Revue FOI - 33 - Merci Thaïs

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I FO Revue trimestrielle FOI N°33 - Juin - Juillet - Août 2012 - 5€

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VIE Sommaire

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Editorial du Père Laurent FABRE Dossier

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“ Merci Thaïs ”

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Œcuménisme

14 • Les Coptes : une autre voix de l’Egypte 16 • Histoire de l’Eglise : Yves Congar et Vatican II 18 • Prière

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Formation Chrétienne

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Jeunes

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Vie de la Communauté

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Jeune Talent

20 • Bible : De la seconde épître à Timothée 22 • Spiritualité : Le Père Jean Joseph Lataste, op 24 • Education : Une aventure humaine et spirituelle

26 • Evangélisation : « Dieu t’aime ! » 28 • Témoignages

30 • Liverpool : Une semaine sainte œcuménique 32 • Les vingt ans de la Communion 34 • Nouvelles

35 • Samuel Richardson

La revue FOI (Fraternité Œcuménique Internationale) est publiée par la Communauté du Chemin Neuf-10 rue Henri IV-69287 Lyon cedex 02 Directeur de la publication : P. Laurent Fabre Directeur délégué : Jean-Charles Paté, Rédactrice en chef : Pascale Paté, Comité de rédaction : Franck Démaret, Blandine Lagrut, P. François Lestang, Véronique Pilet, Adam Strojny, Marion Tissot Création graphique : Annick Vermot (06 98 61 98 76), Crédit photos : Couv. : Fotolia - Jeffrey Sinnock / Dossier : CCN / Autres photos : Mariana Dorai / Archives CIRIC / Fotolia : angelo.gi, Andres Rodriguez, kasiap, herreneck, Eisenhans, Carinemahy, chattange, Zatlletic, WavebreakmediaMicro, BlueOrange Studio - Abonnement : Marie-Thérèse Subtil, Nicole Zébrowski, Gestion-Administration : AME, Réalisation : Sandrine Laroche, Impression : IML - 69850, St Martin en Haut - Tirage sur papier issu de forêts gérées durablement, certifié PEFC, Dépôt légal : décembre 2010, CPPAP : 0310 G 83338, ISSN : 1770-5436

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Editorial

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e même jour, ce mercredi 9 mai 2012, ces deux très beaux messages, si complémentaires et pourtant si différents, arrivés en même temps : les SMS d’Arnaud et la très belle et profonde vidéo du réseau Net for God « Merci Thaïs », petite fille atteinte d’une maladie dégénérative incurable, la leucodystrophie métachromatique. Deux magnifiques témoignages sur la force et le rayonnement de l’amour conjugal et communautaire.

Le Père Laurent FaBRE Fondateur et responsable de la Communauté du Chemin Neuf

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Chaque mois, une vidéo est réalisée, traduite et envoyée dans plus de 72 pays à travers le monde. Un réseau de prière est créé, c’est la Fraternité Œcuménique Internationale NET FOR GOD.

Message (SMS) d’Arnaud* le mardi 8 : « Salut Laurent, on se confie à votre intercession pour cette soirée de prière pour la guérison à Grenoble. De notre côté, on a prié, jeûné et on s’est confessé. Le groupe de prière de Grenoble a été conduit tout au long de cette préparation et on a vraiment l’impression que le Seigneur nous précède… Alléluia (Stephan, Arnaud & Co) ». Le lendemain mercredi 9 (SMS) : « C’était très beau… on était plus de 500 personnes (le groupe de Grenoble avait super bien tracté dans les quartiers etc.). 130 frères et des personnes des groupes de prière. Il y a eu plus de 40 guérisons (guérisons de la vue, un enfant bègue, genoux, jambes, dos, etc.). Beaucoup de paroles de connaissance pour des guérisons physiques ou intérieures. Au moins 80 personnes qui ont fait un pas vers Jésus… C’est vrai qu’on aurait bien aimé voir des personnes en fauteuil se lever… Jésus est vivant !!! ». Ce même jour, j’ai les larmes aux yeux en regardant, entre deux accompagnements de la Grande Retraite des 30 jours selon Saint Ignace, ce film d’une demi-heure que je vous recommande très vivement. Force de l’amour maternel, force de l’amour paternel, efficacité d’une communauté « unie » au service de la santé des corps et des âmes. Réunissant en une même parole ces deux expériences d’amour et de foi, Frédérick * avait bien raison de nous dire dans l’Eglise des Charpennes à Lyon, le mardi 6 mars : « Certains ont triomphé de la maladie par la foi, et certains ont supporté, enduré, la maladie par la foi. Ce qui est écrit est important : « C’est par la foi ». Que vous soyez guéris ou que vous soyez encore malades, ce soir, vous êtes en train de vaincre pour le Royaume, par la foi. » 1

Père Laurent Fabre.

* Fr. Arnaud Bonnassies et Frédérick Mansot font partie du groupe d’animation des soirées de louange et de prière pour la guérison des malades. 1 - à partir de Hébreux 11, 33 et suivants

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Merci

Thaïs « Thaïs, plus elle perd ses capacités, plus son âme d’enfant se développe et plus on a envie de l’aimer. » Anne-Dauphine

« C’est vrai qu’à la fin de sa vie, on avait le sentiment qu’elle n’était plus qu’un diffuseur de Dieu. »

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Loïc

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dossier

Témoignage : Anne-Dauphine Julliand et son mari Loïc

Deux petits pas sur le sable mouillé écrit par Anne-Dauphine Julliand est l’histoire bouleversante d’un couple confronté à la maladie de ses enfants, particulièrement de la petite Thaïs. Témoignage d’une mère, mais aussi d’un couple, d’une famille et de tout un réseau d’amis qui ont traversé cette épreuve. Une histoire qui peut rejoindre de nombreuses situations familiales.

L’équipe Net for God a rencontré Anne-Dauphine Julliand et son mari Loïc. Dans ce film, ils donnent leur témoignage, magnifique et grave en même temps. Ils racontent la vie de leur petite fille Thaïs, et montrent par leur récit combien ils ont reçu d’elle, en se mettant à l’écoute de son cœur et de son âme. L’histoire commence sur une plage lorsque Anne-Dauphine et Loïc remarquent que leur fille marche d’un pied hésitant sur le sable. Le jour des deux ans de Thaïs, ils apprennent qu’elle est atteinte d’une maladie génétique orpheline. Ils lui font alors la promesse de l’aimer jusqu’au bout.

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Anne-Dauphine Julliand et son mari Loïc

Merci Thaïs “ Il faut ajouter de la vie aux jours quand on ne peut plus ajouter de jours à la vie ”

Professeur Bernard

« Si tu savais… » Cette phrase vient se graver au plus profond de moi. Je ne l’oublierai jamais. Et surtout, jamais je n’oublierai la manière dont je l’ai ressentie : elle portait la souffrance et le calme confiant de qui sait, de qui sait tout. Elle résumait à elle seule l’épreuve qui allait imprimer notre quotidien quelques mois plus tard. A tout jamais. (Extrait du livre) NFG : En 2005, à Paris, Anne-Dauphine et Loïc sont comblés d’un bonheur presque idyllique. Après leur fils Gaspard qui aura bientôt quatre ans, et leur fille Thaïs, deux ans, ils attendent un troisième bébé pour la mi-juillet. Leurs vies professionnelles les épanouissent, et ils s’aiment profondément. La vie leur sourit… sauf que depuis cet été sur la plage, un petit grain de sable vient entraver cette quête du bonheur parfait : en regardant les traces des petits pieds de Thaïs sur le sable mouillé, ils ont constaté qu’elle marche d’une manière spéciale : son pouce s’évertue à tourner vers l’extérieur.

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dossier « Ce n’était pas un petit grain de sable qui allait contrarier notre bonheur, mais un véritable tsunami qui débarquait dans notre vie. »

Anne-Dauphine : En rentrant chez nous à Paris, on a consulté un médecin qui nous a dit qu’il n’y avait rien, donc on en a consulté un autre. Loïc et moi, nous nous sommes retrouvés quelques mois plus tard, exactement le jour des deux ans de Thaïs, chez un neurologue dans un grand hôpital à Paris. Il nous a annoncé que ce n’était pas un petit grain de sable qui allait contrarier notre bonheur mais un véritable tsunami qui débarquait dans notre vie à ce moment là : notre petite fille, parfaite jusque là, était atteinte d’une maladie génétique orpheline dégénérative, et il lui restait peu de temps à vivre, quelques mois ou quelques courtes années. NFG : La leucodystrophie métachromatique : tel est le nom de cette maladie génétique orpheline. Anne-Dauphine et Loïc sont tous les deux porteurs sains d’une anomalie génétique. Ils ont transmis le gène défectueux à Thaïs. Cette maladie détruit progressivement tout le système nerveux, en commençant par les fonctions motrices, jusqu’à toucher une fonction vitale. Aucun espoir de guérison pour Thaïs. Et le futur bébé a un risque sur quatre

d’être atteint lui aussi. Thaïs, à peine âgée de deux ans, ne pourra bientôt plus marcher, parler, voir, entendre, ni même bouger. Que lui restera-t-il ? Dans son livre Deux petits pas sur le sable mouillé, Anne-Dauphine raconte : Nous avons partagé la nouvelle avec Gaspard et Thaïs. La nuit a été difficile. On ne voudrait jamais se réveiller. Dormir toujours pour éviter d’affronter la vérité. Quelle tentation ! Au milieu de ce chaos, un moment de grâce ouvre une fenêtre et laisse entrer la lumière : Thaïs souffle ses deux bougies et ouvre en riant ses cadeaux. Nous sommes le 1er mars 2006. Nous avons réalisé à ce moment-là, que les enfants ont cette belle spontanéité de vivre l’instant présent. Passées les larmes, c’était en effet le jour de l’anniversaire de Thaïs et il n’y avait objectivement aucune raison pour qu’on ne fête pas son anniversaire. Je crois qu’on n’a jamais fêté un anniversaire comme cela. On en a fait un peu trop, on a chanté trop fort, on avait des larmes à cacher. Et surtout, on a osé être heureux. C’était la première fois qu’on osait être heureux au milieu d’un drame, et je crois que ça a imprimé quelque chose en nous. Oui, on a le droit d’être heureux même si on est éprouvé.

Loïc : Instinctivement, et en prenant exemple sur nos enfants, on s’est mis un peu dans cet état d’esprit de vivre minute après minute, jour après jour, dans l’instant présent. A partir de ce moment-là, j’ai un peu arrêté de me projeter dans l’avenir, je me disais : « Il faut se concentrer sur le “tout de suite-maintenant” sinon on ne va pas y arriver ». Le combat reprend chaque matin au réveil. Pour ne pas sombrer, nous nous accrochons aux gestes simples du quotidien comme à une bouée de sauvetage. Thaïs reste la même petite fille, charmeuse, chahuteuse, espiègle. Très volontaire. En quelques jours, nous constatons des signes évidents de sa maladie. Ses mains tremblent, elle a du mal à reboucher un feutre ou à lever sa cuillère. Quelques semaines après l’annonce, presque sans s’en rendre compte, nous franchissons une étape déterminante : nous avons rendezvous avec un professeur spécialisé dans les leucodystrophies. Nous voulons en savoir plus sur la maladie : quels sont les paliers de dégradation, comment la mort survient ? Quand on sait, on a moins peur. Thaïs nous accompagne. (Extrait du livre)

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NFG : Mais il est impossible de répondre à toutes les interrogations. La médecine ignore encore bien des choses dans ce domaine : la maladie est trop rare. Elle ne touche qu’un enfant sur plusieurs dizaines de milliers. Anne-Dauphine : Là, je crois qu’on prend conscience tous les deux, face à notre petite fille qui était là devant nous, qu’il n’y a rien à faire pour la guérir, mais plutôt des choses à faire dans sa vie. On ne se sentait pas dans l’impuissance pour « rajouter de la vie à ses jours ». C’est une expression du professeur Bernard, qui a initié les soins palliatifs en France, et qui a dit : « Quand on ne peut plus ajouter de jours à la vie, on peut toujours ajouter de la vie aux jours ». A ce moment-là, on a dit à Thaïs qu’on allait tout faire pour qu’elle ait une belle vie. Elle a entendu ce qui allait se passer. On lui expliqué que ce qui lui arrivait ce n’était pas ce qui se passe dans la vie des autres petites filles, mais que c’était sa vie à elle et on lui a promis qu’on ferait tout pour que sa vie soit belle, et surtout qu’elle ne manquerait jamais d’amour. NFG : Anne-Dauphine et Loïc travaillent tous les deux à Paris. Le quotidien avec la maladie de Thaïs devient vite effréné. Un véritable parcours du combattant entre l’école de Gaspard, la nounou de Thaïs et les séances de rééducation. C’est alors qu’un réseau de bonnes volontés, familiales ou amicales se tisse autour de la famille et permet que la vie s’organise. Cependant, la maladie évolue brutalement. Désormais, Thaïs ne marche plus. Plus du tout. Mais le pire ne se voit pas, il se vit douloureusement : la maladie plonge Thaïs dans des douleurs neuropathiques, qualifiées d’inhumaines ! Le seul remède pour l’apaiser, est une liste impressionnante de médicaments. (Extrait du livre)

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« Quand on ne peut plus ajouter de jours à la vie, on peut toujours ajouter de la vie aux jours »

Professeur Bernard

Anne-Dauphine : Nous n’avions pas compris que Thaïs allait souffrir. On ne le savait pas au début, puis elle a commencé à avoir mal. Un jour, j’étais à côté de Thaïs et elle avait mal, elle criait très fort; donc je lui ai donné ses médicaments, et en attendant que les médicaments fassent effet, je suis restée à côté d’elle impuissante, à la regarder souffrir et à souffrir de la voir ainsi.

je me suis demandé ce que j’avais dit. Elle était toute rouge, toute congestionnée, elle retenait ce cri, et à ce moment-là j’ai compris qu’elle me disait : « Moi, ça va, je gère. Oui j’ai mal, mais tout à l’heure je n’aurai plus mal. Maman, si ça te fait trop souffrir, je ne vais pas te le montrer, je vais te protéger ». Alors j’ai réalisé qu’un enfant n’a pas à protéger ses parents.

Comme souvent, il y a un moment où on n’en peut plus, les tympans se vrillent, le cœur se retourne, et dans ce cas-là, je n’ai qu’une envie, c’est que ça s’arrête. Honnêtement je demandai que sa vie s’arrête à ce moment-là parce que c’était intenable.

Je me suis rappelée qu’on n’est pas impuissant face à la souffrance. On a toujours une capacité, celle d’aimer. Je pense que nos enfants, ils n’attendent que cela quand ils ont mal, qu’on les serre dans nos bras et qu’on leur dise qu’on les aime.

Alors je lui ai dit : « Thaïs, si tu n’en peux plus, tu as le droit de demander que ça s’arrête, de dire que tu ne veux plus vivre. ». Et ma petite Thaïs, elle s’est tue, elle a arrêté de crier. Alors

Face aux douleurs inhumaines de Thaïs, je crois que nous avons fait preuve d’un amour inhumain. Et grâce à Thaïs, j’ai réalisé qu’il y avait un remède face à la souffrance,


dossier c’était l’amour. La meilleure façon de transformer la souffrance, c’est d’aimer, d’aimer toujours plus. Thaïs n’a jamais autant dit « Je t’aime », avant de perdre la parole. Un matin, elle s’est tue définitivement. Son silence nous intimidait et nous faisait souffrir. Comment allions-nous faire pour communiquer ? J’avais envie de crier pour elle. Mais Thaïs nous regardait silencieusement, et son silence semblait nous dire : « Faites-moi confiance. » (Extrait du livre) Loïc : Quand on la voyait évoluer dans sa maladie, ce qui était surprenant, c’est qu’elle vivait cela avec beaucoup de naturel. Ça paraissait si évident pour elle, alors que nous, à chaque étape, on avait une appréhension, une peur. Il suffisait de voir la façon dont elle vivait, pour se dire « Voilà c’est normal, c’est naturel pour elle ». Elle nous a beaucoup aidés à accepter la réalité et à avancer avec elle. C’était vraiment incroyable de voir cela.

elle vivait ça très naturellement. On a compris que Thaïs ne faisait pas que subir sa maladie de façon passive. Sa manière d’être nous a fait rentrer dans une autre dimension : Thaïs a consenti à sa vie. Je crois qu’elle avait confiance et qu’elle avait aussi confiance en nous, et elle nous a invités à lui faire confiance dans cette perte de communication. Loïc : Je pense que la perte de ses sens de communication classiques, ça nous a amenés à aller plus loin dans la relation. Parfois, quand on peut voir, entendre, parler, on ne va pas au-

delà ; alors que là, on a été obligé d’aller plus loin si on voulait garder ce contact avec elle, et ainsi parler de cœur à cœur, d’âme à âme, sans nos sens habituels. Anne-Dauphine : Elle a réussi quelque chose d’insensé : c’est de nous faire oublier tout ce qu’on savait pour communiquer. On a dû tout oublier pour s’adapter à elle. Ça a été des moments d’amour incroyables quand on s’approchait d’elle ainsi. On oublie ce que l’on sait, on ne s’attend pas à entendre des mots, on cherche une respiration, un battement de cils, on cherche sa

Anne-Dauphine : Un jour, elle a perdu la vue, et c’était une de mes grandes craintes parce que je me disais : « Mais si moi je perdais la vue, ce serait un cauchemar ; comment fait-on pour évoluer quand on ne voit plus ? » Et on a constaté avec grand étonnement que Thaïs,

Agnès Chevereau : Une véritable leçon d’amour « J’ai eu l’occasion de lire “Deux petits pas sur le sable mouillé”. Ce récit de vie nous emmène dans l’histoire d’une famille et des évènements qu’elle traverse, des choix qu’elle pose, des moments qu’elle partage – heureux et douloureux. Quatre images me marquent tout particulièrement. Tout d’abord, celle de cette maman rayonnante ! Malgré les évènements, complexes et douloureux, elle qui aurait pu prendre le rôle de l’infirmière (vouloir soigner à tout prix), de la tutrice (porter la charge), de l’avocat (défendre les droits)… elle reste dans sa mission, sa vocation de maman avant tout : présente, aimante, douce, forte et fragile à la fois, prenant soin de chacun de ses enfants. L’autre image forte est celle d’une famille soudée ! Malgré la tourmente, les risques à prendre, les décisions complexes à poser, l’unité de la famille se ressent et devient un appui central dans l’épreuve. Dans le couple, avec leur premier fils, avec les grand-parents, on devine cette complicité pré-existante que la difficulté du quotidien vient renforcer, sans que les incompréhensions ne soient tues pour autant. Mais surtout, par ce témoignage, Anne-Dauphine offre une véritable leçon d’amour. Il serait plus juste de dire qu’elle partage cette « leçon » après l’avoir elle-même reçue ! Elle a su se laisser surprendre et déplacer, et laisser ses enfants, si jeunes, si fragiles, lui apprendre à aimer. Cela donne envie de s’émerveiller devant cette famille où le souffle de vie demeure en chacun, et y est reconnu ; où la vie est plus forte ; où c’est un chemin de vie qui est choisi. Enfin cette phrase, souvent dite et redite : “Il faut ajouter de la vie aux jours, losqu’on ne peux plus ajouter des jours à la vie.” »

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façon de s’exprimer. On cherche un peu l’âme de cette petite fille, comment elle va percer au travers de ces difficultés. Je me rappelle un jour, elle était sur son lit, et elle a soupiré d’une certaine façon ; alors je lui ai dit : « Oui, moi aussi, je t’aime. » Pour moi, c’était incontestable : ce soupir était un « je t’aime ». C’était vraiment une communication de l’amour. Mais ça demande de l’humilité de s’approcher vers une petite fille comme Thaïs.

Anne-Dauphine : Quand on a su qu’Azylis était malade, moi ma plus grande souffrance, c’était de voir que Loïc n’avait pas réagi. Il était vraiment comme un automate, il ne disait pas un mot. Alors que moi je pleurais, je manifestais beaucoup ma peine. Et ce qui m’a fait le plus peur, ce jour-là, c’était de me dire : « On va se séparer. On n’avance plus ensemble : il ne réagit pas, c’est trop pour lui. »

Loïc : On a réalisé que la souffrance était en train de nous arracher l’un à l’autre, et qu’on avait besoin de se rejoindre dans la souffrance, de se consoler mutuellement, et du coup, qu’on puisse chacun exprimer sa souffrance : « Voilà ce que je vis, voilà comment je souffre. » Et donc de pouvoir dire : « Je compatis, je pleure et souffre avec toi. Et toi, dis-moi comment tu souffres ? »

Je crois qu’on a inversé les rôles : ce n’est pas nous qui lui avons appris à parler, qui lui avons appris à voir, c’est elle qui nous a tout appris. NFG : 29 juin 2006 : moment de bonheur absolu. Gaspard et Thaïs ont une nouvelle petite sœur : Azylis. Je t’aime Azylis et j’oublie tout : l’horreur de la maladie qui te menace, la crainte de l’avenir. (...) Cependant, le sommeil ne vient pas cette nuit-là encore. La joie de la naissance est bien présente, mais elle se teinte d’une ombre lourde : la peur. (Extrait du livre) NFG : Une semaine après la naissance, la sentence tombe : Azylis est atteinte, elle aussi. Loïc : Je ne me souviens pas de grandchose, si ce n’est d’être sorti du cabinet médical avec le couffin d’Azylis, d’être rentré à la maison, complètement choqué par cette annonce. On s’est assis tous les deux là, dans ce canapé. Effondrés, on s’est servi un whisky, un deuxième, et je me souviens très bien avoir senti à ce moment-là qu’on n’était pas deux dans ce canapé, on était trois. Et ça a été d’un réconfort, d’une douceur incroyable de se dire : mais Dieu est là avec nous, à côté de nous. Il est en train de pleurer avec nous, de compatir ; il n’est pas là-haut, loin, absent. Je l’ai vraiment ressenti presque physiquement, là à côté de nous, pleurant et souffrant avec nous.

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« On a réalisé que la souffrance était en train de nous arracher l’un à l’autre, et qu’on avait besoin de se rejoindre dans la souffrance, de se consoler mutuellement »

Et à un moment, quand j’ai vu cette larme dans ses yeux, je me suis dit « On est sauvé. » Quand j’y repense, ça paraît insensé que ce jour-là, ma plus grande préoccupation était notre couple. Mais je savais que si on restait bien ensemble, unis, on arriverait peut être à optimiser nos chances de gravir cette montagne ; alors que si on se séparait, eh bien ça rajoutait une épreuve de plus au cœur même d’une épreuve.

Anne-Dauphine : Ce jour-là, en pleurant ensemble, on a décidé de tout faire pour rester ensemble, toujours. Alors c’est vrai, c’est loin des contes de fées, mais on a décidé de s’aimer. Oui, l’amour, c’est une décision. Même si nous on a eu un coup de foudre, on a dû ensuite décider de s’aimer. Décider de tout faire pour rester ensemble. On s’est encordé l’un à l’autre.


dossier Loïc : Nous avons fait attention aussi à se garder des espaces de vie à deux, à des moments qui ne paraissaient pas forcément être le bon moment. Un an après, par exemple, nous sommes partis en famille en vacances - nous étions invités par des amis. Nous avions confié Thaïs, qui ne pouvait pas bouger, à nos parents. C’était un arrachement très dur, parce que nous savions qu’elle pouvait mourir en notre absence. En même temps, nous nous disions : « C’est important pour nous, pour Gaspard et Azylis, qu’on ait une vie la plus normale possible.» Anne-Dauphine : C’était important qu’on vive, tout simplement. Loïc : Et ainsi de ne pas être accroché comme une huître sur son enfant qui est malade. A travers certaines étapes, on a aussi appris ce détachement, cette forme d’abandon. Anne-Dauphine : ce lâcher-prise Loïc : Oui, ce lâcher-prise en se disant : « Si c’est le moment pour Thaïs de mourir quand on n’est pas à côté d’elle, et bien, laissons-la libre de choisir le moment où elle va mourir. Et nous, apprenons à nous abandonner petit à petit. » Ce qui n’est pas facile ! Anne-Dauphine : A la Pentecôte, on nous a annoncé qu’elle était en train de mourir, qu’elle vivait vraiment ses derniers instants. Je m’étais toujours dit que je serais là, que je l’accompagnerais. Je m’accrochai alors désespérément à elle. Il se trouve que ce jour-là, elle n’est pas morte. Il y avait ce baby-phone que j’ai branché en me disant : « Je vais essayer de le garder tout le temps à l’oreille pour courir si jamais j’entends qu’elle vit ses derniers instants ». A ce moment-là, le médecin qui suivait Thaïs à la maison me dit : « il faut que vous la laissiez vivre. » J’ai trouvé cette phrase épouvantable. Je

« Apprenons à nous abandonner petit à petit. Ce n’est pas facile ! »

l’ai détestée. J’ai détesté le médecin quand elle m’a dit ça. Je lui ai dit : « Comment osez-vous ? » Elle m’a répondu : « Ne vous imposez pas en toutes circonstances. » Elle me l’a dit avec beaucoup de tact. J’ai compris : elle a cité des exemples d’enfants qui décident de mourir à l’instant où leur maman va acheter un sandwich, au moment où leur maman sort de la pièce. Elle m’a dit : « Thaïs, elle ne peut pas partir, elle ne peut pas aller dans un coin, elle ne peut pas se cacher. Laissez-la vivre. Laissez-la choisir. » Il n’y a rien de plus difficile que de laisser vivre son enfant. En débranchant le baby-phone ce soir-là - et jusqu’à la fin de la vie de Thaïs, je crois que je l’ai laissée vivre et je lui ai dit : « C’est ta vie, vas-y ma chérie. » NFG : Marseille, dans le sud de la France, quatre mois de moments doux et

rudes à la fois : c’est là qu’Anne-Dauphine et Loïc ont dû s’expatrier en famille, cinq semaines après la naissance d’Azylis. Grâce à une greffe de moelle osseuse effectuée dans un hôpital marseillais, Azylis a gardé la vie. Cependant, la greffe n’a pas stoppé la maladie : Azylis est aujourd’hui une petite fille très handicapée avec une espérance de vie incertaine. Loïc : Elle a marché mais pas très longtemps. Petit à petit, elle a perdu de la précision en mobilité, donc aujourd’hui ses gestes sont compliqués, lents. Elle ne se tient plus assise, et a perdu aussi la parole. Mais aujourd’hui, on a une petite fille qui est heureuse, rayonnante, qui sourit du matin au soir, et c’est un vrai plaisir d’être à son écoute. Elle est d’une persévérance incroyable. Elle va mettre peut-être une heure à assembler deux lego, mais elle va le faire sans s’énerver.

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Anne-Dauphine : Je crois qu’Azylis aussi est heureuse parce qu’elle sait qu’on l’aime. On lui a promis qu’on l’aimerait toute sa vie comme elle était, quels que soient les résultats de cette greffe, de cette tentative de guérison. On lui dit tous les jours qu’on l’aime à travers tous les gestes qu’on pose, et je crois qu’elle nous comble de bonheur comme elle est. Une semaine seulement après notre retour à Paris, Thaïs recommence à souffrir, terriblement. Nous sommes submergés pas la progression effrayante de ses douleurs. Une violence qui force les médecins à revoir sans cesse leur médication pour que Thaïs ne souffre plus. La maladie s’attaque aux derniers remparts. (Extrait du livre) NFG : Les deux filles sont hospitalisées à domicile. Azylis, après son intervention, est consignée dans sa chambre, dans l’attente de découvrir le monde qui se cache jusqu’à présent à ses yeux. Thaïs, elle, décline progressivement. Les infirmières dispensent les soins non pour guérir mais pour adoucir la vie. J’aime la capacité de Thaïs à capter tous les moments heureux. Ainsi, la plupart des traitements sont source de félicité car elle n’en retient que les bienfaits. Malgré l’altération de toutes ses facultés, je constate que le cœur de ma petite fille sait encore se gonfler de tendresse et de joie. (Extrait du livre) Anne-Dauphine : Je n’ai pas vu dans cette petite fille que des manques ; ce qu’elle perdait, elle le gagnait autrement, dans une densité de vie qui nous a dépassés. Je crois que Thaïs nous a appris à aimer, c’est ce qu’on va garder d’elle. Elle nous a appris à Aimer avec un grand A. Je me rappelle une anecdote que j’aime particulièrement, qui pour moi résume Thaïs. C’était vers la toute fin de sa vie. Elle arrivait juste encore un peu à bouger la tête, de quelques centimètres. Et instinctivement, elle

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« J’aime la capacité de Thaïs à capter tous les moments heureux. Ainsi, la plupart des traitements sont source de félicité car elle n’en retient que les bienfaits. Malgré l’altération de toutes ses facultés, je constate que le cœur de ma petite fille sait encore se gonfler de tendresse et de joie.»

Extrait du livre

tournait toujours sa tête du côté de la personne qui entrait dans la pièce. Donc je suis rentrée un jour dans sa chambre. Elle a tourné la tête et je me suis positionnée à côté d’elle. J’ai commencé à lui parler, et à ce moment-là elle a tourné la tête de l’autre côté, donc j’ai fait le tour du lit, et j’ai continué à dire « Thaïs, je suis là… » hop, elle a retourné la tête du côté inverse, trois fois, quatre fois, cinq fois, six fois, jusqu’au moment où j’ai commencé à m’inquiéter, et à m’attrister en me disant : « Voilà un autre petit deuil à faire, elle ne nous perçoit plus dans l’espace. » NFG : C’est alors qu’Anne-Dauphine entend un petit ronronnement reconnaissable entre tous : Thaïs rit !

Anne-Dauphine : Elle riait en ronronnant. Quand j’ai entendu ce bruit très significatif, je me suis dit : « Mais qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi est-ce qu’elle rit ? » J’ai compris qu’elle jouait à cachecache. Elle a toujours aimé jouer à cache-cache. Depuis qu’elle était toute petite, c’était son jeu préféré ! C’était la façon qu’elle avait trouvé pour jouer à cache-cache, juste de faire disparaître l’autre de son champ de perception. Nous avons un peu retrouvé notre âme d’enfant grâce à Thaïs. Et c’est grâce à une toute petite fille. Je crois que Thaïs, moins elle avait, plus elle était, et plus elle devenait. Ce qui était très beau, c’est que plus elle


dossier perdait ses capacités, plus son âme d’enfant se développait, plus la petite fille qu’elle était se révèlait et plus on avait envie de l’aimer. Loïc : C’est vrai qu’à la fin de sa vie, son être avait une densité, une intensité incroyable. C’était effectivement paradoxal parce que physiquement, elle n’était qu’un corps allongé sur un lit, elle ne pouvait quasiment plus bouger et pourtant elle avait une présence qui était étonnante. D’ailleurs, il y a beaucoup de personnes, des amis, proches ou éloignés de la famille, qui sont venus passer un moment dans l’appartement. Beaucoup de gens entraient avec un peu d’appréhension dans la chambre de Thaïs, ressortaient avec une paix

un peu surnaturelle, et disaient : « C’est incroyable, on est bien à côté de Thaïs. On peut rester cinq minutes, une demi-heure, une heure, on se sent en paix ». Anne-Dauphine : C’était tellement insensé la force de cette petite fille dans une telle fragilité, que tout à coup, on a su d’où venait cet amour. C’est la plus grande évidence de ma vie : c’est de l’amour pur, de l’amour absolument divin dont Thaïs a été un bel instrument. Je pense que Thaïs a été un bel instrument de cet amour divin. Loïc : C’est vrai qu’à la fin de sa vie, on avait vraiment le sentiment qu’elle n’était plus qu’un diffuseur de Dieu ! Un tuyau par lequel on avait l’impression d’avoir une petite porte vers le

ciel dans cette chambre. En la voyant simplement « être » sur ce lit, vivre sur ce lit, nous pouvons dire, et c’est un peu paradoxal, que nous avons vécu la vie de Thaïs comme un cadeau, comme un magnifique cadeau. Que Dieu nous ait confié cette petite fille, et la vie qu’elle a eue, c’est un immense cadeau qu’Il nous a fait. NFG : Dans ce silence de la nuit de Noël, Loïc et Anne-Dauphine ont recueilli le dernier souffle de Thaïs. Elle avait trois ans trois quarts. Un an après sa mort, Loïc et AnneDauphine ont donné la vie à un quatrième enfant. Une folie d’amour. Il s’appelle Arthur et il est en bonne santé !

« Thaïs, merci. Pour tout. Pour ce que tu es. Tout ce que tu es. Et pour tout ce que tu donnes. Tu nous rends heureux. Vraiment heureux. Je t’aime, ma princesse. »

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Eglises d’Orient

Les Coptes une autre voix de l’Egypte Ils sont fiers les Coptes, fiers de leurs origines et fiers de leur foi. Dans leur chair même, au cœur du poignet, est marquée la croix, tatouage-témoignage de leur identité. Dans cette Egypte troublée par les lendemains de la Révolution, dans l’attente de la succession du Pape Shenouda III, les Coptes partagent avec l’ensemble des Egyptiens les tâtonnements d’un apprentissage fragile de la liberté.

Sr Marie Farouza MAXIMOS

Célibataire consacrée, d’origine franco-égyptienne, CCN.

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L’histoire d’une Eglise Si l’on demande aujourd’hui à un Copte de se présenter, il dira non sans humour que coule en ses veines le sang des Pharaons. La tradition place en effet très tôt, dès le premier siècle, l’évangélisation de l’Egypte par l’apôtre St Marc. Dès ses débuts, le christianisme connaît un fort rayonnement, particulièrement dans les communautés juives hellénistiques et il est marqué par la présence de figures telles que Clément d’Alexandrie et Origène. Le 3ème siècle cependant inaugure une violente période de persécutions au cours de laquelle émerge une nouvelle forme de vie chrétienne : le monachisme. Pour la première fois, des hommes choisissent de vivre en solitude au désert, en rupture avec la société.

Cyrille : « l’unique nature incarnée » du Christ, soit l’absorption de son humanité dans la divinité. Ces positions, au cœur d’un contexte difficile, provoquent une séparation lors du Concile de Chalcédoine en 451. Les deux communautés restèrent divisées jusqu’à la conquête arabe au 7ème siècle. Beaucoup devinrent musulmans. Le terme « copte» , du grec Aegyptos (qui signifie égyptien) ne désigna plus alors que ceux qui restaient chrétiens.

« L’Egypte accueille et protège la Sainte Famille en fuite. Le pélerin chrétien est ainsi invité à marcher sur ses pas. »

On reconnaît deux formes de vie : la vie érémitique autour d’un maître spirituel comme Antoine, et la vie communautaire ou cénobitique avec Pacôme. Ces moines, par leur présence et leur prière, vont évangéliser les fellahs (paysans) égyptiens. Peu à peu naîtra la langue copte : l’égyptien ancien transcrit en grec, qui facilitera la diffusion de la foi.

Après 750, ont alterné des périodes plus ou moins violentes ou pacifiques de cohabitation avec les différentes dynasties musulmanes. Au 19ème, puis au milieu du 20ème siècle, un renouveau du monachisme, encore vivant aujourd’hui, redonne à l’église un souffle spirituel et intellectuel.

Au cours de cette période vont s’élever des divisions entre les chrétiens : les Grecs des villes se rallient à Constantinople qui reconnaît en Jésus une seule personne et deux natures. Quant aux moines et au peuple, ils restent fidèles à la formule de St Athanase et de St

En Egypte comme en diaspora, c’est autour du monastère que tout se vit, que la communauté chrétienne se réunit. A Jérusalem par exemple, la communauté copte est toute petite. Pourtant, à côté du monastère, les moines avec quelques laïcs ont ouvert le « Club


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St Mark », un petit café au cœur des habitations, qui permet une présence et tout un travail apostolique auprès des jeunes du quartier qui viennent y partager joies et soucis.

Liturgie et spiritualité Célébrée à la fois en arabe et en copte, on retrouve dans la liturgie des influences grecques et pharaoniques. L’héritage monachique se reflète dans la grande rigueur des nombreuses périodes de jeûne de l’année, et dans l’austérité d’une liturgie longue, où les nombreuses lectures laissent la part belle à l’Ancien Testament, signifiant ainsi déjà le témoignage du Christ dans l’ancienne alliance. Les Coptes se reçoivent ainsi avec joie de cette prophétie d’Isaïe (19, 20-21) : « …Il leur enverra un sauveur et un défenseur qui les délivrera. Le Seigneur se fera connaître des Égyptiens, et les Égyptiens connaîtront Le Seigneur ». La bénédiction annoncée est celle de la visite du Christ lui-même : l’Egypte accueille et protège la Sainte Famille en fuite. Le pèlerin chrétien est ainsi invité à marcher sur ses pas, à s’arrêter sous l’arbre où la vierge s’est reposée, à prier sur les nombreux sanctuaires qui jalonnent le chemin.

Les Coptes aujourd’hui Ils sont aujourd’hui entre 7 et 10 millions en Egypte, soit 10% de la population, ce qui en fait la plus importante église du monde arabe. En majorité orthodoxe, il existe également une petite communauté catholique et une protestante. Ils vivent la tension d’une minorité à la fois fragile et forte. Forte de la vitalité d’une église jeune, au monachisme florissant, forte aussi de sa présence dans toutes les classes sociales du pays. Mais fragile aussi, face à un islam radical qui prend son essor depuis les années 70, fragile de ces attentats et persécutions récurrentes, fragile de la difficulté à accéder aux emplois officiels du pays. Ils sont tenus à l’écart des postes de la justice, des universités ou de la police, et beaucoup fuient vers l’Occident, espérant trouver

Monastère copte du Wadi Natroun

une vie meilleure. Ainsi l’Egypte n’est plus aujourd’hui le seul pays « copte » ; des communautés s’organisent aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, des églises sont construites et toute une pastorale est mise en place…

Des pas vers l’unité Le Pape Shenouda III, figure emblématique de l’Eglise Copte et 117ème successeur de l’apôtre Marc est mort le 17 mars dernier. « Baba Shenouda », comme le disent les Egyptiens, était depuis 41 ans chef d’une église qu’il dirigeait avec autorité, ambition et sagesse. C’est lui qui choisit de relancer le dialogue interrompu depuis 451 en rencontrant Paul VI en 1973. Une déclaration commune sur leur identité de foi dans le mystère du Verbe Incarné est signée, suivie en 1987 d’une déclara-

tion avec l’église anglicane et en 1989, d’un accord christologique inter-orthodoxe. Mais son énergie à défendre son église a pu provoquer un durcissement confessionnel qui n’a pas toujours servi le dialogue œcuménique. Shenouda reste un grand spirituel, très aimé des Coptes et apprécié également par les musulmans pour son patriotisme. Depuis le 25 avril dernier, fête de St Marc, a commencé la procédure d’élection pour sa succession. Une assemblée d’évêques se réunit pour débattre et choisir finalement trois candidats. En dernier lieu, c’est un enfant qui tirera au sort le nom du nouveau patriarche. Au cœur de cette situation tendue, les Coptes campent dans une foi et une piété qui, si elle peut sembler naïve aux yeux de l’Occidental, n’en n’est pas moins le solide fondement de leur espérance. v

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Histoire de l’Eglise

Yves Congar un homme de communion A l’occasion du 50ème anniversaire du Concile Vatican II, le Père Daniel Blaj publie Prier 15 jours avec Yves Congar. Il nous fait découvrir la figure spirituelle et intellectuelle de ce théologien dominicain qui fut prophète pour la vie de l’Eglise, particulièrement dans sa dimension œcuménique. Nous remercions les éditions « Nouvelle Cité » de nous permettre la publication de cet extrait.

P. Daniel BLAJ,

Prêtre aumônier de l’Ecole Centrale de Lyon, curé de la paroisse de Dardilly, enseignant au Centre Théologique de Meylan (38).

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J’ai fréquenté, pendant cinq mois, la faculté de théologie protestante, avec l’autorisation de mes supérieurs, malgré l’avis défavorable d’un Père qui aurait dit : « Vous le jetez dans les bras de l’apostasie ! » C’est vous dire le climat de l’époque ! Je connus là un homme vers lequel je me sentis vite attiré, le pasteur Auguste Lecerf ; certains l’appelaient en souriant, « le dernier des calvinistes » sans doute parce qu’il n’était pas barthien (…). En ces années, des barrières existaient entre catholiques et protestants ; on ne se fréquentait pas ; les mariages mixtes étaient rares.1 L’homme est façonné par les rencontres qui jalonnent sa vie. Le Père Congar nous apprend qu’elles nous structurent intérieurement car la foi chrétienne est une rencontre. (...) Issu d’une ville de religion mixte, le père Congar a toujours gardé le réflexe d’aller vers les protestants, si bien que suivre les cours de la Faculté libre de Théologie de Paris lui semble nécessaire pour vivre sa vocation. Ses supérieurs le laissent faire, même si certains voient sa démarche comme un risque pour sa foi. Du côté protestant, l’arrivée de ce moine en soutane a dû en surprendre plus d’un. Le père Congar perçoit un décalage entre ce qu’il découvre des autres chrétiens et la réflexion théologique de son époque qui les qualifiait d’hérétiques et de schismatiques. C’est comme si chaque protestant ou chaque orthodoxe des années 1930 s’était séparé de

l’Eglise catholique. (...) Le père Congar est choqué par cette situation. Il ne se contente pas de ce que les manuels d’apologétique racontent au sujet des protestants et des orthodoxes, manuels qui ont fait du protestantisme et de l’orthodoxie un problème théorique à résoudre. Ils ignorent le vécu et les aspirations spirituelles des chrétiens noncatholiques. Le père Congar critique âprement ce type de réflexion : Celui qui n’est pas très sûr de ses principes n’ose trop rien dire et, ne sachant pas très bien jusqu’où il peut aller, va nécessairement le moins loin possible ; il tient coûte que coûte la position la plus sûre qui est, pour lui, celle du plus grand nombre et celle de tous les temps.2 Il choisit de suivre une autre démarche basée sur la vie chrétienne des protestants et des orthodoxes, vie dont


nismeœcuménisme

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son labeur intellectuel la charte œcuménique de l’Eglise catholique : A ce mouvement vers l’unité, qu’on appelle le mouvement œcuménique, prennent part ceux qui invoquent le Dieu Trinité et confessent Jésus comme Seigneur et Sauveur, non seulement pris individuellement, mais aussi réunis en communautés dans lesquelles ils ont entendu l’Evangile et qu’ils appellent leur Eglise et l’Eglise de Dieu.3

Sortie de la basilique Saint Pierre lors du Concile Vatican II, Rome, Vatican.

il n’a cessé de prendre conscience au fil des rencontres. Si les autres chrétiens sont chrétiens, ce n’est pas malgré leurs Communions, mais dans et par elles. Ce qui se passe à l’intérieur des communautés concrètes où les chrétiens vivent est de l’ordre de l’Eglise de Dieu. Désirer qu’un chrétien non catholique tombe dans l’indifférence religieuse, c’est blesser l’Eglise du Christ.

« L’œcuménisme n’est pas un compromis. Il vise la plénitude de la foi au Christ. » Les autres chrétiens appartiennent à l’unique Eglise par leurs Communions, même si celles-ci ne sont unies à l’Eglise catholique que par certains liens comme le baptême, la Parole de Dieu, la vie de prière… Plus encore, en vivant leur adhésion au Christ dans une communauté ou tradition concrète, ils ont mis en valeur certains aspects de la vie évangélique, si bien que les divers chrétiens apportant leurs caractéristiques respectives à une

même Eglise représenteraient beaucoup plus que les chrétiens désunis. Pour le père Congar, l’œcuménisme n’est pas un compromis, une faiblesse ou un péché par gentillesse. Il vise la plénitude de la foi au Christ. La recherche de l’unité chrétienne tend vers le déploiement plénier de la vie évangélique. Il y a un christianisme authentique en dehors des limites visibles de l’Eglise catholique. Même si aux yeux du théologien catholique ce christianisme ne contient pas tous les éléments qui donnent la vie chrétienne, il n’en demeure pas moins un christianisme réel. Sous sa plume, les chrétiens non catholiques changent de statut : d’hérétiques ou de schismatiques à éviter, ils deviennent des frères à connaître et à aimer. C’est avec eux qu’il convient de rechercher l’unité chrétienne dans un mouvement dont le terme est entre les mains de Dieu. Cette ouverture œcuménique, le père Congar a eu la chance de l’inscrire dans les textes du concile Vatican II. Lorsqu’on lui a confié la rédaction du préambule du décret sur l’œcuménisme, Unitatis Redintegratio, il a fait de

S’engager dans l’œcuménisme, c’est s’ouvrir à l’échange et au dialogue. Ce n’est pas perdre sa foi, mais la renouveler, l’élargir et l’enrichir. Lorsqu’on s’ouvre aux questions des autres chrétiens, on vit une véritable conversion en passant de ce qui dans le christianisme nous emble familier à un véritable approfondissement des éléments de foi. L’expérience du père Congar est concluante : Le dialogue œcuménique m’a obligé et m’a aidé, d’abord à renouveler en moi l’homme chrétien. Il m’a en quelque sorte acculé à devenir plus chrétien et plus catholique : les questions qui m’ont été posées, le témoignage que j’ai eu à donner, l’obligation dans laquelle j’ai été mis d’atteindre à un certain niveau de vérité, m’ont délogé d’une position commode et médiocre de conformisme et m’ont fait reprendre beaucoup de choses en profondeur.4 L’œcuménisme n’est pas l’affaire de quelques spécialistes, mais une réalité qui concerne toute l’Eglise. (...) Lorsque l’œcuménisme a tendance à s’essouffler, cela ne signifie pas qu’il soit arrivé à son terme, mais qu’il doit retrouver sa force spirituelle. Pour le père Congar, l’œcuménisme n’est pas une option, mais l’exigence de la foi qui veut épouser les dimensions de la catholicité. v 1 - Une vie pour la vérité. Jean Puyo interroge le Père Congar, Paris, Centurion, p.76-78 2 - « Octave de prière pour l’unité du monde chrétien », Unitas, mars-mai, 1936, p.23-24 3 - Décret sur l’œcuménisme, Unitatis Redintegratio n°1 4 - Chrétiens en Dialogue. Contributions catholiques à l’œcuménisme, Paris, Cerf, 1964, p.123

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Allez dans le monde entier proclamer la Bonne Nouvelle à toute la création.

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Marc 16, 15


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Prière PrièrePrière Prière Prière

Prière

Prière

Allez, Dieu vous envoie, vous êtes dans le monde, les membres d’un seul corps Par vous il veut aimer Et rencontrer les hommes, L’amour dont vous vous aimerez, Sera le signe de l’alliance de Dieu, Jour après jour. Par vous il veut unir Et rassembler les hommes, Il vous envoie pour l’annoncer. Il est la vigne qui donnera le fruit De l’unité. CD Chants d’assemblée n°7

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Bible : De la seconde épître à Timothée

Ravive la flamme du charisme de Dieu 2 Tim 1,6 L’apôtre Paul1 est en prison, en attente de jugement, prêt à mourir pour le Seigneur. Que transmettre à Timothée, son « enfant bien-aimé » (2 Tim 1,2) ? Quels conseils lui donner pour son ministère et sa vie chrétienne ? L’essentiel, c’est de l’exhorter à raviver la flamme du don de grâce, pour pouvoir rendre témoignage à l’Evangile, sans en avoir honte, dans la fidélité à ce que l’Esprit a inspiré.

Une lettre-testament Dès le début de la lettre à Timothée, Paul s’inscrit dans une tradition de foi en Dieu, celle de ses ancêtres (1,3) ; Timothée lui aussi est inscrit dans une lignée de foi, celle qui lui vient de sa grand-mère Loïs et de sa mère Eunice (1,5). Ce qui va être dit entre Paul et son « fils » relève d’une tradition familiale à garder et à entretenir, d’une foi en Dieu qui passe de génération en génération. Mais surtout, vers la fin de sa missive, Paul écrit : « Je suis déjà répandu en libation, et le temps de mon départ est arrivé. J’ai mené le beau combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi » (2 Tim 4,6-7)2. Le « temps du départ », c’est probablement le moment de la mort, vue par Paul comme plus proche que jamais, lui qui a « été abandonné par tous ceux qui sont en Asie » (1,15). Quel conseil, quelle expérience transmettre à Timothée, alors que le temps est compté ?

« Ravive la flamme » (2 Tim 1,6)

François LESTANG

Exégète enseignant à la Faculté de Théologie de Lyon, CCN.

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La toute première exhortation que Paul adresse à Timothée, c’est de « raviver la flamme du charisme de Dieu ». Un seul mot grec exprime l’idée de « raviver la flamme » , le verbe anazôpyreô. Celui-ci combine l’idée d’un embrasement (pyreô, « mettre le feu », cf. « pyromane »), celle de la vie (zoé, cf. « zoologie »), et celle d’une augmentation ou d’un recommencement (ana, cf. « anagramme »). Ce mot est rare dans la

bible grecque ; on ne le rencontre que deux autres fois. En Genèse 45,27, Jacob, qui portait le deuil de son fils Joseph depuis que ses frères lui avaient rapporté sa tunique ensanglantée, apprend de leur bouche que Joseph est bien vivant, et qu’il gouverne l’Egypte. Alors son esprit se ravive et il décide de partir le retrouver.

« Ce qui va être dit entre Paul et son « fils » relève d’une tradition familiale à garder et à entretenir, d’une foi en Dieu qui passe de génération en génération. » En 1 Maccabées 13,7, le peuple de Jérusalem, menacé par une armée, est réconforté par les paroles de Simon Maccabée et se dispose à combattre. Celui que l’on croyait mort est bien vivant et règne, mais il y a un combat à mener. Cela pourrait aussi bien s’appliquer à Timothée, que Paul appelle à se souvenir de « Jésus-Christ, qui s’est réveillé d’entre les morts » (2,8), mais aussi à souffrir avec Paul « comme un bon soldat de Jésus-Christ » (2,3), en proclamant la Parole (4,2). Mais pourquoi parler d’une flamme, d’un feu, à propos du « charisme de Dieu » ? Dans les lettres de Paul, « charisme » ne renvoie pas toujours à l’Es-


ion chrétienne ion chrétienne formation prit saint, mais seulement dans environ la moitié des cas. Paul précise que ce « charisme de Dieu » a été donné à Timothée par l’imposition des mains, et qu’il consiste en un « esprit de force, d’amour et de pondération » (1,7), qui va le rendre capable de rendre témoignage à l’Evangile, y compris dans l’opposition. Paul avait exhorté les Thessaloniciens à ne pas éteindre l’Esprit (1 Th 5,19), évoquant ainsi l’Esprit comme un feu allumé au cœur de la communauté, que l’on pourrait négliger et laisser s’éteindre, si l’on ne veillait pas à la qualité de la dimension prophétique de la communauté. Dans le cas de Timothée, il semble nécessaire de souffler sur les braises pour que le feu reprenne vie, et qu’embrasé par la force de Dieu il puisse rendre témoignage : « Interviens en toute occasion, favorable ou non, réfute, reprends, encourage » (4,2). On n’est plus exactement dans la prophétie, mais surtout dans l’enseignement.

« Au moyen de l’Esprit saint qui habite en nous » (2 Tim 1,14) De quoi Timothée doit-il rendre témoignage ? D’abord, de la mort et de la résurrection de Jésus. Mais il doit aussi retenir « le modèle des saines paroles » (1,13) qu’il a entendues de

Paul, et garder « toutes les belles choses qui t’ont été confiées » (1,14). On retrouve la logique de transmission, que ce soit dans l’exemplarité de Paul ou dans ce que la tradition ecclésiale plus large donne à entendre. Le moyen de garder ces « belles choses », c’est l’Esprit saint « qui habite en nous » ; les promesses des prophètes bibliques sont accomplies, puisque Dieu a mis son esprit au cœur des croyants, afin qu’ils puissent accomplir sa volonté. Aussi n’est-il pas étonnant que Paul affirme le rôle essentiel de l’Ecriture pour « donner la sagesse en vue du salut par la foi qui est en Jésus-Christ » (3,15) ; en effet, poursuit-il, « toute écriture est inspirée de Dieu (théopneustos) et utile pour enseigner, réfuter, pour redresser, pour éduquer dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit à la hauteur, parfaitement équipé pour toute œuvre bonne » (3,16-17). L’Esprit qui habite en nous a aussi inspiré les auteurs de l’Ecriture, afin que les croyants puissent y puiser de quoi « raviver la flamme » et annoncer la bonne nouvelle de la « promesse de vie qui est en JésusChrist » (1,1). v 1- L’attribution de cette lettre à l’apôtre Paul est contestée; mais dans cet article nous écrirons « Paul » plutôt que « l’auteur de la deuxième lettre à Timothée » . 2- Traduction Nouvelle Bible Segond (2002).

« Dans le cas de Timothée, il semble nécessaire de souffler sur les braises pour que le feu reprenne vie, et qu’embrasé par la force de Dieu, il puisse rendre témoignage. »

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Formation chrétienne

Spiritualité : Le Père Jean Joseph Lataste, op

Béthanie Les bien-aimées de Dieu La béatification du Père Jean-Joseph Lataste le 3 juin 2012 à Besançon est pour nous un message sur la miséricorde de Dieu et la dignité humaine. Appelé à donner une retraite aux pénitentiaires de Cadillac, le P. Lataste (1832-1869) est émerveillé par les confessions de celles qu’il appelle « Mes sœurs » et fondera avec elles un ordre novateur, la maison de Béthanie.

« Les plus grands pécheurs ont en eux ce qui fait les plus grands saints ». C’est une phrase du Père Lataste prononcée après avoir prêché une retraite à presque quatre cents femmes détenues dans la prison de Cadillac. A travers des entretiens avec ces détenues, ce Frère Dominicain du XIXème siècle a découvert des femmes qui se sont profondément converties. Elles aspiraient à une nouvelle vie avec Dieu après leur libération, voire même avec le désir de se consacrer au Seigneur.

Très vite après la fondation, un grand nombre d’anciennes détenues sont rentrées à Béthanie. Les premières 40 années d’existence, 193 femmes venant d’une prison ou d’un refuge ont fait profession à Béthanie et y sont restées jusqu’à la mort. Encore aujourd’hui, nous visitons des prisons en France, en Italie, en Suisse et en Allemagne et cela non comme assistantes sociales, mais tout simplement comme sœurs qui vont visiter leurs sœurs en prison pour leur donner cou-

« Les plus grands pécheurs ont en eux ce qui fait les plus grands saints. » P. Lataste

Sr. Pia Elisabeth, op

Supérieure Générale des Dominicaines de Béthanie.

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C’est dans cette prison que le Père Lataste a reçu l’intuition de fonder une nouvelle Congrégation dans laquelle ces femmes sortant de prison seraient confondues avec d’autres venant d’un chemin tout ordinaire, vivant ensemble une communion fraternelle de miséricorde avec la discrétion sur leur passé. Car « la main qui a relevé les unes est la même qui a préservé les autres de tomber» (P. Lataste).

rage, espoir et amitié. Le Père Lataste disait : « Oui, elles furent coupables, mais Dieu ne nous demande pas ce que nous fûmes. Il n’est touché que de ce que nous sommes. » Ce message du Père Lataste disant que « Dieu a la puissance de transformer une vie » s’est répandu un peu partout, et il y a bien des personnes qui s’engagent sur cette route, soit comme tertiaires dominicaines, soit dans une Fraternité


ion chrétienne ion chrétienne formation Lataste ou même à l’intérieur de la prison. Ainsi il s’est créé un Béthanie dans une grande prison d’hommes, à Norfolk aux U.S.A. Une quarantaine de détenus se sont mis en communauté, prient ensemble, étudient l’Ecriture Sainte et se sont engagés comme Laïcs dans l’ordre dominicain. Il y en a qui sont condamnés jusqu’à la mort. Un de ceux-ci m’a dit : « J’ai trouvé dans ce groupe une nouvelle famille où je me sens accueilli, aimé et soutenu ». Un autre me disait : « Dans ce groupe, j’ai appris ce que c’est qu’être frère et avoir des frères, je ne peux qu’en rendre grâce ». Oui, nous sommes tous frères et sœurs, enfants d’un même Père qui attend de pouvoir donner son Amour à chacun et à chacune. v

Biographie

Le Vénérable Marie-Jean Joseph Lataste, Fondateur des Dominicaines de Béthanie 1832-1869

« Comprenez-vous mes frères ce qu’il y a d’incompréhensible et d’abîme insondable dans l’amour de Dieu ? Désirer d’être aimé, de tous les hommes sans exception, mendier le cœur de tous, même des plus méprisés, même des plus méprisables, et cela quand on est Dieu ! O Seigneur, qu’est-ce donc que l’homme pour que vous le traitiez avec tant de respect ?»

5 septembre 1832 : Naissance d’Alcide Lataste à Cadillac (Gironde). Le jeune homme travaille comme contrôleur des impôts à Privas, Pau et Nérac et participe aux Conférences de Vincent de Paul. 4 novembre 1857 : il entre au noviciat dominicain de Flavigny 1860 : expèrience mystique à St Maximin, à l’occasion du transfert des reliques de Ste Marie-Madeleine . 8 février 1863 : il est ordonné prêtre et réside au couvent de Bordeaux. septembre 1864 : il est envoyé prêcher une retraite aux détenues de la prison de Cadillac. été 1865 : il est nommé Père-maître des frères étudiants au couvent de Flavigny. mars 1866 : il publie une brochure Les réhabilitées. 14 août 1866 : avec l’aide de Mère Henri-Dominique, il fonde la maison de Béthanie à Montferrand (Doubs). Carême 1868 : il est atteint de pneumonie et meurt le 10 mars 1869

BIBLIOGRAPHIE & Le père Lataste, prêcheur de la miséricorde, J.M. Gueullette, Éd. du Cerf, 1992. [Édition des prédications du P. Lataste en prison et des textes concernant la fondation de Béthanie.] Traduit en italien. & Ces femmes qui étaient mes sœurs… Vie du Père Lataste, apôtre des prisons, J.M. Gueullette, Éd. du Cerf, 2008. [Vie du père Lataste, à partir des recherches faites pour le procès de béatification.] Traduit en italien et en allemand. Traduction à paraître en néerlandais.

« Oui, elles furent coupables mais Dieu ne nous demande pas ce que nous fûmes, il n’est touché que de ce que nous sommes. » P. Lataste

& Prier 15 jours avec le Père Lataste, M. et O. Longueira, Nouvelle Cité, à paraître en avril 2012. [Une approche très accessible des principaux thèmes de la spiritualité du P. Lataste.]

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Formation chrétienne

Education : Une aventure humaine et spirituelle

L’art d’être

parent Tous les parents le savent : on ne naît pas parent, on le devient. Fruit de nombreux échanges et rencontres, le livre de Marie-Christine Bernard, Etre parent, une aventure humaine et spirituelle 1, propose des repères fondamentaux ainsi que le sens de l’éducation, désirant aider les parents à s’orienter dans les relations avec leurs enfants. Anthropologue et théologienne, l’auteur répond à nos questions.

Marie-Christine BERNARD Théologienne, spécialiste en anthroplogie fondamentale, enseignante à la Faculté de Théologie d’Angers.

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Pourquoi parler éducation aujourd’hui ? Au fil de mes activités, je rencontre des publics bien différents. J’ai pourtant été frappée d’entendre les mêmes questions revenir à propos d’éducation, comme si l’abondance de paroles et d’ouvrages en la matière embrouillait les têtes : quel est le sens de l’éducation ? comment éduquer en respectant l’enfant, le jeune ? Qu’est-ce qu’être parent, au fond ? Comment transmettre ce qui nous tient à cœur ? Est-ce encore légitime ? Et quel est l’impact de la foi chrétienne dans l’éducation ? Peut-on transmettre quelque chose sur ce terrain-là ? Et comment ? Nous vivons une période intéressante, avec la redécouverte de la parentalité, d’une paternité plus heureuse, de l’importance de l’affectivité dans les relations parents/enfants, etc.

Encore faut-il assumer la responsabilité de devoir éduquer, et de le faire dans un sens juste. J’essaie d’apporter des repères à la fois théoriques et pratiques sur une ligne qui va de l’avant-naissance jusqu’au seuil de l’âge adulte. Pour ce faire, je puise dans ce que l’anthropologie fondamentale nous permet de connaître et dans la théologie chrétienne.

Quelles seraient les enjeux de la différence homme-femme dans l’exercice de la parentalité aujourd’hui ? La différence biologique met en évidence des rôles différents au niveau de la procréation et de la gestation, qui sont dans la logique de la distinction mâle/femelle que l’on retrouve chez d’autres espèces vivantes. Mais l’espèce humaine est spécifique : elle investit de facto (ce n’est pas volon-


ion chrétienne ion chrétienne formation taire) sa réalité biologique à travers ce que l’on nomme la « culture » au sens large. La nature humaine ne peut jamais échapper à une saisie culturelle et celleci s’exprime en des formes d’infinie variété. Pour autant, mis à part l’allaitement qui prolonge de quelques mois la spécificité du rôle de la femme, trouve-t-on des sortes d’invariants dans la manière de s’occuper des enfants selon que l’on soit un homme ou une femme ?

Comment les parents peuvent-ils introduire l’enfant à la foi, à la vie spirituelle ?

La réponse n’est pas aisée. Le propre de la culture est de n’être jamais figée, même si les figures d’identification du féminin et du masculin par exemple, changent sur de longues périodes. Ainsi, nous avons longtemps cru que la fonction d’autorité était plus du ressort de l’homme, et la fonction de soin plus du ressort de la femme. On s’est aperçu en fait que si l’enfant avait en effet besoin et d’autorité et de soin (entre autres choses), il recevait cela par l’adulte qui s’en chargeait. En réalité, l’enfant a besoin d’être lié affectivement à un homme et une femme qui s’occupent de lui « pour de vrai » et lui apportent un sentiment de sécurité satisfaisant pour qu’il puisse « oser » grandir et se lancer dans la vie.

La première introduction à la foi, c’est donc de la vivre sans complexe, et d’intégrer au mieux les enfants, de façon adaptée à leur âge, à la célébration de cette foi (prière, liturgie) et à sa connaissance (récits, explications). Certains rituels sont bénéfiques, lorsqu’ils sont faits avec sincérité (sans ritualisme) : un benedicite quand on se retrouve à table entre nous, un temps de prière avant d’aller dormir, une crèche au moment de Noël, une branche de rameau béni dans la pièce principale, des symboles du Carême, puis de Pâques dans la maison, etc.

Parfois, madame fait preuve de plus d’autorité que monsieur, et monsieur est plus « maternant » que madame ; parfois c’est l’inverse : cela dépend de l’histoire de chacun(e), de son tempérament, de son investissement aussi dans la relation parentale, de son évolution personnelle. L’enfant a besoin de grandir dans un environnement sécurisant et ouvert. Les fonctions éducatives doivent donc être remplies. Assurer la logistique de la vie quotidienne (entretien du domicile, courses, repas, etc…) en fait aussi partie. C’est au couple parental de s’organiser. Que papa et maman se mettent d’accord sur qui fait quoi et s’ajustent ensemble au fil des jours, des étapes, des évènements, c’est le plus important. Qu’ils n’encombrent pas leur tête de « rôles » figés définis d’emblée on ne sait où mais sans eux, et qui risquent de plomber la vie familiale !

Ce qui nourrit les enfants, au moins jusqu’à la puberté, c’est ce qui fait sens pour leurs parents, ce qui les fait vivre, ce qui constitue leurs valeurs. Ensuite, même la contestation de cet héritage se révèle structurant. Les enfants prennent la foi au sérieux si leurs parents la vivent avec sérieux (et avec joie !).

« En réalité, l’enfant a besoin d’être lié affectivement à un homme et une femme qui s’occupent de lui « pour de vrai » . »

se tait, le temps d’un retour au calme, pour renouer avec soi-même, et se déposer dans la présence du Seigneur. Pour un enfant de maternelle, cela dure rarement plus de 20 secondes, mais cela suffit pour l’introduire à l’expérience. Ensuite, on peut écouter une phrase, un mot, voire une histoire, tiré de la Bible, et bien sûr s’adresser au Seigneur avec ses mots familiers, et terminer par un Notre Père. Durée et modalités évoluent avec la croissance des enfants. Dans une famille, la prière s’adapte toujours au plus petit, quitte à ce qu’on accepte que le dernier-né s’en échappe un peu plus tôt que les autres pour ne pas frustrer les aînés. Il est important aussi que les enfants, au fil du quotidien, entendent les liens que font leurs parents entre leur foi et leur vie, leur sens du service, de l’amour du prochain, leurs difficultés aussi à faire ces liens parfois, ce qui ne les décourage pas pour autant ! Dès que possible, il est heureux que les enfants puissent vivre des expériences avec d’autre enfants chrétiens dans des groupes paroissiaux, dans des mouvements (scouts, mej, sessions pensées pour eux, etc). A travers tout cela, l’Esprit travaille et c’est lui qui convertit à Dieu. Les parents sèment et la grâce de Dieu agit librement. v 1. Etre parent : une aventure humaine et spirituelle. Les Presses de la Renaissance 2011

Quant à la vie spirituelle, elle relève de l’intériorité. Or, celle-ci doit être éveillée puis cultivée. Inutile de dire qu’elle est particulièrement négligée dans la société... et souvent dans la vie d’église. Elle s’apprend par le silence (trêve des mots, des gestes, des sens, des images aussi, même pieuses !) auquel on consent à certains moments : silence qui ouvre la personne à une écoute intérieure, ouverture à la Parole de Dieu. Veillons à ne pas aller trop vite en besogne : déjà, le silence, l’apaisement du corps requiert un apprentissage. Ainsi, la prière du soir par exemple : il est bon qu’elle commence par un temps où l’on

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Paula Costa, sœur consacrée de la Communauté du Chemin Neuf, brésilienne, s’occupe de la mission auprès des jeunes de 18 à 30 ans à Paris et porte particulièrement un projet d’évangélisation, notamment à travers une « école d’évangélisation » qui a démarré cette année, ainsi que la préparation du Festival « Hautecombe 2012 » qui aura lieu cet été.

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Appelée à évangéliser ? « L’an dernier, je suis partie pour trois jours d’évangélisation à Cannes. C’était au moment où la Communauté me parlait de commencer une petite école d’évangélisation à Paris… J’avais besoin moi-même de revivre une expérience d’évangélisation. Je suis donc partie avec cette question : “ Est-ce que le Seigneur m’appelle à évangéliser de cette manière-là, en allant à la rencontre des gens, dans la rue ? ” J’avais seulement trois jours de mission. Les deux premiers jours, rien de spécial ne se passe. Le dernier soir, avant de commencer la mission, pendant un temps de prière, je demande au Seigneur de vraiment me montrer s’Il veut que je sois à son service de cette manière-là, par l’évangélisation de rue. Je pars en binôme avec un garçon, et devant une église nous voyons deux jeunes assis sur une marche, en train d’écouter un concert. Je m’approche d’eux et je demande leurs prénoms : Charlotte et Pierre. Je dis à Pierre : “ Tu sais, ton prénom, c’est le prénom d’un homme important dans la Bible ”. Il me répond : “ Je sais bien, Pierre, c’est celui qui a renié Jésus. ” Alors on s’est assis, on a ouvert la Bible, et on a lu ensemble un passage de l’évangile de Jean (Jean 21). Je lui ai montré que Pierre, c’est aussi celui qui a dit trois fois à Jésus “ Tu sais bien que je t’aime ”, et que Jésus avait confiance en lui, qu’Il lui confiait son Eglise.

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Ensuite, je leur ai demandé s’ils étaient des jeunes heureux dans leur vie. Charlotte m’a dit : “ Bah oui, mais je pourrais l’être plus. ” - “ Charlotte, tu ne veux pas qu’on prie pour toi ce soir, dans l’église ? ” A ce moment-là, Pierre, son copain, lui a dit : “ Bah oui, t’as rien à perdre ”. Nous sommes entrés tous les quatre dans l’église : Charlotte n’avait jamais vu une Bible, n’était jamais entrée dans une église avant. Nous avons commencé à prier pour elle. Ce fut une prière toute simple : “ Seigneur, nous te confions Charlotte, son avenir. Viens bénir sa vie, lui montrer tout ton amour, AUJOURD’HUI ! ” Elle s’est mise à pleurer, elle était vraiment touchée par l’amour de Dieu. Puis ils ont pris une parole de Dieu et sont partis. Je suis restée prier, et j’ai entendu le Seigneur qui me disait : “ Paula, mon église est vide et il faut des personnes qui amènent les gens à l’intérieur.” J’ai pensé à toutes ces paroisses vides… Puis j’ai reçu cette parole de la Bible : Mais il est une chose, bien-aimés, que vous ne devez pas ignorer, c’est que, devant le Seigneur, un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour. Le Seigneur ne tarde pas dans l’accomplissement de la promesse, comme quelquesuns le croient ; mais il use de patience envers vous, voulant que personne ne périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance. […] Mais nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera. (2 Pierre 3, 8-13) Et j’ai compris qu’en un jour le Seigneur pouvait vraiment montrer son amour à quelqu’un et que la seule chose que nous avons à faire, c’est d’annoncer que Dieu est amour ! Pour moi, c’était vraiment un réveil, et un envoi.

Du Brésil à la France… quelle différence ? La grande différence pour moi, c’était de m’apercevoir qu’en France on parle de l’amour de Dieu, on dit que Dieu est amour ; alors qu’au Brésil, on va conjuguer à la deuxième personne, on va dire à un jeune : « Dieu t’aime » !

Paula COSTA, Responsable de la Mission Jeunes à Paris

Au Brésil, tout le travail c’est de faire que les jeunes missionnaires prennent du temps pour eux, s’arrêtent, se forment, découvrent le silence, la vie intérieure. Il y a toujours tellement de bruit, de musique… Quand ils sont en mission, ils donnent sans compter. Pour eux, il faut mettre l’accent sur la formation, sur l’accompagnement ; leur apprendre à s’arrêter avec Jésus, auprès de Lui. En France, il me semble que le travail c’est de donner aux jeunes le goût de la mission ! La formation a déjà une place très importante pour les jeunes, mais il faut les pousser à s’investir, à se donner pour annoncer le Christ. Pour moi, l’enjeu de l’évangélisation, et ce qui est peut-être le plus difficile, c’est d’abord que les jeunes qui connaissent déjà le Christ, qui ont déjà vécu une expérience avec le Seigneur, deviennent eux-mêmes évangélisateurs.

Mais alors, comment appeler les jeunes à évangéliser ? Il faut qu’ils voient des signes et des prodiges, qu’ils voient vraiment que Jésus est vivant, qu’ils puissent vivre une vraie expérience de l’amour de Dieu pour eux… d’où la place de l’Esprit-Saint ! L’important, c’est de les appeler avec ce qu’ils sont, ce qu’ils font, comme dans ce passage de l’évangile de Matthieu : Au bord de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon appelé Pierre, et André, son frère, qui jetaient un filet dans la mer; en effet, ils étaient pêcheurs. Il leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs

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VIE Jeunes d’hommes. Si je vois un jeune qui est artiste, je lui dis : “ Sois artiste pour Jésus ! ”. S’il est chef cuisinier, je l’appelle à cuisiner pour le Christ ! Il faut trouver ce qu’il y a de mieux en chaque jeune et lui dire : “ Vas-y, donnetoi vraiment, pour Jésus ! ”.

Peux-tu nous dire deux points essentiels pour toi dans l’évangélisation ? Pour évangéliser, il faut être amoureux du Christ. Il y aura toujours beaucoup de choses à faire pour l’évangélisation… mais plus on évangélise, et plus on est obligé de réserver du temps pour Jésus : des plages de silence, de solitude… avoir une vraie vie avec Jésus, rester centré sur Lui. Il faut sans cesse se défaire de nos affaires devant Jésus, lui faire confiance !

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Pour évangéliser, il faut aussi se laisser évangéliser. Pour moi, une évangélisation qui porte du fruit, c’est d’abord une évangélisation qui nous évangélise nous-mêmes, qui nous met en mouvement ; qui nous déplace et nous demande de nous laisser transformer par le Christ. Concrètement, dans la préparation du Festival de cet été, le fait de travailler avec les jeunes et les frères et sœurs, ça m’évangélise, ça m’appelle à désirer une sainteté de vie. On n’est jamais seul à évangéliser, je vois très vite mes faiblesses et il me faut sans cesse me replacer devant le Christ et devant son amour pour nous. v

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Je souhaite que les jeunes n’aient pas peur d’être aussi les premiers évangélisateurs des compagnons de leur âge.

C’est souvent grâce à l’amitié et au partage que ces derniers pourront découvrir la personne du Christ et s’y attacher. Discours de Benoit XVI aux évêques du Gabon, le 26 octobre 2011

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Témoignage Stanislas, 23 ans

L’été arrive! Du 5 au 12 août prochain, la communauté du Chemin Neuf, et en particulier l’équipe dont je fais partie, organise la 20ème édition du Festival International de Hautecombe, avec cette année une toute nouvelle formule. Rendez-vous dans les coulisses de la préparation du festival !

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Nous sommes une quinzaine à plus particulièrement porter la préparation de cet événement pour lequel nous attendons autour de 1000 jeunes. L’équipe se compose de jeunes engagés avec la Communauté et de frères et sœurs de la Communauté. Nous nous réunissons une à deux fois par mois, et certains sont même à plein temps pour organiser cet événement d’ampleur qui nécessite du temps et des talents. Les jeunes sont ainsi acteurs à part entière de la conception et de la préparation de cette nouvelle formule. Pour l’édition 2012, une formule « à la carte», c’est à dire personnalisée, est proposé aux jeunes entre 18 et 30 ans qui veulent prendre une semaine de vacances, de fête, de partage et de prière au cœur de leur été. En plus de trois parcours

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plus spécifique, Manaïm (des défis humains et sportifs en pleine nature), Studi’lac (de la réflexion philosophique et théologique sur la liberté, et de bons moments de détente), l’école d’évangélisation (des talents et la fraternité au service de l’annonce du Christ), la formule principale « à la carte » permet de choisir chaque jour son programme en associant sport, détente, prière, enseignements et partage. Pour offrir aux jeunes toutes ces possibilités et ces activités aussi variées, notre équipe doit déployer une grande énergie. Au delà d’une bonne organisation logistique, c’est la prière qui nous guide et le Christ qui nous appelle. Au sein de l’équipe, la prière, le partage et les temps de détente ensemble sont le ferment qui nous permet de préparer ce Festival pour les jeunes et avec le Christ.

Il y a trois semaines, nous nous sommes tous retrouvés au sud de Paris dans une maison de la Communauté pour un week-end de préparation. Un des moments forts du weekend a été notre petite assemblée de prière du samedi soir où nous avons pu notamment prier les uns pour les autres et aussi se demander pardon. Ce moment fut fondateur dans la préparation du Festival. Cette unité entre nous par le Christ est essentielle pour que notre Festival soit lui-même une invitation à découvrir la personne de Jésus.

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jeunes 18-30 ANS

• FOYERS ETUDIANTS : pour étudiants de 18 à 25 ans à Paris, Lyon, Chambéry, ClermontFerrand, Grenoble, Lille, Nancy, Nantes et Reims et à l’étranger. Un cadre de vie qui favorise le travail avec une vie fraternelle et une formation chrétienne. • JET - VOLONTARIAT INTERNATIONAL : Partir à l’étranger pour une durée de deux mois à deux ans. Participer à un projet de développement et de solidarité internationale ; vivre la vie communautaire et évangéliser.

Nolwenn, 23 ans Jeune du Chemin Neuf Mon lien avec le Festival d’Hautecombe est tout particulier puisque j’y travaille à plein temps depuis deux mois ! Et pourtant rien ne laissait présager que je m’investisse autant dans cette préparation… mais j’ai fait le pari fou de laisser Jésus guider ma vie, et c’est là qu’Il m’a conduite !

J’apprends ainsi à mettre mes compétences de formation en évènementiel culturel au service de Jésus, sacrée dimension pour un début de vie professionnelle… et ça me comble de joie !

Ce qui est édifiant pour moi dans cette préparation, c’est de tout centrer sur Jésus au quotidien. Il ne s’agit pas seulement de créer un évènement exceptionnel, riche en émotions et en qualités organisationnelles, mais d’œuvrer pour que chacun des participants puisse vraiment aller directement à la rencontre de Jésus. Le Christ est le cœur de tout dans ce festival !

• PÉLERINAGE EN TERRE SAINTE 8 - 22 juillet. Marches, topos, témoignages, prière personnelle et communautaire. Une expérience fraternelle et spirituelle pour approfondir sa foi en marchant sur la terre de Jésus. • ECOLE DE LANGUE EN ANGLETERRE - du 7 au 20 juillet. Deux semaines pour apprendre l’anglais, découvrir la vie communautaire et approfondir sa foi, avec des jeunes venant de différents pays. Cours d’anglais tous les matins, détente et pratique de l’anglais l’après-midi. • FESTIVAL HAUTECOMBE 2012 du 5 au 12 août. Le rendez-vous de l’été à ne pas manquer ! A la carte ou en parcours, inscrivez-vous sur le site internet : hautecombe2012.chemin-neuf.fr

14-18 ANS • SABouge - Camp 14-15 ANS : 9-14 juillet à Sablonceaux (17) Semaine de sport et grands jeux. Beaucoup d’activités pour construire des amitiés solides et vivre des moments forts ensemble, pour laisser Dieu BOUGER les frontières de notre coeur et arriver à mieux le connaître.

• Step by step - 16-18 ANS : 9-14 juillet à Sablonceaux (17) 5 jours de marche pour partir à l’aventure en Charente. Marcher « pas à pas » sur le chemin qui mène à Dieu. Vivre la fraternité avec 20 autres jeunes, la prière, se connaître soi-même en se dépassant jusqu’au bout. • Festival de Sablonceaux 14-18 ANS : 16-21 juillet à Sablonceaux (17). Un camp en grand avec 200 participants ! 5 jours pour toucher le ciel dans un festival de propositions : de la prière au sport en passant par la musique et les échanges. Chaque chose à sa place dans un programme de fête !

• RETRAITE “CHOIX DE VIE” - du 13 au 19 août. Retraite en silence, selon les Exercices Spirituels de Saint Ignace avec des enseignements et un accompagnement spirituel quotidien.

• Caravane d’évangélisation - 16-18 ANS : 16-21 juillet en Charentes-Maritimes. Monter et donner un spectacle (tournée en Charentes-Maritimes). Pour témoigner ensemble de la joie de vivre, de l’éspérance que donne le Christ.

Toutes les propositions : 01 47 74 93 73 - 06 30 14 06 96 jeunes.france@chemin-neuf.org SITE : jeunes.chemin-neuf.fr

• Secrétariat 14-18 ans : tél : 04 78 15 07 98 Inscriptions en ligne sur : SITE : chemin-neuf.org/14-18ans

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LIVERPOOL : Une semaine sainte œcuménique

What a journey ! Quel voyage ! Pour la première fois, la Communauté du Chemin Neuf a reçu l’invitation à coordonner une bonne partie de la liturgie de la Semaine Sainte dans une cathédrale… anglicane ! C’était une magnifique opportunité, mais aussi un défi : être au service de l’Eglise Anglicane ensemble, frères et sœurs de différentes dénominations chrétiennes. Ce fût une semaine de mission et vie fraternelle intense, proche d’un temps de retraite. Oui, quel voyage nous avons fait à la rencontre les uns des autres ! Une bonne centaine de touristes circulent pendant l’office ; certains sont intrigués par le spectacle, d’autres peutêtre ne comprennent pas grand-chose. Nous espérons qu’ils ont compris au moins que ce magnifique bâtiment n’est pas un musée mais une maison de prière. Le samedi soir, on nous confie l’animation de la Vigile de Pâques.

Tim Watson, diacre anglican Nous commençons chaque journée à 8h30 avec l’office de Morning Prayer : nous sommes une vingtaine, avec quelques membres du clergé anglican et deux ou trois autres personnes. Heureusement la souplesse de la liturgie anglicane nous permet d’adapter l’office pour en faire un « hybride » anglican-communautaire… et nous apprenons ensemble à chanter les psaumes, plutôt que de les lire comme on fait habituellement chaque matin à la Cathédrale de Liverpool (ici c’est la chorale professionnelle qui chante, mais seulement à l’office du soir !). Le jeudi saint, à midi, nous proposons un office pour l’unité des chrétiens au milieu de la cathédrale : c’est un temps de grâce pour nous et pour ceux qui viennent prier avec nous.

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Dominique et Marie-Christine Ferry rajoutent une touche de théâtre : nous commençons la liturgie dans le noir, avec une lecture dramatisée de la Création et de l’Exode. Et puis, la grande porte ouest s’ouvre pour révéler le feu de Pâques, et nous traversons cette immense Cathédrale en procession avec nos bougies à la suite du cierge pascal, pour se tenir devant l’autel et chanter tous ensemble le Gloria de la Messe d’Hautecombe. S’ensuivent des baptêmes (deux jeunes hommes qui ont découvert la foi par le cours Alpha de la Cathédrale) et une très belle eucharistie ; et on termine tard dans la nuit par une fête… avec des verres de champagne ! Pour nous tous, c’est la première opportunité de vivre une grande fête liturgique style « Chemin Neuf », comme on ferait à Hautecombe ou à Chartres, mais dans un contexte anglican. Ce ne sera pas la dernière !

Evangélisation


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Sheila Byrne, Eglise catholique Je suis catholique et l’idée d’être en mission en communauté dans la cathédrale anglicane de Liverpool me plaisait, mais je ne savais absolument pas à quoi m’attendre. Cette semaine m’a apporté de nombreuses bénédictions et m’a permis de vivre une véritable expérience de la Croix et de la Résurrection. Ayant grandi en Angleterre, j’avais, presqu’inconsciemment, intégré les attitudes stéréotypées que de nombreux catholiques ont à l’égard de l’Anglicanisme – une Église de l’ « establishment », classe moyenne, pensées floues… Cette Semaine Sainte a été pour moi une véritable conversion, car j’ai goûté la beauté et le caractère sacré de la liturgie anglicane. Cependant, il était douloureux de voir que nous vivions cette semaine dans l’unité d’une foi partagée et en même temps dans la réalité de nos divisions au sujet des sacrements, le rôle et le ministère des femmes, etc. Nous avons animé trois temps de prière guidée ignatienne, deux temps de réconciliation, incluant la confession, laquelle est rarement proposée dans les services anglicans ; nous avons proposé trois heures de prière devant la Croix le vendredi saint et organisé la première partie de la Vigile pascale – la première dans cette cathédrale depuis dix ans ! ça été un moment très important, particulièrement parce que nous avons vécu tous ensemble la vie communautaire, avec ses joies et ses difficultés pendant la semaine ! Cela a été un privilège pour moi d’être l’un des quinze membres de la communauté du Chemin Neuf de dénominations diverses qui ont participé à cette expérience. Cela a constitué un pas important dans notre cheminement ensemble qui a renforcé notre engagement à travailler et prier pour l’unité des chrétiens.

Agape du Jeudi Saint

Miguel Desjardins, prêtre catholique

Sandwich lunch

Morning prayer

Quelle belle aventure œcuménique ! Logeant au presbytère de la cathédrale catholique, je me suis vite rendu compte que le clergé de ce lieu ne comprenait pas bien ce que nous faisions tous au service de la cathédrale anglicane située à l’autre bout de « Hope Street » qui relie les deux édifices. Il a fallu quelques rencontres providentielles, y compris avec l’archevêque, pour faire passer le message qu’en tant que prêtre catholique je restais fidèle à mon église tout en participant à cette mission d’évangélisation dans « l’autre cathédrale ». Les paroles publiques d’accueil et d’encouragement de la part de ce dernier le jour de Pâques attestent que la force de notre témoignage communautaire d’unité au service d’une église pouvait retentir jusqu’à l’église d’en face !

William Bernardo, Eglise Evangélique Libre

C’était une joie pour moi d’être avec les frères et sœurs de la communauté, préparant nos cœurs pour Pâques et de vivre ensemble la Semaine Sainte. Mais, du fait de la culture de mon Église évangélique libre, j’ai eu du mal à apprécier les aubes et les chants liturgiques ! En visitant Liverpool, nous avons découvert dans Hope Street entre les deux cathédrales un monument en souvenir du travail d’unité et de réconciliation engagé par les deux grandes personnalités de l’époque, l’évêque Dereck Warlock (de l’Église catholique) et l’évêque David Shephard (de la Communion Anglicane). On se souvient maintenant de ces démarches d’unité comme d’un évènement historique qui nous encourage aujourd’hui. J’espère que cette semaine où nous prions ensemble participera de cette unité entre les deux cathédrales, mais aussi dans toute la ville de Liverpool. J’ai vraiment apprécié l’esprit d’évangélisation que j’ai trouvé dans cette cathédrale anglicane (le coin-café et la publicité pour les Cours Alpha à venir), ainsi que la sincère adhésion à la Parole de Dieu aussi bien dans les prières que dans les magnifiques chants et cantiques. Cette semaine s’est vraiment bien passée !

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La Communion du Chemin Neuf : 1992 - 2012 ...

Vingt ans déjà ! Faisant partie d’un même corps apostolique, la Communauté et la Communion du Chemin Neuf fêtent cette année la naissance et l’aujourd’hui de la Communion. Au nombre d’environ 2300 personnes à travers le monde, les frères et sœurs de la Communion s’engagent à prier, participer à la mission, vivre la vie fraternelle, suivre une formation et vivre un partage financier. Place aux témoignages ! Tigery Pentecôte 1992

LYON : ISABELLE ET MARC MAZAS

Goûter la joie du don Une session Cana en 1988 puis quatre années de fraternité Cana : du bon, que du bon pour notre couple et notre famille ! Alors en 1992, lorsque nous est proposée la Communion, c’est sans hésitation que nous partons dans cette aventure. Vingt ans déjà ! Une succession de temps forts pour nous aider à avancer dans notre vie de chrétiens : - Des semaines de retraite – formation en tous genres pour nous aider à rentrer davantage dans cette intimité avec le Christ et grandir dans notre foi. - Des accompagnateurs spirituels en tous genres aussi ! - au gré de nos déménagements, pour apprendre à se laisser conduire par l’Esprit et découvrir la volonté de Dieu dans nos vies.

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- Des fraternités en tous genres également (elles changent chaque année ; nous en avons eu des frères en 20 ans !) pour apprendre davantage le partage et l’écoute. - Des semaines de service en tous genres là aussi, en passant par les cuisines, sous les tentes aux forums des jeunes, avec les talkies aux préparations des sessions d’été, dans les dortoirs des maisons d’enfants… pour goûter la joie du don. - Des mardis soirs au groupe de prière où avec les frères nous « faisons corps ». - Et lorsque la maisonnée vide de nos six enfants nous décidons de faire un break de trois mois, c’est tout naturellement que nous nous sommes tournés vers la Communauté pour aller vivre la vie fraternelle, travailler, prier avec des

frères et sœurs à Nazareth. Quelle expérience ! Au final, pour nous la Communion est la cadette d’une famille née après l’aînée et qui grandit avec ses parents et son aînée. Merci à la Communauté de nous avoir fait ce cadeau de la Communion qui nous aide à vivre notre appel de chrétiens, à nous rendre disponibles pour l’annonce de l’Evangile et le service de l’Eglise. v


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BERLIN : THERESIA AUST

« Va en confiance sur ce nouveau chemin » communauté de plus près. Marie-Laure Davigo était maîtresse de maison, Sr. Ruth Lagemann était responsable de l’école de langues et P. Christophe Blin était le nouveau prêtre de la communauté.

En 1994 P. Hasso Beyer et P. Xavier Molle, prêtres de la Communauté du Chemin Neuf, prirent en charge notre paroisse Herz Jesu. Trois ans plus tard, une première école de langue fut proposée et le P. Beyer me demanda si je voulais bien apporter mon aide à des jeunes, pour leur apprendre à parler l’allemand. Je me suis laissée embarquer et j’ai ainsi appris à connaître la

En 1999, Sr. Ruth m’a invitée à son engagement à vie à Hautecombe. Cette expérience vécue là-bas et la vie des frères et soeurs ici m’amenèrent à me poser sérieusement la question de l’engagement dans la Communion. Allais-je y répondre « oui » ? J’ai ouvert ma bible et dans le livre de Tobie, j’ai lu le verset « Je te les confie ». Ce verset me toucha. Il signifiait pour moi : « Va en confiance sur ce nouveau chemin ». Je fais donc partie de la Communion du Chemin Neuf depuis 1999 – avec joie et aussi avec engagement.

Qu’est-ce que cela a changé dans ma vie ? Les services, l’accompagnement personnel, le partage en fraternité et particulièrement la première retraite des Exercices ont approfondi ma foi, et j’ai pû vivre la proximité tangible de Jésus. Ma prière personnelle quotidienne en a été transformée. J’ai un souvenir particulièrement profond de mon baptême dans l’EspritSaint. Lors du premier week-end Alpha, pendant l’homélie, le Saint-Esprit m’a littéralement saisie, j’ai pleuré et me sentais poussée à m’avancer et à demander le renouvellement de mon baptême et de ma confirmation. Une image qui m’a été donnée à cette occasion me touche toujours : un vase débordant d’eau. Je peux ainsi vivre ma vie, débordante des grâces de Dieu, et j’en suis vraiment reconnaissante. v

ABBAYE DE BOQUEN : CHANTAL ET DANIEL GUILLOTIN

Le fruit de notre « oui » Le 6 mars 2010, un « oui » enthousiaste est donné par la Communion du Chemin Neuf en réponse aux questions : êtes-vous prêt à accompagner la Communauté dans le choix de l’Abbaye de Boquen en participant à la vie de celleci ? Êtes-vous prêt à un partage financier complémentaire ? Ce « oui » est conforté en septembre 2010, lors du week-end régional à Ti Mamm Doué où chacun a pu faire part de son engagement concret : travaux, vie de l’Abbaye, finances, etc. La Communauté franchit les portes de l’Abbaye en février 2011, grâce à nos frères et sœurs communautaires, Gilles et Nicole Guidon, René et Andrée Abernot. Comme à Cana, nous voyons

aujourd’hui les fruits de nos « oui ». Ce corps qui a vingt ans cette année s’est rajeunit. Il s’est raffermi et consolidé. Le lien fraternel Communauté-Communion prend tout son sens. Depuis maintenant un peu plus d’un an, chacun a su trouver sa place : entretien intérieur ou extérieur, service à la cuisine, participation au magasin. La très priante chapelle incite au recueillement et à la contemplation. Institués par les Sœurs de Bethléem, l’adoration est proposée chaque après-midi : certains adorateurs fidèles viennent depuis quelques années. Ainsi dans le « paysage chrétien » breton, la Communauté du Chemin Neuf est visible et reconnue. v

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com vie de la com

vie de la communauté

VIE

Vie de la Communauté

Un été de fêtes !

Ordinations et engagements à vie Cet été, la Communauté aura la joie de fêter dans différents pays des ordinations, des engagements à vie au Célibat consacré et des engagements à vie dans la Communauté. aux Pays-Bas : Agnes Diosszilagyi, Thomas Darret, Emmanuel Georges, JeanPierre Goddong. en Italie : Ordination Presbytérale de Federico Bertacchini, Adonis Bizomenya - Engagements à vie au célibat : Pascale de Beaucorps, Jana Vloclova, et dans la Communauté : Federico Bertacchini, Adonis Bizomenya, Pascale de Beaucorps, Etienne de Beaucorps, Gionata Fausone, Antoine et Bénédicte Contamin. à Kinshasa : ordination presbytérale de Gildas Bobongaud, Alain Tsiomo, Mathieu Wansi - Engagements à vie dans la Communauté : Gildas Bobongaud, Alain Tsiomo, Mathieu Wansi, Jean-Pierre Godding, Benoit et Denise Lokila.

Merci !

KINSHASA Le Centre Béthanie Le 8 mars dernier, Journée Mondiale de la Femme, la Communauté du Chemin Neuf a inauguré son nouveau Centre à Kinshasa pour accueillir les filles des rues. Après le Centre Ndako Ya Biso (notre maison) construit pour les garçons, c’est le Centre Béthanie pour les jeunes filles qui vient d’ouvrir.

qui sont venues se présenter. Et dès le lendemain, l’une d’entre elles a déjà pu être réunifiée dans sa famille. Un beau signe d’espérance pour cette nouvelle mission !

Grâce à des dons un terrain a été acheté en 2011, sur lequel la Communauté a construit une grande maison avec une grande salle commune, un bureau pour l’accueil et l’écoute des jeunes filles, deux chambres à coucher pour les filles, une cuisine et un bloc sanitaire. Le soir même de l’inauguration une douzaine de jeunes filles se présentaient à Béthanie et deux d’entre elles demandaient à être hébergées pour cette première nuit ! Deux jours plus tard c’est un groupe de cinq jeunes filles

SESSIONS CANA dans le monde Inscriptions en ligne : cana.chemin-neuf.org Dates et pays 14 - 20 JUILLET

BRESIL, CANADA, R. TCHÈQUE, LITUANIE, MARTINIQUE

21 - 28 JUILLET

ALLEMAGNE, LETTONIE, PAYS-BAS, R.D.C., R. du CONGO

28 Juillet - 4 Août U.S.A., GRANDE-BRETAGNE, SLOVAQUIE

A travers la revue FOI, vous avez été nombreux à répondre à l’appel de la campagne de Carême pour aider la Communaute du Chemin Neuf dans tous ses projets. Merci ! Cela nous encourage beaucoup à poursuivre notre mission. Vous pouvez demander la nouvelle brochure qui donne des précisions pour les donations, legs, assurance-vie, dons en nature, mécénat d’entreprise. Marc Hodara : 06.47.29.05.02 partage@chemin-neuf.org

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5 - 11 AOÛT

SUISSE, ITALIE

13 - 19 AOÛT

BURUNDI, LIBAN, MADAGASCAR, CÔTE D’IVOIRE

20 - 26 AOÛT

POLOGNE, GUINÉE

SESSIONS CANA en France Inscriptions en ligne : cana.chemin-neuf.fr Dates des SESSIONS CANA 15 - 21 JUILLET

CANA COUPLES

ARDENNES

22 - 28 JUILLET

CANA SAMARIE

LYON (Les Pothières)

22 - 28 JUILLET

COUPLES, FIANCÉS et ESPÉRANCE SAVOIE (Hautecombe)

5 - 1 1 AOÛT

CANA COUPLES

SABLONCEAUX (17)

12-18 AOÛT

CANA FAMILLES

SABLONCEAUX (17)

rendez-vous


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Talents

Jeune talent

SAM RICHARDSON Il s’appelle Sam. Il a 15 ans et vit en Angleterre. Comme de nombreux jeunes de son pays, la musique fait partie de sa vie. Place au joueur de clarinette ! « Ce que j’aime le plus en jouant d’un instrument, c’est qu’il n’y a pas de limites : la qualité de ton jeu va avec les heures que tu passes à travailler, personne ne peut changer cela. Et j’aime bien ça. Je travaille une heure par jour (ou du moins j’essaie ! ). J’ai une leçon une fois par semaine et avec tous les devoirs, jouer au squash et jouer à la XBox, ma vie est assez occupée. Pendant les vacances, je joue dans l’orchestre des jeunes du Somerset. L’année dernière, nous sommes allés en tournée en ForêtNoire, en Allemagne, et c’était tout simplement incroyable. J’ai vécu un très bon moment avec mes amis de l’orchestre. Nous avons tous quelque chose en commun : l’amour de la musique jouée ensemble. Cette année, nous allons à Venise et j’ai hâte d’y aller. Après cela, qui sait ce que réserve l’avenir ? »

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Tirage sur papier issu de forêts gérées durablement, certifié PEFC


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