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Neuf
Revue trimestrielle FOI N°38 - Septembre - Octobre - Novembre 2013 - 5,50 €
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a Dossier
Le Curé
d’Ars
vie r e t n i a
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r e b a F l e u n a m Em
VIE Sommaire
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Editorial du Père Laurent FABRE Dossier
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Le Curé
d’Ars 14
Œcuménisme
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Formation Chrétienne
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Jeunes
14 • Eglise Protestante Unie de France 16 • Protestants en fête : Paris d’espérance 18 • Prière
20 • Emmanuel Faber : Vivre l’économie autrement 22 • L’accompagnement spirituel : Au côté d’un frère 24 • Colloque Siloé : Santé et Salut, même combat ?
26 • Les JMJ : une aventure dans la foi ! 28 • La fraternité missionnaire
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Vie de la Communauté
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Jeune Talent
30 • Un tour du monde : Destination la Lettonie ! 32 • Album Photos de l’été 34 • Nouvelles de la Communauté
35 • Amandine Communal
La revue FOI (Fraternité Œcuménique Internationale) est publiée par la Communauté du Chemin Neuf-10 rue Henri IV-69287 Lyon cedex 02 Directeur de la publication : P. Laurent Fabre Directeur délégué : Jean-Charles Paté, Rédactrice en chef : Pascale Paté, Comité de rédaction : Franck Démaret, Peter Le Roux, P. François Lestang, Marie-Farouza Maximos, Véronique Pilet, P. Adam Strojny. Création graphique : Annick Vermot (06 98 61 98 76), Crédit photos : fotolia.com : angelo.gi, Andres Rodriguez, kasiap, herreneck, Eisenhans, william87, IMaster, Tatjana Balzer, maigi, Chariclo, Cristian Pedant, Couverture : CCN - JMJ : «Festanoceu» et CCN, Abonnement : Nicole Zébrowski, Gestion-Administration : AME, Réalisation PAO : Sandrine Laroche, Impression : IML - 69850, St Martin en Haut - Tirage sur papier issu de forêts gérées durablement, certifié PEFC, Dépôt légal : décembre 2010, CPPAP : 0310 G 83338, ISSN : 1770-5436
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Editorial Veilleurs de toujours
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Père Laurent FaBRE Fondateur et responsable de la Communauté du Chemin Neuf
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n les croyait timides, obéissants, compassés, et voilà qu’une nouvelle génération de chrétiens, en particulier des Catholiques, ont créé les « Veilleurs ». Ils vont précéder ou rejoindre sur les places du monde entier des jeunes de tous pays qui ont la bonne idée de vouloir changer le monde pour y apporter plus de vérité, plus de justice. Il n’y a pas qu’en France que l’on croit à ces trois mots magiques : « liberté », « égalité », « fraternité ». v Cette image très belle, qui a fait le tour du monde, de ce jeune chinois qui, par son courage et son impertinence, arrête une colonne de chars sur la place Tiananmen ; v Ce Wael Ghonim qui éclate en sanglots au milieu d’une interview diffusée sur une grande chaine de télévision du Caire. Il avait eu l’audace de faire un appel par SMS et internet pour venir manifester sur la place Tahrir. Son appel a résonné dans cette capitale de 15 millions d’habitants et a conduit tout le pays à la Révolution. Il voulait une manifestation pacifique et il demandait publiquement pardon à toutes les mères qui avaient perdu leur enfant ; v Du Printemps de Prague au Printemps arabe, de la Révolution de Velours à la Révolution de Jasmin, sur beaucoup de places dans le monde, des jeunes se lèvent pour défendre certaines valeurs. Ils veillent comme quelqu’un qui se penche sur un malade. Ils veillent comme des sentinelles. Ils veillent avec leurs bougies, comme pour préparer un jour nouveau. Ils sont les « sentinelles de l’aurore ». v J’ai eu la joie de rencontrer à Paris ou à l’Abbaye de Hautecombe ceux qui ont lancé « les Veilleurs » sur la Place des Invalides. Leur maturité, leur résolution, leur désir d’échapper à toutes les récupérations des partis ou des Communautés tout en reconnaissant la nécessité de se former… tout cela est de bon augure. v Ces jours-ci, à Bujumbura, capitale du Burundi, j’ai eu la joie de rencontrer huit jeunes Veilleurs burundais qui ont fondé une Association, « Izuba ». Comme ceux d’Europe, « ils ont versé dans la culture et le dialogue là où tant d’autres ont versé dans la violence ». Eux aussi ont de l’admiration pour Martin Luther King et Gandhi. Nous espérons qu’ils iront loin. urieusement, ce vieux Pape François de bientôt 77 ans est le « Pape des Veilleurs ». Lui-même a donné l’exemple par son engagement personnel, par sa liberté vis-à-vis de l’ordre établi, par la fermeté de ses propos. Alors que les Etats-Unis et la France se préparaient à sanctionner durement la Syrie par les armes, le Pape, courageusement, a dit « NON », comme Jean‑Paul II du temps de la guerre en Irak. Mais cette fois-ci, il semble que cette parole très ferme, relayée aussitôt par des propos très inhabituels du Père Général des Jésuites, produit un résultat très bénéfique. Il a d’abord proposé aux nombreux Catholiques (un milliard et deux cents millions de baptisés) de prier et de jeuner ce 7 septembre pour la paix en Syrie. Lors de la veillée sur la place Saint Pierre, c’était impressionnant de voir 100 000 personnes vivre un temps d’adoration en silence. C’est ce même Pape, ancien Cardinal Archevêque de Buenos Aires, qui proposait à des milliers de jeunes Argentins de « mettre la pagaille dans l’Eglise ». A Rio, il n’a pas hésité à redire cette parole de St Thomas d’Aquin, que ces jeunes d’aujourd’hui semblent enfin bien comprendre : « La Politique est la forme supérieure de la Charité ».
C Chaque mois, une vidéo est réalisée, traduite et envoyée dans plus de 72 pays à travers le monde. Un réseau de prière est créé, c’est la Fraternité Œcuménique Internationale NET FOR GOD.
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Le Curé
d’Ars
“J’ai vu Dieu dans un homme.” 6
LE FILM
Une vie toute ordinaire qui a touché beaucoup de cœurs.
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TÉMOIGNAGES
Gergely Varga
Michaela Borrmann
Tim Watson
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dossier
Reconstitution du village d’Ars à l’époque de J-M Vianney
« Je vous aime, ô Dieu infiniment aimable, et j’aime mieux mourir en vous aimant que de vivre un seul instant sans vous aimer. Je vous aime, ô mon Dieu, et je ne désire le ciel que pour avoir le bonheur de vous aimer parfaitement. » Jean-Marie Vianney
Aujourd’hui, Net for God vous emmène à Ars-sur-Formans, un petit village essentiellement agricole situé en France, à 30 kilomètres au Nord de Lyon, dans une région parsemée d’étangs appelée le plateau des Dombes. C’est dans ce petit hameau perdu au milieu de nulle part, que, de 1818 à 1859, vécut un petit curé de campagne, Jean-Marie Vianney ; sa vie toute orientée vers Dieu et hantée par le salut des âmes, va, comme disait le pape Jean-Paul II, être un signe et susciter en France comme ailleurs, une sorte de révolution spirituelle.
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Basilique d’Ars-sur-Formans
Dès 1827, neuf ans après l’arrivée de Jean-Marie Vianney, le petit village d’Ars est devenu un lieu de pélerinage. Qu’avait-il de si particulier, ce petit et humble curé d’Ars, pour attirer autant de gens ? Que venaient chercher ces personnes ? P. Vincent Siret :
(Supérieur du Séminaire de Toulouse)
« Il y a quelque chose chez ce curé qui surprend. Ce que recherchent ces gens, c’est un contact personnel avec Jésus-Christ. Et je crois que ce prêtre, Jean-Marie Vianney, était vraiment transparent à la présence de Jésus-Christ. »
P. Philippe Caratgé (Modérateur de la Société Jean-Marie Vianney) « Qu’est-ce qu’il y avait chez le curé d’Ars ? Non seulement il aimait ses paroissiens d’un amour théologal, c’est-à-dire l’amour dont Dieu les aime, mais il savait qu’ils étaient capables de sainteté. Et ça, c’est une ouverture extraordinaire : je crois que le regard du curé d’Ars, c’est d’abord un regard d’espérance sur l’homme, parce que c’est le regard même de Dieu. »
Sœur Marie-Donatienne
(Bénédictine du Sacré-Coeur de Montmartre, Ars)
« Cette cohérence de vie à laquelle le pape François nous appelle, le curé d’Ars l’a vécue pleinement. Lorsqu’il est arrivé dans cette paroisse pauvre, il s’est dit : “ Moi qui suis prêtre, je ne peux pas vivre mieux que mes paroissiens. ” Et il va renvoyer à la châtelaine tout ce qu’elle avait mis dans son presbytère pour mieux l’accueillir. Il veut vivre aussi pauvre que ses paroissiens. Il y a là une grande cohérence. Les gens d’Ars diront : “ Notre curé, il n’est pas comme les autres. Tout ce qu’il dit, il le fait. ” »
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dossier Le Curé
d’Ars
Une vie toute ordinaire qui a touché beaucoup de cœurs. « Si j’étais prêtre, je voudrais gagner beaucoup d’âmes au Bon Dieu. » Jean-Marie Vianney
Jean-Marie Vianney est né à Dardilly près de Lyon le 8 Mai 1786, dans une famille de modestes cultivateurs, trois ans avant le commencement de la Révolution française. Il est le quatrième d’une famille de six enfants dont les plus connus sont François et Marguerite. Celle-ci sera la compagne d’enfance de Jean-Marie. Sa mère, Marie-Claudine Béluse, à la foi solide comme un roc, et son père Mathieu Vianney, un homme dur à l’ouvrage, ont une influence certaine sur la vie de Jean-Marie. Sa mère va lui donner le sens de Dieu. C’est sur ses genoux qu’il apprendra à prier, à connaître Dieu et à l’aimer. Jean-Marie rendra toujours grâce au Seigneur pour l’éducation reçue pendant son enfance. Il lancera plus tard la maison de la Providence, une école pour jeunes filles, pour qu’y soient formées les futures mamans de son village. P. Vincent Siret : « Très curieusement, sa maman discernera très tôt chez ce garçon quelque chose qu’elle ne trouve pas chez les autres. Elle lui dit : “Tu vois, si tes frères péchaient, ça me ferait de la peine, mais si toi, Jean-Marie, tu péchais, ça me ferait encore plus de peine.” »
P. Philippe Caratgé : « On peut se dire : mais quel est le secret du curé d’Ars ? J’ai été très étonné d’entendre le cardinal Ouellet donner cette réponse : “Le secret du curé d’Ars, c’est Marie”. Il a appris auprès de Marie à se tourner vers le Seigneur d’un cœur pur, d’un cœur droit, d’un cœur saisi par l’Amour du Seigneur, et il voyait en Marie le modèle de la prière chrétienne. » P. Xavier Roquette : « La vie de Jean-Marie Vianney est une vie à la fois toute ordinaire, et qui a touché beaucoup de cœurs. Il est né en 1786, donc trois ans avant la Révolution française et ce détail est important, parce que le Curé d’Ars va être très marqué par les prêtres qui, pour rester fidèles à Rome, vont risquer leur vie. A cette période-là, il y avait les prêtres “jureurs”, qui avaient promis obéissance à la République, et les prêtres “réfractaires”, qui voulaient rester fidèles à Rome. » P. Vincent Siret : « Il comprend que ses parents sont prêts à risquer leur vie pour Jésus : on va nuitamment à une messe célébrée par un prêtre réfractaire.
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P. Xavier Roquette :
(Recteur du Séminaire d’Ars)
« Je suis étonné de voir P. Roger Hébert : (Curé de Bellegarde, que le curé d’Ars peut diocèse de Belley-Ars) encore toucher les cœurs « Le curé d’Ars a été l’homme de aujourd’hui. » Dieu, mais on ne souligne peutêtre pas assez qu’il a été aussi “l’homme pour les hommes”. »
Cela doit marquer un enfant de se dire : “Mes parents sont prêts à risquer leur vie pour Jésus, ça en vaut la peine.” C’est tellement important qu’on est prêt à tout sacrifier. » Sa sœur Marguerite se souviendra plus tard que Jean-Marie, enfant, disait souvent : “Si j’étais prêtre, je voudrais gagner beaucoup d’âmes au Bon Dieu.” P. Xavier Roquette : « Cette vocation sacerdotale, il va l’avoir très jeune : il va en parler à sa mère, puis à son père. Celui-ci ne va pas voir d’un très bon œil cette vocation. Pourquoi ? Parce que c’est une famille de paysans et dans l’agriculture, on a besoin de bras. Très jeune,
il garde les troupeaux. Donc le père de Jean-Marie va être très réticent à cette vocation. Il va falloir la patience de Jean-Marie Vianney et celle de sa maman pour convaincre finalement son père. » P. Roger Hébert : « Vous savez qu’il a beaucoup souffert dans sa formation. Il a commencé l’école à l’âge de 17 ans et ne savait ni lire ni écrire. Quand il est entré à l’école, il était, comme on disait, un grand dadais au milieu des enfants, des adolescents. Tout le monde se moquait de lui. Il a essayé d’entrer au séminaire mais il ne parlait même pas le français, il parlait le patois. Or les cours étaient en latin. Le pauvre, il ne comprenait déjà pas le français !
Maison du curé à Ars
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Après de nombreuses difficultés, il fut renvoyé du séminaire avec la mention “debilissimus”: même si vous ne faites pas de latin, vous comprenez tout de suite ce que cela veut dire. » La Providence va vouloir que ce soit le curé de sa paroisse, l’Abbé Balley, qui le forme. Celui-ci va être étonné de découvrir chez Jean-Marie Vianney une grâce particulière, une piété intérieure, une générosité à être prêtre. Il est alors prêt à s’engager totalement pour lui. Il va passer de nombreuses heures à le former sur le plan intellectuel, et sera un modèle de prêtre pour Jean-Marie Vianney. Après plusieurs années, Jean-Marie sera ordonné à Grenoble, avant d’être envoyé comme curé à Ars en 1818.
dossier « Tu m’as montré le chemin d’Ars, moi je vais te montrer le chemin du Ciel. »
Titre.
Jean-Marie Vianney
P. Xavier Roquette : « Il va arriver en février 1818 à Ars, dans ce petit village de 230 habitants, qui n’est même pas une paroisse à l’époque. On connaît l’épisode de l’arrivée de Jean-Marie Vianney à Ars. Il était dans le brouillard parce qu’il y avait beaucoup de marécages à l’époque. Perdu dans ce brouillard, il entend les bruits d’un troupeau et se dit : “S’il y a un troupeau, il y a un berger ! ” Et il va rencontrer Antoine Vive, le petit berger, à qui il va dire : “Tu m’as montré le chemin d’Ars, moi je vais te montrer le chemin du Ciel.” » Toute la mission du futur curé est contenue dans cette petite phrase. C’est ce qu’il fera pendant les 41 ans de sa présence à Ars : montrer le chemin du Ciel à chacun, indiquer à tous ses paroissiens la façon la plus simple, mais pas forcément la plus facile, d’y parvenir. Ayant lui-même goûté et bénéficié de la miséricorde de Dieu dans sa vie depuis sa plus tendre enfance, il sera un témoin et un pasteur plein de miséricorde envers ceux vers lesquels il est envoyé. Homme de contemplation et d’action, sa vie va très vite interpeller tout son entourage. P. Vincent Siret : « Lorsqu’il arrive à Ars, il se met au pied du tabernacle pour demander la conversion de sa paroisse. Il va vraiment demander à Jésus : “Jésus, donne-moi la conversion de ma paroisse, je suis prêt à tout pour que ma paroisse se convertisse.” Au fur et à mesure, cet homme sera trans-
formé intérieurement par cette prière intense, ses nombreuses heures de prière. Il y a un trait assez amusant : lorsqu’il est arrivé à Ars, il passait de longues heures dans son église, au pied du tabernacle. C’était la nuit, et les gens d’Ars se disaient : “Tiens c’est curieux, est-ce qu’il aurait découvert un trésor ?”
P. Philippe Caratgé: « A la fin du chapitre 9 de l’évangile de Matthieu, on voit Jésus parcourir villes et villages pour enseigner la parole de Dieu et guérir toute maladie et toute infirmité. Donc, le ministère de Jésus c’est enseigner, proclamer la Bonne Nouvelle et guérir toute maladie et toute infirmité.
Et donc ils sont venus regarder et voir ce que le curé avait trouvé. Ils pensaient que le curé avait trouvé un trésor. Je crois qu’il avait trouvé un véritable trésor, mais pas celui auquel ils s’attendaient. Ce trésor c’était JésusChrist lui-même. Jean-Marie Vianney l’avait découvert avant d’arriver à Ars, et il se mettait totalement en disponibilité devant Lui pour accomplir son ministère. »
“Voyant les foules, il fut saisi de pitié parce qu’elles étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger”. Eh bien, le ministère du curé d’Ars, c’est cela ! Voyant les foules, il est pris de pitié, remué aux entrailles de cet amour de Dieu pour les hommes. Et il fait comme Jésus, proclamant la Bonne Nouvelle et guérissant toute maladie et toute infirmité. »
Sœur Marie-Donatienne : « Cette phrase, il en est l’exemple vivant. Le curé d’Ars est véritablement un pauvre. Un pauvre humainement, un pauvre intellectuellement. Il a beaucoup de mal à devenir prêtre, il n’a pas beaucoup de mémoire. Il est très anxieux. Il est terrifié à l’idée de parler en public. Quand on est prêtre, c’est assez gênant.
« L’homme est un pauvre qui a besoin de tout demander à Dieu. » Le curé d’Ars
A cette époque-là, on apprend tous les sermons par cœur. On est à la grande époque des sermons de Lacordaire. Ce sont des sermons qui durent trois quarts d’heure. Lui, il monte en chaire et il oublie la moitié du sermon qu’il a appris pendant toute la semaine. C’est vraiment un pauvre. Mais il se donne au Seigneur tel qu’il est. »
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Un homme de Dieu et pour les hommes P. Roger Hébert : « Du curé d’Ars on retient beaucoup les heures passées dans le confessionnal et sa manière de célébrer l’eucharistie. Le curé d’Ars a été l’homme de Dieu. Mais on ne souligne peut-être pas assez que le curé d’Ars a été aussi “l’homme pour les hommes”. » En effet, le curé d’Ars a mené une bataille très dure pour que tout le monde puisse avoir le dimanche comme jour chômé, pour aller à la messe et profiter du jour du Seigneur pour se reposer. Les maîtres de ferme qui eux, étaient à la messe, alors que leurs valets de ferme devaient travailler, n’étaient pas du tout contents et se sont ligués contre lui. Toujours soucieux des familles et de leur misère, le curé d’Ars va aussi mener une croisade pour fermer ce qu’on appelait les cabarets. Chaque soir, après le dur travail de la journée, les hommes venaient y dépenser le peu d’argent qu’ils avaient gagné. Le bal à Ars était réputé dans toute la région : les garçons savaient que s’ils voulaient trouver des filles faciles, il fallait venir au bal à Ars. Et le Curé d’Ars, il était très bien placé : son presbytère était juste devant la place. Donc, il suffisait qu’il se mette à la fenêtre pour voir les jeunes qui quittaient les bals pour aller dans les granges, le plus discrètement possible, mais il les voyait très bien faire ! Beaucoup de filles se retrouvaient enceintes et devenaient des filles-mères. A l’époque, devenir une fille-mère, c’était mettre une croix sur sa vie. Il fallait placer son enfant. Elle ne le verrait pratiquement plus, et puis il fallait ensuite soi-même devenir servante, j’oserai presque dire esclave, dans une ferme. Le curé d’Ars a eu pitié, au sens fort, de ces filles, et il a voulu leur rendre leur dignité. On raconte cette histoire merveilleuse : le curé d’Ars aimait bien aller visiter les familles. Un jour, dans une maison, après avoir bien parlé, il dit aux parents : - “Vos filles, est-ce qu’elles vont au bal ?” - “Ah oui monsieur le curé, mais ne vous inquiétez pas, on leur fait la morale avant qu’elles y aillent !” Et le curé d’Ars prend une poignée de foin, la jette dans la cheminée et dit : - “Foin, je te l’ordonne, ne brûle pas !” Alors, évidemment les parents disent : - “Mais enfin, monsieur le curé, quand on met du foin dans la cheminée, il brûle !”
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Il leur répondit : - “Voilà, avec vos filles ce sera pareil. Vous les envoyez au bal et vous leur dites : ne brûlez point ! Si elles vont au bal, elles vont brûler.” Il s’est donc engagé et il a payé de sa personne. On raconte qu’un jour, il est allé à la rencontre du violoniste qui devait jouer de la musique au bal. Il lui dit : - “Combien vous donne-t-on pour jouer ?” - “100 sous”. - “Et bien, je vous en donne 200 et rentrez chez vous !” Et à force, il a réussi à faire supprimer le bal, non pas par un excès de rigueur morale, mais par un amour de ces filles dont il voyait la vie brisée. » P. Xavier Roquette : « Ce désir de reconduire les gens à Dieu ne va pas se faire facilement. Il sera confronté à des oppositions. Des pétitions vont circuler contre lui. Un jour, quand un envoyé de l’évêque vient le voir en disant : - “Voilà, il y a des pétitions qui arrivent à l’évêché, que faut-il en penser ?” Il répond : - “Oh, je les connais ces pétitions ! D’ailleurs, vous n’avez qu’à regarder, je les ai signées moi-même parce que je ne suis pas capable d’être curé d’Ars. Il faut me mettre ailleurs.” »
dossier « La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage. » Le curé d’Ars
P. Xavier Roquette : « On est impressionné par une journée du curé d’Ars. Elle commence à minuit ou une heure du matin par les confessions et ceci jusqu’à dix-sept heures de confessions par jour. Il ne ménage pas ses forces pour pouvoir réconcilier les gens avec Dieu. Il a en lui cette Miséricorde de Dieu, il n’a de cesse que de la transmettre. » P. Philippe Caratgé : « Tout l’éclairage de la prédication du curé d’Ars, c’est de montrer que Dieu est bon, qu’Il veut notre bonheur et que répondre à l’amour de Dieu, c’est accueillir la vraie joie qu’Il veut nous donner. Mais pour cela, il faut nous reconnaître pauvres pécheurs. C’est vrai que toute cette prédication en vue de la conversion fait que les gens tombent à genoux pour recevoir le pardon de Dieu. »
P. Xavier Roquette : « Le curé d’Ars n’a rien fait d’autre que ce que font tous les curés. Il va faire de la catéchèse, visiter des paroissiens, apporter les sacrements aux malades, célébrer la messe, confesser. Il fait ce que fait tout prêtre, mais avec cette conviction que c’est vraiment Dieu qui agit. C’est cela qui fait le rayonnement du curé d’Ars. Il disait en parlant de l’Eucharistie et en montrant le tabernacle : - “Il est là, Il est là, Dieu est là.” Quand il a dit ça, il a tout dit ! Ceux qui étaient présents à ce moment-là diront : “Le curé était là et avait une émotion et une conviction qui touchaient les cœurs.”
P. Roger Hébert: « C’est cette charité pastorale débordante du curé d’Ars qui fait de lui un modèle. Comme l’a dit Jean-Paul II, il a eu une manière extraordinaire d’être ministre du Seigneur, et il a vécu cela dans la simplicité. Ce qui est le plus grand miracle, c’est qu’il ait pu vivre dans ce village de 230 habitants. Pendant quarante années au moins, et qu’il ne se soit jamais lassé d’être le bon pasteur au milieu de ces gens. C’est là un modèle qui nous est donné. » v
Il va mourir d’épuisement à 73 ans. Le 4 août est une grande fête ici à Ars. Des gens viennent du monde entier. Je suis étonné de constater comment le curé d’Ars peut encore toucher les cœurs aujourd’hui. »
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Témoignages « Le jour de la confession, c’est toujours un jour de fête ! »
« Je me souviens du jour où je me suis confessé pour la première fois. J’avais à peu près 8 ans. J’ai “pédalé dans ma tête” pour trouver mes péchés comme l’ami du petit Nicolas pour retrouver le nom du fleuve qui traverse Paris. J’ai essayé de ne rien oublier, donc j’ai fait toute une liste de péchés dont je ne comprenais même pas la signification. Par exemple, le péché de gourmandise ; avant je croyais que c’était une qualité, donc je ne voulais surtout pas le cacher.
Entre 14 et 16 ans, j’ai commencé à comprendre que j’avais des choses qui ne tournaient pas très rond dans ma vie. Je me sentais éloigné de Dieu. J’ai compris que certains actes et pensées qui me rendaient triste.
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Sans détailler mes péchés, j’aimerais vous raconter ma première vraie confession. J’avais 21 ans et je vivais dans le péché “des étudiants” - fête tous les jours ! Je suis donc allé voir un prêtre, et j’ai confessé mes péchés en simplicité et en vérité, et en même temps je lui ai dit que je ne pourrais pas arrêter de vivre ce péché du jour au lendemain, c’était impossible. Le prêtre, qui était certainement inspiré par l’Esprit
Saint, m’a dit : « D’accord, je te donne l’absolution, mais un jour tu vas devoir choisir entre cette vie pleine de débordements, et la vie chrétienne ».
Mon choix s’est fait deux mois plus tard, quand j’ai décidé de suivre le Christ. J’ai demandé le Baptême dans l’Esprit Saint. C’était une très grande libération, une grande joie pour moi. Suite à cette expérience, la confession est devenue très importante dans ma vie. Quelle que soit la ville où j’habite, je cherche très rapidement un endroit pour me confesser.
Cette année, comme nous habitons à Lyon, assez vite j’ai eu l’idée d’aller régulièrement à Ars pour me faire pardonner. J’ai choisi Ars, car j’aime Jean-Marie Vianney.
Je suis un pécheur, et j’ai besoin d’être pardonné. J’ai besoin de confesser ma pauvreté, j’ai besoin de comprendre que je suis aimé malgré mes faiblesses. Selon les témoignages, ce curé avait la capacité d’aider les gens à dire la vérité sur eux-mêmes. Parmi ces personnes venant de toute la France, il y avait des pauvres et des riches de tous métiers, des personnes des grandes villes et des paysans. Ils sont tous repartis avec la joie d’être sauvés par le Christ. Moi aussi,
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j’ai envie d’être aidé par JeanMarie Vianney pour dire la vérité sur moi-même, en réponse à son appel : « Je voudrais gagner des âmes au Bon Dieu ». Je suis vraiment heureux de pouvoir passer du temps à Ars, une ou deux fois par mois, pour être gagnant avec le Christ.
Pour moi, le jour de la confession c’est toujours un jour de fête. J’y vais en silence, sans écouter la radio, je prie 10 à 20 minutes, je me confesse et ensuite je mange un bon gâteau dans la boulangerie juste à côté de l’église. »
Gergely Varga, ccn, marié et père de famille.
dossier Regards Protestants Michaela Borrmann
« Ce qui me marque beaucoup, c’est évidemment la journée du Curé d’Ars et ce charisme pour le sacrement de la réconciliation. C’est quelque chose que mon Eglise luthérienne redécouvre depuis plusieurs décennies. Cette expérience rejoint celle, très profonde, que Martin Luther a faite au XVIème siècle.
Martin Luther était quelqu’un qui vivait dans la piété médiévale, où on a essayé, avec toutes sortes d’œuvres de piété, de se rendre Dieu favorable. De plus, Luther avait une conscience très forte d’être pécheur et, de ce fait, une conscience très tourmentée. En tant que moine, il a suivi de manière assidue une règle très austère. Il a tout fait : prières, veilles, jeûne etc. Et aussi la confession. Il se confessait très, très régulièrement. Derrière cette attitude, il y avait une image de Dieu, celle d’un Dieu juste et vengeur. Un Dieu qui voulait que l’homme vienne à lui, et répare ce qu’il a mal fait, sinon il serait puni. Luther a « Celui essayé de se rendre ce Dieu qui est juste favorable. Et ça n’a pas marché, il n’a pas trouvé la paix. par la foi Jusqu’au jour où il a médité vivra.» sur une phrase dans l’épître aux Romains qui parle de Romains 1, 17 la justice de Dieu. Luther a tourné cette phrase dans tous les sens (Romains 1, 17) : Que voulait dire “Justice de Dieu”? Il pensait que cela voulait dire: Dieu est juste, il punit les pécheurs. L’Esprit Saint lui a alors fait vivre une expérience profonde (je dirais presque son baptême dans l’Esprit Saint), où il a découvert que la Justice de Dieu, c’est la bonté de Dieu, Dieu qui rend le pécheur juste, Dieu qui justifie le pécheur, Dieu qui pardonne, par pure miséricorde. Qui habille le pécheur par sa justice. Et tout d’un coup, toute la perspective a changé : dans la confession, Luther pouvait recevoir cette miséricorde de Dieu qui le précédait et qui lui était redite dans le sacrement. Dieu donne gratuitement la miséricorde aux pécheurs. Pour Luther, cela a été un bouleversement, mais aussi dans la théologie et dans la piété des gens, un bouleversement planétaire. »
« J’ai été ordonné prêtre de l’Eglise anglicane il y a maintenant deux ans. Quand vous commencez une carrière de ministre ordonné, vous pensez que vous allez développer vos talents, apporter beaucoup, vous voulez développer un ministère, devenir un leader chrétien, en un sens vous voulez le succès, pas pour vous-même, mais pour l’Evangile. Comme JeanMarie Vianney, j’ai appris que mon ministère est beaucoup plus efficace, et même le plus efficace, lorsque Dieu travaille à travers mes faiblesses.
Tim Watson
C’est quelque chose de vraiment humiliant à reconnaître, mais en fait c’est le cœur du ministère : les lieux où je peux être le plus transparent à la grâce, où je peux être un instrument dans les mains de Dieu sont les lieux où je reconnais ma faiblesse, ma pauvreté, les moments où je me tiens juste assis, là avec mes frères et sœurs. Particulièrement à travers la pratique du sacrement de la confession. Peut-être ne sait-on pas vraiment que ce sacrement existe dans l’Eglise d’Angleterre, même s’il n’est pas aussi répandu que dans l’Eglise Catholique. Pour moi, cela a été une grâce très spéciale de découvrir le ministère de la miséricorde et de la réconciliation. C’est un lieu où je ne suis pas la personne avec les réponses, où je ne viens ni en expert ni en conseiller. Je me trouve simplement assis là avec un frère ou une sœur, et nous sommes « deux pauvres face à face ». En l’acceptant, Dieu peut alors m’utiliser comme instrument de sa réconciliation et nous pouvons alors expérimenter ensemble quelque chose de la miséricorde et de l’amour que Jésus est venu apporter. De la même manière que le ministère de la réconciliation a été redécouvert dans l’Eglise Catholique, j’espère fortement que mon Eglise approfondira, les prochaines années, la grâce de ce sacrement. Et il n’y a pas de meilleur modèle qu’un Jean-Marie Vianney ! »
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œcumén
VIE
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œcuménisme
Naissance de l’Eglise Protestante Unie de France
Choisir la confiance Au cœur de son premier synode, la nouvelle Eglise Protestante Unie de France a célébré sa fondation par une journée inaugurale les 10 et 11 mai derniers à Lyon, en présence de nombreux représentants des autorités religieuses et civiles. Ce temps fort a commencé par une nuit de prière œcuménique au Grand Temple, animée par des Communautés de différentes confessions chrétiennes, dont la Communauté du Chemin Neuf.
Si les réformés et luthériens français ont pu célébrer l’union de leurs Églises, c’est le fruit d’un long chemin. Officiellement, les travaux ont commencé en 2007, mais un travail préparatoire de plusieurs années a précédé. Ainsi, pour le pasteur Laurent Schlumberger, président de la nouvelle Église, celle-ci est un « fruit du mouvement œcuménique » à travers lequel « l’Esprit du Dieu vivant est à l’œuvre ». Ce fruit, nous le recevons au moment où se produit une « métamorphose considérable » de l’identité protestante française, a constaté Laurent Schlumberger lors de son allocution au cours du service inaugural, le samedi 11 mai. Ce samedi, il le voit à l’image du Samedi saint « entre le repli amer et la confiance possible ». La nouvelle Eglise est donc
« Passer d’une Eglise qui se serre les coudes à une Eglise qui ouvre ses bras. » appelée à « choisir la confiance, celle dont Dieu a fait le choix, une fois pour toutes. Pendant des siècles, être protestant en France, ce fut ne pas être catholique ». Le protestantisme aurait alors ressemblé à « un petit troupeau se serrant les coudes ». Or, cela n’est plus pertinent dans une société à majorité agnostique où il faudra donc passer « d’une Eglise qui se serre les coudes à une Eglise qui ouvre ses bras », une « Eglise de témoins ».
Oliver MATRI,
Luthérien, Membre de l’équipe œcuménique de la Communauté du Chemin Neuf.
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Les intervenants de la journée inaugurale de l’Eglise Protestante Unie de France
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Témoignage
« Au service de nos frères protestants »
Un changement considérable ! Fera-t-il perdre leur identité aux réformés et luthériens ? Cette crainte est infondée, puisque chacun garde sa spécificité. Le slogan qui accompagne le logo de l’Eglise Unie est bien « communion luthérienne et réformée ». Néanmoins, dans son allocution, le frère Aloïs de Taizé a encouragé les uns et les autres à entrer dans cette communion avec des bagages légers : « Chacun apportera le meilleur de sa tradition. Chacun acceptera de laisser en arrière ce qui est secondaire ». Est-ce là un modèle pour d’autres Eglises, d’autres pays ? La France n’est pas le premier pays à voir réformés et luthériens s’unir, mais c’est toujours un pas en avant pour l’œcuménisme. Un pas qui peut en inspirer d’autres – tel celui formulé par le Cardinal Philippe Barbarin, « sur le mode ‘I have a dream’ », sur la prochaine étape vers l’unité des chrétiens : « Quelles conditions réunir dans une Eglise pour accueillir à la communion eucharistique tous ceux qui respectent sa foi et qui agissent en communion spirituelle avec leur propre Eglise ? Parfois même mon esprit s’envole pour imaginer un scénario totalement inattendu qui viendrait de Dieu, en brûlant les étapes, pour rétablir l’unité tant désirée. » Dans les médias qui les ont relayées, ces paroles ont aussitôt été interprétées comme un pas vers l’intercommunion. En ce qui concerne les réformés et luthériens, les structures de leurs Eglises sont désormais unies – maintenant ce sera à chacun de faire son chemin vers l’unité. Par exemple, au sujet des différences liturgiques : l’après-midi de la journée inaugurale, au cours du solennel culte synodal, quand le pasteur luthérien Jacques-Noël Pérès annonce le pardon des péchés avec la formule luthérienne « En tant que ministre ordonné de l’Eglise, je vous pardonne… », l’irritation d’une partie de l’assemblée était sensible. Plus qu’un aboutissement, c’est donc l’ouverture d’un nouveau chemin qui a été célébré à Lyon. Un chemin qui a été entamé au mois de juin partout en France par des journées de fête et des cultes d’inauguration, dans chaque paroisse de l’Eglise Unie. v
Depuis quelques mois l’information nous était parvenue : l’Eglise Réformée de France et l’Eglise Evangélique Luthérienne allaient s’unir pour former l’Eglise Protestante Unie de France. Nous revenions d’un voyage aux Pays-Bas à la rencontre des chrétiens protestants dans leur diversité (réformés, luthériens, mennonites). A cette occasion nous avions appris l’existence de l’Eglise Protestante Unie des Pays-Bas. Et cela nous avait beaucoup étonnés. Quelle surprise d’apprendre alors que l’événement allait se produire en France et que la ville de Lyon avait été choisie pour accueillir le premier synode de l’Eglise Protestante Unie de France !
Quelle surprise encore plus grande et surtout quelle joie d’apprendre que pour être veilleur lors de la nuit de prière qui allait précéder les organisateurs sollicitaient quatre communautés : deux communautés protestantes, la communauté de Taizé et la communauté du Chemin Neuf dont nous sommes membres. Nous avons vécu la préparation de notre contribution à ce temps de prière entre frères d’Eglises différentes dans notre communauté même, dans un vrai souci de respect et de vérité, pour être en pleine communion avec cet événement. Nous avions le cœur plein de reconnaissance pour les frères et sœurs réformés et luthériens de France.
Nous qui portons tant ce désir de l’unité des chrétiens, ils nous permettaient de les accompagner sur ce chemin. Nous n’étions pas au bout de nos surprises en découvrant la foule présente dès la veillée d’ouverture, avec nombre de catholiques. Nous avons prié cette nuit-là dans le grand temple, heureux d’accompagner nos frères qui s’engageaient officiellement et publiquement à faire l’unité. Quelle audace prophétique ! Le lendemain, des responsables de différentes Eglises invités exprimaient tous leur étonnement d’être témoins d’un tel événement. C’est comme s’il nous était donné d’apercevoir la terre promise. Quelle espérance pour notre monde !
Isabelle et Vincent Feron, ccn
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Evénement : Protestants en fête
Paris
d’espérance Une bonne opportunité de découvrir le protestantisme français ! Du 27 au 29 Septembre 2013, les protestants de France sont invités à faire la fête à Paris sur le thème « Paris d’espérance ».
Il est bon de rappeler la genèse de cet événement : la Fédération protestante de France organisait tous les 4-5 ans les Assises du protestantisme qui regroupaient une délégation de toutes les Eglises ainsi que les principales œuvres, mouvements et associations caritatives protestantes. Les dernières ont eu lieu à Clermont-Ferrand en 2004. Au moment du bilan, le Conseil de la Fédération a décidé qu’il souhaitait plutôt organiser une large manifestation qui rassemblerait le peuple protestant dans toute sa diversité, sous la forme d’une fête plutôt que d’un rassemblement institutionnel. D’où l’initiative « Protestants en fête ». La première édition a eu lieu à Strasbourg en 2009 et fut un grand succès. Après Paris, on pense déjà à la suivante qui aura lieu à Lyon en 2017 pour les 500 ans de la Réforme.
Ces quelques mots sont tout à la fois un projet et un témoignage. Projet de donner une image autre que celle, dépassée, d’un protestantisme froid, austère et presque secret tant il est discret. Alors, le protestantisme sort de ses murs habituels et s’expose, au moins dans deux sens du terme : il se présente et se risque. Les différents villages, la multiplicité des manifestations, le culte à Bercy, seront là pour décliner cette intention : afficher la diversité du protestantisme et ses différentes sensibilités comme autant de façons de rendre témoignage de cette assurance que Dieu aime le monde ; et engager cette parole publiquement, à l’extérieur des temples et des chapelles. Sur cet acte divin irrévocable, tous les chrétiens convergent. C’est ce qui est rappelé dans une des lectures bibliques proposées aux catholiques et protestants du monde entier pour le dimanche 29 septembre, dans ce texte de l’épître aux Hébreux : « Cette espérance est pour nous comme l’ancre de notre vie » (Heb 6,19). Jean-Charles Tenreiro, Pasteur de l’E.P.U.F. à Levallois-Perret (92)
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Que voir, où aller ? Il est difficile de citer toutes les manifestations, expositions, rencontres, conférences, spectacles et autres activités qui se dérouleront non seulement à Bercy mais dans de très nombreux lieux à Paris. On pourra, bien sûr, visiter le site www. protestantsenfete2013.org pour trouver les dates et les lieux exacts, mais pour mieux découvrir les multiples facettes du monde protestant, il est proposé notamment plusieurs « villages » à thème : u Village des institutions ou découvrir le protestantisme de l’intérieur (Bercy). Luthérienne, réformée, évangélique, baptiste… Venez découvrir de près la diversité et la richesse des différentes sensibilités qui s’expriment au sein des Eglises du protestantisme. Mouvements et institutions vous feront mieux approcher le protestantisme à travers la promotion de la lecture de la Bible, la théologie, la mission, l’histoire, la culture, mais aussi par des engagements sociétaux, solidaires, internationaux… u Village Jeunesse (Place H. Frenay – Gare de Lyon). De nombreuses animations s’y déroulent. Une scène ouverte permet d’accueillir une succession de manifestations artistiques et autres. Le village abrite également divers stands où petits et grands pourront découvrir le large éventail, et toute la diversité protestante : des mouvements de jeunesse, d’associations, d’instituts de formation… u Village des Medias et des Editeurs Protestants (parc de Bercy). Dans le parc de Bercy, les éditeurs protestants vous donnent rendez-vous dans une grande librairie éphémère. Les médias protestants, qu’ils soient journaux régionaux, magazines, revues, sites internet, etc., sont réunis au kiosque des médias installé entre l’espace des éditeurs et le plateau-radio. Sans oublier un espace bien particulier à visiter « Protestants en boîte » pour y laisser une trace originale, (im)pertinente, humoristique, sérieuse…
Protestants en fête en 2009 à Strasbourg
u Village Solidarités (Place du Palais Royal). Venez découvrir une centaine d’acteurs protestants de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion, agissant en faveur des droits humains et du développement durable, ou accompagnant des personnes malades ou en situation de handicap. Vous y partagerez un moment de joie et d’espérance, grâce aux animations riches et variées qui se dérouleront tout au long de « Protestants en fête » ! Visage de la diaconie protestante, la Fédération de l’Entraide Protestante (FEP) regroupe 360 associations et fondations représentant quelque mille établissements et services dans le secteur social, médico-social et sanitaire. Un réseau national qui représente près de 28 000 collaborateurs, salariés et bénévoles, investis dans de multiples actions : accès aux soins, insertion, hébergement, logement, accueil et accompagnement des personnes dépendantes ou souffrant d’exclusions, etc... En dehors de ces villages, un peu partout à Paris et dans quelques villes de banlieues sont proposées des conférences, des débats, des expositions, des visites guidées, du cinéma, des portes ouvertes, des animations bibliques, des soirées de méditation, des jeux et même des activités sportives !
Les deux grands moments de ce rassemblement (pour lesquels il faut réserver sa place) seront le spectacle de samedi soir et le culte de dimanche matin, qui se dérouleront dans l’enceinte du palais Omnisport Paris-Bercy.
Grande soirée Spectacle :
Il y en aura pour tous les goûts samedi soir avec du Jazz Soul (Manu Dibango, Jean-Marc Reyno et Julie Star), du théâtre (Sketch-up, Saïd Oujibou, Les Accroches Lunes), de la musique classique (Peter Bannsietr et l’ensemble Crescendo), et de la musique actuelle avec de nombreux jeunes artistes chrétiens….
Culte du dimanche :
Le culte du dimanche matin sera animé musicalement par une chorale de 1000 personnes, avec des danses et la participation des enfants.
Mode d’emploi :
Venez visiter le site et s’inscrire en ligne ou par courrier. Une participation de 10 euros vous permettra de recevoir un bon de participation que vous pourrez échanger (dans l’un des villages ou à Bercy) contre le « kit » complet de la manifestation (sac, programme complet et écharpe). v
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Prière prière Prière e « Je vous aime, ô mon Dieu, et mon seul désir est de vous aimer jusqu’au dernier soupir de ma vie. Ô mon Dieu, si ma langue ne peut dire à tout moment que je vous aime, du moins je veux que mon cœur vous le répète autant de fois que je respire. Et plus j’approche de ma fin, plus je vous conjure d’accroître mon amour et de le perfectionner. Ainsi soit-il. » Acte d’Amour du curé d’Ars
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Interview : Emmanuel Faber
Vivre l’économie autrement Lors de sa conférence donnée au Forum Jeunes Pro*, Emmanuel Faber affirmait l’impasse que représente un modèle d’entreprise qui ne considère que le profit de l’actionnaire. Mais aujourd’hui, chercher à concilier l’intérêt des différentes parties prenantes de l’entreprise, les salariés mais aussi les clients, les fournisseurs, les collectivités, ainsi que l’environnement et le long terme n’est pas une voie facile. Un véritable discernement doit s’opérer et on peut imaginer que tous les choix à poser ne sont pas évidents.
m F.O.I. : En tant que dirigeant clé
de Danone, comment discernezvous ce qui est juste, bon ou profitable ?
E. Faber : « Les décisions de ce type sont multiples chaque jour en effet. Ma façon de discerner est de considérer que le processus de décision est plus important que le résultat de la décision. Le résultat, en fait, nous appartient plus ou moins, sa mesure peut être contestée ou compliquée à établir. Il faut avant tout chercher la vérité pour bien discerner et avancer. Dans ce processus de décision, il y a deux étapes clés : la première étape est de repérer les effets de la décision sur soi-même. Quand nous ne sommes pas attentifs à cette dimension, nous passons à côté de ce qui au fond dicte notre arbitrage. Je suis frappé de voir comment, dans la vie des entreprises, grandes ou petites, les dirigeants ou les employés sont mûs de façon sous-
*Forum Jeunes PROS >>> La 1ère édition (avril 2013) a réuni plus de 300 jeunes professionnels à Sophia-Antipolis (Nice) autour du thème : « Nous sommes les coopérateurs de Dieu »1 Cor 3, 9 . En plus des nombreux workshops, trois invités d’honneur sont intervenus : Emmanuel Faber, Directeur général délégué de Danone, Fabrice Hadjadj, Directeur de l’Institut Européen d’Etudes Anthropologiques Philantropos à Fribourg et Elena Lasida, Economiste et Maître de conférence à la Faculté de Sciences Sociales et Economiques (FASSE) de l’Institut catholique de Paris. Conférences en ligne sur : http://public.ndsagesse.com/fr/conferences/
forum 2014 : a Lyon du 8 au 11 mai 2014
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jacente par la peur : la peur de changer car la situation actuelle est plus confortable, ou au contraire car la situation est dangereuse et il faut changer pour revenir vers une situation stable et équilibrée. Quand on décide beaucoup, on repère très vite cette peur, chez ses collègues comme chez soi. De quoi ai-je peur fondamentalement ? Dans cette décision, quelle est ma crainte ? Une crainte de manquer de justesse ? Qu’est-ce qui est en jeu pour moi ? Par exemple pour les suppressions de poste, le chômage me touche à titre personnel et si c’est le cas, je vais avoir probablement cette vigilance quand il y a une question qui se pose entre emploi et efficacité. Est-ce pourtant juste que je me laisse influencer sans en être conscient ? Pour une décision qui va avoir des impacts sur mon activité, l’arrêt de mes propres projets, si je dis oui par exemple, ou une impossibilité d’atteindre mon bonus, si je dis non. Et puis, plus profondément la peur de perdre
ion chrétienne ion chrétienne formation Emmanuel Faber >>> Directeur général délégué de Danone depuis 2008 et auteur de Chemins de traverse, et de Vivre l’économie autrement (Editions Albin Michel). Diplômé d’HEC en 1986, il débute sa carrière chez Bain & Company avant de travailler chez Baring Brothers puis chez Legris Industries en tant que Directeur général. Il entre par la suite chez Danone comme Directeur développement et stratégie, puis comme Directeur financier. >>> Actuellement, il est responsable de l’ensemble des directions fonctionnelles du groupe et de sa stratégie. Il développe et supervise à ce titre toutes les initiatives du groupe en termes de « social business ». Marié, père de 3 enfants, chrétien engagé et dirigeant, il témoigne de son expérience du discernement.
mon travail, de ne pas être à ma place et derrière cette peur-là, la peur de ne pas être aimé ou de ne pas exister. Quand on va au fond, on sent cette peur de manquer de reconnaissance : moimême, je la vis très régulièrement dans chacune de mes décisions car je prends cet “ascenseur intérieur” aussi loin que possible pour savoir ce qui est en jeu.
« Concilier l’intérêt des parties prenantes est très complexe et c’est mon rôle que d’arbitrer et de choisir. » Cette question de la peur se retrouve aussi à l’opposé dans la question de l’envie, l’enjeu de ce qui est en “vie”. La deuxième étape est de questionner la disposition dans laquelle on se trouve pour prendre une décision, surtout si elle est compliquée. Quand je dois prendre une décision qui me paraît difficile un vendredi soir, je prends un week-end, je décide d’attendre, surtout si je suis fatigué ou en colère. Le lundi matin, je peux voir les choses autrement et être posé : je me sens souvent personnellement mieux en début de semaine et alors je sais mieux me “positionner” dans cette décision et savoir si je suis ajusté. »
m F.O.I. : Les valeurs ne semblent pas être premières dans vos décisions ? E. Faber : « Je me méfie beaucoup de ce que l’on met derrière les valeurs. C’est très facile de se laisser tromper par les valeurs spirituelles, ou ne seraitce qu’humanistes. J’ai vu des gens, des communautés, complètement déraper alors que tout allait bien au niveau des valeurs et du spirituel. Je me méfie beaucoup de la lecture spirituelle que ma conscience blessée est capable de construire. On dit que la foi doit être éclairée par la raison. Personnellement, j’essaie d’éclairer ma propre conscience, là où j’en suis, avant d’intégrer toute dimension spirituelle. Bien sûr, les dimensions psychologique et spirituelle ne sont pas si séparées dans le temps et le processus de décision est long à chaque fois, surtout avec l’habitude. En tout cas, faire la vérité en moi est indispensable. Au niveau de l’entreprise, on peut avoir une vision faussée des choses. Une entreprise n’existe que parce qu’elle a une utilité sociale, contrairement à ce que l’on peut entendre souvent. Tout y est partage. L’intérêt des actionnaires est important. Les actionnaires, ce sont aussi les petits épargnants qui ont travaillé toute leur vie et qui ont investi à
risque le fruit de leur travail dans des actions Danone, directement ou indirectement. Un dividende leur est dû, comme un salarié a besoin de son salaire, un consommateur a besoin de se nourrir avec des produits de qualité et à un prix compatible avec son budget ainsi qu’un fournisseur de lait a besoin de vendre sa production à un prix qui lui permette de vivre. Concilier l’intérêt des parties prenantes est très complexe et c’est mon rôle que d’arbitrer et de choisir. La question que je me pose sans cesse : suis-je ajusté dans mon processus de décision ? Les valeurs comme l’option préférentielle pour les pauvres sont très importantes bien sûr, mais attention à ce qui nous motive profondément ! » m F.O.I. : Ce travail de discernement est donc très intérieur : il exige sans doute une certaine « unité » du dirigeant entre sa vie professionnelle et personnelle. Pouvez-vous nous dire comment vous trouvez cette unité ? E. Faber : « Il est important de connaître ses besoins et ce qui nous ressource. Personnellement, j’ai besoin de sport et de montagne pour me “retrouver” : l’escalade est mon lieu de ressourcement « entre ciel et terre », c’est en quelque sorte aussi ma forme de prière, une prière “verticale”. J’ai besoin d’être avec mes enfants et ma femme. Non pas pour faire le papa ou mari exemplaire, mais parce que j’en ai fondamentalement besoin. Travailler à faire l’unité dans sa vie est aussi très important. Mon couple est un espace essentiel dans ma vie professionnelle, particulièrement quand il y a des directions à prendre, des choix, des limites ou des priorités à poser. Par ailleurs, j’ai toujours souhaité partager avec ma famille ce que je vis au niveau professionnel. Ma femme sait assez bien ce que je fais. Mes enfants aussi : je les ai emmenés sur des sites Danone pour qu’ils comprennent ce qui m’occupe tant et le sens que cela a pour moi. Le dialogue avec eux est très important pour moi qui doute chaque jour dans ce que je fais. Ils sont aussi source d’encouragement. » v
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Vie spirituelle : l’accompagnement spirituel
Au côté
d’un frère Parmi les résolutions de la rentrée, il peut y avoir celle, essentielle, de prendre les moyens d’avancer dans la vie spirituelle. Or, il est bon de ne pas rester seul sur ce chemin, voilà ce que nous disent les Ecritures et la tradition de nos Eglises. « L’accompagnement spirituel, pourquoi et comment ? », explications données par Marie Noëlle Gélébart, une des responsables de la formation à l’accompagnement au Chemin Neuf.
Marie-Noëlle Gélébart
Communauté du Chemin Neuf
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Depuis des siècles, des hommes désireux d’avancer sous le regard de Dieu ont recherché autour d’eux des « sages » pouvant les écouter et les guider. Dans l’Ecriture, nous trouvons de nombreux exemples, tels David entouré du prophète Nathan, Tobie accompagné lors d’un voyage important par Raphaël, qui s’avère être un ange, à ses côtés pour le guider. A Paul, aveugle, est envoyé Ananie qui lui impose les mains pour qu’il recouvre la vue…
« Etre chrétien, au sens plein du mot, c’est tendre à développer pleinement en soi la vie spirituelle donnée au baptême » affirmait Jean Daniélou, s.j. 2. Il s’agit donc, pour une personne qui en a le désir, d’avancer sur un chemin de foi, de choisir la volonté de Dieu, de suivre Jésus et s’attacher à Lui. Joseph Stierli, s.j. décrit l’accompagnement comme « une pastorale individuelle méthodique et régulière dans la ligne et en vue de la perfection chrétienne »3.
L’accompagnement spirituel personnel s’est institué en pratique organisée dans le cadre du mouvement monastique autour des pères du désert au IVème siècle. Des écoles de vie spirituelle se sont constituées : pour éviter illusions et embûches, le débutant « communique ses pensées » à « l’ancien », homme plus expérimenté qui saisit et comprend le travail de Dieu et à qui est reconnue une grâce de parole, dite dans l’Esprit.
« C’est une pause vitale, adaptée à la personnalité de chacun, qui permet d’avancer, de repartir parfois. »
Cependant, c’est au Moyen Age, avec les ordres mendiants, que cette pratique s’adresse plus largement à tout fidèle. Mais, c’est à la période moderne, avec l’influence décisive des Exercices Spirituels de St Ignace, le développement de la spiritualité carmélitaine puis de l’école française de spiritualité, que la spiritualité monastique s’adapte aux laïcs et la direction spirituelle au peuple chrétien. Ces dernières années, on parle plutôt d’accompagnement spirituel. Aujourd’hui, il réapparaît avec force dans l’Eglise comme une grâce et une nécessité et s’adresse à tout croyant 1.
Dans cette perspective, il est nécessaire d’avoir recours à une personne capable d’en initier et guider d’autres dans cette vie chrétienne. Pour l’expliciter, Grégoire de Nysse prenait l’image de quelqu’un qui désire apprendre une langue étrangère. Il n’apprend pas de lui-même « mais se fait instruire par ceux qui la connaissent et devient ainsi capable de la parler en faisant de rapides progrès par l’accoutumance de l’oreille ». Il ajoute que « c’est d’ailleurs une loi générale pour tout métier : on apprend mieux avec quelqu’un d’expérimenté que tout seul ! »4
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ion chrétienne ion chrétienne formation rencontrer personnellement le Christ, entrer dans une vie de prière, s’ouvrir aux charismes. Ce temps d’échange peut être vraiment le lieu pour découvrir l’Esprit Saint comme hôte intérieur. Le « frère aîné » pourra nommer les moments de consolation ou désolation, le combat spirituel et amener à percevoir comment l’être profond est conduit par l’Esprit. Développer une intériorité, entrer en soi-même, c’est apprendre à connaître sa personnalité unique et irremplaçable pour progressivement découvrir en soi la volonté de Dieu. L’accompagnateur peut aider à « s’aimer soi-même en Dieu, s’efforcer de coïncider avec cet appel intérieur qui nous suscite à l’existence et nous attire vers le Christ » écrit Claude Flipo, s.j. Dans la Communauté du Chemin Neuf, l’accompagnement dans la vie courante est un temps d’arrêt avec un frère aîné dans la foi, pour mettre des mots, verbaliser ce qui a été vécu, être écouté jusqu’au bout. C’est « relire » les dernières semaines écoulées et y repérer la présence et l’action de Dieu à travers rencontres et événements. « C’est le Seigneur ! » déclare Jean à Pierre, voyant Jésus ressuscité sur le bord du lac, lors de la seconde pêche miraculeuse (Jean 21, 7). Il s’agit de prier sa vie et vivre sa prière : faire des liens entre l’humain et le spirituel dans le quotidien. En fait, c’est une pause vitale, adaptée à la personnalité de chacun, qui permet d’avancer, de repartir parfois, ou encore de retrouver le sens dans certaines impasses ou épreuves. Pour des personnes débutant un chemin de foi, ce peut être une aide pour vivre le baptême dans l’Esprit Saint, faire l’expérience de l’amour du Père,
Dans ce compagnonnage on va « chercher à accueillir, au-delà des valeurs humaines, notre vocation divine, ce que l’Esprit Saint désire développer en nous. » 5 C’est une éducation au discernement spirituel, nécessaire dans les grandes décisions (tels le choix d’un état de vie ou une orientation professionnelle) comme au quotidien. Certaines ténèbres exigent d’être illuminées de l’extérieur. Pensons à l’exemple du prophète Nathan qui aide David à prendre conscience de son péché. L’accompagnateur est témoin de la Loi dans ce chemin de liberté, cet appel à vivre l’Alliance6. Il désigne Jésus sauveur, se positionne comme Jean-Baptiste, l’ami de l’époux, qui montre à ses disciples Jésus « l’Agneau de Dieu » (Jean 1, 29)7. Il peut être encore comme le diacre Philippe envoyé par Dieu à ce fonctionnaire éthiopien, sur la route de Gaza, qui lui explique un passage de l’Ecriture et l’amène au baptême (cf. Actes 8, 26-40). La Parole a une place non négligeable au cœur des échanges.
Dans la Bible, tout l’homme est présent… et elle nous apprend Dieu ! Comme pour les disciples d’Emmaüs, Jésus lui-même chemine avec eux et leur explique les Ecritures (Luc 24, 27). Le lieu où l’espace spirituel de l’accompagnement demeure en tout temps est l’Eglise. Même s’il a un caractère extrêmement personnel, ce temps régulier représente un vécu, un enracinement ecclésial faisant grandir la communion. Aujourd’hui, dans la Communauté du Chemin Neuf, différentes personnes se voient appelées à cette mission. Mais, être accompagnateur ne s’improvise pas. C’est un service d’Eglise qui est confié. Accompagné lui-même, l’accompagnateur doit certes posséder quelques connaissances théologiques, psychologiques et spirituelles, mais avoir également du bon sens, un certain jugement pratique et surtout être un priant. Cette mission est avant tout une école d’humilité. Ce compagnon « dispose », prépare, libère, stimule, conseille, éperonne ou corrige mais s’efface devant l’action du Créateur, voulant disparaître devant l’unique Maître et laissant l’homme face à Son Seigneur. Il campe dans l’intercession. C’est un instrument de l’Esprit Saint, complètement dépendant de Lui, serviteur inutile : témoin, il sait que c’est Lui qui agit et il s ’en émerveille ! v 1 - Claude Flipo s.j, « L’accompagnement spirituel : un enjeu ecclésial », in Christus HS n° 153, p 5-7 2 - Jean Danielou s.j., « La direction spirituelle dans la tradition ancienne de l’Eglise », idem, p 12 3 - Joseph Stierli s.j., « L’art de la direction spirituelle », idem, p39 4 - Jean Danielou s.j., « La direction spirituelle dans la tradition ancienne de l’Eglise », idem, p 13 5 - Claude Flipo s.j., « Oubli de soi ou souci de soi ? », in Se reposer en sa Présence – Tychique, 2002, p. 77 6 - François Michon i.c.n., « J’aime ta Loi Seigneur,
Elle donne la vie ! », idem, p. 127 7 - Jacqueline Coutellier c.c.n., « La spiritualité ignatienne dans la communauté du Chemin Neuf », idem, p. 50
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Formation chrétienne
Colloque Siloé : la demande spirituelle et le soin
Santé et Salut,
même combat ?
Quelle place peut-il y avoir dans le soin pour le message de la foi chrétienne, en particulier pour la bonne nouvelle du salut ? Se poser cette question c’est s’interroger sur les relations contemporaines entre médecine et spiritualité, et plus largement entre santé et salut. Des domaines qui pouvaient se développer dans une indifférence respectueuse, montrent aujourd’hui un regain d’intérêt mutuel. Peuton alors envisager le soin comme un lieu spirituel ?
Anne CHAPELL
Sœur du Sacré-Cœur de Jésus, Médecin en soins palliatifs, Maison Médicale Jeanne Garnier, Paris.
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Médecine et spiritualité : des lieux de convergence inattendus Le développement de la techno-médecine depuis les années 1975 a suscité, en réaction, la revendication d’une approche holistique du patient. Cette critique d’une médecine qui risquerait de s’intéresser davantage à la maladie qu’au malade milite pour une approche globale du soin. Par ailleurs, se déploie un certain courant « esthétisant » de la médecine1 qui veut répondre à l’injonction du bien-être et de la vie en harmonie avec son corps. De son côté, la spiritualité, dans une dynamique qui n’est pas étrangère au mouvement des Lumières, s’émancipe de la religion. Cette « détraditionnalisation » de la spiritualité (qui prend son autonomie par rapport aux confessions religieuses) rend disponible un concept - le spirituel - qui est surtout perçu comme vecteur d’harmonie avec soimême, les autres, le cosmos et Dieu luimême. Se trouvent alors en présence,
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d’une part, une médecine qui asphyxie dans son carcan hypertechnicisant, mais aussi un courant médical esthétisant en recherche de mieux-être, et d’autre part, une spiritualité délestée de son enracinement dogmatique et qui s’offre comme facteur d’harmonisation. La médecine trouve ainsi dans la spiritualité le moyen d’un accomplissement auquel elle aspirait. Cependant, elle tend à l’assujettir en lui délimitant de nouvelles frontières jusqu’à en constituer presque un adjuvant au soin. Le danger de cette spiritualité post-moderne est de se laisser instrumentaliser par telle ou telle science opportuniste. Le propre de la spiritualité semble, au contraire, d’être capable de résistance face à toute assimilation2. La tradition chrétienne reconnaît précisément des « passages obligés », signes d’une expérience spirituelle authentique. Ainsi, alors que la médecine recherche dans la spiritualité un facteur bienfai-
ion chrétienne ion chrétienne formation sant, qui n’intègre pas forcément le tragique de l’existence, la tradition chrétienne, elle, reconnaît d’emblée la place centrale du combat spirituel. Elle offre une interprétation de l’expérience de la souffrance qui permet de la traverser sans sombrer dans l’absurdité du nonsens, et se positionne en conséquence face au soin. Le travail spirituel est, en effet, un processus lent, laborieux et risqué. La médiation du temps a donc toute son importance. Loin de la recherche d’un contact direct avec l’absolu, la foi chrétienne valorise également d’autres médiations : les relations humaines (ce peut être le soignant) et les événements. Elle intègre aussi la notion de grâce en affirmant que l’initiative de la vie spirituelle vient d’un Autre. Elle s’inscrit ainsi dans une logique de don gratuit, non pas de décision volontaire du sujet tel que le prône la médecine. Enfin, l’absolu recherché par la voie chrétienne est le Dieu trinitaire rencontré de façon personnelle, et non pas une vague communion cosmique impersonnelle, ni l’expérience égocentrée d’un esprit humain qui deviendrait capable d’auto-transcendance.
Santé et salut : des retrouvailles parfois surprenantes Outre leur étymologie commune, les concepts de santé et de salut connaissent une communauté d’évolution : des raisons suffisantes pour expliquer leurs liens intimes ? Le sens premier du latin salvus a trait à une préservation physique (santé). Ce n’est qu’avec la diffusion du christianisme en Occident et le passage par le grec soterios que le sens glisse vers la notion de sauvegarde spirituelle (salut). La tradition chrétienne voit alors s’affirmer deux compréhensions du salut. Le salut comme réparation vient restaurer une condition humaine radicalement marquée par le péché (St Augustin). Par contre, le salut comme maturation cherche à exaucer l’attente fondamentale de l’être humain en termes d’épanouissement et de progression constante (St Irénée).
Curieusement, l’approche de la santé peut se faire selon deux pistes de compréhension qui rappellent ce qui vient d’être exposé pour le salut. D’une part, la santé peut être perçue comme la restauration à l’état antérieur à la maladie, ou pour le moins, le retour à un équilibre compatible avec une allure de vie autonome. D’autre part, la santé peut se présenter comme une potentialité à déployer jusqu’à une sorte d’infini inaccessible, « un état de complet bien-être physique, mental et social » dira l’OMS en 1948 dans sa définition asymptotique de la santé.
« Il s’agit d’apprendre à guérir de notre rapport rebelle à la finitude. » Peu à peu, s’opère un glissement et la santé n’est plus envisagée comme absence de maladie mais elle devient une fin de l’existence. Le bien-être est érigé en Bien absolu et la santé se présente alors comme une « néo-eschatologie » 3. Ainsi, la santé représente pour beaucoup de nos contemporains un substitut moderne du salut. Elle passe par l’intégration de messages d’éducation sanitaire et d’hygiène de vie qui tiennent lieu de normes morales. Néanmoins, il semble y avoir malgré tout, dans le rapport moderne à la santé, une brèche ouverte pour la réception du salut chrétien.
La spiritualité dans le soin : témoigner du salut qui vient Si l’on prend le cas particulier du soignant en soins palliatifs (ce qui est ma situation), comment témoigner du salut qui vient, auprès de patients en fin de vie ? Il faut remarquer tout d’abord que, dans l’Evangile, le mouvement du salut habite toute guérison en vue d’une guérison définitive. La guérison n’est finalement qu’un « viatique » pour conduire à plus grand qu’elle-même. Il faut en somme guérir de la guérison4 : ne pas rester attaché à elle mais se réconcilier avec sa propre vulnérabilité. Il s’agit sur-
tout, au cœur de toute maladie, d’apprendre à guérir de son rapport rebelle à la finitude. Pour le soignant, l’enjeu sera de transmettre du souffle, de l’énergie, voire du goût pour la vie. Que le patient se sente considéré et respecté comme une personne jusqu’au bout. Les soins sont, in fine, une volonté de vie pour autrui. Il s’agit également de laisser entrevoir l’infini par-delà la finitude. La situation actuelle n’est pas une impasse totale, car la finitude de l’existence n’est pas la fin de tout : le soignant, par toute son attitude, sa façon de soigner et de ne pas abandonner le patient, peut dire quelque chose de cette ouverture. Quand tout paraît fragmenté, épars (le corps qui s’altère, l’esprit qui devient confus, les relations qui se distendent), le soignant peut offrir une présence contenante qui aide à tenir dans l’existence : il peut proposer une présence qui fait sens et offrir une réserve de cohérence qui aide à tenir malgré l’absurdité. Finalement, pour le soigné comme pour le soignant, la capacité spirituelle du soin est de rendre présente la finitude humaine en rappelant à l’un comme à l’autre (et à la société entière) sa vulnérabilité. Dans une culture déchristianisée, où les grandes traditions religieuses peinent à fournir des systèmes de sens capables de susciter l’adhésion, le soin reste une occasion d’approcher et de symboliser la mort. Parce qu’en lui se dit collectivement la finitude humaine et le désir d’un infini de sollicitude, le soin peut émerger comme une nouvelle figure de spiritualité pour le monde d’aujourd’hui. v 1 - Guy JOBIN, « Des religions à la spiritualité. Une appropriation biomédicale du religieux dans l’hôpital », Collection Soins et Spiritualités n°3, Lumen vitae, 2012 2 - Guy JOBIN, « La spiritualité : facteur de résistance au pouvoir biomédical de soigner ? » in Jean-Marie GUEULETTE (dir.), « Le pouvoir de guérir. Enjeux anthropologiques, théologiques et éthiques », Revue d’éthique et de théologie morale, Septembre 2011, pp.131-149. 3 - Marie-Jo THIEL, Article « Santé » in Laurent LEMOINE, Eric GAZIAUX et Denis MÜLLER (dir.), Dictionnaire encyclopédique d’éthique chrétienne (Cerf, Paris 2013) pp. 1811-1822. 4 - Bernard FORTHOMME, « Croisements du psychique et du spirituel », Revue d’éthique et de théologie morale, 267, déc. 2011, pp.71-110.
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“ Bota fé ”
On se souviendra longtemps encore de cette image : 3,5 millions de jeunes rassemblés sur toute la longueur de la plage de Copacabana durant le week-end final des JMJ… Un cadre magique, une ambiance à la fois festive et recueillie, les meilleurs chanteurs de l’Eglise du Brésil pour une messe finale sous le soleil qui avait enfin percé les nuages. Et le pape François qui adresse ces dernières paroles d’envoi aux jeunes qui l’écoutent avec attention : « Savez-vous quel est le meilleur instrument pour évangéliser un jeune ? Un autre jeune. Voilà la route qu’il vous faut parcourir. »
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Les JMJ,
une aventure dans la foi Pourtant, cette semaine des JMJ à Rio de Janeiro avait bien mal commencé… Dès le lundi après-midi, il se met à pleuvoir sans discontinuer pendant trois jours. Les jeunes bravent la pluie pour traverser la ville, sous des capes en plastique transparentes qui deviennent rapidement le signe distinctif de tout participant aux JMJ qui se respecte. Il fait 15°C et le vent souffle en rafales au bord de la mer… on avait oublié que c’était l’hiver ! A la paroisse de la Résurrection à Ipanema, animée par la Communauté du Chemin Neuf durant la semaine, nous adaptons notre programme : l’évangélisation de rue étant fortement compromise, nous nous concentrons sur l’accueil des jeunes lors des catéchèses du matin. Plus de 1000 jeunes originaires du Brésil, mais aussi d’autres pays lusophones : Portugal, Angola, Mozambique, remplissent l’église qui est pleine à craquer. Nous n’étions pas au bout de nos surprises : dès le jeudi les bruits courent, confirmés dans la soirée, que le weekend final n’aura pas lieu comme prévu à Guaratiba, à 60 km de Rio, qui est devenu entre-temps un immense champ de boue, mais sur la plage de Copacabana. On n’avait jamais connu un changement d’une telle ampleur dans toute l’histoire des JMJ ! Au final, tout se sera passé au mieux…
Ces JMJ au Brésil auront été de bout en bout une expérience marquante, celle d’être déroutés par les événements et conduits par la Providence. Marcher en permanence dans la foi, accepter de se laisser déconcerter et conduire par l’Esprit-Saint ! C’est ce que nous avons vécu à notre échelle pour le Festival International organisé par la Communauté à Aguas Cantantes, un site magnifique tout proche de Belo Horizonte. 500 jeunes, venant pour moitié du Brésil et de l’autre de France métropolitaine, La Réunion, Burkina-Faso, Canada (Winnipeg et Montréal), Lettonie, Liban et Pologne, s’y sont rassemblés du 17 au 22 juillet, avant de rejoindre la semaine des JMJ à Rio. Comment monter un tel rassemblement avec si peu de moyens humains et financiers sur place ? Durant le Festival et toute l’année de préparation, nous avons fait constamment cette expérience que le Seigneur pourvoit à tous nos manques. Ainsi tous les tissus pour décorer le site – immense – nous sont donnés et cousus aux bonnes dimensions par des personnes de la paroisse, la compagnie de bus nous fait des réductions importantes sur les transports, Fiat nous prête six voitures neuves pendant un mois, les dons arrivent chaque jour pour la cuisine : un jour de la viande, l’autre des noix de coco…
Gabriel Roussineau, Mission Jeunes International
« Bota fé : “Mets la foi”, mets le Christ dans ta vie, mets en lui ta confiance et tu ne seras jamais déçu ! » Au final, notre budget est équilibré, ce qui ne nous est pas arrivé depuis longtemps pour des JMJ ! Et surtout les fruits de ces JMJ dépassent toutes nos attentes. Lors du chemin de croix du Festival, de nombreux jeunes font cette expérience de l’amour du Christ qui vient les sauver, les relever par sa miséricorde. Reconnaissant que lui seul peut étancher la soif qui est en nous, ils vont offrir leur vie, leur jeunesse, pour le suivre. Et à la suite de ces JMJ, une centaine de jeunes brésiliens vont s’engager dans des « fraternités missionnaires » en lien avec la Communauté, répondant à l’appel du Christ, thème de ces JMJ : « Allez, et de toutes les nations, faites des disciples. » (Mt 28, 19). « Bota fé : “Mets la foi”, mets le Christ dans ta vie, mets en lui ta confiance et tu ne seras jamais déçu ! » C’est l’invitation que le pape lançait aux jeunes lors de la célébration d’accueil sur la plage de Copacabana, c’est l’expérience-même que le Seigneur nous a fait vivre durant ces 28èmes Journées Mondiales de la Jeunesse ! v
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Un cadeau du Saint Esprit : la FRATERNITÉ MISSIONNAIRE L’année 2012-2013 a été une année de bénédiction pour la mission jeunes ! Le buzz du « Cathostyle » (plus de 800 000 vues sur Youtube et Dailymotion) ou encore le Festival « Welcome to Paradise » qui a réuni plus de 1000 jeunes à Hautecombe cet été sont autant de cadeaux du Saint Esprit ! Le dernier cadeau en date ? Le lancement des fraternités missionnaires ! Cette année, le Festival « à la carte » a encore surpris ! Entre autres, quatre signes de la présence de l’Esprit Saint : la ferveur des jeunes dans la louange et la prière, leur soif de Dieu (accueil spirituel et confessions en continue !), leur désir de se former et de s’engager dans le monde au cœur des débats de socié-
té, et enfin le désir de partager avec d’autres chrétiens pour servir le Christ et vivre la mission ensemble. L’idée des fraternités missionnaires est simple : « Où que tu sois, quelle que soit ton étape dans la foi, ose être disciple du Christ ! En fonction des charismes uniques que tu as reçus de Dieu, tu peux partager en fraternité et vivre la mission, soutenu par d’autres jeunes, et par des frères et sœurs de la communauté du Chemin Neuf ! » Concrètement il s’agit de faire partie d’une fraternité qui se réunit toutes les trois semaines (cela peut être par skype si le jeune est seul dans sa ville !), de s’engager à la prière quotidienne
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et de s’investir dans une mission. De l’évangélisation aux visites des pauvres, en passant par la création d’un groupe de prière… l’éventail des missions est large, le discernement se fait selon les appels de l’Esprit et les dons de chacun ! Chaque fraternité est accompagnée par un jeune, par exemple un JCN1 ou un ancien JCN, en lien avec l’équipe de la mission jeune. Petit clin d’œil du Saint Esprit : alors qu’un appel à faire partie d’une fraternité missionnaire résonnait au cœur de l’abbaye d’Hautecombe, la mission jeune au Brésil créait dans l’élan des JMJ… les fraternités missionnaires ! ;o) 1 - JCN : Jeunes du Chemin Neuf
Pour l’équipe de la Mission Jeunes, Romain Berthelot et Patricia Placé
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• WEEK-END LOVE LIFE : 12-13 oct. à Nantes, 16-17 nov. à Tigery (91), 23-24 nov. à Hautecombe (73)
• WEEK-END MUSIQUE - 14-18 ans : 19-21 oct. à Tigery (91) Pour tous ceux qui veulent apprendre à jouer et chanter le répertoire des 14-18 ! Ateliers possibles : chorale, danse, orchestre.
L’amour pour toute une vie existe-t-il vraiment ? Être en couple, cela veut-il dire que je perds ma liberté ? Pourquoi écouter ce que Dieu et l’Eglise peuvent me dire au sujet de mes relations ? Est-ce possible de changer vraiment des choses dans mes relations avec ma famille ? 2 jours pour laisser la lumière du Christ éclairer sa vie affective, pour apprendre à aimer davantage !
• TOUSSAINT 2013 « Keep in Touch, 100 % Relations » : 21-26 oct. à Tigery (91). 5 jours pour s’arrêter et mieux comprendre l’être de relation que chacun est : coeur, corps et esprit ! De la famille aux amis, en passant par ma foi, les cœurs et aussi mon regard sur moi-même, tout en moi est relation. Nous sommes des êtres faits pour aimer et vivre avec d’autres.
• RETRAITE JÉRICHO : « Lève-toi, il t’appelle ! » : 29 déc. – 4 janv. A Tigery et à l’Abbaye de Hautecombe. Une retraite de cinq jours pour s’arrêter et se mettre à l’écoute de Dieu, mieux le connaître et accueillir son amour, apprendre à prier avec la Parole de Dieu, partager avec d’autres jeunes, fêter ensemble la nouvelle année ! • FOYER JEUNES PRO : à Paris - La Défense - Bon climat de travail pour la formation, le rythme et les besoins de la vie professionnelle. Salles de détente et de convivialité. Des relations humaines et fraternelles riches de ce que chacun y apporte. Infos : foyerladefense.fr • De nombreuses autres propositions sur le site internet : Messe des jeunes, Soirées de louange, Fraternités Jeunes Professionnels, Groupe « appel », etc. jeunes.chemin-neuf.fr Contact : 01 47 74 93 73 ou 06 30 14 06 96 jeunes.france@chemin-neuf.org
• Week-end « Vous avez un nouveau message ! Comment Dieu nous parle ? » 14-15 ans : 12-13 oct. à Sablonceaux (17), 9-10 nov. à Boquen (Bretagne), 16-17 nov. à Strasbourg (Est), 23-24 nov. à Nice. Un nouveau message ? Oui, pour toi, une Parole qui vient de Dieu ! Notre Dieu nous aime tellement qu’Il se fait proche par sa Parole, par sa manière de nous dire les choses ! Un weekend pour apprendre à l’écouter. • Week-end « Bâtir sur le roc » : 16-18 ans : 16-17 nov. à Paris, 23-24 nov. à Lyon. Sur quoi je veux bâtir et fonder ma vie ? C’est quoi mon ROC ? Qu’est-ce que je veux vivre dans ma vie ? 2 jours pour apprendre à faire des choix et à construire sa vie avec Dieu.. • Secrétariat 14-18 ans : 04 78 15 07 98 ou 06 61 61 02 72 14-18ans@chemin-neuf.org http://chemin-neuf.org/14-18ans
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La Lettonie Découvrir un pays et les enjeux de la présence du Chemin Neuf sur son territoire, voilà ce que FOI vous propose pour cette année 2013-2014. Avant les premières neiges, prenons la direction de la Baltique. En route vers la Lettonie !
CONTEXTE DU PAYS La Lettonie, en forme longue la République de Lettonie, en letton Latvija et Latvijas Republika, est un pays d’Europe du Nord situé sur la rive orientale de la mer Baltique. C’est l’un des trois pays baltes, le pays est bordé par la Lituanie au sud et par l’Estonie au nord. La Lettonie a aussi des frontières terrestres à l’est avec la Russie et au sud-est avec la Biélorussie. Elle est redevenue indépendante en 1991, comme la Lituanie et l’Estonie, avant même l’effondrement total de l’Union Soviétique. La Lettonie est membre de l’Union européenne depuis le 1er mai 2004. Nom officiel : République de Lettonie
Superficie : 64 600 km² Capitale : Riga
Population : 2,060 millions d’habitants Espérance de vie : 68,8 ans pour les hommes 78,4 ans pour les femmes
Villes principales : Daugavpils, Liepaja, Jelgava, Jurmala Langue officielle : letton
Monnaie : lats (1 euro = 0,69 lats) Fête nationale : 18 novembre
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Le pays a connu successivement une période de forte surchauffe économique de 2005 à 2007, puis une très grave crise économique et financière à la fin de l’année 2008. Après trois années de récession, l’économie lettonne a retrouvé en 2011 une croissance dynamique. Cette amélioration du contexte macroéconomique a apporté un réel soutien aux efforts considérables de consolidation budgétaire engagés par la Lettonie dans le cadre du programme d’assistance international qui a pris fin en décembre 2011. L’objectif de la Lettonie est désormais d’entrer dans la zone euro dès 2014. La Constitution reconnaît le droit de toute personne à la liberté de pensée, de conscience et de religion, dans une charte qui établit la séparation entre l’Église et l’État. Au niveau institutionnel, le dialogue entre le gouvernement et les groupes religieux est durablement confié au Conseil ecclésiastique, présidé par le Premier Ministre et composé de représentants catholiques, luthériens, orthodoxes, baptistes, adventistes, vieux-croyants, méthodistes et juifs. Par ailleurs, pour discuter des questions pratiques, administratives et fiscales, le Ministre de la Justice a institué en 2009 un Conseil consultatif des affaires religieuses, qui rassemble 14 groupes chrétiens, ainsi que des représentants juifs et le groupe local néo-païen Dievturi.
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LA COMMUNAUTÉ EN LETTONIE En Juin 1993 eut lieu une session Cana en Suède animée par François Cartier ; une célibataire consacrée, Maneta, qui était en lien avec les responsables suédois, a suggéré le démarrage d’une session Cana en Lettonie, avec l’accord de l’Archevêché. François Cartier et Etienne Vëtö ont animé cette session en Juillet 1994, puis une autre en juillet 1995, Etienne avec Emmanuel Contamin une troisième en Juillet 1996. En 2004, la Communauté organisa une grande réunion des responsables Cana à Prague, à laquelle participèrent des couples lettons (Voldemars et Livija Safronovi ; Andis et Olita Smilgas). A cette occasion, ils rencontrèrent le Père Laurent Fabre, responsable de la Communauté et lui exprimèrent leur désir de voir la Communauté s’installer en Lettonie. Quelques années plus tard, pendant une session Cana et grâce à l’initiative de Nils Jansons, les cinq couples participants décidèrent de commencer un cheminement communautaire et demandèrent l’aide de la Communauté. En 2011, l’évêque de la ville de Liepaja invite officiellement la Communauté à venir s’implanter en Lettonie. Depuis, la Communauté a une maison à Liepaja, une ville de 80 000 habitants, située sur la Mer Baltique. Aujourd’hui, la Communauté est connue en Lettonie à travers la Mission Jeunes, a Fraternité Cana et Net for God qui est animé dans six lieux différents.
Il y a également plusieurs groupes de prière et des activités dans la maison communautaire. Dans cette maison, habite une petite fraternité de trois sœurs célibataires. Nous y organisons des temps de retraite selon les Exercices spirituels de St Ignace, des séminaires pour les femmes en difficulté, une semaine de ressourcement pour les mères avec enfants, des week-ends pour les jeunes et adolescents, des retraites Cana, pour les couples, sans oublier certaines activités proposées aux gens du quartier. Le quartier où se trouve notre maison porte encore les marques de l’ancien régime communiste. Il y a encore beaucoup de personnes athées qui vivent dans la pauvreté et le désespoir. De plus, les relations entre les Lettons et les Russes sont difficiles. Répondant à son appel pour l’unité, la communauté ouvre ses portes à tous et organise des soirées d’évangélisation et de rencontre, par exemple la « Soirée-Crêpes ». Nous pensons que l’unité commence par des petits gestes. Un autre lieu important où la Communauté est encouragée à répondre à son appel en Lettonie, est l’unité pour les chrétiens. Déjà dans les petits commencements de la communauté en Lettonie, nous avons été appelés à servir le Seigneur ensemble, catholiques et luthériens, venant des deux principales confessions du pays. Aussi, pendant les sessions Cana, les participants se partagent
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entre 40% de catholiques et 40% de luthériens, les autres sont orthodoxes ou d’autres confessions minoritaires. Nous retrouvons une situation similaire dans les autres missions, aussi devons-nous être attentifs dans notre travail d’évangélisation à découvrir les membres d’autre Eglises. En mars dernier, la Communauté a organisé une première rencontre de formation œcuménique à Riga, dans une paroisse luthérienne. Pendant l’été, nous avons vécu de très belles rencontres avec les jeunes volontaires de France (JET), qui sont venus à Liepaja pour vivre et se mettre au service pendant trois semaines. Une telle présence vivante a marqué le quartier. La Communauté a organisé plusieurs camps d’enfants. Nous avons une bonne relation avec l’orphelinat Grasi, qui est venu cet été avec une quinzaine d’enfants. Un échange d’amour entre différentes cultures et réalités s’est réalisé à Liepaja. La prière en commun, les ateliers animés par les jeunes Français, ainsi que des temps gratuits entre les Lettons et les Français ont construit des ponts sans langue commune. La dimension internationale nous apprend à aller plus loin sur le chemin de découverte de l’autre. Nous restons ouverts à ce que l’Esprit Saint voudra nous dire pour que nous annoncions la bonne nouvelle dans ce pays en voie de construction. v Inese Motte, ccn
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Vie de la Communauté De nombreux événements ont marqué l’été de la Communauté : les missions, bien sûr, mais aussi des temps communautaires importants. En voici un aperçu photographique.
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Vie de la Communauté PARTAGE ET SOLIDARITÉ
Faut-il croire aux miracles ? Depuis 40 ans, la Communauté du Chemin Neuf vit ce miracle du partage !
Votre générosité peut se concrétiser de différentes manières adaptées à votre situation :
Nous avons toujours reçu ce dont nous avions besoin. La formation des jeunes et des séminaristes, l’entretien des maisons, les missions de développement à l’étranger, etc. nécessitent toujours de gros investissements, et dans la confiance, nous expérimentons que « le partage multiplie ! ». En cette rentrée, pouvez-vous nous aider ?
v Verser un Don 1 (chèque à l’ordre de “CCNDons”, virement bancaire, prélèvement, CB) v Faire un don en Nature ! 1 (voitures, camionnettes, ordinateurs…) v Faire un Legs ! 2 v Réaliser une Donation Temporaire
N’attendez pas demain... Aidez-nous aujourd’hui… merci d’avance de votre partage, à envoyer à : Partage et Solidarités - Dons et Legs 49, montée du Chemin Neuf 69005 Lyon 06 47 29 05 02 - 04 37 49 16 04 partage@chemin-neuf.org www.dons.chemin-neuf.fr
d’Usufruit 1 v Souscrire une Assurance - Vie 2 v Aider avec le Mécénat d’Entreprise v Verser son I.S.F. 1
1- Reçu fiscal possible pour certains projets 2- Exonération des frais de donation et succession
Marc Hodara, ccn Responsable de « Partage & Solidarité »
SUR LES PAS DE L’ARCHANGE... En Normandie, la maison de L’Etoile de la Mer organise deux nouvelles sessions pour découvrir la Baie du Mont St Michel. Une expérience unique à vivre et à faire connaître !
« Le chant du pèlerin »
Du 11 au 16 novembre, une semaine de chants et de pèlerinage, ouverte à tous ceux qui aiment chanter et/ou se perfectionner en animation. Pérégriner dans les Psaumes et les cantiques le matin, et découvrir la Baie du Mont St Michel l’après-midi (tourisme, culture, marche...).
« Marche avec l’Etoile ! »
Du 23 au 28 février 2014, un pèlerinage entre Chartres et le Mont St Michel, en passant par Lisieux. Inscription : sessions@chemin-neuf.org
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Jeune talent nce Parole toute sile monde... Soleil de l’âme du e cache Tout Te dit et T Te dévoile Tout Te voile et œur Tu regardes le c ible Tu scrutes l’invis et Tu déploies le ib s vi du nt a nn Rayo du fini... L’infini au-dedans
AMANDINE COMMUNAL
Alain Lerbret
« Une aquarelle n’est pas une histoire, c’est la traduction d’une sensation, d’un souvenir, d’un état d’âme. » [Hugo Pratt] Peindre, pour moi, c’est exprimer quelque chose de l’intérieur, c’est dire ce que je ressens ou ce que je vois avec des couleurs et beaucoup d’eau, en particulier avec l’aquarelle. C’est comme le Baptême, le prêtre nous baptise avec de l’eau et ensuite notre vie s’éclaire, moi je trempe mon pinceau dans l’eau puis dans ma boîte de peinture, et je baptise ma feuille pour donner vie à des instants, à des souvenirs, à des petits trésors de Dieu. C’est formidable de peindre avec beaucoup d’eau, les couleurs viennent s’y mélanger ; s’y rencontrer pour parfois donner vie à des teintes nouvelles auxquelles on n’avait même pas pensé. Les arbres, les oiseaux, la ville : tout est bon à peindre, l’important est de trouver dans son sujet quelque chose à dégager : certains oiseaux ont un regard plein de vie, certains arbres sentent presque le tilleul un beau jour de printemps, une ville que je peins dans la douceur d’un matin est pleine de gens à moitié réveillés, de couleurs fraîches prêtes à vivre une belle journée. Dieu nous a donné cette belle terre avec plein de petites merveilles, et en m’arrêtant pour les voir, en prenant le temps de les regarder et de les dessiner de les peindre, c’est comme si je lui disais Merci, que je Lui rendais grâce pour la Vie, pour les oiseaux du ciel, pour la ville.
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