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La
Maison Juiven°5
Sommaire Editorial
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La lettre du Rabbi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Les corrections du Rabbi
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Si’ha : La beauté du grand âge Retraité ou « re-traiter » ?
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Reportage : « Touche pas à mon mardi ! » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Rav Moulé : interview de Kfar ‘Habad maisonjuive@gmail.com
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Témoignage : Maman a mal à la tête Dinim : Le saviez-vous ? Le discours de Malka
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J’ai été touchée... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 Education : construire la confiance en soi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 Vie quotidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 Idées déco pour Pourim . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 Mots d'enfants
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La Maison Juive est un supplément à la Sidra de la Semaine ISSN 1762 - 5440 • Tiré en 1000 exemplaires
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Editorial Archive
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LA MAISON JUIVE | Chevat 5775 | Février 2015 • N°5
1969-1989 (5730-5750) Comme le temps passe ! Et l'on ne peut retenir un imperceptible soupir. Mais ne vous méprenez pas ! Ce soupir ne traduit pas de l’amertume. Oh non ! Ce soupir, c’est un soupir de joie, un soupir de soulagement. Car 20 ans, c’est le temps qu’il a fallu au jeune enfant pour grandir, s’épanouir et devenir ce jeune adulte, plein de force et de santé, plein de bonheur et de beauté. 20 ans, c’est le temps qu’il faut pour que la lueur un peu inquiète dans les yeux des parents se transforme en une lumière de doux contentement. Nous fêtons nos 20 ans...
Paris 1969 Paris se remet à peine des événements qui viennent de secouer son peuple. Mai 68 n’est pas très loin et la communauté juive elle-même en a été affectée. Elle ne sait plus très bien où elle en est. Pour quelle voie opter ? Celle d’un engagement inconditionnel pour un pays que l’on contemple de loin ou celle d’un libéralisme qui l’arracherait définitivement à ses racines ?, La grande révolution, la vraie révolution, c’est le Rabbi Chlita qui est en train de l’opérer, par l’intermédiaire de ses envoyés.
Paris - Kislev 1969
Des femmes se réunissent pour la première fois. Elles sont jeunes, moins jeunes et encore moins. Elles ne s’expriment pas toutes dans la même langue, mais parlent toutes le même langage : celui de la Torah. Et elles se retrouvent en ce mardi soir de Kislev 1969, pour l’étudier ensemble. C’est le premier cours du mardi soir...
Paris Années 70 Rue du Faubourg-du-Temple Les cours du mardi soir ! Si l’on y étudie les enseignements, les Si’hot du Rabbi, l’on y apprend aussi à devenir de « bonnes femmes » d’intérieur. Un mardi, c’est une exposition d’un célèbre fabriquant de boîtes en matière plastique ; une autre fois, on vient nous présenter une exhibition de perruques ! Nous y organisons la première kermesse : une vente aux enchères d’objets hétéroclites apportés par chacune.
Où sont les tabourets ? Il n’y en a plus ! On a même posé des planches pour que quelques dames encore puissent s’asseoir. Il y a du monde, jusque dans les escaliers. Et l’on étudie... Mais une grande décision s’impose ; nous allons déménager et nous retrouver à la Place des Fêtes. Certaines parmi nous ont le cœur un peu serré. Cette maison est si chaleureuse, nous y ressentons et comprenons si bien, dans son vécu quotidien, ce que « savoir être » signifie ! Mais nous avons grandi et devons nous résoudre à cette nouvelle implantation !
Paris Kislev 1989 Ce soir, c’est mardi soir, et nous voilà réunies dans de prestigieux salons pour célébrer nos 20 ans. Nous sommes loin du premier cours qui rassemblait quelques dames. Et pourtant, nous en sommes si proches ! Et c’est là, le miracle ! C’est que ces mêmes Si’hot que nous entendons et parfois réentendons, ne sont jamais les mêmes. Ces lois que nous apprenons, nous n’avons jamais fini de les apprendre ! C’est cela la richesse merveilleuse de notre Torah, de l’enseignement de notre Rabbi et de la diligence de notre professeur. Car finalement, le mardi soir, pourquoi ?
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Paris - Années 80 - Mardi soir - Même endroit
LA MAISON JUIVE | Chevat 5775 | Février 2015 • N°5
On rit beaucoup, on aime se retrouver dans cette atmosphère presque familiale... et y étudier !
Parce que tout le travail des Néché ouBnot ’Habad en ces vingt années, toutes les promesses que nous avons accomplies, publiquement : notre kermesse annuelle, Maman où es-tu ? Vivre, Expo-cacher, L’anniversaire de la Rebbetsen...mais aussi, et peut-être surtout, chacune chez elle, dans l’intimité de sa famille, de sa maison et d’elle-même, toutes ces actions, c’est le mardi soir que nous avons puisé l’idée de les mener, l’envie de les mener et la possibilité de le faire. C’est au cours du mardi soir que nous est transmise toute la force que le Rabbi a diffusée pour nous, nous diffuse et nous diffusera encore. Nous fêtons nos 20 ans... Dans les Maximes de nos Pères, il est écrit que vingt ans, c’est l’âge de l’action.
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LA MAISON JUIVE | Chevat 5775 | Février 2015 • N°5
Alors, si comme nous, vous avez encore, déjà, toujours 20 ans, si vous voulez les vivre intensément, authentiquement et surtout dans l’action, venez-nous retrouver au cours du mardi soir...
Paris- Chevat 2015 (5775)
Comme le temps passe ! Et l’on ne peut retenir un (im)perceptible soupir… Oui, vingt-cinq ont passé depuis cet éditorial. Et bien des bouleversements… Nous avons du mal à reprendre notre souffle. Mais nous célébrons, ces jours-ci, le 22 Chevat, date anniversaire de la Hiloulah de la Rebbetsen ‘Haya Mouchka et aujourd’hui, plus que jamais, nous devons entendre les enseignements que le Rabbi nous donna lors du premier 22 Chevat. Nous devons honorer le Rabbi, la Rebbetsen et leurs Chlouh'im, Rav Moulé et Bassie. Et pour eux, toute marque d’honneur signifiait tout simplement que nous soyons de meilleurs Juifs, de meilleurs ‘Hassidim. Nous devons, plus que jamais, continuer le travail qu’ils nous ont permis d’accomplir et agir. Et pour nous, les femmes, chacune chez elle, dans l’intimité de sa famille, de sa maison et d’elle-même, toutes ces actions, c’est le mardi soir que nous puisons l’idée de les mener, l’envie de les mener et la possibilité de le faire. C’est au cours du mardi soir que nous est transmise toute la force que le Rabbi a diffusée pour nous, nous diffuse et nous diffusera encore. A mardi !
K. Coen
La lettre du Rabbi
Traduction libre
J
Par la grâce de D.ieu, 16 Adar II, 5714 (1954) Brooklyn, N.Y.
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LA MAISON JUIVE | Chevat 5775 | Février 2015 • N°5
Je vous bénis et vous salue Après un long silence, j’ai été heureux de recevoir votre lettre. Non que j’aie été réjoui de son contenu car j’y lis que vous vous inquiétez à propos de la santé de vos enfants et vous concluez en demandant ce que vous pouvez faire en dehors de pleurer et de vous lamenter. Tout d’abord, il faut arrêter de pleurer, etc. Lors de nombreuses occasions, mon révéré beau-père, le Rabbi (Rayats), citant les grands érudits de notre peuple appartenant aux générations précédentes, a demandé que l’on accomplisse le verset : « Servez D.ieu dans la joie ». Et le saint Zohar explique que lorsqu’une personne est joyeuse et que sa confiance est ferme, c’est également un moyen spirituel d’assurer que d’En-Haut lui soient données encore davantage de raisons d’être heureux et satisfait, à la fois en ce qui le concerne lui-même mais aussi en ce qui concerne sa famille entière. Cela s’applique tout particulièrement à votre cas puisque vos enfants ont eu la grande chance d’étudier dans une école pour laquelle mon révéré beau-père, le Rabbi (Rayats) s’est sacrifié. Ce seul
fait garantit que cela (la scolarité) est le chemin par lequel ils seront en bonne santé et heureux, à la fois matériellement et spirituellement. L’on ne doit pas exercer une pression excessive sur son mari pour déménager immédiatement. En son temps, cela viendra aussi ; il faut attendre le moment bon et propice. En ce qui concerne votre question pour savoir ce que vous pouvez faire : comme cela a été dit précédemment, vous devez apporter de la joie dans votre maison et continuer votre travail de dissémination de la Yiddichkeit (Judaïsme) parmi vos amis. Le faire hâtera l’arrivée de bénédictions et de succès croissants, dans vos problèmes personnels également. Vous trouvez jointe une copie de l’une de mes lettres publiques relatives à Pourim, que vous utiliserez, sans aucun doute, dans les activités mentionnées ci-dessus. Je vous souhaite une abondance de joie et de contentement, du na’hat (satisfaction) juif et ‘hassidique de vos enfants et que vous le receviez en bonne santé et dans la joie.
Les corrections du Rabbi
4ème partie La ronde de l’année
LA MAISON JUIVE | Chevat 5775 | Février 2015 • N°5
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Tou Bichvat
préférable de ne pas mentionner. Tous les mivtsaïm initiés par le Rabbi s’adressent à chaque Juif, sans exception, même aux enfants. Il est évident que dans le dessin
Que pouvait-il y avoir de mal dans un scenario si enthousiasmant ?
final, tous les mivtsaïm sont présents.
Seul le Rabbi pouvait le dire et il le fit !
Pourim
Tou Bichvat est le Roch Hachana des arbres. C’est pour cela que certains ont la coutume, ce jour-là, de planter des arbres. L’ébauche de couverture qui fut envoyée au Rabbi, à l’occasion du numéro de Tou Bichvat de 5745 (1985) montrait « the shpy » (un espion, personnage de bande dessinée) et ses amis participant à leur façon, et avec enthousiasme, à cette activité excitante. L’éditeur raconte : « Bien sûr, un shpy ne plante pas d’arbres ordinaires, il plante des arbres de Mitsvot… Que sont ces arbres ? Il y en a un pour allumer les bougies de Chabbat, un pour l’étude de la Torah, un pour la Mezouzah et pour les Tefilines, la Cacherout, la Tsedakah, les paroles vraies et le plus important de tous : les actes de bonté. Presque tous les Dix Mivtsaïm relatifs aux enfants ont été accrochés aux arbres, outre d’autres idées éducatives pour eux.
חלק מהמבצעים הוכפל !בשעה אשר חלק מהמבצעים הושמט « Une partie des Mivtsaïm a été répétée alors qu’une partie des Mivtsaïm a été (totalement) omise ». La lecture de la réponse du Rabbi montre que le seul mivtsa manquant dans le dessin original est taharat hamichpa’ha (la pureté familiale) ce qui, à notre humble avis, n’était pas approprié pour les enfants. Cependant, le Rabbi exprima clairement qu’il ne nous revenait pas de décider quel mivtsa s’adressait à qui et celui qu’il était
Concernant Pourim, nous avons publié, dans les précédents numéros, les corrections du Rabbi sur ces parutions.
Pessa’h
La scène représente Pessa’h, en 2448, en Egypte. La couverture devait être datée : Pessa’h 5750. C’était une bonne idée. Mais pas assez bonne ! Elle représentait l’agneau que l’on devait garder quatre jours à la maison, le nettoyage de toute trace de levain et la recherche du ‘hamets.
Quelqu’un mettait le sang du Korban Pessa’h sur le linteau des portes alors que les pyramides égyptiennes contemplaient la scène avec étonnement… Peut-être que le tableau sur le mur était sensé représenter leur Maître et leader, Moché Rabbénou. En bref, toutes les Mitsvot significatives de cette époque étaient présentes et on n’avait pas oublié de représenter un garçon et une fille.
L’aboutissement fut de se concentrer sur l’une des suggestions du Rabbi : la préparation du ‘harossète, sans omettre la Matsah Chmourah, faite à la main (et également la maman préparant les œufs pour le Séder, souvenir actualisé des sacrifices apportés dans le Temple à Pessa’h, auxquels l’enfant peut s’identifier).
Que pouvait-il y avoir d’erroné ? L'amorce fut envoyée au Rabbi qui la renvoya avec le commentaire suivant :
« Il faudrait voir s’il est intéressant que la couverture (le dessin) soit uniquement (consacrée à) une idée relative au Beth Hamikdach ou (peutêtre) choisir parmi les nombreuses idées relatives à la fête de Pessa’h, (comme) la Matsah ou le Biour ‘Hamets ou (la préparation du) ‘harossète, de la Matsah, etc. ». Le Rabbi fait apparemment référence au problème suivant : quand un enfant voit le dessin, il réfléchit à la manière dont lui peut le traduire dans sa propre vie. Un dessin de la cérémonie du Korban Pessa’h peut, au meilleur des cas, être associé à quelque chose que l’on pratiquait dans le Temple et non à quelque chose qu’il peut retraduire en action dans sa propre vie. C’est pourquoi le Rabbi suggère qu’il faudrait revoir si c’est une bonne idée ou s’il ne serait peut-être pas préférable de choisir un sujet que l’enfant pourra traduire et accomplir dans sa propre vie et dans sa propre maison. Des exemples de telles idées, dit le Rabbi, ne sont pas rares dans les trésors de Pessa’h.
Chavouot
Ce qui suit est une réponse caractéristique du Rabbi, datant des premières années du magazine, quand les éditeurs n’avaient pas encore appris toutes les règles et les lignes directives que le Rabbi allait donner au fil du temps. Il s’agit du dessin de la couverture de Chavouot 5743 (1983), comportant un garçon et une fille qui s’avancent pour embrasser le Séfer Torah, conduit du Arone Hakodèch vers la Bimah, pour la lecture des Dix Commandements. Il n’y a en fait rien de
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LA MAISON JUIVE | Chevat 5775 | Février 2015 • N°5
.צ״ע אם כדאי השער (רק) ענין שצ״ל בביהמ״ק :או מריבוי הענינים דחה״פ לבחור . מצה וכו׳,מצה או ביעור חמץ או חרוסת
mal avec ce dessin, si ce n’est que quelque chose aurait pu ajouter un autre message important. La réponse du Rabbi fut la suivante :
כדאי לנצל ציור המענטעלע .לציור לוחות מרובעות
La couverture suivante devait servir au magazine Sivan-Tammouz de l’été 5745 (1985). Puisqu’on ne serait pas prêt à temps pour Chavouot, il fut décidé de préparer un numéro d’été, avec une couverture représentant les enfants partant au camp.
Apparemment, Chavouot étant le moment où nous célébrons la Torah, et tout particulièrement les Dix Commandements qui étaient sur les Lou’hot, il aurait été approprié de profiter de cette occasion pour enseigner aux enfants que les Lou’hot étaient carrées (et non arrondies comme elles apparaissent dans de nombreux endroits). C’est ainsi que des Tables carrées furent ajoutées sur le manteau. On allait également utiliser cette leçon dans l’avenir.
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LA MAISON JUIVE | Chevat 5775 | Février 2015 • N°5
« Il serait adéquat de tirer profit du dessin (déjà existant) du manteau (qui couvre le Séfer Torah) pour (ajouter dessus) un dessin des Lou’hot carrées ».
Chavouot / Été
Les cars se remplissent, l’un en direction du camp des filles, l’autre du camp des garçons. Les chauffeurs chargent les bagages. Papa rappelle à sa fille d’envoyer des lettres et Maman rappelle à son fils de se brosser les dents… La leçon pour les enfants concerne l’importance de se rendre dans un camp de vacances juif, dans un environnement de Torah.
De façon assez surprenante, la réponse du Rabbi fut (comme dans la réponse précédente) d’ajouter un dessin des Lou’hot carrées.
? באמצע.כדאי להוסיף ב׳ הלוחות מרובעות
Les Lou’hot furent ajoutées dans le ciel et peintes dans une couleur différente. Cela ajouta une dimension tout à fait nouvelle et totalement inattendue à l’image qui parut finalement sur la couverture.
Outre la leçon évidente : mettre l’accent sur les Lou’hot carrées chaque fois que c’est possible, le Rabbi veut rappeler aux enfants que le message de Chavouot doit aussi être emporté au camp. La manière la plus appropriée pour le faire est d’ajouter un dessin des Lou’hot et ces Lou’hot seront évidemment… carrées ! Suite et fin dans le prochain numéro : le Rabbi et les bandes dessinées.
LA MAISON JUIVE | Chevat 5775 | Février 2015 • N°5
« Il serait adéquat d’ajouter (un dessin de) deux Lou’hot carrées », avec un ajout : « (peut-être) au milieu ? » (Note : la réponse avait été copiée par un secrétaire et agrafée au dessin, puis rapportée au Rabbi qui l’avait annotée d’une coche d’approbation).
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COURS DE ‘HO’HMAT NACHIM Le mardi de 14 heures à 16h30 8, rue Lamartine - Paris 9ème Le mercredi à partir de 10h, journées d’étude 49, rue Petit - Paris 19ème Il existe de nombreux autres cours. Se renseigner au Beth Loubavitch : Tél. : 01 45 26 87 60
Extraits de Si'hot du Rabbi
La beauté du grand âge
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LA MAISON JUIVE | Chevat 5775 | Février 2015 • N°5
L’essai qui suit s’appuie sur les paroles qu’a prononcées le Rabbi lors de quatre Farbrengen (Chabbat Parachat Ekèv, Motsahé Chabbat Ekèv, Chabbat Parachat Reéh, Roch ‘Hodèch Eloul). Le fait que le Rabbi ait jugé nécessaire de développer longuement ce sujet, lors de quatre occasions, montre le sérieux du problème et l’importance de le résoudre. Nous vous en présentons quelques extraits dont l’actualité se fait encore ressentir.
D
ans les décades récentes, une tendance s’est développée qui considère l’âge avancé comme un sérieux handicap. Celui qui dépasse la cinquantaine a toutes les chances pour passer pour « un peu dépassé » et famille et amis lui expliquent qu’il n’est plus aussi jeune et qu’il devrait commencer à lâcher un peu de lest dans ses activités. Bientôt, l’homme vieillissant commence à entendre de subtiles allusions au fait qu’il devrait maintenant considérer une retraite honorable, avant qu’on ne l’y oblige. Et cela est surtout vrai quand il est talonné par un homme plus jeune et ambitieux, prêt à l’aider à quitter son poste et à susurrer au directeur que l’homme plus âgé n’est plus vraiment en phase avec la réalité. Un homme plus jeune est jugé plus capable et meilleur marché, puisqu’il commence à un salaire inférieur. Si l’homme plus âgé doit rester, on lui fera la faveur de lui donner un poste moins important dans la société, lui demandant occasionnellement son avis, sans, bien entendu, en tenir compte. Quand vient enfin l’âge de la retraite, il en est arrivé à accepter le statut de « seconde classe » comme un fait accompli de sa vie. La perspective commune selon laquelle les personnes âgées sont incompétentes et inutiles l’a influencé au point qu’il se sent comme une charge importune pour ceux qui l’entourent. Cela a un effet psychologique
néfaste, il en devient déprimé. Et tout cela affecte son état physique. On ne tarde pas à l’envoyer dans une maison de retraite et ses enfants lui font la faveur de le sortir une demi-heure au golfe ou à la mer. Ils lui rappellent constamment, bien sûr, tous les frais qu’ils assument pour lui. Une fois par an, vient la Fête des Pères et après avoir envoyé sa secrétaire acheter une cravate chic, le fils fait un saut rapide à la maison de retraite pour offrir son cadeau à son père : « Tu vois, Papa, je ne t’ai pas oublié ! ». Après avoir passé une demi-heure de son précieux temps, il se rue à son bureau où il se remet à ses affaires, en toute bonne conscience, jusqu’à l’année suivante où il rachètera une cravate avec des dessins encore plus chics. Cette attitude est même justifiée, au nom du progrès. La technologie progresse, l’automatisation réduit le besoin de salariés dans de nombreux domaines et certains se retrouvent sans tâche et doivent quitter leur emploi. Quoi de mieux que de se séparer de ceux qui sont les plus proches de l’âge de la retraite, leur donnant l’avantage d’une vie plus facile, encore plus tôt. La triste vérité est le fait que la société tourne ainsi le dos à la quantité exceptionnelle d’expérience que possèdent ces gens plus âgés. Ils ont traversé de nombreuses épreuves et tribulations, ils ont appris la manière de gérer les plus grandes difficultés de la vie et peuvent être la source de conseils d’une sagesse inestimable pour les jeunes qui justement manquent de cette expérience. Cela est vrai dans la famille et dans la communauté ; cela est aussi vrai dans le commerce et l’industrie. L’homme plus âgé a appris de la manière dure : il a construit son entreprise, il a développé de nouvelles méthodes, il a appris de ses erreurs comment les choses doivent se faire.
Mais au lieu d’utiliser au maximum cette compétence précieuse, au lieu de montrer de la gratitude pour les années de fidèles et loyaux services à la société ou de l’employer à la formation des plus jeunes (peut-être même ses fils et ses neveux) et à leur montrer les ficelles du métier, la société emprunte l’attitude fallacieuse de le remplacer par quelqu’un de plus jeune, souvent inaccoutumé aux principes les plus basiques de l ‘emploi. La qualité est sacrifiée au douteux avantage de la jeunesse. Les retraités, dont le nombre grandit, l’espérance de vie s’accroissant, finissent par adhérer à la conception sociétale selon laquelle ils n’ont plus de rôle à jouer et ne servent à rien, tout particulièrement si on les a forcés à laisser leur place aux plus jeunes. S’ils n’intègrent pas des maisons de retraite, ils errent, d’un repas à l’autre, partagés entre les activités du club du quatrième âge et quelques courses ou encore le tour du pâté de maisons. En tout état de cause, ils sont souvent perdus, ne sachant pas que faire d’eux-mêmes.
Il est immensément désolant que cette attitude se soit gravée dans la mentalité du pays. Toutes les strates de la société, y compris le gouvernement du pays, pourraient infiniment bénéficier de l’expertise et de l’expérience collective de ces personnes plus âgées. Peutêtre pourrait-on les soulager d’une partie du poids de leur tâche, leurs forces et leur santé étant parfois défaillantes. Mais les abstraire totalement de la vie active est à la fois cruel à leur égard et irréfléchi pour la société. Il serait bon de conseiller aux hommes plus jeunes qui partagent ce point de vue d’en considérer les conséquences probables. Au siècle présent, des courants, tout particulièrement indésirables, tendent à gagner de plus en plus de temps, comme l’atteste le fait que des travaux, qui demandaient des jours et des années , peuvent être accomplis maintenant en une fraction de ce temps. Cela laisse fortement présumer que ceux qui sont aujourd’hui jeunes seront très vite qualifiés de « vieux » par la nouvelle génération, au moins dix ans plus tôt que l’âge de leurs prédécesseurs qu’ils qualifient aujourd’hui comme « âgés » ! En fait, il y est fait allusion dans le Cinquième Commandement : « Honore ton père et la mère afin que tes jours se prolongent sur la terre que D.ieu te donne ». Si tu veux que tes propres jours se prolongent, dans une contribution à la société honorée et respectée, il te faut, dès lors, honorer et respecter tes propres aînés dès à présent.
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Un tel précieux bagage de connaissances ne s’acquière qu’au fil des années. Voici un homme bien qualifié pour former et conseiller ses jeunes collègues, qui a souvent été confronté aux mêmes problèmes qu‘eux rencontrent, et qui sait comment tirer au mieux profit de la situation. En recherchant ses conseils, ils peuvent éviter de commettre bien des erreurs.
LA MAISON JUIVE | Chevat 5775 | Février 2015 • N°5
Le Rabbi et Zalman Shazar
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LA MAISON JUIVE | Chevat 5775 | Février 2015 • N°5
Le fait que l’un des Dix Commandements qui furent donnés au Peuple Juif, au Mont Sinaï et gravés sur les deux Tables de pierre, enjoigne le respect aux personnes plus âgées, atteste de son importance dans la Torah. Son point de vue est totalement contraire à celui que préconise la société moderne. La longévité et le grand âge y sont considérés comme l’une des plus grandes bénédictions possibles. « De nombreuses années conduisent à la sagesse » (Job 32 :7) indique le verset biblique. « Plus les érudits vieillissent, plus leur esprit se stabilise » dit le Talmud (Kinim : fin). Les membres du Sanhédrin (Cour Suprême Juive et corps
La longévité et le grand âge y sont considérés comme l’une des plus grandes bénédictions possibles gouvernemental aux époques biblique et mishnaïque) devaient généralement avoir plus de soixante-dix ans. La Torah (Choul’han Arou’h, Yoréh Déah 244 :1) nous enjoint de nous lever devant les personnes âgées de soixante-dix ans et plus, même si elles ne sont pas érudites en Torah, par respect pour « les épreuves er les tribulations qu’elles ont traversées » (Talmud Kidouchin 33a). Le concept de la retraite n’existe tout simplement pas dans la Torah. Depuis sa naissance jusqu’à son tout dernier moment, le Juif est constamment enrôlé dans « les armées
de D.ieu », car il est « créé pour servir Son Maître » et ne peut démissionner. Bien au contraire, les dernières années de la vie, libérée des pressions de pourvoir aux besoins d’une famille grandissante, libérée de l’animation et de l’agitation du monde du travail, se présente pour la personne « plus âgée » l’opportunité d’intensifier son étude de la Torah. C’est le moment opportun pour rattraper les plus jeunes années. Celui qui doit prendre sa retraite ne doit pas se laisser aller au ressentiment mais réfléchir à la véritable raison de sa nouvelle situation. Les raisons de son employeur ne sont pas importantes. Il ne fait aucun doute que le Créateur Qui guide et contrôle le monde l’a placé dans une situation où davantage de loisirs peuvent être exploités dans toute leur mesure. Quand il était dans le monde de la compétition féroce, les choses ne se passaient pas toujours de la façon la plus morale. Il était constamment assujetti à la tentation d’empiéter sur le domaine d’autrui, de médire, de se comporter malhonnêtement et de perpétrer d’autres méfaits énumérés dans les lois civiles juives (‘Hochen Michpat - Section IV du Choul’han Arou’h). Désormais, au lieu d’alourdir son esprit à surveiller ses subordonnés ou à flatter son directeur, au lieu de concentrer toutes ses forces cérébrales à savoir comment gagner plus d’argent, ou garder sa société à flots sur des bases non existantes, il peut à coup sûr être son propre patron et consacrer plusieurs heures par jour à l’étude de la Torah. Par chance il est toujours en bonne santé et il constatera certainement que son esprit s’est aiguisé au fil des années et qu’il comprend les sujets bien mieux que ne le ferait un jeune. Pour faciliter l’étude de la Torah chez les plus âgés, ce serait une bonne idée de créer un cadre adéquat en établissant des groupes d’étude spécifiques, à des heures fixes où les personnes âgées peuvent étudier en compagnie de gens du même âge. Les sujets d’étude devraient être choisis en consultant les participant et selon leurs niveaux de connaissance. Il faudrait également inclure l’étude de
Pour encourager une fréquentation régulière de plus en plus importante, une indemnité hebdomadaire ou mensuelle pourrait être allouée. Cela susciterait chez les participants une plus grande responsabilité. Mais encore une fois, cela n’est pas essentiel mais dépend des conditions locales et de ce qui est le plus approprié pour obtenir les meilleurs résultats.
Des groupes similaires devraient être créés pour les femmes, non dénommés Kolel mais portant le nom de Tiférèt ‘Ho’hmat Nachim (la beauté de la sagesse des femmes). Bien que l’obligation de l’étude de la Torah pour les femmes ne se formule pas dans les mêmes termes que pour les hommes, le temps présent est particulièrement adéquat pour qu’elles s’y adonnent. Les femmes possèdent, de façon bien plus développée que les hommes, des qualités de bienveillance, de gentillesse et de compassion. Elles sont particulièrement douées pour influencer d’autres femmes, y compris de plus jeunes, voire des jeunes filles, à se rapprocher de la Torah et des Mitsvot. Elles devraient étudier tout particulièrement les lois plus spécifiques aux femmes, la Cacherout et Taharat Hamichpa’hah et également la Parachah de la semaine et les principes fondamentaux du Judaïsme. Alors, outre leurs qualités innées mentionnées, elles seront également enrichies de la richesse des explications de la Torah, ce qui donnera une plus grande force à leurs arguments. Elles pourront alors utiliser ces connaissances pour aider leurs interlocutrices à fonder leurs foyers sur les bases du Judaïsme, de la Torah et d’éviter les pratiques qui vont à l’encontre de cet esprit. Elles pourront également encourager leurs enfants et leurs petits enfants à donner à leurs propres enfants une éducation juive, et même les aider à éviter de possibles mariages mixtes. Réaliser cette proposition contribuera considérablement à soulager les personnes plus âgées de leur sentiment d’infériorité. Au lieu de se désespérer de leur « triste » sort, elles auront le choix de transformer réellement leurs années tardives en « âge d’or », les remplissant de contenu de Torah, de développer leurs sentiments et leurs besoins de bonté et de charité à l’égard d’autrui et particulièrement d’étude de la Torah. Et la Torah possède
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Il serait également conseillé de donner à ces groupes d’étude un nom attrayant pour encourager les gens à les rejoindre. « Kolel » pourrait être un nom convenable puisqu’on le donne maintenant aux établissements d’étude pour les jeunes-mariés. Ces groupes pourraient aussi recevoir le nom supplémentaire de Tiférèt Zekénim, « la beauté des gens âgés », en rappel de Tiférèt Ba‘hourim, groupes institués dans la Russie Soviétique avec l’aide du Rabbi précédent, dans les années 20, pour permettre à ceux qui ne pouvaient s’inscrire dans les yechivot clandestines de continuer leur étude de la Torah, à temps partiel. De plus, puisque cette proposition a été émise le 20 Av, date anniversaire de la disparition (en 1944) de Rabbi Lévi Yits’hak Schneerson (Rav de Yekatrinoslav, Ukraine, jusqu’en 1939), qui courageusement consacra sa vie, bravant d’immenses difficultés et dangers, aux progrès dans l’étude de la Torah pour les hommes de tous âges, y compris les plus âgés, il n’y aurait rien de plus juste que de rajouter aussi son nom : Kolel Tiférèt Zekénim Lévi Yist’hak. Cependant, puisque le but ultime ce cette proposition est d’accroître l’étude de la Torah, le nom n’a pas une importance primordiale.
Les maisons de retraite où le personnel cherche désespérément de nouveaux moyens pour occuper les personnes âgées et leur apporter du bonheur sont des lieux tout particulièrement adéquats pour y introduire ces groupes d’étude de la Torah.
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la Parachah de la semaine ce qui aurait pour effet d’unir de tels groupes à travers le monde entier. Les groupes se rassembleraient avant ou après l’une des trois prières quotidiennes et une boite de Tsedakah serait placée sur la table, au moment de l’étude (et, ce qui serait encore mieux, on devrait fonder un fonds de prêt, en conjonction avec le groupe d’étude). Ainsi, tous les groupes seraient unis dans une communauté mondiale basée sur les trois piliers sur lesquels tient le monde : Torah, Avodah (la prière) et Gemilout ‘Hassadim (les actes de bienfaisance).
la qualité unique qu’une fois qu’on s’y plonge, on en arrive à apprécier véritablement sa profondeur et à aimer l’étudier.
Nos Sages nous disent (Yalkout Chimoni, E’hah 1034) que lorsqu’un homme étudie la Torah, D.ieu Lui-même, Celui Qui nous a donné la Torah, lui fait face et répète le même passage de Torah que lui. Et quand la Torah fut donnée au Mont Sinaï, le Midrach nous indique que D.ieu apparut au Peuple Juif comme « un bon patriarche à la barbe blanche, plein de miséricorde ». Une personne âgée invitée à se joindre à l’un de ces groupes d’étude de la Torah verra que
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Un homme plus âgé peut être un membre respecté de la communauté, étudiant la Torah sur une base quotidienne avec des amis du même âge et se délectant de chaque minute qu’il y consacre. Il prend alors assez d’assurance pour apporter de l’aide à un homme plus jeune et, lui tapotant gentiment dans le dos, lui expliquant comment lui-même est passé par des difficultés semblables et a appris à ne pas désespérer. Il peut, par la même occasion, lui rapportant quelques paroles de nos Sages ou
et bien malgré elles, l’attitude « myope » de la société moderne les déconsidère.
une histoire issue du Talmud ou du Midrach et l’encourager à avoir une attitude optimiste. Il se sentira certainement mieux dans ce rôle que lorsqu’il était complètement immergé dans le monde du travail et n’avait pas une minute à consacrer à autrui. Le point essentiel à retenir dans tout cela est la nécessité d’intensifier l’étude de la Torah parmi tous les Juifs, et tout particulièrement les plus âgés d’entre nous. Nous devons également adopter une nouvelle attitude à l’égard des personnes âgées car, depuis trop longtemps
D.ieu se trouve face à elle, répétant les mêmes paroles qu’elle-même prononce ou entend et que D.ieu est également « l’Aïeul des jours », partageant avec elle l’attribut du grand âge dont Il est digne. Qu’eux aussi puissent réaliser combien le grand âge est digne et respectable. Nos Rabbins traduisent le mot zaken, « vieux » ainsi : zéh chékanah ‘ho’mah, « celui qui a acquis la sagesse » en étudiant et en faisant sienne sa sagesse, l’utilisant pour améliorer sa vie et la vie de ceux qui l’entourent.
Il eut alors une remarque qui m’apporta de nouvelles perspectives. - Sais-tu, me demanda-t-il, comment on dit « aller à la retraite » en anglais ? (Il vit
aux Etats-Unis). Retiring ! Et tu sais ce que veut dire tyre (même prononciation)? « Un pneu ». Alors Maman, la retraite, retiring, ça veut dire qu’on regonfle les pneus ! Peu de temps après, je lus le récit d’un entretien avec le Rabbi qui apportait un éclairage plus profond mais dans le même ordre d’idées. Une famille entière était en audience privée avec le Rabbi, en l’honneur de la Bar Mitsvah de l’un des enfants. L’entretien s’achevait quand le Rabbi surprit la maman en s’adressant à elle et lui deman-
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A
la veille de ma retraite, j’exprimai à mon fils le sentiment quelque peu angoissé qui m’habitait à l’idée de mettre fin à une activité extrêmement remplie et qui forcément devait être réglée comme du papier à musique. J’avais peur de cet emploi du temps forcément plus libre et plus souple qui m’attendait…
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Retraitée ou « re-traiter »
da des nouvelles de son oncle, Rav Note Zuber de Roselie, New Jersey.
les mesures adéquates. Mais la retraite, jamais !
Ecoutons-la :
Le Rabbi suggéra plusieurs options pour mon oncle mais il mit l’accent sur le fait qu’il était capital de trouver des opportunités où il pourrait utiliser ses talents et ses aptitudes pour apporter sa contribution au monde du Judaïsme… »
« Je répondis en disant que, grâce à D.ieu, il allait bien et venait de prendre sa retraite. Le Rabbi secoua la tête et dit :
Je pensai niaisement que le Rabbi demandait une explication et je commençai à raconter que sa communauté s’était amoindrie, les membres vieillissant, et qu’il ne restait que peu de fidèles. Le Rabbi répondit qu’alors qu’il n’existe rien de tel que la retraite. Dans la vie, il peut arriver que certains changements soient nécessaires et qu’il faille prendre
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-La retraite ? Qu’est-ce que cela veut dire ?
Le bateau mouche d'Amsterdam
Le Rabbi était le maître dans l’optimisation de chaque jour, dans ses moindres aspects. Il initia constamment de nouveaux projets, de nouvelles activités. Et c’est dans la dernière période de sa vie qu’il suscita les plus grandes expansions du monde ‘Habad. Alors, la retraite ? Jamais !
- Bonsoir Maman. S’il te plait, je peux compter sur toi, demain après-midi, pour garder les enfants?
Touche pas à mon après-midi du Mardi !
- Mais enfin ma chérie, pas le mardi après midi ! Tu sais bien que j’ai rendez-vous avec mon cours et mes copines ! Vous connaissez la fameuse devise : « Quand je serai à la retraite… » ? Hé bien, nous y sommes ! Alors pas question de reculer encore l’échéance ! Tâchons d’être des Séniors qui ne s’ignorent plus. Pour apprendre, que ce soit par les livres en français, par internet ou par des cours, on ne peut plus dire qu’on est pris de court ! Madeleine qui vient au cours depuis des années me répète souvent : « Il n’y a que les vacances scolaires de mes petits enfants qui peuvent me faire rater le cours. » Mardi : 13h45, dans les couloirs du Beth Loubavitch Lamartine : une dizaine de dames attendent déjà avec impatience que la salle de prière se libère de ces messieurs. C’est la même chose pour la salle de l’entresol où ces messieurs déjeunent.
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Lundi soir, le téléphone retentit chez Malka.
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Venise, Pont des Soupirs
Il y a Rachel, qui s’est vexée quand je lui ai proposé de rejoindre le cours inférieur, pour qu’elle soit plus à son aise. Mais pensez-vous ! Rachel n’est pas d’accord : - A mon âge, de toutes façons, tu crois que je vais tout retenir ? Alors, je veux rester dans ce cours pour écouter la Parachah ! »
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Amsterdam - Moulin à vent de Haarlem Yaël rouspète auprès d’Ali : - S’il vous plait, essayez de préparer la salle à l’heure, on perd toujours 10 minutes ! ». Au premier étage, la bande de Nicole est déjà à l’œuvre depuis 13 heures, pour réviser son cours d’Ivrit. D’ailleurs les trois salles du haut sont littéralement investies par ces dames, donc, messieurs n’essayez pas de trouver une salle libre. Le mardi après midi à Lamartine se conjugue au féminin. Les messieurs c’est dans la cour. Car bruyantes, certes nous le sommes, au point que l’on ne doit pas trop nous languir le reste de la semaine ! Qu’est-ce donc qui fait courir ces dames ? - Léa : « Je voulais apprendre à lire et suivre la prière à la synagogue. » A 70 ans et pourquoi pas ! H. a perdu son mari cette année. Bien sûr, elle a ses enfants mariés, mais comment combler ses moments libres ? Aussi ce lien avec l’étude, l’Ivrit ou la Parachah, lui met-il un peu de baume au cœur et lui permet de se lier à d’autres dames.
Les quatre niveaux proposent l’apprentissage de la lecture, un cours d’Ivrit sur texte, des commentaires de la Parachah sur texte. Ils sont assidument fréquentés par 60 à 80 dames, de tous horizons, chaque mardi de 14h à 16h. Suit alors un goûter accompagné d’un commentaire oral de la Parachah ou d’une histoire, sans oublier la prière de Min’ha pour celles qui le désirent. Pourim et ‘Hanouccah, pas question de les célébrer sobrement. Les salons ‘Haya Mouchka accueillent chaque année 120 à 150 dames, pour un repas traiteur avec animation et jeux. Lag Baomer nous suivons les enfants au bois. Dans notre troupe, il n’y a pas de jambe de bois ! On a même osé la Mer des Sables avant Pourim. Et même que Rachel a raté la marche du train des Apaches et que Malka nous a entraînées dans le bateau pirate ! Et comme le mardi après midi ne nous suffit pas toujours, deux fois dans l’année, il nous vient comme une idée d’évasion de trois jours dans différentes communautés juives européennes, où nous renforçons nos liens d’amitié, mais aussi nos liens avec nos valeurs juives. L’âme des Juniors, c’est sûr qu’ils l’ont ces Séniors !
Au cours mois d’Adar 5744 (1984), le Chalia’h Rav Shmouel Azimov a rencontré l’éditeur du Kfar ‘Habad, magazine ‘habad israëlien, le Rav Aharon Dov Halperin, et lui a accordé, en exclusivité, sa première et unique interview. On peut y découvrir la promesse qu’il a reçue du Rabbi quand il l’a nommé Chalia’h, les directives données par le Rabbi en Ye’hidout, la Chitah (approche), qui a fait ses preuves envers et contre tout et ses conseils essentiels pour tous les Chlou’him qui veulent s’inspirer de sa réussite. Quand vous aurez fini de lire cette interview, multipliez le tout par les 30 années qui ont passé depuis. Pour Kfar ‘Habad par Aharon Dov Halperin
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Rav Moulé
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ous le voyez, entouré de centaines de jeunes qui ne le lâchent pas des yeux, ne seraitce que pour une seconde, qui écoutent avec attention afin de ne pas perdre un seul de ses mots, et vous êtes là, à vous demander quelle est la force de cet homme qui murmure d’une voix à peine audible. Quel est le secret de ce Machpia qui a réussi à faire des merveilles et à rapprocher de la religion des milliers de Juifs à Paris ? Ici, chez le Rabbi Chlita, il est comme tout un chacun, bousculé dans la masse, avec l’humilité et l’effacement d’un ‘Hassid. Il ne viendrait pas à l’esprit d’un observateur extérieur que ce ‘Hassid modeste et timide, est le maître et Rav de la communauté de Baalé Techouva la plus importante du monde entier. Même en discutant avec lui à propos des milliers de personnes qu’il a rapprochées et des centaines de familles qui, avec leurs enfants, constituent une nouvelle génération de ‘Hassidim intègres et dynamiques, il en refuse la responsabilité, dans la plus grande simplicité. Il n’est en fin de compte que l’intermédiaire accomplissant la Chli’hout de son Rabbi. Dans la communauté Loubavitch, ce groupe de milliers de Baalé Techouva de France, composé de jeunes, de vieux, de scientifiques et de hauts fonctionnaires, se fait remarquer par l’incroyable attachement au Rabbi dont ils font preuve et qui s’exprime de différentes manières. Le Machpia qui a réussi ce miracle et a établi une génération de Baalé Techouva, en particulier dans le pays de l’hérésie et de la permissivité, est le Rav Shmouel Azimov, directeur de la jeunesse Loubavitch à Paris. Ici, au 770, quelques heures avant son départ pour Paris, nous avons parlé des
milliers de gens qu’il a ramenés à la Torah et aux Mitsvot, afin de découvrir l’histoire de ce courant de Techouva à Paris.
Une réussite démesurée Avant d’entrer dans le vif du sujet, le retour à la Techouva en France, exposeznous, dans les grandes lignes, le contexte général du Judaïsme en France, sa taille, sa population… En France vivent sept cent mille juifs. Quatre cent mille d’entre eux habitent Paris et sa banlieue. Un grand pourcentage vient d’Afrique du Nord. Les Juifs du Maroc sont arrivés en France pour la grande majorité en 5715 (1955), après la révolution. Les juifs d’Algérie sont arrivés en 5722 (1962), lorsque l’Algérie est devenue un pays indépendant et les Juifs de Tunisie en 5730-32 (1970-1972). Il y a bien sûr en plus de cela de nombreux Juifs Ashkénazes, en partie nés en France ou qui ont émigré de Pologne, Hongrie, Roumanie etc. avant et après la guerre. Quand est-ce que ‘Habad a commencé à agir en France ? Les ‘Hassidim ‘Habad sont venus après la deuxième guerre mondiale, en 5707 (1947). Immédiatement, ils ont fondé la Yechiva Tom’hei Tmimim et l’école pour filles Beth Rivkah. A cette même époque, des jeunes venaient du Maroc pour étudier à la Yechiva quelques années, absorber un bagage spirituel ‘hassidique puis retourner étudier au Maroc. A cette période, vous n’étiez évidemment qu’un enfant. Quand avez-vous commencé à agir en tant que directeur de la Jeunesse Loubavitch à Paris ? Aux alentours de 5726 (1966). Quelques années plus tôt, en 5724 (1964), un groupe de Ba’hourim avait été envoyé et ils appor-
« J’ai envoyé un groupe d’élèves à Paris et ils y sont depuis environ six mois. Ils ont commencé à diffuser la ‘Hassidout dans leur entourage. Il faut continuer dans cette voie et enseigner la ‘Hassidout même si les Ba’hourim habitant sur place sont jeunes. »
« Que tu aies une grande réussite et l’explication d’une grande réussite, c’est une réussite démesurée ». Et en effet, la réussite que l’on voit est au dessus de toute mesure et tout cela est du uniquement aux forces du Rabbi Chlita. Il n’y a aucune autre explication possible. Comment cette « révolution » a-t-elle été concrètement menée? Quelles ont été les étapes pratiques qui vous ont mené à une telle réussite ? Nous avons commencé par rapprocher les
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tèrent beaucoup d’énergie dans les activités de la Jeunesse Loubavitch. Au même moment, le Rabbi Chlita a convoqué le Rav Bentsion Shemtov (qui plus tard deviendra mon beau père) et il a passé quatre heures en Ye'hidout avec lui. Le Rabbi a parlé avec lui de la situation dans le monde et lui a dit, entre autre :
Comme on le sait, ‘Habad agit dans tout le monde entier et a réussi à réaliser de grandes choses. Mais malgré cela, on ne se trompe pas en disant que ce qui a été fait en France ne se compare à nulle part ailleurs sur terre. Quel est le secret de cette réussite ? Comment est-ce justement en France, au pays de l’hérésie et de la permissivité que vous avez mis en place un courant de Techouva sans précédent ?
La seule explication à cette réussite, c’est la force du Rabbi Chlita. Quand j’étais en Ye'hidout, en tant que Ba’hour, le Rabbi m’a dit : « Continue à apprendre Niglé (Guemara et Hala’ha), ‘Hassidout et Yirat Chamayim avec les Ba’hourim». Il était six heures du matin et je me souviens comment le Rabbi Chlita m’a alors dit avec émotion :
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Nous étions alors trois Ba’hourim et nous avons commencé à chercher des jeunes pour étudier avec eux. Ce sont les premiers jeunes qui se sont rapprochés du Judaïsme et de la ‘Hassidout et qui ont eux-mêmes incité des jeunes des universités à aller étudier à la Yechiva.
premiers qui ont rapprochés, à leur tour, d’autres jeunes. Le premier à ramené le deuxième, le deuxième a ramené le troisième et ainsi de suite. Il y a encore un détail important : quand les premiers jeunes se sont rapprochés, certains ont continué leurs études ou tâches académiques, et cela a brisé la glace chez de nombreux jeunes qui voyaient que tel grand scientifique n’était aucunement gêné d’être un Juif religieux et un ‘Hassid qui craint D.ieu.
Avant cela, les Juifs de France pensaient qu’il n’y avait aucune possibilité d’être un scientifique, ou autre, tout en étant un Juif religieux et plus particulièrement un ‘Hassid.
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A quel degré s’expriment la judaïté et le ‘Hassidisme de ceux qui ont continué leurs études et leurs occupations précédentes, même après s’être rapprochés de la Torah et des Mitsvot? De la manière la plus parfaite qui soit. Et là aussi on voit que c'est grâce à la
force du Rabbi Chlita qui « prend sur ses épaules ». Le Rabbi Chlita m’a dit plusieurs fois en Ye'hidout que c’est ainsi qu’il fallait procéder avec les jeunes afin qu’ils puissent eux-mêmes influencer les autres. Et tandis qu’un jeune ou un scientifique qui est à l’université se sera rapproché grâce à nous, il se transformera rapidement lui-même en Machpia et organisera des cours à l’université qu’il animera lui-même. Grâce à tout cela, nous avons aujourd’hui plus de cinquante cours de Torah et de
‘Hassidout quotidiens dans les universités. Ces cours sont donnés par les Ba’hourim qui eux-mêmes ont fait Techouva. Et ces cours de ‘Hassidout sont ceux qui font réussir cette révolution et conduisent les gens à observer la Torah et les Mitsvot ? Oui, et avec une réussite surnaturelle. Je me souviens avoir été invité, il y a une quinzaine d’années, à faire une conférence sur des sujets de religion devant un groupe de jeunes Juifs du mouvement « Kadima » qui étaient tellement éloignés qu’ils mangeaient toujours du ‘Hamets à Pessa’h. Au final, je n’ai dit que quelques mots. Quatre des jeunes se sont directement transformés, ont commencé à venir aux cours de ‘Hassidout et en très peu de temps sont devenus des Juifs religieux et des ‘Hassidim intègres. L’un d’entre eux, par exemple, est un docteur en mathématiques connu et a lui même déjà rapproché de nombreux Juifs. Tout cela grâce au Rabbi Chlita. Est-ce que cela a suffi à ces jeunes pour acquérir assez de connaissances afin de donner eux-mêmes des cours ? Une des choses importantes sur lesquelles nous avons mis l’accent, en suivant les directives du Rabbi Chlita, c'est une étude approfondie et structurée. Nous avons investi beaucoup de forces pour que l’étude soit approfondie et qu’en un temps record, ils puissent enseigner à leur tour. De l’étude de la Guemara nous sommes passés directement au Tossfot et ensuite aux Mefarchim et l’essentiel portait toujours sur la structure et la régularité. Par exemple le dimanche, de temps en temps, tous les Mekouravim (fidèles) devaient impérativement venir à un cours qui durait cinq heures. Ainsi, tous les dimanches sans exception, neuf cours de Guemara se déroulent au même moment. Et lorsqu’ils
Non. Nous envoyons les élèves qui veulent étudier à la Yechiva Tom’hei Tmimim de Brunoy et en très peu de temps, ils deviennent des élèves comme les autres. Cela concorde très bien avec notre effort de ne pas leur coller l’étiquette de Baalé Techouva. Est-ce que ces mêmes Baalé Techouva, qui ont continué leurs études universitaires et ont conservé leurs occupations académiques après avoir fait Techouva, envoient aussi leurs enfants faire des études académiques ?
Que D.ieu nous en préserve. Tous leurs enfants, sans exception, ne sont scolarisés que dans les saintes institutions que nous avons bâties. Et plus que cela : dans le grand 'Heder où même les enfants de ces professeurs et ces scientifiques étudient, on n’étudie pas du tout d’études profanes. C'est quelque chose d’inhabituel. Dans toutes les institutions orthodoxes du monde, et surtout en France, on envoie
Et ce sont précisément ces professeurs et ces scientifiques qui se sont rapprochés de ‘Habad qui envoient leurs enfants dans notre 'Heder, où il n’y a aucune étude profane. On peut dire qu’il y a ici un phénomène intéressant : dans les autres mouvements, on n’autorise pas les Baalé Techouva à continuer leurs occupations profanes tandis que leurs enfants étudient normalement les études profanes. Mais ici, les Baalé Techouva qui sont restés dans leurs occupations précédentes veillent à ce que leurs enfants n’étudient pas un iota de ‘Hol… L’explication est très simple : la ligne directrice de ces nombreux Baalé Techouva est d’accomplir la sainte volonté du Rabbi Chlita. Ceux qui restent dans leurs occupations le font selon les directives du Rabbi Chlita et, pour la même raison, ils font attention à ce que leurs enfants n’étudient que la Torah, sans aucun mélange avec des études ‘Hol car ils savent que c'est la volonté du Rabbi Chlita.
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Est-ce que vous avez fondé une Yechiva particulière pour les Baalé Techouva ?
les enfants et les Mekouravim dans des institutions où l’on étudie la Torah une demi-journée et les études profanes la seconde.
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réalisaient qu’ils réussissaient mieux dans l’étude, ils commençaient à enseigner aux autres, là où ils pouvaient.
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Y a-t-il quelque chose de particulier dans votre façon de travailler avec les Baalé Techouva par rapport aux autres mouvements ? Il y a beaucoup de choses dont une partie dont j’ai déjà parlée. Il y a cependant une chose essentielle à laquelle nous avons accordé une grande importance : nous avons porté une attention particulière à ne jamais les appeler Baalé Techouva. Nous avons veillé à ne jamais les regarder comme s’ils étaient différents des autres. Celui qui continue à les appeler Baalé Techouva obtient l’inverse du but recherché et cause beaucoup de dommages aux Mekouravim et à tout le mouvement de Techouva. Nous faisons tout notre possible pour qu’en un temps minimal, ils s’intègrent, sans aucun signe distinctif ni aucune étiquette. Votre activité ne se heurte-t-elle pas à la résistance des écoles et des i n s ti tu ti on s u n ive r s i ta i re s ? Nous ne nous sommes heurtés à aucune résistance. Au contraire : c’est devenu tellement naturel qu’ils en ont même oublié qu’ auparavant, il n’était évidemment pas imaginable qu’un professeur religieux enseigne dans une école publique. Et pourtant, aujourd’hui la situation est telle qu’il n’y a aucune école ou université dans Paris qui n’ait un ‘Habad ou un professeur qui a fait Techouva et est devenu un véritable ‘Hassid. Ils en profitent pour organiser des cours et diffuser la ‘Hassidout sur place. Les choses sont arrivées au point où dès que le Rabbi demandait de faire des rassemblements pour les enfants dans le monde, il y avait automatiquement des rassemblements dans toutes les écoles de Paris, sans exception.
La situation est la même dans les hôpitaux ou de nombreux médecins sont des Baalé Techouva ‘Habad.
J’aimerais raconter quelque chose pour le démontrer : la semaine dernière je suis allé dans un hôpital de Paris rendre visite à un malade juif, d’origine ‘Habad, et il m’a raconté que le médecin qui s’occupe de lui a commencé à lui parler de choses et d’autres et lui a demandé : « Avez-vous mis les Tefilin aujourd’hui ? »… Des dizaines de Juifs à Paris demandent les conseils et la bénédiction du Rabbi Chlita. Qui les envoie ? Les plus grands médecins de Paris dont un grand nombre sont devenus de véritables ‘Hassidim qui craignent D.ieu. Il faudrait aussi préciser qu’il y a 440 000 Juifs, uniquement de Paris, qui sont inscrits dans le Sefer Torah ! La raison en est que nous sommes allés vers ces Juifs, leur avons parlé, et avons rallumé leur « étincelle juive ». Serait-il possible de parler de chiffres ? Combien de personnes ont fait Techouva grâce à vous ? C'est très difficile de compter. Par exemple, 3000 personnes ont participé au dernier Farbrenguen du 19 Kislev. Il y a des centaines de familles de Baalé Techouva qui sont de véritables ‘Hassidim, attachés au Rabbi dans les moindres détails. Il y a un grand groupe de jeunes filles et de jeunes gens qui ont fait une Techouva complète et bien sûr, il y en a aussi beaucoup qui sont en train de se rapprocher. Beaucoup disent que la réussite est due à un Machpia exceptionnel : le Rav Azimov… Quel est le secret d’une réussite personnelle ? Je n’accepte pas l’hypothèse du bon Machpia. S’il y a une réussite, c’est celle de la Chitah. Lorsque l’on rapproche quelqu’un jusqu’au bout, qu’on ne le laisse pas en cours de route, cela amène obliga-
activités. Le Rabbi m’a répondu qu’il est indispensable que je continue à enseigner mais à la place de cinq heures par jour, je peux me suffire de trois heures et demie.
La règle la plus importante que nous nous sommes fixée est qu’il est interdit de rapprocher quelqu’un et de l’abandonner au milieu du chemin, en espérant qu’il continuera à avancer tout seul. Il faut s’occuper de lui personnellement jusqu’à la fin, sans interruption, le marier, veiller à ce qu’il soit content de son travail et ainsi de suite. Le Rabbi Chlita m’a dit une fois : « On n’a pas le droit de les abandonner comme un bateau au cœur de l’océan ».
Qui, dans ce cas, accomplit tout le travail dans les universités, les écoles, les Mivtsaim et les nombreuses activités ? Ceux sont les Mekouravim eux-mêmes qui le font bénévolement durant leur temps libre. A part les cours au Beth Loubavitch (le local), le dimanche pour les hommes et le mardi pour les femmes, il y a des cours
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toirement une reconnaissance et donc un dévouement dans tous les domaines. La Guemara dit : « Un homme ne sera pas effronté devant son créancier ».
Combien de personnes travaillent au fonctionnement de la jeunesse Loubavitch et à son mouvement de Techouva ? Il n’y a qu’une seule secrétaire qui est rémunérée… Moi-même je suis enseignant au 'Heder. C’est le grand scoop de cette interview ! Le Rav Azimov en personne est enseignant au 'Heder… Quand j’ai commencé, le Rabbi Chlita m’a dit d’enseigner une demi-journée. Au bout de deux ans, quand les activités ont commencé à se développer, j’ai demandé au Rabbi si je ne devrais pas arrêter d’enseigner pour avoir plus de temps pour les
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Comment arrivez-vous à vous impliquer personnellement avec tellement de gens et leurs problèmes personnels. Ne parlons-nous pas de milliers de gens ? Il y a des gens qui aident et ceux qui se sont rapprochés, il y a quelques années, ont besoin de moins d’attention. Et ce que j’ai précisé auparavant, par rapport à notre procédé d’étude structurée et approfondie, fait qu’ils deviennent eux-mêmes très rapidement des Machpiaim qui participent à la diffusion de la Torah et de la ‘Hassidout.
fixés dans plus de quarante endroits, dans les villes aux alentours de Paris ! Ces cours sont donnés, comme nous l’avons dit, par les Mekouravim eux-mêmes et des milliers de Juifs y participent chaque semaine. En plus de cela, nous avons une émission de radio quotidienne où sont donnés des cours. Chaque jour, il y a un cours sur une Si’ha du Rabbi, des cours de Niglé, de Tanya, et un programme spécial pour les Baalé Techouva où l’on parle de la manière
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de se rapprocher du Judaïsme, de la Torah et des Mitsvot. Cette émission est écoutée par des milliers de gens et tout cela est fait bénévolement par les Mekouravim qui donnent d’excellents cours de Guemara et de ‘Hassidout. Les conséquences sont extraordinaires et il est difficile de les décrire ou de les mesurer. Quand le Rabbi a instauré les deux ajouts dans la Tefila (Hareini Mekabel et A’h Tsadikim), il y a eu une énorme publicité, tous les jours, à la radio et cela a eu un écho considérable. Qui organise et dirige ce système ? Eux mêmes. Nous faisons de temps en temps une réunion où nous traitons des projets futurs. L’essentiel est que chacun des Mekouravim, sans exception, sache qu’il doit s’investir dans les actions du Rabbi Chlita , avec le même dévouement que celui qui l’a rapproché. Ainsi ils organisent des campagnes afin de mettre les Tefilin dans toutes les écoles et dans les lieux publics à Paris alors que les étudiants et les scientifiques se partagent les différentes tâches.
leurs amis et ainsi de suite. Et pourtant nous avons des Baalé Techouva de toutes sortes. Des banquiers aux fonctionnaires, en passant par les étudiants, les scientifiques, les médecins etc. En Israël, il y a des Baalé Techouva qui font partie du « beau monde », d’anciens acteurs par exemple. Est-ce que chez vous il y a aussi des célébrités ? Il y en a, et pas qu’un ou deux. Et ni nous ni eux ne nous rappelons ce qu’ils étaient avant. Nous faisons vraiment attention à ne pas utiliser leur célébrité pour nos publicités, en publiant qu’ils étaient des acteurs ou autre. S’il y a des mouvements qui publient cela, c’est un signe qu’ils n’ont pas honte de leur passé et c’est très grave.
De quels milieux viennent en général les Baalé Techouva ? La majorité d’entre eux sont des universitaires et des intellectuels.
Dans le processus de rapprochement, à quelle étape le Rabbi Chlita commence –til à « faire partie du tableau ». Ici en Israël, nous avons organisé une discussion pour savoir s’il fallait d’abord rapprocher à la Torah et aux Mitsvot et ensuite parler du Rabbi et d’Hitkachrout (attachement) ou le contraire. Comment est-ce chez vous ? Nous parlons directement du Rabbi Chlita, avant tout. Lorsque l’on commence à parler avec un Juif, on lui dit qu’il y a Hachem, la Torah et le Moché Rabbénou de la génération : « La Torah que Moché nous a ordonnée ». En général, on ne peut pas accepter une séparation comme s’il y avait un ordre : un avant et un après. Les deux font partie intégrante du rapprochement au Judaïsme. Dès la première rencontre, nous parlons de : « Et ils ont cru en Hahem et en son serviteur Moché ».
Avez vous choisi d’agir précisément dans ce milieu-là ? Vraiment pas. Nos premiers contacts ont été avec des étudiants, ils sont devenus rapidement des Machpiim, ont rapproché
Comment s’exprime le fait que le Rabbi Chlita soit la cause directe de leur rapprochement au Judaïsme ? A part les histoires et les Si'hot du Rabbi, le Rabbi est lui même la cause première de
D’où vient le financement pour toutes ces activités ? La collecte des fonds aussi est assurée bénévolement par les Mekouravim. Le responsable est un professeur de mathématiques, qui y consacre beaucoup de son temps bénévolement.
Comme nous leur avons appris à être des Juifs intègres qui craignent D.ieu, sans changer aucun détail par rapport aux autres, il en va de même en ce qui concerne l’attachement au Rabbi Chlita. Ils ont le même ressenti que des ‘Hassidim, fils de ‘Hassidim, depuis des générations. Leur attachement au Rabbi Chlita se fait de tout leur cœur, sans aucune limite, avec un véritable dévouement au quotidien. Quand les scientifiques, les professeurs et les étudiants s’asseyent pendant de longues heures pour assister au Farbrenguen du Rabbi, sans comprendre un mot de Yiddich, ils me disent tous : « notre Nechama a compris ». Et ce ne sont pas des mots en l’air, ils le vivent jour après jour. Ils ont même organisé un Goral chaque Chabbat Mevare’him pour voyager chez le Rabbi
- Le Rabbi Chlita et cela rajoute beaucoup d’enthousiasme et de chaleur hassidiques. Mis à part les cours, certains se sont-ils rapprochés grâce aux Mivtsaim ? Beaucoup. Pour un grand nombre d’entre eux, la première approche s’est faite dans la rue, durant les Mivtsaim. Pendant la campagne de ‘Hanoucah, cette année par exemple, nous avons visité plus de trois mille maisons juives et dans chaque maison nous avons longuement discuté du Judaïsme et des Mivtsaim du Rabbi. Il y a par exemple le directeur d’une grande institution à Paris qui s’est rapproché grâce à la Sidra du Rabbi qui était déposée dans un restaurant à Paris. Il l’a trouvée et s’est transformé du tout au tout. Il en va de même avec la campagne de Tefilin et les autres campagnes.
Il semble y avoir une relation particulière entre le Rabbi et les Baalé Techouva de France. Certains disent que c’est parce que le Rabbi est resté quelques années à Paris. Comme je l’ai dit, je vois cette réussite surnaturelle comme une conséquence des forces du Rabbi Chlita, et le fait qu’il y soit resté a évidemment une influence spirituelle. Quant à la relation particulière, le
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Chaque année, quand un groupe de Français arrive au 770, on entend quelquefois les gens chuchoter : « les Français sont arrivés », sous-entendant que les Français se dépêchent toujours de prendre les meilleures places pour assister aux Tefilot et aux Farbrenguen et être les plus proches possible du Rabbi Chlita. Est-ce un attachement au Rabbi particulier : la version française ?
« Que tu aies une grande réussite et l’explication d’une grande réussite, c’est une réussite démesurée ».
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leur rapprochement. Il me faut affirmer de manière catégorique que ce sont uniquement les enseignements et les Si'hot du Rabbi qui peuvent rapprocher des intellectuels au Judaïsme. De mon expérience dans les universités et les centres intellectuels, j’ai pu clairement réaliser que ce sont uniquement les Si'hot du Rabbi qui ont pu changer radicalement la perception et la façon de penser des jeunes et des adultes, jusqu’alors complètement éloignés du Judaïsme. Ces Si'hot sont l’élixir de vie de notre génération et il est difficile de décrire et d’en évaluer les formidables résultats.
Rabbi Chlita a parlé plusieurs fois en public des Mekouravim français. En 5734, le Rabbi à composé le célèbre Nigoun Haderet Vehaemouna en disant qu’il avait pour but de « casser le Yetser Hara de Napoléon ».
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Dans les dernières années, vous avez atteint ceci : vous avez ouvert une trentaine de Beth ‘Habad dans les villes, aux alentours de Paris. C’est remarquable. Malgré tout ce que vous nous avez raconté jusqu’à maintenant, comment avez-vous fait ?
ils ont déménagé dans ces villes pour y être des Chlou’him, dans tous les sens du terme. Rapidement, ils y ont ouvert des Beth ‘Habad et des synagogues et ont rapproché beaucoup de gens à la Torah. Je me dois de souligner à nouveau qu’ils ont pris cette Chli’hout sur eux complètement bénévolement. Chacun d’eux exerce son métier, médecin, ingénieur, avocat, et dans son temps libre, il dirige son Beth ‘Habad et accomplit le reste de ses activités. J’insiste beaucoup sur leur bénévolat car ils ne réussissent pas moins que des Chlou’him
Nous avons commencé ce travail avec l’intention de ne pas se suffire de Paris mais d’arriver jusqu’à la banlieue et aux villes des alentours. Au début, je me déplaçais moi-même jusqu’à ces villes mais quand les étudiants ont commencé à faire Techouva, je les ai envoyés dans ces villes pour Chabbat et les fêtes. Avec le temps, ces étudiants se sont mariés, sont devenus des ‘Hassidim et quand ils cherchaient où habiter, nous avons agi selon le principe : « Chalia’h Ossé Chalia’h » (un Chalia’h fait un Chalia’h) et
à « temps plein ». Leurs Beth ‘Habad et leurs synagogues sont plus grands, ils y donnent de nombreux cours et beaucoup de Mekouravim y viennent. Comment avez vous introduit ce phénomène innovant de Chlou’him qui travaillent volontairement, sans salaire ? Qui a dit que lorsque l’on fait une faveur à un Juif, il faut recevoir de l’argent en échange ? Les enseignants sont payés.
(Rav Moulé) Tout d’abord, dès les premiers instants où l’on a rapproché quelqu’un, il n’y a pas de repos. Les Mekouravim ne sont pas différents du fait que jusqu’à hier, ils ne mangeaient pas Casher. Ils sont comme Anach, vraiment dans chaque détail, avec toutes les ‘Houmrot et tous les Hidourim. Même quand on met les Tefilin, je suis contre l’autosatisfaction et la suffisance de : « aujourd’hui j’ai mis les Tefilin à tant et tant de gens ». Il faut mettre les Tefilin aux gens car c’est une campagne du Rabbi. Mais en même temps, le Rabbi Chlita veut aussi que cet homme, à qui on a mis les Tefilin, soit rapproché, par le biais de ces Teflin, à une vie remplie de Torah et Mitsvot. Celui qui a l’impression qu’il met les Tefilin à quelqu’un, et se suffit de cela, fait une grosse erreur.
Encore une chose liée à cela : quand un Chalia’h veut en faire venir un autre, « Chalia’h Ossé Chalia’h » (un Chalia’h fait un Chalia’h). Il ne doit pas en faire venir un de l’extérieur mais à lui de faire « Chalia’h Ossé Chalia’h », avec ses Mekouravim. C'est de son devoir de faire en sorte que ses Mekouravim puissent être des Chlou’him. J’ai à ce propos une directive du Rabbi qui
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Si un Chalia’h veut « imiter » Moulé Azimov, que doit-il faire ? (Pour la première fois, Mme Bassie Azimov participe à la conversation) : « Etre têtu comme Moulé… il ne renonce jamais. Quand on se dévoue au Rabbi et que l’on fait exactement ce qu’il veut, on a des résultats. Et Moulé est têtu et suit les directives du Rabbi jusqu’au bout. Encore une chose : il n’y a rien qui doit être fait et dont il dira que ça ne lui convient pas ou que ça n’est pas de son niveau. Il faut enseigner aux enfants du 'Heder ? Il enseigne. Il faut aller chez quelqu’un et aider à résoudre des problèmes ou s’occuper de petits détails ? Il y va sans y réfléchir deux fois. Il ne dira jamais « Je suis un Chalia’h et ceci ou cela n’est pas pour moi »…
Encore une chose que je conseillerais à chaque Chalia’h, et c’est peut être la chose la plus importante. Selon moi, tout Chalia’h doit savoir que son rôle principal, son unique rôle, est de rapprocher les Juifs à la Torah et aux Mitsvot. Cela doit être sa seule occupation, durant toute la journée : enseigner, discuter, influencer etc. C’est vrai qu’il doit fonder des institutions dans sa ville mais une fois que c’est fait, il ne doit pas perdre de temps. Il doit déléguer la direction à un des Mekouravim ou faire venir quelqu’un pour ça. C’est vrai qu’il doit collecter des fonds mais pas en personne. Il doit trouver les personnes qui conviennent et leur en donner la responsabilité. Il doit fonder des institutions, c'est vrai, mais il se doit de trouver quelqu’un pour les diriger, et ainsi il se concentrera sur son travail principal, l’influence profonde. Le rapprochement des jeunes Juifs au Judaïsme. Il n’a été envoyé dans cette ville que pour enseigner aux Juifs, les influencer et les rapprocher de la Torah et des Mitsvot. En agissant de cette manière, avec l’aide de D.ieu, il ne manquera pas de main d’œuvre car ceux qu’il aura rapprochés continueront et en rapprocheront d’autres. Ce principe me paraît le point le plus important. C’est le devoir de tout Chalia’h de se consacrer jour et nuit à rapprocher les Juifs à la Torah et aux Mitsvot, apprendre, enseigner, influencer, guider… Le Rabbi Chlita m’a encore écrit en 5726 (1966) : « étudier avec eux Niglé, ‘Hassidout et Yirat Chamaim ».
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Mais s’ils ont un travail comme médecin, ingénieur ou autre chose, qui leur permet de consacrer leur temps libre aux actions du Rabbi et au Beth ‘Habad, ils ne pensent même pas qu’ils méritent un salaire pour cela.
nous a guidés. C’était en 5730 (1970). En plein milieu d’une Ye'hidout, le Rabbi m’a dit soudainement : « Est-ce que tu vois un moyen d’élargir l’action de Loubavitch à Paris ? »
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Je ne savais pas quoi répondre et je n’ai pas osé dire quoi que ce soit. Mais, quand le Rabbi me l’a demandé à nouveau, j’ai osé et j’ai dit que le Rabbi devrait peut être envoyer d’autres Chlou’him. Le Rabbi a dit : « Je ne vais pas envoyer de Chlou’him, car ils vont avoir des problèmes avec la langue française, peut être qu’ils ne parleront pas bien ou avec le mauvais accent. Vous rapprocherez les gens de sorte à ce que les Mekouravim puissent eux-mêmes être des Chlou’him »… Avez-vous créé des liens avec les autres institutions de la communauté juive à Paris ? De très bonnes relations. Tout le monde connaît le caractère essentiel de ‘Habad et sa grande influence. Quand le Rabbi Chlita a eu 80 ans, que D.ieu lui accorde une longue vie en bonne santé, une grande annonce à été publiée dans tous les journaux, pour souhaiter Mazal Tov au Rabbi. Tous les Rabbins de France sans exception (plus de 100), tous les directeurs d’écoles et d’institutions juives ont signé. Ce sentiment est dû à l’estime et à la reconnaissance qu’ils ont à l’égard de ‘Habad.
Il est évident que les autres mouvements religieux sont au courant et avertis. Si, il y a vingt ans, ils devaient voyager jusqu’à Anvers pour acheter des aliments Cacher pour Pessa’h, aujourd’hui on peut trouver de nombreux magasins avec beaucoup d’articles strictement Cacher et cela grâce au Baalé Techouva ‘Habad. Ou bien par exemple, un Juif portant la barbe dans les
rues de Paris était un fait étrange et sortant de l’ordinaire. C’est devenu complètement naturel. Alors que les religieux des autres communautés avaient honte de porter la barbe, ils ont commencé à la laisser pousser grâce aux Baalé Techouva de ‘Habad. Les synagogues ‘Habad sont les centres religieux à Paris. Il y a quatre grandes synagogues ‘Habad où prient des centaines de ‘Hassidim qui se sont rapprochés de la Torah, des Mitsvot et de la ‘Hassidout. Organisez vous d’autres activités à part les cours fixés au quotidien ?
Chaque été nous organisons un séminaire d’un mois. Des centaines de jeunes y participent, on étudie Niglé et ‘Hassidout de huit heures à une heure du matin, sans interruption. Il y a aussi un séminaire similaire pour les jeunes filles et les familles. Nous organisons aussi des centres aérés dans vingt-deux endroits à Paris, des milliers d’enfants y participent. Pour finir, beaucoup de lecteurs seraient intéressés par la recette du succès de Rav Chmouel Azimov…
Il est très important de ne pas se considérer supérieur au Baal Techouva et surtout ne pas lui coller d’étiquette. Il faut le faire progresser et arriver rapidement à un niveau élevé dans l’étude de la Torah de sorte qu’il soit lui-même en mesure de pouvoir transmettre. Pour cela, il faut garder à tout prix les temps d’étude fixes et réguliers. Et le principal : être complètement dévoué au Rabbi Chlita et impliquer le moins possible sa compréhension et son propre intellect ‘’די אייגינע שכל.
maisonjuive@gmail.com
myriam@email.com
Chère Mamichou, Je vous écris parce qu’il faut que le monde sache quelle femme vous étiez. Cela fait deux ans maintenant que vous êtes partie. Il n'y a pas un jour où je ne pense à vous. Quand je venais vous rendre visite, je vous vois encore, avec votre sidour à la main, prier avec ferveur et amour. Je n'avais jamais vu encore une personne qui aimait autant le Rabbi que vous. Il suffisait de vous voir prier : plus rien ne comptait autour de vous ! C'est comme si vous étiez en direct avec Hachem. Sans doute, vos tefilot ont du être exaucées. Vous avez transmis à tous vos enfants l'amour des autres, la émounah et la force de combattre les épreuves de la vie. Vous receviez chez vous des gens, du matin au soir : votre maison était un Beth
‘Habad. Quiconque y entrait, ressortait heureux et comblé d'amour par vous. Vous me disiez toujours : « Pense bien, tout ira bien ». Vous étiez celle qui trouvait toujours la bonne solution, celle qui me remontait le moral, la vraie tsadéket. Toutes les femmes devraient prendre exemple sur vous. Vous êtes au Gan Eden et je suis sûre que vous aidez de La-Haut encore et que vous étudiez. Vous étiez une échet ‘hail, une vraie, celle qui a élevé ses enfants, sur les bases de la Torah et des mitsvot. Au séminaire d’été, vous étiez toujours la première arrivée à chaque cours, chaque soir. Assise devant, vous étiez studieuse et concentrée. Comment ne pas prendre exemple sur vous et sur vos midot ? J'ai pu voir, depuis le jour où j’ai fait votre rencontre, une femme avec une grande émounah, une ‘hayout et un amour du Rabbi inimaginable.
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Je serais contente si vous acceptiez de publier cet hommage à ma grand-mère par alliance. Merci
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Lettre
Tous les mardis soirs vous étiez présente à chaque cours, même juste avant de nous quitter. A vos derniers moments, vous teniez à faire les bra’hot et le Chema.
Mais quelle femme !!! Qu'on prenne tous exemple sur elle afin de faire venir au plus vite le Machia’h. Amen.
Myriam
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Merci Myriam pour cette émouvante lettre et permettez-nous de préciser que votre grand-mère n’était autre que Madame Aïdan, ah.
saral@net.co.il Témoignage
Je vous demande de bien vouloir rééditer un témoignage anonyme paru dans le numéro 1 de la Maison Juive, en 1979. C’est un hommage aux chlou’him qui nous ont quittés.
Sarah L. Jérusalem « Comment pouvez-vous vivre comme ça ? C’était bien il y a trois mille ans, dans le désert, sans hygiène, sans confort. Mais maintenant, cela n’a plus de sens ! ». Quels sont ceux qui, parmi nous, n’ont pas entendu ces remarques ? Et d’autres encore plus sévères. Les arguments, les réponses ne nous manquent plus aujourd’hui. Nous avons appris, nous avons compris pourquoi nous avions décidé, une fois pour toutes, de choisir ce mode de vie, qui n’est certes pas le plus facile mais qui est doué d’un sens plein, d’un sens vrai, de cette authenticité que nous avions cherchée ailleurs, en vain. 1968- Cela fait plus de dix ans. Parmi les étudiants fougueux de ces années-là, j’étais peut-être déjà en porteà-faux.
J’étais « sérieuse », intéressée par les livres plus que par la révolution et par mes études plus que par les manifestations. J’avais un peu honte lorsqu’un étudiant, ayant fait irruption au milieu d’un cours, nous demandait de voter, à main levée, pour ou contre. Pour ou contre quoi ? Pour ou contre qui ? Je ne savais pas trop et je levais la main avec ceux qui devaient avouer leur abstention. Pour moi, Mao, Trotski et tous ces autres noms, c’était un peu la même chose. La politique ne m’intéressait pas. Alors, par quoi étais-je attirée ? Je concentrais alors tous mes efforts sur la psychologie, la connaissance de l’homme, croyais-je. Mais ce qui me gênait un peu, c’étaient les règles générales, ces postulats que
La recherche de la personnalité aboutissait à l’élaboration de types d’hommes, comme-ci ou comme ça, et cela non plus ne me mettait pas à l’aise.
Je sentais que tout cela, aussi sincère fût-ce (et encore l’était-ce ?) n’était que… superficiel.
Finalement, en 1968, je cherchais…mais ne trouvais pas.
C’est alors que je découvris Loubavitch… ou plutôt que Loubavitch me découvrit.
Ce dont j’étais sûre, c’était que la religion, c’était bon pour les oncles et les tantes, c’était bien une fois par an, à Yom Kippour.
Vous dire que, du jour au lendemain, ma vie trouva son sens, vous dire que, d’emblée, tout me parût simple et facile, serait mentir.
Mais surtout pas plus. Il fallait bien manger avec les amis au « resto U », il fallait bien aller au cinéma tous les samedis, sinon, on n’était plus « dans le coup » ! Et pourtant, à certaines occasions, il m’était déjà arrivé de ressentir ce « boum », ce choc à l’intérieur de moi-même, lorsque j’avais été confrontée à une manifestation de l’unité du Peuple Juif. Et je sentais obscurément que quelque chose de plus fort, de plus profond, nous reliait, quelque chose qui dépassait la simple appartenance à la même ethnie. J’ai compris aujourd’hui que ce qui bougeait en moi, lors du Kol Nidré par exemple, c’est l’âme juive, la Nechamah que chacun de nous possède mais qui peut être plus ou moins voilée, obscurcie, enfouie. Il suffit de la dégager de son enveloppe et elle brille comme un diamant dans toute sa pureté. En 1968 donc, j’étais parmi les jeunes qui cherchaient désespérément quelque chose. Certains croyaient l’avoir trouvé. Beaucoup de mes amis d’alors étaient devenus d’ardents marxistes ou léninistes et juraient que jamais, il n’entreraient dans cette « sale famille de bourgeois… ». Ils pensaient refaire le monde. Aujourd’hui, dix ans plus tard, ils sont dentistes, médecins, professeurs ou… chômeurs. Et ils se sont calmés. Le monde ne peut être refait, profitons-en donc.
Ma première réaction fut de m’exclamer : « Ils sont fous. C’était bien il y a trois mille ans ! Mais aujourd’hui… ». « Mais aujourd’hui plus que jamais » fut la première réponse qui me fut donnée. Et c’est par ces mots que recommença mon éducation mais cette fois-ci, elle se basait sur des critères autrement plus solides, puisque c’étaient ceux de la Torah. Lorsque je tente une rétrospective de ces dix années qui viennent de s’écouler, elles m’apparaissent comme une lente ascension, toujours en cours. Ce qui me paraît important à dire, c’est que jamais, au préalable, je n’aurais envisagé ni même imaginé, que je deviendrai telle que je suis aujourd’hui. Ce n’est pas seulement le fait de ne pas partager les mêmes opinions, car même entre gens d’avis contraires, la discussion m’était toujours apparue possible et désirable. C’était plutôt que j’imaginais qu’un abîme me séparait des gens « religieux », un abîme creusé par le temps (ne vivaient-ils pas, le croyais-je, au Moyen-Age ?) mais aussi par la mentalité et la conception de la vie. Aujourd’hui, je prends conscience que cet abîme était fait de préjugés, d’opinions toutes faites et d’une grande mécon-
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1968- J’étais donc mal à l’aise parmi cette jeunesse qui délirait et dont je n’arrivais pas à partager le délire.
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l’on appliquait systématiquement à tous les individus, quels qu’ils soient.
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Paris - Mai 68 naissance de la vie religieuse, des gens religieux et surtout de la Torah. Ce n’est qu’en entreprenant une découverte « par l’intérieur » de cette vie, en côtoyant ces gens et en acceptant l’initiation à la Torah qu’ils me proposaient que peu à peu ce fossé s’est comblé. J’ai vu et j’ai compris qu’être religieux ne signifie pas, loin de là, vivre reclus dans un monde à part, loin de tout ce qui est en mouvement. Je sais que l’on peut être une femme active, épanouie, tout en respectant les principes fondamentaux de notre patrimoine, tout en menant une vie que l’on espère le plus conforme à ce que demande de nous la Torah. C’est même là, la condition primordiale pour trouver une signification satisfaisante à notre destin sur terre. Ce qui est exigé de nous, c’est de partager la Torah que nous possédons, même lorsque nous n’en possédons que l'« Aleph Beth ». Mais il en fallu (il en faut encore) de la patience, de la sensibilité et par-dessus tout de la chaleur à mes éducateurs, pour obtenir de moi ce que moi-même je n’aurais jamais donné. Mais ces qualités, ils les possédaient, et bien d’autres encore.
Ce qui m’a toujours frappé, c’est leur entêtement et leur persévérance inébranlables, malgré toutes les tentatives de découragement, tous les assauts pour essayer de les faire reculer. Mais rien n’y fit et c’est moi qui fus « obligée » d’avancer. Certes, comme pour tout le monde, ma vie n’est pas exempte de difficultés, de luttes mais plutôt que de me battre pour obtenir toutes sortes de compensations matérielles, je préfère le faire pour mon idéal que je sais être le seul véritable : celui d’une vie basée sur la Torah. Il ne s’agit pas alors de compensations mais de récompenses, qui ont d’autant plus de valeur qu’il m’a fallu fournir des efforts pour les mériter. Mais, par dessus-tout, ce que j’ai gagné de ces dix années, c’est que je ne suis pas seule. Le sentiment d’Ahavat Israël ne peut se décrire par des mots mais se reçoit, se donne, se vit. J’appartiens, j’adhère à un milieu. J’ai des conseillers en qui j’ai confiance et surtout j’ai le Rabbi qui me guide et me donne la force de tenter, dans la mesure de mes possibilités, de faire pour d’autres ce qu’il y a dix ans, on eut le courage de faire pour moi.
Maman a mal à la tête ! Rabbin Morde’haï Lipsker
Il est sûr que nous devons à Golda Meir des années nombreuses de service dévoué à l’Etat d’Israël et aux Juifs qui y vivent. Mais y avait-il autre chose dans sa vie ?
La force des femmes
Après avoir quitté l’Egypte, les hommes hébreux se plaignaient constamment. Ils se plaignirent d’avoir quitté l’Egypte et du projet d’entrer en Israël . cela eut pour conséquence qu’ils durent tous mourir dans le désert, pendant quarante ans à venir. Les femmes, quant à elles, montrèrent leur amour pour la terre d’Israël et leur enthousiasme pour s’y installer. Elles méritèrent d’entrer en Terre Promise. Belle histoire ! Mais en quoi est-elle d’actualité ?
Cuisiner, faire le ménage, laver le linge, changer les couches.
Dans un certain sens, il est étonnant de voir les femmes si excitées à l’idée d’entrer en Israël. Après tout, dans le désert, bon nombre des tâches exténuantes dont elles auraient du être responsables, étaient complètement assumées par D.ieu Lui-même. La nourriture et la boisson, par exemple, étaient données par la Manne et le Puits de Myriam. Les habits grandissaient automatiquement et étaient même nettoyés par les Nuées de Gloire. Pourquoi quitter cet état de béatitude ? Mais les femmes étaient capables de voir plus loin que les « vacances » du désert. Elles voulaient s’installer et établir des demeures permanentes, des maisons juives, éduquer leurs enfants et soutenir leur mari dans leur travail. Elles avaient hâte de transformer Eretz Israël, alors une terre pervertie, en un lieu saint. Rester dans le désert les aurait privées de cette opportunité d’exprimer ce que la femme réussit le mieux : être une akérète habayit, un pilier de son foyer.
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Golda Meir, qui fut le quatrième premier ministre de l’Etat d’Israël et l’une des femmes les plus influentes de l’histoire moderne, est le brillant icône du fervent sionisme. Son mari, par contre, était un homme plus réservé et timide. Elle fit, un jour, l’observation suivante : « Il existe un type de femmes qui ne laissent pas leur mari limiter leur horizon ».
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Crédits : N’shei Chabad Newsletter
L’interview de Golda
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Dans un longue interview privée avec un journaliste italien, Golda Meir fit part d’informations la concernant, restées jusque là secrètes. En évoquant les difficultés qu’elle rencontra au cours de ses années d’activisme et de politique, elle parla de sa bataille pour trouver un équilibre entre sa fonction de mère et celle d’une carrière exigeante. « C’était difficile, difficile, difficile ! Quand vous êtes à votre travail, vous pensez constamment à vos enfants que vous avez laissés à la maison. Et quand vous êtes à la maison, vous pensez à tout le travail que vous avez laissé en plan. Cela vous coupe le cœur en morceaux. Mes enfants, Sarah et Mena’hem, ont tellement souffert à cause de moi ! Je les ai laissés seuls tellement souvent ! Je n’étais jamais avec eux quand ils auraient eu besoin de ma présence. Et quand je devais rester à la maison à cause d’un mal de tête ou de quelque chose du même ordre, ils étaient tellement contents ! Ils n’arrêtaient de sauter, de faire des bonds en chantant : « Maman reste à la maison ! Maman a mal à la tête ! Maman reste à la maison ! » » Elle explique, à propos de la rupture de son mariage : « Si votre mari n’est pas un animal social comme vous même et ne se sent pas à l’aise avec une femme active comme moi-même, une femme pour laquelle il ne suffit pas d’être une femme, il y a obligatoirement des conflits. Et ces conflits peuvent aller jusqu’à briser un mariage, comme cela a été mon cas. Alors oui (elle s’arrêta pour sortir un mouchoir de son sac et se moucher), j’ai payé pour être ce que je suis. J’ai payé très cher ».
Après quelques autres questions sur son mari, elle conclut : « Sa tragédie venait du fait qu’il comprenait trop bien mais qu’il ne pouvait pas me changer. Il comprenait que je n’avais de seul choix que de faire ce que je faisais mais il ne l’approuvait pas. C’était aussi simple que cela. Et qui sait (elle prononça ces derniers mots en haussant les épaules et presqu’en gémissant) s’il n’avait pas raison ? » ! Il s’agit essentiellement de l’humble aveu d’une femme puissante qu’il aurait peut-être mieux valu pour elle de rester à la maison que de suivre ses ambitions et devenir l’une des femmes les plus influentes du monde. Elle n’était pas si sûre que l’horizon de son mari ait été si « étroit », après tout. Peut-être que quelqu’un d’autre aurait pu être premier ministre mais personne d’autre n’aurait pu être la mère de ses enfants et la femme de son mari.
Les droits de la femme
Les femmes juives possèdent une tendance innée à développer et nourrir leur maison pour en faire un Erets Israël miniature. Tout comme les filles de Tsélof’had qui avaient exigé de recevoir elles-aussi de la terre en héritage, chacune reçoit « un morceau de terre », un foyer, une famille, à transformer. C’est quelque chose pour laquelle elles sont très spécifiquement douées. Pendant longtemps, Golda Meir fut convaincue que seule sa carrière lui apporterait le bonheur et l’accomplissement, que construire l’état était sa vocation. Mais par la suite, elle considéra que peut-être aurait-elle du d’abord être
Voici une lettre reçue par le N’shei Chabad Newsletter, suite à l’article qui précède L’article du Rabbin Morde’haï Lipskier m’a rappelé l’interview que j’ai menée avec la fille de Golda Meir. Il y a de nombreuses années, je vivais dans un kibboutz et j’écrivais pour son magazine : Shdemot. En 1972, j’ai interviewé la fille de Golda Meir, Sarah. Cette interview ne fut jamais publiée parce que le point de vue qui y était exposé était bien trop en faveur du rôle traditionnel des femmes et peu avantageux pour Golda Meir. « J’ai grandi sans mère, elle nous a abandonnés ». Voilà dans quels mots Sarah s’exprimait. Cette jeune-femme brillante et parent extraordinaire, avait eu une merveilleuse relation avec son père mais était torturée par le fait de n’avoir entretenu aucune relation avec sa mère. Elle parla beaucoup de son sentiment de ne pas avoir de mère. La douleur que ressentait cette jeune-femme était tout juste indescriptible.
Elle s’identifiait très profondément avec le mouvement du kibboutz et elle l’aimait, mais elle avait choisi un kibboutz où les enfants dormaient chez leurs parents jusqu’à ce qu’ils soient beaucoup plus grands. Cette interview affecta ma façon de voir de nombreuses choses et me poussa à changer beaucoup ce que je faisais. J’avais une carrière assez brillante dans l’édition et l’écriture mais je la mis de côté pour être un parent, ce que je pense avoir été un changement très sage. Et je pense que c’est l’une des raisons de la qualité de la relation que j’ai avec mes enfants. Et je ne dis pas que je ne travaille pas. J’ai travaillé pendant 51 ans comme surveillante de cacherout, ce qui est ce que faisaient ma mère, ma grand-mère et mon arrière-grandmère. Mais ce n’était pas le centre de ma vie. Le centre de ma vie a été ma famille.
Alizah Hochstead, Efrat, Israël.
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Le sécularisme promeut les droits de la femme. Mais la Torah et nos Rabbis nous enseignent comment optimiser le droit d’être une femme.
Que D.ieu reconnaisse nos efforts pour renforcer nos maisons personnelles et garder nos frères en sécurité et en bonne santé dans notre foyer collectif, Erets Israël. Que nous ayons le mérite de vivre dans la paix ultime avec Machia’h, maintenant !
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le premier ministre d’Erets Israël dans sa propre maison.
Le prélèvement de la ‘Hallah Rav Yossef Kolodny
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que. . .
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DSaviezinim-vous
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• Quand l’on cuit au four une grande quantité de gâteaux, biscuits, etc. s’appliquent les lois du prélèvement de la ‘hallah. Puisque l’eau est le liquide en plus petite quantité dans la plupart des recettes de pâtisseries, même si la recette demande plus d’1,666 kg de farine, on prélève la ‘hallah sans bra’hah. • Si l’on fait une pâte dans l’intention de la faire bouillir ou de la frire, il faut prélever la ‘hallah sans bénédiction. Toutefois si on veut en cuire au four une petite partie, et que cela est effectivement fait, on prélève la ‘hallah avec la bénédiction, à condition que la pâte entière comporte plus de 1,666 kg de farine. • Si l’on a deux fournées de ‘hallah en train de lever, l’on ne prélève qu’un morceau de ‘hallah. • Le morceau de ‘hallah que l’on a prélevé doit être immédiatement brûlé. Il ne peut être congelé et brûlé ultérieurement. • Bien que le minhag soit de brûler le morceau de ‘hallah prélevé, on peut l’envelopper deux fois puis le jeter. • Plusieurs personnes ne peuvent prononcer la bra’hah sur la même tournée de ‘hallah. Cela s’applique même lorsque l’on aurait voulu que sa petite fille dise la bra’hah pour le ‘hihou’h (l’éducation). • Si l’on a assez de pâte pour dire deux fois la bra’hah mais qu’elle se
trouve dans un seul récipient, on ne peut la séparer en deux pour dire deux fois la bra’hah. • Le morceau de ‘hallah prélevé peut être brûlé dans le four , en même temps qu’on y cuit le pain qui va être consommé, à condition qu’il soit doublement enveloppé. • La ‘hallah peut être consommée avec du fromage si elle a été cuite dans un four qui n’est pas ben yomo, c’est à dire qu’aucun plat carné n’y a été cuit depuis au moins vingt-quatre heures avant la cuisson de la ‘hallah. • Si l’on utilise la pâte à ‘hallah pour faire d’autres choses que du pain (pains au chocolat, par exemple), il faudra se laver les mains, dire hamotsi et faire le birkat hamazone, à moins que la majorité du liquide ne soit pas de l’eau, que la pâtisserie soit extrêmement sucrée ou que la farce soit l’ingrédient principal.
• Il convient de n’enlever la nappe ou le pain qu’après avoir récité le birkat hamazone. • S’il ne reste pas de pain ou de ‘hallah sur la table avant le birkat hamazone, il n’est pas nécessaire d’y rapporter un pain entier. Mais si un pain entier est déjà sur la table, il convient de le laisser jusqu’après le birkat hamazone. • Bien qu’il soit permis de détruire des petits morceaux de pain, inférieurs en quantité à kazayit (≈30 grammes) , il ne faut pas les jeter dans un endroit où l’on marcherait dessus car cela amène la pauvreté.
• Il est interdit de jeter du pain même si en la faisant, on ne le rend pas repoussant. Par contre, on peut le faire avec d’autres aliments du moment qu’ils ne deviennent pas repoussants. Jeter du pain aux oiseaux est permis. • Une personne qui voit un aliment sur le sol doit le ramasser. Références : Rabbi Yossef Yechaya Braun, membre du Badatz de Crown Heights Choul’han Arou’h HaRav Kitsour Choul’han Arou’h
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• Celui qui ne laisse pas de pain sur sa table ne voit jamais un signe de bra’hah.
• On peut utiliser du pain dans n’importe quel but à condition qu’i ne devienne pas repoussant. Par exemple, on peut poser un objet sur un pain du moment que le pain n’en est pas abimé. Cependant il ne faut placer pas un récipient rempli sur du pain car il se peut que le récipient déborde et abime le pain.
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• Il est interdit de détruire de la nourriture, de la boisson ou de la rendre repoussante.
Le discours de Malka
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Malka Lubecki
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Cet article a été écrit pour la fête de fin d’année des élèves de terminale. J’ai été très touchée de voir toutes les filles qui étaient émues et qui m’ont applaudie ! Je suis profondément reconnaissante que le magazine La Maison Juive di yiddishei heim s’y intéresse. J’ai corrigé certains points et j’ai rajouté certains détails pour vous Mesdames et Mesdemoiselles. Bonne lecture ! Je m’appelle Malka Lubecki, j’ai, Barou’h Hachem, onze frères et pas de sœur. Oui ! Je suis la dernière de la famille, mes parents ne pensaient jamais avoir une petite fille après onze garçons ! B’H, tous mes frères ont mérité de voir le Rabbi et de recevoir sa Bra'ha. J’ai quatre frères sourds et moi aussi je suis malentendante. J’ai grandi en lisant sur les lèvres de chacun. Le Rabbi avait demandé à mon frère d’aller dans une école juive, au ‘héder, et non dans une école laïque, même avec un enseignement spécialisé ! C’est ainsi que mes quatre frères et moi, nous avons été
dans une école juive. C’était très difficile car les professeurs n’étaient pas tous capables de m’aider ! Mais grâce à D.ieu, j’y suis parvenue, grâce au soutien de chaque voisine de table et, en particulier, grâce à ma mère : elle m’expliquait les cours, chaque soir, malgré le temps qu’elle devait passer au téléphone, la cuisine, et surtout la grande famille ! Fort heureusement, ma mère a un bon niveau de kodech et de 'hol et surtout, elle est traductrice, que D.ieu la bénisse ! Quand j’étais enfant, je ne parlais pas très bien le français, même si c’est ma première langue, parce que j’ai beaucoup du mal à entendre … Comment le fait de parler le français a changé ma vie ? Mes parents m’avaient offert un portable, quelques jours après ma Bat Mistvah et c’est ainsi que j’ai appris à discuter par écrit. Je lisais les discussions publiques et petit à petit, je parlais beaucoup mieux le français et j’ai appris à participer à des discussions sympathiques. Je suis même allée chez l’orthophoniste, plusieurs fois par semaine, quand j’étais
Dans ce Talmud Torah, j’étais une élève douée et sérieuse. J’ai participé à tous les cours sans en manquer un seul. Je me sentais très à l’aise à l’intérieur, avec la langue des signes. Tous les cours et la bonne ambiance sont restés gravés dans mon cœur !
Comment ma vie a changé ? Quand j’ai eu treize ans, mon frère malentendant est rentré à la yechiva pour sourds à Toronto : sa vie a complètement changé. Avant, il ne connaissait presque rien de la Torah… Il m’a appris la grandeur de Machia’h, l’importance des Mistvot et la grandeur du Rabbi et me racontait tellement de belles histoires… C’est alors que j’ai décidé de lire beaucoup de livres et de respecter plus scrupuleusement les Mistvot, parce que j’avais envie que Machia’h arrive, pour mieux remplir le but de ce monde.
Quand j’étais enfant, je ne comprenais toujours pas le Machia’h et l’importance de toutes les Mistvot !
Après avoir passé le brevet, j’étais dans une grande angoisse. Je ne savais pas ce que je devais faire : aller en seconde, de 'hol ou en koulo kodech ou encore quitter l’école parce que le 'hol, cela serait très compliqué pour moi, surtout faire les devoirs, d’autant plus qu’on finit à 18 heures et que je n’aurais pas le temps de prendre une prof particulière pour les devoirs. Oui j’avais envie de passer le bac.
Je me rappelle que quand j’étais encore enfant, mon frère – un de mes frères - m’a dit : "quand Machia’h viendra, on n’aura plus besoin de l’appareil, pas besoin de lire
Aller en koulo kodech, c’était encore beaucoup plus compliqué pour moi, parce que j’avais de bonnes amies en 'hol, on s’entendait bien.
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Quand j’étais enfant, je suis allée au Talmud Torah spécial pour les sourds, sous la direction de Madame Nisenbaum, qu’elle en soit chaleureusement remerciée. Il y avait moins de dix enfants et, depuis il n’y a plus d’élèves dans ce Talmud Torah, hélas. J’ai continué à participer à ce Tamud Torah même seule, jusqu’à mon entrée en collège car j’étais la plus petite de la classe (comme de la famille, j’ai l’habitude !). Et puis s’il n’y a plus de Talmud Torah, c’est qu’il n’y a plus d’enfants malentendants (Barou’h Hachem)
sur les lèvres !" J’ai eu peur d’être obligée alors de faire moi aussi les dictées, vu que tout le monde avait de très mauvaises notes en dictée et que j’en étais dispensée jusque-là ! Et toute ma famille a souri ! Je ne comprenais toujours pas. Je ne connaissais rien du tout sur le Machia’h. J’avais juste entendu qu’il y aurait le Beth Hamikdach comme synagogue ! Ma famille ne me racontait pas de belles histoires dans mon enfance : j’étais toujours trop petite pour comprendre le français et les histoires !
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en âge d’apprendre à parler, jusqu’à mon entrée en collège, et je lui avais promis de retourner dans son bureau à la fin de ma vie scolaire ! C’était une femme exceptionnelle, qui m’a appris à lire sur les lèvres, à traduire les images en histoires, du vocabulaire et beaucoup d’autres sujets. Elle a continué à travailler, même quand elle était malade (je n’étais pas au courant de son état de santé, elle a su garder ce secret) jusqu’à que son âme retourne au Gan Eden, le jour de Roch Hachana 5773 ! Je suis si malheureuse de ne pas avoir pu tenir ma promesse !
Mais je fus obligée d’aller en koulo kodech parce que je n’avais pas trop le choix !
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Au début, je n’étais pas très contente de faire le koulo kodech. Il était important de faire le bac, même si tout le monde disait que cela ne sert à rien ! Moi je voulais passer le bac, je voulais tenter. Mais mes parents ont eu peur de ne pas me voir réussir ! Or je suis toujours capable d’apprendre et de ne jamais baisser le bras ! Mais en entrer en koulo kodech, m’a beaucoup changée. Il y avait beaucoup de cours très intéressants. Ca m’a beaucoup plu, surtout pour la nechama, des cours de hassidout exceptionnels, de magnifiques enseignements du Rabbi, et des cours de Torah, et les Dinim... Je n’avais jamais entendu auparavant, mais malgré toutes mes difficultés avec ma classe et les cours en hébreu, grâce à D.ieu j’y suis parvenue ! Grâce à cette classe de koulo kodech, j’ai réalisé à quel point le Rabbi nous a encouragés : même si on traverse une période difficile, il faut faire messirout néfech. J’ai réalisé que moi aussi, je voulais faire messirout néfech en étant dans une école juive, et même si je suis malentendante, je ne dois pas aller dans une école laïque ! Mon frère, sa femme et leurs six enfants habitent à Rouen en Normandie, non loin de Deauville. Leurs deux aînés sont dans cette école juive, oui ici à Beth Hanna. Oui ils prennent tous les jours le train et malgré le prix du billet et la durée du voyage, ils font messirout néfech car là-bas à Rouen, il n’y a pas d’école juive ! C’est mon frère qui a créé un Gan où il y a quelques enfants, et surtout un Beth Habad et bientôt si D.ieu veut, un mikvé.
Isser le frère de Malka aide Gérard agè de 75 ans à mettre les Tefilin pour la première fois de sa vie.
Le Rabbi a toujours encouragé les Chlou’him à aller dans un endroit éloigné du Judaïsme, même au Congo, au Maroc, en Inde et dans une ville très dangereuse, il faut faire messirout néfech ! Grâce au koulo kodech, moi aussi je veux partir en Chli’hout. Cette Chli'hout a pour but de trouver, sauver, aider et rapprocher les nechamot tehorot, les âmes pures, qui ne connaissent pas la beauté de la Torah ! Mon frère malentendant est revenu de la Yechivah et s’est marié il y a un an. Il est maintenant devenu Chalia’h à Paris pour les sourds. Avec sa femme, il a organisé le premier Soukot, pour tous les sourds qui se sont enfin réunis et puis il a organisé ‘Hanouka et Pourim ! Un jour, cette année, nous avons appris dans les cours de Cacherout l’importance de la Hafrachat 'halla, je me suis demandée si moi-même, plus tard, je pourrais organiser une « soirée 'halla », quand je serai déjà chlou’ha… Et quelques jours plus tard, mon frère m’a demandé d’orga-
Et malgré mon âge, j’ai toujours tenté d’organiser : pour résumer l’essayer c’est l’adopter ! Maintenant je peux dire que le bac ne sert à rien - pour moi ! Car ce n’est pas cela qui hâtera la venue du Machia'h ! Le Rabbi avait encouragé la création d’une section koulo kodech ! Le Rabbi avait bien raison ! Je suis pas venue avec cet article pour vous dire combien j’ai changé, mais pour vous montrer que même pour un handicapé, il est possible de se transformer, d’étudier la Torah, et même
Je suis profondément touchée et très reconnaissante pour cette école Beth Hanna qui a bien compris mes difficultés mais ne me laisse pas seule. Les élèves sont très bien éduquées et ont même fait Ahavat Israël et c’est rare dans certaines écoles! Je remercie infiniment tout d’abord Hachem ! Je remercie le Rabbi, notre Rabbi et aussi son fidèle Chalia’h, Rav Azimov et la regrettée Madame Azimov, à qui nous devons tant, pour cette merveilleuse école, enrichie et bénie par le Rabbi. Je remercie Mr Touboul pour ses conseils et ses aides précieuses, en toute occasion, qui sut me préserver à tout moment. Je remercie mes voisines de table, mes professeurs et tous ceux et celles qui m’entourent et qui m’ont soutenue toute ma vie dans cette école. Sans cette école, sans leur soutien à tous, je n’aurais pas vu la réussite. Que D.ieu bénisse chacune d’entre vous ! Puissions-nous toujours entendre de bonnes nouvelles les unes des autres, avec la venue du Machia’h maintenant et que nous puissions tous ensemble être réunis avec le Rabbi à notre tête !
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Je lui ai répondu : « pourquoi pas ! ». Malgré mon jeune âge, j’ai réussi à organiser la « soirée 'halla » rapidement. 8 femmes âgées, sourdes, étaient présentes. (II y avait aussi des hommes qui ont eux-aussi été très intéressés !). Ces 8 femmes ont prélevé pour la première fois la 'halla, et ont allumé les bougies du Chabbat pour la première fois. Et surtout, elles respectent aussi la Pureté Familiale et la Cacherout : les 3 mitsvot de la femme juive ! J’étais fière d’accomplir une belle mission. Je leur ai parlé en langue des signes, pour mieux expliquer l’importance des 3 mistvot des femmes, en espérant que je pourrais moi aussi encore organiser plein d’activités pour les femmes sourdes ! A Pourim, c’était encore plus beau ! Mon frère et sa femme ont organisé un après-midi pour les sourds et ils ont traduit la Meguila en langue de signes, car la plupart des sourds n’entendent pas bien avec l’appareil et ont beaucoup de mal à lire les lèvres ! Le Rabbi est surement fier de nous.
tant de choses, malgré ces difficultés,… et comme j’ai entendu de la bouche du Grand Rabbin de France : même les handicapés ont travaillé à l’époque du Beth Hamikdach en coupant les bois… Les handicapés ont besoin d’un soutien pour étudier car ils ont un manque mais, malheureusement, la plupart des gens pensent, sans se renseigner vraiment, que les handicapés sont des handicapés mentaux, D.ieu préserve. Et ceci m’a valu beaucoup de peine. J’espère qu’un jour ils comprendront !
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niser une « soirée 'halla », vu qu’il adore mes ‘hallot depuis longtemps !
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J’ai été touchée…
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Destin désiré ar le biais de ce magnifique fascicule « la Maison Juive », il m’a été donné l’opportunité de vous faire partager notre histoire familiale et c’est avec grand plaisir que je vais vous la conter dans les grandes lignes, en toute simplicité. Mais tout d’abord, laissez-moi exprimer ma reconnaissance, ma gratitude envers tous les Rabbanim et personnes dévouées à transmettre le Judaïsme, notamment le mouvement Loubavitch Habad, qui nous ont aidés dans ce cheminement. Je suis née chrétienne, il y a de cela une cinquantaine d’années en Normandie, à Rouen plus précisément, à la clinique des Roses et oui, et où rien ne me prédestinait à ce qui va suivre. A l’âge de 19 ans, je dus m’expatrier dans la banlieue parisienne pour le travail et c’est d’ailleurs à cet endroit que j’ai rencontré un jeune homme juif qui allait devenir
mon époux par la suite. A l’époque, je ne connaissais rien du Judaïsme. Sioniste dans l’âme, j’avais pourtant ce désir à cette période de vivre en Israël, au kibboutz mais D. avait prévu d’autres projets pour nous. Je me souviens que lors d’un voyage touristique, j’avais alors été touchée par la beauté magique que dégageait Jérusalem. Pourquoi me direzvous ? Là est le mystère… Par soif de connaissance, au fil des années j’appris à connaitre et à aimer le Judaïsme, en lisant, en suivant des cours de Torah et de ‘Hassidout qui m’ouvrirent intellectuellement aux choses spirituelles et emplirent tout mon être de lumière. Cela dura de nombreuses années pendant lesquelles c’était un réel plaisir pour mon mari et moi-même d’écouter l’enseignement du Rav basé sur le Tanya. Entre temps trois enfants étaient nés, grâce à D., et nous les élevions dans l’esprit de la Torah avec les connaissances que nous avions. Un jour, le Rav nous dit : « Mais pourquoi ne régularisez-vous pas votre situation
Alors commença le processus de conversion que nous connaissons, fait de courriers, d’entretiens rabbiniques, ponctués tantôt de déceptions, de challenges mais surtout d’étude et d’espoir.
Nous dûmes attendre encore pleines d’espoir et un jour, le téléphone retentit pour nous annoncer qu’une date devait être fixée pour le Mikvé (bain rituel). Quel bonheur ce fut et quelle émotion ce jour-là, de se tremper dans le Mikvé, en sachant qu’une nouvelle âme juive allait nous être échue ! Tout alla très vite ensuite. S’ensuivit le mariage religieux au sein de notre communauté, un peu notre famille, moment inoubliable après tant d’efforts…
Les enfants grandissant, nous nous amusions certains soirs et week-end à faire des jeux de questions/réponses à l’image du jeu « Torat Haïm », en prévision des futurs examens. (J’avoue que ces instants nous ont soudés pour toujours). Le jour J arriva, l’on nous conduisit ensemble dans une grande salle du Consistoire où nous dûmes répondre, en un temps limité, à environ 300 questions diverses et variées. Quel stress ! Mais quelle ne fut pas notre joie quand nous apprîmes quelques jours plus tard que nous avions réussi l’examen écrit. Il restait encore l’examen oral devant trois Rabbanim. Le stress continuait… Nous passâmes toutes devant ce Tribunal Rabbinique où l’on nous questionna, notamment sur les interdits de Chabbat
Et pour tout vous dire à présent, pour « boucler la boucle », nous voici installés depuis trois mois en Israël, pour une nouvelle vie. Barou'h Hachem ! Je voudrais simplement conclure par ceci : notre devise étant « doucement mais sûrement » : nul doute qu’avec les ingrédients suivants : l’étude de la Torah, l’accomplissement des mitsvot avec un cœur sincère et droit, une crainte de D. alliés à une foi sans limite, un amour véritable et une bonne dose d’efforts personnels, vous réussirez B’H’.
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et ses dérivés, ainsi que sur nos motivations personnelles.
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auprès du Beth Din de Paris ? ». Je m’en souviendrai toute ma vie.
EDUCATION
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Donner la confiance en soi
R
abbi David de Lelov, grand maître ‘hassidique, disait qu’il avait appris l’essence de l’ahavat israël (amour du prochain) en entendant une conversation dans une taverne. Deux hommes trinquaient sur des gobelets de vin. L’un d’entre eux s’écria alors : - Ivan, je t’aime ! Je t’aime vraiment ! - Non, tu ne m’aimes pas Stephan, répondit Ivan. Tu ne m’aimes pas du tout. Le saoul Stephan commença à pleurer et à protester : - Ne dis pas ça, Ivan ! Je t’aime de tout mon cœur. Je te le jure !
- Si tu m’aimes vraiment Stephan, rétorqua Ivan, peux-tu ressentir mes besoins ? Sais-tu ce qui me fait souffrir, ce dont je manque ? Le Rabbi de Lelov conclut : « J’ai alors compris que pour aimer véritablement quelqu’un, il faut ressentir
ses besoins et ce qui le plonge dans le désarroi ». Il ne fait aucun doute que nous aimons nos enfants. Nous sommes prêts à sacrifier notre vie pour eux. Mais répondons-nous aux critères du Rabbi de Lelov ? Savons-nous véritablement ce qui les dérange, quels sont leurs besoins et leurs manques ? Un jeune enfant voulait beaucoup jouer avec ses camarades mais il se mit de côté, par crainte d’être vexé par eux ou par peur de perdre. Voilà un exemple parmi tant d’autres de manifestation de désarroi d’un enfant. - Pourquoi Yossi obtient tout ce qu’il veut et que moi, je n’ai rien ? - Pourquoi Yossi va toujours dans des endroits où moi je ne vais pas ? Il se peut que ces protestations soient complètement infondées mais c’est la façon dont l’enfant ressent les choses et, pour lui, elles sont réelles. Même s’il sait bien lui-même que ce qu’il dit n’est pas juste, il utilise ces mots pour exprimer que quelque chose le dérange.
Bien sûr, il se peut que Yossi soit un enfant favorisé. La raison pour laquelle la Torah nous dit que Yaakov préférait Yossef nous permet de réaliser que cela peut arriver à n’importe qui. Yossi peut être un enfant charismatique, qui illumine la maison de sa présence, alors que Yoni n’a pas ces qualités.
Comme le dit le Rabbi de Lelov, notre amour pour nos enfants doit nous rendre sensibles à ce qui les perturbe. Acceptez son sentiment. Votre réponse immédiate peut être accompagnée d’une étreinte et d’un baiser, et vous pouvez dire quelque chose comme : « Quelquefois, on a des sentiments qui
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Mais supposons que Yossi ne soit pas le favori, que c’est juste le sentiment de Yoni. Vous dîtes à Yossi :
« Ils ne m’ont même pas entendu. Ils ne comprennent pas ce qui me dérange ».
« Mais ce n’est pas vrai ! Tu es allé dans des endroits où Yoni n’est pas allé, tout comme lui est allé là où tu n’es pas allé. Nous essayons de donner à chacun de vous ce dont il a besoin ».
ne sont pas réels mais il nous paraissent vrais. C’est comme dans un rêve où tu vois des choses qui ont l’air bien vraies. Papa et Maman aiment autant tous leurs enfants ».
Vous avez établi des faits mais les faits n’ont jamais posé de problème et non seulement cette déclaration n’a pas de valeur mais elle est même contre-productive. Ce que Yossi conclut :
Vous n’aurez peut-être pas résolu le problème mais vous avez admis le sentiment de l’enfant et si Yossi n’est pas complètement rassuré, il a des raisons d’espérer que, puisque vous avez vu ce
qu’il ressent, vous allez faire quelque chose pour cela. Il y a de fortes chances pour que la déclaration : « vous l’aimez plus que moi » prenne ses racines dans l’idée que se fait l’enfant d’être moins digne d’amour que son frère.
Une petite fille de six ans prenait depuis peu des leçons de piano. Elle voulut faire un « récital » devant sa grand-mère.
« pour aimer véritablement quelqu’un, il faut ressentir ses besoins et ce qui le plonge dans le désarroi ».
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En d’autres termes, il s’agit de son manque de confiance en soi et la solution à long terme pour cette manifestation, comme pour d’autres, est de construire cette
méritent d’entendre de qui est dit pour leur faire plaisir. Les adultes se sont habitués à l’hypocrisie mais les enfants y sont beaucoup plus sensibles et peuvent parfaitement détecter que certaines paroles manquent de vérité. De telles louanges peuvent signifier pour eux qu’ils ne pourront jamais croire ce que leurs parents diront à leur propos.
confiance en soi. Il ne s’agit pas d’une démarche simple, qui peut se produire en un instant et elle requiert de la patience et de la persévérance. Mais c’est possible. Complimenter est très efficace pour donner la confiance en soi, mais attention ! Il ne s’agit pas ici de flatterie. Les enfants ont besoin d’être complimentés mais savent très bien discerner ce qu’ils
Inutile de dire que se performance n’avait rien de celle d’une virtuose mais on pouvait malgré tout reconnaître un peu la mélodie. Le reflexe premier de la grandmère fut de la féliciter : « Oh ! C’était extraordinaire ! ». Mais elle se rattrapa à temps, réalisant qu’en fait, c’était un mensonge parce qu’elle n’avait pas bien joué. Elle lui dit alors : « Je connais cet air. Rejoue-le et je chanterai avec toi ». Elle le refit deux fois et ce duo enchanta la petite
fille comme le révéla son expression. La grand-mère avait réussi à la complimenter sans lui mentir.
Ce même Rabbi de Lelov rentra un jour chez lui, très tard, et raconta : « Je passais devant une maison et j’ai entendu beaucoup de cris. Je me suis approché de la fenêtre et j’ai vu un homme qui criait sur son vieux père : « Tu es un parasite ! Tout ce que tu fais est manger et dormir. Tu ne fais rien à la maison pour aider et tu me critiques constamment. Je te jure que si je n’avais pas la crainte de D.ieu, je te
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Poster un dessin ou un test réussi de l’enfant sur le réfrigérateur est bienvenu, ainsi que de faire un tableau avec des étoiles qui notent un bon comportement. Chaque enfant a besoin qu’on évalue ce qui est attendu de lui et ses bons résultats doivent être reconnus. Par exemple, pour un enfant de quatre ans, le tableau peut avoir des cases : « modéh ani », « se laver
comportement comme naturel et ne relevons que ce qui doit être corrigé.
les dents », « mettre les tsitsit » et être complété au fur et à mesure qu’il grandit. Il est important de rester conscient de ce que l’on peut légitimement féliciter. Il est sûr que nous décelons les mauvaises actions de l’enfant et le corrigeons, le cas échéant. Mais il faut aussi être capables de signifier que nous avons observé qu’il a bien agi, comme on l’attendait de lui. Trop souvent, nous considérons le bon
tuerais ! ». Quand j’ai entendu que c’était un homme craignant D.ieu, je n’ai pas pu partir. Je devais entrer dans la maison pour lui parler ». Même dans le cas d’un fils si terriblement grossier à l’égard de son père âgé, le Rabbi avait pu lui trouver une qualité. Il est évident que nous pouvons trouver, chez notre enfant, des points positifs pour
lesquels le louer. Mais rappelez-vous : le compliment doit être sincère. L’enfant doit pouvoir ressentir que ses parents sont vraiment satisfaits.
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Et nous revenons au fait qu’il est extrêmement important que les parents soient sincères dans tout ce qu’ils font dans la vie. Le Maître ‘hassidique, Rabbi Elimélè’h de Lizensk avait l’habitude de prier : « Que Ta volonté soit que nous voyions les qualités chez autrui et non leurs défauts ! ». Ce n’est pas l’attitude habituelle. La plupart des gens sont plus généreux dans leurs critiques que dans leurs compliments. Quand l’enfant entend des parents parler des défauts et des faiblesses des autres (ce qui incidemment est du lachon arah, de la médisance) et non de leurs qualités, il est fort probable qu’il pensera que lorsqu’ils le félicitent, c’est artificiel et non honnête et sincère. De nombreux autres éléments, qui peuvent affecter la confiance en soi, ne sont pas forcément des événements dramatiques ou traumatisants mais des choses qui paraissent totalement insignifiantes. Par exemple, l’enfant vous demande quelque chose alors que vous êtes absorbé par la lecture d’un article ou d’un livre. Les yeux rivés au papier ou encore à moitié attachés à ce que vous lisez, vous répondez à sa question en disant : « Heu, oui, je pense que c’est d’accord ». Ce n’est pas si grave, n’est-ce pas ? Mais réfléchissez. La question de l’enfant, peut-être vous demandait-il s’il pouvait aller chez un ami, ne vous semble pas importante, à vous, mais elle l’est pour lui. Supposez que vous demandiez à votre
employeur une question sérieuse pour vous et qu’il ne vous accorde aucune attention, marmonnant un semblant de réponse, tout absorbé dans autre chose. Comment le ressentiriez-vous ? Auriez-vous le sentiment qu’il s’intéresse véritablement à vous et à vos besoins ? C’est ce que ressent votre enfant quand vous agissez de la même manière. On ne vous demande pas de poser le livre ou le journal mais vous pouvez dire : « Chéri, je suis en train de lire et je veux entendre ce que tu as à me dire. J’ai bientôt fini et je vais t’écouter ». C’est lorsque vous l’écouterez, ensuite, avec attention qu’il ressentira que vous considérez ses besoins comme importants. Connaissez-vous le nom des professeurs de vos enfants ? Ces gens sont importants pour eux. Ils représentent pour eux l’autorité. A part à leurs noms, il vous faut vous intéresser à ce qu’ils ressentent à propos de leurs professeurs. Vous devez également connaître le nom de leurs amis. Cela leur montre que vous vous intéressez vraiment aux gens qu’ils côtoient. Il existe très peu de lois qui n’aient d’exceptions, à part l’une d’entre elles, et c’est impératif. Jamais, au grand jamais, n’humiliez un enfant. Le discipliner ne demande pas qu’il soit humilié. Jamais devant ses amis, jamais devant ses frères et sœurs. Quand il faut le réprimander et le punir, appelez-le de côté et corrigez-le en privé. Il sera ennuyé d’avoir été grondé mais il appréciera que vous ayez eu à cœur son propre respect. Par contre, si vous le réprimandez en présence d’autres personnes, la douleur d’avoir été humilié sera si intense qu’il ne comprendra pas même le message de la réprimande, qui n’aura eu, dès lors, aucun impact.
Le Talmud est habituellement très sévère à l’égard de celui qui humilie autrui. « Si quelqu’un embarrasse un autre en public, bien qu’il possède la Torah et les bonnes actions, il perd sa part dans le Monde Futur » (Ethiques nos Pères 3 :15). Le Talmud est très méticuleux dans son choix des mots et pourtant ici, il prononce une sentence plus sévère que pour quelqu’un qui a commis plusieurs transgressions de la Torah et ne perd pas sa part du Monde Futur.
sera très important, quand il mûrira, dans sa vie sociale.
Il n’y a aucune raison de croire que lorsque l’humiliation concerne son propre enfant, c’est moins grave. Le discipliner quand c’est nécessaire ? Bien sûr ! C’est une obligation pour les parents. Le diminuer et l’écraser en l’humiliant ? Jamais !
Il faut élaborer une stratégie intelligente pour concilier ces deux projets apparemment inconciliables.
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Nous avons dit que cette règle était absolue. Mais que faire lorsque un enfant a fait quelque chose qui demande à ce que nous donnions un exemple pour les autres ? Ne pas corriger un enfant en présence de sa fratrie peut leur donner l’impression qu’il n’a rien fait de grave. Il est convenu qu’une offense faite en public requiert une réprimande publique. Comment y parvenir sans l’humilier?
Et outre le fait que cela évite de rabaisser la confiance en soi de l’enfant, veiller à ne pas l’humilier lui enseigne de ne pas le faire, lui non plus, aux autres. Ce trait lui
Vous pouvez appeler l’enfant à part et dire : « Tu sais que je ne te réprimande jamais en public mais les autres enfants ont été témoins de ce que tu as fait et je ne peux pas le laisser passer, sans leur montrer que
façon dont le Roi Chaoul n’avait commis qu’une seule faute mais n’en fut pas pardonné alors que le Roi David commit deux péchés mais fut pardonné. Le Roi Chaoul essaya de se justifier (Samuel I 15 : 13-21) alors que lorsque David fut semoncé par le prophète parce qu’il avait fauté, il le reconnut immédiatement (Samuel II 12 :13).
Si l’enfant admet volontiers qu’il a eu tort, il faut le souligner :
Vous pouvez également raconter des histoires concernant des personnalités importantes qui n’hésitèrent pas à admettre leurs erreurs en public. Il y avait, par exemple, un dayan (juge) qui accusa quelqu’un de s’être malhonnêtement approprié de l’argent. Quand il découvrit plus tard son erreur, il fit une déclaration devant toute la synagogue et demanda pardon.
Le diminuer et l’écraser en l’humiliant ? Jamais !
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ce n’était pas bien, sinon ils vont penser qu’il n’y a aucun problème à une telle conduite. Toi et moi allons donc retourner dans cette pièce et je vais expliquer aux enfants pourquoi tu as mal agi. En fait, ce serait encore mieux que ce soit qui le leur dise plutôt que moi, parce que quand quelqu’un reconnaît ses erreurs, cela en fait quelqu’un de bien. Allez, viens ! ».
« Ecoutez les enfants ! Yits’hak s’est mal comporté. Mais nous sommes tous des êtres humains et faisons tous des erreurs. J’en ai fait et peut-être que vous-aussi. Personne n’est parfait. Mais certains ne reconnaissent jamais qu’ils ont eu tort ; Il faut beaucoup de courage et de personnalité pour le faire et Yits’hak nous a montré qu’il a ce courage et cette personnalité ». Si le temps le permet, vous pouvez développer l’importance de reconnaître rapidement ses erreurs et de ne pas essayer de se justifier. Vous pouvez souligner la
Un enfant peut ressortir grandi si on lui montre qu’il imite nos grands Sages de la Torah. Si vous n’avez pas le temps de vous lancer dans un tel développement, vous pouvez trouver l’occasion de le faire ultérieurement, à la table de Chabbat, par exemple. Cette tactique a l’avantage de combiner la réprimande pour le mauvais comportement de l’enfant et le compliment pour le fait qu’il a admis son erreur. Si l’enfant est têtu et refuse de le faire, vous devez quand même poursuivre votre réprimande devant les autres enfants puisque vous l’y avez préparé, et s’il vous laisse continuer seul, il aura au moins compris que vous lui avez donné la possibilité de se rattraper. De plus, les autres enfants apprécieront que vous essayiez de préserver sa dignité. Mais vous pouvez rétorquer : « Ecoutez, je suis occupé et j’ai un million d’autres choses à faire. Je ne peux pas passer mon
Il est paradoxal de constater que si l’on vous demandait pourquoi êtes-vous si pressé que vous ne puissiez prendre quelques minutes pour exercer une pleine discipline, vous risqueriez de répondre que vous devez vous dépêcher d’aller au travail, à un rendez-vous d’affaires ou de faire quelque chose à la maison. Le but de ces activités est, bien sûr, en faveur de la famille. Mais il est important de prendre conscience que ces quelques minutes que vous utiliserez pour discipliner correctement votre enfant , tout en préservant sa confiance en lui, sont aussi vitales pour lui que ce que vous avez à faire au travail ou à la maison. Comme pour les autres traits de caractère, préserver la dignité de quelqu’un, tout en le réprimandant ou en montrant son désaccord, doit être exemplifié par les parents dans leur propre vie. Malheureusement nombre d’entre eux ne veillent pas suffisamment à la manière dont ils gèrent leurs conflits quand ils échangent de dures paroles, voire des insultes, en présence de leurs enfants. Cela ne peut résulter que dans une baisse du respect des parents.
Complimenter est très efficace pour donner la confiance en soi, mais attention ! Les maris et les femmes doivent s’entraîner à se témoigner mutuellement du respect, même en l’absence des enfants, et à plus forte raison quand ils sont là. Parce que la place traditionnelle du père est à la tête de la maisonnée, le Talmud met une grande emphase sur le fait d’accorder le plus grand respect à la femme. « Un mari doit aimer sa femme comme lui-même, mais doit la respecter encore plus qu’il ne se respecte lui-même » (Yevamot 62b). La femme étant beaucoup plus sensible émotionnellement, le Talmud prévient le mari de faire très attention à ne pas la faire pleurer (Bava Metsia 59b). Nous avons souligné que la confiance en soi est contagieuse : les enfants « l’attrapent » de leurs parents. S’ils voient leurs parents se comporter avec du respect mutuel et de la dignité, non seulement développeront-ils ces qualités, dans leurs relations sociales, mais eux-mêmes gagneront en confiance en eux-mêmes.
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Le cas échéant, il vous faut revoir vos priorités. Ne pas prendre certaines mesures pour permettre à l’enfant de se réhabiliter à ses propres yeux est une démission dans la responsabilité parentale et ne permet pas de lui donner la meilleure opportunité pour se ressaisir et grandir bien dans sa tête.
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temps à une telle meguilah, chaque fois qu’un enfant se comporte mal ! ».
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ie Vquotidienne
Spécial pâtisserie : Pourim approche. Voici quelques réalisations simples et délicieuses, pour tous les goûts et tous les choix alimentaires. Merci à Myriam, Rachel, Mazal et Sarah qui nous ont envoyé ces recettes.
Sans gluten : le cake rapide de Sarah INGRÉDIENTS ɥ 4 œufs ɥ 2 verres ½ de poudre d’amande ɥ ½ verre (ou plus selon le goût) de sucre non raffiné (de préférence) ɥ 1 verre de jus d’orange ɥ 1 sachet de levure ɥ Optionnel : dés de pommes, pépites de chocolat, noix de coco, amandes effilées, etc., pour varier les saveurs.
PRÉPARATION Mélanger tous les ingrédients et cuire au four à 195 degrés pendant 20 minutes. Bra'ha : Chéakol
Les Roguélè’h Recette pour 4 douzaines de roguélè’h RECETTE
ɥ 1 cuiller de levure sèche
Dans un petit bol faire dissoudre la levure dans l’eau tiède.
ɥ ¼ de verre d’eau tiède
Faire fondre la margarine.
ɥ 1 verre de margarine
Dans le bol de votre robot (ou à la main), battre les œufs. Incorporer la farine et le sucre. Ajouter la margarine fondue, la levure et battre jusqu’à obtention d’une pâte homogène. Laisser reposer la nuit entière au réfrigérateur.
ɥ 2 œufs ɥ 3 verres de farine ɥ 3 cuillers à soupe de sucre
FARCE ɥ 1 verre de confiture d’abricot ɥ ¾ de verre de cannelle ɥ ¼ de verre de sucre Autres options : ɥ Remplacer la confiture par du cacao en poudre en ajoutant un peu de matière grasse pour lier. ɥ Mélange de 2 verres de noix, 1 verre de sucre, le tout lié par du rhum, du vin ou du jus de raisin.
Diviser la pâte en quatre parties. Etaler la pâte sur une planche farinée, pour former un rond d’une épaisseur assez fine (7-8 mm). Graisser avec un pinceau imbibé d’huile. Etaler la farce en couche fine en laissant une bordure d’environ 1 cm ½ tout autour. Couper en 4 triangles puis chaque triangle en 3 pour obtenir 12 triangles (ou plus selon la taille désirée). Enrouler chaque triangle, en commençant par la partie la plus large vers le centre, puis courber délicatement pour donner la forme d’un croissant. Passer sur chaque roguélè’h du jaune d’œuf ou de l’huile pour donner un aspect brillant. Déposer les croissants sur une feuille de papier sulfurisé et faire cuire dans le four à 180 degrés durant 15 à 20 minutes. L’aspect final doit être brun doré.
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INGRÉDIENTS
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(petits croissants)
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Bio : les cookies à l’avoine de Rachel INGRÉDIENTS, LES SOLIDES :
PRÉPARATION
ɥ 3 ½ verres de farine blanche ou complète
Mélanger les solides.
ɥ 3 verres de flocons d’avoine (épaisse ou fine)
Introduire les oeufs et l’huile.
ɥ 1 verre 1/5 à 2 verres de sucre (selon le goût) non raffiné (si possible) ɥ 1 levure chimique ɥ 1 verre de poudre de noix de coco ɥ ½ verre de pépites de chocolat ɥ 1/2 à 1 verre de noisettes et/ou d’amandes grillées et concassées. ɥ ½ verre de chia (graines biologiques très saines et délicieuses que l’on trouve dans magasin biologique type Naturalia ɥ 1 bonne poignée de cranberry ou de raisins secs.
Lier l’ensemble avec un peu de lait de soja ou de jus. (La préparation qui ne doit pas devenir trop molle). Former des petits tas, à l’aide de deux cuillers à soupe et les aplatir à la main. Les répartir sur un papier sulfurisé.
ɥ 1 verre d’huile
Cuire au four à 160 degrés, environ 20 minutes. L’aspect doit être marron clair. Vérifier que les cookies soient bien cuits en-dessous et au-dessous mais pas trop cuits ni brûlés. Ils en seront que plus croustillants.
ɥ Lait de soja ou jus de fruits pour lier la préparation
Laisser refroidir. Les cookies durcissent ainsi.
(Vous pouvez adapter votre garniture en fonction des ingrédients que vous possédez)
LES LIQUIDES : ɥ 2 œufs
Le gâteau de Myriam
GÂTEAU : ɥ 6 œufs ɥ 3 verres de sucre (ou moins selon le goût)
PRÉPARATION Battre le blanc des œufs en neige très ferme puis ajouter la moitié du sucre et continuer à battre. Dans un autre récipient, mélanger le jaune des œufs, le reste du sucre, jusqu’à obtention d’un appareil clair.
ɥ 1 verre de jus d’orange
Ajouter le sucre vanillé, l’huile, le jus d’orange, la farine et la levure.
ɥ ½ verre d’huile
Finir en incorporant à la cuiller le blanc en neige.
ɥ 2 ½ verres de farine
Incorporer dans un moule rond ou rectangulaire (si vous désirez décorer le gâteau) ou dans des moules à cake.
ɥ 1 sachet de sucre vanillé ɥ 1 sachet de levure chimique
GARNITURE : ɥ 1 tablette de chocolat ɥ 1 verre de crème battue (whip) ɥ Vermicelles de chocolat multicolores ɥ Amandes concassées ou caramélisées ɥ Noisettes concassées ou caramélisées ɥ Ou toute autre décoration de votre choix
Cuire au four à 180 degrés pendant 45 minutes pour le grand gâteau (moins pour les petits). Surveiller la cuisson, en incorporant un couteau qui doit ressortir sec. Le gâteau doit être d’un léger doré.
GARNITURE Faire fondre le chocolat au micro-onde ou à la casserole. Laisser refroidir et incorporer la crème. Napper le gâteau refroidi. Diviser le gâteau en quatre garnitures : deux quarts parsemés de vermicelles en chocolat, un quart d’amandes, un quart de noisettes. Mais laisser parler votre imagination !
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INGRÉDIENTS
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Il s’agit d’un biscuit simple, au goût extrêmement délicat, à manger nature ou à décorer pour une belle présentation.
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Bio : Le gâteau détonnant de Mazal INGRÉDIENTS, 1er RÉCIPIENT : ɥ 4 œufs
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ɥ ½ verre d’huile ɥ 1 verre de jus de pomme ou de lait de soja à la vanille ou de lait d’amande ɥ Quelques gouttes d’extrait de vanille
2ème RÉCIPIENT : ɥ 1 verre de farine de Kamut (magasin diététique) ɥ 2 verres de farine de grand épeautre ɥ 1 sachet de levure ɥ 1 verre ½ de sucre de canne complet (plus ou moins selon le goût)
RECETTE : Mélanger chaque récipient. Puis verser le contenu du 2ème récipient dans le premier et mélanger le tout. Cela peut se faire aisément à la main. Cuire au four à 190 degrés pendant 20 minutes.
idées
éco DPourim
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Voici quelques idées qui peut-être vous inspireront !
Mots d’enfants Ychai, 5 ans :
Yona crie :
- C’était un jour ferié, le 1er mai
« Maman ! Vite, vite, regarde, il y a un énorme cousin qui vient de rentrer par la fenêtre !! »
Ychaï, dubitatif :
Shaili :
- Ah... C’était la mort des premiers nés ?!
« Ah mais pas du tout, il est vraiment énoooorme !! C’est pas un cousin, c’est un oncle !!! »
En classe, Sarah, 6 ans, se présente après deux jours d’absence. « Je suis tombée et à l’hôpital, ils m’ont fait des points de « pointure »
Haya, 4 ans, en sortant d’une visite à l’aquarium éclate en sanglots. « Ma fille tu as aimé ? Ne pleure pas, on reviendra !! » Entre deux gros sanglots, elle dit : « Non !!!! J’ai pas vu mon poisson carré !!!! »
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- Maman pourquoi on n’a pas eu l’école hier ?
L’été, fenêtres ouvertes à la maison.
- Rivka, peux-tu me citer des adverbes de temps ?
Dovy, 5 ans, au moment où il se met au lit.
- Oui ! Hier, la semaine dernière, Maroc…
-Maman, comment je peux rêver du Rabbi ?
- Maroc ?
Il prend une photo du Rabbi et la pose sur son front :
- Oui ma mère me dit toujours « avant au Maroc… »
-Comme ça, il va rentrer dans mon rêve ?
SEBASTIMMO
80 boulevard de SĂŠbastopol 75003 Paris