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Revue trimestrielle FOI N°35 - Décembre 2012 - Janvier - Février 2013 - 5,50€

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Nicolas de Flüe Un Artisan

de Paix

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VIE Sommaire

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Editorial du Père Laurent FABRE Dossier

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Nicolas de Flüe 14

Œcuménisme

14 • Benoit XVI au Liban : Portée œcuménique de l’événement 16 • Fédération Protestante : Un laboratoire pour l’Eglise 18 • Prière

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Formation Chrétienne

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Jeunes

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Vie de la Communauté

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Jeune Talent

20 • Art : Maître verrier à Chartres 22 • L’année de la Foi : 1er épisode 24 • Vie professionnelle : Etre médecin en milieu carcéral

26 • Musique et Silence 28 • Témoignages

30 • JMJ : Si tu vas à Rio... 31 • Justin Welby : « Who is that man ? » 32 • Récits de vocation 34 • Nouvelles - Photos du cycle A à Saragosse

35 • Eloi Huet

La revue FOI (Fraternité Œcuménique Internationale) est publiée par la Communauté du Chemin Neuf-10 rue Henri IV-69287 Lyon cedex 02 Directeur de la publication : P. Laurent Fabre Directeur délégué : Jean-Charles Paté, Rédactrice en chef : Pascale Paté, Comité de rédaction : Camille Dacre Wright, Franck Démaret, Marie Farouza Maximos, Pieter Leroux, P. François Lestang, Véronique Pilet, Adam Strojny Création graphique : Annick Vermot (06 98 61 98 76), Crédit photos : Couv. : CCN / Dossier : CCN - Fotolia : céleste clochard / Page centrale : CCN / Archives CIRIC : M. AYOUB, Alessia GIULIANI/CPP / Fotolia : angelo.gi, Andres Rodriguez, kasiap, herreneck, Eisenhans, tsaplia, P. Verschelde - Abonnement : Marie-Thérèse Subtil, Nicole Zébrowski, Gestion-Administration : AME, Réalisation : Sandrine Laroche, Impression : IML - 69850, St Martin en Haut - Tirage sur papier issu de forêts gérées durablement, certifié PEFC, Dépôt légal : décembre 2010, CPPAP : 0310 G 83338, ISSN : 1770-5436

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Editorial Manifester le 13 janvier 2013

Le Père Laurent FaBRE Fondateur et responsable de la Communauté du Chemin Neuf

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Chaque mois, une vidéo est réalisée, traduite et envoyée dans plus de 72 pays à travers le monde. Un réseau de prière est créé, c’est la Fraternité Œcuménique Internationale NET FOR GOD.

« C’est complètement “fou” de donner de la viande à ruminer à des vaches et d’ailleurs cela les rend folles (maladie de la vache folle). C’est complètement “fou” de donner la mort en voulant faire l’amour et cela a déjà fait plus d’un million de morts (maladie du Sida). C’est complètement « fou » de faire mentir des milliers d’enfants en les obligeant à dire à leurs petits camarades de l’école que leurs “papa” et “maman”, leurs parents, sont deux hommes ou deux femmes. Cela peut créer en quelque sorte un nouveau type d’orphelins. Comme dit avec bon sens et humour bien anglais Timothy Radcliffe, O.P. à propos du mariage homosexuel : “It would be like trying to make a cheese soufflé without the cheese, or wine without grapes !” Parmi les 20.000 manifestants du 17 novembre 2012 à Lyon, une famille, parents et enfants au complet, de la Communauté du Chemin Neuf, était heureuse de marcher à côté d’une famille nombreuse musulmane. Il y avait quelque chose de bon enfant, de sympathique, entre ces deux familles. Mais il est important de redire, que derrière toutes ces manifestations, il y a une question urgente et dramatique qui concerne toute notre société quelle que soit notre religion. Beaucoup d’entre nous ont trouvé remarquable le texte de Gilles Bernheim, Grand Rabbin de France, qui signale en particulier que si cette loi est adoptée définitivement, “le statut de l’enfant, passant de sujet à celui d’objet auquel chacun aurait droit” pourrait avoir pour conséquences que des milliers d’enfants soient mis, en raison de leurs adoptions par des couples homosexuels, dans la situation d’être privés, définitivement, d’un père ou d’une mère. Bref : orphelins à nouveau. Il ne faut pas remplacer “le droit de l’enfant” par “le droit à l’enfant”. Dans une situation ainsi de mensonge orchestré par le droit : un homme n’est pas une femme, une mère ; une femme ce n’est pas un mari, un père. Comme beaucoup de chrétiens, nous nous sommes interrogés dans notre Conseil de Communauté pour savoir comment réagir. D’une part, la prise de position de l’Episcopat français et le point de vue de son Président, le Cardinal André Vingt-Trois employant l’expression de “supercherie” et soulignant que, pour les catholiques manifester “n’est pas un tabou”, et d’autre part les très bons textes des autres Eglises chrétiennes nous ont encouragés à écrire à nos députés. Nous espérons bien qu’il y aura presque un million de personnes dans cette manifestation prévue à Paris le dimanche 13 janvier 2013. Vous avez aussi l’occasion de faire connaissance avec Saint Nicolas de Flüe. Ce père de famille de 10 enfants, 5 filles et 5 garçons, fut aussi à sa manière un grand homme politique qui a tout simplement, par son charisme personnel, évité une guerre. Il est aimé en Suisse par les protestants comme par les catholiques. Il nous faut des Saints pour aujourd’hui ! »

Père Laurent Fabre.

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Ermite pour la 6

Le Film

Frère Nicolas : Un artisan de Paix

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TÉMOIGNAGE

En marche vers l’Ermitage

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TÉMOIGNAGE

Nicolas, mon frère

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Paix


dossier

Nicolas

de Flüe

« Que le nom de Jésus soit votre salutation. Nous vous souhaitons beaucoup de bien et que le Saint-Esprit soit votre ultime récompense. » C’est avec cette phrase que Nicolas de Flüe (1417-1487) nous salue. Homme profondément spirituel, il a vécu il y a plus de 500 ans dans la toute jeune confédération Suisse, qu’il préserva d’une guerre civile. Il entra dans l’histoire de son pays comme « Père de la patrie ». Il a servi son pays en tant que paysan-mercenaire, père de famille nombreuse, conseiller d’état et juge, puis en vivant 20 ans comme ermite, retiré au fond d’une gorge à moins d’un kilomètre de sa maison familiale. A travers ce film, Net for God nous invite à découvrir et à entrer un peu plus dans le mystère de cette vocation, qui est non seulement la sienne, mais aussi celle de son épouse Dorothée et de ses fils aînés qui ont donné leur consentement. Nous n’avons aucun écrit de la main de frère Nicolas puisqu’il ne savait ni lire ni écrire. Ce que nous savons est rapporté par les écrivains de rue de l’époque. Paradoxalement, l’influence de frère Nicolas sur le monde de son époque grandit au fur et à mesure qu’il se retire. Aujourd’hui, nous observons sous différents aspects les troubles dans le monde. Il suffit d’ouvrir les journaux pour le constater, cette violence se déroule parfois sous nos yeux, là ou nous vivons. Le message de paix de frère Nicolas est plus actuel que jamais. FOI • N°35 • Décembre 2012 - Janvier - Février 2013

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Suisse : Frère Nicolas de Flüe

(1417-1487)

Un Artisan

de Paix

Il y a 500 ans, la Suisse était au bord de la guerre civile, prête à s’entre-déchirer. Nicolas de Flüe, époux, père de famille nombreuse, paysan, officier, juge puis ermite reconnu pour sa sagesse et son discernement intervient dans le conflit et préserve ainsi son pays de la ruine. Aujourd’hui la Suisse le reconnaît comme père de la patrie. P. Walter Signer, aumônier du pèlerinage «Nicolas de Flüe» à Sachseln en Suisse : « Frère Nicolas est né en 1417 à Flüli Ranft. C’était une année importante. Le Concile de Constance mettait fin à une période où l’Eglise était dirigée par trois papes. Cependant ici, à Obwalden, on ne savait pas trop ce qui se passait ailleurs. L’horizon des gens se limitait à un rayon de 30 kilomètres. Un peu plus loin, une autre personne connaissait de nouveau quelque chose de plus. Les gens ne savaient ni lire ni écrire ; même le gouvernement était illettré ! Ils n’étaient cependant pas moins intelligents ; ils n’avaient simplement pas eu l’occasion d’apprendre. Ils vivaient au rythme des saisons. L´héritage religieux était transmis oralement en famille. Nicolas a grandi dans ce contexte. Très jeune, il cherchait la solitude, mais paradoxalement il aimait aussi être avec les gens. C’est pour cette raison qu’il s’est engagé politiquement. »

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Capitaine et mercenaire P. Walter Signer : « Lorsqu’il y avait des guerres, les jeunes s’engageaient comme mercenaire. Pour les Suisses, qui étaient des paysans, c’était la meilleure des affaires, et le butin ramassé constituait une excellente source de revenu complémentaire. Mais quand on se mariait, on n’y allait plus. C’était quand même assez brutal. Il n’existait pas de convention de Genève à l’époque. Nicolas condamnait le fait de gagner de l’argent comme mercenaire ; il était habité d’une grande autorité morale. » Geri Keller, Pasteur de l’Eglise Réformée à Wintertur – Suisse : « Dans le ventre maternel, Nicolas dit avoir vu au ciel une étoile qui illumine la terre entière. Cela me rappelle la deuxième lettre aux Corinthiens, lorsque Paul écrit que nous avons reconnu à travers le visage de Jésus, l’être et la na-


dossier ture de Dieu. Jésus est cette étoile lumineuse du matin qui illumine le monde. Il s’agit de cette lumière que les mots ne peuvent décrire. Nous sommes tous appelés à refléter le visage de Jésus. Cependant, chaque nouveau siècle apporte des hommes et des femmes que Dieu choisit, afin de révéler la lumière de son visage. Je pense à François d’Assise, au curé d’Ars, et à beaucoup d’autres.

Geri Keller : « C’était ce Suisse bien planté sur le sol de la réalité. Il a fait ce que Dieu lui a proposé. C’est ainsi qu’il est devenu agriculteur, a épousé une femme de quinze ans de moins que lui ; il a donné vie à dix enfants et il est devenu un homme public, parce que Dieu lui avait fait don d’une intelligence, d’un esprit de conseil et de clairvoyance qui ont fait de lui un homme de confiance. »

Nicolas est pour moi un portrait du cœur de Dieu, une source de révélation de qui est Dieu réellement. »

P. Walter Signer : « Il était reconnu et apprécié en tant que juge. Il a toujours interrogé sa conscience et il a agi en conséquence - en son âme et conscience. Il était avant tout un de ceux qui ne se laissaient pas acheter, il était incorruptible. C’est pour cela qu’il s’est retiré de ses engagements, lorsque deux financiers malhonnêtes furent admis à la citoyenneté locale. C’étaient des personnes qui avaient acheté un

Epoux, père de famille et juge P. Walter Signer : « Nicolas s’est marié avec Dorothée Wis à l’âge de trente ans, un âge avancé pour l’époque. Son épouse devait avoir quinze ou seize ans. Il a construit une maison pour sa famille. »

passe droit afin d´obtenir la protection du gouvernement cantonal, et ainsi continuer dans leurs affaires belliqueuses. Il a condamné ce genre de choses catégoriquement. » Dieu l’appelle à être ermite Geri Keller : « L’un de ses fils raconte que lorsqu’il se réveillait la nuit, il voyait son père prier auprès du four. Cet appel l’a travaillé sans cesse, tel un moulin qui n’a cessé de moudre, de moudre, inlassablement. » Sœur Erasma : Sœur de la Sainte Croix, de l’ermitage du Flüeli-Ranft « Pour Dorothée, c’était capital de comprendre son mari. Elle a prié et a été solidaire de son combat intérieur. Elle a vu combien son mari souffrait et elle comprit qu’il devait poursuivre un chemin qui ne serait pas évident à suivre et à assumer. »

Ermitage de Nicolas de Flüe

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à deux pas de ta maison, là où vit ta famille, et assume ce choix devant les yeux du monde”. Je crois qu’il a remis en cause cet appel, et encore une fois, il a combattu fortement afin de pouvoir faire ce pas, et se donner entièrement à Dieu et aux hommes. Dieu a confirmé cet appel à travers ces rayons de lumière venus du ciel : “je souhaite que ta cellule soit au fond des gorges du Ranft” ». P. Walter Signer : « Il était vraiment ouvert à Dieu, et ouvert au monde, comme en témoignent les fenêtres de sa cellule : l’une tournée vers l’extérieur, et l’autre vers l’intérieur. » Un homme de Dieu Statue représentant Dorothée et ses enfants

Geri Keller : « C’est finalement Dieu qui a créé la brèche vers l’acquiescement, dans le cœur de Nicolas, de Dorothée, ainsi que dans le cœur des fils aînés afin qu’ils puissent libérer leur père. » Sœur Erasma : « Frère Nicolas avait organisé avec ses fils tout ce qui concerne l’avenir de la ferme familiale. Il ne faudrait surtout pas croire qu’il a fui sa maison, il n’a pas fui sa maison. Il aimait beaucoup sa famille, son épouse, mais ils ont reconnu ensemble la volonté de Dieu et ils ont senti qu’il y avait là un appel particulier. Le “oui” qu’ils se sont donné le jour de leur mariage ne signifie pas un “non” aujourd’hui, mais ce “oui”, ils doivent le renouveler à travers l’appel de Nicolas d’une part, et celui de Dorothée et de sa famille d’autre part. C’est elle qui a tissé et cousu la robe de bure, puis l’a posée sur son lit afin de lui signifier son consentement à cet appel commun. » Geri Keller : « Aussi, à travers des visions, c’est l’œuvre de Dieu qui l’a conduit pas à pas à lâcher prise, et à changer de vie. »

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Frère Nicolas quitte sa famille et devient ermite Geri Keller : « L’idée de départ était de devenir ermite. Il s’est mis en route vers l’Alsace afin d’y rencontrer d’autres ermites, mais aussi pour fuir ce scandale d’avoir abandonné une épouse avec ses 10 enfants. Il lui fallait assimiler cela. » P. Walter Signer : « Puis, devant la ville de Bâle, un voile de couleur rouge lui tombe devant les yeux ; il a peur et se confie à un paysan qui lui dit de faire demi-tour, car là-bas en Alsace, les Suisses ne sont pas vraiment appréciés. Peu de temps auparavant, ils avaient tout massacré sur leur passage. Et puis, sa famille a besoin de lui. » Geri Keller : « Pour Nicolas, lorsque Dieu l’a arrêté sur la route vers l´étranger, et l’a ramené chez lui, ce fut un renoncement énorme et une mort à sa propre volonté. Il s’est donc caché dans les alpages de la vallée du Melch, et c’est là qu’un chasseur l´a découvert avant l’arrivée de l’hiver. Il s’est finalement retrouvé devant cet appel de Dieu : “Installe toi dans les gorges du Ranft,

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P. Walter Signer : « Une chose qui accompagne la vie de Nicolas de Flüe, ce sont les visions. C’était un homme très visuel. Il avait une image dont il disait : ceci est mon livre, dans lequel je lis.

Au centre, c’est Dieu. Tout vient de lui. Le monde entier est représenté par le cercle extérieur, toute la création, c’est l’œuvre de Dieu. Et nous, acteurs de ce monde, devons veill à ne jamais perdre ce centre, le rechercher inlassablement. C’est pour cela que ces rayons reviennent vers le milieu. C’est là que nous nous retrouvons personnellement, avec les autres. C’est là que nous trouvons Dieu, la paix. Il disait : “la paix est en Dieu.” »


dossier 1. Sœur Erasma :

Sœur de la Sainte Croix, de l’ermitage du Flüeli-Ranft

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2. P. Walter Signer :

Aumônier du pèlerinage «Nicolas de Flüe» à Sachseln en Suisse

3. Geri Keller :

Pasteur de l’Eglise Réformée à Wintertur – Suisse

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Maison de Nicolas et Dorothée

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4. Urban Camenzind-Herzog : Diacre catholique permanent à Luzern - Suisse

« Mon Seigneur et mon Dieu, éloigne de moi tout ce qui m’éloigne de Toi. Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi tout ce qui me rapproche de Toi. Mon Seigneur et mon Dieu, détache-moi de moi-même afin de me donner tout à Toi. » Prière de Nicolas de Flue

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Geri Keller : « Le XVème siècle a vu en 1417 le schisme de la papauté et le décret de réforme de Constance, que l’Eglise n’a jamais réussi à faire appliquer. Nicolas avait une vision très claire de la manière dont la réforme devrait se faire. Cela signifie “Christ en nous” : si nous sommes remplis de Dieu, la réforme jaillira de nous.

Artisan de paix P. Walter Signer : « Le roi de France avait engagé et payé grassement les Suisses afin qu’ils se battent contre Charles le Téméraire, Duc de Bourgogne, car celui-ci était en travers de son chemin. La guerre eut lieu et le duc fut vaincu à Grandson, Morat et Nancy.

Elle ne démarrera pas d´abord dans l’Eglise, c’est en nous qu’elle doit commencer. Nicolas était un avantgardiste, comme ces hommes chez qui la réforme a démarré par le cœur. Il a mis toute sa vie à la disposition de Dieu et lui a dit : “Dieu, fais de moi ce que tu veux, je suis disponible”. Dieu a rempli cette vie de sa présence à tel point que Nicolas n’a plus rien mangé, ni bu durant 20 ans.

Intérieur de l’Ermitage

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P. Walter Signer : « Cela m´a toujours fasciné de voir qu´en tant qu’ermite, alors qu´il avait abandonné ses fonctions officielles, il avait beaucoup plus d´influence qu´auparavant. » Un saint pour aujourd’hui Sœur Erasma : « Des personnes de tous les horizons passent au Ranft. Des jeunes et des vieux qui sont touchés et qui disent : “Quelle paix dans cet endroit ! Quelle force ! Il faut vraiment en faire l’expérience”. Et elles en reviennent renouvelées. »

On parle d’un jeûne miraculeux, ce n’était pas un jeûne parce que Nicolas était comblé en surabondance de la présence de Dieu. Il s’est nourri de cet amour de Dieu. Il était un homme pétri de vie, chaleureux ; il était d’une bonté humaine qui a séduit tout le monde. » P. Walter Signer : « Nicolas était très bien informé parce que les gens lui confiaient énormément de choses. Il portait tout cela dans la prière, et c’est de cette profondeur qu’il donnait ses conseils. »

Geri Keller : « Nicolas était au milieu d’eux spirituellement. Son autorité a tellement rayonné qu’elle a réussi à faire s’asseoir autour d’une table ces partis hargneux et agressifs, et à les unifier. »

Ils ramenèrent un butin énorme - ces gens de Bourgogne avaient beaucoup de richesses qu´il fallait distribuer, et c’est là que les disputes éclatèrent. De plus, les cantons indépendants de Fribourg et Solothurn avaient contribué à la victoire et demandaient leur rattachement à la Confédération suisse. Les cantons de campagne, qui furent à l’origine de la Confédération, ne souhaitaient pas que les cantons citadins deviennent majoritaires, et la dispute a repris de plus belle. Le curé de Stans s’est alors précipité durant la nuit chez Nicolas, tandis que tous se préparaient à une guerre civile. Il revint le lendemain, rassembla une dernière fois les protagonistes. Aujourd’hui, on sait qu’en une heure une solution pacifique fut trouvée. Les cloches se mirent à sonner pour célébrer la paix. »

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Geri Keller : « Plus Dieu trouve de place dans nos vies, plus notre influence vers l’extérieur sera grande. Ce sont les mystiques qui ont eu le plus d’influence : la grande Thérèse d’Avila, et beaucoup d’autres, Charles de Foucauld, Mère Teresa. Ils ont vécu de manière à changer le monde. Plus je suis relié à Dieu avec mon cœur et mon esprit, plus mon influence et mon autorité sont importantes au cœur de la société. » Urban Camenzind-Herzog, Diacre catholique permanent à Luzern Suisse : « Le 12 janvier 2008, j’ai passé un week-end chez frère Nicolas dans le Flüeli-Ranft. Je suis descendu tôt le matin, il y avait de la neige. J’ai prié pour notre pays, pour un retour aux racines chrétiennes, et là j’ai eu cette motion, cette impression de devoir m’occuper de cette église qui était fermée. A l’époque, j’avais lu dans le journal qu’il était question de transformer l’église de ..... en mosquée. Cela m’a interpellé. J’ai immédiatement pris contact avec l’évêque à l’époque, en lui confiant que j’aimerais ouvrir ici une maison et une école de prière chrétienne. Et il m’a tout de suite soutenu. Je rends grâce pour la réouverture de


dossier Des pèlerins témoignent

Ruedi et Christina Stöeckli, de Suisse cette église, qui permet à nouveau à des hommes de se réunir pour prier ensemble. Aujourd’hui, je fais partie d’une équipe et ensemble, nous prions pour les politiciens afin qu’ils assument leurs responsabilités dans un esprit chrétien. Pour cela, nous retournons toujours chez frère Nicolas et nous prions pour notre pays et pour l’Europe. Nous avons toujours eu l’impression que nous devions commencer simplement et tout petit. J’avais pris la résolution, aussi longtemps que j’ai travaillé pour l’ouverture de l’église, d’être prêt à prier seul, des heures durant. Et je remarque que des personnes arrivent. Cela reste modeste, on n´a pas fait de grandes publications mais des gens viennent, des jeunes aussi. Un hindou était là récemment et il me disait : “L´église est belle, elle rayonne !” » Geri Keller : « Si nous sommes remplis de Dieu, et si nous lui appartenons entièrement, nous n’appartenons pas en premier lieu à une confession ou à une Eglise, bien que ces familles soient importantes. Plus nous appartenons à Dieu, plus nous nous rapprochons en tant que famille humaine et en tant qu’Eglise, pour former cet unique corps qu’est le Christ.

Dans notre société sans père, il y a une telle soif, un tel désir de rencontrer ce Dieu qui est différent du Dieu que nous avons souvent expérimenté dans le monde à travers des récits, et parfois à travers de fausses interprétations dans l’Eglise. Nicolas nous a révélé un Dieu proche, qui nous embrasse. Durant ces 20 années d’ermitage il a médité la roue, le livre qui représente aussi le Saint-Esprit, et ce mystère du Père, Fils et Esprit-Saint. Le secret de cette Trinité est que chacun des personnages divins se donne tout entier pour les autres. L’Eglise doit exister, mais en premier il y a Dieu - d’abord Son royaume ! J’appartiens avant tout à Dieu qui m’a racheté avec le sang de son Fils et qui m’a baptisé et plongé dans le corps du Christ. C’est lui la tête, ensuite seulement j’appartiens à l’Eglise. » Sœur Erasma : « Dorothée est restée fidèle à son mari jusqu’au bout. Elle était présente lorsqu’il est décédé. Elle l’a accompagné dans sa cellule la dernière semaine de sa vie. » Frère Nicolas est décédé sur le plancher de sa cellule le 21 mars 1487. Il a été béatifié en 1669. Il a été canonisé par le pape Pie XII en 1947.

Ruedi : « C’est un lieu de silence, on arrive bien à déconnecter du quotidien, on ressent une atmosphère tellement paisible. Christina : « C’est notre saint national ; c’est une relation de cœur à cœur qui n´a jamais cessé de grandir avec le temps.

Natalie Butscher, Suisse

« Je trouve le quotidien tellement mouvementé ! Nous avons tant à faire, le travail, les enfants, on ne s’entend plus soi-même. Je cherche simplement le silence, la proximité avec la nature et aussi, à écouter la voix de Dieu et à me retrouver moi-même. »

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En marche vers l’Ermitage

Voyage intérieur « Depuis plus de trente ans, je passe plus ou moins régulièrement quelques jours de vacances dans la maison d’accueil des Sœurs Dominicaines de Béthanie. Nulle part ailleurs je n’arrive aussi bien à me “renflouer” en relativement peu de temps, et à reprendre des forces pour mon activité professionnelle de pasteur protestant. Quand le temps le permet, une visite à l’escarpement du “Ranft” (ravin) où Nicolas de Flüe - aussi appelé Frère Nicolas - a passé tout d’abord les 50 premières années de sa vie en tant que père de famille, puis les 20 dernières comme ermite et conseiller, fait partie de ce temps de repos. Il faut environ 30 minutes pour descendre le chemin raide qui va de St-Niklausen à l’ermitage. Cette descente ressemble à un parcours vers les profondeurs de l’âme. “Dans la profondeur réside la vérité”, dit Paul Tillich. Et le Psaume 130 commence par ces mots : “Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur”. Lorsque c’est possible, je me mets en route juste après le petit déjeuner. A cette heure-là, il n’y a pas - ou presque pas - de pélerin en chemin. Sur place en bas, je visite tout d’abord la chapelle de Marie. La rumeur de la Melchaa (le petit ruisseau qui coule au fond du ravin) est clairement audible. Cela me rappelle la fuite du temps et cet autre verset de Psaume : “Seigneur, apprends-nous la valeur de nos jours, afin que nous devenions sages”. (Ps 90).

Ensuite mes pas me conduisent à la chapelle supérieure du ravin et dans la cellule du Saint. Pour l’hagiographe Walter Nigg, c’est peut-être le lieu historique le plus impressionnant que l’on puisse voir en Suisse. Ce qui frappe immédiatement, ce sont les deux petites lucarnes. Par l’une d’elle on regarde vers l’autel, par l’autre vers l’extérieur. Ne faudrait-il pas ces deux fenêtres tous les jours de notre vie ? Conversation avec Dieu et conversation avec les hommes, contemplation et action, politique du silence, dites-le comme vous voulez ! Frère Nicolas est sans aucun doute une personnalité dérangeante et son tempérament mélancolique n’est pas facile à saisir. Il y a deux choses qui depuis toujours ne laissent personne indifférent : la première, le fait qu’il ait abandonné sa famille alors que son épouse était sur le point d’accoucher de leur dixième enfant. Sans doute, Nicolas a demandé l’accord de sa femme pour son chemin, et celle-ci l’a finalement laissé partir. La deuxième, le fait que l’ermite ait vécu vingt ans sans se nourrir. A cela s’ajoute que le peuple de son vivant l’a considéré comme un saint en chair et en os. Cinquante ans avant la tourmente de la Réformation il poursuivit, impertubable, son chemin. C’est pourquoi les chrétiens et chrétiennes de toutes confessions se sentent proches de lui. » Christoph Naegeli, Frauenfeld

« Dans la profondeur réside la vérité. » Paul Tillich

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dossier Témoignage

Nicolas, mon frère « Frère Nicolas – Bruder Klaus – fait partie de la famille depuis ma tendre enfance. “Il a sauvé notre pays !” - “Il n’a plus rien mangé …” - “Il a quitté sa femme et ses dix enfants…” - Admiration, interrogation – voilà mes souvenirs lointains du seul saint suisse “œcuménique” puisqu’il a vécu avant la Réforme. Bien plus tard, à l’occasion d’Expo 02, j’ai pu me rapprocher davantage de Frère Nicolas, entre autre par les admirables paroles de Denis de Rougemont, écrites en 1939 pour l’Oratorio Nicolas de Flue d’Arthur Honegger. J’ai pu mieux comprendre sa vie, ses motivations et un respect profond pour cette figure habitée d’une grande sainteté a fait place aux interrogations et à l’admiration.

A cause de l’Amour Pourquoi Nicolas de Flue, bien établi dans son village, quitte-t-il tout et aussi sa famille ? Pour comprendre son acte d’amour pour Dieu, il faut suivre le mouvement de la Mystique rhénane dont on peut dire qu’elle a influencé le cheminement de Nicolas1. Il n’a qu’un désir : se donner tout entièrement à Dieu. Il vit ce que l’on peut lire dans le récit de Maître Eckhart De l’homme noble2, écrit environ cent ans avant la naissance de Nicolas “un homme partit…”. Il partit, lui aussi. Pour faire quoi ? “Un homme noble partit vers un pays lointain pour y recevoir un royaume et revenir ensuite”. Il part pour se détacher de la vie éphémère et temporelle, emporté, et transformé en une image divine. Voilà ce que dit le 6ème degré de l’homme intérieur et nouveau selon Maître Eckhart. Nicolas le vit de toute

son âme – et sa famille semble comprendre sa quête. En effet, en se plongeant dans les récits de Maître Eckhart ou d’autres mystiques de l’époque, un sentiment de paix envahit l’âme et la soif d’en savoir davantage, de comprendre, de suivre le mouvement… C’est la passion de Dieu.

Elisabeth Reichen, Pasteur de l’Eglilse Réformée Evangélique à Neuchâtel (Suisse)

Quel avenir voulons-nous ? Et Nicolas est revenu ensuite. Son détachement et son profond recueillement intérieur établis dans la paix lui donnent une ineffable sagesse et font de lui un visionnaire. On vient le voir, le consulter, comme dans la fameuse nuit du 21 au 22 décembre 1481. N’est-ce pas étonnant que ça soit juste dans la nuit du 21 au 22 décembre ? Une date qui aujourd’hui fait tant couler l’encre : le 21 décembre 2012. Une date qui pour certains incarne l’espérance d’une révélation, d’un changement profond comme Nicolas l’a provoqué 531 années auparavant.

« Nicolas fait partie de la grande famille humaine, à la recherche de paix et d’espérance. » Quelque chose d’essentiel s’est passé alors pour préserver la Confédération du naufrage. Une réconciliation inespérée a eu lieu qui a sauvé d’une guerre fratricide dûe aux dissensions qui ont déchiré les premiers cantons suisses. On ignore le contenu du message de Frère

Nicolas, mais on sait qu’il est la source de cette paix retrouvée. Un homme de prière avec son enracinement dans la paix de Dieu, devient en quelque sorte le “père de la patrie”. Détaché du monde, Nicolas reconnaît avec clairvoyance la véritable essence de ce qu’il faut pour ce pays. Détaché du monde, l’avenir est pourtant son affaire. Et qu’est-ce qu’il y a à retenir et à développer aujourd’hui de la pensée de ce grand homme ? Nicolas fait toujours partie de la famille, de la grande famille humaine à la recherche de paix et d’espérance, refusant la fatalité, à la recherche d’une réponse qui est d’abord intérieure car l’avenir commence en nous. » Elisabeth Reichen,

1 - Cf : Philippe Baud, Nicolas de Flue. Un silence qui fonde la Suisse, Cerf 2 - Wolgang Wackernagel, La Divine Consolation, Rivages Poche, p. 95-100

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VIE

œcumén

œ

œcuménisme

Benoit XVI au Liban Portée œcuménique de cette visite Le pape Benoît XVI s’est rendu au Liban du 14 au 16 septembre 2012. Il a été accueilli comme « pèlerin de paix » et sa visite a eu une grande portée œcuménique.

Benoit XVI accueilli par Grégoire III LAHAM, Patriarche Melkite d’Antioche et tout l’Orient.

Le 14 septembre, le jour de la fête de la croix glorieuse du Christ, la fête qui a eu l’origine en Orient en 335 et qui est célébrée par les catholiques, orthodoxes et certains protestants, le pape a signé « Ecclesia in Medio Oriente ». C’est une l’exhortation apostolique post-synodale de l’Assemblée spéciale des évêques pour le Moyen Orient, qui s’est tenu en octobre 2010. A cette occasion il disait : « C’est justement maintenant qu’il faut célébrer la victoire de l’amour sur la haine, celle du pardon sur la vengeance, celle du service sur la domination, celle de l’humilité sur l’orgueil, celle de l’unité sur la division ». Ce message est bien lisible dans le document et a été bien perçu par les gens, notamment par les jeunes, qui ont rencontré le pape. Lisons le témoignage d’une jeune et quelques extraits de l’exhortation qui concernent l’œcuménisme.

Témoignage : Le pape et les jeunes au Liban « Je vous donne ma paix » - Un message plein d’espoir dans une région où règnent la différence, l’insécurité et la violence. C’est par dizaines de milliers de jeunes que le Liban a accueilli le 15 Septembre 2012 le pape Benoît XVI. Jeunes musulmans et chrétiens de toutes confessions se sont réunis pour cette unique rencontre. Pour nous les jeunes Libanais, ce moment était très touchant. Pour une fois, ce n’est ni pour des raisons politiques, ni pour une manifestation que nous nous retrouvions, mais pour porter, malgré nos différences et nos diversités, un message et un exemple de paix et d’unité pour toute la région du Moyen-Orient. Deux jeunes ont parlé au nom de toute la jeunesse libanaise : ils ont exprimé la crainte pour leur avenir, l’appréhension du chômage, le refus de la corruption,

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la peur du fondamentalisme montant, ainsi que le désir de rester attachés à leur terre et à leur pays, de ne pas émigrer. Affirmant leur volonté de vivre en harmonie avec les jeunes des autres religions, ils ont appelé l’Eglise à les accompagner et à comprendre leurs défis. « Nous voulons œuvrer au rapprochement entre les Eglises orientales, nous voulons une seule fête de Pâques et l’unité des chrétiens ! » Le discours du pape était très émouvant. Ce n’était pas seulement un message de paix, un appel à l’unité entre musulmans et chrétiens mais surtout un message d’enracinement dans ce pays et cette région qui ont vécu la naissance de Jésus et du christianisme. Bien souvent nous oublions cela en tant que jeunes chrétiens libanais. Bien souvent nous pensons que par l’émigration

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nous construirons un meilleur avenir. Bien souvent nous pensons que c’est par la politique que nous pourrons faire un changement dans ce pays. Mais, aidés par la visite et le discours du Pape, nous avons réalisé que c’est seulement par notre manière de vivre sur le chemin du Christ et par l’aide de l’Esprit Saint que nous pourrons remplacer peu à peu dans cette région : - la violence par la paix - la haine et la vengeance par l’amour - la division par l’unité, pas seulement au sein de nos Eglises, mais aussi entre les 18 différentes confessions qui vivent ensemble dans ce petit pays qu’est le Liban. v Cedrine Al Andary, JCN


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Le christianisme au Liban

Jeunes Libanais venus accueillir Benoit XVI lors de son arrivée à Berouth

Message de Benoit XVI La victoire de l’amour sur la haine « C’est dans ce contexte contraignant, instable et actuellement enclin à la violence, que Dieu a permis l’épanouissement de son Église. Elle y vit dans une multiformité remarquable. Avec l’Eglise catholique, sont présentes au Moyen-Orient de très nombreuses et vénérables Eglises auxquelles se sont ajoutées des communautés ecclésiales d’origine plus récente.

La situation du Moyen-Orient est ellemême un appel pressant à la sainteté de vie. Les martyrologes attestent que des saints et des martyrs de toute appartenance ecclésiale ont été – et certains le sont aujourd’hui – des témoins vivants de cette unité sans frontière dans le Christ glorieux, avant-goût de notre ‘être réunis’ comme peuple finalement réconcilié en Lui. (…)

Cette mosaïque requiert un effort important et constant pour favoriser l’unité, dans le respect des richesses propres, afin de raffermir la crédibilité de l’annonce de l’Évangile et le témoignage chrétien. L’unité est un don de Dieu qui naît de l’Esprit et qu’il faut faire croître avec une patiente persévérance (1 Pierre 3, 8-9).

La situation du Moyen-Orient est un appel pressant à la sainteté de vie.

Nous savons qu’il est tentant, lorsque des divisions nous opposent, de ne faire appel qu’au seul critère humain oubliant les sages conseils de saint Paul (1 Corinthiens 6, 7-8). Il exhorte : “Appliquez-vous à conserver l’unité de l’Esprit par ce lien qu’est la paix ” (Ephésiens 4, 3). La foi est le centre et le fruit du véritable œcuménisme. C’est elle qu’il faut commencer par approfondir. L’unité surgit de la prière persévérante et de la conversion qui fait vivre chacun selon la vérité et dans la charité (cf. Ephésiens 4, 15-16). Le Concile Vatican II a encouragé cet ‘œcuménisme spirituel’ qui est l’âme du véritable œcuménisme.

Le témoignage authentique demande la reconnaissance et le respect de l’autre, une disposition au dialogue en vérité, la patience comme une dimension de l’amour, la simplicité et l’humilité de celui qui se reconnaît pécheur devant Dieu et le prochain, la capacité de pardon, de réconciliation et de purification de la mémoire, à un niveau personnel et communautaire. (…) » v Ecclesia in Medio Oriente, n. 11-15

Le Liban se caractérise par le fait qu’il est « le pays des communautés ». 18 communautés religieuses différentes, dont 12 chrétiennes, sont présentes dans ce petit pays de 14,952 km2. La beauté est que chacune d’entre elles jouit de la liberté de croyance et de la pratique de leur foi. De plus en plus, nous devenons conscients de l’importance de la présence chrétienne. Elle n’est pas seulement essentielle pour le Liban, mais pour toute la région du Moyen Orient puisqu’une décroissance de cette présence constitue un danger non seulement pour les chrétiens mais aussi pour cette liberté et cette diversité dont ce pays est l’exemple.

Le Liban se définit en étant une mosaïque du christianisme oriental : la plupart des églises orientales y sont représentées. Il est très fréquent d’avoir au sein d’une même famille un vrai mélange entre orthodoxes, protestants, catholiques et maronites. A l’aide de ce mélange et par la présence de multiples mouvements et communautés qui travaillent pour l’unité, les jeunes s’intéressent de moins en moins aux rites. Ce qui compte pour eux est le fait d’être chrétien. Le sentiment d’être devenus minoritaires et fragiles dans cette région impliquent que nos divisions sont devenus ridicules et même dangereuses. Cette réalité nous pousse à bien se mettre à l’œuvre du dialogue entre les différentes églises orientales. v Samar Al Andary CCN

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Communautés de la Fédération Protestante de France

Un laboratoire pour l’Eglise Parmi les « idées reçues » qui existent d’une confession chrétienne à l’autre, il en est une qui n’envisage la vie communautaire et la vie consacrée qu’aux accents de l’Eglise catholique. Sœur Danielle Renaud, Présidente du Département des Communautés de la Fédération Protestante de France, nous fait découvrir que la recherche de la vie communautaire et l’accueil de la vie consacrée sont pleinement reconnus par la tradition protestante. .

Le Département des Communautés, créé officiellement au sein de la Fédération Protestante de France en novembre 1963, a compté parmi ses premiers membres les Diaconesses de Reuilly, Strasbourg, Ingwiller, la Communauté de Pomeyrol et la Communauté de Taizé. En 1974, de nouvelles communautés, en particulier les Communautés de couples et familles issues du protestantisme réformé, luthérien ou évangélique les ont rejoints. Une grande rencontre est organisée chaque année et des thèmes de réflexion aussi bien théologique, biblique, éthique, psychologique, concernant la vie communautaire sont proposés à partir d’un dialogue avec les divers participants. Le Département invite alors des membres d’autres Communautés, de diverses traditions ecclésiales et de quelques pays européens proches, afin de rendre visible sa dimension d’ouverture à l’universel.

Les Communautés de vie consacrée

Sœur Danielle Renaud,

Présidente du Département des Communautés de la Fédération Protestante de France.

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Depuis près d’un siècle et demi ont émergé, au sein des Eglises de la Réforme de notre pays, des Communautés religieuses régulières. Pour ses membres, la consécration à la suite du Christ signifie célibat et chasteté, pauvreté et partage, obéissance et soumission réciproque, solitude avec le Christ et communion mutuelle. Ces communautés s’inscrivent dans la tradition monastique de l’Eglise indivise, héritage d’une inégalable richesse et diversité.

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Lieux de dialogue et d’ouverture, elles le sont non seulement par leur enracinement dans l’Eglise universelle, mais aussi par un dialogue vivant, avec des Communautés de même orientation qu’elles soient catholiques, orthodoxes, œcuméniques...

Des Communautés de vie consacrée ouvertes aux couples Mues par la même vocation, se sont créées depuis une quarantaine d’années des Communautés de vie ouvertes aux couples. Elles proposent à leurs membres une permanence de la vie communautaire tout au long de l’année, une vie de prière régulière, la prise d’engagements définitifs après un temps suffisamment long d’affermissement dans ce type de vie.


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œcuménisme

Des Communautés, Communions, Fraternités D’autres formes d’expressions communautaires ont vu le jour ces trente dernières années avec chacune sa spécificité, son approche plus ou moins accentuée, plus ou moins visible d’une recherche communautaire. Toutes ces composantes forment ensemble le Département des Communautés. Dans leur diversité elles offrent des lieux de consécration et de rayonnement, elles se reconnaissent toutes comme : - des lieux de prière et d’écoute de la Parole - des lieux de témoignage et d’accueil, - des lieux d’engagement au service du Christ et des frères. Les questionnements qu’elles portent, leur mode d’être, leur vécu œcuménique et leur recherche théologique les situent au cœur de la mission de l’Eglise.

Le Département est coordonné par un Conseil Le Conseil du Département des Communautés regroupe les divers responsables des Communautés, Communions et Fraternités adhérant à la Fédération Protestante de France. Si le Conseil est l’instance de décision du Département des Communautés, il est bien entendu que chaque Communauté, Communion, Fraternité garde son entière autonomie.

œcuménisme Témoignage :

Irène Strittmatter Irène a participé aux rencontres annuelles du département des communautés de la Fédération Protestante de France. « Je suis avec Roland, mon mari, équipière de la communauté de Caulmont – communauté œcuménique de prière et d’accueil. Nous avons été communautaires résidents pendant près de 4 ans en Ardèche. A ce titre, j’ai pu participer à trois reprises à la rencontre annuelle du département des communautés. Ces journées sont d’une grande richesse. Découvrir la diversité des formes de vie communautaire (célibataires consacrés, couples ,familles, engagés à vie ou pour des durées renouvelables) ne peut qu’élargir mon horizon. Je trouve là un partage vrai des joies du vivre ensemble, et de ses difficultés.

Etre dans l’Eglise un signe qui interpelle, être un lieu qui accueille les hommes avec leurs questionnements, sont des raisons d’être de la vie communautaire. Mais j’y rencontre aussi beaucoup d’humilité, l’expression que ce choix de vie différent n’est pas meilleur mais réponse à un appel intérieur. Beaucoup de chaleur humaine, pas de jugements, le département des communautés est un lieu où on peut refaire le plein d’audace, d’espérance. Lieu de fête, lieu de prière, lieu de réflexion, lieu fraternel. Voilà quelques mots qui essaient de traduire mon vécu et que j’avais envie de partager. » Il veille aux liens entre les Communautés et la vie ecclésiale. Il a en charge l’organisation de la session annuelle de partage et de réflexion, tenue le plus souvent dans une des Communautés, Communions, Fraternités. Au cours de ces années, le dialogue s’est approfondi dans une très belle confiance mutuelle entre le Département des Communautés et la Fédération Protestante de France.

Rencontre annuelle à Taizé, 2009

En 2012, le Département est entré dans sa 50ème année. La vie Communautaire reste toujours d’actualité dans l’Eglise ! Les confrontations de nos expériences, le partage de nos vécus restent un trésor à redécouvrir pour nous mêmes et pour tout le corps de Christ. v

Toutes les Communautés et leurs responsables sont particulièrement attachés à ce lien avec la Fédération, à ce rôle de rencontre, de soutien et d’interpellation mutuels. Par leur diversité de vie, de théologie et d’orientation, les Communautés vivent dans le Département des Communautés, tel un modeste laboratoire bien vivant, la réalité du défi fédératif.

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Jésus, là où Tu es né, au milieu de Joseph et de Marie, ta crèche n’était pas fermée. Tout le monde pouvait entrer. Jésus, quand Tu es né, Tu as voulu que tout le monde puisse venir Te voir parce que Tu es venu pour tout le monde. Avant que Tu ne naisses, Jésus, Joseph et Marie n’avaient trouvé que des maisons aux portes fermées : fermées au secret de Dieu. Ils ont trouvé ouverte une étable, une pauvre étable. Mon cœur, il peut aussi être ouvert ou fermé pour aimer. Mes mains, elles peuvent aussi être ouvertes ou fermées pour donner. Ma vie, elle peut aussi être ouverte ou fermée pour faire vivre.

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La gratuité de l’amour

Nativité des frères Buffet, chartreuse Aula Dei

Aujourd’hui, Jésus, Tu ne nais plus dans une étable ; mais Tu veux naître, dire le secret de Dieu, dans toutes les maisons, dans tous les cœurs. Tu veux déposer le baiser de Dieu sur tous les visages. Tu veux des millions de crèches pour habiter le monde. (...) Jésus, viens ouvrir nos sourires et nos lèvres, viens ouvrir nos maisons et nos cœurs pour dire avec Toi : Gloire à Dieu, notre Père ! Poème «La gratuité de l’Amour» de Élie Maréchal

Forminis

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VIE

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Formation chrétienne

Art : Maître-verrier à Chartres

De verre et de lumière Nous sommes allés à la rencontre de Jacques Loire, maître-verrier près de Chartres. Trois générations se transmettent cet amour du métier. Depuis près de soixante ans, les vitraux Loire ont voyagé partout dans le monde. Regard sur un métier qui fait dialoguer ensemble lumière, espace et inspiration de l’homme.

Depuis trois générations, vous travaillez ensemble. Dites-nous comment tout a commencé. « Mon père a fondé l’atelier en 1946, au sortir de la guerre. J’ai commencé à travailler avec lui très jeune, j’avais 14 ans : tout me semblait extraordinaire ! Mon père a eu un atelier d’une vingtaine de personnes jusque dans les années 70. Aujourd’hui, nous sommes une dizaine à y travailler. J’ai eu la chance de pouvoir continuer à dessiner grâce à mes fils qui me soutiennent. Ma femme est devenue antiquaire en vitrail et ma fille a ouvert une galerie d’exposition à Chartres. » Que représente pour vous le vitrail ? « Le vitrail, c’est toute ma vie. Très jeune, en travaillant avec mon père, j’ai été fasciné. Avec le recul, ce qui me plait dans le verre de couleur c’est de transformer la lumière à l’intérieur d’un édifice. Mon rôle est de donner une atmosphère et une coloration particulière à l’édifice, à travers les dessins et graphismes, en somme de jouer avec la lumière. »

Jacques LOIRE,

Maître-verrier à Chartres.

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Qu’est-ce que « jouer avec la lumière » ? Comment travaille-t-on un tel matériau ? « Un verre industriel laisse passer le soleil tel qu’il est. Si on lui applique un écran bleu, vert ou rouge, on transforme cette couleur de l’extérieur à l’intérieur en autre chose. Pour moi, c’est ça « jouer avec ». Si on met plusieurs couleurs, on obtient un assemblage de luminosités. En ce moment, je travaille avec des sœurs. Elles

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aimeraient qu’en entrant dans leur chapelle, il se passe quelque chose, qu’elles se sentent dans un autre lieu. Avec les verres de couleur, on peut transformer les atmosphères. Cela se fait au travers d’un thème iconographique, de dessins, de teintes, de lignes parfois très simples… On est bien sûr lié à l’architecture. Le vitrail est une aventure à chaque fois en fonction du bâtiment dans lequel on intervient. Jouer avec la lumière, c’est la moduler, la transformer : c’est toute la magie du verre de couleur. » Quel est le lien entre votre foi et votre travail ? « Mon engagement dans la foi se fait surtout dans la création et le vitrail. J’aime ce temps de la discussion avec le prêtre, la paroisse, l’architecte. Souvent l’approche est assez longue, et c’est dans le dialogue que nous trouvons un accord. L’enjeu est différent s’il s’agit d’une communauté religieuse ou d’une église paroissiale. Pour moi, il y a d’emblée quelque chose de plus festif dans une église. Dans un oratoire, il y a quelque chose de plus intime, de plus contemplatif. C’est chaque fois une réflexion nouvelle. J’essaie d’adapter ma vision en lignes, couleurs avec lesquelles je poursuis le graphisme linéaire de l’architecture. » Que vous apporte la proximité de Chartres ? « Je me suis marié dans la cathédrale qui était ma paroisse. Les vitraux de Chartres m’ont beaucoup influencé par


ion chrétienne ion chrétienne formation leur coloration : j’ai exporté partout le célèbre bleu de Chartres !… Quand je ne mets pas de bleu, je suis un peu malheureux… Certes, ce n’est pas tout à fait le même bleu ; c’est l’impression qui compte car on n’utilise plus les mêmes techniques. Si on sait aujourd’hui très bien comment sont fabriqués les verres du 13ème siècle, ce qu’on ne sait pas refaire, ce sont 8 siècles de soleil, de vent… » Comment travaillez-vous ? « Nous répondons souvent à la demande de lieux publics et surtout religieux. Mais aujourd’hui, il y a de plus en plus un partenariat entre artistes et artisans du vitrail : même si je crois qu’un maître-verrier peut aussi être un artiste ! Le travail commence par le dessin sur papier que l’artiste travaille chez lui, ensuite commence l’exécution dans l’atelier. On utilise surtout deux techniques, celle du verre et plomb, la plus classique, mais aussi celle de « la dalle de verre », une technique que mon père a beaucoup aimée : c’est un verre épais réuni par des mortiers de béton.

Enfin des techniques beaucoup plus contemporaines comme le thermoformage : des verres déformés au four qui peuvent être aussi émaillés. Dans le mental du dessin, ces techniques impliquent une autre démarche. » A la fin de notre rencontre, Jacques Loire nous a amenés dans la Chapelle du Carmel de Champhol, un lieu qu’il aime particulièrement. « J’ai toujours plaisir à revenir là. Dès le début, j’ai pensé conserver la vision sur le jardin en utilisant des verres transparents et ne pas mettre de couleur pour que la nature puisse entrer. Il y a juste ce graphisme de plomb que j’ai dessiné comme d’un trait de plume : c’est la croix du Christ dont les bras s’étendent tout autour dans ces grands mouvements que j’aime faire. Tout est beau ici, l’autel, l’espace… Quand on célèbre ici, on est proche. Ma plus grande joie, quand je reviens, c’est de me dire que, finalement, j’y suis bien. » v

Chartres : Retraite Cathédrale A la Cathédrale de Chartres, les Ecritures sont exprimées dans les vitraux et dans l’architecture même. Cette retraite alliera la pédagogie des Exercices spirituels de saint Ignace, en vue d’entrer dans une connaissance plus intime du Christ et de reconnaître son appel, avec des moments d’enseignement et de prière sur la Cathédrale. Le silence, le temps de prière personnelle et liturgique nous aideront à accueillir la Parole écoutée et contemplée. Dans les labyrinthes de nos vies nous pourrons reconnaître des ponts à traverser pour mieux connaître, aimer, et servir le Christ. La dimension œcuménique fortement mise en valeur et la possibilité de profiter de la beauté de la Cathédrale sont les points qui distinguent cette retraite des autres formes d’animations des Exercices ignaciens.

Chapelle du Carmel de Champhol

Animée par une équipe de la Communauté du Chemin Neuf avec les Pasteurs Timothy et Jill Geoffrion

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Formation chrétienne

Vie spirituelle : L’année de la Foi

Je crois, nous croyons, tu crois Le 11 octobre 2012, pour le 50ème anniversaire de Vatican II, le Pape Benoit XVI a ouvert une « Année de la Foi » qui se concluera le 24 novembre 2013. Voilà l’occasion pour FOI de demander à plusieurs personnalités, tout au long de l’année, de répondre à la question : « Pour vous, qu’est-ce que la Foi ? » Marc Duroeux nous livre ici sa « profession de foi ».

On ne naît pas chrétien, on le devient Cette affirmation, employée parmi les évangéliques, met l’accent sur le nécessaire processus d’une foi personnelle chez le croyant. S’il est vrai, pour ma part, que je suis né au sein d’une famille où la foi en Jésus était une réalité vécue au quotidien, il a été important pour moi de m’approprier cette foi en vivant l’expérience de la rencontre personnelle avec le Christ ressuscité. Beaucoup d’évangéliques sont nés dans un environnement familial qui les a encouragés à embrasser la foi de leurs parents. Il n’en demeure pas moins que tous vous diront avoir expérimenté la repentance et la conversion. Qu’est-ce que cela veut dire ? La conversion marque le changement radical d’orientation de sa vie, l’acceptation de suivre Jésus de tout cœur, de bon cœur. Il s’agit donc ici d’une démarche personnelle, liée à une prise de conscience de son état de misère loin de Dieu, la repentance.

Marc Derœux

Pasteur et Secrétaire Général de la Fédération des Eglises Evangéliques Baptistes de France et père de famille.

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Certes, de manière intellectuelle, je peux connaître Dieu, savoir qu’il est le Créateur, qu’il est même le Sauveur du monde et le Seigneur incontesté de l’Univers tout entier. Mais si je n’ai pas expérimenté dans ma vie personnelle, dans mon for intérieur, la réalité de l’amour du Christ et de son pardon, ma foi est vaine, c’est-à-dire sans effet de changement sur ma vie. Vous entendrez donc souvent un chré-

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« La conversion marque le changement radical d’orientation de sa vie, l’acceptation de suivre Jésus de tout cœur, de bon cœur. »

tien évangélique vous dire « qu’il a reçu Jésus dans son cœur ». Cette expression, avec son côté enfantin, dit néanmoins bien que la foi est, pour cette personne, liée à une expérience qui dépasse l’entendement. Une expérience qui se manifeste souvent par une joie immense et incompréhensible, joie de se savoir aimé de Dieu et pardonné par lui. Cette expérience se partage, mais ne s’explique pas ! Par la repentance, je réalise que Dieu m’aime tel que je suis, et pour moi personnellement, alors que je suis loin d’être aimable. Placé devant l’amour du Christ dont le summum est la croix, je ne peux que capituler et réaliser ma pauvreté intérieure, ma sécheresse de cœur, mon besoin d’une vie renouvelée. Cette prise de conscience entraîne alors une volonté déterminée de changer de comportement pour m’appliquer à vivre selon les principes de l’Évangile, autrement dit comme Jésus a vécu.


ion chrétienne ion chrétienne formation Un ouvrage, bien connu des chrétiens évangéliques de ma génération, a marqué mon adolescence ; son titre est évocateur pour comprendre ce que je viens d’écrire : Que ferait Jésus à ma place ? Ainsi la foi est provoquée par la repentance et vécue dans la conversion, c’est-à-dire dans un revirement sur soi, un revirement en soi pour adopter des attitudes qui vont plaire à Dieu. Cette foi en Jésus affecte donc toutes mes relations, toutes mes pensées et tous les gestes de mon quotidien.

Un chrétien seul est un triste chrétien L’insistance sur une foi personnelle n’empêche pas de vivre sa foi en communion avec les autres. La dimension communautaire est importante. Elle permet de nourrir et de partager sa foi. L’attachement aux Écritures Saintes, communément appelées “Parole de Dieu” chez les chrétiens évangéliques, demeure un point central de leur foi.

Espace lecteur

Il convient de la nourrir en prenant le temps de la méditation de la Bible toute entière, car la Bible est norme non seulement de la foi mais de toute la vie, donc même de mon quotidien. Dans les milieux évangéliques, lire sa Bible et prier tous les jours est un trait de discipline de et pour sa foi. Étudier ensemble les textes bibliques est aussi important. Lire la Bible avec d’autres

croyants m’aide à mieux appréhender et comprendre certains aspects qui peuvent m’échapper dans une lecture personnelle. La communauté est importante pour soutenir la foi du croyant. Il aime se retrouver avec celles et ceux qu’il appelle ses frères et sœurs pour vivre des temps de louange et de prière communautaires. La prière les uns pour les autres est un atout qu’il ne veut pas négliger. La foi en Jésus est basée sur le fait que le Christ est toujours capable de guérir, intérieurement mais aussi extérieurement. Le chrétien évangélique ne néglige nullement cette dimension de la guérison, bien que vécue de manières diverses dans le milieu protestant évan-

gélique, avec des tendances charismatiques plus ou moins marquées. Ma foi est basée sur une rencontre vivante avec le Christ ressuscité. La réalité de sa vie en moi ne fait aucun doute, même si je ne suis pas capable de l’expliquer logiquement. Ce privilège de connaître Dieu personnellement m’invite à partager mon expérience avec ceux qui ne l’ont pas encore fait. Le chrétien évangélique a le souci de vivre et partager sa foi de manière personnelle et communautaire, dans sa famille, sur son lieu de travail, dans son quartier comme avec son église locale. Cette foi est basée et entretenue par une relation personnelle avec le Dieu de Jésus-Christ. v

Etienne, 11 ans

« En fait je ne sais pas trop ce que c’est que la foi. Mais moi je crois, je crois en la puissance de Dieu. Je crois que Dieu existe, qu’il peut faire des miracles pour sauver les gens. Je crois en Jésus, qui est ressuscité qui sauve les hommes de la mort. Il y a une Parole que j’aime beaucoup qui est : “Heureux celui qui croit sans avoir vu”, parce qu’un jour, je me suis dit que je voulais voir le paradis mais la seule solution pour le voir, c’était de faire des belles choses pour faire plaisir à Dieu qui m’aime plus que tout. Je crois en la présence de Jésus a côté de moi quand je prie, seul ou a plusieurs. J’aime bien aussi cette parole : “Quand 2 ou 3 sont réunis en mon nom, je suis là au milieu de vous”. Je sais qu’il m’accompagne partout, même au collège. L’autre jour, quand j’étais au collège au caté, j’ai ressenti une présence qui était chaude, je me suis dis que Jésus était là. J’ai envie de ne jamais me séparer de Dieu parce que je veux avoir une belle vie ici et auprès de Dieu. »

Et pous vous...

Qu’est-ce que la Foi ?

J’ y crois !

L’espace lecteur vous est ouvert... nous attendons vos réponses. revue.foi@chemin-neuf.org

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VIE

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Formation chrétienne

Vie professionnelle : Médecin en milieu carcéral

J’étais prisonnier...

et vous m’avez visité C’est dans une prison de Lille que Emmanuel Protais pratique depuis sept ans son métier de médecin généraliste. Il désire pratiquer des soins de bonne qualité dans un cadre et auprès de personnes un peu « particulières ». Une seule porte, blindée, permet d’entrer ou de sortir. Là est le seuil d’un univers à part, qui a ses règles propres et ses familiers...

« En passant sous le portique de détection des métaux, sous la vue des surveillants chargés du contrôle, on se “blinde” un peu ; la journée sera peutêtre éprouvante. Et quand on sort, le soir, la respiration et la pensée se font plus... libres, épanouies. La détention, c’est matériel, comme une pesanteur à assumer. Murs, grilles, clés, caméras, portes à franchir (14 avant de m’asseoir à mon lieu de travail). On s’y habitue peu à peu. Il faut accepter ces arrêts successifs aux portes, sonner, attendre l’ouverture. Convenir avec les surveillants d’un créneau pour voir ses patients, entre deux mouvements de détenus, retour de promenade, départ au parloir. Dans la prison, ce sont les surveillants que l’on voit d’abord. Ils ouvrent les portes, vous contrôlent, puis amènent les malades et vous informent sur les gens qui ne vont pas, etc... Leur tâche, c’est la sécurité. C’est un métier difficile : il faut rester calme quand l’autre s’énerve, avoir de l’autorité, mais aussi de la patience, et même de l’humanité, avec des gens qui ne sont pas tous des enfants de chœur. Il m’a fallu un peu de temps pour apprécier la valeur des surveillants, parce qu’au départ c’était un peu la bagarre entre le corps médical et l’administration pénitentiaire.

Emmanuel PROTAIS, CCN

Médecin à la prison de Sequedin

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Et puis il y a les “détenus”. Il faut lutter contre une confusion réductrice : la faute n’est pas la personne. La durée

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de la peine non plus, un mois, deux ans, perpétuité. Ni le numéro d’écrou : SEQ22154. Dans mon bureau, il n’y a pas de criminel, de “perpet”, mais un homme ou une femme qui vit, souffre, évolue spirituellement et moralement. Il m’arrive de soigner des gens que les médias ont présentés quelques jours avant comme des monstres. Comment leur permettre, à ma mesure, d’exister comme homme ou femme, en dignité, en liberté ? C’est parfois difficile. Certains actes donnent la nausée. La prison, c’est un lieu de violence. L’enfermement est une violence. Il y a aussi beaucoup de violence entre détenus. Il y a même des zones de nondroit : en cour de promenade, jamais un surveillant ne pénètre. Sur ces quelques centaines de mètres carrés où les détenus descendent deux fois par jour, c’est la loi du plus fort qui règne. Toute faiblesse avouée ou montrée met en danger. Silence, méfiance. Il n’y a pas non plus de droit du travail : faible rémunération, arrêt de travail non rémunéré, pas de médecine du travail... Le centre pénitentiaire de Sequedin est une prison moderne, construite pour 650, gonflée artificiellement à 950 par l’ajout de matelas par terre dans des cellules où déjà peu d’espace était laissé entre le lit superposé et la table. Trois personnes dans 9m2, 22 heures sur 24. On y fait une “double peine” : privation de liberté et ... de dignité, d’avenir, de droit du travail, d’autonomie, etc... Après un certain temps, sans horizon,


ion chrétienne ion chrétienne formation pour moi. Dans toutes leurs limites, par elles-mêmes peut-être – rusticité, exigences, histoires blessées, atrocitésUn grand mystère. L’enjeu est de taille, les défis sont multiples.

sans aucune autonomie dans l’organisation de l’emploi du temps, la perception du temps et de l’espace se détériore. Tout est vécu dans l’immédiat du ressenti. On pense à l’enfer. C’est pourtant lieu “sacramentel” ! Je suis entré en prison sur une invitation et une promesse du Seigneur : “J’étais prisonnier, et vous êtes venus me voir” Mt 25, 36. Et, dès les premières semaines, cela s’est vérifié. La présence du Seigneur dans les relations avec les autres soignants et les détenus. Le soir, j’avais l’impression d’avoir été nourri, conforté, grandi, comme par la fréquentation du Christ ! C’est un grand mystère. Dans ce climat de violence, de non-respect, d’immédiateté, la grâce de la rencontre peut s’opérer. Mystérieusement, le Seigneur est présent et travaille. Combien de fois j’ai vu sa lumière briller dans les yeux d’un détenu, l’espérance renaître. Cent fois par semaine, je bénis “Portez-vous bien !” et je suis béni : “Bonne soirée, bon courage, bon weekend, docteur” avec un grand sourire, de la part de personnes qui n’ont rien à y gagner, à cette bénédiction, sinon la joie de m’avoir fait du bien. Le mystère est plus profond encore. Ces hommes, ces femmes détenus sont icônes du Christ souffrant. Les icônes sont parfois abîmées. Cela ne retire rien à leur valeur, au contraire ! Ils sont présence de Dieu, sacrement de Dieu

Avec les patients : lors de la consultation, comment permettre une vraie alliance thérapeutique entre une personne habituellement niée dans sa parole et son autonomie de décision, et un médecin excédé par le bruit, les multiples sollicitations, les ouvertures intempestives de porte ? La disponibilité et l’écoute sont les deux grâces que je demande le matin, dans la prière. Avec les surveillants et l’administration pénitentiaire : si l’on veut que la communication permette d’améliorer les conditions de travail et l’accès aux soins, cela suppose une attitude d’empathie, de respect et de vérité.

« C’est un grand mystère. Dans ce climat de violence, de non-respect, d’immédiateté, la grâce de la rencontre peut s’opérer. »

C’est difficile : dans cette administration, tout problème nuit à la carrière et fait écrire beaucoup de papier. Améliorer les choses devient évidemment très problématique. Passer par la parole prend du temps, mais est très productif. Récemment, nous avons été surpris et heureux, après deux échanges assez informels avec la directrice d’un nouveau centre, de voir en peu de temps toutes nos demandes pour notre futur local de travail prises en compte ! Au bâtiment où je travaille, les mêmes demandes sont ignorées depuis sept ans…

Enfin, au sein de l’équipe soignante. S’y côtoient différentes professions aux attentes parfois incompatibles et des hommes et des femmes aux itinéraires personnels très divers ! Mon parcours à moi est particulier aussi, surtout pour les anticléricaux notoires. Et pourtant, il y a comme un petit miracle de bonne entente, de paroles échangées, de relations amicales. Il arrive bien sûr que nous nous disputions, mais cela ne nous divise pas. Un challenge personnel, l’Espérance. Je sais que ma présence en prison est un appel et une grâce du Seigneur. Comment je Le laisse nourrir en moi la faculté d’espérer l’autre, de l’aimer ? Je peux facilement retomber dans l’autodéfense, le jugement et le dénigrement de l’autre. Un soir, je suis rentré avec un sentiment de peur et de haine à l’égard d’un détenu du genre “caïd” qui, frustré par mon refus, m’avait menacé presque physiquement. J’ai prié, et ai pu retourner paisiblement à mon travail. Deux jours plus tard, il s’est présenté… pour s’excuser ! Il avait eu un parloir difficile, il a “pété les plombs”, il ne pensait pas ce qu’il disait, il me demande pardon. Je l’ai remercié. Quelle action de grâce le soir ! Les personnes qui demandent pardon, en prison, ce n’est pas tellement fréquent ! Surtout les caïds. Il faut aussi avoir de l’espérance pour les malades mentaux qui sont comme absents de la relation, et que je sais potentiellement dangereux, les psychopathes, qui font tout pour vous pousser à bout. Peut-être que notre mission en détention, en plus d’écouter, d’essayer de soulager, d’offrir un espace de parole, d’être et de liberté, ce serait aussi, et au nom de toute la société qui enferme ceux qu’elle craint, l’amour de l’ennemi ? En prison, je peux espérer l’autre, et il me le rend bien. Après sept années à m’échiner, me voilà toujours heureux de prendre la route le matin pour m’y rendre. La parole de l’évangile est vraie. Le Christ m’y attend ! » v

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Musique et Silence « Quand la musique est bonne, quand la musique sonne, quand elle guide mes pas… » Dans la rue, le bus et le métro, dans les magasins, à la Fac entre deux cours, la musique est là !! Le casque de couleur pastel ou fluo n’est plus simplement utile, mais esthétique et fait partie du look. Plus de place pour le silence. Pourtant, des jeunes font l’expérience de « pauses-silence », en partant travailler le matin ou à l’occasion d’une retraite et redécouvrent la respiration de l’âme... et des oreilles. Alors, la musique se met au service de la vie intérieure. Silence… Il te parle !

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« Fuis, tais-toi, reste tranquille ! » Voilà le sain conseil que donnait Saint Arsène aux chrétiens désirant prendre soin de leur vie intérieure. A son époque, pour trouver la paix du cœur, on gagnait le silence du désert et on y vivait des années en priant tout le jour, en jeûnant et en ne voyant personne. Pour nous aussi, la vie intérieure a ses exigences : solitude et silence. Mais à moins de devenir ermite comme Arsène, ou bien sourd et aveugle, il est difficile de ménager dans notre vie des lieux et des temps de grand silence. Quel sera donc ton désert ? Peut-il être musical ? Le désert n’est pas une expérience facile. C’est un lieu aride. Pas de percussion pour le rythmer, pas de symphonie pour l’habiter. De même, le silence nous place dans une grande pauvreté : on y est dépouillé des êtres et des activités qui nous font exister. Ex-ister, c’est « sortir de soi » : en prolongeant à l’infini des conversations via facebook ou nos SMS, en enchaînant les activités, en profitant de chaque instant de liberté pour se remplir d’infos, de musiques et d’images, on se tourne vers des objets et des préoccupations extérieurs à nous-même. Cela est bon, enrichissant même. Mais quand on veut faire silence, on s’aperçoit que cette vie intense fait en nous beaucoup de bruit, et que ce bruit nous encombre ! On s’éloigne pour prier un quart d’heure, et on découvre

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que l’on a passé dix minutes à penser à nos amis, à notre dernier fou rire, au devoir à rendre demain, bref à tout ce que nous faisons et qui mène un grand tapage dans notre for intérieur ! Alors comment remplacer ce bruit par un silence ? La musique peut-elle nous y aider ? Etre silencieux, c’est simplement être attentif. Attentif aux mouvements les plus profonds et subtils de notre âme, à la musique intime de notre cœur. L’attention n’est pas un effort fatiguant de concentration, par lequel on froncerait les sourcils en répétant « Je dois penser à Dieu, je dois penser à Dieu ! ». C’est le contraire d’une recherche. C’est une attente. Un état de désir, ouvert, qui nous rend disponible à tout ce qui pourra procurer à notre âme une vraie paix et une vraie joie : avoir une intuition, être touché par une parole de la Bible ou de quelqu’un, sentir monter dans notre cœur une prière. Cet état n’est pas réservé à nos « temps de prière » : on peut s’y exercer à tout instant. Et pour cela, la musique est une aide précieuse. Un refrain méditatif qui nous trotte dans la tête peut conduire notre cœur à « prier sans cesse » 1 Thessaloniciens 5 , 17. La musique élève l’âme, c’est bien connu. Voilà pourquoi on s’offre des « repas en silence », accompagnés d’une musique dont le lyrisme peut éveiller en nous des émotions, des prières, une paix. Alors la musique ne

« Etre silencieux, c’est simplement être attentif à la musique intime de notre cœur. » nous déconcentre pas ; elle nous recentre au contraire sur notre intériorité, sur les mouvements de notre cœur. Elle agit comme le câble qui plonge dans la mer et guide les plongeurs jusque dans les eaux profondes : elle accompagne notre recueillement. Commencer sa prière par un chant est efficace. Le pouvoir de la mélodie est de capter notre attention vagabonde ; celui des paroles, de nourrir notre prière en lui donnant des mots. Le chant permet de goûter le silence qui suit. Il habite la prière pour que notre cœur poursuive lui-même cet hymne à Dieu. Loue donc chaque jour cinq minutes dans ta chambre, dans ton désert silencieux, en utilisant ta voix ou ta guitare. La musique nous entraîne au plus intime de notre cœur et au plus haut des cieux. BONUS interview : « Un chant d’adoration me fait rentrer dans l’adoration », constate Nolwenn, en faisant référence au chant écrit à partir du psaume 118, « Fais-moi entrer dans ce silence, que je comprenne ta présence. » v Manon, cycle A à Hautecombe

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« J’ai fini par arrêter de prendre mon mp3 » D’habitude en allant à la fac, je prenais mon mp3 avec moi histoire de rythmer un peu le début de ma journée voire de me réveiller. Seulement depuis quelques temps j’ai remarqué que je croisais pas mal de gens que je connaissais sur mon trajet, et le fait d’avoir des écouteurs dans les oreilles ne facilitait pas le simple fait de se dire bonjour, ou même de s’arrêter quelques instants pour discuter. Du coup j’ai fini par arrêter de le prendre, et je me suis rendu compte que ça me faisait aussi du bien de laisser mes pensées s’échapper un peu durant ce petit trajet, de confier ma journée au Seigneur et de pouvoir bien commencer mes cours sans avoir une mélodie qui me trotte dans la tête pendant toute la matinée ! Amandine, 20 ans

Silence, Dieu te parle ! Au nouvel an à Hautecombe, on nous a proposé de faire une retraite qui était en silence tous les matins. Au début c’était difficile, je n’aimais pas beaucoup le silence, j’avais l’habitude d’écouter beaucoup de musique. Et là ce fut une découverte, je me suis rendu compte que le silence pouvait être une musique, que ça devenait plaisant. J’ai pu me retrouver avec moi-même et avec Dieu. J’ai pu communiquer plus facilement avec lui. J’ai pris conscience que la musique paralysait cette relation. Quand j’ai commencé cette démarche du silence, cela avait un côté effrayant : se retrouver avec soi-même n’est pas forcément très rassurant. On se retrouve avec les doutes, les interrogations qu’on avait laissés de côté. Au bout d’un moment, on comprend l’utilité de ce silence. Il nous aide à nous poser et à avancer. Il est important de mettre une distance avec le monde dans lequel on vit, car celui-ci a tendance à nous éloigner de Dieu. Ce silence m’a donc aidé dans ma vie ; par exemple, cela m’a permis de trouver ma voie pour mes études. Actuellement, j’ai toujours du mal à prendre des moments de silence car il est difficile de perdre ses habitudes. Je sais par contre ce que ça peut m’apporter. Je préfère travailler dans le silence car cela me permet d’aller à l’essentiel. Pour moi, le silence est habité. Etre silencieux, c’est se rendre compte de la présence de Dieu. C’est pour moi le seul moyen d’avoir une relation de prière avec lui. Refuser le bruit c’est accepter sa présence. Pierre, 20 ans

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Olivier... Faut-il vraiment se taire pour s’adresser à Dieu ? « Le silence est une manière de se recentrer, mais aussi de mieux écouter l’autre, et surtout l’Autre. Le plus beau des silences n’est absolument pas vide ; il est habité par Dieu. Il est prière. Mais il y a de nombreuses manières de prier. Faut-il vraiment se taire pour s’adresser à Dieu ? Pour certains, c’est le chant qui est l’instrument privilégié de l’âme, un chant habité tout comme l’est le silence…

14-18 ANS

• RETRAITE JÉRICHO : « Lève-toi, il t’appelle ! » : 30 déc. – 5 janv. A Tigery et à l’Abbaye de Hautecombe. Prends le temps de t’arrêter, te mettre à l’écoute du Seigneur et accueillir son Amour dans ta vie. Un temps de prière, partage et fête ! une semaine pour vivre le Nouvel An autrement !

• WEEK-END « Deviens ce que tu es » - 16-18 ans : 8-9 déc. à Paris 2 jours pour se poser, réfléchir à qui je suis et qui je veux être, à qui je peux être et ce que je désire pour ma vie & entendre qui je suis appelé à être, moi personnellement. Un week-end pour avancer et endosser de plus en plus le rôle de sa vie.

• Ecole des charismes - 18-20 janvier à Paris 18ème Paroisse St Denys de la Chapelle. Un weekend de formation pour grandir dans la compréhension et la pratique des dons de l’Esprit, et en particulier des charismes, avec Damian Stayne et des frères de sa communauté Cor et Lumen Christi.

• WEEK-END « Oser croire, oser vivre ». Connaître le sens de sa foi, découvrir un peu plus mon Eglise. Un weekend pour parler de sa foi avec d’autres jeunes et échanger. Un week-end pour OSER se lancer dans une aventure qui va nous mener plus loin ! Lyon 14-15 ans : 19-20 janvier Nice 14-18 ans : 19-20 janvier Sablonceaux 14-18 ans : 26-27 janv. Paris 14-15 ans : 26-27 janvier Strasbourg 14-18 ans : 9-10 février Bretagne – à Boquen : 9-10 février

Comment parler à Dieu ? Comment lui dire mes joies, mes peines, mes désirs ? Comment évangéliser, communiquer et partager ma foi aux autres ? Tout simplement, en utilisant le charisme qu’il m’a donné. Les talents musicaux dont il m’a gratifié. Certains choisissent la vie contemplative, d’autres l’évangélisation de rue…

• WEEK-END « Subir ou choisir : l’embarras du choix ! » : 17-18 fév. à Tigery (91) et à Hautecombe (73). 16-17 mars à Nantes. 2 jours pour apprendre à faire des choix à la lumière de l’Esprit Saint dans tes études, relations, vie professionnelle et ton appel : comment prendre les bonnes décisions et grandir en liberté !

Mais chacun d’entre nous a un don spécifique. Dieu donne tout cela en nous disant « Voilà comment tu t’adresseras à moi et comment tu partageras ta foi aux autres ». Quand vous vous rendez compte que c’est Dieu qui vous a donné ces qualités, tout est différent. Ce n’est plus moi qui joue, c’est lui qui joue à travers moi. Ce sont les qualités qu’il m’a données que les gens applaudissent en concert. C’est la beauté de SA musique qui flotte dans les oreilles de ceux qui l’écoutent. »

• FÊTER PÂQUES à l’Abbaye d’Hautecombe. 30 mars - 1er avril. Les frères et soeurs de la Communauté invitent les jeunes 17-30 ans à se joindre à eux pour fêter ensemble le Christ ressuscité ! Avec 600 jeunes ! Vivre la liturgie pascale, Goûter la joie de la résurrection !

Olivier, 28 ans

• De nombreuses autres propositions sur le site internet : Messe des jeunes, Soirées de louange, Rencontres pour les Jeunes Pros, Groupe « appel », etc. jeunes.chemin-neuf.fr Contact : 01 47 74 93 73 ou 06 30 14 06 96 jeunes.france@chemin-neuf.org

• WEEK-END « La famille, ca sert à quoi ? » 16-18 ans : 1617 mars à Lyon (Abbaye N.D. Dombes), 23-24 mars à Paris (Livry). Réfléchir au sens de la famille, de mes relations avec mes parents, frères/sœurs… Regarder ce que Dieu nous dit, à travers la Bible, sur la famille. • Secrétariat 14-18 ans : 04 72 13 73 64 ou 06 61 61 02 72 14-18ans@chemin-neuf.org Inscriptions en ligne sur : SITE : chemin-neuf.org/14-18ans

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JMJ RIO, EO VOU ! « J’y vais ! » Du 17 au 28 juillet 2013 Un événement en 2 parties... 1. Festival International à 45 min de Belo Horizonte, du 17 au 22 juillet sur le magnifique site d’« Aguas Cantantes », avec 1000 jeunes du monde entier.

2. JMJ à Rio du 23 au 28 juillet. Cette semaine sera consacrée avant tout à l’évangélisation, pour vivre pleinement le thème des JMJ : « Allez de toutes les Nations, faites des disciples » Matthieu 28,19.

Inscriptions sur le site : jmj2013rio.chemin-neuf.fr

JMJ RIO 2013

« Si tu vas à Rio... » Après 4 ans de formation et mission en France, c’est avec une grande joie que je suis rentré chez moi au Brésil pour faire 1 année de mission sur la préparation de la JMJ Rio 2013. Tout d’abord, il y a le trésor de la vie fraternelle ici à Belo Horizonte et aussi à Divinópolis. La Communauté du Chemin Neuf a pris à cœur la mission de la JMJ comme sa priorité communautaire pour cette année 2012-2013. Cela implique, par exemple, que la Paroisse que nous animons s’engage avec nous pour l’accueil de ce millier des jeunes qui viennent vivre cette fête de la foi ! L’autre point qui me donne beaucoup de joie est le groupe des volontaires jeunes qui se mettent au service avec nous. C’est un parcours de prière, de fraternité et de formation afin que tous ces jeunes prennent à cœur l’appel de Benoit XVI pour cette JMJ : « Allez, et de toutes les nations faites des disciples ! » C’est véritablement une École d’Évangélisation que la Communauté du Chemin Neuf met en place pour offrir à ces jeunes une formation solide, non seulement par rapport à la foi chrétienne, mais aussi la vie fraternelle et le service. Personnellement, c’est une chance pour moi de pouvoir vivre de cette manière cette pause dans mes études de théologie. C’est une opportunité concrète de partager avec des jeunes

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une formation solide et d’approfondir des thèmes comme le Concile Vatican II, le rôle du Pape dans l’Église Catholique, l’appel missionnaire de tout chrétien, etc. Finalement, cette mission porte aussi un grand espoir pour moi au niveau œcuménique. Depuis longtemps, je porte ce désir de faire un travail pour l’unité des chrétiens ici au Brésil où les relations entre les catholiques et les évangéliques sont loin d’être paisibles ! Par la Grâce de Dieu et l’action de l’Esprit Saint nous avons commencé des contacts avec des pasteurs d’autres églises afin de chercher ensemble une possibilité de travailler non seulement pour ce projet d’évangélisation, mais aussi pour un projet social en vue de la JMJ Rio 2013. Je vous remercie tous pour votre soutien spirituel, dans la prière, et matériel à travers vos dons qui nous donnent la possibilité de poursuivre cette œuvre du Seigneur ! Je vous attends à Rio ! v Fr. Luciano Couto, CCN, Brésil.


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Justin Welby :

Nouvel Archevêque de Cantorbéry

Who is that man ?

La nomination de Justin Welby en novembre 2012 comme archevêque de Cantorbéry et Primat de la Communion Anglicane fut un événement pour le moins inattendu. Evêque depuis moins d’un an, ordonné seulement depuis 20 ans, inconnu du grand public … qui est donc cet homme appelé par Dieu à présider à l’Eglise d’Angleterre à un moment crucial de son histoire ? Après des études à l’Université de Cambridge, où il vit une conversion personnelle, découvre le renouveau charismatique et rencontre sa femme Caroline, Justin commence une carrière brillante dans l’industrie pétrolière, d’abord à Paris chez Elf, ensuite à Londres où il devient « Group Treasurer » d’Enterprise Oil. C’est lors d’une prédication à la paroisse anglicane de Holy Trinity Brompton qu’il sent un appel à se consacrer à plein temps au service de l’Eglise. Il fait ses études de théologie à Durham, où son mémoire de fin d’étude porte sur la question : « Est-ce que les entreprises peuvent pécher ? » (sa réponse : oui !). Après son ordination en 1992, il sert pendant dix ans le diocèse de Coventry comme vicaire et curé de paroisse. En 2002 Justin est nommé chanoine de

la cathédrale de Coventry où il devient le directeur du Centre International pour la Réconciliation (fondé après la Deuxième Guerre Mondiale). Commence une période de 5 ans où il voyage beaucoup, faisant notamment plus de 60 déplacements au Nigeria, pays qu’il connaît bien de par sa carrière dans la pétrole, mais où maintenant il travaille pour la réconciliation. Il met parfois sa vie en danger pour négocier des résolutions non-violentes aux conflits sociaux, religieux et politiques. Nommé en 2007 doyen de la cathédrale de Liverpool, il adopte le slogan « A Safe Place to Do Risky Things for Christ’s Service », et s’investit à fond dans l’évangélisation. Il double le nombre de fidèles. Justin se fait remarquer notamment par sa capacité à travailler avec des représentants de toutes les tendances anglicanes: High Church, Low Church, évangélique, libérale... ainsi que par sa foi profonde, son manque de prétention, et son excellent sens de l’humour. C’est en 2011 que Justin reçoit un appel téléphonique de l’Archevêque d’York, lui demandant s’il est prêt à être considéré pour le poste d’Evêque

de Durham, quatrième siège épiscopal du pays et qui comporte des responsabilités importantes sur le plan national (l’évêque siège de droit au Parlement anglais) mais dont le diocèse souffre d’une grave crise financière. D’abord très réticent, il accepte enfin l’appel de l’Eglise et est nommé en octobre 2011. Il transforme les finances diocésaines, remonte le moral du clergé, lance une campagne d’évangélisation et se fait remarquer aussi au Parlement où il est nommé à la « Parliamentary Commission on Banking Standards », établie suite à la crise bancaire de 2008. C’est ainsi que, malgré son manque d’expérience, son nom s’impose rapidement comme le successeur naturel de Rowan Williams, archevêque de Cantorbéry, qui prendra sa retraite en janvier 2013. Bien qu’issu de la tradition évangéliquecharismatique, Justin Welby témoigne avoir été très influencé par le catholicisme, citant en particulier la doctrine sociale de l’Eglise, la règle de Saint Benoît (son accompagnateur est un moine bénédictin français) et la spiritualité ignacienne, à travers ses contacts avec la Communauté du Chemin Neuf, qu’il a rencontrée pendant son travail international pour la réconciliation. Il a même choisi de faire sa retraite avant son ordination épiscopale en 2011 à l’Abbaye d’Hautecombe. Nous pouvons prier pour Justin et sa famille pendant qu’ils se préparent à assumer ces nouvelles responsabilités. Il sera installé comme archevêque de Cantorbéry en mars 2013. v Tim Watson, CCN

Prêtre de l’Eglise Anglicane à Liverpool

Justin et Caroline Welby

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Couples et célibataires consacrés

Récits de

vocation Aimée Roumieh lors de son engagement au célibat

Une des spécificités de la Communauté du Chemin Neuf tient sans doute à la vie et l’engagement commun des couples et des frères et sœurs consacrés dans le célibat. Appelés à être, ensemble et dans le respect de chaque état de vie, disciples du Christ, Aimée, Pépin, Agnès et Xavier écrivent ici leur « récit de vocation ».

« L’autre : un chemin de conversion » Agnès et Xavier vont se marier en mai 2013. Ils nous partagent la naissance et le choix de leur vocation au mariage. « Pour chacun de nous, l’histoire de notre vocation est avant tout l’histoire de notre rencontre personnelle avec le Seigneur. Cette rencontre a eu lieu au cœur de nos questions d’appel, de place dans ce monde, l’Eglise et la communauté. Pour Xavier ce fut surtout par l’école d’évangélisation par l’art, à Chartres, en 2006, et puis dans son engagement JCN, et communautaire par la suite. Pour Agnès, lors d’une retraite d’Exercices puis pendant le cycle A, en 2010. Ensuite, il y a eu Henri IV, temps de Bethléem pour Agnès, au secrétariat des JMJ, 2ème année d’engagement communautaire pour Xavier, en master de Lettres. Puis, un week-end où nous sommes « de garde » ensemble et qui révèle très clairement nos caractères tout à fait différents… Ca commençait bien ! Malgré ces différences, notre envie de retrouver l’autre et de le connaître davantage grandissait. Nous avons eu la grâce de vivre l’attente, Agnès étant en “Année pour Dieu”. D’un côté c’était une exigence folle : prendre le temps, attendre, s’attendre. Mais surtout, ces mois précieux ont permis au Seigneur d’enlever nos peurs, et de laisser les évidences s’éclairer. Evidence de la vocation au mariage, évidence de l’appel à la vivre ensemble ! Attendre a creusé notre désir, l’a affermi et rendu solide avant même de commencer le chemin à deux, enfin à trois ! Nous pouvions alors nous rece-

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Agnès Chevereau et Xavier François

voir l’un l’autre comme un cadeau, l’autre nous était donné ! Le Seigneur nous a invités à creuser notre relation, particulièrement à travers nos différences, culturelles (Xavier est mauricien, Agnès française), de caractère, de fonctionnement… L’autre est chemin de conversion : nos différences nous déplacent et nous invitent à aimer et se donner davantage, à se laisser aimer. Nous sommes bien petits, et incapables de sortir de nos habitudes, mais Lui non ! Nous reconnaissons aujourd’hui que l’autre me permet de devenir pleinement moi-même, ce que je suis appelé à être, et il y a là quelque chose de l’ordre de l’accomplissement. Aujourd’hui notre désir est simple : que par notre couple nous soyons témoins de la folie de l’Amour du Seigneur pour les hommes, que nous soyons une famille missionnaire, donnée, et qu’en suivant Jésus, nous puissions L’annoncer. »


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mon noviciat. Ce fut un grand moment pour moi, car un appel radical à suivre le Seigneur s’est confirmé. Il y a eu une semaine consacrée à la vie dans l’Esprit où j’ai offert ma vie à l’Esprit Saint. Le dernier jour, nous sommes allés dans le village de Liboli pour un temps d’évangélisation. Face à des personnes assoiffées de la parole de Dieu, je me suis senti intérieurement interpelé par le Seigneur et j’ai dit « oui » pour sa mission.

Pépin Malonga

Devenir prêtre dans la communauté Pépin, originaire du Congo Brazzaville « Je suis issu d’une famille polygame, ce qui n’a pas empêché mon père de nous montrer le chemin de l’Eglise dès l’enfance. A l’âge de 5 ans, j’ai été adopté par mon oncle maternel, qui était devenu athée. Arrivé chez lui, je n’avais plus le droit de fréquenter l’Eglise ; j’ai passé mon enfance dans un certain vide spirituel. Au moment où mon oncle s’est reconverti, il m’a autorisé à reprendre le chemin de l’Eglise. Après ma première communion et ma confirmation, j’ai participé au groupe des servants de messe, ce qui a suscité en moi le désir de devenir prêtre, mais cela n’a pas duré. La crise d’adolescence m’a éloigné du Seigneur, par le désir de satisfaire mes propres envies, par la boisson, et d’autres loisirs. Après mon baccalauréat, j’ai eu le désir de prendre un temps de solitude loin de mes ami(e)s, de mon milieu habituel. Je suis resté un mois dans une paroisse dont je connaissais le curé, à quelques kilomètres de Brazzaville. Cela m’a donné envie de vivre quelque chose de sérieux avec le Seigneur mais je ne savais pas comment cela se passerait. Je suis alors parti à Pointe Noire où une sœur m’a invité au groupe de prière de la Communauté du Chemin-Neuf. J’y ai rencontré des personnes qui étaient vraies envers leur Dieu, avec une simplicité dans la prière : ils priaient comme si Dieu était proche d’eux. Ce groupe de prière est devenu un lieu de ressourcement spirituel et de fraternité. A cette époque, s’est creusé en moi le désir d’aller plus loin avec le Seigneur. Le responsable de la communauté m’a proposé de partir à Kinshasa pour expérimenter la vie communautaire et prendre le temps de discerner mon appel. Après une année de découverte de la communauté, je suis allé en Côte d’Ivoire pour suivre un cycle de formation (le « cycle A ») et commencer

Un autre tournant dans ma vie fut la grande retraite des 30 jours (Exercices spirituels de St Ignace). J’y suis allé timidement mais dans la confiance de rencontrer le Seigneur. Effectivement, Il m’a conduit avec tendresse et assurance. Il m’a rejoint à travers le texte de Luc 5, 1-11 où Il m’invitait à aller plus au large avec Lui. Je sentais aussi qu’Il ne m’appelait pas seul mais dans un corps communautaire. J’ai choisi le célibat en vue de devenir prêtre dans la communauté du Chemin Neuf, en faisant confiance au Seigneur et aux frères et sœurs de la communauté. Je vis mon état de vie aujourd’hui en m’appuyant sur les frères et les sœurs que le Seigneur m’a donnés, et je découvre jour après jour que c’est un chemin de joie et de bonheur. »

« Tu m’a séduite Seigneur... » Aimée, sœur consacrée originaire du Liban « Tu m’a séduit(e) Seigneur et je me suis laissé(e) séduire. » Jérémie 20, 7. Il y a trois mois je me suis engagée au célibat consacré dans la communauté du Chemin Neuf. Il m’a fallu du temps pour accueillir l’appel du Christ dans ma vie, bien que je l’aie entendu très jeune, mais comme le fils prodigue, je m’étais bien éloignée. J’ai pris des sentiers tortueux mais son infinie miséricorde est venue me retrouver et me ramener à la vraie source d’eau vive. C’était il y a deux ans, au festival d’été d’ Hautecombe, festival où je suis allée juste pour accompagner mon frère. Durant le chemin de croix, en priant avec l’évangile de Bartimée, je me vis dans cet aveugle et j’ai senti les mains de Jésus se poser sur moi, guérissant mon aveuglement et “ouvrant mon cœur à sa lumière afin que je sache quelle espérance me donne son appel” [Eph. 1, 18]. Je l’ai longtemps cherché en dehors, dans le monde, alors qu’il était dedans, au fond de moi. J’avais cherché à gagner le monde mais je me suis perdue. Tout ce que je cherchais à l’extérieur, de joie de liberté et de folie c’est en Lui et avec Lui que je les ai vraiment trouvés ; puisqu’Il est le chemin, la vérité et la vie. “Ma vie nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne” (Jean 10, 18). C’est en toute liberté et avec beaucoup de joie que je lui offre ma vie, après avoir entendu son “Veux-tu ?”, après qu’Il m’aie touchée par son amour. Je n’avais rien de plus précieux que ma vie à lui offrir en retour, comme la pécheresse qui brisa son flacon de nard sur les pieds de Jésus. Aujourd’hui, je désire mettre à son service dans le célibat consacré, tout ce que je suis ; pour ainsi être toute à tous “afin que d’autres aient la vie” (Jean Paul II). »

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vie de la communauté

VIE

Vie de la Communauté

Ecole des charismes

Saragosse :

un monastère transformé

Du 18 au 20 janvier 2013 Paroisse St Denys la Chapelle (Paris 18ème) Week-end de formation avec Damian STAYNE, fondateur de la communauté Cor et Lumen Christi, et des membres de la communauté du Chemin Neuf. Dans le cadre de la Nouvelle Evangélisation, comment grandir dans la compréhension et la pratique des dons de l’Esprit ? Enseignements dynamiques, exercices pratiques, prière personnelle et Assemblée de prière.

à TrEvi : de gauche à droite : Gionata Fausone, Bénédicte et Antoine Contamin, Etienne de Beaucorps, Pascale de Beaucorps et les futurs ordonnés : Adonis Bizomenya (Villeurbanne, Paroisse Ste Madeleine), Federico Bertacchini (Paris, foyer de Puteaux).

Renseignements : 06 81 40 03 08 www.ecole-charismes-2012.chemin-neuf.fr

Noël ...

La boutique en ligne !

Pour vos cadeaux de fin d’année, savezvous qu’il existe désormais un site de vente en ligne de la Boutique du Chemin Neuf. Vous y trouverez un grand choix de crèches, icônes, produits de la Communauté du Chemin Neuf (miel, musculine, pâtes de fruits, infusions...), des produits d’abbayes (sirop, bonbons, confitures...), des jeux pour enfants, CD et DVD pour Noël... C’est simple ! Vous choisissez, vous commandez et en un clic, vous êtes livrés sans vous déplacer ! A bientôt !»

www.cheminneuf-laboutique.com

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à KINSHASA : de haut en bas, Alain Tsiomo (Paroisse de L’Isle d’Abeau, France), Gildas Bobongaud (à Lyon, Henri IV), Jean-Pierre Godding (Kinshasa), Matthieu Wansi (Kinshasa), Benoit et Denise Lokila (Kinshasa) Enseignement, vie communautaire, vie familiale

album photos

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Talents

Jeune talent ELOI HUET « Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours été façonné et intrigué par les métiers artistiques. Le déclic est venu le jour où j’ai appris que mon Saint

Patron était orfèvre ; j’ai alors décidé que je voulais être non pas Saint comme lui mais joaillier (c’était plus abordable pour moi !). Je suis actuellement en 3ème année en Bijouterie-Joaillerie. Cette formation m’apprend tout aussi bien les techniques de création et de réparation de bijoux que l’art du dessin et de la peinture. Faire quelque chose de mes mains me permet de m’exprimer à travers la diversité des matériaux et des pierres que nous offre la terre. Cela me permet également de m’échapper, de me vider l’esprit. Une fois que le travail est fini, je me sens accompli. Plus tard je ne ferai pas seulement de la joaillerie mais j’aimerais aussi réaliser des pièces et des bijoux religieux. J’ai déjà réparé notamment des médailles et conçu des croix. Je souhaite mettre mes mains au service du Seigneur afin de pouvoir témoigner à travers mes travaux de l’amour du Père. »

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Tirage sur papier issu de forêts gérées durablement, certifié PEFC


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