Relation de la répression de la révolte des Nu-Pieds, Saint-Michel-de-Montjoie, 1639-1640

Page 1

15 Janvier 2011

SERVICE EDUCATIF DES ARCHIVES DEPARTEMENTALES DE LA MANCHE Présentation didactique d’un document d’archives

Relation de la répression de la révolte des Nu-pieds (Saint-Michel-de-Montjoie, 28 novembre 1639 et 8 mars 1640) Références Nature Forme Objet Date et contexte

Intérêt pédagogique

Mots clés

Cote : 5 Mi 2060, vue 111/152. Saint-Michel-de-Montjoie. Sous-série 5 Mi : Microfilms de l’état civil réalisés par la société généalogique de l’Utah. Extrait du registre paroissial de Saint-Michel-de-Montjoie, au sein duquel le prêtre nota quelques évènements locaux dont il a « pu avoir eu la connaissance, tant des guerres et famines, flux du sang que autre choses » entre novembre 1639 et 1650. Première des cinq pages du « Registre de ce qui s’est passé dans le pays » de Saint-Michel-deMontjoie entre novembre 1639 et 1650. Notices de quelques lignes manuscrites. L’auteur, le vicaire Jean de la Rue, évoque dans ces deux extraits le passage de l’armée du colonel de Gassion, commis par le roi par écraser la sédition des Nu-pieds sous les murs d’Avranches, puis la sévère répression judiciaire de la révolte par l’intendant Charles Le Roy de la Potherie. Ce mouvement est à replacer dans la succession de révoltes paysannes à partir de 1636 et qui s’étend jusqu’à la fin du règne de Louis XIII, dans plusieurs provinces. La plus importante fut celle des Croquants du Périgord de mai à juillet 1637. 28 novembre 1639 et 8 mars 1640 correspondent aux deux termes de la répression de la révolte des Nu-pieds confiée à Charles Le Roy la Potherie, conseiller du roi, et au colonel de Gassion, commis par le roi. Le passage de Gassion est jugé suffisamment mémorable par le vicaire pour provoquer l’ouverture d’un registre des choses survenues dans la contrée. L’insurrection remonte pourtant à juillet 1639 mais Saint-Michel-de-Montjoie semble avoir été épargnée car dans l’état des recherches nous n’avons aucune allusion à une émotion dans cette paroisse et ses voisines. L’épicentre de l’insurrection, Avranches, est à 30 km, mais des violences eurent aussi lieu à Mortain et Vire (voir chronologie). Ces témoignages viennent confirmer les sources officielles, à savoir que le 28 novembre 1639, Gassion part de Caen pour Avranches avec 1 200 hommes et 500 chevaux ; que le 8 mars 1640, Charles Le Roy de la Potherie condamne par contumace des séditieux d’Avranches. On pourra commencer par un petit exercice de paléographie en soumettant aux élèves la transcription incomplète des extraits. Ils se réjouiront de la maladresse de la syntaxe et de l’orthographe hasardeuse. L’étude peut se faire dans le cadre de celle de la montée de l’absolutisme et de la mise en place d’une monarchie centralisée. On en profitera pour aborder les causes de l’insurrection de juillet 1639. Sans reprendre le débat des années 1960 entre historiens marxistes, derrière le soviétique Boris Porchnev (théorisant des émeutes antiféodales et un front de classes noble et bourgeoise contre le peuple pour défendre un ordre féodalo-absolutiste), et les autres modernistes conduits par Roland Mousnier (révoltes particularistes anti-absolutistes), on conviendra de l’importance de la misère dans le déclenchement de la révolte. La pression fiscale (hausse des impôts extraordinaires, menace de généralisation de la gabelle) liée à l’implication croissante de la France dans la guerre de Trente Ans, et le bouleversement des hiérarchies sociales du fait du rapide enrichissement des financiers, la menace sur les « libertés » normandes sont des facteurs avérés du soulèvement. Les effets de la peste, devenue endémique depuis 1620, et de la récession économique ne doivent pas non plus être écartés. Pour autant le mouvement ne menaçait pas le régime monarchique (actions très ciblées des séditieux contre les officiers des finances aux cris de « Vive le roi »). Emotivité des milieux populaires, sensibles aux menaces. Contre-pouvoir ? La réaction tardive du roi du fait de la guerre aux frontières et du caractère sporadique des émotions normandes montre les forces et faiblesses d’une monarchie en marche vers l’absolutisme, sous les auspices de Richelieu. Mais, après la victoire de Gassion, la rapidité de la répression et sa sévérité au nom du crime de lèse-majesté, illustrent la volonté centralisatrice royale d’être obéi de tous les sujets et en tous lieux. La justification de la répression par le vicaire, précisant à deux reprises que les séditieux avaient levé les armes contre le roi, évoque la théorie de l’origine divine du pouvoir absolu monarchique. Le clergé propage cette doctrine et prêche l’obéissance. Ancien Régime – Mouvement populaire – Nu-pieds – Absolutisme – Impôts – Gabelle – Justice – Galères – Avranches – Coutances – Mortain – Pontorson – Saint-James – Barenton – Saint-Michelde-Montjoie – Vire – Bayeux – Caen – Rouen.

-1LE DIDAC’DOC – Service éducatif des archives départementales de la Manche – Janvier 2011


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.