LA FILIÈRE NUCLÉAIRE DANS LE COTENTIN Janvier 2014
Sommaire Périmètre de la filière nucléaire dans le Cotentin p2 50 ans de grands chantiers p6 Un tissu économique étroitement lié au nucléaire p16 13 000 salariés pour la filière nucléaire p20 D’importantes perspectives d’activité p29 Méthodologie p42 La filière nucléaire occupe une place prépondérante dans l’activité économique du Cotentin. 50 ans de grands chantiers ont ainsi fortement impacté le territoire ; des croissances démographiques hors normes, des arrivées massives d’actifs et un effet direct sur le développement économique du Cotentin et de ses infrastructures. Au total, ce sont près de 13 000 personnes, soit un salarié sur trois dans le Cotentin, qui travaillent pour une entreprise de la filière nucléaire, répartis à parts quasi égales entre les trois grands donneurs d’ordre (AREVA, EDF et DCNS) et la centaine d’entreprises sous-traitantes. Un tissu économique étroitement lié à sa principale filière, premier employeur du secteur privé, qui dans un contexte de crise a permis au territoire de résister. En 5 ans, de 2008 à 2012, les entreprises sous-traitantes de la filière nucléaire ont ainsi vu leurs effectifs augmenter de 13%, observant pour la majorité d’entre elles une activité en hausse sur cette période.
Et les perspectives à court et moyen terme sont nombreuses : mise en service de l’EPR attendue en 2016, lancement du programme grand carénage d’EDF, démantèlement de l’usine UP2-400 d’AREVA La Hague et des chaufferies nucléaires des sous-marins lanceurs d’engins chez DCNS. Autant de projets qui devraient voir l’activité et les effectifs de la filière nucléaire augmenter sur ces 3 prochaines années. Au total, dans les 5 années à venir, plus de 4 000 personnes devraient être recrutées pour répondre aux besoins de la filière nucléaire et de l’arrivée des énergies marines renouvelables. Le Cotentin s’apprête donc à relever de nouveaux défis en termes de recrutement et de maintien des compétences. La filière nucléaire est plus que jamais présente sur le territoire et reste l’acteur principal du développement économique du Cotentin.
PÉRIMÈTRE DE LA FILIÈRE NUCLÉAIRE DANS LE COTENTIN
La filière nucléaire comprend l’ensemble des activités liées à l’exploitation de réacteurs nucléaires et à l’utilisation de rayonnements ionisants. L’étude du Conseil Économique, Social et Environnemental Régional (CESER) de BasseNormandie, Le nucléaire pour l'énergie et la santé : vers un pôle en Basse-Normandie, recense les différents domaines d’application du nucléaire ; de la production d’énergie à la médecine nucléaire en passant par le secteur militaire, industriel ou encore la culture et le patrimoine…
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La présente étude se concentre sur les trois applications les plus courantes et répandues dans le Cotentin et en Basse-Normandie :
L’électronucléaire : production d’énergie, recyclage des combustibles usés et stockage des déchets Le secteur militaire pour la propulsion des sous-marins militaires La médecine nucléaire avec notamment la radiothérapie et l’hadronthérapie
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NUCLÉAIRE CIVIL : L’ÉLECTRONUCLÉAIRE Avec 58 réacteurs, l’électricité d’origine nucléaire représente 74.8% de la production électrique en France en 2012. Selon l’étude de PriceWaterhouseCoopers (PWC) en 2011, Le poids socio-économique de l’électronucléaire en France, la France occupe une place significative au niveau mondial avec des parts de marché élevées dans chacune des activités associées à l’électronucléaire. Dans la phase amont qui regroupe les activités d’exploration de mines, d’enrichissement d’uranium et de fabrication du combustible pour alimenter les centrales, la France se positionne ème au 2 rang mondial en 2010 avec 19% de parts de marché pour AREVA. Au niveau de la construction qui comprend la conception des réacteurs, l’ingénierie et l’installation de la centrale, AREVA se classe en tête au niveau mondial avec 26% des parts de marché. EDF occupe er également le 1 rang pour l’exploitation et la maintenance des centrales nucléaires. Enfin, la France étant l’un des rares pays à posséder les techniques permettant de recycler les combustibles, la notion de parts de marché est peu pertinente pour l’aval qui comprend le retraitement des combustibles usés et la phase de démantèlement des installations nucléaires. Le nombre d’emplois directs liés à l’électronucléaire en France est évalué à 125 000 en 2011 selon l’étude de PWC. Un chiffre qui représente 4% de l’emploi industriel national et qui place l’électronucléaire au même rang que l’aéronautique. Au total, ce sont 410 000 emplois directs, indirects et induits soit 2% de l’emploi total qui sont générés par ce secteur d’activité avec 12.3Mds€ de valeur ajoutée et une contribution de 0.71% au PIB.
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Dans le Cotentin, hormis la phase amont, l’ensemble des activités du cycle nucléaire est représenté : la construction avec l’EPR de Flamanville, la production avec les tranches 1 & 2 de la centrale nucléaire de Flamanville et l’aval avec l’usine de recyclage des combustibles usés d’AREVA La Hague et le centre de stockage de l’Andra. DCNS Cherbourg s’est également diversifié dans le nucléaire civil avec un ensemble de prestations dans les domaines de la maîtrise d’œuvre, la réalisation d’équipements classés de sûreté, les services de maintenance et de prolongation de la durée d’exploitation du parc nucléaire ainsi que les opérations de déconstruction. L’entreprise participe à de nombreux projets électronucléaires ; réalisation de sas d’accès à l’enceinte de confinement du réacteur EPR de Flamanville, fabrication de la structure en acier sur laquelle sont maintenus les assemblages de combustible nucléaire de l’EPR de Flamanville, participation au montage de la centrale EPR d’Olkiluoto en Finlande…
NUCLÉAIRE MILITAIRE : DCNS CHERBOURG Dans le secteur militaire, DCNS Cherbourg construit des sous-marins équipés d’une propulsion nucléaire. Celle-ci est utilisée afin de garantir à ces bâtiments une très grande autonomie. L’intégration des chaufferies nucléaires des sous-marins et leur démantèlement exigent des compétences spécifiques et un dimensionnement du vaisseau en fonction. Depuis 1899, 103 sous-marins ont été lancés à Cherbourg dont 16 sous-marins à propulsion nucléaire. Au total, ces trois entreprises (AREVA NC, EDF et DCNS) intervenant dans l’électronucléaire et le militaire totalisent plus de 6 500 emplois dans le Cotentin.
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NUCLÉAIRE
SANTÉ
:
UNE COMPÉTENCE BAS-
NORMANDE
La médecine nucléaire repose sur l’utilisation de rayonnements à des fins diagnostiques ou thérapeutiques. De nombreuses techniques (radiothérapie, imagerie nucléaire, scintigraphie…) sont ainsi employées pour le diagnostic et le traitement des tumeurs cancéreuses. Le pôle nucléaire santé est principalement concentré sur l’agglomération caennaise avec deux établissements de soins référents en cancérologie, le CHU de Caen et le Centre de Lutte Contre le Cancer François Baclesse. A ces deux centres disposant d’équipements en radiothérapie s’ajoute le Centre d'Imagerie Cérébrale et de Recherches en Neurosciences (CYCERON) qui constitue un ensemble unique de laboratoires et d’instruments dans le domaine de la médecine nucléaire : cyclotron (accélérateur de particules), laboratoires de radiochimie, de biologie moléculaire, appareils d’imagerie par résonance magnétique à très haut champ… Plusieurs projets d’envergure font de la BasseNormandie le pôle national en matière de nucléaire santé. Le projet Archade vise ainsi à créer un centre européen de recherche et développement en hadronthérapie à Caen. Cette méthode de radiothérapie, très prometteuse, permet notamment de soigner des cancers radiorésistants et inopérables. Elle améliore également l’irradiation des tumeurs sans toucher aux tissus sains et aux organes. Le centre Archade devrait être opérationnel en 2016 pour traiter des patients par protonthérapie, grâce à l’installation ème d’un premier cyclotron de 2 génération, le Proteus One, d’IBA. Parallèlement, un cyclotron nouvelle génération, le C400, capable de générer des protons et des ions carbone sera construit pour une mise en service prévue en 2018.
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Si le Cotentin paraît directement moins concerné par la médecine nucléaire, il faut néanmoins souligner que certaines entreprises du territoire, par leurs compétences, leurs équipements et leurs savoir-faire, sont impliquées dans ce domaine. Les trois grands donneurs d’ordre du Cotentin participent ainsi au projet Archade. La Technopole Cherbourg Normandie, la CCI Cherbourg Cotentin et celle de Caen sont également associés pour l’identification des sous-traitants.
RECHERCHE & FORMATION En complément aux industries et services présents sur le territoire dans le domaine nucléaire, des structures de formation et des laboratoires de recherche se sont développés en BasseNormandie. Quelques formations phares proposées sur le territoire peuvent notamment être mentionnées : diplômes de sciences et technologies nucléaires à l'ENSICAEN, école d’ingénieurs (Esix) à Cherbourg, École des Applications Militaires de l'Énergie Atomique (EAMEA) de CherbourgOcteville, formations proposées par l'Institut National des Sciences et Techniques Nucléaires (INSTN), par l’AFPA, formations en radioprotection à Caen… Au niveau de la recherche, le Grand Accélérateur National d’Ions Lourds (GANIL) est un équipement commun au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et au Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA). Cet outil rare (3 accélérateurs de ce type dans le monde) fait partie des Très Grandes Infrastructures de Recherche (TGIR) du CNRS. Il est destiné à la recherche sur la physique nucléaire et à la connaissance de la structure de l’atome.
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Il existe également d’autres laboratoires spécialisés : le Laboratoire Universitaire de Sciences Appliquées de Cherbourg-Octeville (LUSAC), le Centre de Recherche sur les Ions, les Matériaux et la Photonique (CIMAP) à Caen, le Laboratoire d’Accueil en Radiobiologie avec les Ions Accélérés (LARIA), le Laboratoire de Physique Corpusculaire (LPC)… Au travers de son tissu d’entreprises et de ses formations, la Basse-Normandie et le Cotentin font figure de place forte du nucléaire en France. La filière s’est regroupée sous la bannière Nucleopolis qui fédère les compétences industrielles, de formation et de recherche dans les domaines de l’énergie, de la santé et de la maîtrise des risques.
Le nucléaire en Basse-Normandie : Le nucléaire pour l'énergie et la santé : vers un pôle en Basse-Normandie, CESER, 2009 L'avenir de l'industrie en Basse-Normandie, CESER, 2013 http://www.nucleopolis.com/ L’électronucléaire en France : Le poids socio-économique de l’électronucléaire en France, PWC, 2011 Cartographie de la filière nucléaire, CSFN, 2010
Carte des installations nucléaires en Normandie de l’Autorité de sûreté Nucléaire (ASN)
Source : Autorité de sûreté nucléaire, 2012 La carte en grand format sur : http://www.asn.fr/L-ASN/ASN-en-region/Division-de-Caen
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50 ANS DE GRANDS CHANTIERS… Depuis 50 ans, le Cotentin vit au rythme de grands chantiers qui ont composé un tissu économique local fortement industrialisé et particulièrement corrélé à l’activité nucléaire. L’histoire débute en 1961, année du décret déclarant d'utilité publique les travaux de construction d'un second centre de traitement de combustibles usés pour l’extraction du plutonium. Après Marcoule, ouvert en 1958, le site de La Hague est choisi. Ses vents fréquents et ses courants marins favorables à l’évacuation des rejets ainsi que sa structure géologique stable en font un site propice. Les travaux commencent en 1962 pour s’achever en 1966.
Année (Début de construction - Mise en service)
1964-1969
1964-1967
1967-1970
1967-1969 1974-1976 1976-1983
Équipement
AT1 Atelier pilote destiné au retraitement des combustibles UP2 Unité de production ELAN IIB Atelier destiné à la fabrication de sources radioactives Centre de stockage des déchets radioactifs HAO Atelier haute activité oxyde GANIL
En 1964, la construction du Redoutable, premier sous-marin nucléaire lanceur d’engin débute. Son baptême aura lieu 3 ans plus tard en 1967. En 1969, le centre de stockage de la Manche voit le jour, géré depuis 1994 par l’Andra. À la fin des années 1970 et au début des années 1980, deux autres chantiers sont déclarés d’utilité publique : la centrale nucléaire de Flamanville dont les travaux commencent en 1978 et l’extension de l’usine de La Hague en 1981. Enfin, la construction du premier réacteur EPR ème de 3 génération démarre en 2007 sur le site de Flamanville.
Site / Exploitant
Démantèlement / Grand carénage / Travaux divers
La Hague / AREVA
Démantèlement terminé en 2001
La Hague / AREVA
Démantèlement prévu par décret du 8 novembre 2013
La Hague / AREVA
Démantèlement prévu par décret du 8 novembre 2013
La Hague / Andra La Hague / AREVA
Démantèlement en cours prévu par décret du 31 juillet 2009
Caen / GIE Ganil
1979-1986
Tranches 1 et 2 de la centrale de Flamanville
1981-1990 UP3 1994 UP2-800 1987 STE-3
UP3 / UP2-800 / STE-3
La Hague / AREVA
2007-2016
EPR de Flamanville
Flamanville / EDF
Flamanville / EDF Grand carénage prévu dès 2016
Sources : Nucleopolis / Sites Web des exploitants
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L’ORIGINE D’UNE DÉMOGRAPHIQUE
À
Si sur cette même période, la population française a augmenté de manière significative, c’est sans commune mesure avec les taux affichés sur ces 3 cantons. En France métropolitaine, entre 1962 et 2010, la population croît de 35.2%, 34.3% en Province, 22% en Basse-Normandie et 11.6% dans la Manche.
LARGE CROISSANCE
L’implantation des grandes installations nucléaires sur les cantons de Beaumont-Hague et des Pieux a eu un impact direct sur l’évolution du nombre d’habitants dans ces deux zones. Entre 1962 et 2010, la population du canton de BeaumontHague a doublé passant de 5 431 habitants à 11 931. Celle du canton des Pieux affiche une augmentation de plus de 60% ; 8 476 habitants en 1962 contre 13 645 en 2010. Le canton d’Equeurdreville-Hainneville, proche des installations de La Hague, enregistre une hausse comparable à celle des Pieux, 63.6%.
Ces chiffres confrontés au phénomène d’urbanisation (dépeuplement des communes rurales au profit des villes) démontrent l’impact considérable des grands chantiers sur la croissance démographique locale.
Evolution des populations de 1962 à 2010 comparée aux grands chantiers du nucléaire dans le Cotentin (Indice base 100 en 1962) 2007 : Début du chantier de l'EPR de Flamanville 220
200
180
160
140
Canton de BeaumontHague Canton des Pieux Canton d'EqueurdrevilleHainneville Arrondissement de Cherbourg France-Métropolitaine
1979 & 1981 : - Début de la construction de la centrale nucléaire de Flamanville - Extension de l'usine de La Hague
1967 & 1969 : - Mise en service de l'usine de la Hague - Création du centre de stockage de la Manche
120
100
80 1962
1968
1975
1982
1990
1999
2010
Source : INSEE - Recensement de la population, Dénombrement.
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L’évolution de la population est portée par les actifs, venus travailler en nombre sur les grands chantiers nucléaires. Les taux de croissance sont importants, marqués par les différentes phases de chantier et d’exploitation des installations nucléaires locales. Ainsi, le nombre d’actifs augmente fortement de 1982 à 1990 lors de la construction de la centrale de Flamanville et l’extension de l’usine de La Hague. Cette tendance est également observée au niveau national mais de manière moins marquée que dans le Cotentin.
En effet, de 1968 à 2010, la population active a augmenté significativement en France avec l’arrivée des générations du baby-boom et le développement de l’activité féminine. Selon les 1 données harmonisées de l’Insee , la population active des 25 à 54 ans représentait 25% de la population totale en 1968 contre 35.7% en 2010. Avec la tertiarisation de l’économie, la structure par catégorie socioprofessionnelle a également été modifiée ; le nombre d’agriculteurs a ainsi nettement diminué. Dans le même temps les cadres, professions intermédiaires et employés affichent une forte hausse.
Evolution des populations actives de 1968 à 2010 comparée aux grands chantiers du nucléaire dans le Cotentin (Indice base 100 en 1968) 2007 : Début du chantier de l'EPR de Flamanville 330
Canton de BeaumontHague Canton des Pieux
280
1979 & 1981 : - Début de la construction de la centrale nucléaire de Flamanville - Extension de l'usine de La Hague
Canton d'EqueurdrevilleHainneville Arrondissement de Cherbourg
230
France-Métropolitaine
180
130
80 1968
1975
1982
1990
1999
2010
Source : INSEE - Recensement de la population, Exploitation complémentaire Données harmonisées : Population des 25 à 54 ans par catégorie socioprofessionnelle
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Données harmonisées de l’Insee : dans le cadre de l'exploitation historique des recensements de la population, les variables qui
diffèrent d'un recensement à l'autre, ont été harmonisées pour pouvoir être comparées. La population active concerne ici le champ des 25 à 54 ans plutôt que celui des 15 à 64 ans habituellement utilisé. L’année 1962 n’est pas disponible pour cette donnée.
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Dans le Cotentin et plus particulièrement sur les cantons de Beaumont-Hague, des Pieux et d’Équeurdreville-Hainneville, la représentation des différentes catégories socioprofessionnelles est étroitement liée à l’activité nucléaire. Très peu représentés en 1968, les cadres et professions intellectuelles supérieures, les professions intermédiaires et les employés connaissent un essor remarquable.
Le tableau suivant présente les principales évolutions de la population active par catégorie socio-professionnelle, selon les données harmonisées de l’Insee pour la population active de 25 à 54 ans. En fonction de chaque période du recensement et des événements clés liés au nucléaire, des indications permettent d’évaluer l’impact de la filière nucléaire sur les actifs des cantons de Beaumont-Hague, des Pieux et d’Equeurdreville-Hainneville. Les évolutions observées sur ces 3 cantons sont significatives comparativement à celles enregistrées en France Métropolitaine et traduisent l’influence du nucléaire sur le territoire. Période 1968-1975 : Mise en service de l’usine de la Hague Le canton de Beaumont-Hague s’équipe (nouveaux commerces et services) : il attire des cadres et des techniciens pour l’exploitation de l’usine Période 1975-1982 : Début de la construction de la centrale de Flamanville Les ouvriers et les employés affluent sur le canton des Pieux La Hague prépare son extension, le nombre d’ouvriers est également en hausse Période 1982-1990 : Période faste pour le nucléaire dans le Cotentin (2 grands chantiers en cours et mise en service en 1986 de la centrale de Flamanville)
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Les ouvriers sont mobilisés sur la Hague Les recrutements de cadres, de professions intermédiaires et d’employés augmentent dans la Hague Même constat avec une croissance plus importante pour Les Pieux avec la mise en service de la centrale en 1986. Les commerces et services augmentent sur le canton des Pieux Le canton d’Équeurdreville-Hainneville voit arriver en nombre des populations de cadres, professions intermédiaires et employés venus travailler sur La Hague ou pour les entreprises sous-traitantes installées sur le canton Les augmentations observées sur ces 3 cantons sont manifestes : la population active enregistre une hausse de 75% sur les cantons de Beaumont-Hague et d’Équeurdreville-Hainneville, de près de 40% sur les Pieux
Période 1990-1999 : Phase plus calme sur le plan des chantiers Les cadres, professions intermédiaires et employés affichent néanmoins une hausse encore prononcée pour l’exploitation des deux usines Période 1999-2010 : Début de la construction de l’EPR de Flamanville en 2007 Hausse du nombre d’ouvriers sur le canton des Pieux Le nombre de cadres double. Ils sont notamment appelés pour la phase d’ingénierie La population active des 25 à 54 ans augmente de 25% sur ce canton, à comparer aux 3% enregistrés en France métropolitaine. La part des actifs de 25 à 54 ans passe ainsi de 23.4% en 1968 à 41.3% en 2010 dans le canton de Beaumont-Hague, de 23.6% à 39.6% sur le canton des Pieux et de 20.4% à 37.4% sur Équeurdreville-Hainneville.
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Période
Contexte
1968-1975
1975-1982
Chiffres-clés
1967 : Mise en service de l'usine AREVA La Hague 1969 : Mise en service du centre de stockage des déchets de la Manche
Canton de Beaumont-Hague : La population active des artisans commerçants et chefs d’entreprise augmente de 50%. Les CSP cadres et professions intermédiaires doublent
1979 : Début de la construction de la centrale de Flamanville 1981 : Validation des travaux d'extension de l'usine de la Hague
Canton des Pieux : Le nombre d’ouvriers double Le nombre d’employés triple Canton de Beaumont-Hague : Hausse de plus de 60% du nombre d’ouvriers
Période faste : Construction en cours de la centrale de Flamanville et extension de l’usine de la Hague
Canton de Beaumont-Hague : Toujours un nombre important d’ouvriers : hausse de 60% Montée en puissance des cadres, professions intermédiaires et employés Canton des Pieux : Le nombre d’artisans, commerçants et chefs d’entreprise double Même constat que la Hague pour les autres CSP Canton d’Equeurdreville-Hainneville : Montée en puissance de la population active, +76%, toutes CSP confondues. Seul le nombre d’agriculteur baisse
1990-1999
1990 : Mise en service de l’UP3 1994 : Mise en service de l’UP2-800
Canton des Pieux et de Beaumont-Hague : Hausse modérée des cadres, professions intermédiaires et employés, augmentation plus importante sur les Pieux Baisse des ouvriers
1999-2010
2007 : Début de la construction de l’EPR de Flamanville
1982-1990
Source : INSEE - Recensement de la population, Exploitation complémentaire Données harmonisées : Population des 25 à 54 ans par catégorie socioprofessionnelle
Le nombre de cadres double Hausse de 20% du nombre d’ouvriers
Données France
Légère hausse des artisans commerçants Hausse comprise entre 40 et 60% pour les cadres et professions intermédiaires
Stabilité du nombre d’ouvriers Hausse de 20% des employés
Augmentation de 4,8% pour les artisans, commerçants et chefs d’entreprise, 5,3% pour les ouvriers et de 36 à 58% pour les autres CSP hors agriculteurs
Constat similaire pour les cadres, professions intermédiaires et employés. Hausse néanmoins moins marquée
Hausse de 30% des cadres Baisse des ouvriers
MOTEUR DE L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE Les grands chantiers de la Hague et de Flamanville ont profondément modifié la physionomie des territoires. Des terres vierges de toute activité, agricoles ou rurales ont laissé place à de vastes zones industrielles. Pour répondre à une population en augmentation, une nouvelle offre de commerces et de services s’est développée dans les bourgs et les villages environnants. Enfin, les infrastructures de transport ont évolué pour faciliter les trajets quotidiens de plusieurs milliers de salariés. Le graphique ci-dessous représente les évolutions du nombre d’inscrits aux élections consulaires de la Chambre de Commerce et d’Industrie Cherbourg Cotentin. La liste des électeurs est calculée pour chaque catégorie (industries, commerces et services) en fonction du nombre d’établissements et de salariés ainsi que du montant de la taxe professionnelle versée. Le nombre d’inscrits est donc légèrement supérieur (environ 10%) au nombre réel d’établissements.
À la lecture de ce graphique, le premier constat est l’importante augmentation du nombre d’électeurs sur le canton de Beaumont-Hague qui a plus que doublé entre 1970 et 2010, passant de 122 à 310 inscrits. La courbe ascendante du nombre d’entreprises installées depuis 40 ans sur ce territoire illustre l’essor économique de cette zone dû en majeure partie à l’implantation de l’usine de La Hague. Les hausses du nombre d’inscrits et de ce fait d’entreprises sont constatées sur les autres territoires. De 190 électeurs en 1970, le canton des Pieux passe à 309 en 2010, soit une ème augmentation de 61%. C’est la 3 plus forte hausse constatée sur cette période dans le Cotentin derrière les cantons de Beaumont-Hague et de Tourlaville qui a profité de l’essor de ses zones d’entreprises. Sur ces 3 cantons, l’augmentation du nombre d’établissements a été principalement portée par les secteurs de l’industrie et des services.
Evolution du nombre d'établissement inscrits aux élections consulaires de la CCI Cherbourg Cotentin de 1970 à 2010 (Base 100 en 1970)
260 Canton Beaumont-Hague
240
Canton Les Pieux
220
Canton Equeurdreville
200
Cotentin
180 160 140 120 100 80 1970
1976
1982
1988
1994
2000
2005
2010
Source : Fichier consulaire – Entreprises inscrites au Registre du Commerce des Sociétés – Nombre d’inscrits aux élections consulaires
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Le secteur nucléaire a ainsi participé de manière indirecte à l’essor économique des territoires touchés par les grands chantiers. Néanmoins, la progression des commerces et des services aux particuliers dans ces zones n’est pas proportionnelle à l’évolution du nombre d’habitants. Le canton de Beaumont-Hague reste ainsi l’un des moins fournis du Cotentin en nombre de commerces et de services aux particuliers par habitants, selon la Base Permanente des Équipements (BPE) de l’Insee. Son taux d’équipement dans ces deux domaines est également en-deçà de la moyenne de l’arrondissement de Cherbourg. Les raisons sont difficilement identifiables mais il convient de noter que le canton disposait d’un maillage commercial très faible avant l’arrivée du nucléaire et que les grandes entreprises implantées sur ce territoire proposent un large panel de services (restaurants d’entreprise, conciergerie, importants comités d’entreprise…).
Le canton des Pieux semble moins affecté avec un taux d’équipements proche de la moyenne de l’arrondissement de Cherbourg. La filière nucléaire a également profité aux territoires en matière d’infrastructures et ce particulièrement au niveau du transport. Les aménagements pour faire transiter chaque jour des milliers d’employés sont nombreux (voir cartes pages suivantes). De la déviation de Beaumont-Hague en passant par l’élargissement à 3 voies de la CD 901 à l’accès à l’EPR de Flamanville, la carte routière a fortement évolué sur ces zones. Les travaux ont également touché d’autres secteurs tels que l’agglomération cherbourgeoise, avec l’aménagement du boulevard de la mer sur la CD 901 entre Cherbourg et Querqueville. Le contournement Sud-Ouest de Cherbourg est toujours à l’étude et doit notamment permettre de faciliter l’accès à l’usine AREVA La Hague.
DE NOMBREUX ÉQUIPEMENTS DE SPORTS ET DE LOISIRS Les taux d’équipement des cantons des Pieux et de Beaumont-Hague dans le domaine des sports et des loisirs sont les plus élevés dans le Cotentin ; un taux de 5.1 pour 1 000 habitants sur Beaumont-Hague, 4.1 pour Les Pieux contre 2.5 pour l’ensemble du Cotentin, 3.1 pour la Manche et 2.6 pour la France Métropolitaine. Les taxes foncières et professionnelles reversées par les grandes industries du nucléaire ont ainsi permis aux intercommunalités de développer un équipement rarement constaté sur des territoires de cette taille. Les deux cantons possèdent chacun une piscine, une salle de spectacle (celle de Beaumont-Hague est en cours de construction), une école de musique pour la communauté de commune des Pieux, des salles multisports, courts de tennis… Les infrastructures touristiques sont également nombreuses : le planétarium Ludiver à Tonneville, le Manoir du Tourp à Omonville-La-Rogue, un circuit de karting, un office de tourisme intercommunal…
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Comparaison de deux vues aériennes du site d’AREVA La Hague en 1947 et 2007
Comparaison de deux vues aériennes de la commune de Beaumont-Hague en 1947 et 2007
Source : Institut national de l’information géographique et forestière
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Comparaison de deux vues aériennes du site de la centrale nucléaire de Flamanville en 1976 et 2007
Comparaison de deux vues aériennes de la commune des Pieux en 1978 et 2007
Source : Institut national de l’information géographique et forestière
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Principaux aménagements routiers réalisés en partie pour favoriser l’accès aux installations nucléaires du Cotentin
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UN TISSU ÉCONOMIQUE ÉTROITEMENT LIÉ AU NUCLÉAIRE Le secteur du nucléaire est difficile à appréhender de manière statistique tant les activités représentées dans cette filière sont diverses et variées. Au sein d’un même secteur d’activité un établissement peut être concerné ou non par cette filière. Ainsi, deux entreprises de chaudronnerie classées sous le même code par l’Insee ne seront pas nécessairement affiliées au secteur nucléaire. Il en est de même pour de nombreuses branches : construction, mécanique, électronique, ingénierie… Néanmoins, quelques éléments de contexte permettent d’établir la forte relation du territoire avec l’activité nucléaire.
PLUS D’INDUSTRIE ICI QU’AILLEURS Selon les chiffres de l’Urssaf en 2012, près de 28% des salariés du secteur privé du Cotentin travaillent dans l’industrie. Une part nettement supérieure au taux national qui affiche 18%. En y ajoutant les effectifs du BTP et de l’intérim, branches régulièrement sollicitées dans les activités industrielles, ces trois secteurs totalisent plus de 40% des emplois salariés du territoire. La part de l’industrie est majorée sur les cantons de Beaumont-Hague et des Pieux où elle atteint les 2/3 des effectifs salariés pour le premier et la moitié pour le second.
PLUS DE 20% DES SALARIÉS DU COTENTIN À PROXIMITÉ DES INSTALLATIONS NUCLÉAIRES
Les cantons de Beaumont-Hague et des Pieux représentent 23.2% des salariés du secteur privé de l’arrondissement de Cherbourg. Avec plus de 7 000 emplois, le canton de BeaumontHague se classe ainsi en deuxième position derrière Cherbourg et son agglomération. En comptant Équeurdreville-Hainneville, ces trois cantons totalisent près de 15 000 emplois, soit le tiers des effectifs salariés du Cotentin. Le canton de Beaumont-Hague présente également la singularité d’accueillir un nombre de salariés particulièrement important comparé à sa population : 7 000 salariés pour 11 931 habitants. En considérant que tous les salariés résident sur le canton, ils représenteraient près de 60% de la population. Un taux considérable lié à la densité du site d’AREVA la Hague qui représente 3km² sur les 7.9km² du canton.
Répartition des effectifs salariés par grands secteurs d'activité 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%
Intérim HCR BTP
Industrie Commerce Autres services
Source : Urssaf, secteur marchand, effectifs à fin 2012
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Répartition des effectifs salariés du secteur marchand par cantons en 2012
Source : Urssaf
Aux côtés des activités industrielles, le secteur des services est également concerné par la filière. L’arrondissement de Cherbourg concentre ainsi un nombre important d’emplois liés à l’ingénierie, au nettoyage industriel et à la gestion des déchets, des secteurs directement impliqués dans la filière.
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De même, la liste des principaux établissements du BTP dans le Cotentin confirme une sous-traitance marquée du secteur à la filière nucléaire. Parmi les 15 principales entreprises du BTP, dix ont été identifiées comme ayant une part de leur activité dans le nucléaire.
17
Le graphique ci-dessous illustre bien les spécificités locales. La part des effectifs salariés dans le secteur de l’énergie est ainsi deux fois plus importante dans le Cotentin que celle observée en France Métropolitaine. Même constat sur la fabrication de matériel de transport portée par DCNS. L’indice de spécificité est également supérieur sur la fabrication d’autres produits industriels où l’on retrouve de nombreux sous-traitants du nucléaire.
Enfin, sur les activités spécialisées, scientifiques et techniques, les services administratifs et de soutien, l’indice de spécificité sur le Cotentin est trois fois plus élevé qu’en France en ne conservant que la branche des activités d’architecture, d’ingénierie, de contrôle et d’analyses techniques très liée au nucléaire.
En savoir plus : Le BTP dans le Cotentin, Octobre 2013 Les services aux entreprises dans le Cotentin, Avril 2012 Les entreprises de la filière TIC dans le Cotentin, Juin 2011
Indice de spécificité par activité de l'arrondissement de Cherbourg par rapport à la France métropolitaine Agriculture, sylviculture et pêche Ind. Extract., energie, eau, Autres activités de services gestion déchets, dépollution Administration publ., Fabric. denrées aliment., enseignemnt, santé humaine boissons et prdts à base de & action sociale tabac Act. spécial., scient. & techn. & act. de svices admin. & soutien
Cokéfaction et raffinage
Fabric. équipmnts élec., électroniq., informatiq. ; fab. machines
Activités immobilières
Activités financières et d'assurance
Fabrication de matériels de transport Fabrication d'autres produits industriels
Information et communication Hébergement et restauration Transports et entreposage
Construction Commerce ; réparation d'autos. motos.
Base 100 : France métropolitaine
Cotentin
Source : Urssaf 2012, selon la nomenclature agrégée de l’Insee, NA 17 L’indice de spécificité permet d’apprécier la spécificité des activités économiques d’une zone en comparant une proportion sur le territoire d’études (ici la part des effectifs salariés par secteur d’activité) à cette même proportion sur un territoire de référence.
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UN SECTEUR QUI RÉSISTE À LA CRISE Dans une période 2007-2012 marquée par la crise économique, le chômage a augmenté de manière significative sur l’ensemble du territoire national. èmes Entre les 4 trimestres 2007 et 2012, le taux de chômage est ainsi en hausse de 2.6 points sur la France Métropolitaine, de 2.7 points en BasseNormandie et de 2 points dans la Manche. Le Cotentin n’a pas été épargné mais affiche une augmentation beaucoup plus modérée que les autres zones avec 1.7 points.
Les activités de services aux entreprises : plus de 600 emplois, principalement issus de la branche ingénierie et études techniques La fabrication de matériels de transport avec DCNS : environ 400 emplois La fabrication d’autres produits industriels : environ 200 emplois créés à mettre à l’actif d’AREVA NC
Seule une autre activité enregistre une hausse significative (supérieure à 200) de ses effectifs salariés, le domaine de la santé soutenu par l’hébergement médicalisé et social.
Cette résistance face à la conjoncture actuelle qui a particulièrement touché le monde industriel s’explique par la spécifié économique du territoire qui repose en grande partie sur sa filière nucléaire.
Les évolutions de population, la représentation des différents secteurs d’activité et les indicateurs de conjoncture attestent d’une certaine monoindustrialisation du Cotentin et de la dépendance du territoire au nucléaire, son principal secteur d’activité.
Selon les chiffres de l’Urssaf, les activités ayant le plus contribué à la création d’emploi dans l’arrondissement de Cherbourg entre 2007 et 2012 sont liées au secteur nucléaire : Le secteur de l’énergie porté par l’EPR : près de 500 emplois créés entre fin 2007 et fin 2012
En savoir plus : Notes de conjoncture sur ecotentin.fr
Evolution des effectifs salariés entre 2007 et 2012 par secteurs et par zones géographiques 20% 10% 0% -10% Arrondissement Cherbourg -20%
Manche Basse-Normandie
-30%
France -40% Autres services
BTP
Commerce
HCR
Industrie
Intérim
Tous secteurs
Source : Urssaf 2012, secteur marchand BTP = Bâtiment Travaux Publics / HCR = Hôtels Cafés Restaurants
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13 000 SALARIÉS POUR LA FILIÈRE NUCLÉAIRE
UNE ENQUÊTE POUR PRÉCISER LE POIDS DE LA FILIÈRE La CCI Cherbourg Cotentin (CCICC) en partenariat avec la Maison de l’Emploi et de la Formation (MEF) du Cotentin, de Nucleopolis et des 3 grands donneurs d’ordre sur le territoire (AREVA NC, DCNS et EDF) a réalisé une enquête auprès de 270 entreprises du Cotentin reconnues comme pouvant intervenir dans la filière nucléaire. Plusieurs critères ont été définis pour la réalisation du panel : type d’activité exercé, proximité des installations nucléaires, participation à des réunions en lien avec le secteur concerné, recoupement avec les listes de fournisseurs des trois grands donneurs d’ordre, connaissance terrain des conseillers CCICC, etc… Parmi ce panel, environ 25% des entreprises ont été identifiées comme appartenant au cœur de la filière nucléaire et réunissant les 3 conditions suivantes (voir partie méthodologie) : Pratiquant une activité industrielle ou de service relative à l’ingénierie, la fabrication, l’exploitation et la maintenance des installations nucléaires Ayant une part de marché significative dans ce secteur Ayant un impact significatif sur l’économie du territoire en termes d’effectifs salariés Au total, 111 réponses à cette enquête ont été enregistrées, soit plus de 40% des entreprises interrogées. Le cœur de la filière nucléaire est massivement représenté puisque près de 80% des établissements correspondant aux critères énoncés ci-dessus ont répondu. Au niveau des effectifs salariés, près de 90% des établissements cœur de filière comptant plus de 100 salariés ont participé à cette enquête. Le nombre de réponses et la représentativité du panel permettent ainsi de préciser le poids économique de la filière nucléaire dans le Cotentin. Enfin, cette enquête a porté sur trois thèmes majeurs (voir partie méthodologie) : L’identité de l’entreprise (chiffres-clés…) L’activité dans le nucléaire (domaine d’intervention, chiffre d’affaires local…) L’évolution de l’activité dans le nucléaire (évolution passée et future des effectifs et de l’activité)
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PREMIER EMPLOYEUR DU SECTEUR PRIVÉ Les grands donneurs d’ordre (AREVA NC, DCNS et EDF) ainsi que la centaine de sous-traitants ayant répondu à l’enquête menée par la CCICC représentent près de 13 000 salariés sur le Cotentin. Un chiffre qui place la filière nucléaire parmi les premiers secteurs d’activité en termes d’effectifs en Basse-Normandie. À titre de comparaison, la filière automobile pèse environ 19 000 emplois en Basse-Normandie, l’agroalimentaire et l’aéronautique comptent respectivement 25 000 et 11 400 salariés à 1 l’échelle de la Normandie . La filière nucléaire est ainsi le premier employeur du secteur privé sur le Cotentin. Près d’un salarié sur 3 travaille pour une entreprise appartenant à ce secteur d’activité. Les effectifs se répartissent de manière quasi égale entre les trois grands donneurs d’ordre (environ 6 500 emplois) et les sous-traitants (environ 6 400 emplois). L’enquête menée a également permis de préciser la part des effectifs affectés à l’activité nucléaire. Sur les 6 400 emplois des entreprises sous-traitantes, environ 70% des effectifs sont ainsi directement associés à cette activité, soit 4 300 emplois. Ce décompte permet une localisation plus fine des salariés et des activités. Néanmoins, l’implantation et le développement des entreprises répondantes étant souvent étroitement liés à la filière nucléaire, le chiffre global de 13 000 salariés apparaît plus pertinent. Enfin, il convient de préciser que les entreprises n’ayant pas répondu et identifiées comme appartenant au cœur de la filière nucléaire totalisent environ un millier de salariés.
1
INDUSTRIES DANS CHERBOURG
LA
HAGUE,
SERVICES SUR
La filière nucléaire est concentrée sur deux zones principales : La Hague et l’agglomération cherbourgeoise. Le canton de Beaumont-Hague représente plus de 44% des effectifs de la filière avec une forte densité d’entreprises industrielles. Le canton des Pieux, environ 10% des effectifs principalement chez EDF, compte moins de sous-traitants directement implantés sur le territoire. Ces deux cantons totalisent près des 2/3 des effectifs industriels de la filière. Les entreprises de services et particulièrement celles d’ingénierie sont, quant à elles, rassemblées dans l’agglomération cherbourgeoise et plus particulièrement sur le canton d’Équeurdreville-Hainneville. Celui-ci regroupe ainsi plus de 60% des effectifs des entreprises de services avec notamment AREVA E&P (ancien SGN) ou encore Euriware. Hormis DCNS, l’agglomération cherbourgeoise ne compte que très peu d’entreprises industrielles affectées aux activités nucléaires et concentre principalement des services à l’industrie. Enfin, le secteur de Valognes profite de ses zones d’activité et du terminal ferroviaire AREVA pour accueillir quelques filiales d’AREVA comme AREVA Temis (Anciennement Mécagest et Sogefibre) et AREVA TN (Anciennement TN International, Lemaréchal Célestin et Mainco). AREVA Temis dispose également d’un bâtiment sur le canton de Saint-Sauveur Le Vicomte.
La filière automobile en Basse-Normandie, Miriade, 2013 / Les industries agroalimentaires en Normandie - Edition 2013, Chambre
d’agriculture de Normandie / La filière aéronautique en Normandie, Insee, 2013
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Répartition des effectifs salariés de la filière nucléaire par cantons en 2012
Source : Enquête sur les sous-traitants de la filière nucléaire, CCICC, 2013 Effectifs cumulés déclarés par les entreprises lors de l’enquête : Donneurs d’ordre (AREVA NC, DCNS et EDF) et sous-traitants
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GRANDES
ENTREPRISES
ET
Ce sont des entreprises qualifiées ; plus de 70% possèdent ainsi une certification qualité, environnementale ou sécurité et la grande majorité dispose de personnels habilités à intervenir en milieu nucléaire.
GRANDS
GROUPES
La présence d’installations nucléaires d’envergure a entraîné l’implantation de grands groupes nationaux et internationaux sur le territoire. La typologie des entreprises de la sous-traitance nucléaire est ainsi très différente de celle habituellement observée sur le territoire. Plus de 80% comptent ainsi au moins 10 salariés et près de 40% ont des effectifs égaux ou supérieurs à 50.
Enfin, il convient de noter la part importante (60%) d’entreprises dont l’implantation est directement liée à l’activité nucléaire. Parmi celles-ci, 80% appartiennent à un groupe, 90% comptent au moins 10 salariés et près de la moitié se sont installées dans le Cotentin avant les années 1990, soit avant la fin des principaux grands chantiers antérieurs à l’EPR.
Près de 70% appartiennent à un groupe. Les grands noms du secteur de l’énergie sont présents tels AREVA ou EDF mais aussi Vinci, Eiffage, GDF Suez, Cofely Endel, Apave ou des groupes locaux comme Efinor.
Enquête sur les entreprises de la filière nucléaire : pourcentage de "Oui" aux questions suivantes
Votre implantation est-elle principalement liée à l'activité nucléaire ? Votre établissement appartient-il à un groupe ? Le centre de décision de votre établissement est-il situé localement ? Votre établissement est-il certifié ou labellisé ? 0%
20%
40%
60%
80%
100%
Source : Enquête sur les sous-traitants de la filière nucléaire, CCICC, 2013
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650 MILLIONS DE CHIFFRE D’AFFAIRES La structure des entreprises de la filière nucléaire (entités importantes majoritairement affiliées à un groupe) leur permet de proposer un panel d’activités assez large. Ainsi, près de 70% des répondants interviennent à plusieurs stades de la filière : ingénierie, fabrication & installation, exploitation & maintenance, démantèlement et autres services (logistique, transport…).
A quel(s) stade(s) de la filière, intervenez-vous principalement dans le nucléaire ?
Ingénierie 17%
18% Fabrication & Installation
15% 23%
Exploitation & maintenance Démantèlement
27%
Autres services
Sur ces 466M€, 92.8% du chiffre d’affaires est réalisé dans le nucléaire civil, 6.8% dans le nucléaire militaire et seulement 0.4% dans le nucléaire santé. Près de 84.8% du chiffre d’affaires des entreprises dans le nucléaire s’effectue dans le Cotentin, 0.5% en Basse-Normandie, 12% dans d‘autres régions françaises et 2.7% à l’export. Ces chiffres indiquent une concentration de l’activité des sous-traitants dans le nucléaire civil et sur le Cotentin. Si 13% des entreprises interrogées expriment une activité à l’export, leur chiffre d’affaires sur ce secteur reste comparativement très limité (seulement 2.7%). Enfin, environ 2/3 des sous-traitants déclarent une part de leur chiffre d’affaires liée aux donneurs d’ordre comprise entre 50 et 100%. Si ce chiffre inclut les filiales d’AREVA, il marque néanmoins une certaine dépendance des sous-traitants à l’égard des donneurs d’ordre. Quelle est est la la part part de de votre votre chiffre chiffre d'affaires Quelle d'affaires liée liée àà l'activité nucléaire dans le l'activité des des donneurs donneurs du d'ordre du nucléaire dans le Cotentin ? 45% 40% 35%
Source : Enquête sur les sous-traitants de la filière nucléaire, CCICC, 2013
30% 25% 20% 15%
L’exploitation et la maintenance des installations nucléaires est l’activité la plus représentée devant la fabrication et l’installation. L’ensemble des sous-traitants ayant répondu à notre enquête a réalisé en 2012 un chiffre d’affaires global de 650 millions d’euros. 71% de ce chiffre d’affaires, soit 466M€, est imputable à l’activité nucléaire.
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10% 5% 0% Plus de Entre 50 Entre 25 Moins de Aucune 75% et 75% et 50% 25% Source : Enquête sur les sous-traitants de la filière nucléaire, CCICC, 2013
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UNE FILIÈRE QUI SE PORTE BIEN Les statistiques sur l’emploi salarié présentés dans la partie précédente ont permis de quantifier l’influence de la filière nucléaire sur les évolutions des effectifs. Les résultats de l’enquête auprès des sous-traitants confirment ce constat ; si le Cotentin résiste un peu plus qu’ailleurs à la crise, il le doit en grande partie à sa filière nucléaire. Dans un contexte morose où de nombreux secteurs ont vu leur activité diminuer, la filière nucléaire est à contre-courant avec une majorité d’entreprises déclarant une hausse de leur activité sur ces 5 dernières années.
Les principales raisons de cette évolution favorable de l’activité sont liées au marché local. En effet, 72% des entreprises ayant signalé une hausse de leur activité citent l’EPR et le marché local hors EPR (activités liées à AREVA NC ou DCNS) comme causes principales de l’augmentation de leur chiffre d’affaires.
Quelles Quelles sont sont les les raisons raisons de de la la hausse hausse de de votre votre chiffre d'affaires dans le nucléaire chiffre d'affaires dans le nucléaire ? ? 2 Hausse sur le marché local hors EPR Activité sur le chantier EPR Hausse sur le marché français (hors local)
Sur ces 5 dernières années, diriez-vous que votre chiffre d'affaires dans le nucléaire est ?
Autre 1
30%
Exportation
25% 20% 15% 10% 0
5% 0% En forte En hausse hausse >10% de 1 à 10%
Stable
En En forte baisse de baisse >-1 à -10% 10%
Source : Enquête sur les sous-traitants de la filière nucléaire, CCICC, 2013
56% des entreprises interrogées indiquent ainsi un chiffre d’affaires en hausse entre 2008 et 2012, 26% une stabilité de leur activité et 18% une baisse.
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Source : Enquête sur les sous-traitants de la filière nucléaire, CCICC, 2013 Score d’importance : total des points obtenus en fonction de l’ordre des réponses données
Après analyse des réponses, c’est la hausse de l’activité sur le marché local hors EPR qui a le plus stimulé les entreprises. Cette raison arrive en tête devant l’activité liée à l’EPR et la hausse sur le marché français (hors Cotentin).
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Ces éléments corroborent les informations fournies par les donneurs d’ordre qui indiquent une augmentation de leur activité sur ces 5 dernières années. AREVA La Hague met ainsi en avant une évolution positive du tonnage de combustibles usés traité chaque année. Il a ainsi augmenté de plus de 25% entre 2008 et 2013 passant de 937 à 1 172 tonnes traitées. En parallèle, AREVA pointe un certain nombre d’événements ayant marqué cette période : Signature d’un accord-cadre avec EDF sur le recyclage des combustibles usés jusqu’en 2040 En 2009, premier retour des déchets compactés vers les clients étrangers Mise en service en 2010 du creuset froid, nouvelle technologie de vitrification Construction en 2013 du nouveau hall d’entreposage des déchets vitrifiés français
Ces visites entraînent des arrêts de tranche, un rechargement fragmentaire du combustible, des opérations de contrôle et de maintenance. Les visites décennales durent une centaine de jours et les visites partielles environ 60 jours. Enfin, en 2010, EDF a lancé un important programme d’investissement dénommé OEEI (Obtenir un État Exemplaire des Installations) qui vise une amélioration de la sûreté de ses installations. DCNS a affirmé son positionnement sur le nucléaire civil au travers de 2 contrats sur l’EPR : réalisation du sas d’accès du bâtiment réacteur et des gaines du groupe turbo alternateur. L’établissement de Cherbourg a également contribué aux interventions du groupe DCNS sur les chantiers de l’EPR d’Olkiluoto en Finlande et de Taishan en Chine. Enfin, DCNS travaille à la mise en œuvre d’une unité immergée de production d’énergie nucléaire baptisée Flexblue.
CONFRONTÉE
À
DES
DIFFICULTÉS
DE
RECRUTEMENT
Enfin, le volume d’activité lié au démantèlement est passé de 40M€ en 2008 à 133M€ en 2013. Cette montée en puissance fait suite à l’obtention en 2009 du décret autorisant le démantèlement de l’INB 80 (Atelier HAO Haute Activité Oxyde). Trois décrets sont également parus en 2013 pour le démantèlement des INB (Installations Nucléaires de Base) 33, 38 et 47. À noter pour les deux activités de recyclage et de démantèlement, les évaluations complémentaires de sûreté qui ont été menées suite à l’accident de Fukushima. Pour EDF (hors activité liée à l’EPR), la période 2008-2012 a été marquée par 2 visites décennales (examens périodiques de sûreté) qui impliquent de nombreuses interventions sur le réacteur : arrêt du réacteur, rechargement du combustible, maintenance et modifications matériels. 4 visites partielles (2009, 2010, 2012 et 2013) ont également eu lieu.
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Conséquence de la hausse d’activité enregistrée par la filière nucléaire ces 5 dernières années, les effectifs des sous-traitants sont en augmentation. 44% des répondants constatent ainsi une hausse de leurs salariés entre 2008 et 2012, 45% une stabilité et seulement 11% une baisse. Selon les informations fournies lors de l’enquête, les effectifs « nucléaires » des soustraitants auraient augmenté de 13.8% passant de 3 832 salariés en 2008 à 4 362 en 2012. Une évolution très significative dans une période de crise économique où le nombre d’emplois a par ailleurs chuté à l’échelle nationale et particulièrement dans le secteur industriel. 46% des entreprises indiquent avoir connu des difficultés à recruter : une proportion importante si l’on compare ce chiffre aux 30% de projets de recrutement jugés difficiles lors de l’enquête des besoins en main d’œuvre menée par Pôle Emploi en 2013 dans le Nord-Cotentin.
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La pénurie de candidats et le profil inadéquat de ceux-ci sont les principales causes liées aux difficultés de recrutement des entreprises interrogées, auxquelles s‘ajoute le manque d’attractivité et d’accessibilité du territoire.
Compte tenu des difficultés de recrutement précitées, il n’est pas étonnant de trouver comme premier poste d’investissement la formation des salariés ou des candidats externes. Il convient de noter que 93% des entreprises interrogées ont procédé à un ou plusieurs investissements entre 2008 et 2012.
Côté donneurs d’ordre, les effectifs sont restés stables sur ces 5 années. Le maintien des compétences est néanmoins une problématique régulièrement soulevée par ces 3 entreprises.
Quelle est la nature particulière des difficultés liées au recrutement Quelle est la nature particulière des difficultés liées au recrutement (période 2008-2012) (Période 2008-2012)
Autre Déficit d'image Problèmes liés aux conditions générales de travail Attractivité & accessibilité du territoire Profil inadéquat du candidat Pénurie de candidat 0
1
2
Pour développer ou maintenir votre activité dans le nucléaire, avez-vous procédé à des investissements dans les domaines suivants ?
Autre Recherche & Développement Locaux Capacités de production et équipements Certification et qualification de l'entreprise Formation des salariés ou des candidats externes 0
1
2
Source : Enquête sur les sous-traitants de la filière nucléaire, CCICC, 2013 Score d’importance : total des points obtenus en fonction de l’ordre des réponses données
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Enfin, plus de la moitié des sous-traitants ont engagé des démarches de diversification sur la période 2008-2012.
L’écart entre chaque secteur de diversification est faible : plus de 60% des répondants ont cité plusieurs secteurs.
Les énergies marines renouvelables (EMR) arrivent en tête et sont citées par 45% des entreprises comme le principal secteur de diversification. Viennent ensuite la défense et la construction navale. L’activité « Oil & Gas » (Pétrochimie) est mentionnée à trois reprises dans les observations « Autre ».
Sur cette question, la représentativité du panel initial est respectée et ne permet pas de définir un profil type d’entreprises ayant engagé des démarches de diversification.
Dans quel(s) secteur(s) avez-vous engagé ces démarches de diversification ?
Aéronautique Agroalimentaire Autre Construction navale Défense Énergies Marines Renouvelables 0
1
Source : Enquête sur les sous-traitants de la filière nucléaire, CCICC, 2013 Score d’importance : total des points obtenus en fonction de l’ordre des réponses données
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D’IMPORTANTES PERSPECTIVES D’ACTIVITÉ Certes, la prudence reste de mise dans un contexte économique fluctuant. Cependant, les indicateurs révélés par l’enquête auprès des soustraitants et les nombreux chantiers évoqués par les trois donneurs d’ordre laissent augurer des perspectives d’activité en hausse pour la filière nucléaire.
EPR, DÉMANTÈLEMENT ET GRAND CARÉNAGE Si de nombreux sous-traitants (près de 49%) parlent d’une activité stable voire incertaine, seulement 11% envisagent une baisse de leur activité sur les trois prochaines années (20142016). Ce chiffre est à comparer aux 18% de répondants ayant indiqué une diminution de leur chiffre d’affaires sur la période passée de 2008 à 2012. 40% des entreprises prévoient une hausse de leur activité, un chiffre également en retrait compte tenu de l’augmentation des réponses « stable » et « incertain ». Sur les trois prochaines années (2014-2016), anticipez-vous un chiffre d'affaires de votre établissement dans l'activité nucléaire ? 45% 40% 35% 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0% En hausse
Stable
En baisse
Incertain
Source : Enquête sur les sous-traitants de la filière nucléaire, CCICC, 2013
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Les perspectives d’activité dans le Cotentin sont effectivement nombreuses pour la filière nucléaire. Ces trois prochaines années s’annoncent ainsi chargées pour EDF qui prévoit le début des travaux liés au grand carénage. Ce programme d’investissements doit permettre la prolongation de la durée d’exploitation des centrales nucléaires du parc EDF au-delà de 40 ans et l’intégration des modifications post-Fukushima. À la centrale de Flamanville, le grand carénage devrait monter en puissance dès 2015 avec un pic en 2017 et 2018 où près d’1.4 millions d’heures de travail sont programmées (à comparer aux 400 000 heures nécessaires pour une visite partielle des installations). Deux visites partielles seront d’ailleurs réalisées en 2015. À cette période, environ 2 400 personnes en cumulé sont attendues sur le site de la centrale de Flamanville. Enfin, le programme Partner, rénovation des bâtiments tertiaires du groupe, devrait être également lancé sur cette période. Du côté de l’EPR, si 23.3 millions d’heures de er travail ont déjà été réalisées au 1 novembre 2013, il en reste encore une douzaine de millions à accomplir. Les effectifs sur le chantier (hors EDF) devraient grimper en 2014 pour atteindre environ 2 900 salariés avant d’entamer une baisse progressive à partir de mi-2015. À l’heure actuelle, trois bâtiments sont achevés à 80% (salle des machines, station de pompage, ouvrage de rejets), l'îlot nucléaire (hors bâtiment réacteur) est réalisé entre 40 et 60%, le bâtiment réacteur est à 20% d'avancement. La mise en service industrielle de l’EPR de Flamanville est prévue en 2016. AREVA La Hague n’est pas en reste avec une augmentation de l’activité recyclage des combustibles usés et un plan de charge aux alentours de 1150 à 1250 tonnes traitées chaque année.
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Sur la partie démantèlement, le volume d’activité prévisionnel sera en 2014 de l’ordre de 169M€ et aux alentours de 300M€ à la fois pour 2015 et 2016. Suite à l’obtention des 3 décrets INB 33, 38 et 47, le démantèlement de l’usine UP2-400 devrait monter en puissance. Ces trois années verront également la mise en application des mesures post-Fukushima et de la nouvelle réglementation liée à « l’arrêté INB ».
Pour les sous-traitants, c’est ainsi le marché local qui devrait être le principal vecteur de hausse d’activité ; EPR, démantèlement et Grand carénage en tête. Malgré le récent contrat signé par EDF et AREVA pour la construction de deux EPR au RoyaumeUni, le marché international n’arrive qu’en neuvième position.
Enfin, DCNS prévoit à partir de 2016 la reprise du démantèlement des chaufferies nucléaires des SNLE (Sous-Marins Lanceurs d’Engins).
Quelles sont, selon vous, les principales perspectives de hausse d'activité dans la filière nucléaire sur la période 2014-2016 ?
Nucléaire Santé (Marché national) EPR & Centrales (Marché international) Nucléaire Militaire (Marché national) Nucléaire Militaire (Marché local) EPR & Centrales (Marché National) Démantèlement (Marché National) Grand Carénage (Marché National) Grand Carénage (Marché local) Démantèlement ( Marché local) EPR & centrales (Marché local) 0
1
2
Source : Enquête sur les sous-traitants de la filière nucléaire, CCICC, 2013 Score d’importance : total des points obtenus en fonction de l’ordre des réponses données Seules les 10 principales perspectives de hausse d’activité sont présentées.
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DES
RECRUTEMENTS EN HAUSSE ET DES DIFFICULTÉS À ANTICIPER
34.5% des sous-traitants interrogés envisagent une augmentation des recrutements sur les 3 prochaines années, 37% une stabilité, 25% sont incertains et seulement 3.5% une baisse. Selon les réponses apportées, les sous-traitants prévoient une fourchette comprise entre 475 et 1130 recrutements sur la période 2014-2016.
Sur ces 3 prochaines années, anticipez-vous des recrutements de vos effectifs salariés affectés à l'activité nucléaire ? 40% 35% 30% 25% 20% 15%
Les besoins en main d’œuvre sont nombreux et des difficultés sur des métiers déjà en tension sont à prévoir. En effet, plusieurs projets industriels d’envergure sont attendus sur le Cotentin : la poursuite de la construction de l’EPR, le grand carénage, le démantèlement de l’usine UP2-400 d’AREVA La Hague ainsi que les énergies marines renouvelables avec l’éolien offshore et à plus long terme l’hydrolien.
10% 5% 0% En hausse
Stables
En baisse
Incertain
Source : Enquête sur les sous-traitants de la filière nucléaire, CCICC, 2013
Quel est le nombre de recrutements envisagés ? 50% 45% 40% 35% 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0%
De 1 à 4 salariés De 5 à 9 De 10 à 24 De 25 à 49 De 100 à 249
De 1 à 4 salariés
De 5 à 9
De 10 à 24
De 25 à 49
De 100 à 249
Source : Enquête sur les sous-traitants de la filière nucléaire, CCICC, 2013
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Au total, dans les 5 années à venir, plus de 4 000 personnes devraient être recrutées pour répondre à ces différents besoins : 2 000 emplois pour les besoins structurels d’AREVA NC, DCNS et EDF 1 000 emplois pour l’éolien en mer 500 emplois pour les activités de l’EPR et du grand carénage 500 emplois pour le démantèlement de l’usine UP2-400 d’AREVA La Hague Dans ce cadre, les acteurs du développement économique, de la formation et de l’emploi ont décidé, sous le pilotage de la Chambre de Commerce et d’Industrie Cherbourg Cotentin et de la Maison de l’Emploi et de la Formation du Cotentin, de concevoir et d’animer une démarche de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) territoriale. Celle-ci se décline en trois volets :
Anticiper : évaluer et qualifier l’offre et la demande de compétences Communiquer : sensibiliser sur les opportunités d’emplois et renforcer l’attractivité du territoire Accompagner : appuyer les entreprises dans leur GPEC, former les actifs et sécuriser les parcours professionnels
Le premier volet de cette GPEC a permis en lien avec les donneurs d’ordre de définir un découpage des 4 000 emplois et compétences nécessaires pour le territoire. Une démarche est également en cours auprès des sous-traitants pour préciser ces besoins et les quantifier. AREVA NC, EDF et DCNS ont ainsi fait ressortir des problématiques liées au maintien des compétences et à la transmission du savoirfaire. Ils pointent également des difficultés pour le recrutement de certains profils.
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Si les effectifs des trois donneurs d’ordre devraient être stables, les informations fournies par la GPEC (2 000 emplois sur 5 ans) indiquent de nombreux projets d’embauche liés aux perspectives d’activité et aux remplacements des départs en retraite. L’enquête sur les sous-traitants de la filière nucléaire fait également apparaître une large majorité d’entreprises craignant des difficultés de recrutement : plus de 60% des répondants sur la période 2014-2016 contre 46% sur la précédente (2008-2012). Pour faire face à ces difficultés de recrutement, les sous-traitants de la filière nucléaire misent principalement sur la formation, celles des candidats extérieurs et des salariés de l’entreprise. Assez loin derrière ces deux items, le recours à l’intérim et la sous-traitance sont citées. L’emploi de personnes venant de l’étranger est évoqué mais n’est pas une solution prioritaire pour les entreprises interrogées. C’est d’ailleurs dans la formation que se concentre l’essentiel des investissements. Sur les 83% des répondants prévoyant des investissements (10% de non et 7% d’incertains), la formation des salariés ou des candidats externes arrive largement en tête avec un score d’importance plus élevé que sur la période passée, 1.91 contre 1.68 sur 2008-2012.
110 000 recrutements d’ici 2020 en France Le Comité Stratégique de la Filière Nucléaire (CSFN) a fixé un objectif de 110 000 recrutements d’ici 2020 pour la filière nucléaire française. http://www.redressementproductif.gouv.fr/cni/filiere-nucleaire
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Quelles solutions envisagez-vous pour résorber ces difficultés de recrutement ?
Autre Différer l'embauche Faire venir des personnes de l'étranger Sous-traiter Recourir à l'intérim Former des salariés déjà présents dans l'entreprise Former des candidats venant de l'extérieur 0
1
2
Source : Enquête sur les sous-traitants de la filière nucléaire, CCICC, 2013 Score d’importance : total des points obtenus en fonction de l’ordre des réponses données
Enfin, 44% des entreprises envisagent des démarches de diversification, 19% sont incertaines et 37% ne devraient pas engager de démarches. Sans surprise, les énergies marines renouvelables sont citées par près de 80% des entreprises comme le principal secteur de diversification.
Le reste du classement est assez similaire à celui observé en 2008-2012. Les secteurs de la défense et de la construction navale arrivent respectivement en deuxième et troisième position, très loin derrière les EMR.
Avec des échéances qui se rapprochent (dépôt cette année des permis pour la construction des usines sur le port de Cherbourg), le score d’importance des EMR augmente très nettement et atteint 2.02, à comparer au score de 1.05 obtenu sur la période 2008-2012.
En savoir plus : Professionnels du Cotentin : 7 grands projets industriels à votre porte..., CCI Cherbourg Cotentin, Janvier 2014
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Sur ces trois prochaines années, pour développer ou maintenir votre activité dans le nucléaire, prévoyez-vous des investissements dans les domaines suivants ?
Autre Recherche & Développement Locaux Capacités de production et équipements Certification et qualification de l'entreprise Formation des salariés ou des candidats externes 0
1
2
Dans quel(s) secteur(s) d'activité, pensez-vous engager ces démarches de diversification ?
Aéronautique Agroalimentaire Autre Construction navale Défense Énergies Marines Renouvelables 0
1
2
Source : Enquête sur les sous-traitants de la filière nucléaire, CCICC, 2013 Score d’importance : total des points obtenus en fonction de l’ordre des réponses données
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À court et moyen termes, les chantiers qui s’annoncent dans la filière nucléaire devraient offrir au tissu économique local d’importantes perspectives d’activité.
Pour mieux comprendre les enjeux et les retombées économiques pour les entreprises locales, nous avons interrogé 5 acteurs de la filière nucléaire.
M. Aubret, directeur – AREVA La Hague M. Cairon, directeur des activités en développement - DCNS Cherbourg M. Moncomble, chargé de mission insertion socio-économique – EDF M. Nestar, sous-préfet, directeur de projet auprès de la préfète de la Manche, en charge des grands projets industriels M. Quaranta, président de la commission industrie à la CCI Cherbourg Cotentin ACE Endel
INTERVIEW DE M. AUBRET, DIRECTEUR – AREVA LA HAGUE Quelles sont vos perspectives d’activité pour les prochaines années ? Nos perspectives pour les prochaines années sont favorables. Pour l’activité de recyclage des combustibles usés, notre plan de charge sur les trois années à venir s’établit aux alentours de 1 150 à 1 250 tonnes, en augmentation par rapport aux dernières années. L’activité démantèlement va connaître de son côté une montée en puissance sensible en 2014 mais surtout en 2015 et 2016 avec un niveau d’activité attendu de l’ordre de 300 millions d’euros par an. De manière transverse, les trois années à venir verront la poursuite de mise en place des mesures de sûreté post-Fukushima et de celles liées à la nouvelle réglementation de l’arrêté INB, avec à la clé des investissements de plusieurs dizaines de millions d’euros sur la période. Quelles retombées peut-on en attendre sur l’économie locale et les entreprises sous-traitantes ? AREVA la Hague est un acteur économique majeur du Cotentin : nous réaliserons en 2014 pour 460 millions d’euros d’achats, dont 75% auprès des entreprises de la région. Sur le plan humain, le fonctionnement de notre site, les projets de démantèlement et le plan d’investissement en matière de sûreté et de pérennité vont générer des besoins de recrutement tant pour les besoins internes d’AREVA (par mobilité interne ou recrutement d’une centaine de personnes à profil technique par an) que pour les besoins externes chez nos sous-traitants, avec un risque de tension sur certains métiers spécifiques. Comment vous prémunissez-vous contre ce risque de tensions sur des métiers clés ? Sur ce sujet il est primordial d’anticiper et d’avoir des démarches structurées. Nous avons lancé dès 2005 une démarche de Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences. Cela nous a permis d’identifier rapidement un besoin sur des métiers spécifiques à notre activité comme la téléopération ou le travail en boite à gants, dont la formation n’existe pas sur le marché. Nous avons alors conçu une École des Métiers en interne pour nous assurer de la disponibilité de ces compétences. Notre analyse régulière de nos projets et des besoins que nous anticipons nous a plus récemment conduits à travailler avec l’AISCO en 2009, puis dans un souci de mutualisation de nos ressources à nous associer aux travaux conduits par la CCI et la MEF. Cette vision trans-filière est d’autant plus importante pour nous que 80% de nos recrutements se font à l’extérieur de la filière nucléaire. AREVA Nord-Ouest recrute 250 personnes par an dont 100 sur le seul site de la Hague. Nous menons par ailleurs une politique de formation volontariste. En 2013, nos salariés ont suivi près de 127 000 heures de formation.
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INTERVIEW DE M. CAIRON, DIRECTEUR DES ACTIVITÉS EN DÉVELOPPEMENT - DCNS CHERBOURG À moyen et long terme, quels sont les grands projets de votre entreprise pouvant impacter de manière significative la filière nucléaire dans le Cotentin ? DCNS est engagé dans les prestations historiques d’opérateur industriel de l’exploitation et de la maintenance des INBS (Installation Nucléaire de Base Secrète) du Homet et Cachin. Certaines opérations de maintenance, de type contrôle périodique de ces INBS sont en partie sous-traitée localement. En ce qui concerne l’activité de démantèlement, l’ex sous-marin lanceur d’engins (SNLE) l’Indomptable, dernier de la série Le Redoutable, doit subir les opérations nécessaires à son démantèlement de niveau 2 en 2014 et 2015. D’autre part, les études pour l’accueil du premier de la série des sous-marins d’attaque de type Rubis sont également engagées cette année pour un démantèlement de niveau 1, c’est-à-dire le retrait des combustibles et la vidange des circuits primaires, prévu à l’horizon 2017. En ce qui concerne le programme Barracuda, le cœur nucléaire du premier de série Suffren sera chargé d’ici 2016. En conséquence, des équipes d’essais puis d’exploitation seront mises en place courant 2014 puis en 2015 pour le démarrage et l’exploitation du Suffren. Pour le nucléaire civil, DCNS poursuit les activités de chantier à Flamanville 3 pour la pose des gaines GTA qui entourent les turbines vapeur. DCNS est aussi présent à Olkiluoto en Finlande dans les phases de chantier. DCNS répond également à des appels d’offre sur le projet EPR UK notamment sur les sas d’accès aux bâtiments réacteur et ce en partenariat avec un acteur local. Enfin, DCNS se positionne sur ces marchés en sous-traitant de premier rang ou en partenariat avec les donneurs d’ordre tel qu’AREVA et EDF. Il convient également de mentionner le projet de DCNS « Flexblue » qui prévoit l’intégration d’un réacteur nucléaire de petite puissance dans un module immergé. Sur ce projet, nous travaillons à un montage industriel et financier avec des industriels de référence tels que le CEA, AREVA, EDF et l’ASN. DCNS assurant le pilotage industriel de ce projet. Enfin, sur le volet « nucléaire santé », DCNS a la volonté de s’inscrire dans la participation industrielle pour le projet Archade notamment dans la phase de réalisation des équipements pour l’accélérateur C-400. Existe-t-il des problématiques particulières liées à votre activité à moyen ou à long terme ? La principale problématique posée est celle du maintien des compétences notamment dans des métiers très spécifiques. Il est ainsi nécessaire de maintenir et de renforcer ces compétences et d’accroître nos savoirs dans la culture de la sûreté indispensable dans notre activité et essentielle en vue de la montée en puissance du programme Barracuda. Sur certains profils liés notamment à l’activité nucléaire, le recrutement peut s’avérer compliqué avec un manque de candidats et de disponibilités. Il est ainsi essentiel d’anticiper et de prévoir un plan de formation en adéquation avec les besoins des industriels du territoire.
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INTERVIEW DE M. MONCOMBLE – CHARGÉ DE MISSION INSERTION SOCIO-ÉCONOMIQUE – EDF À court et moyen terme, quels sont les grands projets prévus par EDF sur le territoire ? Je répondrai en tant que représentant de l'EDF industriel producteur d'énergie, puisqu'EDF a d'autres enjeux sur le territoire, en tant que distributeur et commercialisateur. La feuille de route est claire : démarrer l'EPR, réussir l'exploitation de cette tête de série réaliser le programme de maintenance de Flamanville 1 & 2 devant garantir une production efficiente en toute sûreté et créer les conditions techniques d'une durée d'exploitation au-delà de 40 ans (le Grand Carénage) renforcer la place de leader d'EDF sur les énergies nouvelles renouvelables. Avant son démarrage en 2016, l'EPR doit connaître deux années intenses encore de montages suivies d'une importante phase d'essais. S'agissant d'une tête de série les premiers cycles de production connaîtront des programmes de surveillance et de travaux générant une activité importante. Le début des travaux du programme Grand Carénage sur Flamanville 1&2 doit être lancé dès 2015 ; il devrait être réalisé sur environ 10 ans. Deux visites partielles sont prévues en 2015. Au total, près de 2400 personnes en cumulé sont attendues sur Fla 1&2, dès 2015. En 2017 et 2018, les visites décennales n°3 des tranches 2 et 1 auront également lieu avec un flux de personnes pouvant dépasser 3000 à 3500 personnes en cumulé. Le travail collaboratif engagé avec les entreprises locales depuis 2007 doit ainsi se poursuivre sur toute la période, de nombreuses entreprises ayant un potentiel d'activités basculant progressivement de la construction aux activités d'exploitation et de maintenance. Quelles sont les problématiques générées par cette activité ? L'importance du Projet industriel d'EDF sur le territoire soulève d'évidence de nombreux défis, dus sur le site de Flamanville notamment, aux coactivités importantes et durables : il s'agit à la fois de construire, de produire et de réaliser des opérations lourdes de maintenance. Gagner le défi de la sécurité et de la qualité qui nécessite la mobilisation des compétences de tous les acteurs ; Adapter les organisations et informer et concerter, pour cela, toutes les parties prenantes ; Disposer de la logistique nécessaire pour faciliter un travail industriel de qualité et économiquement performant, pour accueillir les salariés, les nourrir, les transporter, les héberger et offrir des conditions de vie répondant aux attendus. Pour ses besoins propres et pour accompagner ses prestataires, EDF entend maintenir et développer son travail de partenariats avec les consulaires, le service public de l'emploi, les professions et bien sûr les élus. À cet égard, le Grand Chantier en cours a permis la création d'un cadre de relations et la finalisation de l'ensemble des équipements et opérations décidées dans ce cadre, doit faciliter grandement la satisfaction des besoins.
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INTERVIEW DE M. NESTAR – SOUS-PRÉFET, DIRECTEUR DE PROJET MANCHE, EN CHARGE DES GRANDS PROJETS INDUSTRIELS
AUPRÈS DE LA PRÉFÈTE DE LA
Des perspectives importantes en termes d’activité dans le nucléaire (EPR, grand carénage, démantèlement de l’usine UP2-400) ont été mises en avant dans cette étude. Avec l’arrivée des énergies marines renouvelables, quels sont les problèmes qui pourraient se poser en termes d’emploi ? Je dois dire en préambule que je me réjouis que le territoire bas-normand et plus singulièrement le Cotentin puissent avoir de telles perspectives industrielles qui devraient avoir des retombées bénéfiques pour la montée en qualification de la main d'œuvre et pour l'emploi. En fait, il faut que tous les partenaires en charge des politiques de l'emploi et de la formation de notre territoire arrivent à bien identifier quantitativement et qualitativement les besoins en emplois et en compétences des entreprises pour faciliter la mise en œuvre de leurs projets industriels. Il est vrai que la quasi concomitance de ces projets et l'existence de métiers en tension (chaudronniers, soudeurs, usineurs et quelques profils spécifiques dans les métiers de la radioprotection ou de l’ingénierie) incitent à penser que les entreprises pourraient être confrontées à des difficultés de recrutement dans les années qui viennent. Quelle stratégie est mise en œuvre pour anticiper ces besoins en main d’œuvre ? Les réponses à apporter aux besoins en main d’œuvre générés par ces perspectives d’activité s’articulent autour de deux notions clés : l’anticipation et la coordination. L’anticipation repose sur un dialogue permanent avec les industriels concernés, pour recenser et analyser leurs besoins en matière d’emplois et de compétences, ainsi qu’avec l’ensemble des acteurs de la formation et de l’emploi pour y apporter des réponses adaptées. La coordination entre ces différents acteurs joue également un rôle essentiel pour favoriser l’accès aux offres d’emplois des entreprises, la mobilité des salariés ou encore prévoir leurs reclassements éventuels. En matière d'anticipation et de coordination des acteurs, le territoire du Cotentin dispose de sérieux atouts et d’une expérience avérée. En effet, depuis 2007, la mise en place d’un dispositif emploi-formation animé par la Maison de l’Emploi et de la Formation du Cotentin (MEF) en partenariat avec l’AFPA, Pôle Emploi, EDF et sous l’égide du sous-préfet coordonnateur Grand Chantier, a démontré son efficacité pour répondre aux besoins de main d’œuvre des industriels dans le cadre de la construction de l’EPR. Ces partenaires ont acquis une solide expérience en matière de travail en équipe intégrée et en mode projet. Tant et si bien que les instances de gouvernance mises en place pour l'EPR afin d'assurer la coordination des acteurs et l'anticipation sont d'ores et déjà mises en œuvre pour les projets d'énergies marines renouvelables. En effet, la MEF du Cotentin anime déjà les travaux d'une équipe emploi formation pour les EMR qui regroupe non seulement les institutions publiques en charge des politiques d'emploi et de formation mais également les industriels désignés pour équiper et gérer le parc d'éoliennes en mer de Courseulles-Sur-Mer. Le travail d'identification des besoins des industriels se poursuit dans le cadre cette instance opérationnelle. En outre pour augmenter nos chances de réussir l'accompagnement RH de ces projets industriels d'énergie marines renouvelables nous avons, dans le cadre des travaux de la SPL Ouest Normandie Énergies Marines, mis en place un comité technique RH/EMR qui prépare un plan d'action emploi formation sur 5 ans. Ce plan d'action s’articule autour de 5 axes stratégiques : l’identification des métiers, la formation (continue ou initiale), l’insertion, le recrutement et la sécurisation des parcours professionnels.
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Il me paraît utile d'insister sur le fait que si l'EPR au regard de l'importance du chantier a bénéficié d'une labellisation Grand Chantier, cette dernière n'est pas indispensable pour veiller à la coordination des acteurs quelle que soit l'importance du projet. Par ailleurs, Une GPEC territoriale, co-animée par la CCI Cherbourg Cotentin et la MEF du Cotentin en partenariat avec AREVA, DCNS, EDF, Alstom et l’Association Interentreprises des Sous-traitants du Cotentin (AISCO), est en cours pour assurer une articulation de l’ensemble des dispositifs emploi-formation précités et les grands projets industriels. Une première phase a permis d’identifier les 4 000 compétences et emplois nécessaires pour répondre aux besoins en main d’œuvre. Les phases suivantes vont permettre d’organiser un plan d’action dont les principaux objectifs seront : l’analyse plus fine des besoins et des compétences, l’identification du potentiel de ressources humaines disponibles sur le territoire, la sensibilisation du grand public aux opportunités professionnelles du territoire, la valorisation des filières et métiers porteurs dans le Cotentin ainsi que l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan de formation et d’insertion. La GPECT doit ainsi permettre de fournir des réponses adaptées tant aux demandeurs d’emploi qu’aux entreprises.
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INTERVIEW DE M. QUARANTA – PRÉSIDENT DE LA COMMISSION INDUSTRIE À LA CCI CHERBOURG COTENTIN - COFELY ENDEL-ACE D’importantes perspectives d’activité sont annoncées pour les années à venir dans la filière nucléaire. Qu’est-ce qui est mis en place au niveau local pour coordonner le tissu économique et informer les entreprises sous-traitantes ? La CCI a une mission d’information auprès des entreprises locales dans le but de favoriser et de faciliter l’accès aux marchés pour les PME locales. Dans ce cadre, différentes actions ont été mises en place pour sensibiliser les entreprises du Cotentin aux opportunités économiques du territoire et plus particulièrement celles liées à la filière nucléaire. En 2013, une réunion d’information sur le Grand Carénage d’EDF en partenariat avec Nucleopolis a permis de présenter cette opération et d’aborder les besoins en matière de travaux et de métiers. En janvier 2014, un dossier détaillant les grands projets industriels du Cotentin a ainsi été mis en ligne sur le site www.ecotentin.fr. Il permet de donner une vue globale et organisée des perspectives d’activité et a été réalisé en coordination avec les maîtres d’ouvrage. Sur le démantèlement, des échanges ont lieu régulièrement entre AREVA et l’Aisco pour mieux appréhender les contraintes et enjeux de cette opération. Une Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC), menée avec la MEF du Cotentin, est également en cours pour anticiper les besoins en main d’œuvre et en compétences du territoire. La CCI CC est partie prenante de ces partenariats avec comme objectif principal une meilleure anticipation des besoins industriels pour permettre à nos entreprises d’être en capacité de répondre et d’accéder à ces marchés. Pour répondre aux besoins des donneurs d’ordre en local ou sur les marchés internationaux, quels éléments peuvent permettre de favoriser les entreprises sous-traitantes ? Depuis 2005, le comité de coordination EPR Flamanville 3 a mis en place un extranet EPR piloté par la CCICC. Cet outil permet aux entreprises de suivre l’état d’avancement du chantier et d’assurer une veille sur les marchés. Des fiches descriptives sur certains lots spécifiques offrent également aux sous-traitants la possibilité de lancer un appel à candidature. Bref, cet outil est une vraie plateforme d’organisation et de transmission de l’information entre donneurs d’ordre et sous-traitants. Nous réfléchissons actuellement à dupliquer ce modèle à d’autres projets industriels comme le Grand Carénage d’EDF. Il est à noter que sur ce programme nous souhaitons agir pour faciliter l’accès des entreprises locales aux activités qui vont concerner les CNPE de Paluel, Penly, et Flamanville. En effet, les opérations à réaliser nécessiteront des effectifs bien supérieurs aux capacités industrielles locales disponibles autour de ces trois sites. Ces grands arrêts démarrent en 2015 sur Paluel pour se finir en 2019 sur Flamanville, puis reprendre de 2021 à 2023 sur Penly. Les entreprises de rang 1 sous-traiteront forcément vers les PME qui peuvent ainsi avoir une visibilité de presque 10 ans sur une partie de leur plan de charge en Haute et Basse-Normandie, voire plus de dix ans si elles sont prêtes à nouer des partenariats avec les grandes entreprises et à les accompagner sur d’autres CNPE en France. Cette démarche serait donc bénéfique à la fois pour EDF, pour les entreprises de rang 1 et pour les PME. Enfin, sur le marché international, des rencontres entre des entreprises locales et les industriels anglais concernés par la construction de deux EPR en Angleterre ont déjà eu lieu. Nous allons également proposer prochainement une réunion d’information et de sensibilisation sur ce projet. Elle doit permettre de présenter les opportunités de marché pour les entreprises locales et de les conseiller sur les actions à mettre en œuvre pour pouvoir y accéder. Je pense notamment aux modes de contractualisation anglais, très différents de ceux que nous connaissons en France, qui ont un fort impact tant sur les qualifications techniques que financiers. Les aspects réglementaires et sûreté peuvent également être différents de ceux rencontrés en France.
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Enfin, il faut aussi rappeler le salon international « WNE » (World Nuclear Exhibition) qui se tiendra du 13 au 16 octobre prochain à Paris. Ce salon sera un outil de promotion important pour valoriser nos compétences locales et l’ensemble de la filière nucléaire française à l’international. Les sous-traitants ont-ils des attentes particulières vis-à-vis des grands donneurs d’ordre ? Pour les sous-traitants, la visibilité est un élément essentiel pour anticiper et se préparer aux marchés. Les PME ont également besoin de connaître les attentes des donneurs d’ordre en termes de qualifications d’entreprises : quels sont les agréments et qualifications demandés par les donneurs d’ordre, comment sontils délivrés… Dans ce cadre, si la démarche est le fait des donneurs d’ordre, la CCI CC peut agir en relais et facilitateur.
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MÉTHODOLOGIE Démographie : Pour les données sur les actifs, la source « données harmonisées du recensement » de l’Insee a été utilisée. Dans le cadre de l'exploitation historique des recensements de la population, les variables qui diffèrent d'un recensement à l'autre, ont été harmonisées pour pouvoir être comparées. La population active concerne ici le champ des 25 à 54 ans plutôt que celui des 15 à 64 ans habituellement utilisé. L’année 1962 n’est pas disponible pour cette donnée. Établissements inscrits au fichier consulaire : Les données de cette partie (« 50 ans de grands chantiers » – paragraphe « Moteur de l’activité économique ») proviennent du fichier consulaire de la Chambre de Commerce et d’Industrie Cherbourg Cotentin. Le nombre d’inscrits aux élections consulaires par canton de 1970 à 2010 est ainsi pris en compte. La liste des électeurs est calculée pour chaque catégorie (industries, commerces et services) en fonction du nombre d’établissements et de salariés ainsi que du montant de la taxe professionnelle versée. Le nombre d’inscrits est donc légèrement supérieur (environ 10%) au nombre réel d’établissements. Effectifs salariés Urssaf : Le champ couvre l’ensemble des cotisants du secteur concurrentiel qui comprend tous les secteurs d’activité économique sauf les administrations publiques, l’éducation non marchande (établissements d’enseignement relevant de l’État ou des collectivités locales), la santé non marchande et l’emploi par les ménages de salariés à domicile. Pour pouvoir comparer les données sur les 5 grands secteurs (Industrie, Commerce, Autres services, Intérim et HCR) entre les différents zonages choisis, la classe NAF 78 a été prise en compte pour calculer les effectifs salariés du secteur de l’intérim. Enquête auprès des entreprises de la filière nucléaire : L’enquête a été réalisée par la CCI Cherbourg Cotentin du 18/10/2013 au 06/12/2013 sur support papier et électronique auprès de 270 établissements pouvant intervenir dans la filière nucléaire. L’identification des établissements ciblés s’est faite à partir de plusieurs sources : « Étude sectorielle de la filière nucléaire en BasseNormandie » par la Sofred et la DRIRE en 2008, fichier CCICC (type d’activité exercée, proximité des installations nucléaires, participation à des réunions en lien avec la filière nucléaire, connaissance terrain des conseillers CCI), liste des adhérents à Nucleopolis, recoupement avec les listes fournisseurs des trois grands donneurs d’ordre. 3 activités nucléaires considérées comme impactant l’économie du territoire, ont permis de définir le périmètre de la filière : Le nucléaire civil, soit les activités en lien avec la production d’électricité d’origine nucléaire, le recyclage et le stockage des combustibles. Tous les sous-traitants d’AREVA NC, EDF et l’ANDRA sont ainsi intégrés à la filière nucléaire, de même que les sous-traitants de DCNS pour son activité dans le nucléaire civil.
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Le nucléaire militaire, soit pour le Cotentin les activités liées aux sous-marins nucléaires fabriqués par DCNS. Sont considérés comme acteurs de la filière nucléaire, les sous-traitants de DCNS travaillant sur l’intégration et le démantèlement des chaufferies nucléaires des sous-marins. Le nucléaire santé, soit les activités en lien avec la recherche thérapeutique, la radiothérapie et l’hadronthérapie et les recherches menées notamment par le GANIL.
Le cœur de la filière nucléaire comprend les entreprises sous-traitantes réunissant les 3 conditions suivantes : Pratiquant une activité industrielle ou de service relative à l’ingénierie, la fabrication, l’exploitation et la maintenance des installations nucléaires Ayant une part de marché significative dans ce secteur : sous-traitants supposés de rang 1 ou 2 Ayant un impact significatif sur l’économie du territoire en termes d’effectifs salariés : au moins 10 salariés Le questionnaire est découpé en 3 parties : L’identité de votre entreprise : pour identifier les acteurs actuels et potentiels de la filière nucléaire Votre activité dans le nucléaire : pour évaluer le poids du secteur en termes d’effectifs, de chiffre d’affaires et d’activité L’évolution de votre activité dans le nucléaire : pour estimer les évolutions passées et futures, les perspectives d’activité dans la filière nucléaire Un autre questionnaire a été remis aux trois grands donneurs d’ordre (AREVA NC, DCNS et EDF) pour évaluer leur activité passée (2008-2012) et future (2014-2016).
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Analyse réalisée par Pierric Hourçourigaray (CCI Cherbourg Cotentin) en collaboration avec Nucleopolis et la Maison de l’Emploi et de la Formation (MEF) du Cotentin Tous nos remerciements à messieurs Aubret, Cairon, Moncomble, Nestar et Quaranta pour leurs réponses à notre interview, à AREVA NC, EDF et DCNS pour l’aide apportée à l’identification des sous-traitants et à l’ensemble des entreprises ayant répondu à notre enquête. Pour toutes informations complémentaires sur cette étude, contactez Pierric Hourçourigaray : 02-33-23-32-15 phourcourigaray@cherbourg-cotentin.cci.fr Sources : Insee, CCI Cherbourg Cotentin, URSSAF, enquête sur les sous-traitants de la filière nucléaire dans le Cotentin, enquête auprès des trois donneurs d’ordre de la filière nucléaire dans le Cotentin
Publication de la Chambre de commerce et d’industrie Cherbourg Cotentin, Hôtel Atlantique, boulevard Félix Amiot, BP 839, 50108 Cherbourg-Octeville Cedex Directeur de la publication : Jean-Claude Camus
Toutes nos études sont disponibles sur www.ecotentin.fr