Cahiers du DSA d’architecte-urbaniste 2013 – 2014
Quand le risque dessine la ville
Emeline Brossard, Nizar Bouaynaya, Charles Gibault, Camille Lamellière
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NÉVIAN QUAND LE RISQUE DESSINE LA VILLE Emeline Brossard Nizar Bouaynaya Charles Gibault Camille Lamellière
Cahier du DSA architecte-urbaniste 2013 - 2014
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SOMMAIRE
Commande
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Introduction
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1. Un territoire périurbain vulnérable
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2. Le risque, acteur du projet
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2.1 Revitaliser le coeur
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2.2 S’insérer dans le faubourg
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2.3 Repenser les franges
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3. Une alternative à la menace
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Commande
Névian est une commune de première couronne narbonnaise, comptant 1350 habitants. Elle fait l’objet d’une commande formulée par la mairie en collaboration avec la direction départementale des territoires et de la mer de l’Aude (DDTM). Cette étude vient alimenter leur reflexion concernant l’élaboration de leur plan local d’urbanisme (PLU) pour remplacer le plan d’occupation des sols (POS). La commune redoute le phénomène d’urbanisation non maitrisée ainsi que l’essouflement de son centre, qui compte de plus en plus de bâtiments abandonnés. Paradoxalement, elle souhaite poursuivre son extension vers le sud avec la construction d’un lotissement de 7 hectares. Cela entre en contradiction avec le souhait de revitaliser le centre bourg tout en valorisant son patrimoine. L’envie de préserver l’identité villageoise est une attente implicite provenant d’un imaginaire collectif.
La direction départementale des territoires et de la mer de l’Aude souhaite, quant à elle, qu’une reflexion soit menée concernant l’habitat, l’arrivée de nouvelles populations et les risques liés à l’inondation. Cette reflexion s’inscrit dans une logique de maîstrise globale du département rural de l’Aude. Cette étude se situe à la convergence des intérêts de la ville et de la DDTM. En superposant les attentes exprimées par nos deux commanditaires à travers un projet qui s’appuie sur la principale vulnérabilité du territoire liée l’eau, nous renforçons la structure urbaine actuelle et l’équilibre de la commune.
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Introduction
Le concept de «ville émiéttée» (E.Charmes) met en exérgue les mutations opérées sur les territoires. Ils impliquent de nouvelles manières d’aménager mais surtout d’habiter, de se déplacer et de pratiquer l’espace. Les notions de ville, bourg, village ont éclaté pour laisser place à l’urbain généralisé. La majorité de la population utilise sa voiture pour aller travailler, pour faire ses courses dans les zones commerciales implantées en périphérie de ville, et le soir, rentrer dormir dans son pavillon. Ces modes de vies témoignent de la dispersion et de la sectorisation des activités sur le territoire, contraignant les habitants à organiser leur vie dans l’espace urbain. Cette pratique du territoire fortement développée, associée au processus d’éclatement des limites de la ville rendent flou le rapport entre urbain et rural. Le principe de périurbanisation est enclenché. La ville centre est renforcée par une dépendance grandissante des communes de second rang. Cellesci voient leur population augmenter ainsi que leurs tâches urbaines s’étendre. Cette attractivité est renforcée par le cadre de vie que leur écrin paysager offre, tout en bénéficiant des équipements, services
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Titre
et emplois qu’apportent la proximité de la ville. La commune de Névian est en situation périurbaine vis-à-vis de Narbonne. Les habitants entrent dans des logiques résidentielles dispersées puisque 80% de la population travaille hors de la commune. L’ensemble des questionnements avancés est lié à cette position et engendre des caractéristiques urbaines, des modes de vie et des populations qui ont transcendé le village comme dans une majorité de communes françaises périurbaines. Le coeur se vide car les habitations ne sont plus adaptées aux modes de vie actuels. L’attractivité réside dans la propriété individuelle «ma maison», «mon jardin», «ma parcelle» associée à la coupure mitoyenne et au foncier plus abordable. Les lotissements ont commencé à grignoter les terres viticoles, le phénomène de mitage touche Névian. Ce mode de développement par extension est un risque pour la commune qui va voir ses terres viticoles disparaître et les pavillons flirter avec les pinèdes. Ce qui fait l’attractivité du village, son paysage, risque de s’évanouir en mettant en place un développement peu soutenable et dévalorisant, notamment d’un point de vue foncier. S’éloigner du centre le fragiliserait d’autant plus et Névian pourrait devenir un véritable village dortoir, Partie
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socialement appauvri. L’individualisme, la voiture et le bitume s’emparent du village qui bascule dans l’urbain. La commune est ceinturée au nord par le PPRI (plan de prévention des risques) qui contraint son développement. Au sud, les eaux ruissellent depuis les piémonts des Corbières pour rejoindre les méandres de l’Orbieu au Nord, en infiltrant le village. Ces caractéristiques géographiques nous permettent de tirer parti de la vulnérabilité de ce territoire face à l’eau, et d’inverser la situation du risque comme une opportunité pour contenir l’étalement. Le traitement paysager du ruissellement à l’aide de bassins vient s’insérer dans la topographie aux abords de la ville. La gestion de l’eau se révèle comme un solide support de projet orientant d’avantage la ville vers une redensification dans la structure urbaine existante, d’autant plus qu’elle renferme un gisement foncier important. Cette stratégie est un moyen de renforcer les tissus existants et l’équilibre de la commune. Elle va permettre de revitaliser le coeur en y injectant des activités et une offre de logements locatifs tout en préservant le paysage environnant et la valeur foncière. Cette proposition se décline selon trois tissus distincts acueillant trois stratégies complémentaires: le coeur, la ceinture faubourienne et la couronne pavillonaire.
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Titre
Partie
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1 Un territoire pĂŠriurbain vulnĂŠrable
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Névian est une commune située dans le département de l’Aude entre Narbonne et Carcassonne. Ce territoire connaît depuis 40 ans une croissance démographique stable majoritairement liée à l’héliotropisme. Les différents milieux qui font l’attractivité de ce territoire sont le littoral atlantique, le massif des Corbières et la basse plaine viticole de l’Aude. En périphérie de Narbonne, Névian bénéficie de l’attractivité de l’agglomération en participant au réseau de villages de première couronne. En 2006 le Grand Narbonne, dont Nevian fait partie, s’est doté d’un SCOT qui oriente le développement à grande échelle. Le village est à la croisée de dynamiques Est/Ouest le long de la nationale 113 et Nord/Sud grâce à la future implantation de la gare LGV sur Montredon-des-Corbières. Globalement le territoire présente un déséquilibre foncier, le renouvellement urbain est inférieur à la construction. La pénurie foncière est aussi liée aux contraintes qui traversent les échelles de l’Aude et du village: au Nord le risque d’inondation, au Sud la topographie du massif des Corbières.
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Quand le risque dessine la ville
Pour envisager le développement futur de la commune une analyse historique est indispensable. Dans ce paysage de piémonts, le village s’est développé de manière concentrique, avec le centrebourg, le faubourg et le pavillonnaire. L’apparition de la voie ferrée au Sud coupe la partie Sud actuelle du village, et le pavillonnaire s’étend dans un tissu beaucoup plus lâche.
Un territoire périurbain vulnérable
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NÊvian dans l’Aude
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Quand le risque dessine la ville
trois géographies, trois milieux
Un territoire périurbain vulnérable
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NĂŠvian dans le grand Narbonne
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Quand le risque dessine la ville
un territoire contraint
Un territoire pĂŠriurbain vulnĂŠrable
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NĂŠvian
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aujourd’hui
Un territoire périurbain vulnérable
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Développement concentrique a : Ve siècle b : XIXe siècle c : 1860 d : 1970
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a
b
c
d Un territoire pĂŠriurbain vulnĂŠrable
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Limitée au Nord par le PPRI, la commune envisage une extension pavillonnaire principalement au Sud. Cependant le fait d’urbaniser entraîne une imperméabilisation des sols, ce qui favorise l’inondation liée au ruissellement présentant un risque pour l’habitat. Cette logique d’étalement contribue à l’appauvrissement du centre, et fragilise la relation au paysage, en rapprochant l’urbanisation de la guarrigue et des pinèdes. Elle entraine un risque supplémentaire, celui de la diminution de la valeur identitaire, économique, sociale et culturelle. Névian doit voir le risque lié aux contraintes comme une opportunité face à la menace de l’étalement. Un autre mode de développement est possible et souhaitable afin de préserver l’attraction du territoire courant à sa perte avec la méthode lotissement. Plutôt que d’étendre l’urbanisation, densifier les tissus existants identifiés précédemment présente une issue favorable. Cette optique de densification s’accompagnerait d’une intensification des caractéristiques urbaines du
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Quand le risque dessine la ville
village en revitalisant le centre qui s’essouffle aujourd’hui (activités, commerces, tourisme viticole, offre de logement diversifiée...), valorisant ainsi le patrimoine bâti et paysager. L’analyse des trois tissus: le cœur, le faubourien et la couronne pavillonnaire, soulève trois stratégies distinctes mais à mener en parallèle, afin d’avoir une approche globale et équilibrée du développement de Névian. Pour chacun de ces tissus on considère la valorisation et le travail réciproque de l’espace bâti et des espaces publics et paysagés.
Un territoire périurbain vulnérable
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Extension
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Densification
Un territoire pĂŠriurbain vulnĂŠrable
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2 Le risque, acteur du projet
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3 tissus
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3 stratĂŠgies
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21 Revitaliser le coeur
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Le coeur de Névian fait l’objet d’une première stratégie. Il présente une structure urbaine identitaire forte organisée autour d’un îlot central. Constitué de groupements de bâtiments, il bénéficie d’une densité importante mais vétuste et condensée posant problème aujourd’hui. Malgrè certaines qualités architecturales, certains bâtiments sont abandonnés et peu adaptés aux modes de vie actuels. A cela s’ajoute un espace public dégradé où la voiture règne et laisse peu de place aux piétons. La stratégie s’appuie sur cette structure urbaine afin de mettre en place un projet cohérent de mutation du bâti en relation avec l’espace public. Il permet d’implanter de nouvelles activités en rez-de-chaussée tout en diversifiant l’offre de logements. Un travail fin de repérage et d’aération est réalisé afin d’adapter les logements aux désirs des futurs acquéreurs tout en préservant l’ilot central et l’harmonie d’imbrication des volumes, caractéristique du centre de Névian. Le travail sur l’espace public appuie cette restructuration urbaine avec la mise en place d’une zone partagée autour du centre.
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Quand le risque dessine la ville
Cette réflexion sur le coeur est indispensable car il est un espace de vie. La commune bénéficie de la présence de petits commerces de proximité comme une boulangerie, une superette, une boucherie, une poste et un café organisés autour d’une placette. Il est important de conforter cette activité commerciale mais aussi associative qui fait de Névian une commune vivante et non pas un village dortoir.
Revitaliser le coeur
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Analyse du tissu
Densité résidentielle: 54 lgts/ha CES: 0.82 Surface parcellaire moyenne: 95 m²
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Revitaliser le coeur
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Quand le risque dessine la ville
Revitaliser le coeur
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Un patrimoine bâti à conserver
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Quand le risque dessine la ville
Revitaliser le coeur
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Tisser avec l’existant
Le centre fonctionne de manière réduite entre la place commerçante et la mairie. Il n’utilise pas le potentiel que lui offre sa forme urbaine particulière. La mairie mène une politique d’acquisition foncière dans le centre en vue de sa réactivation. La stratégie proposée s’appuie sur ce potentiel afin de renforcer l’activité sur l’ensemble du coeur. Sa revitalisation passe par l’activation des rez-de-chaussées avec l’implantation de nouveaux commerces, l’accueil de différentes activités liées au tourisme, ainsi qu’au milieu associatif.
plus petits, dédiés aux personnes âgées. Des procédures différentes sont proposées selon les formes urbaines et l’état du bati entre rénovation, réhabilitation, construction neuve et démolition. Cette contextualisation des actions sur le bâti permet de respecter le patrimoine architectural et urbain tout en favorisant l’habitabilité et la réactivation du coeur.
Le bâti dégradé est transformé afin de proposer des logements plus adaptés aux modes de vie actuels tout en instaurant une offre qui différe de la maison en lotissement pavillonnaire. Des logements locatifs ou en accession généreux accompagnés d’espaces extérieurs (terrasses, patios) sont proposés ainsi que des appartements
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Quand le risque dessine la ville
Concentration des commerces
Potentiel b창ti au coeur Revitaliser le coeur
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3 Ilots Construction / Réhabilitation
Papy loft
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Maison des associations
Rénovation / Réhabilitation
Relais Chateau
Pharmacie Logements
Quand le risque dessine la ville
3 Interventions DĂŠmolition
Poste Logements
Patio Logements
Revitaliser le coeur
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Rénovation / Réhabiliation
A
A’
Plan de situation
RDC
R+1
Coupe perspective AA’
50
Quand le risque dessine la ville
Le prÊsbytère / La poste
2 logement T3 T4
Revitaliser le coeur
2 logements T2 T5
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Rénovation / Réhabiliattion A’
A
Plan de situation
RDC
Coupe perspective AA’
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Quand le risque dessine la ville
Cave / Relais Chateaux
R+1
Revitaliser le coeur
R+2
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Construction / Réhabilitation
A
A’
Plan de situation
RDC
Coupe perspective AA’
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Papy loft / Maison des associations
R+1
Revitaliser le coeur
Maison des associations
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Structure mĂŠtallique
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Construire lĂŠger Revitaliser le coeur
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Démolition A’
A
Plan de situation
Maison de ville
Coupe perspective AA’
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Quand le risque dessine la ville
8 logements
Maison de ville et atelier
Revitaliser le coeur
2 logements T1 et 3 logements T4
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Structure bois
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Quand le risque dessine la ville
S’insérer dans l’existant Revitaliser le coeur
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Redonner la priorité au piéton
Dans le centre, les déplacements piétons sont aujourd’hui concentrés autour des commerces mais la priorité est largement donnée à la voiture. Cette constatation est renforcée par la materialité du sol où l’enrobé marque l’ensemble du centre. Le stationnement y est très prégnant et encombre l’espace. Afin d’appuyer la stratégie bâtie et programmatique, la priorité est redonnée au piéton en instaurant une zone partagée. Le sol remis à plat est marqué par la végétation et le système de récolte des eaux de pluie qui soulignent la forme urbaine particulière de l’ilot central. La distinction entre les flux est faite par la mise en œuvre de deux modules de pavé sur sol dur pour les voitures et sur sol mou pour les piétons. Cette nappe est ponctuée de placettes mettant en scéne les programmes d’importance comme les commerces, le chateau, la
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cave ou encore la mairie. L’installation de logements en rez-de-chaussée et d’espaces publics plus intimistes peut entrainer une appropriation de l’espace par les habitants. Le stationnement est réorganisé aux abords pour libérer le coeur. Le choix de reporter les places supplémentaires dans le faubourien à des distances marchables est fait afin de ne pas saturer le centre. Le projet d’espace public a pour ambition de redonner de l’espace aux piétons ainsi qu’aux habitants, insuflant une vie et un dynamisme dans le coeur.
Quand le risque dessine la ville
Revitaliser le coeur
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PrioritĂŠ Ă la voiture
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Quand le risque dessine la ville
Le règne de l’asphalt
Revitaliser le coeur
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La prioritĂŠ rendue au piĂŠton
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Quand le risque dessine la ville
ContinuitĂŠ et hiĂŠrarchisation des sols
Revitaliser le coeur
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Quand le risque dessine la ville
Revitaliser le coeur
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Le stationnement encombre l’espace public
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Quand le risque dessine la ville
Le rĂŠorganiser pour dĂŠgager le coeur
Revitaliser le coeur
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Quand le risque dessine la ville
Reporter le stationnement suplĂŠmentaire dans le faubourien
Revitaliser le coeur
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22 S’insÊrer dans la ceinture faubourienne
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Quand l’inondation dessine la ville
En poursuivant dans la globalité de l’étude, l’analyse sur le tissu de faubourg engage une stratégie complémentaire. En effet cette strate intermédiaire révèle particulièrement les écarts de densités présents dans l’ensemble de Névian. L’insertion urbaine est confrontée à des composantes telles que la dent creuse, les bâtisses délaissées des remises et granges diveres... Le tissu faubourien présente un developpement localisé le long des axes principaux. Il se constitue principalement d’un parcellaire en lanières. On retrouve le cas typique de la maison languedocienne comprenant un jardin dans la longueur orienté sur l’interieur. La continuité des façades juxtaposées les unes avec les autres délimite la rue et accentue les couloirs de circulation. Dans l’épaisseur du faubourg on constate de nombreuses discontinuités spatiales liées aux relâchements divers dans le tissu urbain, et aux problèmes de relations avec les équipements identitaires et culturels. Le fait de revitaliser les équipements parait indispensable, cela permet d’amorcer un rattachement du pavillonaire au reste du village.
S’insérer dans la ceinture faubourienne
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Analyse du tissu
Densité résidentielle: 30 lgts/ha CES: 0.56 Surface parcellaire moyenne: 320 m²
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Quand l’inondation dessine la ville
S’insÊrer dans la ceinture faubourienne
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Quand l’inondation dessine la ville
Investir le foncier disponible
C’est dans ce tissu que l’on retrouve une majorité de granges et de remises rattachées à une activité agricole ayant mutée. Celles-ci représentent donc une grande partie du bâti abandonné, suite à la diminution du nombre d’agriculteurs. Les nombreuses granges et remises faiblement utilisées voire délaissées, ainsi que les dents creuses repérées constituent de réels potentiels spatiaux. La reconversion de ces éléments spatieux dans le tissu intermédiaire du village pose une réelle question. Ces bâtisses peuvent accueillir des gîtes d’accueil pour les touristes, sans pour autant rompre avec certains usages liés à l’activité de l’agriculteur. Il s’agirait d’optimiser l’espace avec une diversification des activités.
certaine densité du bâti (pour du logement social notamment) bénéfiçiant d’une cours intérieure permettant d’y glisser un Parking et de désengorger les rues.
Dans ce parcellaire spécifique on peut tirer profit de la profondeur de la parcelle. Cet espace étiré en longueur offre la possibilité d’immisser une
S’insérer dans la ceinture faubourienne
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Quand l’inondation dessine la ville
S’insÊrer dans la ceinture faubourienne
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Remises et bâti abandonné
Potentiel bâti
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6535 m²
Quand l’inondation dessine la ville
S’insÊrer dans la ceinture faubourienne
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Dents creuses et parcelles à densifier
Potentiel bâti
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7660 m²
Quand l’inondation dessine la ville
S’insÊrer dans la ceinture faubourienne
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Connecter les équipements
Dans cette couronne faubourienne on trouve de vastes équipements un peu à l’écart tels que l’école et la cave viticole, contribuant au relâchement et au déséquilibre des densités de ce tissu intermédiaire. La cave viticole intercommunale présente un vaste espace en friche frontal à l’une des principales portes d’entrées dans la ville depuis l’avenue Villedaigne. Doté d’un parking d’une trentaine de places isolées dans ce vide urbain, cet espace est actuellement en attente de projet.
L’idée dans ce périmètre est de renforcer le rattachement aux équipements en profitant des chemins ruisseaux, associés aux déplacements de la vie quotidienne. Le fait de redynamiser les équipements parait indispensable car cela permet d’amorcer un rattachement du pavillonaire au reste du village.
Des chemins ruisseaux s’infiltrent au travers de ce tissu et viennent s’accrocher à l’activité du pôle culturel. Ils témoignent du caractère de la ville, de son insertion géographique entre les ruissellements depuis les piémonts vers l’Orbieu. Ces cheminements demeurent ignorés et dévalorisés, alors qu’ils sont source de projet par leur double usage (eau / piéton).
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Quand l’inondation dessine la ville
Les chemins ruisseaux ignorés
S’insérer dans la ceinture faubourienne
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Quand l’inondation dessine la ville
S’insÊrer dans la ceinture faubourienne
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Quand l’inondation dessine la ville
Valoriser les équipement et se déplacer au quotidien
S’insérer dans la ceinture faubourienne
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Le parc urbain
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Quand l’inondation dessine la ville
Tisser avec les différentes entités du contexte
S’insérer dans la ceinture faubourienne
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Quand le risque dessine la ville
Le parvis de la cave viticole se rattache par la badotte à la logique topographique des 3 buttes de Névian. Pour l’aménagement de cet espace il s’agit de prendre en considération l’histoire de la badotte et l’ampleur de l’impact des silos hauts d’une quinzaine de mètres tout en intégrant un parking de trente places déjà présent. Un travail de continuité végétale qui s’infiltre sur l’équipement du parking fusionne avec les activités de détente (pétanque, jeux divers) pour les habitants, tout en permettant l’accueil de l’évènementiel intercommunal (cirque, forrain...). Cette intervention amplifie l’effet de mirador sur la badotte et concurrence l’impact des silos par le déploiement d’un vélum arboré. On retrouve une palette végétale locale appropriée aux colines des pinèdes avoisinnantes et à la guarrigue.
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23 Repenser les franges
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Une dernière stratégie est menée et pensée simultanément sur la couronne pavillonnaire et le territoire alentour. L’un et l’autre doivent se répondre afin de reconnecter Névian avec son paysage environnant. La couronne pavillonnaire présente un tissu lâche, peu dense, constitué de grandes parcelles. Les quartiers ont pour caractéristique forte d’être déconnectés les uns des autres mais aussi vis-à-vis du territoire et du paysage qui les entourent. Les murs de parpaings hauts autour des propriétés témoignent de cette scission et d’un individualisme exacérbé. Cette stratégie se base sur les risques liés à l’eau que ce soit l’inondation au nord ou le ruissellement au sud. La reconnexion de Névian avec son territoire s’appuie sur cette caractéristique pour retravailler les franges et les liens entre terres viticoles et lotissments. Le traitement de cette dernière couronne est essentiel puisque il met en place une stratégie déterminante pour Névian et sa densification. Elle
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Quand l’inondation dessine la ville
permet de préserver ce qui fait les qualités de la commune, sa valeur et son attractivité : le paysage de terres viticoles et de pinèdes ainsi que la vitalité du cœur.
Repenser les franges
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Analyse du tissu
Densité résidentielle: 7.4 lgts/ha CES: 0.11 Surface parcellaire moyenne: 1200 m²
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Quand l’inondation dessine la ville
Repenser les franges
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Quand l’inondation dessine la ville
Repenser les franges
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Faire face à l’inondation
Les limites du tissu pavillonaire sont établies par le risque d’inondation au nord et le ruissellement au sud. Comme vu précédemment, cette contrainte peut être vue comme une opportunité de densification. Le PPRI encercle la ville, et de nombreuses habitations pavillonaires sont touchées par l’inondation. Le risque existant est tel que nous avons identifié ces maisons ainsi que les équipements d’un seul niveau comme des constructions à risque. Il semble important de montrer comment une construction peut muter afin de mettre en place un espace «refuge» de sureté à l’étage.
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Quand l’inondation dessine la ville
Le risque vĂŠcu nĂŠgativement
Repenser les franges
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Les bâtiments vulnérables au risque d’inondation
72 maisons ainsi que le centre culturel présentent un risque
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Quand l’inondation dessine la ville
Repenser les franges
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Detourner le ruissellement
Au sud, le ruissellement est torrentiel en cas de forte pluie, se caractérisant par le débordement des chemins ruisseaux qui ne sont pas suffisamment dimensionnés pour drainer le volument maximal des eaux de ruissellement. C’est la raison pour laquelle des bassins de rétentions sont inserés dans la topographie. Ils suivent les talwegs et s’inscrivent dans la paysage. Ces ouvrages permettent de gérer le risque tout en contenant l’étalement urbain.
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Quand l’inondation dessine la ville
Construire le paysage pour réduire le risque et prévenir l’étalement
Repenser les franges
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Construire la limite
Le projet propose de densifier le tissu pavillonnaire suite à un relevé des parcelles disponibles. Un «tour du village» est aménagé afin de reconnecter les différents quartiers pavillonnaires. Cette accroche permet de relier le bâti aux territoires viticoles alentours, vecteurs d’activité et de qualité pour la commune. Ici, il est question de regarder le paysage depuis le village et inversement, regarder le village depuis le chemin des vignes, en lisière des pinèdes.
piétons s’infiltrent dans le quartier et multiplient les porosités. Ce choix de proposer des quartiers plus denses permet de faire des économies puisque ce projet nécessite l’acquisition de moins de terrains, il y a économie de voiries ainsi que de réseaux. De même en ce qui concerne la qualité de vie ; les terrains privés sont plus petits mais des jardins familiaux sont proposés afin de favoriser les échanges et la vie de quartier. Cette idée s’accompagne de la diversification de l’offre de logement qui va permettre une mixité Ce concept passe aussi par un sociale et générationnelle. traitement des franges à échelle plus fine. Le travail sur l’extension sud est Cette proposition de quartier mixte et un moyen de montrer comment il est plus petit, passant de 6 hectares à 1,5 possible de lier un nouveau quartier à hectares permet de préserver les terres son territoire. Une frange épaisse est viticoles mais aussi de limiter l’offre proposée entre village et paysage et se de logements en extension. Cette compose de maisons, cheminements stratégie est un moyen de valoriser les piéton et bassin, qui enrichissent cette reconversions et logements proposés transition. Au Nord l’extension en coeur de village. Cette étude s’accroche au tissu existant par une favorise un équilibre de la commune. voie de desserte et au sud, les chemins 118
Quand l’inondation dessine la ville
Potentiel bâti
Repenser les franges
28835 m²
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Reconnecter les tissus
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Quand l’inondation dessine la ville
Repenser les franges
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Infiltrations urbaines et paysagères
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Quand l’inondation dessine la ville
Offrir une diversitĂŠ de logements
Repenser les franges
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3 Une alternative Ă la menace
Partie
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REMERCIEMENTS Nous remercions l’équipe municipale, Mme la maire Magali Vergne, et son mari Philippe, Serge Sarrato secrétaire général, Pierre Prouvèze et Geneviève Olive, habitants de Névian, Fabrice PAYA Chef du service Habitat et Bâtiments durables DDTM, Andréas Christo-Foroux, Architecte Conseil de l’Etat-DDTM, Philippe Simon, ancien Architecte Conseil, Et l’équipe enseignante, Frederic Bonnet, architecte-urbaniste Christophe Delmar, paysagiste Eric Alonzo, architecte-urbaniste Julien Martin, graphiste, Paul Landauer, historien, architecte-urbaniste Stephane Füzessery, historien, architecteurbanisted’approfondissement (DSA) d’architecteurbaniste
Quand le risque dessine la ville Emeline Brossard, Nizar Bouaynaya, Charles Gibault, Camille Lamellière Cette étude a été menée d’octobre 2013 à février 2014 dans la cadre de l’atelier de projet urbain et territorial du DSA d’architecte-urbaniste encadré par Frédéric Bonnet, Christophe Delmar et Éric Alonzo. La rédaction du présent cahier a été accompagnée par Paul Landauer et Stéphane Füzessery Diplôme de spécialisation et d’approfondissement (DSA) d’architecte-urbaniste Direction Fréderic Bonnet, architecte-urbaniste et professeur à l’EAVT, Éric Alonzo, architecte-urbaniste, enseignant et chercheur à l’EAVT Coordination administrative Sylvie Faye École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée (EAVT) 12 avenue Blaise Pascal, Champs-sur-Marne, 77447 Marne-la-Vallée Cedex 2 Alain Derey, directeur Amina Sellali, directrice des formations de la pédagogie et de la recherche
Quand le risque dessine la ville Conditionnée par sa relation au grand Narbonne, la commune viticole de Névian redoute le phénomène d’étalement péri-urbain non maitrisé. Depuis les piémonts des Corbières jusqu’aux méandres de l’Orbieu, les eaux de ruissellement traversent la commune lui insufflant les traits d’un caractère unique. Une majeure partie du développement urbain de la commune est touchée par les conditions d’inondabilité. La stratégie vise à inverser la contrainte de l’eau comme une opportunité de densification face à l’étalement contribuant à l’appauvrissement du centre ancien. Le défi s’inscrit dans l’élaboration de propositions urbaines et architecturales variées s’insérant dans trois tissus bien distincts: coeur historique, ceinture faubourienne et pavillonnaire, pour absorber la croissance à venir. Revitaliser l’intérieur du village et dompter la circulation de l’eau aux abords de la ville préserve le cadre de vie et soutient la valeur foncière et contient l’étalement. Diplôme de spécialisation et d’approfondissement d’architecte-urbaniste Au sein de l’École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée, le diplôme de spécialisation et d’approfondissement (DSA) d’architecteurbaniste forme chaque année une vingtaine d’architectes et de paysagistes déjà diplômés au projet urbain et territorial. La majeure partie de ce post-diplôme est dédiée à la réalisation d’études à caractère prospectif commanditées par des collectivités territoriales, des institutions publiques ou d’organismes privés. Au-delà des réponses particulières à des problématiques urbaines spécifiques, ces travaux contribuent bien souvent à faire émerger de nouveaux questionnements et d’expérimenter de nouvelles approches dont la portée peut être plus générale. Ces cahiers sont ainsi destinés à faire partager le résultat de ces recherches auprès du monde universitaire et professionnel et plus largement auprès de tout ceux qui s’intéressent aux questions que posent aujourd’hui l’architecture, la ville et les territoires.