Energie13

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Approvisionnement Energétique de la Loire Atlantique Synthèse de la séance de travail du 20 juin 2006

Première partie - Présentation

Th2/8

Biocarburants : une filière en devenir Séance de travail avec Messieurs Yves DELAINE, Directeur des participations majoritaires de SOFIPROTEOL, Georges VERMEERSCH, Directeur de la Prospective SOFIPROTEOL et Stéphane VANRENTERGHEM, Directeur Commercial de CARGILL France

1.1 – La filière des biocarburants

Les biocarburants sont des carburants obtenus à partir d'une matière première végétale (la biomasse, soit : colza, tournesol, soja, palme, maïs, betterave…) et incorporés aux carburants fossiles. Les trois grandes filières de production des biocarburants sont les suivantes1 :

Les biocarburants obtenus à partir d’alcools, qui comprennent les alcools utilisés purs (méthanol et éthanol) comme au Brésil (où une voiture commercialisée sur deux est bi-combustible), et l'ETBE (éthyl tertio butyl éther) pour les véhicules essence.

Les biocarburants obtenus à partir de cultures oléagineuses (colza, tournesol, soja, palme, ...) et bientôt des graisses animales, qui comprennent les EMHV (esters méthyliques d'huiles végétales) pour les véhicules diesel, des études étant également menées sur les huiles végétales pures qui présentent néanmoins des handicaps techniques et environnementaux. Les biocarburants obtenus à partir du méthane contenu dans le biogaz2 : Ils comprennent le méthane qui peut s’utiliser pur (comme par exemple le Gaz Naturel Véhicules, qui provient des gisements de gaz naturel) ou qui alimente un procédé industriel de fabrication de combustibles liquides à partir de gaz, pour les véhicules essence/GTL3. 1

Source : manicore.com Le biogaz est le gaz produit par méthanisation ou fermentation de matières organiques animales ou végétales en l’absence d’oxygène 3 Gaz To Liquids : carburant liquide de synthèse fabriqué à partir du gaz naturel. 2

CONSEIL DE DEVELOPPEMENT DEPARTEMENTAL 1/21


La fusion des filières de l’alimentaire et de l’énergie4 : les filières oléagineuse et sucrière.

Production

Collecte et Stockage

Oléagineux

Plantes « sucrées »

Plantes « amylacées »

Colza, tournesol…

Betterave, canne à sucre

Maïs, blé, patate douce

Trituration (1)

Extraction

Semiraffinage

Hydrolyse (4)

Fermentation Lipochimie (2)

Distillation Déshydratation

Estérification

Huile végétale pure

EMHV (3) ou Biodiesel

ETBE (5) ou Bioéthanol

Biocarburants

(1) La trituration est l’opération qui consiste à extraire l’huile des graines et fruits oléagineux. Les coproduits solides obtenus après extraction de l’huile sont utilisés comme concentrés protéiques en alimentation animale. Ce sont les tourteaux. A titre illustratif, une tonne de graine donnera environ 0.6 tonne de tourteau et 0.4 tonne d’huile5. 4

Source : Ministère de l’Economie, des Finances et de l’industrie CONSEIL DE DEVELOPPEMENT DEPARTEMENTAL 2/21


(2) Les produits obtenus après purification et estérification ont d’autres débouchés industriels, notamment dans les secteurs du revêtement (peinture, encre, vernis…), de l’agrochimie, des lubrifiants industriels etc. (3) Les huiles végétales de colza ou de tournesol sont transformées en Esters Méthyliques d’Huiles Végétales, grâce à une opération de transestérification avec du méthanol. (4) L’hydrolyse de plantes amylacées signifie qu’elles sont décomposées par l’eau, pour être transformées en glucose. Les résidus décomposés et les extractions des plantes sucrières subissent ensuite une fermentation éthanolique. (5) L’Ethyl Tertio Butyl Ether (ETBE) est produit à partir d’isobutène (un composé du pétrole) et d’éthanol via le procédé d’etherification.

1.2 –Les biocarburants : un atout pour l’environnement et l’économie Intérêt environnemental6 Le biocarburant est une énergie renouvelable, biodégradable. Le développement actuel des biocarburants vise à contribuer à la lutte contre l’effet de serre et à promouvoir les sources d’énergie renouvelables. Convenablement mené, le développement des filières de biocarburants doit réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Gain « effet de biocarburants7

serre »

par

rapport

aux

solutions

traditionnelles

des

Le gain attendu des solutions biocarburants est de l’ordre de 60 à 70% par rapport aux solutions traditionnelles, compte tenu de l’ensemble du cycle de la production des matières premières jusqu’à la combustion des produits finaux.

5

Source : Institut Français du Pétrole Source : L’institut français de l’environnement – le 4 pages décembre 2005 - et l’Institut Français du Pétrole – Panorama 2004-. 7 Source : « Bilans énergétiques et gaz à effet de serre des filières de production de biocarburants en France » - PriceWaterhouseCoopers/IFP pour le compte de l’ADEME/DIREM, septembre 2002 6

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La production des biocarburants nécessite moins d’énergie non renouvelable que celle des carburants classiques. A énergie restituée identique, il suffit d’une tonne équivalent pétrole (tep) pour produire 3 tep de Diester et il faut environ deux fois moins d’énergie non renouvelable pour produire l’éthanol de blé ou de betterave, que pour produire un litre d’essence et cinq fois moins pour les huiles pures. En revanche, l’énergie non renouvelable nécessaire à la production de l’ETBE est proche de celle nécessaire à la production d’essence. Ainsi en 2003, la production de biocarburants correspondait à une économie d’énergie non renouvelable nette de l’ordre de 220 000 tep8. Intérêt économique9 Les biocarburants contribuent également à la réduction de la dépendance énergétique des pays, en diminuant les importations de pétrole. Le développement de la production de biocarburants contribuerait à l’équilibre entre les territoires, les villes et les campagnes et serait un moyen de créer ou de maintenir des emplois en milieu rural. Les biocarburants sont à la fois à une alternative à la jachère10, une offre de nouveaux marchés aux agriculteurs et une opportunité de créer une nouvelle industrie.

1.3 – Facteurs de développement des filières biocarburant

Au niveau mondial, l’environnement et la conjoncture actuels sont favorables au développement des filières biocarburants : Les ressources agricoles sont en abondance, à titre d’exemple : en Amérique du Nord la récolte de maïs pour la production d’éthanol triplera d’ici à 2012. Il existe aussi des « gisements » de biomasse non encore explorés (de l’huile de soja : en Argentine, Etats-Unis, Brésil ; de l’huile de palme : en Asie du Sud Est ; des surplus céréaliers : en Europe…). Le déficit énergétique se creuse.

8

Tep : tonnes équivalent pétrole Source : univers-nature.com 10 Cet intérêt est actuellement sujet à polémique : car les cultures énergétiques sur d’anciens sols en jachère seraient susceptibles d’entraîner une utilisation d’engrais et pesticides supplémentaire, et donc une nouvelle source de pollution. 9

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La volonté politique de développer les filières biocarburants s’affirme de plus en plus, notamment dans les pays développés aux situations politiques stables. Le prix du baril ne cesse d’augmenter. Les tensions sur le bilan offre et demande de pétrole sont fortes et la consommation de pétrole en Inde et en Chine est en pleine croissance.

1.4 – Une forte régionalisation de la production mondiale de biocarburants

Production d’éthanol : les Etats-Unis, le Brésil et le reste du monde (2000 à 2010)

Les Etats-Unis et le Brésil sont respectivement leaders de la production d’éthanol à partir de l’amidon de maïs, et d’éthanol à partir de sucre de canne. En 2006, les Etats-Unis et le Brésil représentent plus de 70% de la production mondiale d’éthanol.

Production de biodiesel : l’Union Européenne et le reste du monde en 2005 (estimations – millions de tonnes)

L’Europe est leader dans la production de Biodiesel. La forte proportion du parc automobile Diesel en Europe est un atout pour la production de biocarburant à partir de la filière esters d’huile végétale.

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1.5 –Biocarburants : une consommation mondiale qui se développe… L’éthanol Le biocarburant dont la production est la plus importante dans le monde est de loin l’éthanol. En 2006, environ trois quart de la production d’éthanol est destiné à être utilisée comme carburant, soit 38 millions de tonnes, le reste étant à usages industriels variés, notamment chimique et pharmaceutique. Evolution de l’utilisation mondiale de l’éthanol de 2002 à 2006 (en milliers de tonnes) Depuis 2002, la consommation d’éthanol est en forte augmentation, soit environ 13 % de croissance par an.

60 000 50 000 40 000

En 2006, les principaux pays producteurs d’éthanol11, les Etats-Unis, le Brésil et l’Europe représentent respectivement 37%, 35% et 7% de la consommation mondiale d’éthanol.

Carburant

30 000 20 000

Non Carburant

10 000 2002

2003

2004

2005

2006

Le Biodiesel Le marché mondial des huiles végétales est actuellement en forte croissance, soit 6 à 7 % par an et est dominé par les productions d’huile de palme et de soja. Consommation mondiales d’huiles végétales (soja, palme, colza, tournesol, arachide et coton – en millions de tonnes) En 2005, les biocarburants représentaient moins de 4% de la production mondiale d’huile végétale, soit plus de 4 millions de tonnes, le reste étant destiné à l’alimentation. L’utilisation d’huile à des fins de production de biocarburants tend à se développer dans les principaux pays producteurs (l’Allemagne, la France, l’Italie…). 11

Les Etats-Unis produisent de l’éthanol à base de maïs, le Brésil à base de canne à sucre et l’Europe à base de betterave et de blé. Alimentation : autrement dit les huiles de cuisine, consommées comme aliment par l’homme. CONSEIL DE DEVELOPPEMENT DEPARTEMENTAL 6/21


1.6 –La politique européenne en matière de biocarburants12

Les deux directives européennes de 2003 La politique européenne s’inscrit dans le cadre de la ratification du protocole de Kyoto, visant en Europe une réduction de 8 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2010. En Europe aujourd’hui, l’utilisation et la taxation des biocarburants reposent sur plusieurs textes communautaires. En 2003, deux propositions de directives s’inscrivant dans la diversification de l’approvisionnement énergétique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre ont été validées par le Conseil et le Parlement européen :

La directive de promotion sur l’utilisation des biocarburants ou d’autres carburants renouvelables pour le transport (mai 2003) : Ces consommations de biocarburants devront représenter au minimum 2 % en 2005 et 5.75 % (pourcentage en énergie) en 2010 des consommations globales d’essence et de gazole utilisés dans les transports. Ces objectifs ne sont pas figés et peuvent être révisés. Projections de la production européenne (EU des 15) d’Ethanol et Biodiesel (en millions de tonnes)

La directive restructurant le cadre communautaire pour la taxation des produits énergétiques et l’électricité (octobre 2003) : Les Etats-membres sont autorisés à appliquer des exonérations ou réductions de taxes pour les produits énergétiques contenant des composants issus de la biomasse, pour atteindre les objectifs de 2 % en2005 et 5.75 % en 2010. 12

Source : Institut Français du Pétrole CONSEIL DE DEVELOPPEMENT DEPARTEMENTAL 7/21


Différents régimes d’incitation fiscale en 2006

L’Allemagne et la France sont les champions de la défiscalisation, suivi de l’Italie. Le contexte de développement des biocarburants varie considérablement d’un pays à l’autre, en fonction des exonérations ou des réductions de taxes, qui différent selon les Etats-membres. Incorporation et utilisation des biocarburants13

Les directives et normes européennes fixent des taux maximum d’incorporation des biocarburants dans les carburants fossiles : Les biocarburants peuvent être mélangés aux carburants, à 5 % du volume du carburant fossile pour l’EMHV et le bio-éthanol et à 15 % pour l’ETBE, pour une utilisation banalisée dans les véhicules routiers. L’EMHV peut également être utilisé jusqu’à une teneur de 30 % dans les flottes captives de transport, ainsi que cela est autorisé en France, ou pur, comme cela est autorisé en Allemagne avec des précautions particulières. L’éthanol peut également être mélangé à taux variable, destinés à des véhicules « Flexible Fuel » (largement commercialisés aux USA et au Brésil) dans lesquels des calculateurs règlent la combustion en fonction du mélange. Ces véhicules pourraient être prochainement commercialisés en France. Un projet de norme va être mis à l’étude pour un mélange à 85 % d’éthanol (E85).

13

Source : DGEMP CONSEIL DE DEVELOPPEMENT DEPARTEMENTAL 8/21


1.7 – Evolution de la filière biocarburant dans l’Union Européenne Le biodiesel : le carburant préféré des européens14 Répartition de la production de biocarburants dans l’Union Européenne en 2005

Selon l’EBB (European Biodiesel Board), le biodiesel est le premier carburant de l’Union Européenne, avec plus de 3,1 millions de tonnes produites en 2005.

En 2005, le bioéthanol est le deuxième carburant européen, avec une production de plus de 700 000 tonnes. .

L’huile de colza, premier ingrédient de la filière biodiesel européenne Au cours de ces cinq dernières années, la demande européenne en huile végétale a progressé de 4 millions de tonnes, dont les trois quart étaient destinés à la production de biocarburants. D’ici 3 à 4 ans, la demande européenne d’huile de colza à des fins alimentaires restera stable, aux alentours de 3 millions de tonnes. En revanche, la demande européenne d’huile de colza, à des fins énergétiques aura presque doublé, soit plus de 4 millions de tonnes. D’ici à 2009 ou 2010, la production de colza en Europe devrait donc augmenter de 30% en passant de 15 à 20 millions de tonnes, de façon à satisfaire la demande en huile. Le maintien de la prime pour l’huile de colza permettra de maintenir un flux d’importation d’huile de colza vers l’Europe et encouragera les industriels à considérer d’autres huiles alternatives. L’Europe devient donc structurellement importatrice de colza.

Bien que les importations d’huile et de graines de colza soient fortes, la proportion du colza dans l’EMHV (filière biodiesel) aura tendance à baisser légèrement à l’avenir. Si les spécifications des biocarburants le permettent, les autres huiles (tournesol, soja, palme) et même les graisses animales fourniront près de la moitié des esters de biodiesel en Europe à moyen terme (mais ce ne sera pas forcément le cas du scénario français).

14

Source : EurObserv’ER 2006 CONSEIL DE DEVELOPPEMENT DEPARTEMENTAL 9/21


L’évolution de la production de biodiesel En 2005, le français Diester Industrie, l’américain ADM et l’italien Novaol étaient les trois premières sociétés européennes fabricantes de biodiesel et l’Allemagne, la France et l’Italie étaient les trois premiers pays producteurs européens de biodiesel. Production de biodiesel : perspective 2009 D’ici 2009, l’Allemagne et la France consolideront leur position de producteur respective. L’Allemagne devrait doubler sa production, soit un passage de 1.7 millions de tonnes à plus de 3.5 millions de tonnes La France devrait quadrupler sa capacité, soit une progression de 0.5 millions à plus de 2 millions de tonnes.

Parmi les pays européens émergents sur ce marché, le Royaume et l’Espagne devrait avoir la meilleure progression. La production européenne d’éthanol15 En 2005, les quatre premiers groupes producteurs de bio-éthanol en Europe sont l’espagnol Abengoa (345000 tonnes de capacité), les allemands Sauter et Südzucker(entre 200000 et 245000 tonnes), puis le français Cristal Union (95000 tonnes). En 2005, l’Espagne, la Suède, l’Allemagne et la France sont les quatre premiers pays producteurs de bio-éthanol d’Europe, avec respectivement 33 %, 18 %, 16 % et 13 % de la production européenne.

Emplois liés à la filière biocarburants en Europe Selon la commission européenne, une proportion de 1 % de biocarburants dans la consommation totale des carburants fossiles crée entre 45000 et 75000 emplois dans les zones rurales. D’après les hypothèses du Livre Blanc, la création d’au moins 250 000 emplois européens est attendue dans ce secteur pour 2010.

15

Source : EurObserv’ER 2006 CONSEIL DE DEVELOPPEMENT DEPARTEMENTAL 10/21


1.9 – Le contexte national du développement des biocarburants

Les mesures fiscales sur les biocarburants Les biocarburants (ETBE et EMHV) bénéficient d'une exonération partielle de la Taxe Intérieure de Consommation (TIC)16 afin de compenser leurs surcoûts de production par rapport aux carburants traditionnels. Cette défiscalisation est accordée aux biocarburants produits par des unités ayant reçu un agrément après appel d'offre communautaire. Pour la première fois, en 2004, l’éthanol incorporé directement dans l’essence a bénéficié de cette défiscalisation. Défiscalisation 2006 (en euros /hl)17 Ethanol

ETBE

EMHV

EEHV18

33

33

25

30

Biogazole de synthèse 25

Cette défiscalisation est conforme à la directive européenne d’octobre 2003 sur la fiscalité de l'énergie. Cette mesure fiscale a permis un développement significatif de la production et de la mise sur le marché des biocarburants.

De nouvelles mesures fiscales ont été mises en place à compter de 2005 jusqu’en 2010. La loi de finances 2005 a introduit une nouvelle taxe (TGAP19) sur la mise à la consommation d’essence d’une part et du gazole d’autre part, basée sur le prix de vente des carburants hors TVA. Son taux est croissant de 1.2 % en 2005 à 7 % en 2010 et diminué de la part, par carburant, de biocarburants (exprimée en % PCI20) mise sur le marché. Le plan biocarburant français21 En 2004, environ 500 000 tonnes de biocarburants (éthanol pur, ETBE, EMHV) ont été agréés en France (dont un peu moins de 400 000 tonnes de biodiesel) et plus de 400 000 tonnes ont été mises sur le marché (dont plus de 320 000 tonnes de biodiesel).

16

La TIC est l’actuelle Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers (TIPP), qui a été mise en place dès 1992 pour les biocarburants. 17 Ces montants sont en principe ajustés chaque année pour tenir compte de l'évolution des conditions économiques. 18 L’Ester Ethylique d’huile végétale est obtenu en remplaçant le méthanol par de l’éthanol dans le processus de fabrication des EMHV. Ce produit est en cours de normalisation. 19 Taxe Générale sur les Activités Polluantes 20 Pouvoir Calorifique Inférieur 21 Le plan biocarburant est issu de la loi de programme faisant les orientations de la politique énergétique (13 juillet 2005) et qui a repris au plan national les valeurs de référence, fixées par la Directive européenne de mai 2003, sur la promotion des biocarburants. CONSEIL DE DEVELOPPEMENT DEPARTEMENTAL 11/21


La progression des agréments attribués à la filière biodiesel en France

En 2005, 100 000 tonnes d’éthanol et 31 000 tonnes d’EMHV supplémentaires ont été agréés.

En septembre 2005, le premier ministre a présenté des mesures ambitieuses pour accélérer le développement des biocarburants. L’objectif d’incorporation de 5.75 % de biocarburants dans les carburants, initialement prévu pour 2010 est avancé à 2008. L’objectif est d’atteindre 7 % en 2010 et 10 % en 2015.

Pour atteindre cet objectif, les agréments fiscaux accordés aux usines de biocarburants vont fortement augmenter : •

Le lancement d’un nouvel appel d’offres de 1,8 million de tonnes de biocarburants à produire pour 2008 permettra d’atteindre cet objectif (soit 1,335 million de tonnes pour la filière biodiesel et 0,465 million de tonne pour les filières bioéthanol en incorporation pure et ETBE).

Le lancement d’un nouvel appel d’offres de 1.1 million de tonnes de biocarburants pour 2010 a suivi en mars 2006, dont 900 000 tonnes de biodiesel.

Les objectifs avancés en septembre 2005 par le Premier Ministre signifient que 2 300 000 tonnes et 3 200 000 de tonnes de biodiesel devraient être respectivement agréés en 2008 et 2010.

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1.10 – Evolution de la production française de biocarburants

Une production française de biocarburants tournée vers le biodiesel Répartition de la production de biocarburants en France (2004)22 :

En 2004, plus de 365 000 tonnes de Diester23 et plus de 200 000 tonnes d’éthanol ont été produites en France (soit environ 1% de la consommation totale de carburants). Usine de production de Biodiesel

En 2004, 7 usines se répartissaient la production de biocarburants en France, dont 3 de production d’éthanol, et 4 de production de biodiesel.

Usine de production d’ETBE

Quelles évolutions de la production de biodiesel à court terme et envisageable à long terme ? La capacité de production de Diester Industrie en 200624

En 2006, Diester Industrie représente une capacité de production de 700000 tonnes.

Diester Industrie détient 4 usines de fabrication, situées à Compiègne, Grand-Couronne, Boussens et Sète.

22

Source : cite-sciences.fr Diester est une marque de biodiesel déposée par SOFIPROTEOL, l’établissement financier de la filière française des huiles et protéines végétales. 24 Source : Diester Industrie, qui est le principal fabricant d’ester en France ; la société a bénéficié de 90% des agréments attribués à l’ester en 2005. 23

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En France, 70% des nouvelles voitures immatriculées fonctionnent au diesel : c’est un véritable atout pour la filière biodiesel sur le territoire national. A l’heure actuelle, la France importe 10 millions de tonnes de gazole, et exporte 5 à 6 millions de tonnes d’essence. D’après des prévisions du Comité Professionnel du Pétrole, la demande de diesel en France continuera de croître jusqu’en 2010 et ralentira ensuite sa croissance jusqu’en 2020. Parallèlement la demande française en essence, ne cessera de décroître. Un tel contexte et la mise en place d’appels d’offres et du plan biocarburants devrait permettre d’ici 2008 une progression rapide de la production de biodiesel en France. D’ici 2008 - 2009, deux millions de tonnes de biodiesel devrait être produits en France, grâce à de nouveaux projets mis en place par Diester Industrie. Nouveaux projets de production de Diester (d’ici à 2008-2009) Capacité supplémentaire (en tonnes)

Capacité totale (en tonnes)

Date effective

Coudekerque

250 000

250 000

2008

Grand-Couronne

250 000

500 000

2008

250 000

250 000

2007

250 000

250 000

2008

Sites

Montoir de Bretagne Bordeaux-Bassens Le Mériot

250 000

250 000

2007

Compiègne

100 000

200 000

2006

Sète

200 000

200 000

2006

Boussens

Remarques A proximité de la Raffinerie Total de Flandres En liaison avec la raffinerie et les dépôts de Basse-Seine et de la région parisienne En liaison directe avec la Raffinerie de Donges En liaison avec une unité de trituration de 1.1 millions de tonnes, situés au sud-Est de Paris, près de la Seine. En liaison avec la zone de l’Etang de Berre et Fos-surMer

40 000 Nouveaux projets annoncé en mars 2006

En 2005, la surface de la filière biodiesel sur le territoire français représentait environ 350 000 hectares, dont une base de surface en jachère d’environ 260 000 hectares (150 000 hectares de colza sont nécessaires pour produire 225 000 tonnes de Diester). Dans les années à venir, la France devrait continuer de baser la croissance de sa filière biodiesel sur la trituration de colza (à la différence de l’Allemagne, qui importe essentiellement ses huiles). CONSEIL DE DEVELOPPEMENT DEPARTEMENTAL 14/21


Dans la mesure où les objectifs d’incorporation, fixés par la directive européenne de mai 2003, seront respectés, les surfaces françaises de la filière biodiesel devrait progresser jusqu’à 800 000 hectares, soit environ 50% de la surface française de cultures du colza, à l’horizon 2008-2009. Implantations actuelles des cultures et des usines de trituration en France25

Unités de trituration : Sites de Cargill, groupe américain-fournisseur de produits et services dans l’alimentation, l’agriculture et la gestion des risques et de SAIPOL, leader français en trituration et raffinage de graines oléagineuses.

Les sites de production de Diester Industrie se développent en accord avec les implantations de cultures et celle des outils industriels de trituration pour des raisons logistique et industrielle.

Caractéristiques de la filière bioéthanol française Aujourd’hui la surface française de la filière bio-éthanol représente environ 30 000 hectares de production de betterave et de blé. Les principaux producteurs de la filière ETBE en France sont Total (monopole de la fabrication d’ETBE) et la société Lyondell, société chimique américaine (agréée en 2005 pour produire de l’ETBE) et ceux de la filière éthanol sont deux sociétés concurrentes, Cristal Union et BENP26 (les deux principaux fabricants français d’éthanol).

Evolution des emplois liés à la filière biocarburants en France En 2004, le gisement d’emplois industriels et agricoles disponibles en France était d’environ 4252 emplois, soit environ 3780 pour la filière biodiesel et un peu plus de 470 pour la filière bioéthanol. Selon les chiffres généralement retenus (6 à 10 emplois créés respectivement par 1000 tonnes d’éthanol et de biodiesel) le nombre d’emplois créés ou maintenus en 2010 serait de 19500 à 33000 suivant les différents scénarios. L’objectif raisonnable qui est retenu est 20 000 emplois en 2010. 25 26

Source : Proléa Bio-Ethanol Nord Picardie CONSEIL DE DEVELOPPEMENT DEPARTEMENTAL 15/21


1.11 – Le projet de développement de biocarburants en Loire-Atlantique

Un nouveau complexe de trituration et de fabrication de biodiesel à Montoir de Bretagne Répondant à l’appel gouvernemental, l’entreprise Diester Industrie, filiale de Sofiproteol, a sélectionné le site de Montoir-de-Bretagne – Saint-Nazaire pour développer sa production en Diester sur la façade atlantique, région jusque-là peu alimentée.27 Cargill construira une nouvelle usine de trituration sur le site de Montoir-deBretagne (le troisième site de Cargill dans la région Ouest28), dont la vocation première sera d’approvisionner la nouvelle unité de bio-carburants de Diester Industrie. SOFIPROTEOL aura une participation minoritaire dans ce nouvel outil de trituration. La localisation des projets

La future usine de Cargill permettra de traiter 500 000 à 600 000 tonnes de graines de colza par an, provenant principalement des cultures du Grand Ouest de la France (soit 80% d’approvisionnement en graine locale). Le démarrage de la production aura lieu au premier trimestre 2008. Voici, à titre indicatif, quelques repères concernant les masses nécessaires à la production de Diester tout au long de la filière : 1 hectare de culture de colza 3,7 tonnes de graines 1,6 tonne d’huile brute et 2 tonnes de tourteaux 1,5 tonne d’huile semi-raffinée 1,5 tonne de Diester et 150 kilos de glycérine. Dès 2007, la nouvelle usine de Diester Industrie fournira 250 000 tonnes de Diester par an. En juin et juillet 2006, le projet est soumis à enquête publique. Les travaux débuteront en août 2006 pour se terminer au second trimestre 2007. 27

Source : Nouvel Ouest – Mai 2006 Les deux autres sites de Cargill se situent à Saint-Nazaire, où l’usine restera centrée autour de la trituration du tournesol à des fins alimentaires et à Brest, où l’usine restera dédiée à la nutrition animale grâce à la trituration de colza et de soja.

28

CONSEIL DE DEVELOPPEMENT DEPARTEMENTAL 16/21


Le choix du site de Montoir-de-Bretagne Le choix du site de Montoir-de-Bretagne par Diester Industrie et Cargill est stratégique. Le site répond aux attentes et objectifs que se sont fixés les sociétés, notamment la compétitivité et le respect environnemental :

Un positionnement au cœur d’un « réservoir » de près de 2 millions de graines de colza (soit les régions Bretagne, Pays de la Loire, Poitou Charente et Centre) et de la plus grande zone de fabrication animale de France (avec 35% de la demande protéinique dans un rayon de 250 km),

Une implantation dans une zone industrielle existante et adaptée : avec une intégration à la zone de la raffinerie de Donges, une proximité par rapport à l’unité de trituration de Saint-Nazaire et une complémentarité avec les pôles atlantiques de transformation d’oléagineux.

La future zone industrielle de Montoir-de-Bretagne

Une logistique optimisée pour les approvisionnements et les expéditions : Les acheminements de graines se feront par voie ferroviaire (30 à 35%) et routière (65 à 70%). Le nombre de camions n’augmentera pas, dans la mesure où les flottes arrivent vides sur le site de Montoir-de-Bretagne et repartent chargées pour une distribution sur le Grand Ouest. Le circuit des flux d’huile vers l’usine Diester sera court et les expéditions pourront se faire directement par voie maritime.

CONSEIL DE DEVELOPPEMENT DEPARTEMENTAL 17/21


Par ailleurs, Diester Industrie a fait le choix d’un procédé d’estérification de haute technologie mis au point par l'Institut Français du Pétrole et commercialisée par Axens29. Innovation majeure dans le domaine de la production des EMHV, cette technologie permet une production d'EMHV conforme à la norme européenne et la suppression de rejets inhérents aux technologies utilisées jusqu'à présent.

Les enjeux aux niveaux départemental, régional et national Les enjeux départementaux, régionaux et nationaux que comporte l’installation de l’usine sur le site de Montoir-de-Bretagne sont à la fois économiques et environnementaux : La création d’emplois et le maintien de nombreux autres, principalement en milieu rural, Projet de trituration -50 millions d’investissements - 30 emplois directs créés

Projet de semi-raffinage et d’estérification

d’euros

- 35 à 40 millions d’euros d’investissements (sans prendre en compte la liaison par pipe) - environ 25 emplois directs créés, sans compter tous les emplois induits directs et indirects.

11 emplois sont créés ou maintenus tout au long de la filière pour 1000 ha d’oléagineux.

Le renforcement du pôle énergétique de Basse Loire, avec notamment 70% de la production de Diester qui sera acheminée par pipe-line vers la raffinerie de Donges, La totalité de la production de l’usine ne sera pas consommée par le Département de la Loire-Atlantique, puisque la distribution est fonction d’aspects réglementaires et des stratégies des pétroliers, La création de nouveaux flux maritimes, avec notamment 30% de la production de Diester qui sera dirigée par caboteurs vers les cinq dépôts de gazole situés sur la façade atlantique, L’accompagnement du secteur de la nutrition animale, notamment une offre additionnelle de protéines végétales métropolitaines, sous forme de tourteaux de l’ordre de 250 000 à 350 000 tonnes à disposition des filières de productions animales, La garantie d’un débouché durable pour les productions de colza et tournesol (environ 150 000 ha d’oléagineux et plus de 500 000 tonnes de graines, soit près de 10% de la production nationale oléagineuse actuelle). 29

Axens regroupe les activités de bailleur de licences, concepteur d’unités, fournisseur de produits (catalyseurs et adsorbants) et services pour les marchés du raffinage, de la pétrochimie et du gaz. CONSEIL DE DEVELOPPEMENT DEPARTEMENTAL 18/21


Deuxième partie - Débat 2.1 – Les futures valorisations de la filière EMHV

Glycérine : les débouchés de demain Depuis quelques années, la production de glycérine, coproduit de l’EMHV (Diester), a fortement augmenté, puisque directement liée au développement croissant du biodiesel en Europe. Cela a eu une incidence sur les prix du coproduit, qui ont fortement baissés. Cette baisse des prix offre finalement de nouvelles perspectives de débouchés pour la production de glycérine. Auparavant la glycérine, à prix très élevé, se positionnait sur des marchés de spécialités (exemple : l’oléochimie…), désormais les débouchés de commodités, autrement dit de masse, devraient lui être accessibles, comme l’industrie de la fermentation, de la nutrition animale…

Diester : essentiellement dédié au transport Bien qu’aujourd’hui l’EMHV puisse être incorporé au fioul domestique, la filière biodiesel répond uniquement aux besoins énergétiques du secteur des transports et non à ceux de l’habitat. Au niveau de l’habitat, de nombreux efforts environnementaux ont été accomplis, ouvrant déjà la voie à plusieurs sources de chauffage (énergie solaire, bois-énergie…). Le secteur des transports reste celui qui pose le plus de problèmes en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Au-delà des études menées sur l’incorporation de biocarburants pour les véhicules routiers, l’attention se tourne progressivement vers les moteurs et carburants dans le secteur de l’aviation (petits avions volant à 400-500 mètres de hauteur) et le secteur maritime (bateaux de pêche). 2.2 – Les Biocarburants de deuxième génération30

Les biocarburants de deuxième génération succèderont aux premières filières classiques, types biodiesel et bioéthanol : ils correspondent aux filières « biomasse cellulosique ». Cette nouvelle filière fait actuellement l’objet de travaux de recherche pour y optimiser les techniques31 et les coûts.

30

Source : INRA Deux procédés sont actuellement utilisés (à l’essai) à partir des ressources lignocellulosiques : celui thermochimique pour produire des substituts au gazole et celui biologique pour produire de l’éthanol.

31

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Les matières lignocellulosiques, qui offrent de nouvelles perspectives pour la production de biocarburants et qui nécessiteront la mobilisation de nouvelles surfaces de cultures, concernent : les taillis à courte rotation d’espèces connues (saules, peupliers, eucalyptus…), les forêts d’essences variées pour la production de plaquettes forestières, les résidus d’élagage, les sous-produits de industries de transformation du bois (sciures, copeaux, écorces…), les coproduits sec type paille (céréale à paille, maïs…), les cultures annuelles classiques en plante entière (triticale32…), les cultures pérennes classiques récoltées annuellement (légumineuses33, luzerne, fétuque…), les nouvelles cultures pérennes récoltées annuellement (miscanthus, panic érigé…) etc.

Les intérêts de cette deuxième génération de biocarburants sont notamment : l’abondance et la diversité de ses ressources, la valorisation de la plante entière, qui permet de maximiser le rendement énergétique à l’hectare, de limiter les surfaces nécessaires à la production de biocarburants et d’éviter les sous-produits, la possibilité d’éviter la concurrence entre les usages alimentaires et énergétiques de la biomasse, la levée des contraintes techniques, qui subsistent pour accroître l’incorporation de biocarburants dans les carburants pétroliers et des contraintes environnementales.

CODELA – CONSEIL DE DEVELOPPEMENT DEPARTEMENTAL 2, Quai de Versailles – BP 44621 - 44046 Nantes cedex 1 Fax : 02 40 48 14 24 – : 02 40 48 48 00

32

La triticale est un hybride moderne fabriqué par l'homme par croisement du seigle avec le blé. Les légumineuses sont des graines de plantes à gousses. Parmi les plus connues se trouvent les lentilles, le haricot, le petit pois, le soja… 33

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ANNEXE 13 Caractéristiques du site de production de Diester Industrie en Loire-Atlantique La future usine à Montoir-de-Bretagne34

L’unité d’estérification a une capacité de production annuelle de 250 000 tonnes de Diester (soit l’équivalent de plus de 160 000 hectares de colza). En amont se trouve un atelier de neutralisation d’huile brute de capacité équivalente.

Sa fiche technique descriptive Capacités de stockage (en tonnes)

Utilités

Connections logistiques

19 000 t d’huile

Chaufferie

Route

500 t de méthanol

Station d’épuration

Mer

9 000 t de Diester

Réfrigération

Pipe (liaison directe avec la raffinerie de Donges)

2 000 t de glycérine

Option Fer (à préserver)

Ses flux de produits (sur une base de 250 000 tonnes)34

Ces chiffres sont à titre indicatif. Ils ne prennent pas en compte les modifications qui seront induites35 par l’implantation de l’usine de trituration de Cargill.

34

Source : Diester Industrie Les modifications apportées seront essentiellement une diminution de l’approvisionnement en huile par la route

35

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