune âge.
Quand les tours d’eau le nécéssite, l’eau est stockée dans des bassins, en pierre ou en béton. Quand le besoin se fera sentir, il suffira d’ouvrir le bassin.
L’eau glisse à la surface de la terre comme une caresse.
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Canal
Future plantation de courgettes... Pour le moment le sol est préparé afin de permettre l’arrivée de l’eau par les canaux.
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Espace de culture
L’arrosage se fait à la houe, des gestes sans cesse répétés avec humilité mais en liens avec le monde.
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La culture de chou-cavalier ou cove galega
Ces terrasses jouent un rôle invisible des plus cruciaux: la retenue de l’eau. Il pleut dans cette région en moyenne 2000 mm d’eau par an, pluviométrie similaire à celle du département du Gard, où en 2016 des inondations ont provoqué de grands dégâts. Un rôle primordial en vue des villes qui se sont développées en aval le long du Vouga. L’abandon de ces structures ou l’implantation de bois sur ces supports fragiles, mettent en danger les populations en bord du Vouga, mais aussi celles du vallon du Zela. Un savoir-faire remarquable est en train de se perdre et avec lui ces paysages. Aux yeux des jeunes générations, la valeur de ces structures reste à prouver. La tendance est à bétonner les murs plutôt que de les faire en pierre sèche. 100
La culture de pomme de terre
La disparition des paysans est le premier facteur de mise en péril de ce patrimoine culturel et immatériel par le savoir-faire qu’il représente. Le système de terrasses est accompagné par un système de canaux qui permet l’irrigation de chaque parcelle. Ce système fait partie intégrante de la structure même de maintien de la terre. Chaque terrasse était bordée par des pieds de vigne, servant à la foi de garde-corps le long de la parcelle, mais aussi à la production de raisins pour la fabrication du vin domestique. La diminution de l’utilisation des surfaces agricole, conduit certains propriétaire à planter des boisements sur ces terrasses, les mettant en péril. 101
Mont du Castelo
Plateau de Portelo
vers Vouzela
Les espaces boisés, descendent de plus en plus dans les vallées. S’approchant chaque fois plus des habitations, des espaces économiques. Cette avancée met en péril les espaces de vie, car avec elle vient le risque de l’incendie qui chaque année brûle plusieurs hectares et des centaines d’habitations. Peu de chose sont mise en place pour faire face à ce risque... À commencer par une gestion forestière adequat.
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Les forêts descendent dans la vallée
Village de Vila Nova
Mont du LafĂŁo
vers Couvelo
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Plusieurs typologies de boisement sont présentes : La pinède présente une majorité de pin avec un sous-bois de bruyère et de fougère aigle, une ambiance sèche, mais agréable pour son odeur. Sous nos pas, les aiguilles de pin amortissent la marche. Le pin est utilisé principalement en bois de chauffe ou pour l’industrie de pâte à papier. L’eucalypteraie est un milieu aride, très sec. L’eucalyptus est un arbre à croissance rapide avec des besoins en eau et nutriment important. Introduit au Portugal au XIX siècle, cette essence originaire d’Australie s’est très bien acclimatée. Son bois est principalement vendu pour la pâte à papier, dont les industriels tirent un grand rendement. Les boisements de feuillus persistent principalement en milieu rivulaire où la plantation d’eucalyptus et de résineux est contrôlée. On trouve le plus souvent des saules, des chênes, des frênes qui se développent spontanément. Ces milieux sont préservés, les populations y portent peu d’intérêt.
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Ancienne parcelle agricole, devenu spontanément une chênaie près de Adsamo. La complicité entre le bassin et l’arbre, la spontanéité et l’utile.
Pinède au sommet du Lafão, régénérée après le passage du feu.
Eucalyptus sur roche
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Le pincement d’Ânsara
Effacement du monumental
Ânsara
Covelo
Quand on continue à remonter le Zela, en amont de Silvite et Casal Bom la vallée se resserre. Cette sensation est renforcée par le boisement des coteaux. Le Zela disparaît à nouveau, comme s’il avait une autre vie à vivre loin des regards. Les habitants de Ânsara se sont installés plus haut, au-dessus de la rivière. Ils profitent ainsi de la vue sur le mont du Lafão et sur la vallée. Des cultures en terrasses ouvrent le vallon de Ânsara jusqu’au Zela, domestiquant sa rive gauche très abrupte. Au bord de la rivière, un vieux moulin, point de passage obligatoire pour traverser de la rive d’ Ânsara à celle de Covelo. Autour de ce village, la multitude d’affluents et leur ressemblance au Zela, nous trouble. Un affluent du Zela qui prend ses sources autour de Joana Martins est aussi appelé rio zela par les habitants de Joana Martins… Localement, il y aurait deux rivières du nom de Zela et elles se rejoignent en amont de Covelo. Un habitant m’a garanti qu’il n’y avait qu’un seul Zela et qu’il venait d’Adsamo. Pourtant son affluent zela, lui ressemble. Peutêtre serait-il un peu arrogant et moins réservé que le Zela, surement dû au gigantesque viaduc autoroutier qui le franchit. Cette multitude de ruisseaux et la confusion qu’ils créent nous indiquent une perte de connaissance de ce qui compose le territoire, mais surtout l’importance de chaque ruisseau. Leurs dimensions sont similaires, ainsi que les paysages qu’ils produisent. Les habitants qui travaillent encore la terre, malgré la perte du nom de ces ruisseaux, leur portent de l’intérêt et de l’affection, même si celle-ci disparaît à mesure que les habitants-paysans disparaissent. Les ruisseaux permettent, certes, l’irrigation par des systèmes hydrauliques mis en place par les paysans, mais c’est un système réversible : de la même manière qu’il permet l’irrigation, il permet aussi l’évacuation des eaux pendant de forte pluie. Les paysages de terrasses et de ruisseaux que l’on découvre sont plus qu’un outil agricole ou de beaux paysages, se sont des systèmes complexes, pour permettre la vie dans ce milieu brut et hostile, de 106
Village dans la pente, Ânsara, soutenu par des terrasses cultivées.
450
Ânsara
0
50
Covelo 450
360 Rio Zela
Arrivée à Covelo, le Zela est sous nos pieds, les terrasses lui ouvre un petit passage discret.
100 m
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Le Viaduc de l’autoroute A25 donne la mesure de la vallee.
La vallée s’éfface sous la végétation
pierre et d’eau. Ce système a permis de retenir la terre grâce à la pierre et de rendre cette terre fertile grâce à l’eau, une eau qui est maintenant lissée, on contrôle son débit. Elle est passée d’un régime torrentiel à une eau calme qui se répand lentement à la surface de la terre comme en la caressant. Cette eau, douce, respecte cette terre fragile et légère, qu’une eau déferlante emporterait. C’est en suivant le Zela, en s’immisçant dans ses vallons les plus étroits que l’on prend réellement conscience du rôle principal de la pierre et de l’eau, qui sont indissociables dans le maintien et la production de ces paysages de terrasses qui caractérisent tout le Vallon du Zela. Le Zela disparaît à nouveau, il longe des ruines, certainement un ancien village, il sera seul pour passer l’IP5 et l’A25, deux grandes infrastructures routières qu’il affrontera sous une épaisse végétation. 108
Les usages paysans de pâturage co-habitent avec le viaduc, infrastructure moderne et vectrice de la rapidité du déplacement.
En parallèle à la vie, il y a l’oubli. Des lieux sont entrain de disparaître peu à peu et les fondations de ces paysages avec eux. Les murs commencent à s’éventrer...
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La naissance, Adsamo l’ouverture sur le pays de Lafões
Adsamo village au passage d’un cole
Adsamo
Mont Abas
Adsamo Mont Abas
La serra est le point le plus haut du territoire, roche nue soumise aux vents parfois violents, les tores dominent la végétation est basse. Elle est principalement composée d’herbacées, quelques genêts jaunes et blancs se sont installés plus à l’abri du vent. Le village est entre deux monts qui le protègent des vents dominants venant du Nord-Ouest ou du Sud-Est par les monts. Le paysage est sec ou vert. Les bergers amenaient leurs troupeaux sur ce sommet assez tôt dans l’année pour qu’ils pâturent ces terrains difficilement exploitables autrement. Les bergers profitaient des panoramas dont ils sont maintenant nostalgiques. La serra, elle aussi est délaissée, les troupeaux ont disparu et le peu de bétail que quelques éléveurs ont, reste le plus souvent à l’étable. Les éoliennes ont remplacé les chèvres et les vaches. Adsamo est aux portes du Parc éolien ( qui procure beaucoup de fièreté aux populations locales) mais aussi aux portes de la Serra du Caramulo. Ce village a une situation stratégique, qu’il faudrait davantage mettre en avant.
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Mont Abas
Village d’Adsamo
Le Zela
Bien loin du Vouga, le Zela prend source au pied du village d’Adsamo, grâce aux divers petits rus qui viennent l’alimenter. D’ici, il est loin d’imaginer, les roches qu’il va affronter, les monts qu’il va rencontrer, les paysages qu’il va créer. Sait-il qu’il va rencontrer le Vouga, et que de leur rencontre naîtra Vouzela, la ville à la confluence entre le Vouga et le Zela ?
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Paysage de contemplation, on reçoit le soleil de la même manière que la pierre, sans pouvoir s’en cacher. On subit le vent sans pouvoir s’en protéger. Pourtant, on ouvre les bras, on lâche prise et on se laisse porter par lui. La serra, c’est la solitude au plus haut de ce monde. Une grande liberté ou un grand désespoir, chacun la vie à sa manière.
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Une fois arrivé à ce village, après cette ascension, les paysages et les rencontres nous aurons appris que l’Homme occupe ce territoire depuis plusieurs millénaires. Sa manière d’habiter l’espace est humble et son outil le plus important est l’humilité. La vallée du Zela et plus largement le concelho de Vouzela, existe grâce aux Hommes qui l’habitent et qui le maintiennent depuis plusieurs millénaires. Les vocations de ce territoire semblent avoir peu évolué, ce qui a changé ce sont les pratiques, le rapport de l’Homme à son territoire. L’Homme s’est un peu accoutumé au bon fonctionnement du système en place: la retenue de la terre par les murs en pierre sèche, la conduite de l’eau, des terres fertiles, des espaces ouverts, mais ce système nécessite d’être entretenu pour qu’il reste vertueux.
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En parcourant ce territoire nous avons rencontré des lieux, particuliers, qui caractérisent la vallée du Zela, qui nous parle de son histoire et des ses habitants. Nous avons rencontré des lieux, mais aussi des états de ces lieux. Des états, d’abandon, d’oubli, d’enfrichement, d’éboulement, autant de symptômes d’un territoire égaré dans un entre deux : entre la gestion ancestrale fine et les nouvelles sources économiques pas toujours adaptées au territoire et ses contraintes. Contraintes morphologiques, des terrains accidentés, des accès restreints, des contraintes climatiques de plus en plus fortes, avec des années qui se présentent de plus en plus sèches, contraintes de gestion de la ressource en eau et où sommeille toujours le risque du feu. Il y a de vraies contraintes non négligeables, mais l’Homme s’est toujours adapté à ce territoire. Il a toujours intelligemment trouvé le moyen de vivre ici en gérant au mieux les ressources. Gérer les ressources c’est s’adapter, l’Homme doit constamment s’adapter. Ici, s’adapter passe par : reconnaître les savoir-faire et connaissances ancestraux adaptés au territoire, reconnaître l’importance de la pierre en tant que matière première grâce à laquelle on peut modeler le territoire, reconnaître les caractéristiques du territoire, adapter l’agriculture et les productions à celle-ci. Les enjeux pour que ce territoire perdure, sont là, dans la reconnaissance de ce qu’il était mais surtout l’orienter sur ce qu’il sera dans le futur.
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Dévoiler le système du vallon du Zela
Vouzela
Monte Cavalo
Caritel
Mont du Castelo
Vilharigues
Mont du Lafão
Mont du Gamardo Ventosa Quintela
Corujeira
Touça
Vila Nova Fragueira
Paços
Silvite
Ventosa
Figueiras
Casal Bom
Sacorelhe Ânsara
Covelo Casal de Ouzenda
Mont Pena
Mont Modonas
Joana Martins
Adsamo
Carte réalisée aux crayons de couleurs sur calque, à partir de la carte militaire, de l’ortho-image et des relevés in situ lors de visites de terrain.
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Mont Abas
Ces quatre actions qui s’ajoutent à celles définies dans le plan programme du PNLV-C, ont vocation dans un premier temps de réimpliquer les habitants dans la transformation de leur territoire. En s’appuyant sur leurs modes d’habité, ils permettent de révéler des lieux, des modes de cultures, pouvant être divulgués et raconter aux visiteurs parcourant ce territoire. L’ensemble de ces actions doit permettre d’élaborer une stratégie territoriale durable pour accompagner les futures transformations du PNLV-C, à court , moyen et long terme. Les quatre actions, proposées ici n’ont pas pour objectif d’aménager le territoire, mais de déterminer une feuille de route avec des outils potentiels pouvant être facilement mis en œuvre. Elles se localisent sur des portions du territoire mais sont des actions types pouvant être reportées à d’autres lieux pas encore identifiés.
❶
Révéler la structure La pierre compose les murs qui structurent ce territoire et ses paysages. Ils nécessitent une reconnaissance en tant patrimoine matériel.
❷
La nécessité agricole, a permis les mutations du site, cette activité justifie toute les modifications du site. Par cette activité il sera possible de maintenir les structures et donc les paysages. Pour cela il est nécessaire d’adapter le type d’agriculture au territoire et faire de nouveaux choix de culture qui seront adapter au climat et à la structure.
Expension des espaces agricoles accompagné d’un recul des masses boisées.
❸
Sites remarquables
500
Morphologie remarquable
1000
1500 m
Valoriser des lieux remarquables Reconnaitre ce territoire nécessite d’en définir ses particularités, ses valeurs. Cela passe par la reconnaissance de sa morphologie spécifique pour faire émerger des lieux, qui permettent de raconter le territoire et de le rencontrer.
❹
0
Cultiver la forêt
Redécouvrir des savoir-faire et connaissances Les savoir-faire et connaissances doivent être dans un premier temps reconnus comme patrimoine culturel et immatériel pour être ensuite divulgués. Afin de les reconnaître mais aussi de reconnaître l’importance des personnes qui les détiennent. Avec cette reconnaissance, le territoire retrouvera ses valeurs. Cela permettra aussi de replacer la au centre du développement du territoire en s’appuyant sur leurs expériences et savoirs. 117
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Révéler les paysages Considérer
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❶
Révéler la structure La pierre compose les murs qui structurent ce territoire et ses paysages. Ils nécessitent une reconnaissance en tant patrimoine matériel.
La reconnaissance des murs en pierre sèche qui structurent le territoire, nécessite une communication avec les populations pour leur faire prendre conscience de leur patrimoine. Cela nécessite aussi des fonds et des savoir-faire pour aider les populations à entretenir et restaurer les murs. Le PNLV-C devrait porter ce regard et cet intérêt pour les murs en pierre sèche, qui sont à la base des paysages caractéristiques du territoire. Pour ce faire quelques actions sont à envisager: 1. Création d’une commission spécifique à ce type de patrimoine au sein du PNLV-C. 2. Réaliser un inventaire des linéaires murés ( murs de soutènement des terrasses et murs en pierre-sèche). 3. Création d’aides publiques ou crowfunding ciblées pour la réhabilitation et la rénovation des structures les plus abîmées. 4. Envisager l’acquisition de certains linéaires ou de parcelles en terrasses; les plus délaissés ou qui seraient jugés d’utilité publique (structure du territoire, gestion et préservation des ressources). Exemple en France: droit de préemption dans les espaces naturels sensibles, DUP travaux, le Conservatoire du Littoral a ce type de droit ( cf. :ENS). 5. Mener une sensibilisation auprès des populations concernées. Des formations peuvent être proposé aux populations en lien avec des associations et des personnes détenant des savoir-faire nécessaire à l’entretien ou la reconstruction de ces structures en pierre.
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ReconquĂŞte agricole du vallon du Zela
Vila Nova
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Cultiver la forêt La nécessité agricole, a permis les mutations du site, cette activité justifie toutes les modifications du site. Par cette activité, il sera possible de maintenir les structures et donc les paysages. Pour cela il est nécessaire d’adapter le type d’agriculture au territoire et faire de nouveaux choix de culture qui seront adaptés au climat et à la structure. 1. Cartographier les domaines forestiers relevant du régime privé ou publique. 2. Créer une réserve foncière, achat de parcelle(s) dans un but d’utilité publique. 3. Définir les parcelles forestières à préserver, relevant de la filière bois ou de la filière touristique et leurs objectifs mais aussi les parcelles à supprimer pour la mise en sécurité des habitants : - La filière bois: redéfinir si elle est productive ou d’agrément ? Quelle filière bois ? Quelle certification ? - La filière touristique: définir des sentiers, communication sur le système forestier portugais, parcelles expérimentales - Suppression de certaines parcelles permettant de rétablir un périmètre de sécurité autour des habitations, qui pourront aussi permettre une reconquête agricole du territoire.
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4. Gestion et usages des parcelles privées et publiques: - Gestion pastorale et sylvicole - Débroussaillage - Mise à disposition contractuelle de terrains à des agriculteurs ou groupe d’habitant 5. Une gestion pour faire quoi ? Création de parcelles collectives avec une association, gestion des lisières, production en circuit court, vergers collectifs.
Terrasses recultivées Espace de patûrage
vers Vouzela
vers Covelo
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Valoriser des lieux remarquables Pour reconnaître ce territoire, cela nécessite d’en définir ses particularités, ses valeurs. Cela passe par la reconnaissance de sa morphologie spécifique pour faire émerger des lieux, qui permettent de raconter et de rencontrer le territoire en s’appuyant sur les paysages créés par le Zela. 1. Cartographier des lieux remarquables partagés par tous. 2. Rendre perceptible la divagation du Zela (pincements, élargissements) avec les infrastructures qui l’enjambent. 3. S’appuyer sur l’occupation historique du site pour offrir de nouveaux points de vue sur la vallée du Zela. 4. Définir les actions à mener pour rendre perceptible ces lieux remarquables.
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Le viaduc de la A25 devient un élément bâti qui révèle la vallée du Zela. Quelques actions sont nécessaire pour découvrir ce lieu: 1. Définir le sentier et sa signalétique pour découvrir le lieu. 2. Mise en pâture des abords du chemin existant, pour le débroussailler et l’entretenir. 126
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La contextualisation des formes d’habitats ancestrales permet également de découvrir la vallée de Vila Nova. 1. Repérage à l’échelle du concelho des habitats ancestraux ( néolithiques, villages abandonnés) en s’appuyant sur des études archéologiques ( en cours d’élaboration). 2. Déboiser certains versants, talus ou parcelles afin d’ouvrir les perspectives sur la vallée agricole et la forêt da Penoita. 128
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Redécouvrir des savoir-faire et connaissances
Les savoir-faire et connaissances doivent être dans un premier temps reconnus comme patrimoine culturel et immatériel pour être ensuite divulgués. Afin de les reconnaître mais aussi de reconnaître l’importance des personnes qui les détiennent. Avec cette reconnaissance, le territoire retrouvera ses valeurs. Cela permettra aussi de replacer les habitants au centre du développement du territoire en s’appuyant sur leurs expériences et savoirs. Cette démarche s’appuie une démarche d’inventaire et de communication. 1. Faire un inventaire des connaissances liées à la gestion ancestrale du territoire: gestion de l’eau, construction de murs en pierre-sèche, entretien des ces structures, moulins.
2. Créer des évènements thématiques autour de ces savoirs et connaissances: rencontre pour nettoyer la rivière et des canaux, journée de restauration des moulins, journées pédagogiques, ect.
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L’élaboration de la carte des paysages m’a permis de rentrer en détail dans le territoire d’étude. Cette carte est pour moi, le point de départ pour établir un dialogue entre le PNLV-C, les habitants, les associations, les acteurs économiques qui façonnent le territoire du Zela depuis des millénaires. L’objectif étant de les faire rentrer dans une démarche projectuelle rassemblant des questions environnementales, d’habitat, de cadre de vie et de paysage. Ce diplôme est une expérimentation et un début de ma vision du paysagiste. Ma démarche et mes constatations s’appuient sur la consultation des habitants, elle est pour moi primordiale, car la mise en mouvement, possible du territoire viendra d’eux. Leurs décisions, leurs actions ou inactions vont impliquées d’autres populations en aval. Cela m’a permis d’élaborer des outils prioritaires, à une échelle plus locale au vu de l’élaboration d’une stratégie à l’échelle du territoire de PNLV-C. Cette stratégie implique de considérer les populations qui vivent en bords du Vouga et qui dépendent de la conscience des populations du concelho de Vouzela et des autres concelhos en amont. D’où l’importance de s’intéresser à ces territoires reculés, qui sont des réservoirs à l’échelle de la Vallée du Vouga. Le projet de paysage devient un outil permettant de fédérer les habitants autours de sujets partagés. Ils redeviennent acteurs des transformations, attachées aux origines et à l’histoire du territoire.
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Sous une pluie obscure Entre le printemps et l’hiver Séparé de la roche mère Embarqué par une foule sans pouvoir m’en défaire Par un matin printanier Ébloui de lumière Découverte d’un monde Domestiqué, organisé Les pierres tiennent la terre Les pierres guident l’eau L’eau humidifie la terre Abondance verdoyante Écrasant été orageux L’eau évaporée Camaïeu doré Sommets en feu Couleurs humide d’automne Brouillard odeur fumée Le déluge m’emporte J’aurais souhaité rester
Prise dans un torrent
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Le feu est passĂŠ pendant la nuit du 15 octobre 2017...
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Bibliographie « Nus et paysages », Alain Roger « Paysage de terrasses », Régis Ambroise, Pierre Frapa, Sébastien Giorgis , 1993 « De l’origine de l’oeuvre d’art », Martin Heidegger « Le parti pris des choses », Francis PONGE « Le goût du Monde », Jean-Marc BESSE « Par-delà Nature et culture », Philippe Descola « Minas da Bejanca, historia(s) de terras e gentes », Fernando Manuel Vale ed. Municipio de Vouzela « L’écologie des images », Ernest GOMBRICH « Mouvance 70 mots pour le paysage», Augustin Berque « Trinta árvores em discurso directo», António Bagão Félix « Lendas de Lafões», antologie, 1997. « Carta arqueológica do concelho de Vouzela», Jorge Adolfo de Menese Marques « Vouzela património cultural, olhares sobre a ruralidade», João Cosme « Património natural, arvóres e florestas do concelho de Vouzela», ed. Municipio de Vouzela « La biorégion urbaine, petit traité sur le territoire comme bien en commun», Alberto Magnaghi « Caracterizaçao da flora vascular e do padrao e dinâmica da paisagem na Serra do Caramulo. Analise do estado de conservaçao de taxa prioritarios » Thèse Pedro Miguel da Costa Ribeiro 2006, Departamento de botânica faculdade de ciencias e tecnologias de Universidade de Coimbra.
Filmographie Histoire du Portugal : https://www.youtube.com/watch?v=rrV_m2YtjZY https://www.youtube.com/watch?v=0ZZC6BTgrFE https://www.youtube.com/watch?v=5idd0sJE5NQ «A Luz vem do Alto» Henrique Campos, 1959
Revues Gazeta da Beira Notícias de Vouzela
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Remerciements L’aventure TPFE nous amène à des rencontres. Des rencontres qui nous aide à avancer dans nos recherches, mais aussi à se trouver soimême dans le métier de paysagiste, à affiner nos réflexions et parfois redéfinissent nos envies, nos objectifs. Je remercie Claude Chazelle pour sa disponibilité, son encadrement exemplaire et sa vision paysagère. Je remercie la Câmara municipale de Vouzela pour son soutien et pour les pastéis de Vouzela, son Président Mr.R.Ladeira, Leonor Bandeira, Renato Rebelo. Merci au membre de mon jury, Catherine et Manuel Duveau, JeanPierre Clarac, et Filomena Vilafanha, merci à vous pour vos remarques éclairées. Merci également aux personnes que j’ai pu rencontrer au cours de mes visites, Jaime et ses voisins, la dame aveugle d’ Ânsara, le monsieur aux chèvres à Covelo et sa fille, la dame inconnue, mais qui tombait à point près de Joana Martins, l’éleveur de vache à Adsamo, le retraité et ses brebis à Fornelo do Monte, et tous ceux que j’ai croisé et que j’aurai pu omettre. Merci à ma famille, mon oncle Carlos et ma tante Lina pour leur hébergement et leur compagnie, ma marraine Lucia, mon parrain José pour leur repas délicieux et une place au coin du feu avec ma cousine Carolina et mon cousin Fernando. Merci à mon oncle Antonio et ma tante Belmira et leurs enfants mes cousins qui sont trop nombreux, ma tante Joaquina et ma cousine Rosa, mon oncle Armando, Rosa, Elisabeth, Pedro, Merci. Merci également à la dame au vélo, Lourdes pour sa bonne humeur. Pour finir merci à mes parents et mes frères qui m’ont toujours soutenu pendant toutes ces années d’études.
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