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Un long voyage vers la guerison

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Revue trimestrielle FOI N°36 - Mars - Avril - Mai 2013 - 5,50€

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VIE Sommaire

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Editorial du Père Laurent FABRE Dossier

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Michael Lapsley 14

Œcuménisme

14 • « Un Rabbin parle avec Jésus », Jacob Neusner 16 • Le Saint et Grand Concile Orthodoxe 18 • Prière

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Formation Chrétienne

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Jeunes

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Vie de la Communauté

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Jeune Talent

20 • Bible : La lettre aux Philippiens 22 • L’année de la Foi : « Jésus, j’ai confiance en Toi. » 24 • Radios Chrétiennes en France : Bon anniversaire !

26 • Média et évangélisation 28 • « Catho Style » - Témoignages

30 • Semaine Internationale : Faire l’Unité 32 • La manif’ pour tous : Nous y étions ! 34 • Nouvelles

35 • Marcin Kuczynski, photographe La revue FOI (Fraternité Œcuménique Internationale) est publiée par la Communauté du Chemin Neuf-10 rue Henri IV-69287 Lyon cedex 02 Directeur de la publication : P. Laurent Fabre Directeur délégué : Jean-Charles Paté, Rédactrice en chef : Pascale Paté, Comité de rédaction : Camille Dacre Wright, Franck Démaret, Marie Farouza Maximos, Pieter Leroux, P. François Lestang, Véronique Pilet, P. Adam Strojny Création graphique : Annick Vermot (06 98 61 98 76), Crédit photos : CCN, Michael Lapsley, 2013 African National Congress, Fotolia.com : michaklootwijk, daskleineatelier, piccaya, poco_bw, angelo.gi, Andres Rodriguez, kasiap, herreneck, Eisenhans, VL@D, Abonnement : Marie-Thérèse Subtil, Nicole Zébrowski, Gestion-Administration : AME, Réalisation : Sandrine Laroche, Impression : IML - 69850, St Martin en Haut - Tirage sur papier issu de forêts gérées durablement, certifié PEFC, Dépôt légal : décembre 2010, CPPAP : 0310 G 83338, ISSN : 1770-5436

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Editorial La Terre Promise En 2013, la Communauté du Chemin Neuf va fêter ses 40 ans, avec un nouveau Pape. Lorsque j’ai visité pour la première fois, avec ma famille et mes amis, le 49 Montée du Chemin Neuf, la première maison de la communauté, c’était le jour de mon ordination dans la cathédrale de Lyon, la Primatiale des Gaules, il y a 40 ans. Ainsi, tout en ayant la joie de fêter mes 40 ans d’ordination, je rends grâce d’être membre depuis 40 ans de cette Communauté.

Le Père Laurent FaBRE Fondateur et responsable de la Communauté du Chemin Neuf

Ces derniers temps, je me suis rendu compte que pour un certain nombre de personnes, la crise de la quarantaine est vraiment une épreuve. Comme toute crise, elle peut aussi être l’occasion de croissance, d’étapes positives : il n’y a pas de croissance sans crise. La Communauté du Chemin Neuf doit-elle vivre sa crise de la quarantaine, une crise de croissance ? Il me semble que la réponse est : « Pourquoi pas, si c’est pour grandir en maturité ? ». Je dois même ajouter que nous avons été avertis de manière très nette pendant les JMJ de Madrid. Nous étions ce jour-là à Guadarrama avec 3000 jeunes du monde entier et nous avons reçu très clairement ces paroles que nous vérifions depuis de manière étonnante : « Les voici ils arrivent en foule : Elargis l’espace de ta tente. Allonge tes cordages ! Renforce tes piquets ! Déploie pour d’autres la toile qui t’abrite ! » (Isaïe, 54-2). En effet, crise de la quarantaine ou pas, notre Communauté vit en ce moment un temps de croissance inattendue. En écrivant ces lignes, je me trouve avec trois sœurs célibataires consacrées de la Communauté Janis, Theresa, Marie dans un avion qui va bientôt atterrir à Manille où le Cardinal Luis Antonio Tagle nous confie la responsabilité d’un très grand foyer d’étudiants qui peut accueillir 200 à 300 étudiants. Voilà pour la droite… du côté gauche de la carte, quand on est en France, on voit l’Amérique latine et le monde hispanophone… et cette immense Chartreuse où nous avons accueilli cette année un véritable petit village de 25 familles en formation. Nous savons déjà que pour le prochain cycle A de trois mois, dans cette Aula Dei de Saragosse, nous accueillerons une trentaine de familles.

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Chaque mois, une vidéo est réalisée, traduite et envoyée dans plus de 72 pays à travers le monde. Un réseau de prière est créé, c’est la Fraternité Œcuménique Internationale NET FOR GOD.

Il nous est arrivé aussi deux évènements très significatifs en lien avec les mass média. Pour inviter à la rencontre annuelle du festival des jeunes à Hautecombe, des jeunes de la Communauté ont imité un chanteur coréen très connu, en produisant un clip qui a fait le buzz comme on dit (cf. p. 26) ! Et déjà plus de 650.000 personnes ont cliqué sur « Catho Style ». Aux Pays-Bas, dans ce très beau monastère que nous ont donné des bénédictins, une émission de télévision a rassemblé cinq stars pour une retraite en silence (cf. p. 31). Ce film, qui vient de paraitre à la télévision sous la forme de quatre épisodes, a déjà rassemblé 400 000 spectateurs. Dès le lendemain de l’émission, nous avions une vingtaine de demandes de retraites. Nous sommes devant un nouveau défi. Entre Est et Ouest, au cœur de la Suisse, nous allons organiser avec d’autres un colloque sur ce thème si important dans l’Eglise du « Baptême dans l’Esprit-Saint ». Nous avons déjà 300 inscriptions ! Bref, le Seigneur nous avait bien prévenus, il est temps de renforcer nos piquets et d’élargir l’espace de notre tente. La crise de la quarantaine, c’est aussi pour la plupart des gens l’occasion de réfléchir au déclin… à la fin de la vie. Après les 40 ans du Peuple marchant dans le désert, c’est en fait la joyeuse perspective de la Terre Promise. Le jour de son installation dans l’église Ste Christine de Kinshasa, en présence de son évêque, notre frère le père Bernardin a été accueilli par une grande foule. Un laïc responsable de l’église a dit que, depuis 40 ans, ils espéraient la venue d’un prêtre. Joyeusement, il ajouta : « Nous sommes à la fin des 40 ans de désert, le peuple peut enfin entrer dans la Terre Promise » : c’est vrai qu’elle est belle et bien vivante, cette pauvre paroisse de Kinshasa. Père Laurent Fabre.

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Le Film

Michael Lapsley : Un long voyage vers la guérison

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UN PEU D’HISTOIRE

L’Afrique du Sud

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POUR ALLER PLUS LOIN

Livres, films, musique

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dossier

Un long voyage vers la guerison Michael Lapsley

Aujourd’hui Net for God vous emmène à la suite de ce témoin de paix, le père Michael Lapsley, prêtre anglican de la communauté « Society of the Sacred Mission ». Né en Nouvelle Zélande, c’est en 1973 qu’il est envoyé en Afrique du Sud, juste après son ordination, pour continuer ses études et être aumônier des étudiants dans des campus universitaires. Il a 24 ans. C’est alors qu’il s’engage dans une lutte croissante contre l’apartheid. Ce régime politique rejette toute égalité civique, économique, sociale entre les personnes de couleur et les blancs.

Dans ce combat, victime d’une tentative d’assassinat en 1990, il perd ses deux mains et la vision de l’œil gauche. C’est en 2011, qu’il raconte son cheminement de guérison intérieure dans un livre, Redeeming the Past. My Journey from Freedom Fighter to Healer.* * Michael Lapsley, Redeeming the Past. My Journey from Freedom Fighter to Healer, Hardcorver, 2012.

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P. Michael Lapsley

Un long voyage vers la GUÉRISON P. Michael Lapsley : Je n’imaginais pas que ma vie entière serait un jour liée à l’histoire du peuple d’Afrique du Sud. Je suis entré dans un ordre religieux, pour devenir prêtre. Parmi les influences formatrices que j’ai reçues de ma paroisse, celle de l’accueil de personnes de races différentes m’a marqué, tant chez mes parents que dans la paroisse en général. Ma compréhension de ce qu’est un disciple de Jésus-Christ a donc été dès mon enfance distincte de toute vision raciale.

« Un des grands leaders sud-africains, Chef Lituli, disait : “Ceux qui se considèrent comme des victimes finissent par devenir des personnes qui persécutent les autres.” L’un des défis de l’histoire est de savoir de quelle manière nous pourrons briser la chaîne qui transforme les victimes en persécuteurs. » Michael Lapsley

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Cela m’a d’une certaine manière préparé pour l’Afrique du Sud, mais je crois que lorsque j’y suis arrivé, je pensais trouver trois groupes de personnes : les opprimés, les oppresseurs et la race humaine, à laquelle j’appartiendrais. J’ai alors découvert la dure réalité : il n’y avait que deux groupes, les opprimés et les oppresseurs et la couleur de ma peau définissait mon appartenance. Je dis souvent que, le jour où je suis arrivé en Afrique du Sud, je n’ai plus été un être humain, je suis devenu un homme blanc. Soudainement, chaque détail de ma vie était décidé par la couleur de ma peau. Je suis allé régler mon visa d’étudiant et le bâtiment où je suis entré avait deux ascenseurs. L’un disait « Réservé aux Blancs » et l’autre disait : « Marchandises ou colis et Non-blancs ».

« ... il n’y avait que deux groupes, les opprimés et les oppresseurs et la couleur de ma peau définissait mon appartenance. » Depuis des années, cette image m’est restée. Cela symbolisait en quelque sorte l’apartheid. Le « nous » renvoyait aux Blancs et désignait des personnes, et les Noirs, qui évidemment représentaient la majorité, étaient considérés comme des objets, des paquets, des choses, de la marchandise à propos desquels nous prenions des décisions. Au cœur de ce cauchemar, se trouvait le fait que le pouvoir politique était exclusivement aux mains de la minorité blanche. Les personnes blanches représentaient environ 5 millions; les personnes noires environ 40 millions. Mais nous, qui étions blancs, étions les seuls à avoir le droit de vote.L’entière constitution du pays était basée sur le racisme. Même la dernière Constitution blanche de « l’Etat apartheid » contenait dans sa préface : « guidés par Dieu de génération en génération ». On prétendait donc que la Constitution fondée sur le racisme avait été inspirée par Dieu.


dossier NFG : En effet, le 16 juin 1976, 20 000 écoliers se retrouvent à Soweto, dans la banlieue de Johannesburg pour former un grand cortège pacifique, et dire « non » au parler afrikaans du peuple blanc.

P. Michael Lapsley, aumônier du Campus universitaire de Durban.

NFG : Le Père Michael travaille à Durban, sur la côte est du pays, comme aumônier dans trois universités. Il côtoie alors et forme spirituellement des jeunes étudiants de toutes races. P. Michael Lapsley : J’étais prêtre et étudiant sur un campus blanc. J’étais aussi l’aumônier de deux campus universitaires noirs. C’étaient des positions très privilégiées. Un jour, j’ai dit à un étudiant en médecine qui était noir : « Je ne crois pas en l’apartheid ». Il m’a rétorqué : « Mon Père, c’est bien gentil. Où allez-vous dormir ce soir ? » Bien entendu, je retournais dans ma banlieue de Blancs.

Mais très rapidement, devant la pression de cette multitude en marche, la police tire dans la foule : 575 personnes trouvent la mort parmi lesquelles beaucoup d’enfants. La violence fatale de ce mercredi 16 juin va s’étendre à travers le pays tout entier. Soweto devient l’épicentre d’un mouvement racial qui ne s’éteindra plus. P. Michael Lapsley : Lorsque les événements de 1976 eurent lieu, il y eut des milliers de jeunes noirs emprisonnés, détenus, torturés, tués. Des milliers et des milliers qui quittèrent l’Afrique du Sud et partirent en exil, certains d’entre eux cherchant un entraînement militaire, d’autres cherchant une éducation qu’on leur avait refusée dans le pays. Ce qui a ébranlé ma foi jusque dans ses racines fut de me rendre compte que ceux qui tuaient les enfants étaient des gens qui lisaient la Bible tous les jours, qui allaient à l’église

le dimanche ! J’avais été moi-même jusqu’alors un pacifiste convaincu. Je croyais qu’il était possible d’obtenir la justice dans toutes les situations par des moyens non-violents. Mais c’est confronté au massacre d’enfants particulièrement, que mon pacifisme s’est effondré. Donc dans ce sens-là, je suis devenu comme la plupart des chrétiens normaux qui ne sont pas des pacifistes, qui s’engagent pour la paix mais croient qu’il peut y avoir des circonstances exceptionnelles où l’utilisation des armes peut être justifiée. J’ai donc rejoint l’ANC d’Afrique du Sud, l’organisation de Nelson Mandela, et je suis devenu prêtre au sein du mouvement de Libération. NFG : En effet depuis 1912, l’ANC, le Congrès National Africain, se bat pour la promotion des droits civiques du peuple noir. Mais en 1961, confronté à l’échec d’une stratégie jusqu’ici non-violente, Nelson Mandela crée une branche militaire qui fait entrer le mouvement dans le terrorisme. Arrêté et condamné à perpétuité dans la prison de Robben Island, Nelson Mandela devient le symbole international de la lutte contre l’apartheid.

Ainsi, je pouvais choisir d’être contre l’apartheid mais je le faisais alors que j’étais du côté qui en était bénéficiaire. J’avais beaucoup de connaissances théoriques à mon arrivée, mais aucune idée de ce à quoi ressemblerait la vie au sein de cette société raciste. Mon engagement est quelque chose qui est venu au fil du temps. Les événements de 1976 furent un tournant pour moi et ma génération car c’est en 1976 que les écoliers noirs ont protesté contre le fait de devoir apprendre leurs leçons en afrikaans, qui était vu comme une langue d’oppression.

1976 : Manifestation de jeunes dans les rues de Soweto contre l’instruction en langue Afrikaner dans les écoles.

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L'Afrique du Sud ... Habitée par de nombreux peuples depuis de long siècles, l’Afrique du Sud est découverte par les Hollandais à la fin du XVème siècle. Ils la coloniseront en 1652. Du XVIIème au XIXème siècle : les « guerres de résistance »

Les Africains résistent contre les colons, d’abord hollandais puis anglais, qui s’emparent de leurs terres. Au milieu du XIXème siècle, les Africains sont refoulés dans une demidouzaine d’îlots perdus au milieu d’un territoire que se sont appropriés les Boers (descendants des colons qu’on appellera Afrikaners) et les Britanniques. Deux parties de l’Afrique du Sud sont alors dirigées par les Boers, et deux autres par les Britanniques. En 1899, une guerre éclate entre les Boers et les Anglais. Elle mène, en 1902, à la défaite des Boers, mais aussi à la carte actuelle de l’Afrique du Sud. 1910-1948: l’Union sud-Africaine

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En 1910, un gouvernement britannique libéral unira les quatre colonies en un Etat souverain, l’Union Sud-africaine, dominion du Commonwealth britannique, doté d’un gouvernement et d’un parlement. Jusqu’en 1948, tous les premiers ministres seront des généraux boers. A partir de 1910, les lois racistes se succèdent ainsi que la résistance. En 1912, l’African National Congress (A.N.C.) est né.

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un peu d'histoire

1948: Instauration de l’Apartheid En 1948, le gouvernement pro-anglais est balayé par le Parti national afrikaner, qui fait campagne sur le thème du « péril noir ». Contre l’intégration des Africains dans la société, on imposera l’apartheid : séparation physique des Noirs, désurbanisation forcée, interdiction des mariages mixtes… Ce parti restera au pouvoir jusqu’en 1994, date de la première élection démocratique.

Entre 1912 et 1960, le Congrès National Africain entreprend un combat non-violent, mais les régimes qui se succèdent en Afrique du Sud deviennent de plus en plus répressifs et les Africains voient leur droits régresser. 1960 : Création de la branche armée de l’A.N.C. Après un massacre important à Sharpeville en 1960, Nelson Mandela crée dans l’illégalité une branche armée de l’A.N.C., espérant obtenir par la lutte armée ce que des années de combat pacifique n’ont pas réussi à obtenir.

N. Mandela est arrêté en 1962 et condamné avec d’autres dirigeants du parti pour des faits politiques mineurs. Mais, les autorités découvrent l’existence de la branche armée et un nouveau procès s’engage.

Par crainte des réactions internationales, les sept détenus ne seront pas condamnés à mort, mais à la prison à vie, dans la prison de Robben Island.

Entre 1973 et 1990, la lutte contre l’apartheid s’intensifie tant à l’intérieur du pays (grèves, soulèvements, mouvements de la jeunesse africaine comme à Soweto en 1976) qu’à l’extérieur (boycott), rendant le pays ingouvernable et faisant pression pour que le gouvernement libère Nelson Mandela, après 27 ans de détention. 11 fevrier 1990 : libération de Nelson Mandela

En août 1990, l’A.N.C. renonce à la lutte armée. N. Mandela assume la présidence de l’A.N.C., redevenu légal, et négocie avec F. De Klerk, le président de l’Afrique du Sud. L’apartheid sera aboli le 30 juin 1991.

En 1993, Mandela et De Klerk reçoivent ensemble le prix Nobel de la Paix. Le 27 avril 1994, malgré des violences qui traversent le pays, se


dossier P. Michael Lapsley : Je repense souvent à une interview du président de l’ANC, Oliver Tambo, interrogé à propos du combat armé. Sa voix est tout à coup devenue un murmure et il a dit : « Ils nous y ont obligés ». Dans l’Histoire, on peut trouver d’autres exemples de pays occidentaux où il y a eu cinquante années de non-violence de la part du peuple avant qu’il n’en vienne à contre-cœur à la conclusion qu’ils devaient prendre les armes. Mais pendant ces cinquante années, il a été fait usage de plus en plus de violence contre le peuple. En Afrique du Sud, le langage utilisé a mystifié la réalité. Par exemple, lorsque l’Etat utilisait la violence contre le peuple, cela s’appelait « défendre la loi et l’ordre ». Lorsque le peuple prenait les armes, cela s’appelait « violence et terrorisme ». Les mots eux-mêmes obscurcissaient la réalité de ce qui se passait vraiment.

tiennent les premières élections démocratiques et multiraciales. L’A.N.C. l’emporte avec 62% des voix. Le 9 mai 1994, Nelson Mandela devient le premier président de la République sudafricaine de l’après-apartheid. En 1999, Mandela, âgé, se retire et passe le flambeau à Thabo Mbeki, qui sera réélu en 2004.

La coupe du monde de football 2010 a ete organisee en Afrique du Sud, signe dune nouvelle etape sur le plan international.

Je crois que chaque fois que des gens prennent les armes, malgré le fait que cela puisse se justifier, il y a toujours un coût moral à payer, une blessure morale qui est faite. En tant qu’êtres humains, nous ne sommes pas programmés pour nous entretuer. Nous sommes faits pour vivre ensemble en paix et en harmonie comme frères et sœurs. NFG : Elu aumônier national par les étudiants anglicans, le Père Michael dénonce publiquement l’injustice de l’apartheid, les arrestations abusives et l’utilisation de la torture. C’est alors que le régime l’expulse du pays. En accord avec sa communauté, il rejoint en septembre 1976 le Lesotho puis le Zimbabwe. P. Michael Lapsley : Au Lesotho, j’étais aumônier dans le mouvement de libération. Il y avait trois aspects dans mon travail. L’un était éducatif. J’étais impliqué dans l’assistance aux jeunes réfugiés, aux jeunes exilés, par l’éducation, de la crèche à l’université. J’étais aussi pasteur : je m’occupais des gens en étant là pour les mariages, pour les

naissances et bien sûr dans une situation de guerre, je devais parler au cimetière. Nous avons connu tant de morts, tant de massacres. NFG : Tout en exerçant son rôle de pasteur et en continuant son combat dans l’ANC, il est contraint de vivre seize ans en dehors de l’Afrique du Sud. De là, il voyage à travers le monde pour faire connaître les enjeux de justice et de vérité de cette nation. P. Michael Lapsley : Il s’agissait de mobiliser la foi de la communauté internationale, les aider à réaliser que, ce qui était en jeu dans ce combat, c’était la vérité de l’Evangile de Jésus-Christ.

Je crois que chaque fois que des gens prennent les armes, malgré le fait que cela puisse se justifier, il y a toujours un coût moral à payer, une blessure morale qui est faite. Parce que, soit l’apartheid était vrai : la chose la plus importante dans l’apartheid est la couleur de la peau, soit l’Evangile était vrai : nous sommes tous faits à l’image et à la ressemblance de Dieu. Ça, c’était mon travail théologique. Mais j’étais aussi impliqué à « délégitimer », à démasquer la revendication du régime de l’apartheid d’être chrétien. Quand je suis parti vivre au Zimbabwe, à un moment les autorités sont venues me voir et m’ont dit : « Nous savons que vous êtes sur la liste des personnes à éliminer du gouvernement sud-africain ».

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Pendant plusieurs années, j’ai vécu entouré de gardiens de police armés 24 heures sur 24. C’est ma théologie qui était une menace pour le régime de l’apartheid. Lors de mes voyages dans le monde, je disais : « l’apartheid est un choix mortel constitué au nom d’un évangile de vie. » Dans un certain sens, en cherchant à me tuer, ils illustraient mon point de vue. Puis, en avril 1990, trois mois après que Nelson Mandela fut libéré de prison, j’ai reçu une lettre piégée par la poste, venant de « l’Etat apartheid ». NFG : En effet, c’est le 28 avril 1990 chez lui au Zimbabwe, en ouvrant son courrier contenant deux magazines religieux, qu’une bombe éclate dans ses mains. Le Père Michael perd la vision de son œil gauche, de ses deux mains et ses tympans ont éclaté. P. Michael Lapsley : Je sens encore comment Dieu était présent dans cette expérience. J’ai aussi senti que Marie, qui fut témoin de la crucifixion de son fils, comprenait ce que j’étais en train de vivre. Beaucoup de personnes ont envoyé des messages de prière, d’amour, de soutien – des croyants,

des gens de bonne volonté à travers le monde. Pendant les quatre premiers mois, je me suis trouvé tout aussi démuni qu’un nouveau-né. Pas à pas, j’ai dû commencer à reconstruire ma vie.

« Pendant les quatre premiers mois, je me suis trouvé tout aussi démuni qu’un nouveau-né. Pas à pas, j’ai dû commencer à reconstruire ma vie. » Une fois parvenu à l’évidence que je serai infirme durant toute ma vie, je me souviens avoir vu une icône. Elle représentait Jésus avec une jambe plus courte que l’autre, ce qui est à l’opposé de l’iconographie traditionnelle ou peut-être particulièrement de l’art chrétien occidental où Jésus est représenté comme un homme blanc parfait. Donc, le Messie était peint comme défiguré, reprenant l’image du Serviteur souffrant : « Sans beauté ni éclat pour attirer nos regards, et sans apparence qui nous eût séduits. » (Isaïe 53, 2)

C’était pour moi une aide spirituelle au moment où je me rendais compte que l’histoire de tout le reste de ma vie serait liée, par certains égards, à mon être blessé physiquement. La prière, l’amour et le soutien m’ont sauvé de la haine, de l’amertume et du désir de vengeance. Vous savez, quand on nous fait quelque chose d’horrible, nous sommes des victimes. Si nous ne sommes pas détruits physiquement, nous sommes des survivants. Mais souvent, les gens restent prisonniers de ce qui a marqué leur histoire. Et ainsi avec l’aide de Dieu, à travers la prière, l’amour et le soutien de tant de personnes, j’ai pu franchir l’étape suivante où l’on devient victorieux. Victorieux dans le sens où j’ai pu devenir capable de participer à la création du monde de mes rêves, de poursuivre la construction d’un monde plus doux, meilleur et plus juste. NFG : Après une longue convalescence en Australie, c’est en 1991 qu’il retourne au Zimbabwe. Il n’est plus possible pour lui de prendre la charge de la paroisse à Bulawayo, qu’il avait acceptée avant l’attentat.

uw Après votre attentat, qu’est-ce qui vous a aidé à choisir la vie ? « Après cet attentat, je suis revenu à la foi reçue dans ma petite enfance, à une simple et totale dépendance à Dieu. Ayant rejoint un ordre religieux à l’âge de dix-sept ans, j’ai été imprégné par la lecture des psaumes. Ces psaumes qui ont consolé le peuple des croyants depuis quatre mille ans, qui parlent de notre confiance en Dieu, ces psaumes furent la source de ma force. Mais l’aide de Dieu m’est parvenue aussi par ceux qui m’ont secouru et par tous les messages reçus du monde entier. La semaine avant l’attentat, j’étais allé au Canada pour parler à des écoliers. Quand j’ai reçu cette bombe, on a expliqué aux écoliers ce qui m’était arrivé et ils ont dit : “Que pouvons-nous faire ?”. Ils ont décidé de faire des peintures. Chaque enfant a fait une peinture et elles ont été envoyées du Canada à mon hôpital à Harare. J’ai aussi reçu des peintures d’écoliers australiens que je n’avais pas rencontrés mais qui avaient entendu parler de cette histoire. J’étais entouré de peintures d’enfants ! Pendant un petit moment, j’ai pensé que cela aurait peut-être été mieux que je meure, mais à ce moment-là, j’ai regardé ces peintures d’enfants et je me suis dit : “Regarde, on prie pour toi, on t’aime et on te soutient. Pourquoi t’apitoyer sur toi-même ?” Ce fut une étape importante de mon chemin de guérison. »

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dossier Vérité et réconciliation

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a création, en 1993, de la commission Vérité et Réconciliation a sans doute contribué à épargner un bain de sang à l’Afrique du Sud libérée de l’’apartheid. La personnalité de Mgr Desmond Tutu, archevêque anglican de Johannesburg, prix Nobel de la paix, qui l’a présidée, n’est évidemment pas étrangère à la réussite de cette expérience d’amnistie.

Monseigneur Demond Tutu et le P. Michael Lapsley.

Cependant, depuis 1990, l’aube d’une ère nouvelle semble se lever en Afrique du Sud avec les pourparlers de paix entre Nelson Mandela et Frederik De Klerk, président de l’Afrique du Sud depuis 1989. Convaincu de son rôle à jouer dans la guérison de la nation, même si une telle décision peut paraître une folie, Michael choisit de revenir sur cette terre qu’il n’a pas revue depuis 1976. Cherchant à rétablir ses contacts personnels, il rencontre Mgr Desmond Tutu, archevêque anglican de la ville du Cap. Celui-ci l’encourage. Il lui permet d’exercer son ministère dans le diocèse du Cap et de devenir en 1993, l’aumônier du Centre de Traumatologie pour les victimes de la violence et de la torture. P. Michael Lapsley : Quand Nelson Mandela est devenu le premier président élu démocratiquement en Afrique du Sud, c’était presque incroyable que nous en soyions les témoins. Nous participions à un moment historique que des générations et des générations avaient désiré, pour lequel elles s’étaient battues, et étaient mortes. Et là, cela arrivait finalement. Nous faisions partie de ce moment extraordinaire de transition du cauchemar de l’apartheid vers les débuts d’un Etat démocratique.

Par certains côtés, mon propre cheminement est un reflet à sa petite mesure du cheminement de l’Afrique du Sud. Il y a eu la période où nous avons dû nous battre pour tuer le monstre, mais maintenant c’était une période différente. C’était le temps de se réconcilier, de guérir, de reconstruire. Nous avons eu une Commission « Vérité et Réconciliation » menée par l’archevêque Desmond Tutu et cette Commission nous a donné un énorme avantage pour faire face à notre souffrance. NFG : En effet, pendant plus de quatre ans, dans les audiences qu’organise la Commission, des milliers de coupables révèlent les crimes qu’ils ont commis au nom de l’apartheid et obtiennent ainsi le pardon de la nation. De nombreuses victimes sont amenées à pardonner. En échangeant « Vérité » contre « Réconciliation », l’Afrique du Sud se libère pas à pas de l’apartheid en évitant un bain de sang. P. Michael Lapsley : Dans mon cas, personne n’a pris la responsabilité de ce qui m’est arrivé, donc je n’ai personne à qui pardonner. J’ai dit que je n’étais pas rempli de haine, je ne suis pas amer, je ne veux pas me venger.

« Je soutiens qu’il existe une autre forme de justice, une justice reconstructive, qui était le fondement de la jurisprudence africaine traditionnelle. Dans ce contexte-là, le but recherché n’est pas le châtiment ; en accord avec le concept d’ubuntu, les préoccupations premières sont la réparation des dégâts, le rétablissement de l’équilibre, la restauration des relations interrompues, la réhabilitation de la victime, mais aussi celle du coupable auquel il faut offrir la possibilité de réintégrer la communauté à laquelle son délit ou son crime ont porté atteinte » Desmond Tutu, Il n’y a pas d’avenir sans pardon, Paris, Albin Michel, 2000

A lire...

Jacques DERRIDA, « Le siècle et le pardon », interview dans Le Monde des débats, déc. 1999. Le philosophe J.Derrida y donne un écho de sa réflexion sur le thème du pardon et du repentir. D’où vient le concept de pardon ? Est-il universel, présent dans toutes les cultures ? Possède-t-il une signification dans l’ordre juridique ou politique ? Telles sont les questions portées par J. Derrida dans son séminaire et dont l’interview du Monde des débats présente une synthèse tout à la fois vivante et précise. Republié en annexe de J. Derrida, Foi et savoir, Points/seuil, 2000, « Le siècle et le pardon » est disponible en accès libre sur internet.

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Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas un travail de guérison en cours. J’ai voyagé sur ce parcours de guérison durant toutes ces années. Mais ce parcours est encore inachevé. Peut-être que, un jour, quelqu’un frappera à ma porte et dira: “Je vous ai envoyé cette bombe, me pardonnerez-vous ?” Que dirai-je ? Oui ? Non ? Pas encore ? Peut-être que je dirai à cette personne : “Excusez-moi Monsieur, est-ce que vous faites encore des lettres piégées ?” “Non, non, non, je travaille à l’hôpital du coin, me pardonnerez-vous ?” “Oui Monsieur, je vous pardonne. Et je préfèrerais que vous passiez vos cinquantes prochaines années à travailler dans cet hôpital plutôt que d’être enfermé en prison. Parce que je crois mille fois plus en la justice-réparation qu’en la justice-sanction. Très souvent, quand nous disons le mot « justice », nous pensons « punition », voire « vengeance ». Il y a une autre forme de justice, la justice de la restauration des relations. Après avoir dit “je te pardonne”, peut-être que nous nous assoierons et boirons du thé ensemble, et je dirai à mon nouvel ami : “Eh bien Monsieur, je t’ai pardonné, mais je n’ai toujours plus

de mains. Mes tympans sont toujours abîmés, je n’ai toujours qu’un œil. J’aurai toujours besoin de quelqu’un pour m’assister durant le restant de mes jours. Bien sûr, tu m’aideras à payer cette personne, pas comme condition du pardon mais comme faisant partie de la restitution et de la réparation dans la mesure du possible.” NFG : Fort de son expérience, conscient que des millions d’autres personnes ont souffert terriblement, Michael Lapsley conçoit en 1998 au Cap « l’Institut pour la Guérison des Mémoires ». Il propose des espaces pour les victimes - autant que pour les auteurs - d’actes de violence, afin qu’elles racontent leurs histoires dans des ateliers d’expression, pour surmonter leurs traumatismes. Aujourd’hui, Michael parcourt le monde pour propager ce travail de guérison en Afrique et dans de nombreux pays. P. Michael Lapsley : Nous avons besoin d’une génération capable de regarder les blessures du passé. Nous avons besoin de pouvoir parler de nos souffrances. Je me rappelle d’une certaine femme qui est

« L’invitation que Dieu nous fait : continuer à reconnaître, à admettre les blessures que nous nous sommes faites les uns aux autres, mais que ces blessures arrêtent de saigner. »

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venue à un atelier. Cela peut paraître horrible à dire, mais ce dont je me rappelle, c’est que j’avais remarqué la laideur de son visage. Elle raconta l’histoire de son fils qui avait été tué quinze ans plus tôt. Quand elle racontait l’histoire, c’était comme si son fils avait été tué cinq minutes auparavant. Sa vie s’était figée depuis quinze ans, et à un moment, pendant l’atelier, je lui ai dit : “Quel genre de vie pensez-vous que votre fils aurait voulu pour vous ?” Durant l’atelier, elle a commencé non pas à oublier son fils, mais à le laisser reposer en paix et à voir que sa vie avait besoin de continuer. Le dernier jour de l’atelier, j’aurais pu passer devant elle sans la voir parce que les rides de son visage avaient changé, elle était devenue radieuse. Il y a une histoire dans les Evangiles ; c’est dans l’Evangile de Jean, l’histoire de Thomas, Thomas l’incrédule. Les disciples sont dans la salle haute, les portes sont verrouillées, Thomas est présent et le Christ ressuscité apparaît. Il dit à Thomas : « Mets ta main à la place des clous, mets ta main dans mon côté ». Et Thomas dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Une des choses que nous voyons dans cette histoire, c’est que le Christ ressuscité était aussi le Christ crucifié. Les blessures étaient encore visibles, mais elles ne saignaient plus. Je crois que cela nous dit quelque chose sur l’invitation que Dieu nous fait : nous devrions continuer à reconnaître, à admettre, les blessures que nous nous sommes faites les uns aux autres, mais que ces blessures doivent arrêter de saigner. C’est ce qui arrive quand la guérison a lieu. Si vous voulez, c’est l’invitation, en tant qu’individus, communautés et nations, à ne pas être les gens du Vendredi Saint qui continuent à se crucifier les uns les autres, mais à être les gens du jour de Pâques, qui se lèvent à la vie nouvelle, quand pourtant les blessures sont visibles. Ainsi, mes blessures, elles sont visibles, elles sont dramatiques, mais elles ne saignent pas.


dossier POUR ALLER PLUS LOIN Bibliographie DOMINIQUE LAPIERRE, Un arc-en-ciel dans la nuit, Robert Laffont, 2008.

Après l’Inde, Lapierre explore l’Afrique du Sud et publie une épopée historique dont les héros sont Nelson Mandela, le Dr Chris Barnard et une mère Teresa sud-africaine, Helen Lieberman.

ANDRE BRINK, Une saison blanche et sèche, (titre

original en anglais : A Dry White Season) Stock, 1980, fut traduit en une dizaine de langues. Il obtint le Prix Médicis étranger en 1980.

Ben DuToit est professeur d’histoire et géographie à Johannesburg ; dans cette même école, Gordon Ngubene est un Sud-Africain noir qui comme tous ses congénères n’a que des tâches d’homme de peine ; de temps à autre pour il travaille pour Ben. Ce livre fut adapté au cinéma en 1989 : Une saison blanche et sèche (A Dry White Season) d’Euzhan Palcy, avec Donald Sutherland (Ben Du Toit) et Marlon Brando dans le rôle de l’avocat de la famille noire.

NELSON MANDELA, Un long chemin vers la liberté, Fayard, coll. « Livre de poche », 2003.

Commencés en 1974 au pénitencier de Robben Island, ces souvenirs furent achevés par Nelson Mandela après sa libération, en 1990, à l’issue de vingt-sept années de détention. Document majeur sur un des grands bouleversements de la fin du xxe siècle, ce livre est aussi le témoignage d’un combat exemplaire pour la dignité humaine.

Discographie

Johnny CLEGG , Jonhy Clegg and Savuka. (né en 1953) : le « Zoulou blanc ».

Outre son talent de musicien et de danseur, J.Clegg est la première pop-star venue du monde blanc du show business à avoir autant valorisé le message culturel des Noirs et des Zoulous. Anthology, In my African Deam, Shadow Man, Beautiful World, Third World Child, Myriam Makeba (1932-2008), surnommée « Mama Africa », exceptionnelle chanteuse africaine, dont la voix cristalline aura creusé le sillon du combat contre le racisme et l’apartheid. De nombreux albums : Mama Africa, Homeland, The Click Song, Welela.

Filmographie Invictus (2010),

de Clint Eastwood, avec Morgan Freeman.

Le film est centré sur la Coupe du monde de rugby de 1995 qui s’est déroulée en Afrique du Sud et sur la façon dont Mandela s’en est servi pour désamorcer les tensions raciales.

Good bye, Bafana,(2007), de Billie AUGUST, avec Joseph Fiennes, Dennis Havsbert et Diane Kruger

La vie de James Gregory, un Sud-Africain blanc, gardien de prison en charge de Nelson Mandela, de l’incarcération de ce dernier dans les années 60 à sa libération en 1990. Pendant 25 ans, Gregory s’est occupé de Mandela jour après jour. Il a été son géôlier, son censeur mais aussi son confident, de Robben Island à Pollsmoor, et enfin jusqu’à Victor Verster d’où il fut libéré en 1990.

Mandela and de Klerk (1997),

de J.Sargent, avec Sydney Poitier et Michael Caine.

Raconte la libération de Mandela dont le rôle est interprété par Sidney Poitier.

Cry Freedom, (1988) de Richard Attenborough, avec Kevin Kline, Penelope Wilton, Denzel Washington

En 1975 en Afrique du Sud, le journaliste blanc Donald Woods se lie d’amitié avec Stephen Biko le leader d’un mouvement extrémiste : «Black Consciousness» qu’il rencontre au cours d’un reportage. De plus en plus proches, Woods est témoin d’actes de violence de la part de la police contre la communauté noire et s’implique de plus en plus dans la lutte antiapartheid...jusqu’à l’arrestation de Biko et sa mort dans des conditions que les autorités tentent de dissimuler...

Saviez-vous que John Ronald Reuen Tolkien est ne en Afrique du Sud ? L auteur du Seigneur des Anneaux a vu le jour a Bloemfontein en 1892. Certes, il a rejoint l Angleterre a l age de six ans. Mais, nul doute que l imaginaire de Tolkien fut nourri par les paysages de son enfance.

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Judaïsme et Christianisme

“Un rabbin

parle avec Jésus”

Si l’Unité des Chrétiens désirée dans sa visibilité pouvait être comparée à un arbre avec ses branches et ses ramifications multiples, qu’en serait-il de sa partie invisible, de ses racines ? Inversement, que seraient la consistance et le destin d’un arbre sans lien avec ses racines ? C’est dire que l’Unité des Chrétiens ne saurait se vivre, se découvrir et se déployer dans l’ignorance de l’Israël de Dieu !

Noémie MEGUERDITCHIAN,

Eglise Evangélique Arménienne, ccn.

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Après des siècles de rupture et de persécutions, un rapprochement inouï est en train de se vivre avec le peuple juif, surtout depuis Vatican II. Dans ce rapprochement, ce sont souvent les chrétiens qui vont vers leurs frères juifs, ils découvrent la richesse d’une tradition vivante qui éclaire étonnamment l’Évangile et la vie de Jésus d’une intelligibilité et d’une acuité nouvelles et réjouissantes. Inversement, il n’est pas encore si fréquent que des juifs aillent vers des chrétiens, désireux de mieux connaître leur Christ. Jacob Neusner fait précisément cette démarche dans son livre Un rabbin parle avec Jésus1. Le livre n’est pas récent. Benoît XVI dans son écrit Jésus de Nazareth le cite comme « l’ouvrage de loin le plus important pour le dialogue entre juifs et chrétiens publié ces dernières années ». Dans son étude du Sermon sur la montagne, Benoît XVI se réfère au livre du « grand érudit juif ». Parmi les nombreuses interprétations qu’il connaît du Sermon c’est, dit-il, le livre de ce juif croyant qui « m’a ouvert les yeux (...) sur la grandeur de Jésus et sur la décision à laquelle nous confronte l’Évangile ».

Mais avant cela, Jacob Neusner s’explique longuement sur le sens de sa démarche ; pourquoi et comment en est-il arrivé à s’intéresser à Jésus ? La teneur et le motif de celle-là sont particulièrement éclairants pour tout vrai dialogue tant ils se situent au niveau le plus profond de ce qu’est une rencontre en vérité et de l’audace qu’il y a à s’y risquer : « Pourquoi ai-je écrit ce livre ? Parce que j’aime les chrétiens, je respecte le christianisme et je désire prendre au sérieux la foi de gens que j’apprécie (...) Je voudrais rendre hommage à ceux qui ont réglé leur vie suivant les enseignements de Jésus ».

Dans Un rabbin parle avec Jésus, Jacob Neusner s’imagine en rabbi ; nourri de la Torah, il se mêle à la foule des auditeurs (juifs évidemment) qui écoutent au pied de la montagne l’enseignement de Jésus tel qu’il est rapporté dans l’Évangile de Matthieu. Sur la base commune de la Torah du Sinaï enseignée par Dieu à Moïse, il entre en un dialogue extrêmement respectueux et rigoureux avec Jésus.

Jacob Neusner doit sa vocation d’enseignant du judaïsme à des professeurs protestants et catholiques qui l’appréciaient et lui ont ouvert toutes facilités pour introduire le judaïsme dans leur cadre universitaire. L’amitié et la gratitude ne l’empêchent pas d’entrer dans un dialogue respectueux mais sans complaisance, il pousse le débat jusqu’au bout des questions qu’il porte

« Sur la base commune de la Torah du Sinaï enseigné par Dieu à Moïse, il entre en un dialogue extrêmement respectueux et rigoureux avec Jésus. »


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Le lac de Galilée vu du mont des Béatitudes

au regard de la Torah. Cette façon de discuter s’inscrit dans la tradition juive depuis le début et porte la marque d’une profonde considération. Le Dieu de la Torah « est un Dieu qui attend qu’on discute avec lui (...) Dans ma religion, la discussion constitue une sorte d’office religieux, autant que la prière (...) Je ne pense pas qu’un nonchrétien puisse rendre à celui que les chrétiens connaissent comme Christ un plus sincère hommage qu’en offrant une bonne et solide discussion ». En écoutant Jésus à la lumière de l’Ancien Testament et des traditions rabbiniques, J. Neusner trouve de nombreux points qui lui sont familiers. Jésus dit qu’il est venu non pour abolir mais pour accomplir la Torah, ses enseignements montrent bien que les exigences de la Torah sont plus profondes qu’on ne l’entendait jusque-là. Il est impressionné, touché par la grandeur et la vérité de ces paroles, et, en même temps, il se heurte à une incompatibilité radicale qui le tourmente à différents niveaux : m Qui est celui qui parle ainsi : « Il a été dit aux ancêtres (...) moi je vous dis » ? « “il a été dit” renvoie à ce que Dieu a dit à Moïse au Sinaï. « Voici donc un maître de la Torah qui dit en son nom propre ce que Dieu a révélé au Sinaï (...) Mais quel est ce genre de Torah qui renchérit sur les enseignements de la Torah sans en reconnaître la source » qui est Dieu ? Pour Neusner ce ne sont pas tant les enseignements de Jésus qui sont une question, mais Jésus lui-même, qui parle en lieu et place de la Torah, la place qui revient à Dieu seul. « Votre maître est-il Dieu ? » demande le rabbi Neusner aux

disciples de Jésus, « car je réalise maintenant que seul Dieu peut demander ce que Jésus exige ». m Un autre point déconcerte Neusner : il apparaît en définitive que Jésus, à travers la plupart de ses sentences ne s’adresse pas à Israël en tant que peuple, « tout Israël », mais à des personnes prises individuellement ou en groupes de disciples. Cela est insoutenable car Israël, né du Sinaï, est avant tout un peuple, une nation, une société, « un royaume de prêtres et un peuple saint ». « Je voudrais entendre un message qui n’est pas pour moi seulement, pour ma vie et ma famille, mais pour nous tous, l’Israël éternel, qui se tenait au pied du Sinaï ». m De plus dans son enseignement, non seulement Jésus ne s’adresse pas à Israël en tant que peuple, mais il va jusqu’à faire éclater ce qui en fait la cohésion : l’honneur dû au père et à la mère et l’observance du sabbat. Il contredit directement la Torah, conduisant à violer plusieurs de ses commandements. Finalement Neusner quitte Jésus « sans déception mais non sans regret ». Confronté à travers le message de Jésus au mystère de l’équivalence entre Jésus et Dieu, qui l’emplit d’admiration et d’effroi, il refuse de suivre Jésus et choisit la fidélité à l’« éternel Israël ». Nous avons commencé ces lignes en évoquant l’indispensable prise en compte de la tradition et du peuple juifs dans notre marche vers l’Unité. Cela pourrait laisser supposer que l’Unité devrait se vivre avec nos frères juifs et qu’ainsi l’arbre serait relié à ses racines ! A travers le parcours de Neusner, nous prenons la mesure que foi juive et foi chrétienne sont deux voies bien

distinctes dont les prémisses sont bien différentes. En même temps, à travers cette façon de dialoguer, à quelle étonnante ouverture ne sommes-nous pas convoqués ? Ouverture à la rencontre celle d’un frère aîné méconnu - riche de promesses inédites, qui nous déloge de nos représentations closes de l’Unité ? En présentant un peu plus haut la démarche de Neusner, je n’en avais pas indiqué le but que je réservais pour la fin ! « Mon but est d’aider les chrétiens à devenir de meilleurs chrétiens (...) et d’aider les juifs à devenir de meilleurs juifs (...) Je serai fier si des lecteurs chrétiens répondaient : “oui, nous avons pris en considération les questions que vous soulevez, nous y avons réfléchi et discuté avec vous dans notre esprit, et nous confessons Jésus-Christ avec une foi plus forte que jamais” ». De fait, le livre de Neusner nous fait entrer plus profondément dans le mystère de la divinité de Jésus à travers l’enracinement juif de son message. Toutes les paroles tellement connues, la présence familière de Jésus qui parcourent l’Évangile, nous sont rendues dans le jour premier d’une saisissante nouveauté. L’objet de notre foi trouve un relief et un actualité insoupçonnés qui nous font brûler du désir de suivre le Christ et de le connaître dans tout ce qui se découvre de lui. v 1- Jacob Neusner, Un Rabbin parle avec Jésus, Cerf, Collection Lire la bible, 2008

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Le Saint et Grand Concile Pan-orthodoxe

Entre Histoire et modernité Du 18 au 20 octobre un colloque, organisé à Paris, a traité de la préparation du Saint et Grand Concile orthodoxe, dont le projet de convocation fut lancé lors de la première conférence pan-orthodoxe de Rhodes en 1961. Noël Ruffieux, laïc orthodoxe suisse au service de son Eglise et du travail œcuménique depuis de nombreuses années, y participait. Voici, selon lui, les enjeux de ce concile tant attendu.

Noël Ruffieux, Président de la Commission Œcuménique de la région de Fribourg (Suisse).

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Voilà cent ans qu’on évoque un concile général de l’Eglise orthodoxe, cinquante ans qu’on le prépare. Si longtemps que d’aucuns doutent de sa venue ! Au cœur de la difficulté, un paradoxe : la structure conciliaire de l’Eglise complique le processus conciliaire. Dans la vie ecclésiale orthodoxe, la conciliarité est fondamentale. Expression de la communion du peuple de Dieu, elle est en tension - positive ou négative - avec la primauté. L’Eglise se constitue dans l’assemblée eucharistique réunie autour de son évêque. L’Eglise locale est donc première, puisque là se célèbre, s’offre et se réalise le salut en Christ. Mais l’Eglise locale, nourrie de l’expérience eucharistique, ne se suffit jamais à elle-même. Elle ne peut vivre qu’en communion avec les autres Eglises locales. On passe du pluriel des Eglises locales au singulier de l’Eglise répandue dans tout l’univers, Christ continué et diffusé. D’où une autre tension vécue difficilement lorsque les Eglises territoriales, autocéphales - les patriarcats - se révèlent nationales. La conciliarité se vit d’abord dans la célébration eucharistique et la communion fraternelle de la communauté. Là, le chrétien orthodoxe résout paisiblement ces tensions. Le concile est la célébration de cette communion, à laquelle participent tous les membres de l’Eglise, et l’expression de l’autorité confiée par le Christ à ses apôtres, à leurs successeurs les évêques.

Alors, pourquoi les Eglises orthodoxes ont-elles tant de mal à réunir un concile général, à y faire Eglise, unie en Corps du Seigneur ? L’histoire a passé par là, et son esprit de division et de quant-à-soi. Depuis la chute de Constantinople (1453), la plupart des Eglises orthodoxes ont lutté pour leur survie sous le joug ottoman. L’Eglise russe, qui eut moins à souffrir de l’islam, fut opprimée depuis 1700 par l’autocratie des tsars, puis, comme d’autres pays orthodoxes, par le régime soviétique. Cette captivité de Babylone isola les Eglises territoriales les unes des autres.

« Au 19ème siècle (...) des Eglises isolées cherchent leur salut dans un lien fort avec leur peuple et l’état-nation. »

Au 19ème siècle, quand les terres orthodoxes se libèrent des Ottomans, c’est dans l’esprit nouveau des nationalités, l’affirmation d’une identité nationale dont l’orthodoxie est un ciment. Des Eglises isolées cherchent leur salut dans un lien fort avec leur peuple et l’étatnation. En 1872, les primats orthodoxes réunis à Constantinople condamnent avec vigueur la dérive nationaliste,


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Les paroles prophétiques du Patriarche Athénagoras Ier (1886-1972),

Préparation du Saint et Grand Concile orthodoxe à St Serge, Paris, le 18 octobre 2012.

le phylétisme, ou tribalisme ecclésial. Lorsqu’à la fin du 20ème siècle la Russie se libère du communisme, l’Eglise apparaît à nouveau comme un élément constitutif de la nation et subit la même tentation. Le phylétisme contamine plusieurs Eglises territoriales et brouille leur dialogue. L’autisme ecclésial entame la communion. C’est le premier, le principal enjeu du futur Concile, et l’obstacle encore sur sa route. Le deuxième enjeu est l’attente du monde à laquelle doit répondre toute Eglise dont la tâche est de donner au monde le Verbe de Dieu venu pour illuminer tout homme. Ces cinquante dernières années, une liste de thèmes conciliaires a été dressée, de nombreux documents élaborés. Mais l’Eglise a été prise de vitesse. Le monde a évolué, la rencontre des civilisations a pris une autre tournure, avec des problèmes nouveaux. Le contexte où vivent les Eglises a profondément changé. Question de langage : Comment parler à ce monde nouveau ? Surtout question de sens : Que dire à ce monde ? Quel message de salut lui délivrer ? Un troisième enjeu est la solution des problèmes de la diaspora orthodoxe, dispersée dans le monde entier. Ce thème crucial concentre plusieurs défis : la communion des Eglises orthodoxes, la rencontre de la modernité, le travail pour l’unité avec les autres Eglises chrétiennes. On ne relèvera les défis de la diaspora qu’en accordant la pratique des Eglises et l’ecclésiologie de communion.

Un quatrième enjeu est la participation des fidèles aux travaux du Concile, avant, pendant et après. « Le peuple de l’Eglise est le gardien des choses de la foi », déclaraient les primats orthodoxes en 1848. Or, pour le moment, les laïcs - et même les prêtres - sont tenus à l’écart, non par volonté délibérée, mais par oubli. Le Concile est confisqué par les évêques, théologiens, canonistes. L’information est lacunaire, le débat inexistant. Depuis 2012, des initiatives sont prises, des démarches proposées pour créer dans le peuple de Dieu un véritable mouvement vers le Concile, sans quoi il ne pourra ni se tenir, ni réussir, ni être reçu. L’enjeu global est de taille, propre à susciter l’enthousiasme, plutôt qu’une prudence timorée. C’est le kairos d’agir pour le Seigneur ! « Vous savez en quel temps (kairos) nous sommes : c’est l’heure de sortir enfin de votre sommeil ! » (Rm 13,11) L’enjeu dépasse les limites de l’Eglise orthodoxe et concerne l’ensemble des Eglises. Quand le patriarcat de Constantinople, au début du 20ème siècle, envisagea un concile général, il esquissa une perspective qui doit inspirer les orthodoxes : le chemin vers l’unité orthodoxe est inséparable de la marche de toutes les Eglises chrétiennes vers l’unique Eglise du Christ. v

Patriarche Œcuménique de Constantinople de 1948 à 1972, instigateur et grand visionnaire du Saint et Grand Concile de l’Eglise Orthodoxe, résonnent encore dans l’actualité de sa préparation : « Dès 1951, dans une encyclique adressée à toutes les Eglises sœurs, le patriarche avait dit son vœu de réunir un concile général ». 1

C’est finalement du 24 septembre au 1er octobre 1961 que la première conférence pan-orthodoxe s’est tenue à Rhodes. « C’est la première fois, dit le message final, que l’Orthodoxie, après une très longue période, s’est réunie en une conférence qui manifeste aussi complètement sa plénitude. » Et Olivier Clément de commenter dans son livre Dialogues avec le Patriarche Athénagoras : « C’est une des réussites de Rhodes que d’avoir ainsi articulé l’unité et la diversité, le respect des structures traditionnelles et l’expression des forces vives d’aujourd’hui, dans l’exercice d’une primauté qui n’est pas un pouvoir, mais un service, un centre d’union et d’harmonie. » 1 - Dialogues avec le Patriarche Athénagoras - Ed. Fayard, 1969

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Nous te magnifions, Lumière du monde ! Christ ressuscité ! Nous te magnifions, Lumière du monde ! Tu es vraiment ressuscité !

Voici la nuit où pour ton peuple / tu accomplis tant de merveilles : pour eux tu as ouvert la mer / et dressé la colonne de feu.

C’est la nuit qui délivre du mal / ceux qui mettent leur foi dans le Christ. Cette nuit, qui les rend à la grâce, / les unit à l’assemblée des saints. Voici la nuit où le Christ / a brisé les liens de la mort. Relevé victorieux des enfers, / il attire à lui l’univers. O nuit de notre vrai bonheur / où Christ a surgi des enfers Tu resplendis comme le jour, / tu es lumière pour notre joie. Cette nuit qui sanctifie / nous rend l’innocence et la joie, chasse tout crime et toute haine / et nous dispose à l’unité. Nuit où se lève une lumière / qui se transmet et multiplie, comme un sacrifice du soir / que l’Église offre par nos mains. Aussi nous t’en prions, Seigneur : / que brille sans fin dans la nuit la flamme du cierge pascal / qui se joint à la clarté des cieux. Qu’il brille au-delà de la nuit, / quand viendra l’astre du matin, Jésus le Christ, ressuscité, / notre lumière et notre paix. Lui qui remonte des enfers, / qu’il règne avec le Saint Esprit à la droite de Dieu notre Père, / dans les siècles des siècles. Amen. Extrait de l’EXULTET D’HAUTECOMBE, chanté la nuit de Pâques

texte Communauté du Chemin Neuf - CD11

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Formation chrétienne

Bible : Lettre aux Philippiens

Vivre en plein accord En chemin vers Pâques, quelle lecture biblique pouvons-nous entreprendre ? Pourquoi pas l’épître de St Paul aux Philippiens, porteuse de joie, une joie trouvée par Paul au cœur de l’épreuve et au cœur de la communauté.

« S’il y a donc un appel en Christ, un encouragement dans l’amour, une communion dans l’Esprit, un élan d’affection et de compassion, alors comblez ma joie en vivant en plein accord. Ayez un même amour, un même cœur ; recherchez l’unité ; ne faites rien par rivalité, rien par gloriole, mais, avec humilité, considérez les autres comme supérieurs à vous. Que chacun ne regarde pas à soi seulement, mais aussi aux autres. » Lettre aux Philippiens Ch.2 (TOB) Vivre en plein accord. Voilà le cœur de l’exhortation de Paul du fond de sa prison. Il fait de la joie sa motivation centrale, elle est le fruit de l’unité d’une communauté – cellule vivante de l’Eglise ! Quelle peut-être la meilleure expression de l’unité, si ce n’est le plein accord ? C’est l’objectif de tout couple, de toute communauté ou de tout gouvernement. Il suffit pourtant de regarder autour de soi, pour voir les nombreux obstacles au consensus. Paul va inviter l’église de Philippe à croire qu’une communauté chrétienne peut vivre ce plein accord et qu’ainsi elle atteindra la joie parfaite. Mais où puiser l’élan nécessaire ? Comment trouver la motivation pour surmonter les divisions ?

Pieter LE ROUX,

Eglise Evangélique Baptiste

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Une expérience surprenante est proposée ces jours : le vol en apesanteur. Il s’agit de voler pendant deux heures et demi pour cinq minutes d’apesanteur, dans une cabine d’Airbus spécialement aménagée. Le coût ? Six mille euros. Et ne pensez pas avoir une place avant

2014, car la liste d’attente est longue ! Cela dans l’unique but d’échapper à la gravité 5 minutes. Est-ce que cet engouement pour un vol si cher n’illustre pas à merveille notre refus de descendre ? Paul nous indique la direction à prendre sur ce chemin d’effort vers la joie parfaite : « Considérez les autres comme supérieurs à vous » ! Il nous invite à descendre. C’est une dynamique révolutionnaire qui nous plonge dans un échange de bonnes œuvres où tout le monde est gagnant. Chacun se trouve au bénéfice du savoir-faire qu’il ou elle n’a pas. C’est un mouvement perpétuel d’échanges bienfaisants. C’est l’amour parfait. Il y a néanmoins un petit problème : c’est la confiance. Comment être sûr que mon conjoint, ma collègue, mon frère ou mes responsables ne vont pas servir leurs propres intérêts ? Car s’il y a bien un obstacle à l’unité c’est la peur


ion chrétienne ion chrétienne formation Cette invitation à la foi n’est pas nouvelle : « Elie lui dit : “Ne crains pas ! Rentre et fais ce que tu as dit ; seulement, avec ce que tu as, fais-moi d’abord une petite galette et tu me l’apporteras ; tu en feras ensuite pour toi et pour ton fils” » (1 Rois 17). En pleine famine, la veuve de Sarepta se retrouve à préparer une galette pour le prophète Elie. Face au risque d’être anéantie par la faim, elle préfère croire au Dieu de la providence, plutôt que de manger un repas de plus. Il en est de même du petit garçon qui prête ses poissons et son pain pour la multiplication des pains réalisée par Jésus : « Il y a là un garçon qui possède cinq pains d’orge et deux petits poissons ; mais qu’est-ce que cela pour tant de gens ? » (Jean 6). Jésus loue également le geste de la veuve qui met ses dernières vivres dans le tronc de la synagogue (Luc 21, 2). Ce manque de confiance en Dieu et en mon prochain trouve sa racine dans l’orgueil. La définition du dictionnaire est claire. Orgueil : nom masculin (francique *urgôli), sentiment exagéré de sa propre valeur, estime excessive de soimême, qui porte à se mettre au-dessus des autres… (Larousse) Paul peut garder le cap sur l’unité et la joie parfaite qui en découle. Car sa confiance est placée dans la justice de Dieu. Il peut tourner le dos à la peur du manque, parce que son Dieu ne per-

Photo Ann Ronan / Heritage Images / Scala, Florence

de manquer. C’est de sa prison que Paul écrit ces mots. Comme si l’épreuve du froid, de la solitude, de la mort confirmaient sa joie trouvée dans l’unité. L’Eglise compte plus pour lui que sa propre vie. Ainsi l’angoisse de mourir dans sa prison passe après le soin qu’il veut porter aux Philippiens.

St Paul dictant ses lettres en prison

mettra pas qu’il soit anéanti. Ceci est rappelé avec force dans la lettre aux Romains : « S’il est possible, pour autant que cela dépende de vous, vivez en paix avec tous les hommes. Ne vous vengez pas vous-mêmes, mes bien-aimés, mais laissez agir la colère de Dieu, car il est écrit : A moi la vengeance, c’est moi qui rétribuerai, dit le Seigneur. Mais si ton ennemi a faim, donne-lui à manger, s’il a soif, donne-lui à boire, car, ce faisant, tu amasseras des charbons ardents sur sa tête. Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien » (Romains 12). Quelle puissance, quelle sagesse de Dieu dans cette exhortation ! Nous sommes libérés de tout ressentiment, dans quelque conflit d’intérêts que ce soit. Car Dieu veille sur nos intérêts. La justice règne déjà. Notre souci de nous-même est inutile. Nous sommes libre de désirer le pardon et la miséri-

corde pour celui qui me fait mal. Rien ni personne ne peut faire obstacle au projet de vie que Dieu a pour chacun ! L’invitation de Paul à considérer mon prochain comme supérieur à moi-même ne peut s’envisager qu’à la lumière du Dieu protecteur de nos intérêts. C’est pourquoi Paul commence par une condition : « S’il y a donc un appel en Christ, un encouragement dans l’amour, une communion dans l’Esprit, un élan d’affection et de compassion ». Ces prémices de la joie dans notre vie de prière et dans le service de Dieu, sont le signe que Dieu veut rendre notre joie parfaite en anéantissant l’orgueil. Tous nos intérêts sont protégés, nous sommes libres de pardonner et intercéder pour tous nos prochains. Ils accèdent ainsi à cette miséricorde libérant de la tristesse. Quelle Pâques ! v

Formation biblique : Esprit de Dieu & nouveauté de vie selon Paul

4-5 mai

Parcours à travers différentes épîtres de Paul, qui illustrera combien sa conception de la vie en Christ et dans l’Esprit Saint l’a amené à penser l’existence chrétienne de manière originale.

Inscriptions : itd@chemin-neuf.org

Christian Grappe, faculté de Théologie Protestante, UdS

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Formation chrétienne

Vie spirituelle : L’année de la Foi

“Jésus, j’ai

confiance en Toi.”

Dans son dernier numéro (n°35), F.O.I. débutait une série d’articles consacrés à l’Année de la Foi. A la question « Pour vous, qu’est-ce que la foi ? », le Père Antoine Cousin répond en partant de l’invitation de Benoît XVI à passer par la porte de la foi, laquelle est toujours ouverte. Qu’est-ce que la foi ? Un acte (de foi) et un contenu (de foi).

La lettre que Benoît XVI nous a adressée à l’occasion de l’Année de la Foi commence par ces mots : « “La porte de la foi” (cf. Ac 14, 27) qui introduit à la vie de communion avec Dieu et permet l’entrée dans son Église est toujours ouverte pour nous. Il est possible de franchir ce seuil quand la Parole de Dieu est annoncée et que le cœur se laisse modeler par la grâce qui transforme. Traverser cette porte implique de s’engager sur un chemin qui dure toute la vie. Il commence par le baptême (cf. Rm 6, 4), par lequel nous pouvons appeler Dieu du nom de Père, et s’achève par le passage de la mort à la vie éternelle 1 ».

La Porte de la Foi est toujours ouverte Au seuil de la Porte, il y a le baptême, et une parole qui retentit, comme au jour du baptême de Jésus : « Tu es mon Fils Bien aimé, en toi j’ai mis tout mon Amour » (Mc 1,11).

Antoine COUSIN,

Prêtre, Institut du Chemin Neuf.

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Cette Parole est pour Jésus. Elle est aussi pour nous : nous sommes aimés du même amour. Jésus le proclame par toute sa vie, jusqu’à la mort sur la Croix où il se donne pour nous sauver. Il nous a révélé que nous étions, nous aussi, infiniment aimés de Dieu. En Lui, nous sommes les fils et les filles bien-aimés du Père. L’Esprit-Saint repose sur nous. Nous sommes inconditionnellement aimés. Et pardonnés. La Porte est toujours ouverte.

Nous sommes invités à en franchir le seuil. Il nous est donné de pouvoir dire « oui » au Seigneur. Oui, je crois en Dieu, le Père. Oui, je crois en Jésus-Christ, son Fils Unique. Oui, je crois en l’Esprit Saint. Oui, j’ai foi en Lui, j’ai confiance en Lui, je m’en remets à Lui, je Lui offre ma vie. Telles sont les paroles de notre Baptême. Telles sont les paroles que nous sommes invités à redire cette année. L’Amour de Dieu nous ouvre la Porte de la Foi, et notre foi s’accomplit dans l’amour de Dieu. « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime » (Jn 21, 17). Notre acte de foi nous permettra aussi de nous approcher sans crainte de la dernière porte, du passage de la mort à la vie éternelle. L’amour de Dieu précède et rend possible notre foi.

Renouveler notre acte de foi Le chemin sur lequel nous nous engageons alors est celui de toute une vie. La Porte est souvent devant nous. Nous sommes invités à en franchir à nouveau le seuil, parfois joyeusement, parfois douloureusement, dans la paix ou dans le combat, une fois pour toutes et chaque jour. Au cours de cette année de la Foi, il nous est proposé de renouveler notre acte de foi. Nous avons eu la grâce de rencontrer le Seigneur, d’être appelés par Lui. Nous avons la grâce de vivre avec Lui, de vivre de Lui, d’avoir foi en Lui, et nous savons à quel point ce chemin de foi est parfois fragile. « Seigneur, je crois, viens au secours de mon incrédulité » (Mc 9, 24). Seigneur, je crois, viens renouveler ma foi en Toi.


ion chrétienne ion chrétienne formation Et s’il nous arrive parfois de nous enfoncer dans les eaux de la défiance, la main de Jésus reste tendue. « Aussitôt Jésus tendit la main et le saisit, en lui disant : “Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?” Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba » (Mt 14, 31-32). Le chemin est parfois laborieux, mais le Seigneur vient au secours de notre manque de foi. Le recours aux récits évangéliques est précieux. Ils sont une invitation permanente à la foi. « Va, ta foi t’a sauvé » (Mc 10, 52) , « Ne crains pas, crois seulement » (Mc 8, 50), « Femme, ta foi est grande » (Mt, 15, 28)… L’itinéraire des saints qui nous ont précédés peut aussi nous aider. Sœur Faustine nous a transmis une des plus simples et des plus belles prières qui soient : « Jésus, j’ai confiance en Toi ». C’est une prière du cœur. Il suffit de la répéter comme un chapelet, ou à la façon des moines d’Orient. Elle fera en nous son office. Elle fait ce qu’elle dit. La première entre toutes, Marie indique le chemin de la foi, « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole ». (Lc 1, 38).

A la question de savoir ce que nous devons faire, Jésus apporte toujours la même réponse : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. » (Jn 6, 29).

Le contenu de notre foi L’année de la foi nous invite également à approfondir notre connaissance de Celui en qui nous avons mis notre confiance. « Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible. » Quel est le sens de ces mots ? Que signifient-ils pour moi ? « Je crois en un seul Seigneur, JésusChrist, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, il est Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu… » Qu’est ce à dire ? « Je crois en l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie, il procède du Père et du Fils… » Puisse l’Esprit de Sainteté éclairer notre intelligence ! « Daigne le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de la

gloire, vous donner un esprit de sagesse et de révélation, qui vous le fasse vraiment connaître ! » (Eph 1, 17.) Notre acte de foi passe par un approfondissement des contenus de notre foi. Benoît XVI écrit : « Les contenus essentiels qui depuis des siècles constituent le patrimoine de tous les croyants ont besoin d’être confirmés, compris et approfondis de manière toujours nouvelle afin de donner un témoignage cohérent dans des conditions historiques différentes du passé ». (Porta Fidei n°4). Les pensées du Seigneur ne sont pas nos pensées, ses voies ne sont pas nos voies. Sans cesse nous pouvons demander cette grâce de la conversion de notre intelligence. La Foi est inséparable de l’Espérance et de la Charité. Elles sont un don de Dieu, une grâce que nous pouvons demander tout particulièrement cette année. v 1- Benoît XVI, Motu Proprio Porta Fidei

Benoit XVI, un homme de Foi

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lors que Benoît XVI décide de quitter la charge pontificale, de nombreux commentateurs parle de lui comme d’« un homme de foi ». En effet, nombreux furent les écrits où Benoît XVI a exprimé son souci d’approfondir la foi chrétienne et la nécessité de revenir à un Jésus qui est autant celui de la foi que de l’histoire.

Dès sa première Encyclique, « Deus caritas est », Benoît XVI allait droit au centre de la foi, car la religion n’est pas affaire de loi ni de morale, mais d’amour : « A l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un évènement, avec une Personne. » Pour le Carême 2013, le message du Pape s’inscrit dans cette voie, en méditant sur le rapport entre foi et charité. « La foi, Benoît XVI aux JMJ de Madrid, 2011 c’est connaître la vérité et y adhérer (cf. 1 Tim. 2, 4) ; la charité, c’est cheminer dans la vérité (cf. Ep. 4, 15). Avec la foi, on entre dans l’amitié avec le Seigneur, avec la charité, on vit et on cultive cette amitié (Cf. Jn. 15, 14). » Dans ce lien indissoluble entre foi et charité, Benoît XVI rappelle que la plus grande œuvre de charité est l’évangélisation. « Je vous souhaite à tous de vivre ce temps précieux en ravivant votre foi en Jésus-Christ, pour entrer dans son parcours d’amour envers le Père et envers chaque frère et sœur que nous rencontrons dans notre vie. »

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Formation chrétienne

Anniversaire : RCF fête ses 30 ans !

30 années au service

de l’évangélisation Au printemps 1981, à Lyon, la ville du Père Couturier, le projet d’une radio chrétienne1 a été spontanément pensé et décidé dans une vision œcuménique. Dès janvier 1982, le Cardinal Decourtray, archevêque de Lyon, a soutenu et décidé la création de cette radio associative. Ses statuts ont été préparés et signés par l’ensemble des responsables des sept églises présentes à Lyon : catholique, grecque, orthodoxe, réformée, luthérienne, arménienne apostolique2, anglicane et baptiste.

Dès l’origine, ces responsables furent statutairement membres du Conseil d’Orientation de la Radio et décidèrent des grands objectifs, résumés en ces termes par le Cardinal Decourtray : « Nous voulons créer ensemble une radio chrétienne, explicitement chrétienne, sans complexe ni triomphalisme ; une radio avec tous et pour tous ; une radio qui développera la communication jusqu’à la communion. » Pour tous, l’urgence de l’évangélisation par les ondes de la radio imposait cette vision œcuménique, inscrite non seulement dans les statuts, mais dans les modalités de fonctionnement et particulièrement dans la grille des programmes d’émissions. Dès les premières semaines de diffusion (en avril 1982), Radio Fourvière, qui deviendra Fourvière Région, puis R.C.F. (Radio Chrétienne Francophone), donnera la parole à des personnes clairement identifiées quant à leur appartenance ecclésiale. Dans un véritable esprit œcuménique, chacun témoigne de sa foi et découvre la tradition de l’autre en la respectant profondément.

Emmanuel PAYEN, ccn Fondateur de RCF

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Des voix multiples proposent, chaque jour, des méditations d’Evangile, expliquent de façon doctrinale ce qui est commun à toutes les Eglises et ce qui les différencie, donnent des informations sur la vie de chaque Eglise dans le monde, transmettent des témoignages

dans lesquels chacun peut percevoir l’action de l’Esprit Saint, comme un appel fraternel à la conversion des coeurs. Ces émissions développent peu à peu chez les auditeurs un véritable esprit œcuménique, en même temps qu’un véritable accueil de la Parole de Jésus, confiant à son Père ses disciples par ces mots : « Qu’ils soient un pour que le monde croie. »

« Ces émissions développent peu à peu chez les auditeurs un véritable esprit œcuménique, en même temps qu’un véritable accueil de la Parole de Jésus. » Un dialogue dans la vérité et dans l’amour fraternel grandit : ceux et celles qui font la radio et ceux et celles qui l’écoutent, façonnant dans la durée un esprit de famille œcuménique au quotidien. Beaucoup d’auditeurs confirment cette spécificité de R.C.F. et en deviennent des témoins autour d’eux. C’est comme la mise en acte de la parabole du Semeur. Sur les ondes, partout et dans toutes les directions, la Parole de Dieu est lancée, proposée, audible.


ion chrétienne ion chrétienne formation Pourquoi j’aime RCF ? J’aime RCF parce que c’est un média de la parole, à une époque du « tout image ». Sa mission principale est de favoriser l’écoute, écoute par les journalistes de ceux qu’ils interviewent, écoute des auditeurs. Comme radio chrétienne, RCF nous permet d’écouter la Parole, celle qui pénètre dans notre oreille interne, celle du cœur.

La mission de R.C.F. consiste à lancer le bon grain partout dans le monde. Il germera, on ne sait où ni comment ! D’autres feront la moisson le moment venu. Je me souviens de cette lettre reçue quelques mois après le démarrage de la radio. Un étudiant yougoslave écoutait par hasard Radio Fourvière dans sa chambre du Campus de La Doua, à Villeurbanne. Il a écrit à la radio pour savoir où se procurer le « feuilleton sur Jésus ». Il ne connaissait rien du christianisme et écoutait chaque matin un passage de l’Evangile lu à l’antenne. Sans attendre, on lui a envoyé un Nouveau Testament et l’adresse de l’aumônerie de son campus. Trois ans plus tard, il a demandé et reçu le baptême. Cette dynamique d’évangélisation par la radio a rejoint l’attente de 62 diocèses et c ommunautés diverses, dans une démarche de coopération où chacune des 62 radios apporte les meilleures de ses émissions à l’ensemble du réseau.Les progrès techniques permettent d’écouter R.C.F. non seulement sur les ondes F.M. mais maintenant dans le monde entier grâce à internet.

Aujourd’hui, plus de 3O ans après le démarrage de R.C.F., nous pouvons tous être heureux de ce que le même esprit œcuménique continue et progresse. Les acteurs actuels de la radio sont fidèles à la vision d’origine. Moyen privilégié pour l’évangélisation, R.C.F. a besoin encore aujourd’hui comme hier du soutien actif et priant de chacun pour que l’annonce de la Bonne Nouvelle atteigne les cœurs et les esprits jusqu’aux extrémités de la Terre. v 1- R.C.F. : une coopérative de 62 radios chrétiennes présentes en France et en Belgique, et accessible par internet dans le monde entier. 2- Quand le Pape Jean-Paul II est venu à Lyon en octobre I986, c’est Mgr Norvan Zacharian, évêque de l’église Arménienne Apostolique, qui l’a accueilli à l’Amphithéâtre des Trois Gaules, en disant : « Saint Père, nous sommes heureux de vous accueillir ici où se trouvent les racines chrétiennes de notre pays....nos églises chrétiennes à Lyon ont une voix commune : Radio Fourvière. »

J’aime RCF parce que ses auditeurs sont variés, un auditeur sur deux n’a pas de lien avec l’Eglise (sondage CSA) et c’est un formidable moyen d’évangélisation si nos programmes sont accueillants, intéressants et bienveillants… vaste programme ! J’aime RCF parce c’est une radio locale (4 heures d’émission par jour produite par chacune des 63 radios) , nationale (même grille 20 heures par jour d’un programme unique) et internationale (Radio Vatican 3 fois par jour) 30 ans, c’est encore la jeunesse mais aussi un début de maturité. Avec RCF, les temps changent, l’essentiel demeure. Michel Coutellier Président de RCF Lyon Fourvière

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& évangé l L’expérience charismatique et communautaire de «Catho Style» pour annoncer le prochain Festival d’Hautecombe a eu un retentissement surprenant. Cette vidéo, parodie de Gangnam Style, réalisée avec peu de moyens, a pris résolument le parti d’annoncer la foi chrétienne sur ce nouveau continent qu’est le continent Internet. Un pari qui rejoint celui de toutes les Eglises chrétiennes.

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@ lisation Je m’étonnais récemment de voir ma petite nièce jouer avec une tablette tactile avec plus de dextérité que beaucoup d’entre nous... Force est de constater la réalité de la génération Y (née après 1980), génération en perpétuelle mutation, et fer de lance d’une révolution culturelle qui nous fait passer d’une société de la transmission à une société de la communication, d’une culture de l’écrit à une culture de l’écran. Certains qualifieraient cette postmodernité d’ultra-modernité avec tout son lot de négation de l’humain. Mais en tant que chrétien, comment ne pas porter un regard plein d’espérance, à la suite de saint Paul, homme de réseaux et de communication, sur cette formidable création humaine, pleine de promesses et de défis pour l’Eglise et l’évangélisation d’aujourd’hui.

La réalité d’un nouveau continent Cette génération Y vit particulièrement dans un nouveau continent : le continent « Internet », qui comptera 3 milliards de personnes en 2016, soit 45% de la population mondiale. Ce continent est constitué de très grands pays comme Facebook qui comptera un milliard de personnes en 2015 ou Twitter 500 millions. Ce continent en pleine expansion, toujours plus vivant et dynamique (30 fois plus dynamique en dix ans au niveau des échanges de données) est un lieu très riche d’échanges et de recherche (4 milliards de vidéos vues sur Youtube chaque jour, 5 milliards de questions posées sur Google).

« C’est à vous, jeunes, qu’incombe, en particulier, la tâche de l’évangélisation de ce continent digital 1. » Benoît XVI

La particularité de la génération Y est qu’elle a le média « dans la peau ». Le média (TV, jeux vidéo, vidéos, films, musique, internet, réseaux sociaux, etc..) est une réalité très forte de la vie personnelle de ces jeunes, de façon bien plus prépondérante que leurs aînés.

Un juste équilibre…

Ainsi du fait que le support média évolue beaucoup, cette génération a aussi la capacité d’évoluer rapidement (en 2015, 80% des accès internet se feront par téléphone).

Il est évident que, dans cette société où nous passons de plus en plus de temps sur nos ordinateurs et dans la virtualité, nous avons encore plus besoin d’incarnation et particulièrement pour les jeunes. Rien ne remplace la rencontre face à face et en réponse à l’éphémère et à la rapidité, l’homo « internatus » a besoin de la chair et de la pierre. La pastorale ne pourra jamais en faire l’économie.

…qui a soif de la Bonne Nouvelle

...pour un nouvel élan missionnaire

L’Eglise, fidèle à son Seigneur, a toujours eu le souci d’aller rejoindre les hommes et les femmes dans leur lieu de vie, car aucune réalité humaine n’est étrangère au Dieu fait homme, et n’est dispensée d’une possible transfiguration. Internet fait aujourd’hui partie de la vie, donc la vie de foi passe aussi nécessairement par internet, et cela de façon encore plus marquée pour la jeunesse.

Internet représente pour l’Eglise une formidable opportunité, il est une sorte de « mégaphone » capable d’atteindre des personnes qui sont aujourd’hui loin d’elle. C’est aussi un lieu de créativité très étonnant, où des idées, un projet pertinent même sans gros moyens peuvent avoir une forte notoriété (cf. buzz du Catho Style). L’Eglise est attendue sur le net, la question : « Qui est Dieu ? » est par exemple une des questions principales posées sur Google. Nous avons ainsi à déployer, aujourd’hui, une pastorale audacieuse, décomplexée, pragmatique et créative. Une communication web2.0 au service de la rumeur évangélique (cf. aleteia.org).

Si saint Paul a utilisé tous les moyens modernes de son époque pour porter la Bonne Nouvelle (voies romaines, voies commerciales, bateau, lettres, etc…), si les apôtres ont su « inculturer » la Bonne Nouvelle en tous lieux où ils furent envoyés (Empire romain, Mésopotamie, Afrique, etc…), comment aujourd’hui ne pas sentir cet appel à inculturer l’Evangile à ce nouveau continent selon la finale de Marc qui nous invite à proclamer l’Evangile dans le monde entier ? Formidable défi !

1- Le pape Benoît XVI s’adressant aux jeunes après son 1er tweet. v

Arnaud Bonnassies, Diacre et Mission Jeunes CCN

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Genèse du “Catho Style”

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ans le cadre de la préparation du Festival d’Hautecombe de cet été, nous avions prévu de faire une vidéo pour décembre afin de commencer à annoncer l’événement. Malgré trois réunions, aucune idée n’avait pu émerger ou nous convaincre. Nous savions seulement que nous voulions rejoindre les jeunes dans leur réalité de jeunes. Et début Novembre, voilà que nous avons la chance de recevoir Jean-Baptiste Fourtané pour l’une de nos réunions, afin surtout d’écouter ses conseils en communication (il a fondé le Festival de Pâques à Chartres et le magazine l’Unvisible). Pendant cette réunion, on évoque plusieurs choses qui marchent chez les jeunes et en particulier cette chanson du Gangnam Style qui venait d’attirer la veille pas moins de 20000 personnes pour un flashmob géant au Trocadéro. L’information passe et se fait une place quelque part dans nos cerveaux puis c’est la fin de la réunion. Au moment de quitter les lieux, une idée surgit, une inspiration qui ne laisse pas de doute : il faut faire une parodie chrétienne de ce tube planétaire. Il s’agit d’une vague immense sur laquelle on veut surfer. C’est alors parti pour un sprint : on écrit les paroles de la chanson dans la nuit, on esquisse un scénario et dès le week-end suivant on se rassemble à Paris avec des jeunes de partout, Lyon, Nantes, Reims, Paris. Chacun a ramené le matériel glané ici ou là, vêtements, accessoires, caméra, appareils photo. Encore une nuit blanche pour organiser le parcours de tournage à Paris et surtout créer la chorégraphie et c’est parti ! C’était un miracle vivant. On a vu comment, en quelques heures, la force d’une communauté pouvait se déployer, comment chacun pouvait mettre ses charismes au service d’une mission commune. Le « Catho Style » est né des talents de chacun, danse, montage vidéo, chant, mixage audio, plan de communication et par dessus-tout par une force du Seigneur qui nous a poussés à allier humour et mission au service de son annonce. Mustapha A., responsable du Foyer St Sixte à Reims

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www.welcometoparadise.fr

Un retentissement au-delà des jeunes chrétiens

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« La vidéo a permis de mettre en lumière la grande activité des jeunes dans l’Eglise. »

Il n’est pas rare ces derniers temps qu’en évoluant dans les milieux cathos, une personne qui m’est complètement inconnue vienne me voir et me demande : “Excuse-moi, tu ne serais pas Catho Style ?” Si la question était plutôt dérangeante au début, je m’y suis habitué, et profite maintenant de l’occasion pour éclairer la personne sur le but premier de la vidéo : faire la promotion du festival. Mais la vidéo a eu des retentissements bien audelà des chrétiens : tous les élèves de mon école et nombre de mes amis ont visionné la vidéo ! Celle-ci a permis de mettre en lumière la grande activité des jeunes dans l’Église, ce que semblaient ignorer nombre de personnes de mon âge. De fait, plusieurs élèves de l’école, non-croyants, sont venus discuter avec moi de leurs interrogations, initiant ainsi des moments de partage très riches. Au final, ma position d’acteur principal du clip me permet de jouer un rôle privilégié pour témoigner et évangéliser à ma petite échelle, dans le milieu des écoles d’ingénieur.

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Benoît S., Elève Ingénieur à l’école des MINES ParisTech


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18-30 ANS

Risquer l’évangélisation...

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J’ai accepté de tourner dans la vidéo du Catho style parce que cette idée me plaisait beaucoup : utiliser Internet pour permettre aux gens d’appréhender l’Eglise sous un autre angle, faire la promotion du festival d’Hautecombe 2013, et leur donner envie de suivre le Christ ! La vidéo a été tournée sur plusieurs jours mais nous, les danseuses, n’avons été mobilisées que pour un week-end, qui était très dense : montage de la choré et tournage dans plusieurs endroits de la capitale, tout ça dans une grande fraternité, mais aussi dans un certain stress. Nous n’avions pas beaucoup de temps ! C’était un bon moment, mais je ne savais pas encore quelle ampleur la vidéo prendrait une fois terminée… Je ne me doutais pas qu’en moins de 3 jours la vidéoi dépasserait les 150 000 vues sur Youtube ! Dans les quelques jours qui ont suivi la publication de la vidéo, beaucoup de commentaires et de réactions m’ont atteinte très profondément. Je prenais souvent tous les commentaires pour moi. Cela me conduisait à un grand sentiment de vulnérabilité, à une remise en question de notre démarche, et même de ma confiance en Dieu. Heureusement, cela n’a pas duré longtemps ! J’ai rapidement été soutenue par des frères et sœurs, par mes amis (dont des noncroyants). La prière était devenue difficile car j’avais du mal à déposer cela. Lorsque j’ai accepté de prier à nouveau, j’ai ressenti l’Amour infini de Dieu qui me prenait le cœur. Jésus lui-même me disait : « N’aie pas peur, je suis avec toi. » Oui, en témoignant, nous prenons des risques : risque d’être moqués, risque d’être exposés. Mais ceci est tellement peu important, comparé à toutes ces personnes dont le cœur est travaillé par notre témoignage ! Pour le Catho Style, cela a été largement le cas ! Dieu nous fait confiance, il se sert de nos talents et de notre vie pour envoyer son Esprit et travailler le cœur des hommes.

Camille, étudiante à Lyon

jeunes

«

• Fêter PÂQUES : 30 mars – 1er avril. A Hautecombe, avec 700 jeunes. Vivre la liturgie pascale et goûter la joie de la résurrection ! Louange, fête, enseignements, témoignages ! Bus de Lyon et Paris ! • PÂQUES À CHARTRES - 30 mars1er avril. Fête, témoignage, d’évangélisation avec la Chorale Internationale. Participation du Cardinal Philippe BARBARIN ! Possibilité de faire partie de la chorale pendant le week-end (RDV le vendredi 29 à 18h) • WEEK-END « Accueillir l’Esprit Saint et recevoir Ses dons » : 20-21 avril à Tigery (91). 2 jours pour apprendre à écouter l’Esprit Saint et se laisser guider au quotidien ! Découvrir la vie dans l’Esprit Saint, mieux connaître les charismes et ses dons. • FORUM JEUNES PROS - 22-32 ans ! 27-29 avril à Sophia-Antipolis (06). 3 jours pour réfléchir au sens de la vie professionnelle. Intervenants : Emmanuel Faber, Elena Lassida, Fabrice Hadjadj, Soirée Jazz’in night. www.forumjeunespros2013.com • Welcome to Paradise ! Festival International - 4-11 août. 5 jours de vacances entre lac et montagne avec 1000 jeunes du monde entier où tu choisis ce que tu veux faire : 40 workshops, + de 20 sports, temps spi, grands témoins... Réserve ta place sur www.welcometoparadise.fr • Nombreuses autres propositions sur le site internet : Messe des jeunes, Soirées de louange, Groupe « appel », etc. • Secrétariat 18-30 ans : jeunes.chemin-neuf.fr 01 47 74 93 73 ou 06 30 14 06 96 jeunes.france@chemin-neuf.org

14-18 ANS • WEEK-END « VOUS RECEVREZ UNE FORCE » - 14-18 ans : 6-7 avril à Strasbourg (Plobsheim), 13-14 avril à Sablonceaux (17) et à l’Etoile de la Mer (50), 18-19 mai à Lyon et à Tigery (91) • SEMAINE DE RÉVISION DU BAC du 22 au 27 avril aux Dombes et à Tigery (91) du 29 avril au 3 mai. • PÂQUES À CHARTRES : 30 MARS1ER AVRIL : Un week-end de fête et de spectacles pour célébrer la résurrection ! • PÂQUES À HAUTECOMBE : 30 MARS- 1ER AVRIL : 16-18 ans seulement, limité à 40 places - Vivre la liturgie pascale & Goûter la joie de la résurrection ! • ÉCOLES DE LANGUE : 11-22 juin en Angleterre à Langport pour les 15-18 ans. Approfondir l’anglais et expérimenter ensemble la vie communautaire chrétienne. Les journées sont organisées autour des cours de langue, de la vie communautaire et de la détente, en anglais ! • ÉTÉ 2013... DE MULTIPLES PROPOSITIONS... À SABLONCEAUX : SABouge : 14-15 ans, 9-14 juillet, pour se donner à fond (sport et grands jeux). Step by step : 16-18 ans, 9-14 juillet, 5 jours de marche, partir à l’aventure à travers la Charente, sur le chemin qui mène à Dieu et vivre la fraternité. Festival de Sablonceaux : du 1621 juillet, 14-18 ans. un camp en grand avec 200 participants ! Activités à la carte. SAdonne, 16-18 ans, 8-20 juillet, pour ceux qui ont déjà fait les camps d’été. • Secrétariat 14-18 ans : 04 72 13 73 64 ou 06 61 61 02 72 14-18ans@chemin-neuf.org SITE : chemin-neuf.org/14-18ans

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Vie de la Communauté

Rencontre des responsables de pays

Faire l’unité Chaque année, au mois de janvier, les responsables des pays où la communauté du Chemin Neuf est implantée (25 pays) se retrouvent à Tigery pour une « semaine internationale ». Pour la cinquantaine de frères et sœurs qui se retrouvent, c’est l’occasion de partager les expériences communautaires et de mission, mais aussi de travailler avec le Conseil de communauté et se ressourcer spirituellement et fraternellement. Un temps pour l’unité et le soutien fraternel.

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Témoignage : Benoit Lokila, R.D.C. Benoit Lokila est membre de l’équipe responsable de la Communauté en r.d.c. Il est protestant évangélique, marié, père de neuf enfants. F.O.I. : Benoit, comment vis-tu l’appel à l’unité des chrétiens dans la Communauté ? « Je partage deux points qui m’ont aidé à aller plus loin dans cet appel à l’unité des chrétiens. Tout d’abord, Dieu m’a fait la grâce de la conversion dans ma façon de considérer les frères des autres églises. Il m’a aidé à ne pas m’inscrire uniquement dans un registre, celui de membre d’une église protestante évangélique, mais comme le disciple de Jésus. Un disciple ne fait pas ce qu’il pense, mais

ce que son maître lui dit de faire. Cette façon de voir les choses m’a permis de comprendre que tous ceux qui croient en Jésus-Christ comme Seigneur et Sauveur sont des disciples comme moi ; je dois les aimer, les approcher et vivre avec eux. Ensuite, chaque soir, devant le Saint Sacrement, je vois Jésus qui est mort pour unir tous les fils du Père et, de l’autre côté, je vois son Eglise divisée. Je vois combien Jésus en souffre et, chaque soir mes larmes coulent. Cela me donne plus de force pour faire un « pont » entre mon église et l’église catholique. Parfois, je reçois des paroles dures de la part de mes frères protestants, mais cela ne me décourage pas. Chaque soir, devant le Saint Sacrement, en voyant le don suprême de Jésus pour unir tous les fils du Père, je me dis qu’il faut être prêt à servir et prêt à mourir. L’unité ne peut passer que par là. »


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à Osterhoot : des Stars cherchent Dieu Tout commença par un coup de fil surprenant en septembre 2012. Une équipe de télévision évangélique néerlandaise me demande si nous serions disponibles pour accueillir une retraite ignatienne télévisée en silence ! Nous avons pris un temps de rencontre et de discernement communautaires. Encouragés par le texte fondateur de la Communauté (Luc 4, 16-19 ) qui nous rappelle notre mission d’évangélisation, et qui fut donné ce jour-là par la liturgie catholique et la lecture des frères moraves (protestants), nous tentons l’aventure. L’idée vient de l’Angleterre, où un projet semblable a été réalisé sous la conduite d’un père abbé bénédictin et de la BBC (« The Big Silence »). Des chrétiens évangéliques et pentecôtistes, professionnels dans les médias néerlandais ont vu ces émissions sur Youtube. Ils décident alors d’organiser euxmêmes une retraite ignatienne. Ils sont en effet convaincus que cet outil des Exercices est une chance extraordinaire pour permettre à des personnes de différentes origines (même non-croyantes !)

de faire une rencontre avec Dieu en profondeur. D’où leur idée de faire une version néerlandaise du “Big Silence”, De gauche à droite : Kim Feenstra - mannequin, avec la particularité que les Elle Bandita - Rock star, Lieke van Lexmond - actrice, cianq retraitants seraient Christina Curry - mannequin, Sanne Vogel, actrice. des personnes connues dans les médias et le monde : top équipe télé évangélique, Jésuites, acmodel, actrice, TV-présentatrice, rockcompagnateurs ignatiens et Commustar et idole des jeunes. Cette aventure nauté du Chemin Neuf de l’abbaye St est teintée d’une touche particulièrePaul de Oosterhout, l’aventure d’une ment œcuménique. En effet, il faut rapsemaine particulière. Et Dieu a agi ! Le peler que, dans ce pays où la Réforme résultat passera tous les dimanches se déployait avec force et vigueur au soir du mois de février sur la troisième 16ème siècle, ce sont des Jésuites franchaîne de télévision, en quatre séries çais et espagnols qui ont été envoyés de 45 minutes. Un « trailor » de 3 min pour éteindre ce feu calviniste. Ce qui est déjà disponible sur internet (www. ne fut pas sans violence des deux côtés, opzoeknaargod.tv) et nous confions laissant jusqu’à aujourd’hui une grande volontiers Lieke, Kim, Sanne, Ryanne méfiance des protestants à l’égard des et Christina à votre prière : que ce qui Jésuites. a été semé puisse grandir et porter des fruits. Et surtout que le Seigneur touche Que ce soient justement des protestants les cœurs de ceux qui verront ces émisqui, cinq cents ans plus tard, fassent sions et qu’il nous donne force et intelde la publicité pour les Exercices ignaligence pour accompagner la suite de tiens, n’est-ce pas un signe de l’œuvre cette belle mission ! du Saint Esprit ? C’est ainsi que, début Ruth Lagemann, Pays-Bas novembre, nous avons vécu ensemble,

Exhortation : Jésus s’arrête pour prier Dans la Bible, c’est ce qui au centre qui est le plus important. Or l’Evangile d’aujourd’hui (Marc 1,

29-39) nous présente une journée de Jésus : il guérit des malades et expulse des démons, il prêche la Bonne Nouvelle, mais au centre, il s’arrête pour prier, pour se nourrir et être fortifié dans l’intimité du Père. Il s’agit là d’un appel pour nous à mettre la prière, la relation intime avec Dieu, au centre de notre vie. Est-ce que nous nous levons le matin en pensant : « J’ai hâte de prier » ? Nous préparons bien nos réunions, nos prises de parole, les comptes ou les organigrammes, mais préparons-nous le plus important, nos rencontres avec ceux que nous aimons, notre rencontre quotidienne avec Celui que nous aimons ? Plus que des hommes et des femmes d’action qui prient et confient leurs tâches à Dieu, nous avons à être des hommes et des femmes de prière, qui agissent

à partir de cette prière. C’est essentiel aussi pour bien exercer notre responsabilité. Ce lieu où nous reprenons souffle nous permet de ne pas nous laisser aspirer « la tête sous l’eau ». Or la première responsabilité d’un responsable, c’est lui-même : tenir fort et dans la paix, pour soutenir les autres. De même, la prière est le lieu où nous laissons sa place au vrai responsable, Dieu lui-même, où nous laissons libre cours à l’Esprit Saint. Plus que des responsables qui comptons sur l’aide et la lumière de Dieu, nous avons à devenir des instruments de Celui qui agit dans notre communauté. La question qui nous est posée aujourd’hui est donc : quel est le centre de notre vie ? Homélie du 16 janvier 2013 du P. Etienne Vetö, Semaine Internationale, Tigery Evangile : Marc 1, 29-39

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VIE

Vie de la Communauté

La Manif’ pour tous du 13 janvier

Nous y étions ! Les membres de la Communauté du Chemin Neuf en France se sont mobilisés, rejoignant quelques centaines de milliers de personnes pour dire leur désaccord profond avec le projet d’ouvrir le mariage aux personnes de même sexe. Violaine, mariée et mère de cinq enfants raconte comment sa fille Anaïs et elle ont vécu cette journée.

« Il est 4h45, ce dimanche 13 janvier à Saint Alban de Roche (38). Le réveil sonne. Ce n’est pas un dimanche comme les autres ! Encouragés par l’Eglise, nous avons décidé en couple de « nous manifester » par ce biais-là. Pieter, mon mari, reste avec nos quatre autres enfants à la maison. Le voyage prend la tournure d’un pèlerinage. Nous partons à Villefranchesur-Saône : un car organisé par la Communauté y fait étape. Joie de retrouver tous mes frères et sœurs de la Communauté et de la Communion, qui se sont aussi levés tôt pour manifester ! Dès les premiers kilomètres d’autoroute, je suis saisie par la vue d’autres cars en route pour la même destination. Ces quelques heures de route sont ponctuées de pauses où nous retrouvons déjà des foules d’autres manifestants. La prière de l’office des Laudes ainsi qu’un temps d’intercession nous

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recentrent sur l’essentiel de cette journée : aller porter le message de Vie de la famille, cellule de base de la société pour l’épanouissement et le bonheur de tous, enfants et parents. Dans la prière, nous sommes deux à avoir la même conviction : les anges nous accompagnent. Ils intercèdent avec nous, pour la France et toutes ses familles. Un gendarme monté dans le bus pour quelques consignes annonce déjà 400 000 manifestants (sans compter les anges !). Un topo d’Emmanuel Contamin, pédopsychiatre, nous rappelle l’indéniable importance et nécessité d’avoir pour un enfant, un père et une mère (cf. article ci-contre). Arrivés Porte d’Italie, nous scandons des slogans et brandissons des pancartes aux rythmes de musiques festives. Une atmosphère paisible et joyeuse nous accueille. Il y a tant de monde - les organi-

sateurs n’en reviennent pas - que nous restons sur place au moins une heure avant de commencer à marcher. Puis nous cheminons dans un climat étonnamment calme. Le Champ de Mars est déjà plein vers 15h30 et les différents cortèges sont ralentis. Nous entendrons quelques mots de personnalités politiques par le biais d’écrans géants au Champ de Mars à 17h00. Frigide Barjot annonce une autre manifestation si celle-là ne suffit pas et Anaïs s’exclame : « Maman, je veux la faire ! On reviendra, hein ? » Un premier comptage a été fait : 800 000 participants ! Nous apprendrons par la suite que le million a été largement dépassé. La journée se termine dans le bus, calmement. Nous continuons à prier pour que la France ne prenne pas ce virage dangereux. » Violaine Le Roux


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Trois raisons pour un pédopsychiatre de refuser le projet de loi En tant que pédopsychiatre, ce projet de loi me soucie pour les enfants. 1. « Pris en otage » Je vois au quotidien combien les enfants souffrent des instabilités familiales, où ils sont souvent « pris en otages » par des parents fragilisés et recentrés sur leurs propres besoins affectifs. L’objectif avancé de sécuriser leurs liens affectifs pourrait être atteint en précisant un statut de beau-parent, avec des droits et surtout des devoirs vis-à-vis de l’enfant ; mais instituer le mariage entre personnes de même sexe répond à une demande d’adultes, et son lien direct à la filiation va encore renforcer l’investissement de l’enfant comme l’objet d’un droit. 2. « Des filiations artificielles » Cela va conduire à créer des filiations artificiellement référées à 2 pères ou à 2 mères en faisant intervenir des technologies procréatiques jusqu’ici réservées à des traitements médicaux, et l’enfant sera conçu d’emblée comme l’objet d’une production. La filiation référée à un père et une mère est quand même une structure anthropologique fondamentale, retrouvée dans toutes les cultures ! Il sera privé d’une partie de ses origines, ce qui est contraire à la convention internationale des droits de l’enfant. 3. Négation de notre nature biologique La philosophie sous-jacente est un refus de la limite et une négation de notre ancrage dans notre nature biologique, alors que les recherches sur le dévelop-

pement précoce ont bien montré toute la richesse des liens qui se tissent entre un bébé et ses parents, depuis le ventre maternel jusqu’aux liens d’attachement par lesquels il se construit dans ses premières années, et qui sont bien différenciés entre le père et la mère . Il est enfin faux d’affirmer, comme le font certains de mes confrères, qu’il n’y a pas de différence dans le devenir des enfants élevés dans des contextes d’homoparentalité : les études actuelles sont trop limitées, manquent de rigueur méthodologique, et il faut plus de recul pour évaluer le devenir à long terme ; certaines études montrent déjà des signaux d’alerte (troubles de l’attachement ou de l’adaptation sociale) justifiant à mon avis le principe de précaution. S’il fallait inventer un modèle pour donner les meilleures chances aux enfants, c’est sans aucun doute celui du mariage hétérosexuel : même si les enfants élevés par des couples homosexuels doivent être sécurisés et ne subir aucune discrimination, la société est légitime d’instituer et de valoriser la « puériculture bio », c’est elle qui permet le meilleur développement durable des générations futures ! Emmanuel Contamin, pédopsychiatre à Lyon Illustration issue de la vidéo « Anatole se demande comment on fait les bébés ? » réalisé par L’Appel des Professionnels de l’Enfance, visible sur Dailymotion.

Un père, une mère, c’est élémentaire « Né dans une fratrie du baby boom, une chance, je connais mes origines paternelles et maternelles et transmets ce lien de vie à nos quatre enfants. Pourvu qu’ils en gardent également le goût ! Aujourd’hui, en France des lois transformeraient la famille et la filiation. C’est un vrai débat de société. Ayons les moyens de permettre un dialogue serein ! Venir le 13 janvier de Lyon à Paris est mon choix pour rendre visible cette opinion et mieux prier pour ceux qui nous gouvernent. J’ai marché 8 km dans le froid, aucun nouvel argument, mais suis reparti fort de cette immense assemblée de l’hexagone exprimant le même souhait : que vive un équilibre familial autour de l’homme et de la femme pour les générations à venir. » Yves L., citoyen

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VIE

Vie de la Communauté Pentecôte 2013

1973 - 2013 : La Communauté fête ses 40 ans « Par la mort et la Résurrection de Jésus, lors de la fête de Pentecôte, l’Esprit de Dieu a été répandu en surabondance, comme une cascade capable de purifier tous les cœurs, d’éteindre l’incendie du mal et d’allumer dans le monde le feu de l’amour divin. Redécouvrons la beauté d’être baptisés dans l’Esprit Saint ! » 1

communautaire, dans l’engagement pour l’unité des chrétiens, la réconciliation et la paix entre les peuples. Une occasion de regarder le chemin parcouru, pour envisager l’avenir en ouvrant une fenêtre au grand vent de l’Esprit-Saint, cette expérience bouleversante de l’amour de Dieu pour chaque homme !

Il y a 40 ans en octobre 1973, née d’un groupe de prière, la Communauté du Chemin Neuf rassemblait sept personnes au 49 Montée du Chemin Neuf, à Lyon en France. Commençait alors une histoire inimaginable, inspirée par l’Esprit Saint à la suite du Concile Vatican II, qui conduit la Communauté « de Lyon au monde entier ».

Au programme : 40 ans d’histoire dans la louange, Conférence du Père Laurent Fabre, fondateur et responsable de la Communauté, « Flashmob internationale » pour la paix dans le monde, « Prière en réseau » pour l’unité entre nos églises et nos pays. Comme un grand Cénacle à ciel ouvert, du pays où nous sommes, en communion avec tous les mouvements ecclésiaux et Communautés nouvelles réunis à Rome autour du nouveau Pape…, nous serons tous rassemblés, pour invoquer ensemble la venue de l’Esprit-Saint dans nos cœurs et sur notre monde !

Lors de la Fête de Pentecôte 2013, les 18 et 19 mai, dans 27 pays du monde où elle est implantée, la Communauté du Chemin Neuf se rassemble et vous invite à reconnaître avec elle l’œuvre vivifiante de l’Esprit Saint durant ces 40 années d’existence, dans la prière, dans la vie

Week-end 18-19 mai 2013 Au cœur de cet anniversaire : Un moment unique de communion et de prière pour le monde grâce aux moyens de communication moderne ! Samedi 18 mai 2013 de 17h à 19h30 heure de Rome Emission vidéo en multiplexe diffusée de Rome vers « les 27 pays en réseau » où est implantée la Communauté et accessible à tous en direct et en différé sur :

www.40ans.chemin-neuf.org

1- Benoît XVI, Pape de l’Eglise Catholique Romaine (2005 - 2013). Pentecôte 2008

les SESSIONS CANA CANA COUPLES : Un moment privilégié pour faire le point, se retrouver et approfondir l’unité du couple - CANA FIANCÉS : véritable lieu de discernement, un temps pour mieux se connaître et mieux s’aimer - CANA ESPÉRANCE : pour personnes séparées ou divorcées non remariées - CANA SAMARIE : pour personnes engagées dans une nouvelle union après divorce ou séparation.

Dates des SESSIONS CANA

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27 AVRIL - 3 MAI

CANA COUPLES (sans enfants) HAUTECOMBE (73)

14 - 20 JUILLET

CANA COUPLES (avec enfants)

BOUVINES (59)

21 - 27 JUILLET

CANA COUPLES (avec enfants)

HAUTECOMBE (73)

28 JUILLET - 3 AOÛT

CANA COUPLES (avec enfants)

AIRE SUR L’ADOUR (40)

4 - 10 AOÛT

CANA COUPLES (avec enfants)

LES DOMBES (01)

11 - 17 août

CANA FAMILLE

SABLONCEAUX (17)

21 - 27 JUILLET

CANA FIANCÉS

HAUTECOMBE (73)

4 - 10 AOÛT

CANA ESPÉRANCE

SABLONCEAUX (17)

21 - 27 JUILLET

CANA SAMARIE

MONTAGNIEU (38)

rendez-vous


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Talents

Jeune talent MARCIN KUCZYNSKI « La photographie représente pour moi un outil de travail, de divertissement, mais elle est aussi ma passion. Elle me permet de satisfaire la soif intérieure de création, d’expression et de faire revivre des instants passés. La soif de création, parce que l’effet final, sous la forme d’une simple photo, est le résultat d’une multitude de décisions : réglage de l’appareil, le choix du lieu et de la composition, le moment où j’actionne le déclencheur... La soif de l’expression, parce que je veux partager avec les autres ce que j’ai vécu, aperçu ou ressenti. Je veux décrire à ma manière un évènement qui s’est produit à quelques centimètres de l’objectif. Enfin, la soif de faire revivre les moments passés. Dans les photos, comme dans les romans, on peut participer aux évènements qui nous sont étrangers. Pour moi, la photographie fait partie de l’expérience et donc de la vie. Je suis content et je remercie Dieu d’avoir la possibilité de photographier. A l’heure actuelle, je suis à Lyon et je partage avec vous les photos de cette ville que j’apprécie beaucoup. »

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Tirage sur papier issu de forêts gérées durablement, certifié PEFC


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