MAGAZINE CONGO BUSINESS NUMÉRO 9

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DOSSIER : DIASPORA CONGOLAISE LES LEADERS D'AUJOURD'HUI Siméon NDAYE Ursule AKATSHI Denis BANGALA Christian N’SENGI Guy MUSHSAGALUSHA

Afrique Monde : DIASPORA RENTRER OU RESTER REPATS

INTERVIEW EXCLUSIVE :

Patricia NZOLANTIMA Directrice Directrice Générale Générale de de EXP-Comuni’cart. EXP-Comuni’cart. L’ENTREPREUNEURE L’ENTREPREUNEURE SOCIALE SOCIALE Numéro 09. Février - Mars 2018.

Vol.3 Numéro 09 Févriér 2018 ISSN : 2368-9420 - 23689439

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CANADA 5$ / USA 3.90$ / AFRIQUE 7000FC / EUROPE 3€

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Congo Business. Janvier 2018

Magazine Congo Business : RD-Congo : 13 avenue Lubefu Gombe Kinshasa RD-Congo Canada : 4890, Arthur, DDO H9G 2M8 Québec. Tél. Canada : +1 514-546-5643 Tél. RDC : + 243 820 023 771 info@magazinecongobusiness.com www.magazinecongobusiness.com

ÉDITEUR Lawrence KITOKO-LUBULA

DIRECTRICE DE LA RÉDACTION Madeleine MBONGO MPASI

DIRECTRICE DE LA PUBLICATION Bolundu RISASI L.

DIRECTRICE MARKETING Noella MBUYI N.

DIRECTEUR DE VENTE Rabby BOKOLI

COORDONNATRÏCE DE LA RÉDACTION Charlotte MUTOMBO UMBA

SECRETAIRE DE LA RÉDACTION Fohony BAHATI Milolo KITOKO

42 PERSPECTIVE

Le Global Business: Analyse et Perspectives

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RÉDACTION Charlotte MUTOMBO UMBA Cédric LONGANGE Léontine MAFUTA Madeleine MBONGO MPASI Léontine MAFUTA Patrice NGELELE Talents 2 Africa

ÉDITORIAL Prof Madeleine Mbongo Mpasi DIASPORA CONGOLAISE : NOUVEAU DEPART

44 AFRIQUE & MONDE

Diaspora et retour en afrique : temoignages de cinq femmes « repats »

6 DÉCIDEURS

DESIGN

Patricia NZOLANTIMA Une jeune femme congolaise qui croit en la vision de l’Afrique

Djane-Kate MINKABU LOZOLO

IMPRESSION & DISTRIBUTION Yolo Communications

CREDITS PHOTOS Shutterstock - Istockphoto - Yolo-Images ISSN 2368-9420 imprimé ISSN 2368-9439 en ligne

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EDITORIAL

Diaspora congolaise: Professeur Madeleine Mbongo Mpasi

nouveau départ par Professeur Madeleine MBONGO MPASI

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a diaspora est aussi vieille que la Bible. Elle concerne toutes les dimensions de la société. Il est utile d’en parler, sur le plan managérial du pays. La diaspora congolaise fait rêver. Elle est omniprésente dans la chanson, pour magnifier l’apparat des Congolais de Paris, de Londres ou de Toronto. On l’évoque souvent sous l’angle de la démesure. Et pourtant, les repères sur la diaspora congolaise restent approximatifs. Combien sont-ils ? Quelle masse d’argent rapatrient-ils ? Un vice-ministère a été créé depuis 2007, mais les statistiques demeurent lacunaires. Il faut l’évaluer cette diaspora par rapport aux autres. Les Congolais émigrent en Europe depuis les années 1950, les enfants des « évolués » étant pris sous la tutelle des anciens colons. Depuis lors, il y a des vagues tous les dix ans : études universitaires (1960-70), asile politique (1970-80), réfugiés économiques (1980-90), regroupement familial (1990-2000), etc. Aucune destination n’est pensée de manière collective. Tout est personnalisé. Toutefois, il existe des traits communs. Le Congo a 9 voisins, seul cas en Afrique. Avec des particularités : Bujumbura ou Kigali sont atteignables en marche à pied. Brazzaville et Bangui sont accessibles à la pirogue. Que l’on ne s’y trompe cependant point ! Les Congolais n’y sont pas souvent les bienvenus. Cependant, entre eux-mêmes il n’y a pas de conscience de groupe. Entre-temps, à Bruxelles le quartier Matonge perd

progressivement ses couleurs congolaises. En politique, les Congolais naturalisés Belges peinent à se positionner dans des assemblées électives. L’espoir aurait pu provenir des enfants nés des parents Congolais. Or, ils reproduisent les carences d’organisation de leurs géniteurs. Certes, un fin travail de recrutement du coach de football Florent Ibenge a redonné confiance aux jeunes Congolais par rapport à leur patrie. C’est au pays que l’on ressent plus clairement la vacance des postes. Mais l’exemple n’a pas étendu à tous les autres domaines : commercial, technologique, culturel, etc. Dans une conférence du 29 janvier 2014 portant sur les « Quarante ans de mutations économiques en Haïti », Pierre-Marie Boisson disait que le rôle de la diaspora doit dépasser « une aide que des pauvres envoient aux pauvres ». L’argent de la diaspora est un transfert de capitaux, ses projets sont des pré-études de prospection, etc. La diaspora n’est qu’une sorte d’extra-territorialité de la production de la richesse par les enfants du pays. A condition de lui enlever l’aspect cosmétique qui fait la différence entre une fertile diaspora et les « diaspourris ». selon la télé-réalité de Tshitenge Nsana en 1978 intitulée « Diasa-Diasa ». A la suite de la victoire militaire de Laurent-Désiré Kabila, plusieurs Congolais de l’étranger sont revenus offrir leurs services. Mais peu ont été efficients. Un nouveau départ s’impose donc.

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Patricia NZOLANTIMA Directrice Générale de EXP-Comuni’cart. L’ENTREPREUNEURE SOCIALE

Une jeune femme congolaise qui croit en la vision de l’Afrique.


DÉCIDEURS INTERVIEW Nous vous remercions pour votre disponibilité afin de vous livrer à cet exercice. D’entrée de jeu, qui est Patricia Nzonlatima ? J’avoue que c’est souvent compliqué de me définir moi-même. Par ailleurs, je dirai que Patricia Nzolantima c’est une jeune congolaise qui croit en la vision de l’Afrique. C’est ainsi que je me définie. Je n’aime pas trop m’étaler personnellement sur moi-même. Mais je me considère comme une optimiste, une personne qui a une vision de pouvoir apporter un plus dans le quotidien non seulement des congolais mais également des africains. Donc je me définie beaucoup plus comme une panafricaine. Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage, et puis est retourné, plein d'usage et raison…Après vos séjours à l’étranger, pourriez-vous dire que vous avez fait un retour gagnant au Congo ? Oui, oui j’ai fait un retour gagnant au pays. Pourquoi ? Parce qu’au moment où je suis parti, il faut dire que j’ai eu ma licence en droit ici au pays. Cela fait qu’en partant je savais exactement ce que je voulais et je savais clairement bien que je ne pouvais pas passer ma vie à l’étranger. En partant je savais que d’une manière ou une autre j’allais rentrer. En rentrant au pays, après aujourd’hui plus de dix ans, je suis gagnante dans tous les sens du mot et je ne le regrette pas. En dépit de tout ce qu’on peut rencontrer comme difficultés aujourd’hui en Afrique, ma plus grande joie c’est de pouvoir être ici au Congo et surtout de pouvoir investir au pays. C’est très positif de mon côté. En parlant de défis, quels sont les défis auxquels vous avez eu à faire face lors de votre retour au Congo ? Les défis sont nombreux. Je pense qu’il y a déjà la mentalité. La mentalité kinoise, ce n’est pas forcement congolaise, mais kinoise. Cette façon de pouvoir se contenter de peu et de se dire : “ekosala eloko te” ce qui arrive ce n’est pas grave. C’est un peu ça le grand défi. Parce que surtout lorsqu’on est à la recherche de l’excellence, on ne peut pas se contenter d’à peu près. On a une vision un peu plus grande, on a vision de pouvoir se surpasser d’aller loin et de donner surtout le meilleur de soi. Lorsqu’on a en face des personnes qui n’ont malheureusement pas la même façon de voir des choses ça constitue un grand défi qu’il faut relever, essayer d’aider ces personnes à atteindre le niveau que vous voulez qu’ils atteignent de pouvoir aller de l’avant et changer les choses. Donc je dirai

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premièrement la mentalité. Deuxièmement la situation économique du pays. Il faut dire que depuis dix ans, déjà depuis des années le pays la RDC n’est pas assez stable sur le plan économique. Et donc lorsque vous êtes un jeune et de surcroît une jeune entrepreneure qui décide d’investir ce n’est pas évident. Parce que les banques déjà ne croient pas aux jeunes. Je pense, dans les pays francophones, il y a un grand problème dans ce secteur-là comparativement dans les pays anglophones qui ont une facilité. D’ailleurs les statistiques le prouvent aujourd’hui que les entrepreneurs qui réussissent le plus sont ceux de l’Afrique anglophone que ceux de l’Afrique francophone. Vous pouvez avoir toute la bonne foi possible mais si les banques ne vous soutiennent pas finalement vous sortez tout ce que vous avez pour soutenir votre entreprise et si la situation économique n’est pas favorable il est difficile de pouvoir rentrer dans ses marges et même de se donner des objectifs de grandeur de pouvoir aller loin et si possible même de bâtir un empire. C’est difficile lorsqu’on a un système économique qui a beaucoup de failles, qui n’a pas beaucoup d’incitatifs pour les jeunes. De toute façon on s’attend de trouver d’autres alternatives afin de faire tourner la machine. Et puis il y a la main d’œuvre. Du moment où on n’a pas le niveau académique qu’il faut, Il n’est pas toujours évident d’avoir une bonne main d’œuvre. Lorsque vous êtes entouré des personnes qui ne comprennent pas exactement votre vision, ce que vous voulez, l’exigence est prise pour de la méchanceté alors que sans discipline sans exigence vous ne pouvez pas aller loin. La discipline, le niveau académique, l’excellence est difficile à inculqué aujourd’hui à certaines personnes. Ce sont là les défis qu’il faille relever. Vous êtes l’initiatrice des programmes «Élites de demain» et «Le monde de Nyota» En quoi consistent ces programmes ? Élites de demain ou le monde de Nyonta, ça fait partie du même programme. Ce programme est né du souci de pouvoir créer une nouvelle classe des jeunes qui continuerons ce que nous parents ou eux-mêmes auront laissé comme héritage. Aujourd’hui on constate que dans le système scolaire, éducatif il y a une défaillance. Et il fallait créer une nouvelle classe. Avec un système économique si défaillant, les parents choisissent qui de la fille ou du garçon envoyé à l’école. Et le système fait que c’est plus le garçon qu’on envoie naturellement par contre la jeune fille doit se marier. Les parents ne prennent plus en compte la scola-


rité de la jeune fille. Et le monde de Nyota essaie d’y remédier en donnant à la jeune fille les outils pour s’en sortir et être utile à la société. Nous nous sommes dits “Pourquoi ne pas créer un programme de bourse d’études et permettre à la jeune fille d’avoir un cursus scolaire ?” On doit investir dans l’éducation. A travers l’histoire de Nyota je raconte l’histoire d’une fille, je donne des conseils par rapport à l’environnement, à la puberté, à l ’e n g a g e m e n t dans la communauté, à la place de : la vie c’est facile, il faut avoir un copain qui te donne de l’argent, la recherche du gain facile, la passivité qui rend impossible toute sorte d’excellence dans la vie. je prône la méritocratie, objectif génération 2030. Vous avez été lauréate du Choiseul 100 Africa, que représente ce prix pour vous? Ce prix comme tous les autres ce sont des prix qui m’honorent, m’octroient une certaine fierté de faire partie de tout ce monde-là. Cependant, c’est une reconnaissance du travail que nous abattons sur le terrain, responsabilité qui appelle à continuer à exceller dans le domaine de l’innovation au niveau social. Vous avez écrit deux livres, pouvez-vous nous parler de votre livre « La Caravane des portraits » ? C’est une façon pour moi d’honorer les femmes congolaises qui se battent au quotidien avec les difficultés. Et surtout laisser un héritage. La caravane des portraits c’est un portrait de celles qui n’ont pas voulu se comporter en victime mais qui ont pris la décision

de se battre, de subvenir aux besoins de leur familles en lieu et place de l’homme en prenant des risques et parfois même au risque et prix de leur vies. 7. En tant activiste et entrepreneure sociale, quels sont les changements que vous souhaiteriez pour la femme africaine ? L’accès au financement. Ça c’est mon combat. Comment ces femmes vont s’autodéterminer sans formation, sans coaching ? Mon combat c’est vraiment faire en sorte qu’on ait de financement, des formations. Une banque ou un fond d’investissement pour aider les femmes à participer à l’émergence de la classe moyenne. Cette classe moyenne ne va pas émerger sans formation. Il faut qu’il y ait des banques. Je me battrai pour cela, je me bats pour cela, une banque qui sera dédiée à 100% à la femme permettant d’avoir accès non seulement aux formations mais aussi aux financements.

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DÉCIDEURS INTERVIEW Vous avez dit lors d’une entrevue : "le Congo, tout est à faire, tout est à refaire" pour vous qu’est-ce qui est à refaire et qu’est ce qui est à faire ? Il y a tellement. Vous savez je me suis toujours dit que si je me lançais en politique ça sera pour éradiquer l’injustice. Pourquoi parce que ce qu’il y a à refaire, il y a tout un système juridique à refaire, le système économique, le système éducatif, tout est à refaire. C’est pourquoi j’attire toujours l’attention de ceux qui sont à l’étranger. On est dans un système où la mobilité des personnes et des biens est un casse-tête. Le système de transport ne fonctionne pas bien où est inexistant. Le signe banal à prendre comme indice qu’un pays va mal économiquement, regardez son système de transport. Le système de transport au pays tout est à faire. Tout est à faire et à refaire, c’est la mentalité. C’est beaucoup plus le système dans lequel on vit qu’il faille changer. Mon pays c’est un chantier vide. D’après vous qu’est-ce qui manque au Congo pour devenir un pays émergent ? d’après le programme du gouvernement c’est en 2030 que va devenir émergent. Et dans votre livre : le portrait 2030 Ce qui manque au Congo, 80 % c’est une question de mentalité. Comment on peut parler de l’émergence si les enfants ne vont pas à l’école ? Il y a pas La réalité c’est cette fille de douze ans qui ne fait rien aujourd’hui et vous voulez qu’il fasse quoi dans 10 ans ? Quand vous allez dans le secteur public ce sont les mêmes gens qui

sont toujours là. Qui travaillent au papier et stylo. Sans recyclage, on n’investit pas sur la jeunesse. Sans éducation on ne peut pas parler de l’émergence, c’est faux Le système éducatif est à changer. La mentalité commence par l’éducation, la création de l’emploi, 2030 c’est dans 13 ans. C’est celui qui a 10 ans aujourd’hui qui est émergent pour l’an 2030. Faites la projection et vous aurez un portrait de ce que sera le pays en 2030. Selon vous au Congo, y a –t-il un leadership féminin ? Oh Oui, c’est relatif mais je pense qu’il y a un leadership féminin au Congo. Il y a de plus en plus des groupes de femme qui se distinguent, se font remarquer. Oui, il y a un leadership au pays. Comment promouvoir ce leadership féminin en RDC ? C’est comme je viens de le dire, par des formations par des coaching et aussi surtout appendre aussi l’entraide entre les femmes. Vous savez j’aime beaucoup le système anglophone, parce qu’il y a ce côté où nous travaillons ensemble nous gagnons ensemble. Il y a au Congo un système où le leadership en travaillant la main dans la main en aidant celui qui tombe. Ce n’est pas en faisant la guerre les unes les autres qu’on sera forte mais en faisant en sorte que lorsque c’est les femmes qui se lèvent, on les entend. Ça se passe comme ça dans les autres pays surtout anglophone, je pense qu’au Congo ça commence à prendre forme mais c’est encore timide.

C’est un parcourt de combattant. Tellement de combattant que si tu n’as pas de nerfs solides tu abandonnerais. Moi je vous dirai aujourd’hui c’est un parcourt de combattant par rapport ma propre expérience si je n’avais pas des soutiens j’aurai déjà craquée, je peux vous l’assurer par rapport à l’homme c’est dix fois plus difficile. Tous les jours tu es dans un monde de macho, avec la différence, la détermination tu te fais respecter. La confiance en soi n’a pas de concurrent. C’est beaucoup de préjugé, ce n’est pas évident. 12. Pouvez-vous nous décrire le parcours d’une entrepreneure congolaise au Congo ?

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100% NATURELLES 100% NATURAL



DOSSIER

DIASPORA CONGOLAISE

SIMÉON NDAYE Pouvez-vous, vous présenter en quelques mots ?

35 ans, marié à Bethany ( une Américaine qui travaille dans le monde de la finance). Papa d’un petit Garçon, conseiller politique à la Présidence du Mouvement Réformateur et membre de la cellule communication du MR. Né au cœur de l’Afrique dans une famille Congolaise et ayant grandi en Belgique. Passionné de lecture, éternel fan du FC Barcelone et des discours qui ont marqué l’histoire. Qu'est-ce qui vous a donné envie de vous lancer en politique?

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OUS: les gens. La politique est le rendez-vous des aspirations et des espoirs de toute la société. Que l’on soit riche ou pauvre, jeune ou plus âgé, libéral ou conservateur, croyant ou non, ... nous avons toutes et tous des rêves, des besoins et une certaine vision de l’avenir. La politique est le cadre qui rend possible le combat pour vos projets et vos idéaux. J’y suis donc entré naturellement, presque instinctivement. Il est souvent question de discrimination lorsque l'on parle des personnes issues d'Afrique sub-saharienne dans la politique belge.

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tus: « ...Je suis le maître de mon destin, Je suis le capitaine de mon âme ». Les discriminations existent mais les opportunités aussi. J’ai toujours rejeté les limites que certains ont essayé de m’imposer. J’ai toujours refusé d’être assigné à résidence dans le fauteuil du spectateur. En fait, n’est discriminé que celui qui se considère comme tel. N'avez-vous jamais songé à retourner au pays et à mettre votre savoir-faire au service du continent?

En tant que homme, originaire du Congo, quelle est votre expérience sur la question? Je n’aime pas être dans la peau de celui qui subit. Je n’aime pas la position de celui qui se plaint. C’est ma nature. Il y a un vieux poème qui résume bien mon état d’esprit: Invic-

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C e t t e question me pose problème et donc vous faites bien de la poser. J’ai grandi en Belgique, je m’y suis formé, j’en ai adopté la culture et les usages. Quand je parle lingala on se moque de mon accent belge :) Mes amis sont ici, ma famille est ici, je mange d e s frites-mayonnaise et

supporte les diables rouges. « Retourner au pays », c’est ce que je me dis quand je rentre à Bruxelles d’un voyage aux USA. Mais votre question est pertinente car des générations entières de jeunes vivent en Belgique sans se considérer comme belges et tombent dans le piège tendu par ceux qui veulent encore et toujours les renvoyer à une origine ou une couleur de peau différente. Évidemment que les diasporas ont un rôle à jouer dans le développement de certains pays mais il faut savoir « fleurir là ou l’on est planté ». Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez été confrontée dans votre carrière politique? En politique on apprend chaque jour. Souvent de ses propres erreurs. Je suis très créatif et j’aime sortir des sentiers battus. Convaincre de la pertinence des mes suggestions et essayer de fédérer un maximum de personnes autour de mes projets a souvent été difficile. Une autre difficulté est qu’en politique on ne sait jamais ce que pense vraiment un interlocuteur. Avec le temps j’apprends à déchiffrer et à mieux lire entre les lignes. Pourquoi avoir choisi le mouvement des Réformateurs? En Belgique, les partis gouvernent en coalition. Les tendances de droite et de gauche se


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retrouvent souvent au sein d’un même gouvernement. Cela réduit donc la dimension idéologique de l’action politique et force un certain pragmatisme. Ce pragmatisme et cette recherche du bon sens sont les éléments qui m’ont conduit au

MR. Par ailleurs, j’ai été séduit par le discours du MR sur l’émancipation des gens et leur autodétermination. Au nom de la solidarité, d’autres partis ont mis en place des politiques d’assistanat qui ont piégé les citoyens dans une logique de dépendance. Le Parti socialiste a, par exemple, acheter les voix de certaines communautés (dont la diaspora africaine en général) à coups d’aides sociales. Moi je crois plutôt en l’émancipation par l’enseignement, l’emploi et l’initiative. En tant que mandataire politique, que faites-vous pour les Congolais, et quelles sont les actions concrètes que vous pouvez valoriser pour cette

communauté? Rien ou plutôt tout. Je n’ai pas d’approche communautaire dans mon travail. Les congolais de Belgique font partie de la Belgique. Comme tout le monde, Ils ont besoin d’un plus grand pouvoir d’achat, d’un enseignement de qualité, de l’accès à la propriété, d’une sécurité sociale forte et d’une pression fiscale allégée. Pouvez-vous me citer un seul problème qui ne concernerait que les belges d’origine congolaise? Il n’y en a pas. Alors pourquoi mener une politique exclusivement axée sur la communauté congolaise? Ceci dit, certains débats me tiennent à cœur : il faut simplifier l’obtention des équivalences de diplômes étrangers, renforcer le rôle des diasporas dans le Commerce Extérieur et surtout lutter contre les inégalités connues de l’enseignement en Belgique.


Racontez-nous une anecdote. En 2015, Olivier Alsteens, Directeur de Communication m’annonce que je suis désigné pour conduire notre meeting d’été devant plus de 10 000 personnes. Tellement excité, le jour J, je ne retrouvais plus mes notes. J’ai donc dû me livrer à un exercice d’improvisation plus ou moins réussi. Donnez-nous 3 traits de caractère de votre personnalité. - Patient - Cordial - Tenace Où avez-vous fait vos classes en politique? J’ai fait mes classes au MR. J’étais militant et actif dans l’équipe de campagne de Charles Michel ( actuel Premier Ministre) en 2007, puis porte parole des jeunes MR du Brabant wallon, puis chargé de comm’ pour les jeunes MR de Bruxelles avant d’intégrer la Présidence du parti sur proposition de Charles Michel. Quel est votre coin préféré à Bruxelles / même question à Kinshasa. À BXL, mon quartier: Les jardins de Jette. À kin, le safari Beach ou alors boire un verre au « balcon ». Quelle est votre plus grande action en politique ? Je suis un collaborateur, un conseiller, un homme de l’ombre. Je n’ai pas de bilan personnel à défendre mais je suis très fier d’avoir fait de mon parti le premier parti à étudier le potentiel

économique des transferts de fonds des diasporas. J’ai aussi organisé le premier congrès politique associant diversité et entrepreneuriat. http://www.mr.be/decouvrez-les-actes-de-notre-congre s-entrepreneuriat-diversite

En dehors de la politique, quelles sont les causes qui vous sont chères? Je suis passionné par l’Afrique, son histoire et son avenir. L’Afrique est une promesse pour ce monde. Certains ne l’ont pas compris et seront surpris. Je milite pour une Afrique indépendante depuis mon jeune âge. Je pense que le monde a suffisamment instrumentalisé l’Afrique. Je suis belge et Européen mais l’Afrique est en moi pour toujours. si vous n'aviez pas fait de la politique, qu'auriez-vous fait? Je suis fait pour la politique. Ne me croyez pas si je vous dit que j’ai un autre projet de vie, loin de la politique.



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Ursule AKATSHI Haut fonctionnaire au sein de l’Administration bruxelloise et membre du Conseil d’administration du Centre interfédéral pour l’égalité des chances et la lutte contre les discriminations, Unia

Soutenir le leadership des filles et croire à la capacité des hommes et des femmes de faire bouger les choses

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rsule Akatshi est licenciée en Sciences Politiques de l'Université Libre de Bruxelles. Elle a travaillé comme Coordinatrice d'un Centre d’Éducation permanente à Bruxelles œuvrant pour le renforcement des capacités des femmes. Puis, elle a intégré le Cabinet de la Ministre Fédérale de l’Intégration sociale et de la fonction publique comme Experte des questions liées à la diversité et à l'interculturalité. Aussi, elle a été Attachée au Parlement Bruxellois et a travaillé surtout sur les questions d'intégration sociale, d'égalité homme-femme et de lutte contre le racisme. Aujourd’hui, elle est Haut Fonctionnaire au sein de l’Administration bruxelloise.

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Elle a aussi beaucoup œuvré pour la Solidarité internationale. Elle travaille aussi sur la situation politique de la République Démocratique du Congo. En 2004, elle a participé à la mission de Coopération entre l'Université Libre de Bruxelles et l’Université Lubumbashi. En 2006, elle fut l'Observatrice internationale pour le premier scrutin présidentiel et législatif. En 2013, elle a co-initié le Parlement des femmes en RDC. En 2014, elle a initié un grand colloque à Bruxelles sur les relations entre la Belgique et le Congo. En janvier 2016, elle a organisé une conférence-débat sur les processus démocratiques en Afrique. En mars 2016, elle a mené une mission d'étude et d'information pour le compte de l'ONG belge Solidarité Socialiste à Est et à Kinshasa. Par ailleurs, elle a participé à plusieurs ouvrages collectifs notamment «De la question de genre au droit à l'égalité», «Le livre blanc de la Femme migrante» et les «Sentiers vers les droits reproductifs». En outre, elle a participé en 2012 et 2014 aux élections locales et régionales en Belgique. Pouvez-vous, vous présenter en quelques mots? Je suis licenciée en Sciences Politiques de l'ULB. Au niveau professionnel, j''ai coordonné un Centre d'Education permanant pendant 5 ans à Bruxelles. Puis, j'ai travaillé comme Conseillère politique dans un Cabinet ministériel et au Parlement. Aujourd'hui, je suis Haut Fonctionnaire au sein de l'Administration bruxelloise.

Qu'est-ce qui vous a donné envie de vous

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lancer en politique? Se lancer en politique, c'était pour moi une évidence. C'est cette force intérieure qui vous pousse à faire quelque chose d'irrésistible. Ce qui a poussé à l'engagement en politique, c'est les injustices, la pauvreté. Depuis quelques années, je me suis toujours engagée au profit de la collectivité. Je suis arrivée en politique comme Spin doctor d'abord dans un Cabinet ministérielle et ensuite au Parlement. Je me suis présentée aux élections communales en 2012. Puis en 2014, j'ai été sur la liste aux élections régionales. Mon ambition première est avant tout de me battre pour la solidarité, la lutte contre les inégalités et de mener des actions qui permettre à chacun(e) de trouver sa place au sein de la société. C'est un engagement désintéressé qui nécessite une attention à chaque instant. A cela, il faut ajouter le soutien nécessaire de la famille et une équipe

solide pour non seulement se lancer mais surtout, pour se maintenir en politique.

Il est souvent question de discrimination lorsque l'on parle des personnes issues d'Afrique sub-saharienne dans la politique belge. En tant que femme, originaire du Congo, quelle est votre expérience sur la question? Les discriminations envers les afrodescendants est une réalité. Elles sont parfois le résultat du passé colonial. Je pense qu'il faut mobilise le pouvoir public pour renforcer le respect des dispositifs légaux existants. Comme le dit si bien Martin Luther King "une loi ne pourra jamais obliger un homme à m'aimer mais il est important qu'elle lui interdise de me lyncher" Aussi, il faudrait des actions spécifiques dans le domaine de l'enseignement dès le jeune âge pour le changement de mentalité nécessaire. Les subsahariens subissent particulièrement les discriminations dans l'accès au logement et sur le marché du travail. Nous assistons au sein de la communauté à une disqualification sociale. Nous voyons des Universitaires qui sont au chômage depuis de nombreuses années. Il y a aussi ces femmes surqualifiées mais qui sont obligées de se rabattre dans le secteur d'aide-soignant souvent peu valorisé et rémunéré. Malgré ces discriminations, il ne faut jamais baisser les bras. Il faut se battre pour que cela changer. S'il faut, travailler 2 ou 3 fois plus que les autres. Je fais aussi appel aux parents, de soutenir leurs enfants pour qu'ils


DOSSIER puissent aller le plus loin possible dans les études ou autres entreprises. Egalement, Il faudrait aussi créer des réseaux professionnels ou non pour mobiliser les politiques, les acteurs socio-culturels afin que le choses bouchent.

N'avez-vous jamais songé à retourner au pays et à mettre votre savoir-faire au service du continent? Oui, j'y pense, à des intervalles réguliers mais je pense qu'à l'heure actuelle, les conditions ne sont pas encore réunies. Ceci étant, je pense que les autorités deux pays doivent penser aux dispositifs permettant aux compétences de la diaspora de pouvoir apporter des éléments de réponses au développement de leurs pays d'origine. Je salue surtout le dynamisme des diasporas africaines qui investissent de plus en plus en faveur de leurs pays d'origine.

Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez été confrontée dans votre carrière politique? Comme partout, il y a des difficultés en politique. Par exemple, les réunions au soir, les activités les week-ends, etc. Quand on a une famille à gérer en plus, il faut donc une organisation militaire. Aussi, la politique, c'est un monde d'hommes codifié donc il faut décoder les nombreux codes qui sont parfois des obstacles réels dans la poursuite d'un engagement politique.

Pourquoi avoir choisi le parti socialiste? Je crois que j'ai toujours été une femme de gauche. En termes de l'offre politique, j'ai choisi d'adhérer au parti socialiste parce que c'est celui qui répond au mieux à mes inspirations, aux valeurs qui me tiennent à cœur et qui se mobilise pour les causes qui me sont chères: la solidarité, la justice sociale, la promotion de la diversité, la solidarité internationale, etc. J'ai adhéré au PS pour faire masse car comme dirait l'autre, seul on peut rien ensemble, on peut tout.

En tant que mandataire politique, que faites-vous pour les Congolais, et quelles sont les actions concrètes que vous pouvez valoriser pour cette communauté? Je pense qu'il ne faut pas faire des choses pour les Congolais mais il faut se mettre avec eux pour participer au développement du pays. Au Congo, il y a beaucoup de personnes qui ont mille e une idées et mille et un projets. Ce qui manque parfois, c'est le financement de ces idées et de ces projets. C'est dans cette optique que nous sommes en train de mettre en place un Hub qui ambitionne de soutenir la diaspora congolaise que souhaite investir au Congo. Quelques actions dont je suis fière sont notamment lorsque j'étais au Conseil d'administration de l'Université libre de Bruxelles (ULB), j'ai pu accompagner la collaboration renforcée entre ULB et l'Université de Lubumbashi grâce aux deux Recteurs de l'époque Messieurs Pierre Demarert et Prince Kaumba en matière d'appui institutionnel et du renforcement des systèmes de santé. Concernant les actions de solidarité internationale, je me suis également mobilisée avec deux ONG belges pour mener des campagnes de sensibilisation pour mieux cerner

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et considérer les enfants atteints de Spinabifida (Kisimbi) à kinshsasa en vue de mettre en place un Centre d'action pour les personnes atteintes de spinabifida en collaboration avec la Faculté de Médecine de l'Unikin. Aussi, je travaille avec une ONG BVES dans l'Est du pays pour soutenir la scolarité des jeunes filles.

Racontez-nous une anecdote. Lorsque Madame Chouna Lomponda m'a contactée pour me demander mon accord afin de transmettre mes coordonnées à votre rédaction. Son argument était qu'elle voulait me recommander à votre rédaction car elle me trouve pertinente dans mes engagements. Elle me considère comme une des femmes influente de la diaspora congolaise en Belgique. Je ne me suis jamais rendue compte de cela. Cela vous flatte mais c'est aussi une grande responsabilité qui ne faut jamais perdre de vue.

9. Si vous étiez un animal, lequel seriez-vous et pourquoi? Je serais certainement un éléphant. C'est un animal majestueux, magnifique à l'allure d'une reine de contes de mille et une nuit. C'est un animal rassurant, apaisant. Toutefois, il peut aussi charger quand on l'ennuie. J'ai eu l'occasion de voir des éléphants en état naturelle lors de mon voyage au Cambodge et cela m'avait fortement marquée.

10. Donnez-nous 3 traits de caractère de votre personnalité. Je suis déterminée. Quand je me fixe des objectifs, je mets tout en œuvre pour les réaliser. J'aime assez bien prendre du temps nécessaire pour définir des stratégies qui permettent la réalisations de mes ambitions. Je suis quelqu'un de fidèle en amitié, en amour mais aussi vis-à-vis de la parole donnée. Je suis aussi fidèle à mes convictions et aux valeurs qui gouvernent ma vie. L'empathie est pour moi une valeur suprême. Je pars du principe que je ne peux pas faire à l'autre ce que je ne voudrais pas qu'on me fasse. C'est vraiment important pour moi de voir le monde sur cet angle-là. Si l'empathie était partagée comme une valeur supérieure par une grande partie de nos dirigeants, j'ose croire qu'on aurait moins de guerres et d'avantage de partage et de solidarité.

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Où avez-vous fait vos classes en politique? D'abord au sein de mon Athénée Royal en Secondaire comme déléguée étudiante. Une fois à l'Université, j'ai été aussi la représentante des étudiants au Conseil d'administration de l'Université libre de Bruxelles. Cela forge un homme plutôt une femme. C'est vraiment le début de mon engagement politique. Quand parfois, un étudiant motivé vient vous voir pour solliciter votre intervention parce qu'il n'a pas le moyen nécessaire pour continuer ses études. Là, on est premièrement révolté. Ensuite, on se dit, il faut agir. Il faut militer pour des mesures structures qui permettent aux gens défavorisés de faire les études comme les autres, de me battre pour mettre en place des mesures permettant à chaque personne de trouver sa place au sein de la société.

Quel est votre coin préféré à Bruxelles / même question à Kinshasa. A Bruxelles, j'aime bien flâner dans les quartiers Dansaert et du Canal. J'y habite. J'aime des lieux artistes. J'apprécie beaucoup aussi des cafés où se mêlent à la fois du vieux et du moderne. Les décorations d'ici et d'ailleurs. Des odeurs des gaufres mêlées à celles des bières bien belges. A chaque fois, j'aime bien ce sentiment enivrant qui vous rappelle que vous êtes certes à Bruxelles mais vous pourriez être aussi bien à New York, à Mombai ou à Moba. À Kinshasa, j'ai bien le week-end en Kinkole ou à Maluku. J'adore manger le poisson frais, chose rare à Bruxelles. Donc quand je suis à Kin, j'aime bien faire mes provisions à Kinkole et Maluku.

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Quelle est votre plus grande action en politique? Pour moi, faire de la politique, c'est avant tout croire. Croire à la capacité des hommes et des femmes de faire bouger les choses. Croire à l'humanité et avoir envie de donner à ses semblables de l'espoir. De l'espoir de croire que demain sera meilleur. A partir de ce moment, je mobilise toute mon énergie de sorte que mes actions soient toujours bénéfiques au plus grand nombre d'entre nous. C'est dans cette optique que je mène mes actions. Donc, je ne peux pas parler de ma plus grande action politique. Aussi, je pense qu'il revient aux autres de porter un jugement sur les actions publiques que nous menions.

En dehors de la politique, quelles sont les causes qui vous sont chères? Une de mes causes est notamment la promotion des femmes et des jeunes fille. Je me bats aussi pour la participation active des femmes dans tous les niveaux de la société. Pour mieux agir, je pèse qu'il faut soutenir l'éducation de tous les enfants particulièrement des jeunes filles. Le drame, aujourd'hui en RDC, l'éducation des jeunes filles est souvent négligée. Par manque de moyens financiers des familles mais aussi par manque de politiques publiques. Mon souhait est d'un jour créer une école pour soutenir le leadership des filles comme l'a fait Oprah Winfrey en Afrique du Sud.



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Denis BANGALA Fondateur de Cachico Tech Consulting

Pouvez-vous, vous présenter en quelques mots ?

Je réponds au nom de Denis Bangala, natif de RDcongo, Détenteur d’un doctorat (PhD) en Génie Chimique à l’Université de Sherbrooke, puis un MBA à l’Université Queen’s à Kingston en Ontario. Autres spécialisations : pharmacologie clinique et LSSBB Lean Six Sigma Black Belt

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lus de 18 années de carrière professionnelle dans le domaine pharmaceutique, jusqu’au titre de Directeur à SANOFI, chargé des procédés de fabrication, Recherche et Développement.

Actuellement Président fondateur de Cachico Tech depuis Décembre 2012 et je continue à prester comme Senior Consultant dans plusieurs firmes pharmaceutiques en Amérique du Nord, notamment Bayer, Merck.

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Vous êtes à la tête de CachiCo Tech Consulting, pouvez-vous nous en dire un mot ? Nous avons fondé Cachico pour une raison spécifique : dans le domaine de la santé et combattre le fléau de médicament contrefaits en introduisant sur le marché africain des médicaments qui répondent aux normes canadiens.

Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez été confrontée ? Comme tout Start Up: - l' Acces au capital reste l'obstacle majeur. Il faut alors recourir à ses propres moyens pour s'autofinancer. - La bureaucratie en RDC pour obtenir les autorisations nécessaires. - La formation des nos associes pour l’acquisition de méthodes de travail de standards canadiens.par exemple le maniement des outils informatiques reste encore un défi par exemple saisir des données sur un fichier excel, ouvrir une session de travail pour son compte gmail. ect..

La mission de CaChiCo Tech en Afrique est de répondre à l'accessibilité aux produits et équipements On doit être préparé quand on décide d'aller essentiels pour les soins de santé investir en Afrique. Les contexte socio-économique et politique sont complètement différent du Canada. Il de base de bonne qualité. faut alors la flexibilité sans pourtant céder aux Nous sommes mauvaises pratiques des affaires en RDC. déterminés de On vous voit souvent fournir les sur de différentes Nous assurons un tribunes à encourager médicaments les jeunes à poursuivre essentiels contrôle de qualité les études, quel regard pour couvrir avez-vous par rapport à la jeunesse congolaise ? stricte pour tout actif tous les domaines théPour moi , la principe et ingrédients formation des jeunes rapeutiques: est primordiale car non-medicamentaux l'hypertension, un pays sans relève est voué à la disparile paludisme, pour répondre au tion. Mon rôle c'est oncologie, diad’encourager les de persévérer bète, infecstandards nord-americans jeunes pour avoir les plus tions multides connaissances selon leur aptitudes car les études vous ouvrent les portes pour devenir un citoyen ples, cardio-vasculaire, la typhoïde, responsable qui apporte une valeur ajoutée à sa l'hépatite et les maladies négligées. communauté. Nous sommes déterminés à réduire le coût des soins de santé en introduisant les meilleures pratiques de gestion des soins de santé qui commencent par un diagnostic précoce de la maladie. Nous sommes déterminés à fournir les tests de dépistage rapide: VIH 1 et 2, Hépatite B,A,C; Typhoïde, Infections urinaires, cardio-vasculaires; Bio-indicateur de Cirrhose d efoie, cancer de sein et cancer de prostate. Nous sommes déterminés à fournir des dispositifs médicaux à usage unique pour améliorer les interventions chirurgicales.

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J’ai confiance à la Jeunesse congolaise car elle est consciente des enjeux auxquels la RDC fait face. Notre encouragement est surtout de marteler que les jeunes se prennent en charge et non pas attendre la manne qui tombe du ciel. Si la Jeunesse croit que c’est un autre qui viendra résoudre ses problèmes alors l’avenir de notre pays est sombre. Le salut se trouve dans les études et la capacité de se prendre en charge N'avez-vous jamais songé à retourner au pays et à mettre votre savoir-faire au service du continent? Nous sommes déjà présent en RDC par les investissements modestes que nous avons déjà sur place: une pharmacie de référence qui sera le modèle de franchise de pharmacies à travers la RDC. Des centres médicaux modestes pour offrir les soins de santé praire et surtout favoriser la proximité entre le patient avec les médecins soignants. La première Pharmacie Cachico est opérationnelle à Limete Industrielle 7eme rue. Aussi une autre à Mbujimayi. Nous comptons étendre cette expérience dans d'autres pays sud-sahariens la ou nous avons déjà des partenaires crédibles.


DOSSIER Nous collaborons aussi avec des savants africains comme le Professeur Souleymane Mboup qui est un pionnier dans la recherche de VIH en Afrique. Nous comptons aussi collaborer avec les cliniques universitaires en RDC pour conduire de thèses de doctorat en pharmacologie cliniques surtout sur les maladies mystiques et négligées: le mbasu (l’ulcère de Buruli) ou le drépanocytose Comment les pays africains peuvent tirer profit des connaissances acquises par sa diaspora ? Au regards du Japon, la Chine et tant d'autres pays qui ont bénéficié de l'apport de leur diaspora pour infuser un développement technologique, managérial , l'Afrique n'aura pas de choix que de faire appel à sala diaspora. La première condition est d'assurer la sécurité et mettre en place de conditions simples pour la création des PME. L'accès au capital reste incontournable Créer des structures d'encadrement de la diaspora La double nationalité est impérative pour permettre la mobilité de ceux celles qui ont acquis de nationalité dans leur pays d'accueil. Combattre la corruption serait une condition indispensable pour permettre que la création de PME. si la diaspora doit consacrer le peu du capital pour soudoyer les agents de l,Etat . Peu seront capables de créer de PME. D’après vous qu’est-ce qu’il manque aux pays africains pour développer leur industrie pharmaceutique ? L'industrie pharmaceutique demande un investissement énorme en terme du capital financier et capital humain.

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> Investir dans la formation car ca demande des employés hautement qualifié avec une formation de base en science (biologie, chimie) et en génie pharmaceutique,, > Un contrôle strict sur les médicaments contrefaits malheureusement la corruption n'aide pas > Disposer un capital substantiel pour ériger les édifices répondant aux normes internationaux pour la production des produits pharmaceutiques. A Default il quadra attirer les investisseurs étrangers pour venir installer leurs usines en Afrique Beaucoup de pays africains visent l’horizon 2030 pour l’émergence, d’après vous, quel rôle devrait jouer la diaspora africaine ? On ne peut pas parler d'émergence sans plan concret a court terme et long terme.. Pour moi c'est une utopie. Quelque pays essayent de forger un plan. Mais les actions associés sont à court termes et on ne voit pas le plan de succession , je vais dire que les jeunes ne sont pas formés' Les systèmes d'éducation ne sont pas toujours reformés et adaptés aux demandes du marché. Le rôle de la diaspora serait de fournir l,expertise acquise pour développer, et matérialiser des plans et actions pour atteindre les objectifs de l'émergence pour les pays qui ont une vision comme le Sénégal par exemple. Dr Denis BANGALA Ph.D.,P.Eng, MBA, LSSBB Founder and Managing Director CaChiCoTech Consulting 2024 Shay Dr, Pickering ON L1X 1X9 Tél: 416-543-3279

> Le pays doit avoir une vision avant tout qu'il veut améliorer le système de santé

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Christian N'SENGI BIEMBE Trajectoire en or pour un as du foot Combien d'entraîneurs peuvent se targuer d'avoir un palmarès aussi élogieux ? À 55 ans, allure de jeune premier et chevelure poivre et sel, le beau gosse du terrain affiche: 2 matchs victorieux dans la sélection congolaise contre le Nigéria et le Gabon. Un match Belgique/ Congo RDC historique à Wavre, à la tête de l'équipe nationale U23 RDC Congo.

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l est également deux fois Champion de Belgique avec Tubize.... là où d'autres auraient vu leur ego prendre du volume, Christian N'Sengi Biembe garde les pieds sur terre et l'humilité des Grands. Plein feu sur la trajectoire en or d'un as du ballon rond.

Lors de ma dernière rencontre avec celui que de nombreux sportifs surnomme "coach N'Sengi", je constate que ce dernier n'a pas changé depuis notre entretien il y a 20 ans dans le Spécial Foot, pour l'émission Ichtus. À la différence qu’il troque cette fois-ci son training habituel pour une tenue vestimentaire casual chic aux 5 nuances de brun. Révélant ainsi une élégance racée. Décidément,

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ce fils de bonne famille, 4ème d'une fratrie de 7 enfants, n'a pas peur des contrastes. Il est aussi à l'aise dans la boue des terrains de football aux jours de pluie, qu'en tenue classieuse, pour assister à la pièce de théâtre " Délestage" afin d'encourager un compatriote.


Photo Laure Wavreille - Directrice artistique shooting Rosy SAMBWA


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LE DÉBUT D'UNE VOCATION L'un des meilleurs souvenirs du coach demeure cette nuit où, à 9 ans, alors que, joueur précoce (l'âge légal à cette époque était de 10 ans pour jouer), il raconte "j'ai dormi avec mon maillot et mes crampons, tellement heureux de les avoir reçus." Plus tard, Christian N'Sengi Biembe doit son appel à cette rencontre avec Philippe Saint-Jean, ancien assistant U21 de l'équipe nationale belge, son entraîneur au CS Brainois. C'est lui qui lui communique sa passion du ballon rond et lui donne les moyens de concrétiser son envie de s'entraîner.

RETOUR AUX SOURCES, HISTOIRE D'UNE CONSÉCRATION ! Le 12 octobre 2002 est une date à marquer d'une pierre blanche : le match historique Belgique / Congo RDC joué à Wavre et qui se solde par un match nul, alors que les prévisions étaient pessimistes, marque un tournant dans le parcours du coach à la tête de l'équipe nationale congolaise des « Espoirs », son premier projet FECOFA. Il réalise un vieux rêve, né dans la cour d’école primaire qu’il fréquentait. Suite à ce match, et pour la 1ère fois, deux joueurs binationaux sont devenus titulaires en équipe première: Hérita Ilunga (issu de Barcelone) et Trésor Luntala (issu de FC Birmingham). Par la suite, c'est la consécration: avec deux matchs victorieux contre le Nigéria et le Gabon, avec la sélection congolaise, pendant la coupe d’Afrique des Nations, des victoires successives en 1980, 1994 et 2013. Ils ont participé à 5 phases finales de la Coupe du monde, en 1994, 1998, 2014, où ils atteignent les 8ème de finale. La plupart des joueurs sont internationaux. Même si la carrière de Christian N'Sengi

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Biembe évolue aujourd'hui principalement à Anderlecht au RCSA, il s'intéresse beaucoup au monde footballistique congolais et considère qu'il y a une évolution dans l'organisation des championnats, se reflète dans les résultats de l'équipe nationale. "De gros efforts sont fournis par les présidents de clubs qui mènent le foot congolais vers un semi-professionnalisme", ajoute-t- il Et lorsqu'on lui parle de l'avenir de l'équipe nationale du Congo RDC, l'entraîneur sportif évoque les joueurs : Albert Sambi Lokonda, demi-défensif à Anderlecht, le petit frère de Paul-José Mpoku, capitaine du Standard de Liège, Samuel Bastien qui joue comme attaquant à Chievo Verone, Andy Kawaya, ailier à Malines, Aaron Le ya Isseka, attaquant à Zulte Waregem. Une jeunesse sportive qui a tout d'une grande. Conclut- il! Quand la question à propos de la folle inflation du football lui est posée, sur le business des clubs qui prennent le parti pris d'investir sur des talents de plus en plus jeunes en espérant une plus-value à la revente, la réponse de Christian N ' S e n g i Biembe est s a n s é q u i vo q u e : "Ils ont parfait e m e n t raison! C'est un investissement en temps, en formation et en argent. S'il y a une offre, personne n'accepte d'investir sans retour." En ce qui concerne les joueurs de la RDC, leur valeur est m o i n d re (parce que le coefficient FIFA du pays est moins élevé) alors q u ' u n Mbappé, âgé de 18 ans, qu'un club français a acquis cet été pour 180 millions à l'AS Monaco, a


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bénéficié du coefficient FIFA de Monaco, en plus de la valeur de sa formation dans les clubs français, mais ils ont de la valeur!

profitant de la douceur de vivre aux côté de la charmante créatrice qui est devenue il y a peu Madame N’Sengi Biembe.

LE RCSA EN BELGIQUE, UNE AVENTURE PASSIONNANTE !

Encart - Légendes U23 : Under 23 équipe espoir, formée de moins de 23 ans U 19 – U21 : Under 19 équipe espoir, formée de moins de 19 ans – Under 21 équipe espoir, formée de moins de 21 ans Pro-licence : plus haut diplôme d’entraîneur, accordé par la FIFA (Fédération International de Football permettant d’entraîner partout dans le monde. Pour le moment, Chris a celui de la Fédération Belge de Football.

En 2013, il intègre le prestigieux Royal Sporting Club d'Anderlecht. Christian N'Sengi Biembe est à ce jour, l’assistant de Kiki Vanden Stock, au sein de la Fondation Constant Vanden Stock. Il est coordinateur du projet Foot Étude. Assistant du groupe 19/2. Ses inspirations et ses mentors au sein du club: Thierry Verjean, Stephane Stassin, Mohamed Ouabi et Benoît Haegeman. Ce groupe, dit-il, « a fondamentalement structuré son jeu ». C'est à Anderlecht que ce candidat à la " pro-licence" de la Fédération Internationale de Football, le diplôme le plus élevé qui consacre les entraîneurs internationaux, se réalise aujourd'hui.

DES PROJETS D'AVENIR Son futur, cet homme qui n'apprécie rien autant que la simplicité, l'imagine dans une belle carrière, qui le hissera au plus haut niveau, tout en évoluant à Anderlecht, sa priorité, un club qui lui fait confiance,

FECOFA : Fédération Congolaise de Football

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Guy MUSHAGALUSA Propriétaire de la Galerie Mushagalusa Art Africain (Par Michelle Trottier)

UNE GALERIE D’ART RUE ONTARIO L’espace Mushagalusa est une galerie d’art spécialisée en art africain et contemporain qui fait le pari, en 2014, de s’installer un peu à l’écart de ses semblables, sur la rue Ontario près de Berri. Un emplacement qui peut paraître surprenant, mais qui se révèlera parfaitement en accord avec la mission de l’endroit.

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uy, évolue dans le monde de l’art depuis toujours. Issu d’une famille de marchands et de collectionneurs d’art, il travaille notamment pendant 5 ans pour l’Espace Création de Loto-Québec avant que celui-ci ne ferme ses portes en 2013. Déjà propriétaire d’une petite galerie dédiée aux arts africains sur la rue Sherbrooke, le passionné connaisseur décide de se lancer dans un projet plus important, auquel il se consacrera désormais: «Je me suis trouvé un peu à la croisée des chemins. Je venais de dépasser la barre des 45 ans, et je me suis dit: "C’est peut-être le temps de commencer une nouvelle vie"», avoue candidement l’homme d’affaires.

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DES ŒUVRES ET DES ACTIVITÉS L ’ e s p a c e Mushagalusa consiste en un vaste espace où sont disposées toutes sortes d'œuvres d’art: tableaux, sculptures, masques, objets, meubles et même bijoux. En ouvrant sa g a l e r i e , M. Chigoho a voulu décloisonner sa pratique. C’est pourquoi, parmi les œuvres africaines, on peut trouver, par exemple, un immense vase vietnamien ou une magnifique table sculptée originaire de Chine: «L’âme de l’espace ici est africaine - ça se voit tout de suite -, mais l’esprit est vraiment universel», explique-t-il. Si l’endroit, à première vue, a toutes les allures d’une galerie comme les autres, il faut savoir que pour M. Chigoho, il se veut un lieu de rencontre et de partage: «C’est un lieu où les cultures se rencontrent et cohabitent au service de l’art et de l’harmonie sociale. Cet espace est vraiment dédié à l’ouverture, à l’intégration dans tous les sens.» Cette mission se dessine également à travers les autres activités de l’Espace Mushagalusa qui, outre sa vocation de galerie d’art, reçoit et organise des évènements de toutes sortes (étudiants, d’affaires, etc.), propose aux institutions un programme intitulé Initiation aux cultures africaines et, depuis juin 2017, offre même des soirées de poésie et de musique sur une petite scène aménagée au fond de la galerie. «Ce sont toutes ces activités qui nous permettent de soutenir les artistes, et de leur permettre d’exposer ici à moindre coût», ajoute le galeriste.

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UN LIEU INCLUSIF En s’installant rue Ontario, M. Chigoho voulait profiter du beau grand local, mais aussi de la proximité de ce dernier avec la Grande Bibliothèque, la station de métro Berri-UQAM et la gare d’autobus. Il remarque d’ailleurs que les visiteurs qui entrent dans sa galerie forment un groupe très hétérogène: «Il y a des jeunes qui achètent des pièces qui sont quand même très chères et qui prennent du temps pour les payer. Il y a des gens plus âgés, plus à l’aise. Mais il n’y a pas vraiment de profil type. Les clients viennent de partout. De tous les continents et de toutes les races.» M. Chigoho tire cependant une certaine fierté d’attirer beaucoup de gens de l’ouest de la ville – des anglophones pour la plupart – dans ce quartier majoritairement francophone. Et ce beau mélange de clients reflète aussi la vision qu’il a pour son commerce: «Le dialogue le plus sincère, souvent, se fait à travers l’art. C’est là que les gens se parlent, pour moi, de la façon la plus honnête. Le langage le plus universel, c’est l’art, et c’est par là qu’il faut qu’on construise tout ce qu’on appelle maintenant le vivre ensemble.»


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Le dialogue le plus sincère, souvent, se fait à travers l’art. Le langage le plus universel, c’est l’art, et c’est par là qu’il faut qu’on construise tout ce qu’on appelle maintenant le vivre ensemble. Guy MUSHAGALUSA CHIGOHO «Propriétaire»





PERSPECTIVE

Le Global Business:

Analyse et Perspectives Le but de cet article est d'analyser ce qu’on appelle le Global Business et prédire son développement dans les dix à vingt prochaines années. Aujourd’hui, faire du business est vital car cela produit énormément d'avantages à l’humanité. Nous parlons de toute activité commerciale, industrielle ou professionnelle entreprise par une personne ou un groupe de personnes afin de fournir des biens et des services à la société. Le business en général peut être entrepris par des individus, hommes ou femmes, par des entités à but lucratif, telles que les sociétés cotées en bourse, ou par des associations à but non lucratif, comme les coopératives agricoles. Parmi les avantages engendrés par le business, nous pouvons citer la pertinence des produits et services fournis, la création d'emploi et les revenus générés pour les individus, la contribution au développement social, etc. Il est impératif qu’un business se développe pour assurer sa pérennité. Au fur et à mesure que le business grandit, l’entrepreneur ou l’entreprise gagne de nombreux avantages par rapport à ses concurrents, comme par exemple l'influence sur les prix du marché grâce notamment aux économies d'échelle. Cependant, à un moment donné, la saturation du marché local fait qu'il soit difficile pour un business de croître davantage. Pour ceux qui en ont la capacité, l'expansion internationale est une stratégie judicieuse pour maximiser les bénéfices.

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Les termes suivants sont utilisés pour décrire une entreprise qui entreprend des activités transfrontalières : internationale, multinationale, transnationale et globale. Chaque terme est différent et a une connotation précise définissant la portée et le niveau d'interaction avec les structures d’opérations en dehors du pays d'origine : Une entreprise internationale importe et exporte simplement ses produits et/ou services sans nécessairement investir dans le pays étranger. Une entreprise multinationale investit dans différents pays étrangers. Cependant, il n'y a pas de coordination des offres de produits dans chaque nation. Le produit ou le service est adapté à chaque marché local individuellement. Une entreprise transnationale est une structure beaucoup plus complexe qui investit dans des opérations à l'étranger. Bien qu'elle dispose d'une structure centrale, les pouvoirs de décision sont accordés à tous les marchés cibles. Une entreprise globale investit et est présente dans différents pays. Elle pratique le Global Business, c’est-à-dire qu’eIle commercialise ses biens et services en utilisant la même image/marque coordonnée sur tous les marchés. Généralement, un siège social est responsable de la stratégie globale. L'accent est mis sur le volume, la gestion des coûts et l'efficacité. Aujourd'hui, notre monde subit un phénomène irréversible appelé la mondialisation par lequel tous les pays sont de plus en plus interdépendants. En effet, grâce à la révolution numérique en constante évolution, la mondialisation est une force irrésistible. Dans son livre « La Terre est plate », Thomas Friedman affirme que le monde évolue si rapidement que de nombreuses entreprises ne sont pas en mesure de suivre ce rythme effréné. Il décrit comment la mondialisa-


tion a aplati la Terre, obligeant les entreprises à toujours rester en alerte pour rester compétitives. En effet, un terrain de jeu mondial basé sur le Net amène les entreprises à faire face à une concurrence sans cesse croissante venant de n'importe quelle partie du globe. Cependant, l'idée que notre monde devient de plus en plus sans frontières n'est pas partagée par tous. Selon l'économiste Pankaj Ghemawat, le monde n'est pas un immense marché unique, mais un ensemble de petites unités séparées, interdépendantes et distinctes, dont les degrés d'ouverture sont fluctuants. Nous pensons qu’il n'y a pas de nation économiquement autosuffisante sans aucune sorte d'interrelation avec les autres pays. Il y a sans aucun doute une tendance vers une économie mondiale unique. La vérité est que cette tendance a toujours existé mais la haute technologie n'existait pas au niveau où elle est actuellement. La plupart des plus grandes entreprises du monde se lancent dans le Global Business, car il existe un énorme marché de plus de six milliards de consommateurs dans le monde à exploiter. Il y a plusieurs clés pour réussir dans le Global Business, dont une prospection rigoureuse des marchés cibles, une offre adéquate, une protection appropriée de l'entreprise, etc. Cela ne s’improvise pas et requiert des épaules larges. En outre, l’équipe dirigeante devrait développer les capacités ci-dessous : > La capacité de se connecter et de collaborer à travers les cultures, ainsi que d'être en mesure d’avoir une compréhension, une confiance et une coopération avec des personnes d'origines différentes. > La capacité d'encadrer, de guider et d'éduquer les autres membres de l'entreprise à développer des compétences interculturelles. La capacité de communiquer efficacement dans plus d'une langue. Cela peut être important

lorsqu'il s'agit de personnes qui comprennent mieux dans leur langue maternelle. L'avenir du Global Business est façonné par l’évolution vertigineuse de la technologie. En effet, dans les dix à vingt prochaines années, la technologie se développera au-delà de notre imagination et de notre pensée. Ce sera un terrain inhabituel pour les entrepreneurs et les entreprises qui préfèrent les données historiques pour baser leur planification future. Selon le futuriste Patrick Dixon, nous devons maîtriser l'avenir, sinon l’avenir nous maîtrisera. Ceux qui réussiront sont ceux qui vont tirer avantage des changements radicaux futurs et qui auront même la capacité de les créer. Si un entrepreneur ou une entreprise reste inflexible en faisant du Global Business, son échec est garanti car le monde file à un rythme effrayant. Une souplesse efficace et efficiente au changement est primordiale. Plus une entreprise impliquée dans le Global Business est grande, plus le risque qu’elle soit malavisée par des données obsolètes est élevé. Des planificateurs de scénarios doivent être utilisés afin d’analyser, prévoir et anticiper comment s’adapter aux nouvelles tendances. En conclusion, nous pouvons définir le Global Business comme toute activité visant à fournir des produits ou des services dans différentes pays étrangers tout en utilisant la même image ou marque coordonnée sur tous ces marchés. La mondialisation actuelle incite inévitablement aux échanges commerciaux et culturels avec des pays situés dans n’importe quel coin de la planète. Dans vingt ans, le Global Business sera de plus en plus hyper rapide et axé sur la technologie. Par conséquent, pour tout entrepreneur ou toute entreprise opérant dans le Global Business, un esprit visionnaire constamment axée vers l'avenir doit être encouragée et stimulée afin de garder une longueur d'avance dans un champ de bataille désormais sans frontières.t Par Cédric Longange Ingongomo


DIASPORA rentrer ou rester, pourquoi un dilemme pour les « cerveaux » africains diplomes ?


AFRIQUE MONDE L’occident est un monde qui « accapare », qui change et qui fait prendre conscience que la terre est faite d’opportunités, plus que partout ailleurs. Le temps d’une formation dans une grande école européenne puis d’une expérience professionnelle quelconque, l’on se déconnecte rapidement de la réalité africaine, aussi bien économiquement que socialement. Les habitudes et façons de procéder changent aussi. Au bout du compte, l’on risque de se sentir plutôt étranger chez soi, en Afrique. Et c’est là qu’adviennent les questions généralement posées par les victimes du « dilemme » : pourrai-je supporter le changement ? Vais-je perdre confort et sécurité ? Est-ce un bon choix ? Ne vaut-il pas mieux attendre encore quelques années ? Pourquoi devrais-je rentrer ? etc. Il y a un doute persistant qui intervient dès que le

sujet du retour en Afrique est évoqué, malgré un contexte favorable à de meilleures reconversions professionnelles et sociales en Afrique. Le manque de visibilité des opportunités y est pour beaucoup. L’Afrique ne communique pas assez sur sa bonne évolution et ses prouesses. Mais en réalité, elle « grouille » d’opportunités, surtout pour ses talentueux « fils » établis à l’étranger. Côté entreprises par exemple, il y a un grand vide à combler relatif à la disponibilité des expertises dans plusieurs secteurs. Et le profil opérationnel des talents africains à l’étranger attire beaucoup les recruteurs. AFRIQUE DIASPORA: RESTER EN EUROPE OU TRAVAILLER ET VIVRE EN AFRIQUE ? Ainsi, ce ne devrait pas être un dilemme, mais plutôt une réflexion sur comment mieux orienter ses projets personnels et professionnels en Afrique.

Diaspora – Partis à la recherche de meilleures expériences en matière de formation et d’emploi, beaucoup d’africains ayant retrouvé une « seconde vie » à l’étranger envisagent un retour sur le continent. Mais le sujet est abordé « avec des pincettes ». Beaucoup de facteurs expliquent cette réticence, même si réussir sa reconversion professionnelle en Afrique est en réalité le rêve des talents de la diaspora.

Quelles entreprises recrutent des professionnels de la diaspora? Quel canal de recrutement utiliser pour s’informer et postuler? Quels sont les profils recherchés? Quelles sont les avantages et perspectives de carrière? Où, comment et dans quel secteur investir? Bref, comment participer au développement du continent! Des initiatives qui vont dans le sens d’aider les diplômés de la diaspora africaine à avoir plus d’accès aux opportunités sont mises en place, à l’image de talent2africa.com. En fait, rechercher des opportunités en Afrique ou tenter d’y investir devrait être une pratique récurrente pour les professionnels de la diaspora. Ils y gagneront, l’Afrique encore plus. Le choix ne devrait pas être dicté par le critère géographique Europe-Afrique. Peut être bien que oui, mais sur l’endroit qui permettrait le mieux aux diplômés africains d’exprimer leur talent dans toute sa plénitude. Et là, nul doute que l’Afrique, « continent où

tout est à faire », où le dynamisme entrepreneurial est au sommet et où les grandes entreprises en quête de bien être se sont ruées, est l’endroit propice pour la diaspora. L’enjeu sera donc d’apporter plus de visibilité aux opportunités qu’offre le continent. Aussi, l’actuelle tendance est que rentrer chez soi ne signifie plus forcément rentrer dans son pays d’origine. 54 régions comportent l’Afrique. Les choix de carrière professionnelle peuvent être autant variés, surtout pour ceux issus de pays plutôt déstabilisés. Actuellement, le sujet ne devrait donc plus être simplifié à deux mots : rester ou rentrer. C’est plutôt la recherche de l’éveil du business spirit africain qui devrait être entamée. Le but : capitaliser les expériences et savoir faire des diplômés africains en Afrique.

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«Retour en Afrique» publié par le Figaro (novembre 2017, Dalila Kerchouche), cet article illustre la forte tendance actuelle de « retours vers le continent » des talents de la diaspora africaine, à travers le témoignage de 5 jeunes femmes. Afua Osei, Nicole Almarteifio, Astria Fataki, Mame Diarra Diobaye et Stéphanie Prinet-Morou, ouvrent leur cahier du retour au pays natal. Elles partagent leurs expériences différentes, mais toutes motivées par l’envie de pleinement faire éclore leur talent, dans un environnement qui leur offre justement la possibilité de le faire: L’Afrique. Elles se disent conscientes de leurs capacités et responsabilités et ont décidé de participer à la construction du continent. Elles sont aujourd’hui à la tête d’initiatives dynamiques, au service de l’Afrique. Témoignages:

Les « repats », ces filles prodiges de retour en Afrique. À la manière des héroïnes de Chimamanda Ngozi Adichie, de plus en plus de diplômées issues de la diaspora africaine retournent vivre et entreprendre sur le continent de leurs parents. Leur ambition ? Apporter leur expertise, accompagner le dynamisme, ne plus faire partie des quotas…

« Les entreprises recrutent fortement, et les cabinets de chasseurs de tête sont débordés » Il y a cinq ans, Afua Osei a quitté son appartement cosy à Washington D.C., ses copines WASP et sa carrière toute tracée de golden girl chez McKinsey : « Un été, j’ai débarqué à Lagos. J’ai flashé sur l’énergie frénétique et vibrante de cette ville. Moi qui n’avais jamais songé à quitter les États-Unis, j’ai décidé de m’installer au Nigeria », explique cette pulpeuse trentenaire en stilettos et chignon bun, diplômée d’un MBA de l’université de Chicago. Un choix qui surprend ses parents : « Ils ont quitté le Ghana à 30 ans pour une vie meilleure, raconte Afua. C’est exactement l’âge de mon come-back en Afrique. Ils craignaient une régression. Alors que, pour moi, c’est une évolution. » Pourquoi ce retour aux sources ? Son visage s’éclaire : « Ici, tout est possible, affirme-t-elle. Ce n’est pas qu’une question d’identité, mais aussi d’opportunités. Après la crise des subprimes aux États-Unis, en 2008, l’African dream a remplacé l’American dream dans l’esprit d’une partie de la jeunesse afro-américaine. Ce continent, c’est la nouvelle Amérique. »

Diaspora et retour en afrique : temoignages de cinq femmes « repats » Les « repats » En anglais, on les appelle les « returnees », et en français, les « repats ». Comme Afua, de plus en plus de jeunes diplômées, issues de la diaspora africaine, quittent l’Europe ou les États-Unis pour vivre et travailler sur le continent de leurs ancêtres. Quête de racines ? Pas seulement : elles veulent aussi surfer sur l’essor économique de la région et donner plus d’empowerment aux femmes. Selon les prévisions de la Banque mondiale, la croissance globale africaine devrait passer à 3,2 % en 2018, et à 3,5 % en 2019. « Les entreprises recrutent fortement, et les cabinets de chasseurs de tête sont débordés, analyse Nadia Mensah-Acogny, sociologue et fondatrice du cabinet de conseil Acosphere. Ce phénomène de « reverse migration » contredit les clichés trop souvent misérabilistes véhiculés sur l’Afrique. Ces migrations sont choisies et successful. Pour le continent, ce retour des cerveaux représente une mine d’or. »

De la réalité à la fiction La littérature et la télévision se sont emparées du phénomène. Dans Americanah , paru en 2015 en France, la romancière Chimamanda Ngozi Adichie raconte le retour à Lagos d’une jeune blogueuse de Philadelphie née de parents nigérians. Sur le modèle de Sex and the City, la série ghanéenne An African City met en scène avec humour les aventures de cinq trentenaires afro-américaines, glamour et diplômées de Harvard ou d’Oxford, revenues à Accra tenter leur chance. Sa créatrice, Nicole Amarteifio, elle-même une returnee, rêve de changer l’image des femmes dans la société africaine. Cette série, devenue un succès populaire, incarne cette nouvelle génération de jeunes diplômés, actifs, mobiles, cosmopolites et multilingues AFUA OSEI


NDEYE DIARRA DIOBAYE Au pied de l’Atlas marocain, plusieurs dizaines de returnees networkent avec enthousiasme dans les allées bordées de rosiers du Beldi Country Club, à Marrakech. Elles font partie des 400 businesswomen venues de 41 pays participer à la première édition de Women in Africa, organisée fin septembre par Aude de Thuin. « Ce sommet international vise à identifier les talents féminins du continent, à les rassembler, à les encourager et à les accompagner, explique la fondatrice et ex-présidente du Women’s Forum. Ces jeunes diplômées rentrent pour participer, créer, entreprendre et inventer leur Afrique. »

Me rapprocher de mes racines m’a donné des ailes Aux côtés d’Aude de Thuin, la chef d’orchestre de Women in Africa affiche le profil type de la returnee. Belle, jeune, ambitieuse, ses cheveux d’ébène finement tressés, Ndeye Diarra Diobaye supervise chaque détail avec une acuité et une énergie palpables. Le contenu du Women in Africa, c’est elle qui l’a conçu. Née à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, d’une mère franco-malienne et d’un père sénégalais, cette experte en stratégie marketing affiche, à 23 ans, un aplomb de businesswoman confirmée. En 2016, après un an en Inde, revenir en France ne la tentait pas. « J’apprends alors qu’un ami de Sciences Po est nommé à la tête d’un cabinet de conseil au Gabon. C’est mon déclic. » Elle postule et atterrit à Libreville. Gare à l’utopie de l’Afrique, prévient-elle : « J’avais l’illusion que tout irait mieux là-bas. Mais c’est faux. Je ne me suis pas du tout adaptée. Je n’avais pas d’amis, et je vivais seule, ce qui n’était pas le cas des filles de mon âge. » En avril 2017, elle met le cap sur Dakar. « Il y avait là une effervescence incroyable. Je me sentais chez moi. Entourée de mes amis et de ma famille, j’avais un ancrage émotionnel. Me rapprocher de mes racines m’a donné des ailes. Tout s’est accéléré, j’ai foncé et lancé mon cabinet de conseil. L’Afrique est un continent à la taille de mes ambitions. »

Ne plus se sentir singularisée par sa couleur de peau : toutes affirment avoir éprouvé un soulagement mêlé d’un sentiment de libération. « Dans tous mes jobs, j’étais la seule Noire, explique Afua Osei. Alors qu’à Lagos ma couleur de peau est la norme. Cela me libère d’un poids dont je n’avais pas conscience ! Depuis que je vis au Nigeria, je me sens désinhibée. » Stéphanie Prinet-Morou, 39 ans, ASTRIA FATAKI d’origine togolaise, perçoit aussi ces freins insidieux : « En Occident, on finit par ressentir une lassitude d’être une minorité. En Afrique, on n’est plus un quota. On peut agir comme des pionniers. On a davantage d’audace et de liberté. »

L’INTÉGRATION De la Tunisie au Zimbabwe, en passant par la Tanzanie et le Kenya, toutes ces returnees affirment le même désir : faire bouger les lignes, inventer une nouvelle Afrique, inclusive et ouverte sur le monde. Astria Fataki, 27 ans, née à Kinshasa et diplômée de Sciences Po Paris, fait partie de ces millennials en quête de sens. Elle a quitté un CDI dans le quartier de la Défense, en France, pour s’investir au Togo dans le secteur de l’énergie. Là encore, les débuts furent difficiles : « Quand je suis arrivée à Lomé, on m’appelait la “Bounty” : noire à l’extérieur, blanche à l’intérieur. » Mais Astria ne se décourage pas : « En Afrique, l’énergie est un puissant accélérateur de développement, qui change la vie des femmes. Éclairage, électrification des centres de santé pour sécuriser les accouchements de nuit, mécanisation des travaux des champs pour soulager les femmes… Les bienfaits sont rapides et concrets. » Elle crée l’African Energy Generation Prize, un concours panafricain d’inventions de solutions génératrices d’énergie à bas coûts, qui lui a valu d’être distinguée au Women in Africa. « Nous apportons de l’altérité, et donc de l’innovation. Nous ne réinventons pas l’Afrique. Nous sommes un outil puissant qui lui permet de se réinventer. » Stéphanie PRINET-MOROU






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