CONSEIL DE DÉVELOPPEMENT DE LA LOIRE-ATLANTIQUE
TENDANCES N° 13 SEPTEMBRE 2011
Ouvrir son robinet, remplir son verre et étancher sa soif à grandes gorgées : rien de plus naturel lorsqu’on vit dans un pays développé comme le nôtre. Pourtant cette ressource, loin d’être illimitée, est aujourd’hui en danger. Sa répartition inégale, le réchauffement climatique, les risques d’élévation du niveau de la mer et d’accroissement des conflits d’usages font de l’or bleu l’objet de nombreuses convoitises. Au niveau mondial comme au niveau local, sa préservation est désormais un enjeu pour tous. Le point en Loire-Atlantique.
L
’eau, un enjeu fort pour la LoireAtlantique ? Elle est bien placée pour le savoir ! Ouvert sur l’océan, traversé par la Loire, peuplé d’espaces naturels et zébré de cours d’eau, notre département ne manque pas de ressources. Depuis ces 40 dernières années, la population départementale est en croissance continue. La LoireAtlantique est devenue un espace attractif où il fait bon vivre et passer ses vacances. Un bémol : plus de ressources demande davantage d’entretien, mais aussi de gestion et de coordination, sans compter le réseau hydrographique du département très contraint par ses conditions naturelles, avec un réseau de petits cours d’eau très dense, un socle cristallin faible fournisseur de réserves en été, une pluviométrie moyenne, des étiages très marqués... Polluée, surexploitée, surconsommée, l’eau reste une ressource fragile et les années à venir ne devraient pas l’épargner. Les pressions
Préserver l’eau,
un geste d’avenir pour le territoire
Loire, l’axe Vilaine, de et de la nappe de Campbon, soit 80 % de la production de l’eau dans le département. Mais surprise ! Malgré l’augmentation de la population, la consommation départementale reste stable. Explications ? Des gains De l’eau consommée d’économie d’eau contiavec modération ! 90 milliards nuent d’être réalisés par Assurer un taux d’équide litres d’eau les consommateurs et pement pour des resmobilisés pour les rendements des sources en eau potable l’alimentation en réseaux ont été améliosuffisantes, garantir un eau potable de la rés. Il faut aussi voir dans assainissement satisfaiLoire-Atlantique cette stabilisation une sant été comme hiver tout réponse des consommaen conciliant les usages teurs au signal prix. À 3,50 euros potentiellement concurrentiels ? Le challenge est de taille. Chaque TTC le m3, l’eau en Loire-Atlantique année, l’alimentation en eau potable de reste relativement chère, avec un prix la Loire-Atlantique mobilise environ 90 légèrement supérieur à la moyenne milliards de litres d’eau. C’est évidem- nationale, soit 3,39 euros le m3. ment au cours de l’été que les consom- Néanmoins les volumes consommés mations sont les plus élevées, soit 60 % sont plus faibles, si bien qu’ils coutent 50 des prélèvements mobilisés. Les princi- centimes par habitant et par jour, soit pales ressources proviennent de l’axe 720 € par an pour une famille de quatre > démographique, touristique et économique risquent de s’accroitre sur les milieux naturels. Sur ses gardes, notre départementdoit continuer à s’y préparer.
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> personnes, un peu moins que les factures annuelles de téléphone et internet réunies ! À l’avenir, le prix du m3 devrait poursuivre sa croissance. Mais la prise de conscience des consommateurs concernant les gaspillages devrait permettre à la facture annuelle de rester stable.
Quid des besoins de demain ? À l’horizon 2020, les besoins en eau potable en Loire-Atlantique devraient atteindre 105 à 115 milliards de litres d’eau par an, du fait de la croissance démographique. Le schéma départemental de sécurisation de l’alimentation en eau potable 2005-2020 dessine d’ores et déjà les chemins à suivre : sécurisation des transferts vers le littoral, notamment en période estivale, renforcement des interconnexions entre les
deux axes fluviaux Vilaine et Loire et sécurisation au niveau de l’agglomération nantaise et des transferts vers le littoral vendéen. Du côté des industries, la maîtrise interne des consommations a permis de réaliser de nombreuses économies. Aujourd’hui les consommations d’eau sont en baisse régulière et les rejets maitrisés. Du côté du monde agricole, ce sont surtout les problématiques de pollutions diffuses liées à la gestion de l’épandage de fertilisants organiques et au recours aux pesticides qui prédominent. L’utilisation de l’irrigation n’est pas une caractéristique forte de la LoireAtlantique, soit environ 20 % de l’eau consommée dans le département chaque année. Cependant les zones de maraichage, sur l’axe ligérien près de
Concilier l’attractivité du territoire et la préservation des milieux
Nantes, puis au sud de la Loire jusqu’à Machecoul restent fortement consommatrices d’eau. À cela s’ajoutent les pressions de la viticulture, de l’élevage... À terme les professionnels devront donc viser des outils et des variétés plus économes en eau. Les adaptations devront se poursuivre dans la voie d’une intégration environnementale forte. Concernant les collectivités, les équipements du département sont dimensionnés pour l’horizon 2020. Grâce aux efforts fournis ces 20 dernières années, le taux d’équipement en terme d’assainissement collectif est suffisant, soit une capacité de 1,75 million équivalents habitants (EH). À l’avenir les progrès devront se porter sur la gestion et l’optimisation des investissements passés : meilleure gestion globale des systèmes, renforcement de la métrologie en temps réel, meilleure maîtrise des flux hydrauliques en temps de pluie, renforcement de la dépollution... Dans l’air du temps, l’assainissement non collectif, soit environ 90 000 habitations dans le département, représente finalement un faible enjeu environnemental et seulement sur les plus petits cours d’eau. Aujourd’hui 16 syndicats intercommunaux ou structures intercommunales (SIAEP) assurent l’alimentation en eau potable de 218 communes dans le département, seules 3 communes ayant gardé indépendante cette compétence. Les intercommunalités de gestion devraient se renforcer dans les années à venir avec la volonté de mettre en commun leurs moyens. Aujourd’hui dans le cadre de contrats territoriaux, des programmes de restauration et d’entretien des milieux aquatiques sont mis en oeuvre dans le département. L’enjeu de
Plus d’infos Le programme de restauration de l’estuaire de la Loire www.loire-estuaire.org L’agence de l’Eau Loire Bretagne www.eau-loire-bretagne.fr Les actions du Conseil Général en faveur de l’eau www.loire-atlantique.fr La directive Cadre sur l’Eau www.eaufrance.fr
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LOIRE-ATLANTIQUE 2030 • TENDANCES N°13 • SEPTEMBRE 2011
ces travaux ? Atteindre le bon état écologique des rivières et cours d’eau de Loire-Atlantique. Mais la couverture territoriale de ces programmes, déjà très significative, ne doit pas faire oublier la problématique de la pérennité des moyens. En cause : la faiblesse de l’autofinancement et l’absence de fiscalité propre aux établissements de coopération intercommunale. Demain, une coordination accrue des financeurs sera indispensable et les financements croisés devront être de plus en plus limités.
État des cours d’eau en 2010 Source : Agence de l’eau - Conception : CDLA
Vers une gouvernance locale plus SAGE L’objectif général de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) est d’atteindre d’ici à 2015, 2021 ou 2027 le bon état des différents milieux sur tout le territoire européen. Un moyen incontournable : le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) ! Dans le département, pas une seule commune n’y échappe ! Au nombre de 6 en Loire-Atlantique, les SAGE sont des outils de planification territoriale à l’échelle d’une unité hydrographique cohérente, comme le bassin versant, et compatibles avec le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) du bassin Loire Bretagne. Dans la durée, ils représentent un gage de cohérence fort entre les politiques menées par les différents acteurs du département.
Rivières, littoral, Loire : même combat ! La qualité des eaux départementales fait l’objet d’une haute surveillance, ce qui n’empêche pas nos rivières de trinquer ! Des efforts nécessaires au secours des rivières... Seulement moins de 20 % des cours d’eau de la région sont considérés en bon état, alors que la moyenne nationale est évaluée à plus de 40 %. L’objectif régional est d’atteindre 50 % d’ici 2015. La Loire-Atlantique est encore loin de l’objectif, avec tout juste plus de 20 %. D’après les programmes de mesures et les orientations issues du SDAGE 20102015, le maintien du bon état écologique des rivières du département couterait 200 millions d’euros supplémentaires au regard des chiffres estimés au départ dans le cadre des politiques publiques. Les efforts devront donc se poursuivre sur le long terme en recentrant les actions sur l’aménagement des cours
Quel horizon pour l’eau ligérienne ? d’eau, en favorisant la continuité des Côtières dans le département va égaleécoulements et la franchissabilité des ment s’intensifier. La question des ouvrages ainsi que la maitrise des pollu- risques est très prégnante dans la gestions diffuses agricoles. tion d’un littoral. Hausse du niveau Littoral 2020 : tenue correcte exigée ! marin, phénomènes extrêmes, sensibiSur le littoral Loire-atlantico-vendéen, lité à l’érosion du trait de côte, vulnéral’amélioration qualitative des sites de bilité accrue des milieux aquatiques... : baignade est amenée à être confortée pourquoi attendre que le scénario se dans un cadre réglementaire qui se réalise ? En effet, la répétition durcit, conformément à la d’événements catastroMoins de DCE. C o n s é q u e n ce phiques a conduit à renfor20 % des cours majeure : des contraintes cer la politique de préd’eau de la région sanitaires très fortes vention des risques. En sont considérés en pour la conchyliculture Loire-Atlantique, les et la pêche à pied ! Le bon état, la moyenne risques liés au littoral renforcement de la sur(submersions marines nationale est veillance sera donc la et estuariennes, éroévaluée à plus ligne de conduite des prosion...) ont déjà fait l’objet de 40 % chaines années. Une inquiéde deux prescriptions de plans tude persiste : la prolifération des de prévention (PPRL). La question algues vertes. Bien que les conditions des modes d’aménagements et de la naturelles du département soient relati- stratégie à suivre par rapport à l’urbanivement moins favorables à leur dévelop- sation est également au coeur des dispement, la présence d’eaux turbides et cussions sur les risques littoraux. les apports de nitrates par la Loire et la Comme dans le reste du département, Vilaine, facteurs de développement, les efforts d’adaptation en termes d’alirestent significatifs. La mise en cohé- mentation en eau potable et d’assainisrence des politiques en faveur du littoral, sement vont se poursuivre sur le littoral. notamment le développement de l’ap- À noter la volonté forte de l’Agence de proche de Gestion Intégrée des Zones l’eau et du Conseil général d’améliorer >
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Vision future de la Loire-Atlantique En 2030 ? • Gouvernance : renforcement et mise en commun des moyens des intercommunalités de gestion de l’eau, meilleure coordination des financeurs ? • Objectif de bon état écologique des eaux départementales atteint ? • Littoral : meilleure préparation aux risques, mise en cohérence des politiques renforcée ? • Rivières : amélioration de l’aménagement
> les systèmes de collecte et de traitement des eaux usées des bateaux et des eaux de ruissellement des aires de carénage, tout en incitant à diminuer les pollutions. Vers un estuaire différent en 2030... Les problématiques que rencontrent la Loire n’ont plus de secret pour personne : la chenalisation du lit, un bouchon vaseux qui s’étend, une onde de marée et un front de salinité qui avancent vers l’amont, l’abaissement de la ligne d’eau d’étiage... Deux siècles d’aménagement ont ainsi fortement modifié et dégradé le fonctionnement de la Loire. La pression des usages et les tendances d’évolution actuelles ont naturellement appelé à engager un programme de restauration de l’estuaire : de 2000 à 2006 ont été mises en place les « études prospectives aval », puis de 2007 à 2013 la définition d’un programme opérationnel. Il est désormais question d’évaluer la faisabilité du programme de restauration, de valoriser les expérimentations menées tout en poursuivant les investissements techniques et scientifiques pour le développement des actions ainsi que les actions de restructuration du lit en amont.
CONSEIL DE DÉVELOPPEMENT DE LA LOIRE-ATLANTIQUE
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des cours d’eau et de la maîtrise des pollutions diffuses agricoles ? Une Loire restaurée ? Assainissement : une gestion améliorée et une optimisation des équipements et investissements passés ? Cultures agricoles départementales : intégration environnementale forte ? Consommation : prise de conscience et économies d’eau croissantes ?
Parc naturel régional de Brière
Gestion de l’eau, priorité n° 1
A
u coeur des 23000 hectares de zones humides, des 250 hectares de plans d’eau et 130 km de canaux pour le marais de la Grande Brière Mottière, la gestion de l’eau peut être une question de vie ou de mort pour les écosystèmes aquatiques du Parc Naturel Régional de Brière. Parmi les actions que mène le parc, en cohérence avec le SDAGE, figure la surveillance des niveaux d’eau du marais. Objectif ? Apporter des éléments de connaissance et de réflexion pour une meilleure gestion de l’eau sur le site. Rejets d’assainissement, problématiques bactériologiques, utilisation de pesticides... Les obstacles ne manquent pas ! Le parc assure donc un suivi permanent de la qualité des eaux du marais, notamment une veille sanitaire concernant les bactéries et cyanobactéries liées aux usages du marais. Le parc joue également un rôle de veille, de conseil et de sensibilisation auprès des collectivités et des particuliers, en partenariat avec d’autres acteurs, comme le SMAHBB
(Syndicat Mixte d’Aménagement Hydraulique du Bassin du Brivet) ou le CPIE Loire Océane (Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement) : actions de sensibilisation sur les produits phytosanitaires, charte de l’habitant pour la promotion des alternatives aux pesticides...
Conseil de Développement de la Loire-Atlantique Co-Directeurs de la publication : Marcel Verger, Alain Sauvourel Rédaction : Julie Le Mestre, Jean-Luc Tijou, suite à l’audition d’Yvon SIOU (Agence de l’eau Loire Bretagne) Mise en page et illustration : Julie Le Mestre Crédits photos : Fotolia Impression : CODELA CODELA - 21 Bd Gaston Doumergue - 44200 Nantes Tel : 02 40 48 48 00 Fax : 02 40 48 14 24 Courriel : cdla@codela.fr Site web : www.codela.fr/cdla/presentation