MAGAZINE CONGO BUSINESS NUMÉRO 12 Vol. 3

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Chouna Lomponda

Itinéraire d’une femme brillante PERSPECTIVES

DOSSIER

encourage la création d’un fonds de garantie pour les jeunes, explications. Congo Business Magazine - Février 2020 1 Vol.3 Numéro 12 • MARS 2020 ISSN : 2368-9420 - 23689439 I CANADA 5$ / USA 3.90$ / AFRIQUE 7000FC / EUROPE 3€


Congo Business Magazine - FĂŠvrier 2020

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Mot de l’ Editeur Lawrence KITOKO-LUBULA

Chères lectrices, Chers lecteurs, En ce début d’année 2020, nous voulons souhaiter une bonne et heureuse année pour chacun de vous, vos familles respectives et vos proches et vous témoigner notre gratitude pour votre fidélité. Nous vous remercions de vos réactions toujours plus nombreuses à nos articles. Votre apport a voulu que tout au long de 2019 nous répondions présent pour vous apporter les informations essentielles vous permettant de forger votre propre opinion sur l’actualité. Dans le souci d’enrichir le contenu de votre magazine et de consolider son ancrage près de vous, nous vous donnons la parole et vous invitons à nous faire partager vos réflexions par rapport à l’actualité dans notre nouveau rubrique : le Courrier des Lecteurs. En cette année 2020, l’équipe du magazine Congo Business et moi-même, nous nous engageons à relever encore les défis de vous apporter les informations utiles dans chacun de nos numéros. Bonne et heureuse année à toutes et à tous.

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Editorial

Félix Tshisekedi

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l’entrepreneur solitaire élix Antoine Tshisekedi s’applique une loi des séries. Année 2019 : planter le décor et maîtriser les rouages de la haute administration de l’Etat. Année suivante : « je décrète 2020 l’année de l’action ». Objectif : faire décoller le pays, enfin. L’engagement épouse la grandeur du lieu, du public et des circonstances. Engagement pris lors de son tout premier discours sur l’état de la Nation, devant les députés et sénateurs réunis en congrès, au sein du mythique Palais du peuple. C’est ici même que, une trentaine d’années plus tôt, le Président Mobutu annonça la disparition du parti unique Mpr. A son tour, Félix Antoine Tshisekedi est venu lui aussi y engager l’avenir : finir avec les éternels « hommages faits aux potentialités de l’Etat congolais ». Le Président congolais donne ainsi un double rendez-vous. Le premier : Tshisekedi promet que son pays cesse de n’être qu’un « scandale géologique ». Vieux slogan inventé par le géologue belge Jules Cornet depuis 1892. Second rendez-vous : par une « action transformatrice », Félix Antoine Tshisekedi s’engage à obtenir à partir de 2020 des résultats tangibles et concrets. Et pourtant, les fonctionnaires n’attendaient qu’une hausse de leur rémunération, 150 Usd pour l’huissier d’administration, notamment. Faut-il y voir de l’Incohérence ? Nullement ! En effet, le Gouvernement a accompli plutôt une leçon de pédagogie : pendant qu’il régularise les vieux retards de paie des « nouvelles unités », il débute aussi le prélèvement d’une fiscalité annoncée depuis de nombreuses années. Sont Congo Business Magazine - Février 2020

Méthodes d’action Assez vite, le Président Tshisekedi a compris qu’il faut montrer comment il va réaliser ses promesses. Il choisit un cadre approprié : le corps diplomatique. Il s’oblige alors de citer quelques préalables de faisabilité : assainissement et amélioration du climat des affaires, réforme de la Justice, lutte contre la corruption et le blanchiment des capitaux, création de six zones économiques spéciales. Et, trois jours après, le Premier ministre de son gouvernement sera plus précis lors de la 25e édition du forum des miniers Indaba à Capetown en Afrique du sud : « les potentialités du Congo sont immenses et variées mais faiblement exploitées ; c’est pourquoi le pays a besoin des investisseurs pour l’exploitation des gisements ». Cependant, les dirigeants congolais ne comptent pas que sur les investissements extérieurs pour donner à l’Etat ses capacités. Ainsi, déjà en ce mois

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impliqués dans cette opération tous ceux qui sont rétribués par l’Etat. Résultat pour le mois de janvier : 10 millions Usd récoltés. Le Fonds monétaire international observe et attend la suite. Autres scandales congolais

de janvier 2020, le gouvernement a pris l’audace de débuter l’application du prélèvement de l’ impôt professionnel sur les revenus (IPR), avec les taux de 3% pour les salaires les plus bas et 15 % pour les revenus intermédiaires.

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Le Congo a plein d’atouts, mais tous ne lui sont pas tous bénéfiques. Il y existe aussi des défis, d’ordre social ou géostratégique, qui prédisposent le pays à une fragilité permanente. Sur le plan démographique, la population congolaise pourrait atteindre 100 millions d’ici peu. Cependant, aucune des grandes agglomérations urbaines n’est épargnée par des lotissements sauvages, des raccordements pirates en eau et électricité, des érosions de terre et des décharges d’immondices inattendues. Le banditisme urbain tire en grande partie sa source de cette sous-urbanisation. Les problèmes sociaux sont donc plus profonds, structurels. Selon les spécialistes, la capitale congolaise ne peut être sauvée que par l’installation des lignes de tramway. Tous les actuels investissements consentis pour élargir les routes ou construire des saut-de-mouton ne sont que des palliatifs. En fait, le Président Félix Antoine Tshisekedi devrait dès maintenant mettre en place un programme pluriannuel de travaux d’infrastructures. C’est un tel investissement qui pourrait donner du travail à des dizaines de

milliers de travailleurs, des opportunités à des nombreux hommes d’affaires, sans compter les universités congolaises qui réaliseront des études techniques nécessaires. Par ailleurs, au niveau géostratégique, le Congo demeurera toujours convoité par les rapaces euro-occidentaux, comme lors de la conférence de Berlin (1884-85) et pendant la guerre froide (1945-90). Rappelons-nous. Si les Banyarwanda ont été transplantés du Rwanda au Congo belge ce ne fut pas tant à cause du génocide entre les ethnies Tutsi et Hutu ou du surpeuplement sur leur petit territoire. C’était surtout pour répondre aux besoins des colons européens qui ouvraient des vastes champs au Kivu, comme en Rhodésie et en Afrique du Sud. De même, les miniers européens avaient besoin au Katanga d’une main d’œuvre non revendicative, pour exécuter un labeur quasi inhumain. Le scandale géologique du Congo suscite ainsi aussi des défis collatéraux, géoéconomiques et géostratégiques. Les armes dont les assassins qui tuent les populations à Beni ne sont pas fabriquées au Congo. En retour, les minerais de coltan et les pépites d’or sortent du Kivu et de l’Ituri, récupérés par des trafiquants installés dans les pays voisins. Le défi de la sécurité et de la paix nationales reste une épreuve fondamentale pour tout Chef d’Etat congolais. Enjeux politiques invisibles

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Certes, certains défis du Congo sont visibles et quantifiables. Mais le défi majeur, la sérénité politique, demeure non facilement mesurable. Il est si difficile d’évaluer le bénéfice politique pour le Président Félix Antoine Tshisekedi d’une coalition inattendue, ayant remplacé une vive cohabitation annoncée par les résultats des élections législatives. En tout cas, sans la majorité Fcc-Cach au Parlement, le Chef de l’Etat n’aurait pas pu faire voter un budget de l’Etat 2020 qui corresponde à la vision de sa gouvernance. Cette réalité n’a guère empêché, récemment, les cadres de son propre parti, l’Udps, à appeler leur leader à briser la « double alliance » qui le soutient, avec Joseph Kabila et avec son directeur de cabinet, Vital Kamerhe. A bien d’égards, le Président Félix Tshisekedi se trouve donc à la tête d’une entreprise dont les objectifs et le calendrier dépendent davantage de sa propre évaluation. Si, en langage militaire cela s’appelle « solitude du commandement », alors Felix Antoine Tshisekedi est un entrepreneur solitaire.

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SOMMAIRE 1. ÉDITORIAL 4.Professeur Madeleine Mbongo 2. DÉCIDEURS INTERVIEW 8. Chouna Lomponda 22. Yves Kabongo 27. Toussaint Mika 3. Dossiers 28. Recettes du secteur de l’environnement : zones d’ombre ! 4. Perspectives

36. Cédric LONGANGE 8 clés nécessaires pour une diaspora participative au développement de la RDC 40. Heri Man. Henry & Charlotte U. Mutombo: Astuces business et emploi 44. Heri Man. Henry: RDC: Félix Tshisekedi pour la création d’un fonds de garantie pour financer les jeunes. A quoi s’attendre ?

5. Afrique Monde

48. Le paradoxe de l’entreprenariat africain 52. Comment réussir son business en Afrique ? 5.4 L’expatriation en Afrique, une opportunité à saisir.

RD-Congo: 13 avenue Lubefu Gombé Kinshasa RD-Congo Téléphone : + 243 827 397 494 & +243 845 886 945 Canada: 401 Bay Street Toronto, ON M5H 2Y4 Téléphone : +1 437 240 1702 info@magazinecongobusiness.com

Éditeur Lawrence KITOKO LUBULA Directrice de la rédaction Madeleine MBONGO MPASI Directeur de la Publication Bolundu RISASI L Directeur de vente Fohony BAHATI Coordonnatrice de la rédaction Charlotte MUTOMBO UMBA Secrétaire de la rédaction Milolo KITOKO Rédaction Charlotte MUTOMBO UMBA Cédric LONGANGE Derlin Mputu Kinsa Fady-Aa. WISHIYA DIBAYA Heri MANEMA Lawrence KITOKO-LUBULA Madeleine MBONGO MPASI Talents 2 Africa Design Schilo Tshitenga Djane-Kate Minikabu Lozolo Impression & Distribution Yolo Communications Crédits photos Rudy Yaone, Vaya Sigmas, Baudouin Mouanda ISSN 2368-9420 imprimé ISSN 2368-9439 en ligne

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32 Interview Congo Business Magazine

Sivi Malukisa 12 Chouna Lomponda

Entretien avec une experte de la communication qui veut changer le monde

22 Interview La jeunesse entrepreunariale dans l’artisanat minier

33 Astuces

Business et emploi

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Félix Tshisekedi encourage la création d’un fonds de garantie pour les jeunes, explications.

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Ils ont marqué l’année 2019

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Yvonne Kusuamina

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Chouna Lomponda

Jeanine Mabunda Lioko

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Eric Monga Mumba

Dr Jean- Jacques Muyembe

“My goal is not to be better than anyone else, but to be better than I used to be”, disait Dr Wayne Dyer. Chaque année, Congo Business Magazine s’emploie à être meilleur qu’avant. Aussi, jette-elle un regard sur la société congolaise pour souligner la contribution de l’une ou l’autre personne dans tel ou tel autre domaine de la vie. Qu’ils soient personnalités politiques, chefs d’entreprises, journalistes, entrepreneur, artistes ou simple citoyen...Ils ont pour dénominateur commun celui d’avoir excellé dans leur domaine, d’avoir participé à rendre la société meilleure, d’initié un mouvement contributif à l’amélioration d’un tel ou tel autre aspect de la vie en communauté.

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1. Docteur Jean- Jacques Muyembe

to RudyYaone

Il est le directeur général de l’Institut national de recherche biomédicale (INRB) de la République démocratique du Congo. Docteur en virologie, spécialiste du virus Ebola. Il est le premier scientifique à avoir examiné des patients infectés par le virus Ebola Il faisait partie de l’équipe de l’hôpital de la mission catholique de Yambuku qui a enquêté sur la première flambée d’Ebola. En août 2019, il a découvert le remède le plus efficace contre le virus Ebola. Grâce à sa découverte, cette maladie ne peut plus être considérée comme incurable. Quatre décennies et plusieurs épidémies plus tard, le Congolais Jean-Jacques Muyembe Tamfun a enfin la victoire sur son foudroyant ennemi, « Le combat de sa vie » Crédits photo RudyYaone

3. Eric Monga Mumba

2. Jeanine Mabunda Lioko Présidente de l’Assemblée Nationale, elle est la deuxième femme à diriger l’Assemblée nationale en RDC (la première étant madame Philomène Omatuku Atshakawo Akatshi). Véritable femme d’État, elle fut ministre du portefeuille de l’État dans les gouvernements Gizenga et Muzito, conseillère spéciale en matière de lutte contre les violences sexuelles de l’ancien chef d’État monsieur Joseph Kabila. Crédits phoCongo Business Magazine - Février 2020

Dieudonné Kayembe

Maud Salome Ekila

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Emmanuella Zandi Mudherwa

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Junior Ilunga Makabu

Fally Ipupa

Ils ont marqué l’année 2019

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CEO de KIPAY INVESTMENTS, une société privée productrice d’énergie axée uniquement sur les énergies renouvelables y compris à l’hydroélectrique. Kipay c’est les travaux lancés en novembre 2019 pour le barrage hydro-électrique de Sombwe et Kawa sur le bassin versant de la Lufira, Haut-Katanga, respectivement de 130MW et 29MW. Crédits photo RudyYaone 4. Chouna Lomponda est la Fondatrice de Success DiverStory asbl, Initiatrice et coordinatrice de la campagne de sensibilisation nationale #DeLaReussiteParmiVous. Suite à la publication d’une actualité, elle planifie et conçoit ce projet qui mobilise ce que la Belgique compte de pointures et de réussites intellectuelles et professionnelles issues des minorités, en vue d’une action qui a pour objectif de bâtir une société plus inclusive par la présentation de nouveaux rôles modèles dans la société. Elle est également Directrice de la Communication du CCLJ, Spécialiste en stratégie et e.reputation, Chroniqueuse dans une chaîne publique, elle y décrypte l’actualité politique 10


et les faits de société. Femme engagée, Détentrice du Prix Union Diversity Innovation et du Prix de l’Action Féminine, Keynote - Speaker... Entre l’exposition de sa campagne dont tout le monde parle et ses multiples activités couronnées de succès, 2019 fût résolument son année. On nous avait prévenus, Chouna Lomponda est une hyperactive qui Ose! Crédit photo: Vaya Sigmas 5. Yvonne Kusuamina CEO de Pay Network sarl, société spécialisée dans la gestion des ressources humaines de manière générale et la gestion de la paie en particulier, depuis 2007. Pay Network est depuis février 2019, la représentante officielle en RD Congo de Mercer Africa, filiale de Marsh & Mc Lennan Companies, leader mondial du conseil en ressources humaines, en prévoyance en santé, en retraite et en investissements. Partageant ainsi une vision commune : agir aujourd’hui, pour améliorer notre qualité de vie future. En tant qu’actrice du secteur privé congolais, elle est lauréate du prix de la Gouvernance d’entreprise (2015-2016) décerné par la Fondation Roi Baudoin et la Société Belge d’Investissement pour les Pays en Développement – BIO Crédit photo: Baudouin MOUANDA 6. Fally Ipupa Chanteur, compositeur et philanthrope, il a occupé la tête du classement des artistes, il est considéré comme le meilleur et le plus célèbre artiste congolais à travers le monde. En 2019, Fally Ipupa est resté au top de sa génération avec tous les records : ventes, vues, nominations, récompenses, les pleins des concerts etc. 7. Junior Ilunga Makabu Champion du monde Boxe WBC. Il s’est mesuré au Russe Dmitri Kudryashov le 16 juin 2019 et a remporté la ceinture des lourds légers de la World Boxing Council (WBC) Golden. Titre qu’il a défendu et conservé à l’issue d’un combat face au Polonais Michal Cieslak à kinshasa le 31 janvier.

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8. Emmanuella Zandi Mudherwa Jeune activiste de 21 ans, elle a fondé « Ma voisine » une organisation à but non lucratif à Kinshasa, dont le but est d’encourager l’autonomisation des filles par les filles. L’organisme compte aujourd’hui environ 12 000 participants dans tout le pays et collabore avec ONU Femmes dans le cadre d’initiatives de sensibilisation à la violence faite aux femmes 9. Maud Salome Ekila Auteure et journaliste talentueuse, elle est passée par la radio et la télévision. Maud-Salomé Ekila est également une panafricaniste convaincue dont l’œuvre se situe justement dans cette quête d’appropriation des identités africaines par les africains et afro-descendants de partout. Militante, elle travaille depuis 2012 comme chargée de communication pour notre Prix Nobel de la Paix, le Dr Denis Mukwege. Elle a récemment publié un ouvrage d’histoires et de comptines populaires pour enfant provenant de tout le continent et composé exclusivement de personnages africains afin de palier à ce manque drastique de représentation dans les livres jeunesses. Elle a réalisé plusieurs documentaires historiques et d’actualité dont «Kongos de Martinique « dont le but était de partir à la recherche des cultures Kongos préservées par les africains du Royaume Kongo qui ont été déportés à l’époque de la traite transatlantique.

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Dieudonné Kayembe

Jeune ingénieur et chercheur de 30 ans, il a créé MOTEMA (cœur en français), une tablette éducative dans laquelle est incorporé le système éducatif congolais. Motema est comme symbole de l’amour qu’il porte à son pays. La tablette Motema met en exergue les quatre langues nationales du pays : le lingala, le tchilouba, le kikongo et le swahili. Il a reçu le prix de l’innovation du ministère de l’Industrie.

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INTERVIEW

Chouna Lomponda

Profession : Experte de la communication & des médias, Stratège, Initiatrice de mouvement, Entrepreneuse, Femme engagée Héroïne des temps modernes

«J’ai toujours été là où l’on ne m’attend pas» Tête-à-tête inédit avec une hyper active au parcours atypique. Celle qui fût souvent «l’une des premières Noires» dans sa trajectoire professionnelle, allant de la presse écrite à Directrice de la Communication du CCLJ, en passant par la télévision , un cabinet ministériel où elle était Conseillère en communication politique, ou encore le Musée Juif de Belgique dont elle fût l’emblématique Porte-parole pendant 8 ans, Chouna Lomponda a mis ses multiples compétences au service d’un monde plus juste en luttant contre le racisme et les discriminations via une campagne intitulée #DeLaReussiteParmiVous. A quelques semaines de la conférence after-work qu’elle donnera au Pullman Kinshasa, nous avons échangé avec une héroïne des temps modernes, une réelle source d’inspiration. Le Rendez-vous est fixé dans le décor très high tech et contemporain du Mazal Café au Centre Communautaire Laïc Juif David Susskind. Lorsqu’elle apparaît, c’est d’un pas assuré et le regard déterminé qu’elle traverse la pièce avec un large sourire aux lèvres. C’est une personnalité à l’agenda de femme d’affaire que nous rencontrons, qui évoque d’emblée l’actualité et nous partage son étonnement face l’absence de communication de crise en RDC en matière de compréhension et de perception du risque lié au coronavirus. Le pays comptant une forte population chinoise, «cela évi-

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tera un effet de panique et la stigmatisation des ressortissants étrangers». Avec Chouna Lomponda, c’est comme ça. Les conversations tournent souvent à l’analyse des faits... «déformation professionnelle» ajoute-elle. BX1, la chaîne publique belge dans laquelle elle officie une fois par mois en tant que chroniqueuse dans l’émission politique «Les Experts», ne s’est pas trompée en faisant appel à elle. Avec son professionnalisme, sa connaissance intime de l’actualité, son style élégant, son intelligence et sa voix radiophonique, elle apporte beaucoup et relève le niveau du débat public. Elle poursuit en nous invitant aux cérémonies du 60e anniversaire du CCLJ, projet qu’elle coordonne, et la préparation de la Séance Officielle qui réunira tous les amis du Centre, mais également le monde politique, celui de la culture et le corps diplomatique. Dans la même semaine, si vous la cherchez, elle interviendra un weekend devant une centaine d’enseignants belges triés sur le volet et réunis en formation afin de les sensibiliser sur les questions de lutte contre la discrimination et le changement de perception dans l’enseignement, ceci dans le cadre la campagne #DeLaReussiteParmiVous qu’elle pilote depuis deux ans et dont le lancement de la deuxième édition se déroulera le 21 mars 2020, une date qui ne doit rien au hasard. Régulièrement sollicitée en tant que Conférencière, elle

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forme les professionnels aux stratégies médias et de communication. Elle anime aussi des workshops sur des thématiques diverses. Connue pour son franc-parler et ses prises de position, elle se veut défenseur des minorités et des femmes. Il n’est pas rare qu’elle distille sa jolie voix devant un public d’experts, de chefs d’entreprises, d’étudiants et de décideurs politique et économique... Cette femme dynamique et surprenante, qui aime être là où on ne l’attend pas, élève seule ses enfants, et passe du temps avec eux - «c’est essentiel» dit-elle. Preuve qu’il est possible d’être une super woman dans la vraie vie.

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Propos recueillis par Congo Business

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Crédit photo: © VAYA SIGMAS

n toute simplicité mais avec efficacité, elle a accompli en un an ce qu’autres mettent une décennie à entreprendre. Derrière son regard irresistible, se cachent les fêlures, et les batailles remportées par les héros ! Chouna Lomponda c’est une véritable Rôle modèle de la trempe d’une Oprah Winfrey ou d’une Michèle Obama, avec ce je ne sais quoi en plus qui la rend accessible.

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«Congo Business»Vanessa Nakate, la militante ougandaise du climat, a déclaré qu’elle a compris la définition du mot racisme après avoir été coupée sur la photo avec ses paires lors d’une conférence donnée au Forum de Davos. Qu’en pensez -vous ?

Crédit photo: © Noé David

Chouna LOMPONDA, - Lorsque, il y a deux ans, j’ai initié la campagne de sensibilisation #DeLaReussiteParmiVous -qui vise à lutter contre les discriminations et le racisme, à déconstruire les stéréotypes, et à changer les narratifs via un prisme différent, avec Success DiverStory nous avons compris la nécessité et l’urgence de rendre visible les minorités pour changer les perceptions et cesser cette invisibilisation massive en contribuant à leur représentativité. C’est ainsi que, dans notre dispositif, nous avons implémenté une campagne d’affichage, soit 200 affiches dans 19 communes de la capitale belge pour rendre visible cette diversité, non pas comme porte-parole d’une communauté, mais plutôt comme des expertises, et des professionnels, pour qu’ils soient perçus comme tels ! Car comme je le souligne souvent, il n’y a pas d’influence sans visibilité.

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La campagne #DeLaReussiteParmiVous est une action inclusive qui présente de nouveaux rôles modèles, des exemples pour changer les perceptions. Ce que Vanessa Nakate dénonce est une réalité. Il y a quelque chose que la société européenne a encore beaucoup de mal à accepter : c’est qu’une Femme, qui plus est d’origine africaine, ou africaine, soit : intelligente, indépendante, professionnelle, qu’elle ait du caractère et, surtout, qu’elle accède à de hautes responsabilités. Regardez ce qui s’est passé en Angleterre avec Meghan Markel, dont les origines africaines sont pourtant lointaines. Il ne faut pas être un grand analyste des médias pour réaliser, en lisant la description faite d’elle depuis son arrivée dans la famille royale, le racisme subtilement distillé à longueur de colonnes dans les tabloïds anglais. Et ce comportement n’est que le reflet de ce que vivent d’autres personnes issues des minorités. Raison pour laquelle nous menons cette initiative, et les soutiens timides que nous recevons pour réaliser une action pourtant d’utilité publique, démontrent encore de profonds déséquilibres. Ne faisons pas l’économie de la lucidité, il faut changer les paradigmes pour que les jeunes générations puissent vivre dans une société équitable ! Avec SDStory, c’est que nous faisons et y travaillons. Une autre cause vous touche particulièrement, c’est celle des femmes, vous nous avez d’ailleurs confié que l’un des critères de sélection des ambassadeurs de la campagne #DeLaReussiteParmiVous, c’est le critère de parité de genre. Quel est le message que vous souhaiteriez transmettre aux femmes congolaises ? Le message est le même que celui que j’ai transmis à une assistance exclusivement féminine lors d’une conférence que j’ai donnée au mois de novembre 2019 dans le cadre du Elle Activ Forum Belgique organisé par le Elle Magazine : Soyez audacieuses, ayez l’audace d’entreprendre et cultivez la sororité ! Les femmes sont les premières victimes des conflits armés, de l’exil et même de discrimination. Elles ont une charge mentale énorme et, malgré tout, bien souvent et surtout dans les zones rurales, elles sont les premières sources de revenus du ménage. La femme congolaise a une force et une capacité de résilience horsnormes qu’elle cultive au quotidien par le travail. Mais pour faire face aux défis qui se présentent à elle, il est important qu’elle soit solidaire avec les autres. Les hommes le sont entre eux. Je ne fais pas partie de 15

cette catégorie de celles qui étouffent les autres femmes. Dans la campagne #DeLaReussiteParmiVous, je mets en lumière 9 femmes, des étoiles montantes dans différents secteurs. Elles sont jeunes, intelligentes...je suis très fière d’accompagner chacune d’elles à asseoir leur positionnement. C’est important pour moi, d’avoir des profils high level qui soient des sources d’inspiration pour susciter des vocations et pousser d’autres femmes à élever leurs standards.

Comment d’Experte de la communication et des médias on en devient une femme engagée, initiatrice de mouvement et Présidente d’ASBL ? Parce que l’on peut être tout cela à la fois. Le dénominateur commun de toutes mes fonctions, c’est le professionnalisme et l’audace d’entreprendre. Dans tous ces milieux où l’on a fait appel à moi : en Europe, au Congo et même les USA, pour une société américaine qui avait en portefeuille-clients le Congrès américain… c’est une professionnelle que l’on recherchait, et une expertise que l’on sollicitait. Après la tragédie de l’attentat du 24 mai au Musée Juif de Belgique, auquel j’ai échappé de justesse, j’étais en quête de sens. J’aime beaucoup cette parole du Prix Nobel de la Paix, le Docteur Denis Mukwege «pour être heureux, il faut être utile». C’est ainsi qu’en 2017, un jour, en parcourant ma revue de presse, je découvre un article qui traite de la carence des diplômes à Bruxelles et de la pauvreté. En guise d’illustration de l’article, ce quotidien a utilisé une photo sur laquelle figuraient de jeunes adolescents « Noirs » et « Arabes ». Il s’agit d’un fait, parmi tant d’autres, qui témoigne de l’utilisation d’images réductrices auxquelles certains médias en Europe n’échappent pas toujours aujourd’hui. Cet article a ainsi fait émerger en moi l’idée d’une campagne pour lutter contre certains clichés dont font parfois l’objet les personnes issues des minorités. Une fois la campagne initiée et planifiée, j’ai mobilisé des expertises ayant les mêmes objectifs que moi. Aujourd’hui, avec mon associé Charles- Olivier Mbuyi et d’autres collègues, nous contribuons à bâtir une société plus inclusive. L’un de mes projets pour la RDC, c’est d’implémenter ce type d’action sociétale, en s’adaptant aux réalités du pays, pour lutter contre le tribalisme qui gangrène le vivre-ensemble.

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En tant que professionnelle du métier, quel est le regard que vous portez sur la communication et les médias en République Démocratique du Congo ? Pensez-vous qu’elle puisse être un outil de développement pour le pays ? Communiquer, c’est un véritable enjeu et c’est un métier. Les communicants s doivent faire face à des clients très exigeants, mais qui, bien souvent, ne comprennent pas grand-chose à notre métier, à son fonctionnement et, en plus, n’ont pas toujours les moyens de leurs ambitions. Vous savez, la communication, c’est un domaine qui s’inscrit dans un processus où l’on travaille tout d’abord sur la pertinence des projets à l’égard du public-cible. Dans un tel contexte : communiquer, c’est questionner le projet luimême en regard des réponses à apporter. Dès lors, la communication peut intervenir : dans la mise en valeur des actions du pays et dans la meilleure compréhension de ces initiatives. Elle peut servir à sensibiliser. Elle peut jouer un rôle d’information visant à rassurer les bénéficiaires, les bailleurs de fonds, l’opinion publique, les pouvoirs publics, les partenaires, un rôle de sécurisation et de prévention.... En ce qui concerne les médias, c’est un domaine qui s’est paupérisé depuis longtemps. Le métier de journaliste reste attractif, mais les places sont chères et les moyens inexistants. En RDC, les journalistes exercent dans des conditions extrêmement difficiles, ce qui les rend vulnérables à la corruption morale et matérielle et rend la frontière entre presse et pouvoir beaucoup trop étanche. De plus, avec l’arrivée en force des blogueurs et des influenceurs, les cibles se tournent vers d’autres fournisseurs d’information pour un coût limité. C’est une situation contrastée car l’attrait du métier ne se dément pas. A cela s’ajoute la question de la formation. Il faut repenser le journalisme, pour qu’il soit en phase avec le monde actuel. Enfin, il faudrait oser aborder la question de la rationalité dans le recrutement, en instaurant un concours qui donnerait accès à un sorte de numerus clausus pour l’accès à la profession. Il est indispensable de professionnaliser ce métier, de réguler le recrutement et de donner davantage de moyens aux journalistes en exercices et de préparer le pour les futurs engagés.

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Vous êtes unev stratège, on a de vous l’image d’une Spin Doctor, Vous donnerez d’ailleurs le 27 mars une conférence After Work au Pullman sur le thème de «La Communication de crise et l’e-reputation». Dans le futur, on vous verrait bien Ministre en RDC. Pourquoi ne vous engagez-vous pas en politique ? Si faire de la politique, c’est contribuer au changement, à améliorer la vie des gens, participer aux décisions de la vie d’une région, d’une ville, d’une nation. hé bien, considérez que je fais déjà de la politique (Rires)! Lorsque l’on vous rencontre, l’on ne peut s’empêcher de vous parler de votre illustre filiation. Vous êtes la fille de l’Amiral Lomponda Wa Botende qui fut Chef d’Etat-Major des Armées sous le Maréchal Mobutu. Est-ce que cela vous dérange que l’on vous rappelle que vous êtes la fille de ? Me déranger, certainement pas ! Je suis fière de mon père car il a marqué l’histoire. Parmi ces nombreux faits d’armes, il a évité au Zaïre d’entrer en guerre. Il a négocié et obtenu la paix avec l’Angola de 1976 à 1979. Autre Guerre, celle du Shaba, l’Amiral Lomponda Wa Botende était chargé du volet diplomatique : il a conduit une grande délégation composée de diplomates chevronnés et a négocié pendant trois ans avec succès. A l’époque, FB n’existait pas. J’ai hérité de lui : la rigueur, la discipline et un sens aigu des responsabilités...de ma mère, Anne Marie Mputu Ndjowo «Maman Lomponda», j’ai hérité de l’audace d’entreprendre, de l’élégance... Tout en respectant cette filiation que vous évoquez, je suis très heureuse d’avoir tracé ma propre route et m’être fait mon propre prénom. Vous avez plusieurs cordes à votre arc (Experte de la communication et des médias, Stratège, Entrepreneuse, Présidente d’asbl, Femme engagée...) Quelle est celle dont vous êtes le plus fière ? Maman de 4 fils : intelligents, créatifs, généreux, sensibles, beaux et forts comme les colonnes d’un temple.

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LIBRE OPINION

2020 Objectif entreprendre

Lorsque mon ami, Lawrence Kitoko, l’éditeur du magazine Congo Business, m’a demandé d’écrire sur l’investir en République démocratique du Congo (RDC), je n’ai pas hésité une seule seconde. Ce domaine dont j’ai fait mon activité professionnelle complémentaire me fascine car la RDC est un cas unique en ce qui concerne l’investissement. La transformation de l’économie de la RDC encours est niée par tous alors que tout le monde veut y être, ou plus précisément, veut en tirer profit. Nous pouvons citer en exemple la General Electric qui vient de signer le 12 février 2020 le retour des américains en RDC avec un méga-investissement de 1 milliard de US $ dans le domaine de l’énergie et de la santé publique alors que tout semblait faire croire à un désintérêt des américains pour la RDC.

Qui sera le suivant ? « Plus grand pays d’Afrique francophone, la RDC possède d’immenses ressources naturelles et une population de près de 80 millions d’habitants, dont moins de 40 % vivent en milieu urbain. Avec ses 80 millions d’hectares de terres arables et plus de 1 100 minéraux et métaux précieux répertoriés, la RDC pourrait devenir l’un des pays les plus riches du continent africain et l’un de ses moteurs de croissance si elle parvenait à surmonter son instabilité politique et à améliorer sa gouvernance. » Source : Banque Mondiale La RDC est une puissance économique en devenir. Ce pays classé parmi les plus pauvre au monde aujourd’hui connait une croissance soutenue depuis plus de deux décennies et elle n’a faiblit que légèrement avec la crise de 2015. Même si cela semble invraisemblable compte tenu de l’actualité de la RDC, il est indéniable que le Congo deviendra une superpuissance un jour, la seule question qui se pose réellement est de savoir quand. Bien que l’on présente souvent la RDC comme un pays chaotique, Congo Business Magazine - Février 2020

mal organisé, ayant une instabilité politique endémique, les investisseurs qui ont fait le pari de s’y installer ont le vent en poupe. Nous pouvons citer en exemple, RAWBANK, Trust Merchant Bank (TMB), Vodacom, Airtel, Orange, Heineken, Croupe Castel, Katanga Mining Limited... Le pays a parcouru un chemin certain ces dernières années à travers un ensemble de réformes politiques et économiques, et, des grands chantiers pour favoriser l’investissement direct étranger. Bien que beaucoup reste à faire, c’est bien le moment de saisir les opportunités d’investissement pour participer à l’émergence inéluctable de notre pays, la RDC. Cet article donne les chiffres clés de la RDC, ses atouts, les secteurs prometteurs et quelques bonnes pratiques pour réussir en RDC… Congo en quelques chiffres ?

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Commençons par la production annuelle de richesse de la RDC (le PIB à prix courant pour les initiés), de 7 milliards (154 US$ par habitant) en 2001, elle a été multipliée par 7 en passant à 48.5 milliards (495 US$ par habitant) en 2019. Le PIB par habitant a lui été multiplié par 3 durant la même période. Même si ces résultats restent insuffisants pour un aussi grand pays ayant une population de 90 millions d’habitants, il y a très peu d’autres pays qui ont fait mieux au cours de la même période. Alors que 70% des emplois se concentre dans l’agriculture (10% dans l’industrie et 20% dans les services), 44% de la valeur ajoutée provient de l’industrie. L’économie de la RDC repose principalement sur les industries extractives (cuivre, cobalt, zinc, or, coltan…), qui représentent plus de 80% des exportations. Depuis 2014, la RDC a souffert des facteurs exogènes tels que la chute des cours des matières premières qui a entrainé une chute des recettes et une baisse des dépenses publiques. Ceci a entrainé une hausse de l’inflation. Maitrisée dans les années 2000, elle se situe maintenant autour de 20%-30% (ce qui reste acceptable par rapport à l’hyperinflation des années 90). Le taux de change a été stabilisé autour de 1.700 Francs congolais par US$ et le taux d’endettement de 15% est relativement faible suite des efforts de redressement consentis par le gouvernement durant les années 2000 dans le cadre de l’initiative PPTE du FMI. Pourquoi investir au Congo ? La RDC dispose de plusieurs atouts pour devenir le centre d’attraction des investissements en Afrique. La RDC est un vaste marché au cœur de l‘Afrique : Avec les populations des pays voisins, elle représente un marché potentiel de 250 millions de consommateurs. La RDC a une position stratégique : La RDC, pays aux dimensions énormes situé au centre de l’Afrique. Géant par sa gigantesque superficie de 2,345 millions km², elle partage 9.165 km de frontière avec 9 pays voisins. La RDC est un véritable point d’ancrage, un hub économique de l’Afrique centrale à l’Afrique australe et orientale par son appartenance à plusieurs zones économiques - SADC, COMESA, CEEAC COMESA, CEEAC… La RDC possède un potentiel hydrographique exceptionnel au monde, avec un bassin hydraulique de 3.680 km et une des grandes réserves d’eau douce au monde. Ceci ouvre des opportunités importantes notamment pour les grandes exploitations agricole et industrielle. Ce potentiel lui donne la possibilité de vendre de l’eau aux régions désertiques du sud et du nord du continent Africain. Le potentiel hydroélectrique de la RDC peut couvrir 50% des besoins de l’Afrique : Le fleuve Congo, long de 2.900 km avec un débit le plus régulier et le plus puissant du monde (42.000 m3/ seconde) après l’amazone au Brésil fournissent un potentiel 19

énergétique inouï à la RDC. Il est estimé 106.000 MW dont 44% (soit 44.000 MW) sont concentrés au seul site d’Inga. La RDC possède en outre d’importantes potentialités en ressources énergétiques renouvelables telles que la biomasse, l’éolienne, le solaire, le biogaz et le biocarburant. Les terres congolaises ont un potentiel infini : Le sous-sol de la RDC regorge des richesses naturelles innombrables « scandale géologique ». Le secteur minier présente une extrême variété de minerais : bauxite, charbon, colombo tantalite (coltan), cuivre, cobalt, diamant, étain, fer, gaz méthane, manganèse, or, pétrole, schistes bitumeux… La forêt de la RDC représente, à elle seule, plus de 45% de l’ensemble de la forêt équatoriale du continent, et renferme des essences fort recherchées telles que l’Afromosia, l’Ebène, le Wenge, l’Iroko, le Sapelli, le Sipro, le Tiama, le Tola, le Kambala, le Lifaki,… La RDC concentre plus de 120 millions d’hectares de terres arables, fertiles et propices à l’agro-industrie. Les conditions climatiques favorisent le déploiement à grande échelle des activités agricoles toute l’année. Tous ces atouts font de la RDC, un endroit privilégié pour y faire prospérer des investissements dans les domaines les plus divers. Dans quels domaines investir en RDC? Nous avons choisi de nous concentrer sur cinq secteurs même si la liste aurait pu être très longue. Les mines restent le secteur par excellence, une valeur sure en RDC, toute l’économie du pays en dépend et les opportunités y sont infinis. L’exploitation se concentre principalement sur les minerais suivants : cuivre, cobalt, diamant, or, étain, cassitérite, coltan et wolframite. Ces minerais se caractérisent par la forte augmentation de leurs demandes mondiales alimentées par l’innovation technologique et la forte croissance mondiale. Depuis les réformes du code minier de 2002, les principaux minerais ont notamment connu une hausse de production vertigineuse de 2003 à 2018 : le cuivre est passée de 9 milles tonnes à un record de 1,2 million de tonnes, le cobalt s’est envolé de 1,4 mille tonnes à 84 milles tonnes, le zinc de 4,9 milles tonnes à 12 milles tonnes, l’or de 12Kg à 33 tonnes et le diamant de 3milles carats à 18 millions de carats. Avec la libéralisation des entreprises minières en 2002, on est passée des monopoles d’état avec 4 entreprises minières à plus de 40 aujourd’hui, et ce chiffre n’arrête pas de croitre. Bien que le nouveau code minier de 2018 réduit quelque peu la rentabilité des investissements, le secteur minier continue de drainer énormément d’investissements privés et à être le moteur de la croissance de Congo Business Magazine - Février 2020


l’économie congolaise. L’énergie Le potentiel énergétique de la RDC contraste avec son taux d’électrification qui est de 9,6%, avec de fortes disparités entre milieux urbains (35%) et ruraux (1%), ce qui offre énormément d’opportunités d’investissement. Les provinces les mieux équipées sont celles du Bas-Congo, de Kinshasa, du Katanga et de la Province Orientale. Sur une puissance totale installée en RDC évaluée à 2.677 MW, seuls 1.281 MW sont opérationnels. Pour encourager les investisseurs, le gouvernement a mis en place un Code des Investisseurs en 2002, un Code d’Electricité en 2009 et une Loi qui institue la libéralisation du secteur énergétique en 2014. Le transport Le transport des personnes et des marchandises reste un défi considérable vu l’immensité du territoire et les conditions géographiques et climatiques. Kinshasa est difficilement accessible par la route depuis les autres villes principales du pays que sont Mbuji-Mayi, Lubumbashi, Kisangani, Kananga et Goma. Toutefois, certaines liaisons de la capitale avec certaines provinces comme celle du Bas-Congo du Grand Bandundu se sont améliorées depuis les années 2000 avec la réhabilitation de certaines infrastructures. Mais beaucoup de travail reste à accomplir, ce qui offre aussi des opportunités énormes d’investissement dans ce secteur. La télécommunication Airtel Congo, Vodacom RDC, Orange RDC et Africell RDC, les quatre plus grands opérateurs mobiles (92% du marché) ont réalisé un chiffre d’affaires de 344,75 millions de US$ au second trimestre de l’année 2019, en hausse de 6,6% par rapport au trimestre précédent. La loi sur les télécommunications rend le marché congolais très attractif, le secteur des télécommunications réalise les assignations annuelles en moins de deux mois. Les marges que procurent ce secteur nous laisse à penser qu’il y a de la place pour de nouveaux opérateurs afin de rendre le marché plus concurrentiel. De plus, le taux de pénétration du mobile n’est que de 41%. L’Immobilier

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L’immobilier offre d’énormes opportunités en RDC avec 11 villes de plus 1M d’habitants, un fort exode rural et une forte croissance, principalement à Kinshasa : 12M d’habitants (troisième ville africaine en taille et en termes de croissance économique). Selon un classement de 35 villes africaines datant de 2017 par le cabinet britannique Knight Frank, avec un taux de rendement estimé à 12%, Kinshasa occupe la troisième place des villes africaines les plus rentables dans le segment de l’immobilier de bureau, la deuxième dans celui de l’immobilier commercial et la première dans le segment de l’immobilier résidentiel. Il y a bien d’autres secteurs qui offrent des belles opportunités d’investissement tels que le tourisme, l’agriculture, l’agro-industrie, la banque, la pêche, la production de biens d’équipements, l’hydrologie… 4 Les bonnes pratiques : Le plus grand frein aux investissements en RDC est le manque d’infrastructures de base et le déficit énergétique, qui restent un défi majeur pour le développement harmonieux de la RDC. Ces facteurs doivent être systématiquement pris en compte lors de la prise de décision sur un investissement Au-delà d’un accompagnement administratif, l’Etat congolais offre des incitants fiscaux et douaniers très attractifs pour les investisseurs par le biais d’agrément des projets d’investissements au régime du Code des Investissements. Ceux-ci peuvent courir pour une durée allant de 3 à 5 ans. D’où l’importance de se faire accompagner par les institutions publiques (ANAPI – agence de promotion de l’industrie, les ambassades, etc..) et des experts privés. Bien que la RDC dispose d’une main d’œuvre abondante et qualifiée, il est primordial d’intégrer plusieurs facteurs humains à vos projets d’investissement, notamment la formation aux nouvelles technologies et aux méthodes modernes de travail. De plus, les politiques salariales doivent intégrer le soutien aux employés dans les frais médicaux, scolaires, de transport etc…. Le succès est souvent au rendez-vous pour les investisseurs qui ne recherche pas seulement une rentabilité avantageuse mais qui s’engagent pour le long terme et qui ont une responsabilité sociétale afin d’accompagner le développement de la RDC à leur niveau.

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Photo Congo Business/Kinshasa RDC .

INTERVIEW

2. Tout Congolais est polyglotte, vous êtes à même de comprendre quelles langues nationales et internationales, lesquelles vous parlez ? Je suis né à Kinshasa donc je parle Français et Lingala. Je suis Canadien par adoption donc je parle aussi anglais. Je comprends le swahili parce que je travaille dans l’Est du pays (Katanga/Lualaba/Maniema) mais je devrais faire un effort pour le parler. 3. Est-il si important d’enseigner à la prochaine génération le monde des affaires ?

La jeunesse entrepreunariale dans l’artisanat minier 1. Pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs ? Je m’appelle Yves Kabongo. Je suis le Directeur Général des opérations de Cobalt Blockchain Inc. en RDC. Cobalt Blockchain Inc. (COBC) est une société minière canadienne exerçant des activités d’exploration et de développement, y compris des actifs en cobalt en République démocratique du Congo. Elle est la première société créée spécifiquement pour traiter le cobalt venant de la production artisanale conformément aux normes de l’OCDE. Ça fait 8 ans que j’évolue dans le secteur minier. J’ai eu l’opportunité de travailler pour plusieurs compagnies internationales listées sur la bourse de Toronto telles que Kilo Gold Mines, PC Gold Inc., Macusani Yellowcake (qui s’appelle maintenant Plateau Energy Metals) mais ces dernières 5 années je me suis focalisé sur le Congo et sur l’artisanat minier.

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Je pense que oui. Nous, jeunes d’aujourd’hui (je dis « nous » parce que je suis toujours jeune), pensons que le succès dans le monde des affaires se fait du jour au lendemain alors que cela nécessite beaucoup d’efforts et de sacrifices. Il y a quelques jours j’écoutais un interview de Dangote qui disait que les gens ne voient que sa richesse et pas les sacrifices pour devenir ce qu’il est aujourd’hui. Malheureusement le monde des affaires ne s’enseigne pas à l’école. Ça fait 8 ans que j’évolue dans le secteur minier et je peux vous rassurer que ce n’est pas facile. C’est vraiment du « You learn as you go ». Il faut beaucoup de patience et de sacrifice. 4. Quel est, selon vous, le plus gros enjeu lié à l’entrepreneuriat ? L’accès au financement. Depuis que je suis rentré au Congo en 2014, j’ai eu à fréquenter plusieurs entrepreneurs et c’est le même problème qu’ils ont tous. Malgré la fiabilité de leurs projets, l’accès au financement cause toujours problème. Dans le cas où les banques de la place financent, c’est toujours à des taux élevés et des conditions presqu’impossible. A ma connaissance, il n’y a aucune banque d’investissement ou fond d’investissement au Congo qui ne puissent soutenir ses nombreux entrepreneurs.

5. Pouvez-vous nous brosser votre parcours avant d’être chez Cobalt Blockchain Inc.? Avant COBC, comme je l’ai dit au début cet interview, j’ai travail-

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lé avec/pour plusieurs compagnies minières. En 2014, lorsque les marchés de financement à Toronto pour les projets d’exploration devenaient de plus en plus compliqués, mes partenaires et moi, nous sommes décidés de rentrer au Congo pour évaluer les opportunités qui nous étaient présentées. Le seul moyen d’attirer les investisseurs était de présenter un projet qui permettait d’être « cash flow » rapidement donc nous nous sommes lancés dans le trading des 3T ( Tin, Tungsten, Tantalum) appelés auparavant minerais de conflit. Nous avons fait toutes les démarches au niveau du ministère des mines et de la direction des mines pour obtenir notre licence d’achat, de traitement et d’export. Nous avons commencé dans le nord du Katanga (Tanganyika) plus précisément à Manono. Pendant 3 ans j’ai supervisé toute la chaine d’approvisionnement c’est-à-dire les opérations d’achat des minerais auprès des artisanaux, la logistique, l’export et la vente au niveau international. Nous avons eu la chance de travailler avec un des plus grands traders qui s’appelle Traxys. En Novembre 2017 lorsqu’il y eu le boom du cobalt, nous avons été approchés par une banque d’investissement canadienne qui a beaucoup apprécié notre business model. Nous avons donc vendu nos licences à une compagnie listée sur la bourse de Toronto (Peat Resources) et nous avons repris la gestion de celle-ci pour la renommer Cobalt Blockchain Inc. 6. Quelle est la principale ambition derrière votre intégration dans Cobalt Blockhain Inc ? Mon ambition est de permettre à COBC d’atteindre son objectif principal. A cause du stigma des enfants dans les mines artisanales de cobalt, la mission principale de Cobalt Blockchain est de fournir du « clean cobalt » venant des zones d’exploitation artisanale via blockchain utilisé simplement pour la traçabilité de ces minerais. Comme je l’ai dit dernièrement à mon intervention à Gaborone au African Mining Summit, COBC estime qu’au lieu de regarder l’artisanat minier comme un problème, on devrait plutôt voir ça comme une opportunité de les aider à mieux faire en les encadrant. 7. Comment pouvons-nous mesurer l’impact de ses ambitions pour le cobalt congolais les prochaines années sur le territoire congolais ? Je ne cesserai de le dire et je le répète à haute voix, la révolution de la voiture électrique ne se fera pas sans le cobalt du Congo. Nous produisons 65 à 70% de la production mondiale. Si je n’exagère pas, nos réserves de cobalt équivalent à 80 % des réserves mondiales. Tout simplement pour dire que ce minerai est très stratégique pour le Congo et il faut qu’on en 23

bénéficie. J’ai beaucoup apprécié le dernier interview de Monsieur Yuma (PCA de le Gecamines) qui propose de prendre contrôle de notre cobalt en proposant au gouvernement de créer un fond souverain. Il estime que ce fond peut produire des recettes de plus de 10 milliards de dollars par an et cela peut nous permettre de nous focaliser sur d’autres secteurs tels que l’agriculture. J’encourage cette initiative. 8. Dans le secteur minier, les pays africains en général et la RDCongo en particulier souffrent d’un manque d’infrastructure pour non seulement l’exploration, la détection mais aussi pour l’extraction, l’exploitation, la transformation et même la commercialisation est ce que ce fait c’est du passé ou c’est réel et actuel ? C’est un fait réel et actuel en Afrique et particulièrement en RDC. Je ne suis pas politicien mais je pense que ce manque d’infrastructure (énergie, transport, eau, etc) est dû au sous-investissement du gouvernement. Comment peut-on parler de transformation alors qu’il n’y pas d’énergie capable de soutenir ses usines de transformation de minerais ? Le manque d’infrastructure en RDC est un facteur qui frêne certains investisseurs et cela est un handicap pour l’avancement de l’économie de notre pays. Je loue les efforts de Son Excellence Monsieur Felix Thisekedi qui appelle les investisseurs à venir s’installer mais il faudrait aussi avoir des infrastructures pour recevoir ses investissements. Je rejoins la pensée de Monsieur Yuma à propos du fond souverain qui pourra permettre d’affronter aussi ces problèmes d’infrastructure. 9. Quels sont vos projets à court moyen ou long terme au niveau de la RDCongo ? Top secret !! (rires). Il y a un projet qui me tient à cœur et je suis en train d’y travailler. C’est de créer une banque d’investissement congolaise qui va cibler les petites et moyennes entreprises qui ont des problèmes à accéder aux financements des banques de la place. Avec ma modeste expérience auprès des marches de financement canadien, je pense avoir une idée claire de comment y aboutir. Je vous tiendrais au courant. Merci encore pour cette opportunité et j’espère que cet interview satisfera vos lecteurs.

Congo Business Magazine - Février 2020


DECIDEURS

CBM vous livre l’entenvue avec

Monsieur Mika dans son franc-parler 1. Monsieur Toussaint Mika, pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs ? Je réponds au nom de Toussaint Mika. Mon nom androide est T9. Second d’une famille de 14 enfants, marié et père de famille, je suis le fondateur et le promoteur du label quadricolore sokioyebikinbien sur les réseaux sociaux principalement sur Facebook. Depuis huit ans, je poste des images et textes sur ce compte que beaucoup d’internautes dont certains congolais accueillent à cœur joie. 2. Pouvez-vous nous parler de votre parcours ? Né à Kinshasa à la Clinique Kinoise, hier Danoise, j’ai grandi respectivement dans les communes de Kalamu à Matonge, Kinshasa à Mahenge et Masina au quartier Mapela. En me lançant dans la vie professionnelle, je me suis installé respectivement à Bandal où j’ai rencontré ma femme et trois de mes enfants y sont nés, Ngaliema à Ma Campagne et Pigeon, Mont Ngafula à Mama Mobutu et enfin Ngaliema au quartier Bumba. J’ai donc vécu d’Est à l’Ouest en passant par le centre de la Capitale. Sur le plan scolaire et académique, je suis un ancien du College Boboto, j’ai fréquenté le Collège Sanga Bantu à Kananga, Institut Kamponde à 168 km de Kanaga, Institut Weza Nyangezi à 25 km de Bukavu, Institut Malako à Kimbanseke/ Kingasani, Institut du Plateau à Itaga dans la Commune de Kinshasa où j’ai obtenu mon diplôme d’état en pédagogie générale. J’ai passé cinq ans au Campus de l’Université de Kinshasa pour en sortir Licencié en Droit option Droit Public international. En décembre 1990, j’entamais ma carrière professionnelle à la Société Nationale d’assurances. Conseiller Juridique à l’engagement, j’ai été tour à tour Auditeur interne, gestionnaire des sinistres, chef de Département technique, Administrateur membre du Conseil d’Administration, Assistant du Directeur Général, Administrateur Directeur Technique et Membre du Conseil d’Administration. En politique, j’ai eu à assumer les charges de Vice Ministre National de la Presse et Communication et plus tard Vice Ministre des Affaires Sociales. En privé j’ai créé en 2005 l’ong Debout TshanCongo Business Magazine - Février 2020

gu qui, à ce jour a donné du travail à plus de 2.601 personnes en six ans dans le cadre de l’exécution du contrat Bceco sur l’assainissement des artères de la Capitale. 3. Quel lien existe-t-il entre vous et SOKI OYEBI KIN BIEN ? Je suis sokioyebikinbien (rires). Pour être sérieux, disons qu’à travers ce label, je suis identifié partout où je passe. C’est le Mur planétaire. Le Mur planétaire est une expression qui veut tout simplement dire que les membres de sokioyebikinbien vivent partout sur la planète. Ils se retrouvent et discutent sur le Mur à propos de publications qui y sont postées. Au cours de Grand Bokutani 2 consacré au réseautage intra membres, nous avions décidé de parler désormais de Mur Planétaire et que sokioyebikinbien resterait mon label privé géré par l’Agence Joëlle. Par ailleurs, le groupe Mur Planétaire est une association sans but lucratif qui fonctionne depuis bientôt cinq ans sous la dénomination de Facebook Group en sigle Fbg. Les statuts sont légalisés et notariés. C’est sous cette couverture que nous organisons des activités sociales, touristiques et scientifiques. Le Mur Planétaire a une vocation éminemment sociale. Nous avons l’année passée lancée l’opération Bb jtm qui consiste à libérer les nourrissons 24


bloqués par l’administration de l’hôpital général faute de paiement. Le remix grandeur nature aura lieu cette année. Des dons aux prisonniers et aux personnes vulnérables seront davantage organisés. Nous voulons aussi nous lancer dans la distribution des préservatifs aux prostituées pour limiter la propagation du VIH dont les statistiques pour les ados sont alarmantes. Nous voulons aussi agir dans les écoles et les centres de santé.

4. Pourriez-vous nous dire à combien est maintenant le nombre des membres de Le mur planétaire et comment faire pour en devenir un ? En tout je n’ai pas les chiffres exacts vu que nous sommes au départ un groupe virtuel. Mais mon compte est full de 5.000 personnes. S’il faut y ajouter les 20.000 personnes qui se retrouvent dans les autres 14 comptes et pages que j’anime régulièrement ça fait big. A cela il convient de parler des amis de les amis ... ça fait un monde planétaire. Les dernières statistiques de Face Book d’il y a deux ans à propos de compte sokioyebikinbien parlaient déjà de 910.000 personnes. Aujourd’hui je ne sais pas. Mais nous avons fourni un effort pour mettre sur place une administration afin de connaître mieux la situation. Retenez par ailleurs que pour devenir membre c’est facile, il vous suffit simplement de prendre part aux activités organisées. C’est tout. Nous sommes sûrement un groupe original et atypique. Pas de formalités d’adhésion, pas de cotisation mensuelle et pas des sanctions contre les membres. C’est cool n’est ce pas ? Pour permettre l’élargissement du cercle des Bandimi et permettre ainsi à tous d’accéder aux merveilleuses posts du Mur Planétaire, nous lançons bientôt la page sokioyebikinbien. Qui servira de rampe de lancement de l’édition 2020 du Miss Mur Planétaire. Nous rappelons pour terminer que Sokioyebikinbien est physiquement représenté dans 68 villes du monde par des Ambassadeurs (à l’extérieur) et Consuls (en Rdc). Nous sommes partis à la conquête du monde. Merci de nous rejoindre. Merci à tous. T9. 5. Comment faites-vous pour arriver à répertorier les lieux de rafraichissement pour mitelenganer à travers la ville ? Disons que Kinshasa est ma passion et j’aime beaucoup parler de cette ville qui m’a vu naître et qui m’a tout donné. Je suis incapable de vivre ailleurs (rires). Je la parcours chaque jour et à tout instant d’Est à l’Ouest, du Nord au Sud pour me rendre compte de son évolution, de ses habitants et des affaires qui la concernent et ce, dans quasiment tous les domaines. Après, j’en parle simplement avec images et texte sur fond d’une écriture 25

stylée à la limite taquine et teintée d’humour. C’est ma petite alchimie, ma marque de fabrique. Et la Mayo prend. Il m’arrive aussi de produire des réflexions et analyses politiques qui sont reprises par certains journaux dans leurs parutions. Les bons endroits de la Capitale, les bonnes adresses, l’actualité et les informations, c’est sur le Mur Planétaire que vous les découvrez. Nous avons réussi huit ans après à devenir une publication de référence. Cette année nous lançons le website ainsi que les émissions sur YouTube et la presse locale. Pour parle de Kinshasa, il vous suffit de partir d’un point vers un autre. Avec les fameux sauts de mouton, vous mettez quasiment 2 heures pour quitter Upn pour le Centre ville par exemple. Cela fait 4 heures de la journée en aller-retour. Sur le chemin vous traversez combien de quartiers ? De communes ? Vous rencontrez combien d’événements ? Voilà... 6. Quels sont les cinq coins de Kinshasa qu’un visiteur ne devrait pas manquer ? A mon sens chaque coin de Kinshasa est important à découvrir. Mais citerai Nzela ya Mayi sur le bord du fleuve sur l’avenue du Tourisme, de ngulu ya Kapela vers Yolo, du Lac de ma Vallee vers Kimwenza, du Marché de la Liberté à Masina qui concentre plus d’un million de personnes par jour et bien sûr de Kinkole pour son côté pittoresque et naturel. J’ajouterai à titre personnel mon coup de cœur pour la ville de Kinshasa : le Parc de la Nsele qui est une merveille en termes de faune et de flore. Je suis amateur des documentaires animaliers sur les Parc Serengeti (Kenya) ou Kruger (Afrique du Sud). Le vivre à Kinshasa est simplement waouh ! Des lions, girafes, crocodiles, rhinocéros, zèbres et autres animaux sauvages à Kinshasa, c’est merveilleux. Quand j’y emmène les enfants, ils ont émerveillés. Je voudrais y passer désormais mes vacances. 7. Parlez-nous de «Grand Bokutani» et ses objectifs (l’émergence de l’idée, sa réalisation et son évaluation) ? Grand Bokutani3 est un concept qui renferme un double événement : d’abord la visite des Bandimi (membres du Mur Planétaire) aux prisonniers des pavillons des Indigents, malades et femmes avec enfants pour leurs remettre des dons en vivres et vêtements ensuite la cérémonie d’échange des vœux avec en prime le couronnement de la Miss Mur Planétaire et de ses deux Dauphines, la présentation officielle du Comité du Mur Planétaire, la déclinaison du calendrier d’activités 2020, méga buffet, cocktail illimité, shooting photo, ... Nous rehaussons le niveau pour faire à la fois social et chic. 2020 sera l’année d’éclosion du réseau made in Mur Planétaire. Nous voulons créer un marché intérieur ou les vendeurs et les consommateurs des Congo Business Magazine - Février 2020


biens et services se croisent. Nous voulons développer un réseau d’échanges entre nous. Pendant des années nous avons créé et affiné notre cohésion. Il est temps de passer à un autre niveau, celui de la mise en œuvre et donc de l’exploitation des profils de chacun. L’évaluation de cette approche ne pourra intervenir qu’en fin d’exercice. Bien entendu des recadrages seront pensés en temps utiles. 8. En tant que Kinois, que pensez-vous qu’il manque à la ville province de Kinshasa pour devenir une mégapole économique riche ? Il manque tout simplement l’abnégation et l’organisation du kinois dans ce qu’il fait. Le kinois est talentueux mais il lui manque de fois la discipline et la rigueur nécessaires pour réussir. Bien entendu, le coup de pouce des pouvoirs publics est nécessaire pour la création des conditions optimales au développement de la mégalopole. Mais personnellement je n’y pas trop. L’intervention de l’état est souhaitée et même recommandée mais avec l’étroitesse des moyens par rapport à la forte pression des charges multisectorielles, c’est mort. Pour preuve depuis 25 ans Kinshasa se construit plus par l’initiative privée dans l’immobilier que par le public. C’est par le privé que Kinshasa se développera. Telle est ma conviction. Il n’est pas exclu que demain de nombreux services étatiques soient concédés par pans entiers aux privés. La création des richesses c’est dans le privé. Faites Dubaï Istanbul Jobourg Guangzhou etc vous verrez le nombre des kinois qui voyagent pour transformer a leur retour leur quotidien. D’ici 2030 ou 2050 Kinshasa sera une autre ville. 9. La page SOKI OYEBI KIN BIEN peut-elle être utile à des fins politiques électoralistes ? Je n’ai pas d’ambition politique affichée en termes de sollicitation de mandat électif. Je pense être déjà un élu social dans le cœur de beaucoup des Bandimi et de bien de personnes à travers le monde qui me lisent quotidiennement. Je souhaite être plus un leader social, un businessman, un chef d’entreprise publique qu’un élu. Peut-être je dis bien peut-être seCongo Business Magazine - Février 2020

rai-je en 2023 Sénateur (rires). L’âge s’y prêterait probablement. La sagesse de la jeunesse (rires). Bien sûr que je soutiendrai à travers le Mur Planétaire tout Mondimi ou non désireux de profiter du formidable et dense réseau du Mur Planétaire pour battre campagne. Je l’ai fait en 2019. Pour beaucoup des candidats. De l’opposition comme de la majorité. 10. Durant la dernière élection présidentielle, vous étiez très engagé auprès du candidat Emmanuel Ramazani Shadary, quelles leçons, avez-vous tiré de son échec ? «#ERS: Cet homme devient Président dans quelques jours» est sans doute la formule marketing communicationnel ayant cartonné comme jamais auparavant dans les réseaux sociaux. J’ai offert à travers cette approche une visibilité rare à la candidature de mon grand-frè Emmanuel Ramazani Shadary. Il m’arrivait de faire jusqu’à 100 post par jour pour parler de lui et susciter un intérêt évident pour sa candidature. Ce challenge était nécessaire pour vendre sa candidature dans l’opinion. La phrase était bien trouvée et les images étaient d’actualité. C’était du grand art. Même aujourd’hui, les gens le reconnaissent. Les leçons que j’en tire ? C’est que je suis content d’avoir apporté ma modeste et gratuite contribution à la campagne électorale de #ERS. Le jour où il m’a reçu, il était fier de ce que j’ai fait pour lui. En 2023, ce sera une dimension 2.0 pour le candidat que je soutiendrai. Je mouillerai le maillot. Jusqu’à fatiguer (rires). Je suis un homme de conviction. Quand je suis convaincu de ma démarche, je fonce dans le tas. C’est un défaut ? Peut-être mais c’est plus une qualité positive. Oser est la meilleure des expériences dans la vie. 26


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DOSSIER

Recettes du secteur de

l’environnement : zones d’ombre !

Alain Ikala Engunda, Coordonnateur chez Global Forest Watch et de World Ressources Institute (WRI)

1. Contexte Attendu au plus tard le 15 mai dernier, le projet de loi portant reddition des comptes de l’exercice budgétaire 2018 a été déposé en novembre 2019, soit près de six mois de retard. A la lecture dudit projet, il ressort que les recettes de l’exercice budgétaire de l’année 2018 a été de 9.203,86 milliards des francs congolais. Concernant l’apport du secteur de l’environnement, la part des recettes est de 77,8 milliards de francs congolais soit 0,8% et ce, y compris le secteur forestier. Par ailleurs, à la lecture des recettes découlant de chacune des taxes du secteur de l’environnement, il ressort des incohérences suscitant d’émettre un doute sur la véracité des chiffres qui nous sont présentés. Principes La loi portant la reddition des comptes arrête le compte général du pouvoir central et règle définitivement le budget de l’exercice précédent. Plus précisément, elle constate le montant des encaissements des recettes et des dépenses payées se rapportant à une même année. En termes plus claire, il s’agit d’une loi qui montre les recettes que l’Etat a pu mobiliser en une année budgétaire. Pour une meilleure compréhension, il faut préciser que les recettes dont il est Congo Business Magazine - Février 2020

question ici ne sont que l’ensemble de ceux perçues via la mobilisation d’impôt, taxe, droit et redevance du pouvoir central. 2. Problématique A ce sujet, l’article 1er de l’Ordonnance-loi n° 18/003 du 13 mars 2018 fixant la nomenclature des droits, taxes et redevances du Pouvoir central stipule que « la présente Ordonnance-Loi a pour objet de fixer la nomenclature des droits, taxes et redevances à percevoir à l’initiative des administrations et services d’assiette, au profit du Gouvernement central, conformément à la Constitution et à la Loi n° 11/011 du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques. » En somme, les recettes du secteur de l’environnement du pouvoir central sont l’ensemble de ceux découlant de la mobilisation de chaque droit, taxe et redevance ayant trait à l’environnement se trouvant dans cette nomenclature et c’est là que le problème se pose ! En effet, nous constatons, dans le projet de loi portant reddition des comptes de l’année 2018, trois « zones d’ombre ». La première est que certaines taxes se trouvant dans la section « environnement » de l’ordonnance-loi ci-haut citée sont absentes du projet de loi portant reddition des comptes de

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l’année 2018. La deuxième à trait aux incohérences quant à la source des données et la troisième fait référence à l’incompétence du pouvoir central sur la perception de certaines taxes qui sont reprises dans la loi portant reddition des comptes de l’année 2018.

les recettes qui en découlent doivent apparaître dans le projet de loi portant reddition des comptes du pouvoir central de l’exercice 2018.

2.1. Taxes absentes

A la lecture des recettes découlant des taxes de secteur de l’environnement, nous constatons deux anomalies. Il s’agit de la taxe de pollution et de la taxe et des amendes transactionnelles en matière de législation forestière. Concernant la taxe de pollution, il faut rappeler qu’elle est fixée par l’article 39 de la Loi n° 11/009 du 9 juillet 2011 portant principe fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement qui stipule que « toute installation classée est assujettie au paiement d’une taxe d’implantation, d’une taxe rémunératoire annuelle et d’une taxe de pollution. Le taux de ces taxes est fixé selon la législation en vigueur. » En application de cette disposition, le Ministre l’environnement et celui des finances ont pris l’arrêté interministériel n°003/CAB/MIN/ ECN-DD/2017 et n°CAB/MIN/FINANCES/2017/042 du 10 août 2017 portant fixation des taux de la taxe de pollution à percevoir à l’initiative du Ministère de l’Environnement et Développement Durable. A titre illustratif, cet arrêté fixe le taux de la taxe de pollution pour les chambres froides industrielles à l’équivalent de 7USD/m3. De ce fait, il est extrêmement surprenant que «rien» ne soit marqué dans les recettes «recouvrées» découlant de la taxe de pollution tel qu’il appert dans le projet de loi portant reddition de compte de l’exercice 2018. Concernant les amendes transactionnelles en matière forestière, il faut rappeler que le Ministère des finances publie chaque trimestre les Etats mensuels de recouvrement de recettes issues des secteurs des ressources naturelles dans lesquels sont repris notamment les amendes transactionnelles du secteur forestier. S’agissant de l’année 2018, il appert que les recettes découlant de ce type d’amendes sont de « zéro ». Pourtant la loi portant reddition de compte de l’exercice budgétaire 2018 nous montre un montant de 520 582 286 francs congolais. D’où provient ce montant ? Et pourquoi ne fussentils pas publiés en son temps par le Ministère des Finances ? Comment obtenir un montant annuel de 520 millions de CDF pour l’année 2018 quand on a publié, chaque trimestre de l’année 2018, que rien n’a été mobilisé en ce sens ? Je ne saurais vous le dire. Pour ma part, le doute s’installe.

Dans l’assiette des taxes dont découle les recettes du secteur de l’environnement tel qu’il appert dans le projet de loi portant reddition de compte 2018, nous constatons l’absence de la : • Taxe d’homologation d’une Organisation Non Gouvernementale nationale ou internationale ; • Taxe de délivrance de certificat d’origine ; • Taxe d’inventaire et de reconnaissance forestière ; • Taxe sur la délivrance d’une autorisation d’achat, de vente ou d’exportation de bois d’œuvre ; Ces taxes sont pourtant reprises dans la section « XXVIII. ENVIRONNEMENT » de l’annexe de l’Ordonnance-loi n° 18/003 du 13 mars 2018 fixant la nomenclature des droits, taxes et redevances du Pouvoir central. Pourquoi sont-elles absentes de la loi portant reddition des comptes du pouvoir central de l’année 2018 ? Cela voudrait-il signifier qu’actuellement l’homologation des ONG, la délivrance de certificat d’origine, la délivrance d’autorisation d’achat, de vente ou d’exportation de bois d’œuvre et l’inventaire forestier sont effectués « gratuitement » de la part de l’administration ? Je ne saurais vous le dire. Cependant, il faut noter que les taux des trois premières taxes, reprises dans la liste ci-haut, n’ont pas été fixé tel qu’il appert dans l’arrêté interministériel n°060/CABMIN/ECNDD/ SAIRBM/2016 et n°095/CABIMIN/FINANCES/2016 du 22 juillet 2016 portant fixation des taux des droits, taxes et redevances à percevoir à l’initiative du Ministère de l’Environnement, Conservation de la Nature et Développement Durable/Secteur de la gestion forestière. Ainsi, les taux de ces taxes n’étant pas fixés, l’administration ne peut pas techniquement exiger un montant en échange des services attachés à ces taxes. Toutefois, seuls les exploitants forestiers et les ONG nouvellement homologué par le Ministère en charge de l’environnement sont en mesure de nous éclairer sur le paiement effectif de ces taxes. Mais d’une manière ou d’une autre, ces taxes et 29

2.2. Source des recettes douteuse

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2.3. Incompétence dans la perception des taxes Comme je l’ai dit précédemment, la Loi sur la reddition des comptes regroupe notamment l’ensemble des recettes découlant des impôts, taxes et redevances du pouvoir central d’un exercice budgétaire. Ainsi, les recettes dont nous parlons sont rattachés aux impôts, taxes et redevances qui sont de la compétence du pouvoir central et c’est là de la que découle le problème. En effet, à la lecture du projet de loi portant reddition des comptes de l’exercice budgétaire 2018, spécialement en sa section « environnement », il ressort des recettes découlant de la taxe d’abattage et de la taxe de reboisement qui pourtant ne sont pas des taxes de la compétence du pouvoir central, elles ne peuvent donc pas apparaître dans la loi portant reddition des comptes du pouvoir central. Concernant la taxe d’abattage, l’Ordonnance-loi n° 18/004 du 13 mars 2018 fixant la nomenclature des impôts, droits, taxes et redevances de la province et de l’entité territoriale décentralisée ainsi que les modalités de leur répartition nous renseigne, en son annexe, plus précisément dans sa partie « XXII. ENVIRONNEMENT », que la taxe d’abattage est de compétence « provinciale». De ce fait, cette taxe ainsi que les recettes y découlant ne peuvent pas apparaitre dans une loi de reddition de compte du pouvoir central. Il ne peut s’agir ici que soit d’une erreur soit d’un détournement d’une taxe provinciale au profit du pouvoir central. S’agissant de la taxe de reboisement, il faut rappeler que l’article 81 du Code Forestier stipule que « pour assurer le financement des opérations de reboisement et d’aménagement, de contrôle et de suivi de leur réalisation, il est créé un fonds forestier national émargeant au budget pour ordre et alimenté notamment par les recettes des taxes de reboisement et autres redevances forestières ». A ce sujet, l’article 122 (6) du Code Forestier précise 100% des recettes découlant de la taxe de reboisement sont versés au Fonds Forestier National. En application de cette disposition, le Ministre en charge des forêts et son collègue en charge des finances ont pris l’arrêté interministériel n°059/16 et 094/16 du 22 juillet 2016 portant fixation des taux des droits, taxes et redevance à percevoir à l’initiative du Ministère de l’Environnement, Conservation de la Nature et Développement Durable/Secteur du Fond Forestier National dans lequel on retrouve les taux de la taxe de reboisement. Au regard de ces dispositions, il est clair que les

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recettes découlant de la taxe de reboisement sont versées intégralement (100%) au Fonds Forestier National. D’ailleurs, le législateur, via l’Ordonnance-loi n° 18/003 du 13 mars 2018 fixant la nomenclature des droits, taxes et redevances du Pouvoir central a pris soin de ne pas inclure cette taxe comme étant une relevant du pouvoir central. De ces faits, il est incompréhensible de voir apparaitre les recettes découlant de la taxe de reboisement dans la loi portant reddition de compte du pouvoir central. Recommandations Au regard de la présente analyse, il existe des doutes raisonnables quant à la véracité des recettes du secteur de l’environnement tel qu’il appert dans le projet de loi portant reddition des comptes de l’exercice budgétaire 2018. Il serait opportun de: • Demander au Ministre de l’environnement et à celui des finances pourquoi la taxe d’homologation d’une Organisation Non Gouvernementale nationale ou internationale, celle ayant trait à la délivrance de certificat d’origine, celle concernant inventaire et de reconnaissance forestière et enfin celle exigible pour la délivrance d’une autorisation d’achat, de vente ou d’exportation de bois d’œuvre sont absent de la liste des taxes environnementales dans le projet de loi portant reddition de compte de l’exercice 2018; • Supprimer les recettes découlant de la taxe d’abattage et de la taxe reboisement ; • Demander aux Ministres de l’environnement et à celui des finances des précisions quant à la non-perception de la taxe de pollution et pourquoi les recettes découlant des amendes transactionnelles en matière de législation qui apparaissent aujourd’hui dans le projet de loi portant reddition des comptes n’apparaissaient pas dans la publication trimestrielle des états mensuels de recouvrement de recette issues des recettes des ressources naturelles ; • Exiger au Ministre des Finances que les Etats mensuels de recouvrement de recettes issues des secteurs des ressources naturelles qui sont publiés après chaque trimestre reprennent l’ensemble des impôts, taxes et redevances du secteur forestier tel que repris dans l’ordonnance-loi n° 18/003 du 13 mars 2018 fixant la nomenclature des droits, taxes et redevances du Pouvoir central.

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DECIDEURS

Sivi Malukisa Interview Congo Business Magazine

La mondialisation sur le plan alimentaire et nutritionel pour la jeunesse Qui est Sivi Malukisa et pouvez-vous nous parler de vous ? Je suis Sivi Malukisa, Directrice Générale de Manitech Congo.Je suis née et j’ai grandi entre Kisangani et Kinshasa en RDC. J’ai une licence en biologie moléculaire de la faculté des sciences de l’université de Kinshasa. J’ai une longue carrière dans les ressources humaines pour avoir occupé des postes de responsabilité dans ce domaine. En 2013, j’ai commencé le projet MANITECH . Après plusieurs essaies et échecs, c’est en 2018 que Manitech a réellement décollé. Entre temps, j’ai cofondée l’ACPRH, une association qui réunit les petites et moyennes industries. l’ACPRH demeure à ces jours la plus grande association RH de la RDC et le MADE IN 243. Aujourd’hui, je dirige MANITECH CONGO, qui est devenu un des fleurons de la petite industrie en RDC. Comment est né le projet Manitech ? Pendant mon adolescence, j’étais intriguée par la variété de la nourriture congolaise que je trouvais variée et non enrichie surtout dans sa présentation qui est restée la même depuis la nuit de temps. J’ai donc décidé de chercher à produire notre nourriture de manière plus contemporaine, surtout pour la jeunesse actuelle-

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ment en pleine mondialisation même au plan alimentaire et nutritionnel. Ainsi, après l’université où je me suis intéressée aux techniques de transformation alimentaire. J’ai complété mes études avec une formation en cherche des fonds et acquisition des connaissances en gestion d’entreprises. En 2013, j’ai lancé l’Ets MANITECH, avec quelques fruits. Le projet a muri et a pris de l’envol en diversifiant ses produits et en augmentant la quantité de ceux-ci. Aujourd’hui l’Ets Manitech est une petite usine transformée en s.a.r.l. MANITECH CONGO. C’est quoi votre produit phare ? Les confitures. Elles ont su captiver les clients plus que tous les autres produits. A qui s’adressent vos produits ? Nos produits s’adressent à la population congolaise en générale et aussi à tous les étrangers qui aimerais savourer les plaisirs du Congo. Ou pouvons-nous trouver vos produits ? Nous avons nos shops. Exemple il y en a un au No 8 de l’avenue Kwango à Kinshasa/Gombe. Nous sommes également dans les rayons de beaucoup des su-

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Sivi Malukisa, Directrice Générale de Manitech Congo


DECIDEURS

per-marcher de la capitale. Nous avons aussi un point de vente à Lubumbashi. En sus bien sûr, nous assurons les livraisons à domicile pour ceux qui le désir. 7. Vos produits sont-ils certifiés pour l’exportation ? Nous y travaillons. Toutefois, plusieurs personnes les exportent en petites quantités pour usage personnel. Auriez-vous des conseils à donner à des jeunes entrepreneurs/professionnels qui voudraient se lancer dans votre domaine ? Nous avons un très beau Pays à exploiter, un pays qui a besoin de chacun de nous dans nos différents domaines d’expertise. Dans ce pays il y a tellement à faire, qu’il y a de la place pour tout le monde. N’hésitez pas, commencez, si nous avons pu donc vous pourrez aussi. L’avantage est qu’en nous approchant vous bénéficierez des notre avis pour éviter ou contourner les difficultés que nous, nous avons rencontré. L’échange sera enrichissant pour les jeunes qui commence et pour nous en quête d’innovation. Dans ce pays il y a tellement à faire, qu’il y a de la place pour tout le monde. Nous leur dirons donc n’hésitez pas, commencez, la rétribution est à portée des mains pour quiconque travaille. Vous êtes l’initiatrice de l’association MADE IN 243, c’est quoi au juste MADE 243 ?

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MADE IN 243 est une association qui a pour but de rassembler les propriétaires et dirigeants des industries locales, dans le but de mettre ensemble les ressources permettant de résoudre ensembles les problèmes, de réfléchir sur les solutions, de faire un lobbying pour le bénéfice des petites et moyennes industries en RDC. Quelle est votre vision du futur ? La RDC est un grand pays et seuls les congolais peuvent le développer et lui redonner sa place de leader en Afrique et de puissance mondiale. Ceci, peut être possible avec le développement des entreprises, la création des richesses et des emplois. Je suis sûre que bientôt, nous verrons les choses changer car les congolais se réveillent et font des merveilles en entrepreneuriat. Sur le plan économique, quelle est votre vision de la RDC ? Contrairement à l’avis de plusieurs, je crois que la RDC est un pays a vocation agricole et industriel, et non minière. Avec les espaces exploitables, l’abondance de l’eau, la qualité des sols et le climat favorable, la RDC gagnerais plus à développer des projets liés à la terre. Ainsi, nous pourrions devenir le fournisseur mondial de la plupart des denrées alimentaires.

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8 clés nécessaires D

pour une diaspora participative au développement de la RDC

u grec signifiant ‘dispersion’, le terme ‘diaspora’ est défini comme un groupe de minorité ethnique d’origine migrante résidant dans des pays d’accueil. Comptant plus de 8 millions d’âmes à travers le monde, la diaspora congolaise est l’une des plus nombreuses du globe. Ces congolais d’origine, dispersés sur tous les continents, sont indispensables pour le développement de leur mère patrie. Il s’agit de participer à l’amélioration du niveau de vie en RDC, y compris la création d’emplois, l’augmentation des revenus, le progrès de l’éducation et la disponibilité des biens essentiels au maintien de la vie, tels que la nourriture, le logement, la santé et la protection. Le gouvernement congolais à lui seul ne peut pas tout régler. La relation entre la diaspora et le développement du pays d’origine est de plus en plus pertinente. S’inspirant des 8 lettres qui compose le mot ‘D – I – A – S – P – O – R – A’, cet article propose 8 clés nécessaires aux congolais vivant à l’extérieur pour contribuer au développement de la RDC.

Par Cédric Longange Ingongomo, Président de la Chambre de Commerce Congolaise en Grande-Bretagne

D comme DYNAMISME La diaspora congolaise ne peut pas se permettre de regarder la RDC de loin et espérer son développement. Elle doit bouger, en d’autres termes, être dynamique. Pendant des décennies, elle a fait des voyages sporadiques vers la mère patrie. Mais il est vrai que ces dernières années, un nombre croissant revient de plus en plus pour participer socialement et économiquement au développement de la RDC. Les communautés diasporaires vivant à l’étranger mais entretenant des liens étroits avec la RDC, s’agrandissent et se renforcent. Avec l’augmentation des arrivées de sa diaspora, la RDC a commencé à répondre aux besoins de ce groupe de voyageurs en créant des services et des infrastructures spécialement conçus pour les attirer. Donc juste par le fait de voyager vers la RDC, la diaspora participe déjà à son développement en impactant directement ou indirectement plusieurs industries locales : hôtels, restaurants, transports, loisirs, sports, activités de loisirs, commerce de détail, télécommunications, etc. C’est non seulement une des sources importantes d’emplois Congo Business Magazine - Février 2020

mais aussi des recettes en devises pour le Congo. I comme INVESTISSEMENT La diaspora peut contribuer au développement du pays par le biais d’investissements directs et d’un entrepreneuriat transnational. Au fait, elle possède une grande combinaison de compétences, qui va de l’expertise développée à l’étranger à la capacité d’apporter des idées innovantes pour la RDC. Elle peut être considérée comme un groupe d’investisseurs beaucoup plus efficaces par rapport aux autres. Il y a plus de chance qu’elle investisse là où d’autres considéreraient trop risqué, tout simplement parce qu’elle devrait avoir une meilleure connaissance et des relations qui manquent aux autres investisseurs étrangers. Elle devrait être mieux informée sur les besoins locaux et les exigences domestiques. Les congolais de l’étranger peuvent combiner leurs connaissances avec les réseaux développés hors du pays, offrant ainsi d’importants avantages. Ils peuvent jouer un rôle important d’intermédiaire entre les acteurs traditionnels du développement et les communautés locales. 36


A comme AFRICANISME Il est difficile de savoir où l’on va jusqu’à ce qu’on comprenne d’où l’on vient. Le monde complexe d’aujourd’hui prend tout son sens lorsque l’on comprend notre propre passé. En recherchant nos racines et notre identité historique, on apprécie notre culture et notre héritage africains. Pour la diaspora, retourner régulièrement en RDC aide à renforcer son identité. Certains apprennent l’histoire de leur pays d’origine non pas par la voix de l’Afrique, mais par des médias étrangers. En se connectant physiquement à la RDC, ils découvrent non seulement la vérité, mais ils contribuent également à façonner l’avenir du pays. D’autres ont peut-être appris leur héritage ethnique et familial grâce aux histoires racontées par leurs parents, mais c’est généralement une image qui ne semble pas tout à fait réelle tant qu’ils ne palpent pas eux-mêmes la réalité du terrain. Voyager périodiquement dans son pays d’origine est un moyen de consolider son appartenance ethnique. L’avantage de la diaspora réside dans sa dualité car elle a des liens culturels avec le pays d’accueil et le pays d’origine. Elle peut servir de passerelle pour communiquer la culture africaine à l’étranger. S comme SOLIDARITÉ La diaspora a une obligation morale d’assistance solidaire envers leurs membres de famille restés en RDC. Cela se fait entre autres sous forme de transferts d’argent. Les montants envoyés vers le pays via les fournisseurs des transferts monétaires dépassent l’aide internationale et constituent l’un des flux financiers les plus importants. En 2012 par exemple la RDC a reçu 9,3 milliards de dollars de sa diaspora via Western Union. Selon la Banque mondiale, les transferts de fonds diminuent la pauvreté des ménages bénéficiaires et permettent de réduire le travail des enfants. Ils accroissent les investissements dans l’éducation et la santé ainsi que dans d’autres activités productives. En général, les transferts de fonds effectués par la diaspora congolaise apportent un soutien solidaire au ni37

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veau de : a) la consommation directe d’aliments, de vêtements et d’autres biens, b) l’investissement humain dans l’éducation et la santé, c) l’investissement en capital dans le logement et les entreprises P comme PHILANTHROPIE L’engagement philanthropique dans de nombreux domaines est l’un des moyens les plus importants que la diaspora congolaise apporte à la RDC. La philanthropie est le désir d’améliorer le bien-être des autres par le biais d’œuvres caritatives et de dons généreux en faveur de bonnes causes. Les actions sociales apportent non seulement des ressources monétaires, mais également de nouvelles compétences et des approches novatrices aux problèmes rencontrés par la population en RDC. La philanthropie de la diaspora s’est considérablement développée en RDC, s’organisant au-delà de la simple affectation des fonds de secours à l’une des ressources financières et sociales les plus importantes du pays. Les philanthropes ne recherchent pas de retour sur investissement personnel, mais plutôt le bien-être de la population locale par des actions charitables. Ces aides vont d’efforts ponctuels à des efforts plus organisés et durables à grande échelle ; des dons de particuliers à de puissants réseaux de donateurs partageant les mêmes idées. O comme ORGANISATION Pour exercer une réelle influence sur le développement de la

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RDC, la diaspora doit, entre autres, s’organiser en réseaux. Le réseautage est un élément clé pour un impact conséquent. En effet, comme le dit un vieux proverbe africain : ‘Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin’. Des réseaux diasporaires doivent être développés non seulement pour mettre en synergie les membres de la diaspora entre eux, mais aussi et surtout pour les connecter avec ceux qui sont au pays. Des ponts doivent être construits entre les membres de la diaspora (qui ont acquis un savoir-faire technique et un capital d’investissement) et les habitants de la RDC (avec leur connaissance du terrain et leurs connexions locales). Une base de données sur les compétences professionnelles de la diaspora congolaise doit être créée. Cela pourrait servir de plate-forme pour que les congolais puissent partager leur capacité entrepreneuriale entre eux et constituer un forum de recherche d’investisseurs et de donateurs. Cela permettra aux diasporas et aux résidents congolais de former des partenariats et d’investir les uns dans les autres. Des millions de dollars ont été dépensés pour l’aide à la RDC depuis l’indépendance, sans grand résultats. Les réseaux organisés pourraient être le chaînon manquant. R comme RETOUR DE CERVEAUX Le Congo a perdu certains de ses plus brillants cerveaux au profit d’autres pays du monde. Ils sont partis pour diverses raisons dans l’espoir de bénéficier d’une meilleure éducation et de meilleures perspectives d’emploi. Il est temps d’inverser les effets négatifs de cette ‘fuite de cerveaux’ en facilitant le ‘retour de cerveaux’. En tant que source importante de transfert de compétences techniques, la diaspora peut être un interlocuteur important entre la technologie et la RDC. Ce retour de cerveaux peut s’effectuer non seulement par un retour permanent, mais également par un retour à court terme ou même virtuel. Les professionnels dans la diaspora peuvent

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faire partie d’un pool de partenaires pour le développement en RDC, en particulier dans des secteurs critiques tels que le numérique, l’éducation et la santé. Ils peuvent utiliser leurs connaissances pour combler le déficit de compétences, ce qui contribuerait à attirer les investissements étrangers. Après tout, la RDC ne manque pas vraiment d’intelligence. Ce qui manque au pays, c’est parfois la possibilité d’appliquer et de développer ses propres talents. A comme AVOCATE La diaspora doit contribuer au développement de la RDC en agissant en tant que son avocate. Il s’agit d’une approche systématique et stratégique permettant d’influencer l’amélioration des politiques et des pratiques des gouvernements et des institutions du Congo. A partir de leurs pays d’accueil, les membres de la diaspora doivent se faire entendre de plus en plus et exercer une grande influence en RDC. Ils doivent se prononcer sur une série de problèmes allant des droits de l’homme à la bonne gouvernance dans leur pays d’origine. Les anciennes contraintes en termes de moyens de communication ayant été supprimées, la diaspora peut désormais faire entendre sa voix au-delà des frontières de leurs pays d’accueil. En effet, en cette ère du numérique, divers moyens peuvent être utilisés. Les médias sociaux, les sites Web, les courriels, les forums et les pétitions électroniques sont des occasions de mener des activités de plaidoyer pour influer sur le changement et le développement positifs dans le pays d’origine. En règle générale, il est difficile d’influencer le changement simplement en soulignant ce qui ne va pas. Il est certainement plus utile d’avoir une proposition de changement - une solution ou des recommandations concrètes.

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Conclusion En conclusion, au travers des 8 clés ci-dessus, la diaspora congolaise doit développer sa participation au développement de la RDC. En effet, par son dynamisme et ses investissements directs ainsi que transnationales, elle aide à booster et créer de l’emploi au pays. Comprenant son identité africaine, la diaspora doit faire preuve de solidarité envers leurs frères et sœurs restés en RDC. Au-delà des actions philanthropiques, la contribution la plus importante d’une diaspora envers la patrie est de croire en la possibilité de changement et donc d’innovation. De nombreux congolais ayant été éduqués, formés ou employés dans des pays développés, ils ont l’expérience et la compréhension du fonctionnement des entreprises occidentales. En partageant les connaissances qu’ils ont acquises à l’étranger, ils peuvent transmettre ce savoir-faire afin que les entreprises congolaises puissent mieux dialoguer avec les entreprises occidentales. Le retour des cerveaux va ensemble avec le développement de réseaux qui pourraient être des espaces pour échanger des idées sur la meilleure façon de s’attaquer aux problèmes de développement et de créer des solutions durables. Prenant conscience de leur rôle d’avocats, les congolais de l’étranger sont non seulement un moteur essentiel des efforts de développement, mais également du renforcement des relations bilatérales entre le pays d’accueil et leurs pays d’origine, la RDC.

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PERSPECTIVES

Astuces business et emploi

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Heri Man. Henry & Charlotte U. Mutombo

epuis la nuit de temps, la question de l’emploi réservée à une catégorie de personnes s’est toujours posée avec une certaine appréhension. Elle se pose encore aujourd’hui de façon générale avec la montée en pompe du favoritisme, de la corruption et du tribalisme niés mais visibles et toujours en pleine essor. Pour les personnes fraichement diplômées, trouver un emploi est un casse-tête, ils sont alors obligés de recourir aux pratiques néfastes, qui du reste semblent être le choix. En effet, la complexité du marché de l’emploi influe sur le comportement des diplômés visà-vis de l’espoir qu’ils avaient de trouver facilement un travail rémunérateur après leurs études. Un rêve qui devient peu à peu utopique vu la réalité sur le terrain surtout pour les jeunes.

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Nous avons fait un tour pour trouver quelques astuces pouvant permettre à un jeune diplômé de trouver facilement l’emploi, en peu de temps après ses études. Il ressort que les écoles professionnelles, les universités et instituts supérieurs donnent les connaissances et pas les compétences aux emplois disponibles. Quand bien même la responsabilité incombe à l’étudiant de défendre son travail de fin d’études en format pratique ou littéraire, les exigences des emplois disponibles rendent ces écoles et universités en marge de la demande des entreprises. Nous ne comprendrons jamais l’inquiétude des jurys encadrant les étudiants finalistes sur l’incapacité de ceux-ci à défendre valablement les résultats de leur recherches de fin d’études malgré leur encadrement qui révèle la capacité et les limités des encadreurs et formateurs, vu que rendu là, ces étudiants et élèves ne donnent que ce qu’ils ont reçu. Force est de reconnaitre que la rédaction et/ou la soutenance du travail de fin d’études est primordial comme pré requis en recherche d’emploi. Il est donc question de savoir sur quoi est-ce que l’étudiant travaille et la nouveauté qu’il apporte à la science en premier lieu, ensuite l’apport au développement du milieu. Ceci étant la première astuce qui a comme soubassement la question pourquoi on étudie et pour quelle finalité ? Nous considérons le stage d’apprentissage, lorsqu’il est proposé dans un parcours scolaire ou académique, comme un atout ouvrant à l’emploi voir même à une création d’une petite et moyenne entreprise personnelle. Le stage étant une formation en sus sur la

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réalité d’une vie en entreprise. A ce niveau, nous vous proposons aussi de prendre en considération le travail de vacances (comme caissier dans un super marché, pompiste dans une station service, portier ou réceptionniste dans un hôtel ou une administration, encodeur dans une administration, messager dans un cabinet,…) qu’un jeune peut faire à partir de seize ans dans les entreprises qui le proposent. Un jeune qui travaille pendant les vacances non seu41

lement se constitue un capital mais aussi se crée une ancienneté pour sa carrière afin de faire face à l’épineux problème d’année d’expérience. Ce travail pourrait aussi permettre au jeune de bannir la dépendance totale une fois les études terminées en terme de transport, de communication, d’alimentation et pour aller plus loin de loyer si possible. En outre, notre pays étant tout un continent, le découvrir dans sa diversité est aussi une opportunité perCongo Business Magazine - Février 2020


mettant la circulation des connaissances et compétences en allant les mettre au service des provinces et villages loin de la capitale. Il sera plus facile à un diplômé de créer sa très petite entreprise (TPE) en province, pour tester et booster ses capacités ainsi qu’élargir son champ d’action dans le monde du travail, que dans la capitale. Nous n’oublions pas que la recherche d’emploi étant en soi un travail à temps plein, il faudra y investir et le temps et le moyen. Ainsi, en recherchant d’être employé ou employeur, quel qu’en soit le résultat, soit l’on gagnera soit l’on apprendra, mais l’on ne perdra jamais nous dit Nelson Mandela. Par ailleurs, même si le jeune n’a pas toute l’information requise, l’idée d’entreprise qu’il a est déjà un petit investissement, il faut oser, car une petite entreprise dans n’importe quel secteur, commence par une idée. Une idée qu’il faut formuler. Une idée à laquelle il faut donner vie. Notre pays est actuellement plein des startup et projets d’entrepreneuriat. Tout jeune en recherche d’astuces business et emploi peut en trouver quelques uns dans certains numéros de Congo Business. Notre magazine peut le mettre en contact avec des entreprises pouvant donner vie à toute idée d’entreprise. Ces premières astuces prennent en considération les compétences, connaissances en sus de valeurs humaines du jeune. La capacité de s’évaluer et de compléter sa formation est utile afin d’être compétitif sur le marché et de l’emploi et de l’entrepreneuriat. Etre à même de chercher de l’information, d’acquérir d’autres compétences (exemple en informatique, en langues, en bureautique, en numérique, recyclage, …) est un atout dans les deux cas, employé ou employeur. L’autre possibilité réside non pas dans les formations et autres apprentissages non académiques mais dans l’audace. Il faut oser. Il faut frapper à la porter, à toute porte qui semble susceptible de répondre à votre besoin de mettre fin au chômage ou de débuter votre entreprise. Grâce à l’ audace, à la détermination le jeune parviendra à acquérir des nouvelles acquisitions du monde de travail, à rencontrer des personnes intéressantes qui ont besoin de son potentiel mais aussi de trouver des offres intéressantes où postuler.

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Le chômage de jeunes est un opprobre pour le pays vu qu’il est en construction, éternelle reconstruction-modernisation. Comme chaque année il y a des diplômés nous pouvons supposer qu’il n’y a pas besoin de main d’œuvre ni de compétence mais peut-être qu’il y a plus des demandeurs d’emploi qu’il y a des emplois. Dans ce cas nous encourageons fortement les écoles professionnelles, universités et instituts supérieurs de prendre cette donne dans leur formation afin qu’au sortir des écoles, les jeunes puissent en association créer des entreprises. Si le jeune diplômé est au chômage en ce XXIe le problème n’est-il pas dans la qualité du travail offert et non dans les compétences recherchées ?

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PERSPECTIVES

RDC : Félix Tshisekedi

encourage la création d’un fonds de garantie pour les jeunes, explications.

L

e taux des jeunes chômeurs, en République Démocratique du Congo essentiellement composé des universitaires, augmente chaque année avec chaque graduation.

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Ils sont nombreux, ceux qui ont des diplômes de différentes facultés telles que médecine, sciences économiques, santé publique, droits, sciences sociales, politiques et administratives, sciences agronomiques, polytechnique, sciences mathématiques, etc. Pourtant tous ces secteurs ont du mal à se développer ou à se mettre au service du bien être de la population congolaise. Ce pays panafricaniste de Lumumba est l’un des pays jeunes en terme de démographie et ayant beaucoup de jeunes universitaires cependant il est le dernier en terme de développement économique. Faudrait-il changer de système politique, celui parlementaire ayant fait ses preuves ? 44


Heri Man. Henry

De nouvelles initiatives, voire promesses, sont faites, telle au mois de juillet 2019, le Chef de l’Etat congolais a exposé sa vision sur «l’entrepreneuriat pour une Afrique rayonnante et prospère qui offrira des opportunités d’emplois aux jeunes» (congolais en particulier), dans l’esprit d’entreprise. C’est à Lagos, au Nigeria, lors de la 5ème édition du Forum sur l’entreprenariat en Afrique, qu’il a exprimé la volonté de créer un fonds de garantie pour financer les jeunes porteurs des projets susceptibles de créer des emplois dans son pays. Monsieur Felix Tshisekedi a attiré la sympathie des jeunes en général même de ceux politisés affichés comme étant opposants à sa politique. Il a reçu le soutien tous azimuts de ceux pour qui rendre le Congo un pays où il fait bon vivre est un devoir. Nombreux sont ceux qui sont au chômage, estimés à 80% de la population congolaise, diplômés n’ayant jamais travaillés et toute autre personne ayant perdu l’emploi pour x et y raisons. Quid de la réalisation du projet d’un fond de garantie que rien ne permet de croire en sa praticabilité dans un pays où le chômage touche le plafond ? Chaque année, nous constatons dans le quotidien que les jeunes universitaires sont déployés sur le marché, mais la création d’emplois reste très faible. Un fond de garantie pour financer les jeunes ferat-il un miracle ou c’est de la peinture sur un bâtiment fissuré ? En attente de l’effectivité de cette promesse dans la réalité des idées entrepreneuriales des jeunes, «Congo positif », un parti politique du regroupement « Front commun pour le Congo (FCC)», avait salué l’initiative du Président congolais, tout en soulignant que la création d’un fond de garantie est un pas de géant vers la résolution de l’une des difficultés majeures que rencontrent les jeunes congolais; il a encouragé les jeunes de son regroupement à s’associer afin de se lancer dans l’entrepreneuriat. Car pour se lancer dans le business, les jeunes se heurtent aux obstacles liés à l’accès aux capitaux devenant un frein à la matérialisation de leurs idées de créer des entreprises génératrices de richesses et d’emplois. Cependant, la formation politique FCC semble s’opposer à l’idée de donner les fonds aux banques, estimant que ces « garde-monnaies » font toujours montre de l’incapacité de faire le suivi de l’exécution des projets financés. Elle propose plutôt, la création d’une société nationale pouvant garantir ces fonds, soutenant que cette société nationale créera d’autres emplois pour les jeunes dans toutes les provinces où leurs directions se verront implanter. Une structure budgétivore de plus pour la république ! 45

En août 2019, plusieurs mouvements des jeunes se sont fait entendre dans la capitale congolaise à ce sujet. C’est le cas notamment du « Mouvement des jeunes sans emploi » qui sensibilise la population sur le respect et l’application de l’article 12 et 58 de la Constitution réclamant l’égalité et la jouissance des richesses nationales. Tout gouvernant devrait avoir en tête de sa liste comme soucis que le travail est un droit pour la force vive de sa population et que c’est un de ses devoirs sacrés d’en fournir à chaque congolais. Pour ce mouvement, le chômage touchant plus les jeunes est devenu endémique en RDC. Une situation qui débouche sur des conséquences multiples au plan social, entre autres, la naissance du phénomène « Kuluna » (des jeunes qui se transforment en bandits avec armes blanches, et ensuite sèment troubles et désolations en milieu urbain), des érosions familiales, la non-scolarisation des enfants et l’augmentation des grossesses non désirées chez les jeunes filles, ainsi que l’augmentation du taux des marchés pirates, de mendicité, de criminalité, de vol et tant d’autres méfaits sociaux. Dans le même ordre d’idées, les représentants de la jeunesse parlementaire, à la suite de son analyse de la situation de la jeunesse sur le marché de l’emploi en RDC s’est constitué partie prenante de la délégation des jeunes avec les représentants des mouvements citoyens et du Conseil national de la jeunesse pour présenter les desiderata de la jeunesse congolaise au premier ministre. Ils ne se sont pas fait prier pour exposer leur vision du développement du pays. Cependant, monsieur Ilunga Ilunkamba, ayant été attentif leur a réservé la réponse suivante : « Il faut que les mouvements citoyens puissent participer dans la création des richesses, car la lutte doit être menée non contre les individus mais pour le développement de ce pays, en vue de l’éradication de la pauvreté et autres vices qui gangrènent notre société. » Faudra-t-il s’en tenir à ce discours pour espérer la création de ce fonds de garantie ou c’est une vision du chef de l’État qui n’entre pas dans la gestion de l’exécutif dans ses attributions et priorités ? Et si le chômage des jeunes était un business pour les politiques ? Est une question que chacun se pose vu l’indifférence qui Congo Business Magazine - Février 2020


caractérise le législateur une fois élu et le ministre une fois nommé. Les rhétoriques développées et défendues lors de la campagne électorale comme lors des consultations pour nomination n’ont plus de sens. La construction comme la reconstruction ou l’assainissement de voies de communication attendra un autre démagogue que les mêmes jeunes devront entendre sur les mêmes maux d’ici cinq voire dix ans. Comptant sur un avenir meilleur, les jeunes contribuent largement à la réussite des politiques portant leurs espoirs. Ils ont toujours été à leurs côtés et certains gardent encore des vives cicatrices après les affrontements pré et post électoraux dans l’indifférence de ces politiciens qui une fois assermentés s’installent dans les bureaux tandis que les jeunes retournent dans leur vie quotidienne, « le chômage », aucun espoir pour l’avenir. Il revient à chaque jeune de s’interroger sur le mandat qu’il donne au politique, à qui, pour qui et pourquoi? Dans la perspective où la jeunesse congolaise compte sur le fonds de garantie comme un air frais permettant à certains et de sortir du chômage et de contribuer à la vie économique du pays, la création de ce fonds soulève nombre de questions sur son effectivité. Les jeunes fondant ses espoirs sur ce fonds de garantie se demandent toute fois si le chef de l’état aurait compris que les jeunes étaient oubliés ou négligées quant à leur contribution à la gestion de la res publica? Sans se voiler les yeux de la conscience, l’Etat seraitt-il en difficulté pour créer lui-même des emplois pour les jeunes ? Loin de croire que c’est une innovation, les jeunes se demandent pourquoi une amélioration ne peut pas être apportée à ce qui existe, étant donner que certains jeunes réussissent à échapper au chômage avec l’aide des effets néo-patrimoniaux tels que la corruption, le tribalisme, le copinage qui colle tout citoyen ayant un imperium quelconque. Certes, le projet de développement du pays du chef de l’état met à contribution les jeunes au travers ce fonds de garantie, nous attendons évaluer la situation d’ici trois ans en constituant le profil des premiers jeunes bénéficiaires de ce fonds.

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Défis d’investissement pour les jeunes entrepreneurs congolais Il est à considérer qu’il est indispensable pour la RDC de séduire les jeunes entrepreneurs en vue d’accroître et de diversifier son économie. En effet, « Si les sources d’investissement des autres pays provenaient de plus en plus, des sociétés implantées à l’étranger et des multinationales, il faudrait se questionner sur la production régulière des entreprises congolaises pour se faire l’idée sur l’entrepreneuriat des jeunes en RDC». Ouvrir les pays à plus d’investisseurs étrangers est une nécessité incontournable en cette ère de la mondialisation tout en envisageant d’imposer des limites et d’examiner la politique d’investissement soutenant l’économie locale comme clé de reconstruction du pays non négligeable. Toutefois, les exigences de l’implantation d’une entreprise étrangère en RDC peu importe le domaine d’activités devrait être connu afin de l’évaluation par la population de leur effectivité sur le sol congolais et de leur participation au social du lieu dans lequel elles sont implantées. La concurrence qu’elles occasionnent face aux entreprises nationales permet la performance et l’émulation des entreprises locales. Dès lors que cette concurrence des entreprises étrangères sur les entreprises nationales est considérée comme une source de pauvreté pour l’économie congolaise, contribuant à l’éclosion de la corruption, à la fuite des capitaux vers l’étranger, à la création d’emplois à faible revenus, à la création d’emplois précaires, ces entreprises étrangères ne devraient pas être soumises à des règles différentes et de complaisance en sol congolais en plein essor de la mondialisation du capitalisme. En RDC où l’économie est faible et l’industrie presque inexistante, il est urgent de redéfinir les règles d’exercice des entreprises étrangères en vue de susciter l’accroissement des activités commerciales locales. Si non, le chômage aura du mal à disparaitre dans le pays et la création d’un fonds de garantie pour financer les jeunes une promesse de plus qui dénote de l’indifférence du politicien face au manque d’infrastructures et à la paupérisation continue de la population.

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LE PARADOXE DE

L’ENTREPRENARIAT AFRICAIN Jérémie Sacha

Quand vous consultez les agendas économiques de certains pays africains, vous remarquerez qu’ils sont pleins de rendez-vous de haut niveau où se rencontrent présidents, chefs de gouvernements, ministres, hauts cadres, etc., pour parler entreprenariat, économie, développement, etc.

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Photo Pexels.com par Rebrand Cities

Ces rencontres sont souvent fermées et réservées à une classe dite des « décideurs ». Ayant pour leitmotiv : « trouver la solution au niveau du sommet et la répandre un niveau le plus bas ». Riche en couleur et en espoir, leurs organisateurs mettent l’accent sur la « classe » et toute la fanfaronnade qui accueille les séances de mascarade qui cache le vrai visage du vide que représentent ces évènements. J’ai dit « vide » par ce que les résultats ne suivent pas du tout et l’Afrique reste pauvre. Pour augmenter les enchères, le droit de participation lance une alerte d’excommunication en disant sans le dire, « ce lieu n’est pas approprié pour vous ! ». On exécute les chansons de la bonne gouvernance, du

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AFRIQUE MONDE C’es héros de l’ombre qui donnent à l’Afrique un sens par des durs labeurs, sont souvent les cadets de soucis des ceux qui décident. En effet, posez-vous la question de savoir, combien des forums nationaux de grandes envergures sont organisés pour soutenir le micro-entreprenariat chaque année ? Si ce n’est les maigres initiatives des sociétés civiles.

leadership, de l’amélioration du climat des affaires, de la promotion de l’entreprenariat, etc., avec comme refrain principal «attirer les investisseurs étrangers». En parlant justement des investisseurs, de l’entreprenariat, etc., l’Afrique jette dans les oubliettes ceux qui chaque jour donnent sens à son existence ; ceux qui créent de la valeur interne, ceux qui sans avoir des millions de dollars individuellement, absorbent par leur nombre combien majoritaire, le besoins en milliards de dollars de l’Afrique grâce à leur production avec un PIB moyen estimé à plus de 45%. Si l’on veut être honnête, ce sont eux qui soustendent l’économie de l’Afrique. Je parle de ces petits commerçants, ces jeunes qui courent en longueur de journée à la sauvette, ses femmes et ses hommes qui n’apparaissent dans aucun registre de nominés des Républiques. Je parle de ceux qui travaillent plus de 12 heures par jour pour nourrir les familles africaines.

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Mieux encore, combien d’actions sont menées pour accompagner les initiatives des milliers de jeunes africains qui évoluent dans les secteurs informels, des petits fermiers, des taximen motocyclistes, des vendeurs à la sauvette, ces jeunes diplômés autoentrepreneurs qui émergent dans plusieurs secteurs de la vie et qui n’ont souvent pas de clés pour ouvrir les portes du cercle de décideurs ? Vous les comptez du bout de doigts. Par ailleurs, quelle considération a-t-on des acteurs du secteur informel. Ils sont oubliés de nos salons, de nos forums, de nos ateliers et sont tout le temps marginalisés, atrophiés, pourchassés par les autorités (qui devraient par contre les encadrer pour tirer bénéfice de leurs dynamismes et potentiels) et par fois sous l’influence des acteurs de la zone formelle. Et pourtant, ce sont eux qui maintiennent l’équilibre de l’économie africaine en y apportant un peu de diversification. N’est-il

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AFRIQUE MONDE

LE PARADOXE DE L’ENTREPRENARIAT AFRICAIN pas temps que l’Afrique arrête de s’illusionner et de s’enivrer de son potentiel comme une narcissique qui loue sa beauté en se mirant au miroir de sa chambre et qui constate à la sortie que sa vie n’est que peine, solitude et misère car, « personne ne s’en intéresse vraiment » ? N’est-il pas temps que l’Afrique sorte de son ivresse causée par l’ambroisie et le nectar de ses ressources qui par ailleurs restent en état de virginité originelle, innocentes de toute trace de transformation en véritable richesse dont la vie humaine a besoin. Ne serions-nous pas en train de combattre un mauvais combat ? En effet, je trouve ce paradoxe aberrant. Comment pouvons-nous justifier le fait que, chaque année, nous avons des rencontres de haut niveau qui devraient booster l’économie des pays, mais dont l[’impulsion au niveau de vie sociale des populations laisse à désirer. Pour moi, on ne combat pas le bon combat. Tenez ! Le saviez-vous par exemple, que la majorité des économies de pays africains est tenue à plus de leurs moitiés par le secteur informel ? Vous allez me demander hélas ! D’où tu sors ça ? Voici le rapport publié par le Fonds monétaire international (FMI) en 2017 pour vous en convaincre : « Le marché informel représente entre 20 et 65% du produit intérieur brut (PIB) des pays d’Afrique subsaharienne. Le document précise que dans cet espace géographique, l’économie informelle présente une très grande hétérogénéité. Ainsi, dans des pays comme Maurice, l’Afrique du Sud ou encore la Namibie, elle varie entre 20 et 25% du PIB tandis que dans

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d’autres comme le Bénin, la Tanzanie ou le Nigéria, la RDC, etc., elle varie entre 50 et 65% du PIB ». Au regard de ces statistiques, certaines questions me sont remontées à l’esprit et j’aimerais bien les partager avec vous. Avec votre permission, bien-sûr ! • Comment l’Afrique peut évoluer économiquement parlant si ceux qui tiennent son économie ne sont pas associés ni en amont (prises de décision), ni en aval (appropriation des décisions stratégiques et exécution de celles-ci) aux grands débats sur les questions dont ils détiennent fort étonnement la quasi-totalité de la réponse ? • Comment développer une Afrique forte et riche quand on ne met pas en place des politiques et des stratégies nécessaires pour accompagner les vrais acteurs de son économie que sont tous ces petits commerçants ambulants, ces micro-entrepreneurs, etc. qui non seulement créent la richesse du pays (tenant compte du PIB) mais aussi et surtout créent l’équilibre de la vie des familles. • Que faire pour intégrer ces acteurs des secteurs informels dans l’équation économique africaine afin de renforcer la capacité de ce derniers pour optimiser les recettes et de les canaliser vers le trésor public en vue de booster l’économie ? • N’est-il pas temps que les pays africains élaborent de modèles économiques sur mesure et appropriés à leurs contextes ; c’est-à-dire dénudé de toute influence étrangère ? Ne devons-vous pas créer nos propres jeux et nous y mettre à jouer tout en changeant chaque les règles si cela ne marche plus ?

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En guise de conclusion

L’Afrique a besoin de ces types d’entrepreneurs qui s e caractérisent généralement par leur dynamisme, la forte capacité d’adaptation, l’endurance, une énergie toujours renouvelée. Mais qui travaillent hors de toute norme : managériale, financière, vente ou marketing. Encadrer ces acteurs, les accompagner en mettant en place des mécanismes d’assouplissement de certaines taxes, créer des structures d’accompagnement technique dans chaque localité, etc. permettra à l’Afrique de rapidement créer une dynamique qui va impulser un nouveau mouvement d’une économie participative. La jeunesse africaine est prête et n’attende qu’une volonté politique ambitieuse des pays. Et le pays qui comprendra cela à l’instar du Rwanda et de Maurice, produira le premier miracle économique africain. Faites ceci et plus rien ne sera comme avant.

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AFRIQUE MONDE

Comment reussir son business en

Afrique? Chams Diagne talent2africa

On ne cesse de nous répéter, ces dernières années, à juste raison d’ailleurs, que l’Afrique est une terre d’opportunités. L’avenir de l’Afrique se dessine et laisse présager de merveilleuses surprises. Le Nigéria l’illustre bien en intégrant le G20, et bientôt beaucoup d’autres états africains suivront, sans aucun doute. Cependant, même si le constat d’une Afrique prometteuse est vrai, il faut savoir bien s’y prendre, en tant qu’investisseur, pour tirer son épingle du jeu. Ainsi, même si de nombreux hommes d’affaires ont choisi la destination Afrique, depuis quelques années, comme l’illustre la déferlante des entreprises étrangères sur le continent africain, il n’en demeure pas moins que nombre d’entre eux ont encore du mal à bénéficier pleinement du potentiel qu’offre l’investissement en Afrique. La cause ? L’ignorance de certaines astuces et de certains codes culturels propres aux divers pays qui constituent le marché africain. Une bonne connaissance des codes culturels La première chose qu’un investisseur étranger doit faire, s’il veut un investissement fructueux en Afrique, c’est de prendre conscience de la

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nécessité de s’adapter culturellement, de bien se préparer et de savoir comment aborder le marché africain. Cela est d’autant plus nécessaire que l’Afrique est un grand espace, avec une multitude de peuples aussi différents les uns des autres. Ces derniers ont des façons de vivre, des façons de penser, des façons de consommer qui diffèrent «Il n’y a pas que les d’un pays voisin à un autre. slides qui comptent, «Il n’y a pas que les slides il faut savoir véhicu- qui comptent, il faut savoir ler son message. Il véhiculer son message. Il faut faut savoir mettre en savoir mettre en confiance confiance son interlo- son interlocuteur. La seule cuteur. La seule façon façon de réussir à faire cela, de réussir à faire cela, c’est de connaître les codes c’est de connaître les culturels. », conseille Fouad Benathmane, Export Area codes culturels. », manager pour les Laboratoires pharmaceutiques Bottu. Abondant ce sens, Nadia Mensah-Acogny, Co-Founder & COO du cabinet Acosphere, pense qu’il est nécessaire, à chaque fois que quelqu’un veut aller dans un pays d’Afrique subsaharienne, de s’informer sur

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Apprenez à connaître l’Afrique ! Pour un investisseur étranger, il est toujours important de connaître l’Afrique. Pour ce faire, nombreux d’entre eux se contentent de prendre quelques jours de vacances et d’atterrir à l’hôtel. Même si cette démarche est intéressante, elle n’en demeure pas moins insuffisante pour prétendre connaître le pays dans lequel vous arrivez. De même, l’Afrique sur internet, dans les bouquins, racontée par les amis ou connaissances, n’est jamais la même que lorsque vous y êtes-vous-même. Lorsque vous décidez d’entreprendre en Afrique, il faut alors correctement évaluer le marché africain. Pour ce faire, une immersion complète pendant, au moins, 2 à 3 mois intensifs est nécessaire. Même si vous êtes originaire d’Afrique et que vous souhaitez entreprendre ailleurs que dans votre pays natal, cette immersion est nécessaire, quand bien même il s’agit d’un environnement familier. Elle

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vous permettra de pouvoir sonder d’autres pays, que ce soit en Afrique de l’Ouest, Centrale ou même en Afrique du Nord. Prenez le temps d’évaluer le marché africain, ses potentialités et ses besoins. Un investissement, quel que soit l’endroit où vous voulez le faire, nécessite une évaluation du marché en question. Ainsi, afin d’obtenir des données fiables sur le marché africain, il n’est pas sans intérêt de consacrer un petit budget qui vous permette d’accéder à des données, résultant d’enquêtes initiées par des bureaux de Marketing. Ce conseil est à prendre au sérieux pour tout investisseur soucieux de tirer son épingle du jeu du marché africain. Il ne faut pas alors vous y méprendre, car le peu que vous savez de l’Afrique via vos connaissances et les informations obtenues sur internet, ne suffisent pas pour vous donner une idée complète des enjeux du marché. Seuls des spécialistes sauront vous répondre sans détour et fidèlement car, après tout, investir est un enjeu qu’il ne faut pas prendre à la légère.

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la culture, la manière d’entrer en contact avec les gens de ce pays, de prendre la parole, de mettre en confiance».


Pourquoi partir en Afrique?

AFRIQUE MONDE

L’expatriation en Afrique

une opportunité à saisir Chams Diagne talent2africa

S

auf à vouloir nager à contre courant, il est impossible de nier que l’Afrique demeure, aujourd’hui, l’une des locomotives de la croissance mondiale. Avec un taux de croissance moyen intéressant, ces dernières années, le continent noir attire les entreprises multinationales et les investisseurs de tout bord. Se tourner vers ce continent est devenu une tendance très prometteuse. L’expatriation en Afrique connaît, par conséquent, un succès de plus en plus important.

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Une belle opportunité de carrière peut s’offrir à vous, si vous décidez de travailler en Afrique en tant qu’expatrié. Mais, il est toutefois impératif d’anticiper sur ce qui vous attend sur place et ce, quel que soit le chemin que vous avez emprunté pour trouver un travail à l’étranger. En plus de l’opportunité d’apprentissage d’une culture différente et enrichissante, travailler en Afrique vous donne l’avantage de bénéficier d’une vie moins chère, car généralement le coût de la vie est plus abordable dans les pays africains qu’en Europe ou dans d’autres continents. Vous pourrez ainsi avoir la possibilité d’avoir un cadre de vie plus confortable à moindre coût. Côté logement, personnel de maison et voiture, les avantages dont vous pourriez bénéficier en Afrique, sont de loin plus intéressants qu’en Europe. Les opportunités professionnelles à saisir en Afrique A en croire les estimations de la Banque Mondiale, la croissance économique de l’Afrique subsaharienne devrait atteindre 3,6 % en moyenne sur la période 2019-2020. A la faveur cette croissance, les pays émergents du continent enregistrent, de plus en plus, la présence d’entreprises qui viennent y investir. Cette donne, en plus de réduire le taux de chômage, augmentent les opportunités professionnelles pour les expatriés. Pour preuve, le secteur pétrolier est l’un des plus prometteurs en Afrique. L’Angola, le Nigéria, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Gabon, l’Algérie, la Libye et récemment le Sénégal, constituent d’importants pôles de production pétroliers. Ainsi, du fait des besoins réels d’exploitations de cette manne pétrolière, le domaine de la construction connaît un essor remarquable dans la plupart de ces pays. Pour ceux qui s’activement dans ce domaine, les opportunités sont alors nombreuses. Par ailleurs, le secteur bancaire africain qui se développe rapidement fait naître de nouvelles opportunités de travail. Dans ce domaine précis, les expatriés ont beaucoup à gagner en optant de travailler 54

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dans les pays du Maghreb et d’Afrique de l’ouest. Préparer son départ en Afrique Même si l’Afrique est une terre d’opportunité, il est déconseillé d’y débarquer sans une bonne préparation. Celle-ci est d’ailleurs un préalable fondamental. Ainsi, bien avant la signature de votre contrat d’expatriation, assurez-vous que les termes et les conditions, notamment financières qui vous sont proposées, vous conviennent. Cela vous évitera toute mauvaise surprise.

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Mieux encore, il est préférable que votre contrat mentionne les conditions qui vous attendent à votre retour. Aussitôt ce contrat signé, assurez-vous que toutes les conditions légales sont réunies pour vous permettre de travailler en toute sérénité dans votre pays d’accueil. Du visa de séjour aux autorisations indispensables pour exercer votre profession, tout doit être au complet. Vous devez également vérifier que vos vaccins sont à jour avant d’embarquer. A titre d’exemple, si le vaccin contre la fièvre jaune est obligatoire, celui contre l’hépatite A et B est fortement recommandé.

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