CONSEIL DE DÉVELOPPEMENT DE LA LOIRE-ATLANTIQUE
TENDANCES n° 15 OCTOBRE 2011
Autonomie et Grand âge :
3 mois de vie supplémentaires chaque année. En 50 ans, nous avons gagné en moyenne 15 ans d’espérance de vie. En un siècle et demi, nous avons gagné plus d’espérance de vie qu’en 5 millénaires ! Bien évidemment, en France, certains écarts persistent notamment entre les hommes et les femmes (84,8 ans d’espérance de vie pour les femmes, contre 78,1 ans pour les hommes) et en fonction des catégories sociales (7 à 10 ans d’écart d’espérance de vie en bonne santé entre un 70 millions de Francais en 2050 : soit 11 millions de perouvrier spécialisé et un sonnes supplémentaires et trois fois plus de personnes En 150 ans, cadre supérieur). À âgées de plus de 75 ans en 50 ans ! Phénomène nous avons gagné noter que depuis d’ampleur et véritable enjeu de société, le grand 2007, l’espérance de vieillissement soulève déjà bien des questions loin plus d’espérance vie en bonne santé d’être neutres pour un territoire. Adapter l’habitat, les de vie qu’en d’un individu de 65 ans soins, l’accompagnement, l’organisation d’un terri5 millénaires ! est en moyenne de 10 toire... : autant de projets d’avenir à construire en années. Ce chiffre est en Loire-Atlantique comme ailleurs. constante augmentation depuis les années 1990. le grand vieillissement. Non seulement ous nous réjouissons de vivre plus longtemps, mais comment allons- les nombreuses générations issues du Pas d’exception nous vieillir ? Cette question, nous baby-boom (nées entre 1944 et 1964) départementale serons de plus en plus nombreux à nous la entrent dans le «3e âge» (60-75 ans). Selon les hypothèses de l’INSEE et du poser. Et pour cause ! Au cours des 40 pro- Mais d’ici à 2040 et 2050, le nombre de Conseil Général de Loire-Atlantique, le chaines années, la population française va plus de 75 ans devrait tripler et celui des département compterait 1 512 000 habiinéluctablement vieillir. Deux grandes plus de 85 ans quadrupler. Avancées tants en 2030, soit environ 300 000 performes de vieillissement de la population sociales, progrès de la médecine et de la sonnes supplémentaires : une populaapparaissent déjà : les nouveaux seniors et prévention... telles sont les évolutions tion qui serait bien sûr plus âgée, soit 44 qui ont permis d’allonger notre espé- ans en moyenne, au lieu des 38 ans en rance de vie. Et les chiffres sont élo- moyenne aujourd’hui. Dès 2015, le boom quents ! Aujourd’hui un nouveau retraité des seniors sera déjà visible. En 2030, le soixantenaire a en moyenne une ving- record de croissance appartiendrait taine d’années de vie devant lui. Depuis aux 60 ans et plus et notamment aux 1970, les Français gagnent en moyenne octogénaires. En 2006, 2 personnes sur
un défi territorial majeur
N
L’avenir prend des rides
Sources : Insee, Service de l'Observation et des Statistiques (SOeS) du Commissariat général au développement durable (CGDD)
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«3e âge» : 60-75 ans ; «4e âge» : 75-85 ans ; «5e âge» : 80 ans et plus
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Au niveau départemental sur www.loire-atlantique.fr : • Schéma gérontologique de Loire-Atlantique - Plan d’actions 2006-2010 / Plan d’actions 2011-2016 • Les besoins d’habitat liés au vieillissement de la population en Loire-Atlantique
L’adaptation comme projet
de société et de territoire
C
omment un territoire départe- niveau de l’immeuble et du quartier, mental peut-il se préparer face demande de mobilité et d’accessibilité au vieillissement de la popula- facilitée à la ville, notamment en pérition et au risque croissant de dépen- urbain et dans le monde rural. Il est dance ? Une seule option : s’adapter. donc question du logement mais égaleL’accroissement démographique du 4e et ment de son environnement, afin que 5e âge, potentiellement dépendants, domicile ne devienne pas synonyme d’isolement. Le développement de rend imminent le besoin d’adaptamodes de transport accestion de notre société et l’évolusibles aux personnes âgées tion de notre territoire. Aujourd’hui, Zoom sur deux enjeux 9 Français sur 10 dans le département est incontournable, d’autant centraux du grand âge : vivent à domicile qu’il souffre d’un sousla prévention de la perte jusqu’à 85 ans, équipement en la d’autonomie et le finanet encore matière. Pas de doute ! cement de la dépen2 personnes sur 3 Le rôle des politiques dance. après 90 ans publiques, des acteurs de l’habitat et de l’action sociale Repenser l’habitat est bien essentiel dans la question et son environnement du vieillissement de la population. En Aujourd’hui neuf Français sur dix vivent à domicile jusqu’à 85 ans et encore deux mai dernier, la région des Pays de la personnes sur trois après 90 ans. Loire a formulé un certain nombre Généralement, la majorité des per- d’engagements. Parmi ceux-ci figure le sonnes âgées vivent à leur domicile et projet de financer des diagnostics souhaitent y rester le plus longtemps «Autonomie dans le logement» pour les possible. Pourtant, beaucoup de loge- personnes âgées et handicapées. ments ne sont pas toujours adaptés à Adapter et équiper des logements pour leurs nouveaux besoins. En 2030, la permettre le maintien à domicile des proportion de plus de 60 ans dans la personnes fragilisées : c’est bien l’idée ! population départementale passerait de Lors du budget 2011, 100 000 euros ont 19 à 28 %. Compte tenu de cette explo- été votés pour la mise en oeuvre de sion démographique, il est certain que l’action. Un règlement fixant les modaliles besoins d’adaptation des logements tés d’intervention sera prochainement en termes d’aménagement et d’équipe- élaboré. De plus, pour les propriétaires ment seront en forte augmentation au de plus de 60 ans, le Service Habitat du cours des prochaines années. Sans Conseil général de Loire-Atlantique oublier les demandes de services de accorde des subventions pour des traproximité : services de sécurité au vaux d’amélioration des logements.
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Loire-Atlantique 2030 • Tendances N°15 • OCTOBRE 2011
Adapter l’accompagnement et les soins À l’heure où les familles sont de plus en plus éloignées, il n’est pas toujours évident pour les personnes âgées de continuer à vivre chez elles en toute sérénité. Les besoins d’accompagnement au quotidien et en terme de soins sont ainsi incontournables et devraient s’accroître dans les années à venir. Sur la période 2006-2010, le contexte législatif a favorisé la couverture des services d’aide à la personne sur l’ensemble du département. Aujourd’hui chaque commune peut bénéficier de l’intervention d’au moins deux services à domicile, soit 466 services à domicile sur l’ensemble du
Taux d’équipement en mars 2011 pour 100 personnes de 75 ans et plus
SITUATION 2011
Plus d’infos
LEGENDE
10 ont 60 ans et plus ; en 2030, les seniors représenteraient 1 personne sur 3. Le phénomène du vieillissement viendrait sans surprise gonfler les rangs du 5e âge1 en Loire-Atlantique : 1 habitant sur 10 aurait 80 ans et plus. Cette tranche d’âge serait pratiquement multipliée par 3 entre 2006 et 2030.
AU NIVEAU NATIONAL : • Vieillissement et habitat : rp.urbanisme.equipement.gouv.fr/puca et www.design-puca.fr/ • Vivre ensemble plus longtemps – Enjeux et opportunités pour l’action publique du vieillissement de la population française. Centre d’analyse stratégique, La Documentation française. Octobre 2010 : www.ladocumentationfrancaise.fr • Débat national sur la dépendance : www.dependance.gouv.fr • L’espace « Personnes âgées » du ministère chargé de la Santé : www.solidarite.gouv.fr • Données démographiques : www.insee.fr
Tx d’équipement moyen :16,1 % Places autorisées : 15 575 Population des 75 ans et plus : 96 679 (recens. 2007)
Taux de places / 75 ans et plus Nbre de places autorisées
Sources
Source et données : Conseil général de Loire-Atlantique, INSEE - Réalisation : CDLA
département ! Actuellement 32 Services de Soins Infirmiers A Domicile (SSIAD) couvrent la quasi-totalité du département. Le défi à venir sera de garantir la continuité et la qualité de leur prise en charge sur l’ensemble du territoire. La densité de médecins généralistes en Loire-Atlantique est globalement favorable. Malgré tout, certaines communautés de communes connaissent déjà une situation déficitaire, comme le Pays de Retz et de Blain. Les prévisions pour ces prochaines années demeurent incertaines : vieillissement des professionnels, départs en retraite etc. L’accroissement de la demande de services risque d’aggraver la situation. La promotion des services d’aide et de soins : voilà une condition essentielle pour pallier les besoins de tous. Parce que chaque situation est unique, les besoins pour continuer à vivre chez soi restent très divers. Pour certaines personnes âgées vivant seules, un accompagnement à domicile n’est parfois plus suffisant. Pour autant l’accueil en établissement n’est pas toujours possible. Dans d’autres cas, c’est l’aidant naturel qui est seul en charge de la personne dépendante et subit la situation. Dans le futur, les besoins se diversifieront plus encore. De nouvelles réponses
Inférieur à la moyenne départementale
Sup. ou égal à la moyenne départementale
Une maison régionale des seniors Actuellement en cours de création, le Gérontopôle des Pays de la Loire a pour ambition d’améliorer la qualité de vie des personnes âgées et d’être un pôle de recherche et d’expertise au service des acteurs régionaux impliqués dans le vieillissement. L’équipe du Gérontopôle, en cours de constitution, réalise ses premières actions en 2011. La « Maison de la longévité », siège du Gérontopôle sera construite à Nantes et ouvrira en 2014. www.gerontopole-paysdelaloire.fr
de proximité seront alors indispen- 2000 et 2030, en particulier dans l’agglosables, comme le développement de mération nantaise. Mais l’offre départemodes d’accueil intermédiaires (héber- mentale de places en établissement gement temporaire, accueil de jour, de sera-t-elle à la hauteur ? Même si le nuit, d’urgence...), de solutions de relais département a un taux d’équipement en en direction des aidants naturels ou bien places d’hébergement supérieur à la encore des actions de prévention et de moyenne nationale en 2010 (153 places dispositifs de veille sociale, etc. D’après pour 1000 personnes âgées de 75 ans et le bilan du schéma gérontologique 2006- plus contre 126 en France. Source : 2010, environ 10 000 abonnés dans le Drees et Insee), des disparités subdépartement ont pu faire appel à ce jour sistent. Aujourd’hui, la Loire-Atlantique au dispositif de téléassistance, mis en manque de lits notamment dans l’aggloplace et soutenu par le Conseil général mération nantaise et sur le littoral nord. de Loire-Atlantique, qui favorise l’écoute À cela s’ajoute la nécessité d’adapter les et la sécurisation des personnes établissements à la situation de âgées et en particulier celles dépendance et de désorientaqui sont isolées. Une intertion2 des personnes vieillisLa Loirevention bénéfique pour santes. L’augmentation et Atlantique est le ralentir l’évolution de la l’adaptation de l’offre à 5e département dépendance ! l’évolution démografrançais pour l’action phique des différents en direction des territoires intercommuAjuster l’offre établissements naux seront donc obligad’établissements toires afin de répondre aux Les hébergements spéciaattentes et à la situation de lisés représentent une minochacun, d’un point de vue géograrité des habitats de nos aînés. Mais du fait de l’évolution de leur dépendance, phique, psychique mais aussi financier... elles n’ont parfois d’autre choix qu’un Selon le classement des maisons de accueil en établissement. L’âge moyen retraite de France Info, la Loireactuel d’entrée en établissement se Atlantique est le 5e département français situe autour de 85 ans. Selon les prévi- pour l’action en direction des établissesions de l’INSEE, le nombre des 85 ans ments (192 établissements existants). et plus en Loire-Atlantique devrait forte- En Loire-Atlantique, 1 149 places d’hément augmenter, soit + 129 % entre bergement supplémentaires ont été
: PUCA, Conseil général de Loire-Atlantique, CODERPA, AURAN / 2Désorientation : Perte du sens du temps et de l’espace, et parfois du schéma ou de l’image corporelle.
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Vision future de la
Loire-Atlantique En 2030 ? • Vieillissement et professionnels : une réorganisation et une meilleure coordination départementale ? • Garantie de la continuité et de la qualité de la prise en charge de nos aînés par les services d’aide à la personne ? • Diversification des modes d’accueil des personnes âgées et augmentation de l’offre de places en établissements sur le territoire départemental ?
créées depuis 2005, 1274 autres sont à venir. Fin 2010, 15 519 places étaient autorisées et financées par le Conseil général. En 2011, il consacre 6,5 M € à l’extension ou à la création de places en hébergement.
Un accueil de qualité pour tous L’offre de places ne peut pas se faire au détriment de la qualité. Elle doit permettre aux choix de vie des personnes vieillissantes d’être respectés. La qualité du travail des professionnels et de leur formation est évidemment un enjeu territorial fort. En Loire-Atlantique les initiatives individuelles dans le secteur médico-social sont particulièrement nombreuses, mais pas forcément coordonnées. La concertation et l’implication des professionnels dans les réseaux locaux, la coordination entre les établissements, avec le secteur sanitaire, la diffusion d’une meilleure information au niveau local seront des actions déterminantes de notre avenir en LoireAtlantique. Sans oublier le soutien, la formation des professionnels et la promotion des métiers d’aide aux personnes âgées auprès des jeunes. À cet
Conseil de Développement de la Loire-Atlantique
L‘Allocation Personnalisée d’Autonomie est la principale mesure d’aide proposée aux personnes âgées dépendantes. C’est une allocation départementale personnalisée destinée aux personnes de plus de 60 ans. Elle a pour objet le financement du maintien à domicile de la personne âgée aussi bien que celui des
L’APA, c’est quoi ? séjours en maison de retraite. Lorsqu’une personne âgée rencontre des difficultés à accomplir les gestes simples de la vie quotidienne, elle peut bénéficier de l’APA. Fin 2010, 8 122 personnes sont bénéficiaires de l’APA à domicile en Loire-Atlantique.
effet, le Conseil général continue d’accompagner et de renforcer le positionnement des CLIC (Centres locaux d’Information et de Coordination) sur le territoire. Ainsi, 4 CLIC ont été créés au cours du précédent schéma gérontologique 2006-2010, afin d’améliorer le maillage du département.
Avec quel financement ? Tous ces besoins en croissance posent dès à présent la question de leur financement. En France, depuis février 2011 la création d’un risque dépendance dit « 5e risque » a été débattue. Plusieurs régimes étaient envisagés et devaient être au cœur des débats à venir : souscription à une assurance privée, augmentation des prélèvements obligatoires, recours sur succession… Mais en raison de la crise, la réforme de la dépendance reste aujourd’hui en suspens et est reportée à début 2012. Selon l’Institut de Recherche et Documentation en Économie de la Santé (IRDES), en mai 2011, la dépense publique liée à la prise en charge des personnes âgées dépendantes peut être évaluée à 21 milliards d’euros par an environ. En 2011, le
Conseil général de Loire-Atlantique finance la prise en charge de la dépendance à hauteur de 77 M €, via l’APA, fer de lance des politiques sociales en faveur des personnes âgées. Deux tiers du financement proviennent de ses ressources propres. L’État n’assure qu’un tiers du financement, au lieu des 50 % initialement prévus. Au mois de juin, le Département a présenté un plan en faveur des personnes âgées pour les 5 prochaines années3. Au programme : diversification des solutions d’hébergement, développement du système de téléassistance, etc. Une cinquantaine d’opérations de création, reconstruction, extension et aménagement sont concernées, pour un montant de 38 millions d’euros. Reste à savoir quel en sera le financement et comment seront créées à l’avenir de nouvelles ressources de solidarité nationale, car sans moyens, il sera de plus en plus difficile pour le Conseil général de faire face seul aux coûts croissants que représentent les besoins de nos aînés. 3
Voir Schéma gérontologique 2011-2016 sur www.loire-atlantique.fr
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