A L’OFFENSIVE !!! ˝ BULLETIN D’INFOS DU SYNDICAT CGT du CHU de Toulouse - Septembre 2016
Modification la Charte ORTT : Où est le piège ? Que peut-on obtenir ? Bref historique…
La loi de 2002 sur les 35h a obligé les directions d’hôpitaux à négocier un accord local avec les organisations syndicales représentatives de chaque hôpitaux pour réduire le temps de travail et améliorer les conditions de travail. A Toulouse, la CGT a participé aux négociations et fortement amendé le texte. Nous avons obtenu la différenciation entre le temps de pause et le temps de repas, trop souvent oublié dans les services… Oui, lisez bien la charte ORTT sur intranet : Le temps de repas est COMPRIS dans le temps de travail, le temps de pause n’est pas le temps de repas ! Nous avons obtenu 20 jours de RTT (réduit à 19 après l’apparition du jour de solidarité) toutes posées à la demande des agents, ce qui aurait dû créer de nombreux emplois au CHU de Toulouse ! Mais la direction n’a pas voulu mettre en place des pools RTT suffisants (en plus du pool « absences ») pour remplacer les agents pendant ces fameux 19 jours. La direction a fait le choix de rappels sur repos, du sous-effectif, de remplacements par d’autres services ou de l’intérim et c’est pour cette raison que la CGT n’a pas voté la charte, après avoir consulté par référendum les agents du CHU (vote à 80% contre). Ce qui ne nous empêche pas de défendre les acquis obtenus par la CGT pendant les négociations.
Modifier la charte, oui ou non ? Nous pensons que oui car les temps changent, les problèmes d’effectifs, de parkings, de conditions de travail, nos salaires,… pourrissent notre vie d’hospitalier, dans et en dehors de l’hôpital. Les règles de l’accord local peuvent améliorer notre vie intra et extra hospitalière quand elles sont respectées. Pour l’instant, la direction convoque des «groupes de travail» et non des instances statutaires pour négocier et modifier la charte, or ces groupes de travail exonèrent la direction de ces obligations et nous avons sommé celle-ci d’ouvrir de réelles négociations ou nous pourrons associer le personnel sous forme d’assemblées générales.
Agenda 29 août: Mobilisation pour la venue de Valls à Colomiers. 12 septembre : Conférence de presse de la CGT sur les suicides au CHU de Toulouse en présence d’un représentant de la fédération santé action sociale CGT.
15 septembre : Nouvelle manif contre la loi travail on les lâche pas !!!
Plus d’infos dans les permanences syndicales:
Rangueil: 05-61-32-25-67 Larrey: 05-67-77-14-11 Purpan: 05-61--77-77-08 Purpan plaine: 05-67-77-10-88 ou 06-20-33-70-80 Hôtel-Dieu: 05-61-77-84-70 La Grave: 05-61-77-79-71, Fontaine salée: 05-61-90-92-90, IUCT : 0531156377, Chapitre : 24236, Garonne: 05.34.55.76.78, Site www.cgtchutoulouse.fr FACEBOOK : «CGT CHU TOULOUSE»
Quotidien au CHU
Où est le piège ? La direction veut changer la charte dans le cadre du « PLAN A.V.E.N.I.R. » (nouveau plan d’austérité) dans lequel il faut imposer les RTT (apparition des RQ qui sont Illégaux) dans lequel est instauré le remplacement au pied levé dans le pôle (les fameux W) et surtout apparition d’horaires bizarres (16h 24h) pour adapter les horaires à l’activité. Les temps partiels n’auront plus de RP par semaine, mais auront un temps de travail réduit par jour (à 50% 3h51 min / jour sans pause et à 80% 6 h 09 min par jour). De travailler à la carte par exemple un week-end calme la cadre nous dit de rentrer chez nous, ou de rester proche de l’hôpital pendant un repos (c’est absolument illégal sauf astreinte) ou encore réduire les effectifs dans les services un binôme infirmière/AS ou Puer/AP pour 12 lits (projet LEAN MANAGEMENT par la direction des soins). Même les 12h, ne sont pas assez flexibles pour la direction (malgré la suppression de 30% de personnel). Elle étudie la disparition des relèves faites déjà en partie sur du temps personnel. La direction dit vouloir améliorer les conditions de travail, c’est une vaste blague. Surtout, la direction veut encore et toujours supprimer des postes et faire travailler PLUS ceux qui restent… C’est irresponsable au vu des drames que nous subissons au CHU de Toulouse et dans d’autres hôpitaux avec les suicides de nos collègues à cause des conditions de travail. Il est bien évident que la CGT se positionnera contre tous ces reculs et proposera des améliorations.
Que peut-on gagner ? Ce que nous constatons le plus régulièrement est la non-reconnaissance du travail réel dissimulé pour assurer le fonctionnement de cet hôpital managé comme une entreprise privée. Il n’y a aucune protection contre le management autoritaire et agressif, notamment autour des plannings irréguliers, pourris volontairement, non-respect du droit aux congés qui détruisent littéralement notre vie privée au jour le jour. Le droit à la déconnexion et l’interdiction des rappels sur repos par de mails et SMS à des heures pas possibles. Il faut très sérieusement poser la réduction du temps de travail, et poser la question de la baisse de charge de travail par le recrutement à hauteur des besoins car elle est la cause principale du risque d’erreur et de la dégradation du soin et bien évidemment de la souffrance au travail (aussi parce que nous sommes exposés longtemps à des risques importants, bactériologique, chimique, ionisants, charge lourde, charge psychique. Nous pensons qu’il faut faire un volet spécial pour les agents avec des restrictions médicales pour qu’ils soient positionnés en plus du planning.
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Il est temps de dire STOP et avancer sur des propositions concrètes comme : - Travailler au maximum un week-end sur trois. - Obligation d’avoir trois semaines consécutives de CA l’été pour ceux qui le souhaite. - Pas de repos coupés. - Semaines qui dépassent 44 heures de temps effectif, les heures supplémentaires doivent être payées ou récupérées. - 28 jours de congés annuels sans obligation de fractionnement ou de hors période comme au CHU de Limoges .
de stationnement et de DAV.
- Temps d’habillage/déshabillage passant à 20 min pour pallier aux problématiques de circulations dans le chu,
- Mise en place des 30h de nuit (au lieu de 32,5h) pour que les agents en nuit fixe et les agents en nuit mixte aient plus de jours RTT. Proposer des planning en 32h. (Pas de réduction journalière mais plus de jours RTT générés) - Respect de l’obligation statutaire de formation des agents. Arrêt des nuits et week-end pour les agents de plus de 50 ans qui le souhaitent. - Pas de CDD 21, recrutement statutaire, tout agent sur poste pérenne doit être recruté comme stagiaire.
…Et Inscrire des droits acquis de haute lutte au CHU ou dans des services à appliquer à tous : - Les agents qui sont en maladie jusqu’au 31 décembre d’une année peuvent récupérer leurs CA non pris récupérables sur l’année suivante. - Les jours enfants malade sont des AA (Absence Autorisée) le nombre de jours nécessaire sur présentation d’une attestation médicale et non des RTT ! - Maintien du droit à obtenir ou poursuivre des 50%, 80% et 90% de choix. - Les contrôles médicaux doivent respecter le statut de la Fonction Publique Hospitalière (notification par convocation à une consultation ou visite à domicile en fonction de l’état de santé) - Chaque agent a le droit de faire retirer son numéro de téléphone, mail du listing du cadre. L’adresse postale doit seulement figurer dans l’enveloppe fermée du plan blanc. - Les agents en congés maternité génèrent des RTT. Le Défenseur des droits exige au CHU de revenir sur toutes les carrières de ces femmes pour qu’elles récupèrent leur droit. - créer une rubrique « droit des agents avec restriction » et « droits syndicaux » - Application de l’article 44 de la loi 86-33 du 9 Janvier 1986 sur la gratuité des soins des hospitaliers et étendre aux ayants droits (enfants et conjoints).
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Politique de Santé
Les GHT, une machine à austérité Le décret concernant les Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT) est issu de la loi santé. Marisol Touraine poursuit la cure d’austérité sur la politique de santé instaurée par la loi HPST. La création de ces GHT n’est qu’un outil de plus pour mettre en œuvre les 16000 suppressions de lits et les 22000 suppressions de postes prévu par la ministre. Ce dispositif est une grave attaque des établissements publics de soins. De 2200 établissements publics de soins nous passerons à 150 GHT. Le gouvernement compte ainsi faire 400 millions d’économie sur 3 ans, sur les activités logistiques, techniques, administratives et en diminuant les gardes, les astreintes et le recours à l’intérim médical. Les GHT consistent en un découpage des régions en territoires de santé sans respect de la démocratie. Une totale liberté est laissée à l’Agence Régionale de Santé (ARS). Ce sont les directeurs d’ARS qui en auront la responsabilité. Une convention constitutive définira un projet médical partagé ainsi que l’élaboration d’une stratégie d’achat qui concernera notamment la biologie médicale, l’imagerie médicale, la pharmacie, la formation… Les établissements vont s’organiser en pôles inter-établissement qui généreront de nombreuses mutualisations dans les services médico-techniques. C’est la suppression des services miroirs mais à l’échelle des établissements.
A la CGT, nous revendiquons : - un grand service public de santé et d’action sociale pour répondre aux besoins de santé de la population - le maintien de tous les services et de tous les postes actuellement en fonction - une réelle démocratie sociale et sanitaire à tous les niveaux décisionnels - l’amélioration de nos conditions de travail Nous refusons la mobilité, les mutualisations, les glissements de tâche. Nous exigeons le retrait de la loi santé et du décret GHT.
Les conséquences vont être pour les agents : des réductions de personnel, une dégradation des conditions de travail, la mobilité des personnels, des suppressions d’emploi. Pour la population, des allongements de délais d’accès aux spécialités et aux services d’urgence et une suppression d’activité de soins de proximité. Nous ne sommes plus dans une gestion d’établissements publics en réponse aux besoins des usagers et des personnels mais dans l’administration de décisions prises par l’ARS et dans la réduction de l’offre de soins. C’est une grave régression sociale avec une totale absence de contre-pouvoir institutionnel, les délégués du personnel étant complètement écartés des instances des GHT. Suivez nos infos sur www.cgtchutoulouse.fr
Notre Statut
POURQUOI LES 35H ONT ETE UN ECHEC A L’HÔPITAL ?
PPCR : Un protocole qui passe à côté de l’essentiel.
Dans le rapport Laurent remis à Annick Girardin, Ministre de la Fonction Publique sur le temps de travail dans la fonction publique (mai 2016) il est clairement établit que les établissements hospitaliers ont perçu 1,535 milliards d’euros entre 2002 et 2004 pour créer 37 000 emplois mais n’en ont créé que 35 000 ! Cette pénurie de personnel a induit des cycles de travail non réglementaires qui ont généré des désorganisations de travail dans les services (rappels incessants, non remplacement de l’absentéisme, WE d’affilée… jusqu’aux RQ imposés voire les W dans les nouvelles maquettes…).
Le PPCR (Parcours Professionnel Carrière Rémunération) Comme la loi EL KHOMRI , Madame la ministre de la Fonction Publique a mis en application ces dispositions sans accord Majoritaire:
Dans le contexte de la mise en place des Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT), ce rapport préconise d’harmoniser les organisations du temps de travail des 3 fonctions publiques dans les 2 ans à venir, pour préparer les mutualisations possibles entre toutes les fonctions publiques. Pour les hospitaliers, c’est la remise en cause des régimes dérogatoires (OAT différente pour compenser le travail en nuit 1476 H/an, 1582 H/an ou 1568 H/an pour les agents en repos variable selon le nombre de dimanches et jours fériés travaillés) pour une harmonisation à 1607 H/an pour tous ! un forfait jour obligatoire pour des non-cadres ! Remise en cause des jours fractionnés (les 3 jours de CA supplémentaires dans la FPH) et des autorisations spéciales d’absence ; la fin de la surrémunération des temps partiels à 80 % et 90 % ; remise en cause des astreintes ; élargissement des plages horaires d’ouverture au public… La révision des 35 H permettrait selon différents rapports de réduire le déficit par la réduction/suppression des RTT ou récupération, induisant un moindre recours à l’interim, aux heures supplémentaires et aux CET: tout cela pour compenser la suppression de 22 000 postes dans la fonction publique hospitalière !
• Suppression de 22 000 postes. • Pas de dégel du point d’Indice. • Pas d'enveloppe pour la mise en oeuvre financière du protocole. • Aucun engagement sur le temps de travail et des 35 h. • Aucun engagement sur la résorption de l’emploi précaire et la titularisation des contractuels. • Aucune mesure concrète sur la réduction des écarts entre les filières féminines et masculines. • Aucun élément sur le Compte Pénibilité. • La suppression de l’avancement d’échelon à la durée minimale. Le PPCR comme la loi Santé, la loi EL KHOMRI, et le rapport Laurent pas encore publié, la Fonction Publique Hospitalière est en déclin, aucune offre de soins de haute qualité est proposée, une dégradation de nos conditions de travail et des rémunérations à la baisse.
LA RECHERCHE D'ÉCONOMIES ET DE GAINS DE PRODUCTIVITE SE FERA SUR LE DOS DES AGENTS UNE FOIS DE PLUS ET DONC AU DÉTRIMENT DE LA QUALITÉ DES SOINS !!!!
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En savoir plus…
Hôpital public à l’agonie Par Sarah Kilani - médecin anesthésiste La ministre de la santé Marisol Touraine s’est empressée de commenter le bris de quelques vitres de l’hôpital Necker, tout en déclarant « apporter tout son soutien aux soignants ». Puis elle a appelé, au lendemain de la tuerie de Nice, ces mêmes soignants à se mobiliser alors qu’aucun d’eux n’avaient attendu son appel pour venir prêter main forte aux secours débordés. En revanche, lorsqu’un certain 13 novembre 2015, jour de grève nationale, les médecins ont suspendu leur mobilisation contre la loi dite « de modernisation du système de santé » afin d’apporter leur aide aux hôpitaux parisiens qui accueillaient les victimes des attentats, cette même ministre n’a eu aucun mot à ce propos : pis, elle a jugé bon de maintenir son projet de loi à l’Assemblée. Fin juin, à une semaine d’intervalle, à Toulouse et au Havre, deux infirmiers hospitaliers se sont donné la mort — dans les deux cas, suite à des restructurations de l’organisation du travail imposées par les conditions budgétaires dans lesquelles les hôpitaux évoluent actuellement, ce fut silence radio. Combien de temps encore allons-nous tolérer de voir le système de santé public être démantelé ? Juillet 2016. La mise en place des groupements hospitaliers de territoire a commencé : un pas de plus dans la destruction de l’hôpital public. Celleci est en marche depuis de nombreuses années déjà — les gouvernements successifs enchaînent les mesures de précarisation, conformément aux attendus néolibéraux : privatiser toutes les activités.
La cotisation sociale : une richesse qui échappe au contrôle capitaliste La part du PIB destinée au profit n’a cessé de croître, pour atteindre aujourd’hui 40 % (le reste étant réparti entre les salaires directs des travailleurs, le revenu des indépendants et la cotisation sociale — cette dernière finançant l’immense majorité du système de soin français, via l’assurance maladie). La pression constante afin de baisser la part des salaires dans la répartition de la valeur ajoutée, depuis l’avènement néolibéral, s’est accompagnée de mesures visant à s’accaparer la part socialisée du PIB (la cotisation), qui échappe totalement au contrôle capitaliste, et donc aux profits (exception faite de la part de la
cotisation sociale allouée au remboursement des médicaments vendus par les firmes pharmaceutiques et à l’achat de matériel médical auprès des multinationales — comme Bayer ou General Electric). Ces mesures ont pu exister grâce à une campagne d’endoctrinement, largement relayée par les médias, contre cette cotisation sociale et les services publics, notamment la santé. Les cotisations ont été rebaptisées « charges », le système de santé a été accusé de « coûter » et on ne présente plus le fameux « trou de la Sécu ». «Les cotisations ont été rebaptisées «charges», le système de santé a été accusé de « coûter », on ne présente plus le fameux « trou de la Sécu ». » Une fois la plus grande menace pour le capital écartée, en 1967, c’est-à-dire la gestion de la Sécurité sociale par les représentants des salariés élus, a pu commencer en 1979 le gel progressif du taux de cotisation patronale. Puis, au milieu des années 1990, celui du taux des cotisations salariales. La part de la valeur ajoutée affectée à la masse salariale (renommée « coût du travail ») a commencé à décroître, faisant perdre à la Sécurité sociale plusieurs centaines de milliards d’euros : ainsi, alors que les comptes de la Sécurité sociale étaient à l’équilibre de 1945 à 1995, les années suivantes ont vu l’apparition de la dette baptisée « trou de la Sécu »1. D’autres réformes se sont succédé : l’augmentation des durées de cotisation antérieures exigées ; la fiscalisation, avec la Contribution sociale généralisée, depuis Michel Rocard ; la mainmise de l’État, du côté de son administration, avec, notamment, le plan Juppé. Tout était désormais prêt pour la seconde étape, celle qui imposa aux acteurs du système de santé de « faire des économies ». Car alors même que ces acteurs produisent de la richesse, et donc du PIB au même titre que le boulanger ou l’ouvrier mécanicien, la propagande capitaliste s’attache à leur nier cette production de richesse en les accusant de « coûter ».
La T2A : la logique productiviste et concurrentielle pénètre dans les hôpitaux Alors que, de longue date, les hôpitaux publics étaient financés par une dotation globale forfaitaire (allouée à chaque établissement), la réforme de l’assurance maladie de 2004…
… a profondément bouleversé le fonctionnement des établissements de santé. La grande majorité de leur financement s’effectue désormais sur le principe de la tarification à l’activité (ou T2A) et dépend dès lors du nombre et de la nature des actes et des séjours réalisés. À chaque acte correspond un code, lequel donne droit à un remboursement de la part de l’assurance maladie. Alors que tous les risques observés au cours des expériences étrangères furent annoncés par les groupes de travail, cette réforme du financement des hôpitaux s’est poursuivie et s’est même accompagnée d’une dégradation importante de la qualité des soins — sans même parler des dérives majeures ayant trait à l’éthique médicale. Ce système pousse très fortement les hôpitaux à orienter leur politique vers une course aux actes lucratifs afin de leur permettre d’engranger de l’argent et de survivre. Les médecins sont incités à augmenter leur activité (notamment les chirurgiens et ceux qui ont une activité de consultation). Les dérives sont nombreuses et les patients opérés hors indications ne sont pas rares. Les activités peu lucratives et coûteuses pour les hôpitaux sont, de fait, délaissées. Certains médecins, afin de faire survivre leur service, sont amenés à dépasser très largement les limites acceptables de l’éthique — en mettant en place des soins inutiles ou en maintenant artificiellement certains patients en vie pour pouvoir coder ces actes ou débloquer les enveloppes allouées à ce type de soins. Dans semblable contexte, l’ambiance entre les soignants s’avère rudement mise à l’épreuve. Afin de « récupérer des parts de marché » dans l’offre de soin, les hôpitaux se placent en concurrence directe avec les cliniques pour les actes lucratifs (notamment chirurgicaux). La concurrence a parfois même lieu au sein de l’hôpital, où certains services s’arrachent les activités lucratives — comme la greffe d’organe ! Les chirurgiens sont incités à augmenter leur activité alors même qu’une pénurie majeure d’anesthésistes sévit actuellement en France. Les établissements de santé s’arrachent alors ces spécialistes indispensables à la réalisation des actes chirurgicaux, parfois payés à prix d’or pour continuer à assurer l’activité des blocs opératoires. Mais la T2A désavantage nettement l’hôpital public par rapport aux cliniques puisque le premier gère les pathologies lourdes, assure une activité de recherche et d’enseignement et, en tant que service public, ne peut sélectionner ses patients.
« Afin de « récupérer des parts de marché » dans l’offre de soin, les hôpitaux se placent en concurrence directe avec les cliniques pour les actes lucratifs. » La procédure de codage des actes médicaux est complexe. Il existe des milliers de maladies, avec des stades de gravité différents, des milliers d’actes associés et donc des milliers de codes. Afin d’optimiser au maximum ce codage, de nombreux hôpitaux ont désormais recours à des « cabinets d’optimisation » — comme Altao. Ce sont des entreprises privées qui assurent, publicités alléchantes à l’appui, un meilleur revenu aux hôpitaux pour vérifier si des actes n’ont pas été oubliés ou mal codés. Ce qui n’est pas sans poser problème. À Saint-Malo, le médecin-chef du Département d’information médicale (ou DIM, service notamment responsable du codage) s’est vu harceler puis mis au placard pour avoir refusé, en invoquant le secret médical, l’accès aux dossiers des patients à un cabinet de ce genre auquel la direction de l’hôpital avait fait appel. Ledit médecin a reçu le soutien de l’Ordre national des médecins et celui de la CNIL : ils confirment l’atteinte grave au secret médical. Mais rien n’y fait. La direction continue à fournir à Altao l’accès aux dossiers médicaux. Selon ce médecin, « c’est au total les données médicales nominatives de 120 000 séjours qui sont transmises à cette société d’optimisation. Elle a également pu consulter en toute illégalité et impunité près de 1500 dossiers de patients. Le directeur de l’hôpital commence alors une campagne de désinformation et d’ostracisation du DIM », qui, en plus de dénoncer la trahison du secret médical, met en évidence le sur-codage de la part de l’entreprise…. Lire la suite sur www.cgtchutoulouse.fr
Par Sarah Kilani 22 juillet 2016 Médecin anesthésiste réanimateur, publié dans Ballast
Suicides de nos collègues : refusons la banalisation du malaise des hospitaliers Suite au suicide d’un cardiologue de l’Hôpital Georges Pompidou en décembre 2015, parce que des médecins indignés se sont mobilisés, un plan de prévention et de traitement des conflits impliquant des médecins sera mis en place dès septembre 2016 à l'AP-HP (Hôpitaux de Paris, cf APM du 19/07/16). Ce plan permettra de prévenir les risques psycho-sociaux et d'identifier les personnes ressources susceptibles de mener des missions d'analyse, d'accompagnement ou de médiation. Le CHUT a connu 4 suicides d'agents hospitaliers en juin 2016 (1 IDE dans le service d'HTA à Rangueil, 1 AS en formation à l'IFSI, 1 IDE des urgences de Purpan et 1 auxiliaire puéricultrice de l'Hôpital des enfants), sans oublier une aide-soignante dans le plus grand silence il y a quelques mois à Rangueil et une IADE il y a un an. Nous avons également connaissance de tentatives de suicide non déclarées, en lien avec le travail. D'autres situations dramatiques nous échappent sans doute. Nous avons demandé au CHUT de revenir sur sa communication qui a annoncé ces drames comme n'importe quel décès, en vain. Cette violence que les agents s'infligent et qui nous revient en retour nous sidère, elle est soudaine, imprévisible. Comment la traiter ? La manière de se défendre de la culpabilité et du choc avec le réel consiste à vouloir oublier, à jeter un voile sur le drame. Comment sortir du silence dans lequel la souffrance qui nous submerge nous enferme et dans lequel l'administration nous maintient en minimisant la communication ? Comment trouver les mots qui pourraient apaiser nos maux ? Nous sommes tous concernés car la souffrance n'est pas l'apanage d'une catégorie de personnels. Nous sommes tous concernés car en laissant faire nous cautionnons des systèmes qui nous maltraitent.
Nous devons exiger des mesures de prévention des risques, un moratoire sur les restructurations pour que la mort de notre collègue ne reste pas juste un événement dramatique. Le rôle du CHSCT consiste en la protection des salariés, l'analyse des causes et la mise en place d'un plan de prévention des risques. Pour nous, représentants du personnel, c'est un NON SENS qu'un soignant ayant voué sa carrière à sauver des vies, se donne la mort dans une institution de soins. Comment en arrive-t-on là ? Devant la multiplicité des événements dramatiques dans un contexte d'austérité qui va perdurer (PLAN AVENIR, Groupement Hospitalier de Territoire en cours, remise en cause de nos droits et conditions de travail : OAT, temps partiels, CA, RTT, durée de travail, autorisation d'absence pour décès ou enfant malade, astreinte, forfait jours généralisé, mobilité, jour de carence ...), le CHSCT a demandé une expertise, pour qu'un tiers extérieur au CHUT nous éclaire sur le lien éventuel entre le travail et le suicide (même si un suicide peut avoir des causes multifactorielles, nos missions concernent uniquement ce lien-là). Nous demandons à la Direction Générale de s'associer pleinement à cette démarche pour protéger ses salariés et pour un service public de qualité. Le changement oui mais pas au détriment de la vie et de la santé des agents ou des usagers. Il n'est pas question que la maltraitance, à laquelle nous confrontent les restructurations insensées que nous infligent les logiques financières, continuent de culpabiliser les agents (avec ou non restrictions sur un poste aménagé) et de les renvoyer à leur solitude et à leur désarroi, ne trouvant alors pas d'autre issue que le suicide pour faire taire une souffrance devenue intolérable.
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