55 Janvier 2015
SERVICE EDUCATIF DES ARCHIVES DEPARTEMENTALES DE LA MANCHE Présentation didactique d’un document d’archives
Caricature (avec permission) de Léonor Havin (député de la Manche et directeur du Siècle) par André Gill (17 février 1867) Cote : 1 Fi 6/436 Série Fi : Documents figurés et assimilés entrés par voie extraordinaire (affiches, gravures, dessins, photographies, cartes postales). Sous-série 1 Fi : documents illustrés de grand format. Nature Forme Objet
Une du journal satirique La Lune du 17 février 1867, illustrée d’une caricature par Gill de Léonor Havin, directeur du journal Le Siècle et personnage politique manchois. Page du journal La Lune. Impression mécanique en noir, colorisation au pochoir. Format : 485 x 335 cm. André Gill caricature Havin, avec l’autorisation jointe ainsi que l’exige la loi, à l’occasion du lancement par le directeur du Siècle d’une souscription démocratique pour l’érection d’une statue à la mémoire de Voltaire, à Paris (voir Éclairages).
Date et contexte
17 février 1867 : Bien que le Second Empire assouplisse sa répression à l’égard de la presse, la presse reste étroitement surveillée (système des avertissements – voir Éclairages du Didac’doc 58). Le journal sera d’ailleurs interdit en novembre 1867 pour s’être mêlé de politique extérieure. Havin est alors le directeur du quotidien le plus répandu en France et un des leaders de l’opposition républicaine. Sa campagne pour l’érection à Paris d’un monument à la gloire de Voltaire, déclenche une vive polémique, le philosophe étant honni dans les milieux cléricaux.
Intérêt pédagogique
- Analyse du dessin d’André Gill. Un portrait-charge bienveillant. La composition est bâtie autour de l’idée d’une similitude entre Havin et Voltaire, grâce à une inversion des personnages. Ainsi le visage d’Eléonor Havin se substitue au fourneau d’une longue pipe, à la manière d’un modèle très prisé par les fumeurs qui se piquent de philosophie, orné du visage de Voltaire (le « Voltaire de Houdon » fut reproduit en série par le pipier saint-claudien Henry Dalloz qui construisit vers 1862-1865 un pantographe). Deuxième inversion : Voltaire dépose dans un tonneau (référence au « vin » de Havin) les 10 centimes d’une souscription « démocratique » pour un monument à son « ami Léonor Havin ». Allusion à l’initiative d’Havin d’organiser une souscription démocratique en faveur d’un monument dédié à Voltaire. Havin, le voltairien (voir Éclairages). - Les pratiques de la censure : ici l’autorisation préalable du caricaturé. Havin répond à Gill : « Monsieur, pourquoi serais-je plus sensible aux malices du crayon qu’à celles de la plume. Vous me demandez l’autorisation de reproduire ma vieille figure, je vous l’accorde, j’aime trop la liberté pour ne pas m’exposer aux espiègleries du journal la Lune. Votre serviteur. » Pourquoi cet autographe ? Les interdictions faites aux artistes. - Histoire du journal La Lune, « Semaine comique illustrée », né en octobre 1865, supprimé en novembre 1867, reparu en janvier 1868 sous le titre L’Eclipse. - Léonor Havin (1799 – 1868), de Torigni-sur-Vire à Paris. Un influent démocrate manchois oublié. Voir Éclairages.
Mots clés
Presse – Liberté – Caricature – Journaux – Censure – Second Empire – Léonor Havin – Torigni-sur-Vire.
-1LE DIDAC’DOC – Service éducatif des archives départementales de la Manche – Janvier 2015