christian berst art brut anna zemànkovà hortus deliciarum textes de / texts by terezie zemánková & manuel anceau
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christian berst art brut
L'art brut est l'expression d'une mythologie individuelle, affranchie du régime et de l'économie de l'objet d'art. Ces oeuvres sans destinataire manifeste sont produites par des personnalités qui vivent dans l'altérité – qu'elle soit mentale ou sociale. Leurs productions nous renvoient tantôt à la métaphysique de l'art c'est-à-dire à la pulsion créatrice comme tentative d'élucidation du mystère d'être au monde - tantôt au besoin de réparer ce monde, de le soigner, de le rendre habitable.
Art Brut is the expression of an individual mythology liberated from the system and economy of the art object. This work, produced with no clear audience in mind, is created by individuals who live in "otherness", be it psychological or social. Sometimes it draws our attention to the metaphysics of art - the creative urge as an attempt to elucidate the mystery of existence - and at others, to the need to repair the world, to care for it, to make it habitable.
christian berst avant-propos
Anna Zemánková (1908-1986), figure déjà consacrée de l’art brut, produisit en effet dès les années 60 une oeuvre à laquelle sa condition ne l’avait pas préparée, et, surtout, qui répondait par nature à des injonctions venues des tréfonds, et dont le processus se souciait peu de plaire. Ainsi, à l’heure où les démons de la nuit le disputaient encore aux irisations séminales de l’aube, cette mère de famille – en transe – cueillait en pensée des fleurs étranges que, plus tard, elle ferait saillir du papier, recoudrait, surbroderait, taillerait, en constellerait parfois les ciels de milliers de trous d’aiguilles. Toute une magie blanche au service d’un hortus deliciarum dont elle pensait peut-être tirer des onguents, des baumes et des philtres afin de soigner la dépression et laisser flotter son être.
anna zemànkovà hortus deliciarum
Notre époque serait-elle à ce point désenchantée pour que la biennale de Venise investisse l’oeuvre d’une petite âme de Moravie du pouvoir de libérer des potentialités nouvelles ?
du jour qui se lève, cette végétation croissait lentement en elle. « Je fais pousser des fleurs qui ne poussent nulle part ailleurs » avaitelle coutume de dire. Mais cette végétation sans racines ni humus, ces floraisons tantôt mentales, tantôt érotiques, de quel herbier des abysses sourdent-elles ? À quel règne appartiennent-elles ? De quelle classification relèvent-elles ? D’ailleurs, à l’instar de la production de Séraphine de Senlis, s’agit-il encore de fleurs ? Ne sont-ce pas déjà des fruits ? Charnus, emplis de sucs entêtants, gorgés de la pulsion d’une femme qui, s’en remettant au mystère non élucidé, dit simplement « je vis ».
Tandis qu’elle était amputée de ses jambes et condamnée à la silencieuse contemplation
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terezie zemánková préface la floraison fertile d’anna zemánková
petite-fille d’anna, représentante de l’association abcd à prague.
À y regarder de plus près nous découvrons que l’auteur, plutôt que de porter son regard loin devant, a dû se tourner dans la direction opposée, vers son monde intérieur. Au moment où ses créations ont été libérées de tout lien avec la réalité (très peu de temps après qu‘elle se soit consacrée à la peinture), elle est devenue totalement idéoplastique. Elle n’a pas cherché à reproduire des formes existantes et n’a pas essayé non plus d‘illustrer la réalité du monde extérieure, mais a créé de nouveaux phénomènes très personnels. Le papier est devenu la scène sur laquelle Anna a monté ses drames intimes. De cette période, une série entière de dessins et de peintures a tempera ont été conservés, sur lesquels elle répète les mêmes scénarios : une fleur délicate et innocente se blottit sur le bord inférieur du papier, alors que la surface de la page est occupée par des plantes carni-
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Si l’œuvre de Luboš Plný évoque une sorte d’étrange atlas anatomique, Anna Zemánková, elle, nous invite à la lecture d‘un herbier non moins miraculeux constitué de matière végétale venue d‘ailleurs.
vores agressives, toxiques et rougeoyantes. Une troisième partie complète souvent la scène représentant une seule plante légèrement moins dangereuse. On peut supposer que cette composition était la réaction d’Anna à sa discorde conjugale, l’une des raisons de son insatisfaction et de sa frustration. La deuxième cause de son angoisse était l’affaiblissement de son rôle maternel – qui physiologiquement prit fin à la ménopause – et simultanément le reflux de l’interaction sociale avec ses enfants qui avaient atteint l’âge adulte. Son activité créatrice, à laquelle elle s‘était consacrée à près de cinquante ans, fut la soupape de sécurité de ses émotions refoulées, de ses blessures, de ses déceptions, de son insatisfaction, mais aussi, de ses rêves, de ses passions et de ses joies.
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Après avoir épuisé pour la centième fois (bien qu‘à chaque occasion sous un «costume» différent), la représentation du conflit avec sa «plante» partenaire par des motifs imbriqués, Anna a finalement réussi à se libérer des influences extérieures et à se recentrer sur elle-même pour pénétrer profondément dans son subconscient, où elle a trouvé une montagne de trésors insoupçonnés. Elle commençait à dessiner très tôt le matin, dans un état contemplatif entre rêve et veille, si favorable à son automatisme créatif. Cet état était subordonné à un processus d’introversion physique1, quand la conscience se tourne vers l‘intérieur, s’identifiant avec différents organes, tissus, cellules. Son intériorité, au lieu d’être psychique, passait par un rapport physique avec un espace interne infini, sans lignes d’horizons. Sa vie ne passait pas par une intériorité psychique mais par un rapport physique avec un espace interne infini, sans ligne d’horizon. La confrontation violente entre les formes et les objets inconsistants de ses dessins disparut et ses figures ont commencé à se remplir, à augmenter en taille et à prendre une forme organique. Plus que de simples fleurs, elles se mirent à évoquer des fruits, tels des embryons flottants dans un état indéfini, comme d’énormes ventres féconds, des utérus affamés et insatiables. Le corps et ses organes devinrent la structure principale et dynamique de l’image. C’est
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1. Grof Stanislav, Adventure of self-discovery (Dobrodružství sebeobjevování). Prague: Gemma 89, 1993, p. 90.
comme si les dessins de cette époque représentaient un concentré de son processus, pas seulement un simple cliché. Ils ne fonctionnent pas comme une empreinte isolée, mais portent en eux toute une succession de pensées et de sentiments. De leur description on ne retient pas les noms ou adjectifs exprimant l’état qui les soutend, mais plus probablement des verbes comme flotter, trembler, proliférer, bourgeonner, bouillonner, pénétrer, diffuser, dévorer, expulser, jeter, éjaculer ... En reprenant l‘idée du philosophe Gaston Bachelard, le corps de l’auteur renait sous la forme élémentaire d’embryons cosmiques, guidé par la volonté de recréer des formes premières. Tout revît: les cellules et les tissus fibreux, les glandes et les muscles ; tous plus volumineux, plus gonflés2.... L’imagination déformée se révèle au travers des courbes, des formes circulaires et arrondies, qui rappellent le concept de l’estomac en tant qu‘espace qui dévore, mais agit en même temps comme le lieu qui nourrit les embryons – en tant qu‘estomac plein, générant la vie et accouchant. La capacité à se plonger dans un état d’introversion physique est l’une des facultés particulières communes aux créateurs médiumniques – ceux qui se déconnectent, volontairement ou spontanément des composantes conscientes de leur personnalité pour permettre un libre passage aux gestes automatiques créatifs et impulsifs.
2. Bachelard, Gaston. La poétique de la rêverie. Paris: PUF, 1993.
Au cours de la première décennie de sa vie créatrice (1960 - 1970), Anna a déjà du ressusciter ses propres souvenirs intra-utérins ou les a revécu au cours de ses grossesses et accouchements. Elle a aussi en
3. Dali, Salvador, The secret life of Salvador Dalí, Dial Press, 1942.
quelque sorte représenté les archétypes universels de la fécondité, nous donnant l‘impression d‘avoir reconstruit non seulement sa propre ontogenèse, mais aussi sa phylogenèse, ou même sa cosmogénèse. Elle a réussi à symboliser le macrocosme aussi bien que le microcosme4, les processus spatiaux et leur trame à un niveau microscopique. Ce principe est évident dans ses dessins, pratiquement dès le départ, surtout par la présence de détails. Certaines de ses images font penser à des circuits intégrés ou aux « entrailles » d’un ordinateur, d’autres, en revanche, évoquent des systèmes cellulaires ou peut-être comme vus à travers l’œil d’une mouche. L’accumulation de détails n’a jamais été préjudiciable même quand ils dépassent les frontières du discernable. L’auteur a toujours pris le plus grand soin à les dessiner. Ce n’est décidément pas simplement un remplissage décoratif de la page. Les détails sont la véritable structure cellulaire d’un organisme, ils contiennent leurs propres codes ADN. Ils sont les représentants d’une unité dans son ensemble, tout comme les fractales, dont chaque partie miniature génère finalement, par ellemême, des effets similaires.
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Ce principe a été invoqué par les surréalistes qui ont eux aussi été émerveillés par les mediums. Salvador Dalí, dans sa « vie secrète », décrit les souvenirs intra-utérins qu’il conservait dans sa mémoire comme des « images miraculeuses et paradisiaques ». « ...Toute la vie imaginative d’une personne tend à reconstituer symboliquement les situations et les représentations qui découlent de cet état paradisiaque initial, et surtout à surmonter l’horrible « traumatisme de la naissance », par laquelle nous sommes chassés du Paradis et de la protection parfaite de l’utérus de la mère, nous livrant en un seul instant à la merci de tous les dangers de ce nouveau monde et de sa réalité brutale...»3
En dépit de toutes les associations liées à des processus physiologiques, que l’on retrouve dans sa production éminemment créative des premiers temps, Anna Zemánková n’est jamais explicite dans ses déclarations. Ses formulations créa-
4. Pohribný, Arsén. Oiniric visions of Anna Zemánková (Oinirické vize Anny Zemánkové). Olomouc: Museum of Art Olomouc. 1998.
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[...] Les images qui émergent de ces récits franchissent continuellement les seuils du temps et de l'espace, et assimilent un énorme arsenal de codes de représentation visuelle qui ont été utilisés dans différents types de représentations culturelles à l'intérieur et à l'extérieur du champ de l'art. [...]
tion, équivalent de la conception, car elle donne naissance à du matériau neuf. Le symbolisme de la mère chez Anna Zemánková est fondé sur un mariage de principes aquatiques et telluriques. L‘imbibation de la terre par du liquide génère de nouvelles substances, malléables, souples et sensuelles... Son eau n’est cependant pas seuLe symbolisme de l’eau est devenu central lement stagnante, fertile, nourrissante, prodans son travail. Dans sa rêverie créatrice tectrice – donc féminine – mais elle prend elle a respecté ses lois internes, ses prin- aussi, à l’occasion, des caractéristiques cipes, sa poétique. La plupart de ses pro- masculines sous forme de geysers jaillisductions contient du liquide amniotique sants, éjaculants. En conjonction avec la épais, nutritif - substance de base de toute terre, elle joue le rôle fertilisant de la pluie. vie. Des plantes grasses tournoient au fond Le couple divin ciel-terre est après tout d‘eaux stagnantes, saturées de liquide, le leitmotiv d’une mythologie universelle. flottant librement comme un fœtus dans Le mélange de ces deux éléments est le ventre de la mère5. La caractéristique toujours un mariage. Dès que deux subsmaternelle de l’eau est d’ailleurs l’une des tances de base se rejoignent et que l‘une interprétations symboliques les plus fla- fusionne avec l’autre, elles acquièrent un grantes de la mythologie, puisque dans la caractère sexuel6. plupart des mythes, la mer est le symbole de la naissance. Dans l’iconographie d’An- L’eau, dans l’iconographie d‘Anna Zemánna, l’eau joue le rôle de la vie élémentaire, ková, ne se manifeste pas que dans le c’est l’essence chimique de la maternité, sens d’un élément isolé, mais se réfère elle a le pouvoir de fertilité. Ses sujets sont aussi à des motifs concrets dans ses desessentiellement juteux, doux, rappelant les sins, qui nous évoquent des plantes et des tissus corporels, évoquant l’humidité de la animaux sous-marins : anémones de mer, sexualité. amibes, coquilles. Symboliquement, ils se rapportent là encore au principe féminin et Bien que cette figuration matérielle donne maternel, en les enrichissant de nouveaux la préférence à un seul élément, elle aime éléments, de couleurs et d‘arômes. Pour en explorer toutes les combinaisons. Cet les surréalistes, le monde de l’eau est la élément élu tente de pénétrer tous les métaphore du désir. Le travail d’André Breautres, de devenir la substance universelle. ton est plein de métaphores aquatiques : Mais la résistance à cette unité de base fontaines, rivières, bateaux, pluie, larmes, aspire à préserver la diversité cosmique. reflets en surface, cascades. La Venus de Elle y parvient grâce au concept d‘infiltra5. Zemánková, Terezie. Anna Zemánková. Prague: abcd, 2003.
6. Bachelard, Gaston. Voda a sny (Water and dreams). Prague: Mladá Fronta, 1997.
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tives sont toujours liées au monde végétal, dissimulées derrière des masques ostentatoires, se cachant sous une multitude d’éléments décoratifs, dissoutes dans des formes liquides. Anna nous a dérobé sa représentation mentale. Elle l‘a traduite dans un langage métaphorique épuré.
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Botticelli est née d’une conque, Verlaine a vu dans le coquillage le représentant du sexe féminin et dans le langage populaire, des noms comme la moule et l’huître sont utilisés pour symboliser les organes génitaux féminins.
lumineuse dans la représentation de la naissance du Seigneur ou de l’Annonciation. L’élément lumineux est même utilisé concrètement dans son travail, ou plus précisément physiquement : l’auteur prend plaisir à perforer le papier, comme pour générer des pores dans sa texture, lui permettant de respirer et, en même temps, de Le corps, dans les images d’Anna, sert laisser passer les rayons du soleil dans le d’abord à l’accomplissement d’un acte de dessin placé face à une source lumineuse, création sacré, dans lequel il n’y a pas de comme le vitrail d’une cathédrale. À la perdifférence entre le corps et l’âme, la ma- foration du papier se sont rapidement ajoutière et l’énergie, le matériel et le spirituel. tés les gaufrages, les collages de papier et Tout s‘accorde dans une unité fondamen- d‘éléments textiles, les applications d’ouvrages au crochet, les perles décoratives, tale parfaite. les paillettes et les strass. Dans certains Dès le moment où Anna, au travers de son cas, la décoration trop riche étouffe le destravail de création, a éprouvé une véritable sin original. Il fonctionne comme la robe catharsis et a fini par accepter ses trauma- fastueuse d‘une mariée, comme les robes tismes physiologiques, elle a commencé brodées d’or des saints ou les reliques serà exprimer dans son travail un désir de se ties de pierres précieuses posées sur leurs dégager de toute matière, de libérer son cercueils dans leurs châsses. esprit des marasmes de l’existence terrestre et de tendre vers la transcendance. Comme si pour honorer le sacré, Anna Ses dessins sont marqués par une volonté essayait d‘éliminer toute trace de continde s‘élever vers la lumière. On retrouve gences terrestres. Comme si elle énonçait cela dans des images symboliques d’ac- le principe spirituel, c’est à dire le phénocouchement ; elles sont alors auréolées mène extatique qui résout le problème de la transformation entre l’existence terrestre d‘une lumière brillante. physique et sa sublimation posthume. Cette lumière acquiert la valeur religieuse Cette manifestation visuelle symbolise la d’un nimbe et ajoute un sens mystique à joie, tout autant que la peur de vivre à la l’événement. La lumière est dispensatrice frontière entre l‘existence mortelle et l‘éterde l’Esprit, elle en fait don au matériel et en nité.7 même temps le purifie. Elle brille dans les dessins d’Anna, provenant souvent d’une source que l’on devine dans le fond, elle est mystérieuse et nous rappelle l’aura 7. Cardinal, Roger. « L´art et la transe ». In Lusardy, Martine (Ed.). Art spirite, médiumnique et visionnaire: Messages d´Outre-Monde. Paris: Hoëbeke, 1999
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Terezie et sa grand mère Anna Zemánková Terezie and her grand mother Anna Zemánková
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manuel anceau essai indéchiffrable ou peu s’en faut...
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enseignant et écrivain. Il s’intéresse très tôt à l’art brut et a collaboré à de nombreux projets en rapport avec ses artistes comme Rouge ciel, un essai sur l’art brut, film de Bruno Decharme (2009), Adolf Wölfli: Creator of the Universe (2013), postface de Ruines de Perrine Le Querrec (2017), la rédaction d'essais pour la galerie christian berst art brut, etc.
Indéchiffrable ou peu s’en faut, telle la partition d’une musique faite, semble-t-il, pour la seule oreille interne ; ou montrant une succession de parois si verticales, offrant si peu de prise à l’escalade, que l’œil en ressort buté, irrité comme si rien ne lui jetait plus que des reflets de verre, qu’en effet tout ce qu’il peut discerner de ces dessins n’est qu’un interminable combat de coqs de cristal : ainsi l’œuvre d’Anna Zemánková de traîner derrière elle une réputation méritée d’inviolabilité.
Les quelques propos de Zemánková ellemême (dont cette phrase : « je fais pousser des fleurs qui ne poussent nulle part ailleurs ») ne sont pas sans renforcer cette première impression – que ce sont là des boucliers dont il apparaît vain de vouloir blasonner le moindre meuble. Héraldique stupéfiante dont tous les termes nous font défaut. L’œuvre, il est vrai, paraît se refuser à tout déchiffrement, tout en se trouvant fardée
d’assez de feux ardents pour soulever nos paupières, plutôt alourdies ces temps-ci par la poussière de tournois sans issue, autre que celle d’approfondir le désastre. Faire de ces dessins les sceaux de cire d’une activité médiumnique, d’autant plus persistante qu’inavouée, cette voie, de se révéler assez vite une impasse, n’en est pas moins, peut-être, la plus tentante (pour ma part, tout aspect théorique écarté, je ne louerai jamais assez la capacité des
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[...] Il n’y a rien d’enfantin chez Zemánková ; rien de spécifiquement « féminin » non plus ; serait-ce d’avoir dessiné de « jolies fleurs colorées » ; serait-ce d’avoir « accouché » d’elles qui ferait de Zemánková une artiste dont il serait impossible d’oublier quelle femme un peu « toquée » elle fut ? [...] 22
Il est aussi assez tentant – mais sans doute un peu plus pertinent de contourner l’obstacle : à quoi sert de comprendre. Louons plutôt cette œuvre d’être aussi difficile à définir et interpréter. Il ne s’agirait alors que d’avancer à reculons, comme des crabes, vers la cachette « originelle », moyeu du monde, alvéole de la première ruche, berceau primordial ; amis déclarés de la poésie, déclarons que les dessins d’Anna sont huttes de lutins ou chaumières de farfadets. Et tout aussi bien les organes sexuels d’une femme-fée. Quoi qu’il en soit de ce feu d’artifice : ne parlons pas de « fleurs ». Ici, en dépit des apparences, ou peut-être, justement, à cause de ces apparences, pas plus de fleurs – que de justice et de bonheur continu en ce bas monde.
La vie d’Anna Zemánková est une bulle dont on ne peut expliquer l’irisation (c’est-à-dire son œuvre) par le seul fait, indéniable, qu’à un moment donné, cette bulle est comme passée dans un rayon de soleil inconnu de tous et d’abord d’elle-même – et qu’il s’en est sans doute fallu d’un cheveu pour que la bulle non seulement traversât ce rayon mais surtout s’y maintînt des années durant. Il y a là une évidence qu’on s’en voudrait cependant de ne pas dire : l’étrange et le beau et le parfaitement exécutés se sont fixés dans ces dessins un rendez-vous si ponctuel – qu’il n’est pas possible qu’une motivation profonde, sorte de « réflexe de survie », n’ait pas présidé à ces rencontres quasi quotidiennes. Il est facile de supposer cette femme roulant sur la pente d’on ne sait quelle destruction. Incitée sans détour par sa famille et les circonstances à prendre par les cornes le taureau des couleurs, ce fut alors revivre, renaître, remonter la pente quand, « un beau matin », devant elle, sous sa main, une source a jailli.
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« gens du peuple » à bâtir et entretenir de telles filatures clandestines de l’esprit). Qu’importe alors la pauvreté de l’étiquette, pourvu que nous soit donnée l’ivresse des formes ! Il n’est pourtant pas un seul de ces dessins qui puisse raisonnablement supporter d’être réduit à une vapeur enivrante : il s’agirait bien plutôt d’une cataracte, du reste bien étrange, laquelle, si elle semble toujours tomber droit, d’un trait – le fait comme qui dirait d’une source à autre source.
Ici donc sont des dessins représentant tout ce que l’on voudra, sauf des fleurs – et ceci bien que Zemánková ne dise pas autre chose, ou si peu autre chose que : ce sont des fleurs. Lesquelles « ne fleurissent nulle part ailleurs », c’est entendu – mais des fleurs et pas des vers de terre ou des pommes.
Il semble ainsi que tout conspire contre le fait qu’il puisse être ici question d’une représentation de fleurs – même imaginaires. Le bon sens est ici un peu triste ; pourtant je veux lui redonner espoir : ce ne sont pas Quelle a bien pu être l’amorce d’une telle des fleurs, entendons que ce ne sont pas effervescence, qui a si bien persisté qu’on des représentations de fleurs, même de devrait parler ici d’une véritable navigation fleurs extravagantes – et ce simple constat au long cours, ne finissant jamais de faire le est déjà un début de caractérisation de ce tour de son propre monde ? qui fait le « génie » de cette œuvre ; à savoir
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ceci : Zemánková n’a pas dessiné de fleur ; elle n’a pas pour autant dessiné autre chose que des fleurs – tout simplement parce qu’Anna Zemánková n’a pas dessiné du tout. Le bon sens, à qui je voulais redonner un peu de joie, ouvre des yeux comme des soucoupes. Il est fou. Il ne sait plus ce qu’il dit.
Mais alors, je crois qu’il faut renverser le sablier ; je crois bien que nous faisons fausse route si nous persistons à penser que l’aboutissement, le point de fuite d’Anna ce fut la fleur. Et que la bizarre et splendide botanique, dont elle s’est assez vite trouvée la seule spécialiste, serait le résultat de cette obsession : dessiner une fleur ; tous les jours une fleur ; et comme Que le bon sens se rassure : je sais bien il y a des milliards de milliards de formes que ce sont là des dessins ; mais d’où vient possibles, couleurs mêlées juxtaposées à que, décidément, ces « fleurs », personne l’infini : ainsi Anna de s’être plongée tête la ne puisse honnêtement les considérer première dans cette poursuite de la fleur plus de quelques secondes comme des rêvée, dessinant au moindre prétexte une fleurs, même extravagantes ? – cela tient-il fleur, musique entendue, naissance, bapà la puissance d’exécution, ce dont je par- tême, rencontre, que sais-je ; mais une lais tout à l’heure : un rendez-vous d’une fleur parce que sa vie se sera comme réponctualité jamais prise en défaut ? Il y a trécie à ce seul horizon : dessiner une fleur. une réelle puissance d’exécution, certains Et de se demander si la fleur c’est la jeudessins d’un format déjà impressionnant nesse, l’enfance, la mort, l’abandon, l’amour s’imposent avec une telle force – que les perdu : liste à compléter, selon l’humeur du mots « pétale » ou « tige » paraissent sou- spectateur et ses propres interrogations. dain appartenir à une artillerie bien légère en comparaison de cette canonnade de Mais je ne crois pas à cette fuite-là ; je ne couleurs – et de formes pour le moins sin- crois pas du tout à cette obsession : pour gulières. mieux dire, Anna Zemánková n’a pas dessiné la moindre fleur ; elle n’a jamais voulu Et de tourner autour de ça, de cette impres- ce qui s’appelle communément « dessiner sion qu’il y aurait beaucoup à comprendre une fleur » (fût-ce en étirant cette expresde ce que nous entendons par « génie » sion comme un élastique – jusqu’à la rendre artistique si, par exemple, nous pouvions méconnaissable) ; mais ce qu’elle a voulu, déterminer ce pourquoi les dessins d’An- et qu’elle a fait, qu’elle a fait avant de vouloir na Zemánková ont l’air de cacher quelque le faire et que, le pli pris, le taureau saisi par chose – et qu’en même temps, exactement les cornes, elle a de mieux en mieux voulu dans le même temps, ils ont tout aussi bien faire : c’est sculpter la matière-fleur. l’air de ne rien cacher, rien du tout, même pas le fait qu’ils ne sont somme toute que Là où nous voyons une fleur merveilde pauvres dessins faits au pastel, quoique leuse, une fleur inouïe, une fleur… si parfois rehaussés de perles, de fils et de incroyable que très vite l’on se trouve boutons. forcé de parler d’autre chose (« fleur »
loir obscur (ainsi qu’avec réticence l’on épluche un oignon, les larmes viennent et l’on s’impatiente de voir tout brouillé) – mais d’une marche non seulement acceptée mais surtout recherchée, préférée à d’autres, dans l’évidence que l’on avance beaucoup mieux dans l’ombre et à tâtons que dans la lumière et en cadence. Lumière lisse et cadence moisie des injonctions « artistiques ». (Il n’est peut-être d’art brut que dans cette démonstration : nous ne sommes pas dignes de créer, d’exprimer, de faire naître enfin quoi que ce soit – l’oignon c’est notre rapport au monde – si l’on n’accepte pas, d’abord, d’avoir la vue brouillée. Et quelquefois ce sont de vraies larmes.)
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spirite, organes féminins, etc.) : eh bien, il n’y a sans doute rien de tout cela. Il n’y a peut-être là que de la matière-fleur. Imaginez-vous dans une exposition de statues de marbre (sculpte-t-on encore des statues de marbre ?) : voici un homme nu, un chien, une tortue, une femme (il s’agit d’un mauvais sculpteur : passons). Le chien est de la matière-marbre sculptée de telle façon que l’on reconnaisse quelque chose comme un chien : bien ; alors, vous me comprendrez aussi bien que je me comprends moi-même si je vous dis que les dessins d’Anna Zemánková n’aboutissent pas à la fleur – mais en partent. Que ce sont des sculptures créées dans la matièrefleur. Et que ce qui en ressort n’est pas plus une fleur que le chien n’est « un marbre ». Il n’empêche que le chien a des oreilles de marbre et un poil de marbre (sa langue est plutôt froide) – et que les dessins d’Anna expriment grâce, folie, souplesse, toutes qualités de la fleur vue comme « matière » (qualités que n’a pas au même degré le marbre).
Les dessins des premiers temps, d’une effusion sans pareille, me paraissent ainsi relever d’un jeu de doigts lancés comme au hasard, jeu relevant, disais-je, d’un aveuglement accepté, bandeau mis volontairement sur les yeux (le fameux rituel matinal) – qu’ainsi par ce jeu de colin-maillard Zemánková fit du tâtonnement sa baguette Là fut selon moi le « génie » de Zemán- de sourcier. Les doigts lancés trouèrent ková : s’attaquer à la forme-fleur, avec la alors le sol et firent jaillir cette source, à vamême énergie qu’un sculpteur s’attaquant leur d’oracle : le cœur le sexe l’esprit l’âme à un bloc de marbre. ne font qu’un. Il lui fallait bien découvrir, seule, la vérité de cette source. Et qu’en rePour autant je ne prétends pas que ce fut tour ses doigts s’en trouvent d’autant plus tout de suite que cette femme aura trouvé, purs et puissants. Il n’en faut pas davantage sous ses doigts, prête à subir le feu nourri pour amorcer un cercle vertueux. de sa violente soif de merveilleux ici-bas, la matière dont je parle. Le nœud de l’affaire est là : cette « matièrefleur » dont je parlais, Zemánková ne l’a Que voit-on ? certes pas trouvée « toute faite ». Il lui aura Les dessins des premiers temps relèvent fallu, avant d’en disposer à loisir, jeter, comcertes d’une marche à tâtons dans un cou- bien de fois c’est effrayant si l’on y pense ! 25
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effrayant et splendide : combien de fois je- (comme un joueur d’accordéon les soufter ses doigts, comme on jette un filet dans flets de son instrument). la mer. Et cela sans doute est un peu vrai ; mais Lors, le mérite, immense, de cette femme alors, il est d’autant plus remarquable que aura été de ne pas chercher à nommer cette œuvre n’offre pas (ni à première ni à les poissons ramenés sur la rive, com- seconde vue) la sédimentation mystique prenant d’instinct (quoique sans doute de des œuvres médiumniques ; je veux dire plus en plus consciente de l’étendue de que ces dessins ne sont décidément pas ses moyens) qu’elle avait trouvé, dans ces des réceptacles, les fonds de je ne sais « fleurs », non pas un motif banal où dépo- quel océan cosmique où seraient venus ser les sédiments de son « mal-être » (ce se déposer les animalcules étoilés de la que tout le monde autour d’elle a cru – et lumière astrale. Et ceci se ressent par la il était normal alors de le croire), non pas réelle « sensualité », j’oserais dire la déun motif « floral » – mais une mer véritable- bauche des formes et des couleurs que ment, qui aurait la fleur pour écume, la fleur cette œuvre expose sans détour, même pour vague, la fleur pour condition de son dans ses parties les plus « hiératiques ». existence. Pourquoi ne pas le dire ? Il n’est Le jet de salive mentale est loin d’être ici pas sûr que l’œuvre de Zemánková n’ait pas refusé – mais alors, si l’on me permet cette pâti d’une certaine salinisation excessive expression, il s’agit d’un crachat retombant de cette mer. L’adjonction de fils, boutons, toujours par terre. ou autres petits objets fut par exemple ce La découpe très savante des formes, une sel tendant à faire de la mer quasi bouillon- sûreté de main s’accroissant, une énergie nante des débuts une mer « morte », certes incroyable, « crachée » plus qu’infusée : impressionnante par son apparence de Zemánková sculpteur, Zemánková jetant miroir parfait, mais n’en faisant pas moins ses bras dans la mêlée de la matière avec regretter l’absence de vagues. la violence, la sûreté, l’obsession d’un
grand sculpteur. Les mânes de Rodin ne m’en voudront pas si je dis : Zemánková et Rodin sont du même côté (je ne sais Pour en revenir aux premiers temps, pas s’il faut dire alors – de la barrière ou de la étonnant si ces doigts lancés ont pu, par barricade). Ils ont tous deux les cheveux en moments, donner l’impression qu’Anna bataille. Lutteurs désespérés joyeux émerjetait un « coup d’œil » vers l’au-delà – veillés. La même vérité au bout de leurs tant, dans ces dessins, le cosmos perce doigts : il n’y a au monde que l’esprit-sexesa corne (je pense à certains dessins du âme – et pas autre chose (ou plutôt les début des années soixante, que l’on dirait autres choses sont soufflées par cette vétout aussi bien avoir été empalés sur je ne rité comme la flamme d’une chandelle par sais quel pieu d’outre-terre) ; tant la fluidité le vent du nord). La même certitude que la astrale paraît faire onduler ces « fleurs » mort ou disons la peur de la mort peut être Parce que les vagues, n’est-ce pas, nous mènent forcément quelque part.
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maintenue à distance, sinon vaincue, non par le silence les mains jointes l’attente le murmure – mais par le ramonage incessant de la cheminée-matière ; au bas de cette cheminée, allumant l’un ses feux de pierre l’autre ses feux de fleur : voici deux artistes, deux grandes forces au service du Feu de Vie.
font s’entrechoquer les tasses et luire les petites cuillers est la même, exactement la même que celle qui, auparavant, aura posé ses empreintes sur le poignard merveilleux de la sublime création artistique. Il n’y a pas celle-là vivant tranquille et l’autre, la tueuse, aux mains sanglantes du rêve et de la bizarrerie, renaissant chaque matin, dans la brume, solitaire, incorruptible ; je ne Il n’y a rien d’enfantin chez Zemánková ; rien dis pas que cette tueuse n’a jamais existé ; de spécifiquement « féminin » non plus ; au contraire, j’aimerais dire à quel point la serait-ce d’avoir dessiné de « jolies fleurs femme ordinaire, à la vie heurtée mais pas colorées » ; serait-ce d’avoir « accouché » excessivement plus que d’autres femmes d’elles qui ferait de Zemánková une artiste de son milieu social et de son époque, fut dont il serait impossible d’oublier quelle tout aussi bien cette tueuse. Et ainsi pour femme un peu « toquée » elle fut ? tous les hommes et toutes les femmes que l’on accable en les qualifiant d’« ordiLà encore, c’est au mieux rétrécir un horinaires » – alors que nous n’en savons rien. zon qui fut bien plus vaste tout simplement Le mérite de Zemánková fut aussi d’oppoparce que cette œuvre exhale une vioser un démenti ô combien formel à toutes lence, une énergie, une ténacité peu comces classifications ne cherchant qu’à épinpatibles avec la recherche tremblante et gler, à la façon de papillons, les êtres beaux régressive d’un abri quelconque. de leurs vols silencieux et intérieurs et terL’étonnant, dit-on, c’est qu’une simple mère riblement inconnus. de famille ait pu lever tous les matins, un quart de siècle durant, un drapeau aux plis Ne plaisantons pas ; dirait-on d’un sculpsi extraordinaires ; je ne sais pas si, dans teur d’ivoire qu’il est chasseur d’éléphants – cet étonnement, entre un peu de jalousie ; ou d’un sculpteur de marbre qu’il n’apprémais si l’on pense à l’énergie qui fut en effet cie que les escaliers et les baignoires ? Il nécessaire pour hisser haut tous les jours faut en revenir à cette « matière-fleur ». Et ou presque ce drapeau mirifique (de mieux à la joie sinon la jouissance que cette déen mieux cousu quoique ayant de plus en couverte implique : libérée de tout point de plus tendance à ne plus trop flotter au vent), fuite, Zemánková put ainsi dresser tables cette énergie, qui ne voit qu’une simple de fête et verser vins de lumière sans soumère de famille en dispose à un degré bien ci d’aucune convenance. Les serviettes plus élevé que beaucoup d’autres – et que pliées repliées cousues – je veux dire les l’étonnant, c’est plutôt de constater que l’on dessins – n’étant là que pour dire le luxe inouï de cette réception. Que ces serpuisse s’en étonner. viettes aient plus l’allure de « fleurs » que de La femme qui prépare le petit déjeuner cocottes – quelle importance ? Et tant pis à toute sa petite famille, dont les mains si le menu est écrit dans une langue incon-
Quand je parle d’ivresse froide, je pense à tout ce qui fait de certains dessins des années soixante-dix autant des objets que L’amont-l’aval replié comme un éventail dé- des dessins proprement dits – et la relative sormais superflu, dès lors le fleuve rendu à faiblesse de ces dits dessins-objets, étant sa vérité d’être de l’eau s’écoulant sans rive que la puissance de feu de Zemánková ni direction, en plein soleil : Zemánková aura justement dépendu de la spécificité ne put que tout sacrifier ou presque à ce du pastel (un peu moins du crayon et du ruissellement que sa nature profondément stylo) à faire corps avec le motif ; toute lyrique réclamait. autre technique employée par Zemánková Familiarité de plus en plus jouissive avec ressemble à l’attitude de ce sculpteur qui, la « matière-fleur », dans un domaine où pris de vertige par la puissance érotique abondent plutôt les prétextes à dessiner de ses statues, leur jetterait un voile ; mais des fleurs – ainsi Zemánková n’a pas eu à la vérité Zemánková sut faire de ce voile besoin de prétexte, esthétique, métaphy- un habit si somptueux, qu’il est impossible sique ou autre, étant que le prétexte a pour de ne pas être, au final, impressionné par le fonction de capturer le motif dans son filet, courage de cette femme, sa ténacité, son tandis que le filet de Zemánková n’aura enthousiasme, que même le douloureux jamais été jeté que dans le motif lui-même. émiettement de son propre corps n’aura pas réussi à entamer. Et l’art de Zemánková, de petits travaux de couturière qu’il était censé être au départ, Force et splendeur de cette œuvre : ausside se faire art monumental – étant sans tôt qu’entrant dans une exposition d’Anna doute inévitable que l’œuvre tournât à la Zemánková, en face de moi réellement démonstration de force, à l’ivresse froide ces dessins, pour la plupart monumendes tours de force techniques ; comme si taux, se dressent, je peux bien regretter la « matière-fleur », au départ d’une ducti- ici ou là une dureté excessive, une étinlité sans pareille, avait durci, de terre s’étant celle manquante – cette restriction toute faite marbre, au point de faire dangereuse- intellectuelle saute, comme un bouchon ment craquer les fibres du papier, qu’alors de champagne. Il n’est pas décidément de Zemánková ne se montrât plus préoccu- plus somptueuse réception. pée que de contenir cette menace : d’où Force et splendeur de cette œuvre ne poule recours aux boutons, fils, etc. tout un vant être comparées qu’à celles émanant ensemble de techniques par ailleurs admi- d’une statuaire inconnue, jamais vue, que, rables, que l’on perçoit d’ordinaire comme dans mille ans, des archéologues blasés des attaques visant la bi-dimensionna- par hasard découvriront, dans un sol crelité du papier – mais qui pourraient au vassé, sous les ruines de quelque Palais contraire se révéler comme des moyens Idéal. de ne surtout pas passer à la troisième dimension ; tant il importait pour notre artiste que la matière demeurât le motif lui-même.
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nue de tous, y compris de la maîtresse de maison.
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chez jorge alberto cadi | at jorge alberto cadi’s place, 2019
Zdeněk Košek par Jaromír Typlt, 2014
texts in english
christian berst foreword
Are our times so disenchanted that the Venice Biennale has invested the works of a poor soul from Moravia with the power of liberating new potential?
Anna Zemánková (1908–1986), now an established figure in the world of Art Brut, began while in her 50s to produce works that nothing in her background had readied her for. More importantly, by their very nature they responded to injunctions from the innermost depths; the creative process took no account of pleasing others. So at an early hour, when the demons of the night were still battling the seminal iridescences of the dawn, this family woman, in a trance, would mentally gather strange flowers which she would draw forth out of paper, stitching them together, embroidering them over, pruning them, sometimes studding the heavens with thousands of pinpricks, crafting an entire system of white magic in the service of a hortus deliciarum from which she hoped, perhaps, to make the ointments,balms and potions that would
cure her depression and free her being. Her legs were amputated and she was doomed to silently contemplate the breaking day; all the while, this vegetation was growing slowly within her. “I grow flowers that grow nowhere else,” she would say. But from what herbarium of the abysses did these rootless, soil-less plants, the flowerings – imaginary or erotic – swell up? To what plant kingdom do they belong? How are they to be classified? In fact, like the plants in the work of Séraphine de Senlis, can these still be considered flowers? Are they not already fruit? They are fleshy and bursting with heady juices, saturated with the urges of a woman who, giving herself up to an unelucidated mystery, simply says, “I live.”
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preface terezie zemánková the fertile blooming of anna zemánková
anna zemankova’s granddaughter, representative of abcd in prague. 34
Given that the oeuvre of Luboš Plný evokes a kind of bizarre anatomical atlas, then it may appear that Anna Zemánková allows us to peep into a no less miraculous herbarium of alien plant matter.
During a closer examination, however, we discover that the author, rather than setting her sights on space, should turn in the opposite direction, towards her inner world. At the time when her creations were liberated from any concurrence with reality (which was very soon after she began to dedicate herself to painting), she became totally ideoplastic. She did not transcribe existing forms, nor did she try to picture external reality, but created new phenomena peculiar to herself. Paper became the stage on which Zemánková mounted her personal dramas. From this period a comprehensive series of drawings and tempera paintings have been preserved, on which she repeats parallel scenarios: a delicate innocent flower is huddling over the lower edge of the paper, whose main surface is occupied by aggresive, poisonous, glowing carnivorours plants. A part is often comple-
mented by the third, usually only a slightly less dangerous plant. We may assume that this composition and « getting the right parts » were Anna’s reaction to her marital discord, which was one of the reasons for her dissatisfaction and frustration. The second cause of her anguish was the weakening of her maternal role, which physiologically ended with menopause and the simultaneous ebbing away of the social interaction with her children who were reaching adulthood. Creative activity, to which she had dedicated herself when almost fifty years of age, was the safety valve for her pent-up emotions, her wounds, disappointments, dissatisfaction, and also, on the other hand, of her dreams, passions and joy. At the moment when, already for the hundredth time (nonetheless on every occasion in a different « costume »), she had 35
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exhausted the tightly-knit motives of the conflict of a plant partner, Zemánková was finally able to liberate herself from external influences and wrap herself up in herself, penetrate deep into her subconscious, where she found a host of unimagined treasures. She started drawing very early in the morning, in a contemplative state between dream and waking, which was so favourable for her creative automatism. This state was contingent on a process of physical introversion1, when consiousness turns to an inward direction, identifying itself with individual organs, tissue, cells. Instead of living through a psychic interior, she stepped into her own inner physicality, to the space which loses its horizons and wraps itself into its own infiniteness. The aggressive confrontation between inconsistent shapes and objects in the drawings dissappeared and they began to fill out, grow in bulk and take on an organic form. More than just flowers, they began to be reminiscent of fruits, and not only vegetal. They are reminiscent of floating embryos in an undefined state, like giant pregnant wombs, hungry and insatiable uteruses. The body and its organs begin to form the picture’s primary layout of a dynamic character. It is as if the drawings from this era represent a concentrated record of the process, not only a single snapshot. They do not work as a solitary impression but evoke a whole succession of thoughts and feelings. By their description one does
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not recollect the nouns or adjectives describing the embedded state, but more probably verbs such as to float, tremble, proliferate, burgeon, effervesce, penetrate, diffuse, devour, expel, gush, ejaculate... As told, together with the French philosopher Gaston Bachelard, the body of the author was revived in the simplicity of cosmic embryos, led by the will to recreate basic forms. All was reborn: cells and fibrous tissue, glands and muscles; all increased in volume, swelled1… The warped imagination reveals itself though curves, circular shapes and rounded forms, which bring back the concept of a stomach in the sense of a space, which devours, yet at the same time acts as the place for nourishing the embryos - of a stomach containing, generative, as well as expelling of the nascent. The ability to submerge oneself in a state of physical introversion is one that is particular to mediumistic creators – those who, in order that they, either purposely or spontaneously, disconnect the conscious components of personality and allow a free passage to the creative automatic gestures emanating from physical impulses. This principle was invoked by the surrealists who also marvelled at the mediumists. Salvador Dalí in his Secret Life describes his intra-uterine recollections, which he retained in his memory as « miraculous and paradisial images ». « ...The entire imaginative life of a person tends to reconstitute symbolically the most similar situations and
1. Grof Stanislav, Adventure of self-discovery (Dobrodružství sebeobjevování). Prague: Gemma 89, 1993, p. 90.
representations that stem from this initial paradisial state, and especially to surmount the horrible ‘trauma of birth‘, by which we are expelled from paradise and the perfect protection of the mother’s womb, delivering us in a single moment to the mercies of all the dangers of the new world and its brutal reality…»2 Whether Zemánková, during the first decade of her creative life (1960 – 1970), had already resuscitated her own intra-uterine recollections or re-experienced them during her own pregnancies and childbirths or else somehow depicted universal archetypes of fecundity, we feel as if she has reconstructed not only her own ontogenesis, but also her phylogenesis, or even finally her cosmogenesis.
In a single blueprint she has managed to symbolise the macrocosm as well as the microcosm3, the spatial processes and
storylines on a microscopic level. This principle is unmistakable not only in the basic extent of her drawings and their classification, but most of all in the details which ran through her work practically from the outset. Some of her pictures are reminiscent of integrated circuits or computer « entrails », others, on the other hand, appear as cellular systems or perchance the view into the eye of a fly. The accumulation of detail has never been short-changed. Even when they extended beyond the borders of recognition, the author always took the greatest care over their depiction. This is decidedly not simply an auto-didactic decorative filling of the page. The details were the true cellular structure of an organism, they contained their own DNA codes. They were representatives of a unit as a whole, just like fractals, whose every miniature part generates through itself similar supreme effects. In spite of all those associations related to physiological processes, which are offered in connection with her pre-eminently early creative activity, Anna Zemánková is never explicit in her pronouncements. Her creative formulations are always tied in with the plant world, tucked away behind ostentatious masks, hiding under a multitude of decorations, dissolving into liquid shapes. Zemánková abstracted her visualisation. She translated it into a clean material language. The symbolism of water became central to her work. In her creative reverie
2. Bachelard, Gaston. La poétique de la rêverie. Paris: PUF, 1993. 3. Dali, Salvador, The secret life of Salvador Dalí, Dial Press, 1942.
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[...] The images that emerge from these narratives are constantly crossing the thresholds of time and space, and assimilate an enormous arsenal of codes of visual representation that have been used in different types of cultural representations inside and outside the field of art. [...]
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she respected its inherent laws, principles, even its poetics. Most often in her work we find heavy, nutrient, amniotic fluid – the basic material for all life. Succulent plants are rolling about on the bottom of stagnant waters, they are saturated with liquid, floating unchained like a foetus in the mother’s womb4. The maternalism of water is incidentally one of the most obvious symbolic interpretations in mythology, since in the majority of myths the sea is the symbol of birth. In Zemánková’s iconography water plays the role of elementary life, it is the chemical essence of motherhood, it has the power of fertility. Her subjects are predominantly succulent, soft, reminiscent of bodily tissue, evoking the moisture of sexuality.
characteristics: gushing geysers – ejaculating. In conjunction with the earth it plays the fertilising role of rain. The divine couple heaven-earth is after all the leitmotive of a universal mythology. The blending of these two elements always means a wedding. As soon as two basic substances join together and one merges with the other, they acquire a sexual character5.
4. Pohribný, Arsén. Oiniric visions of Anna Zemánková (Oinirické vize Anny Zemánkové). Olomouc: Museum of Art Olomouc. 1998.
5. Zemánková, Terezie. Anna Zemánková. Prague: abcd, 2003.
Water in Anna Zemánková’s iconography is not evidenced only in the sense of a solitary material, but even refers to concrete motives in her drawings, which remind one of subaqueous plants and animals – sea anemones, amoeba, shells. Symbolically they relate again to the maternal, feminine principle, enriching them with new elements, colours and flavours. To the surreaAlthough this material figurativeness gives lists the world of water is the basic object preference to one element only, it likes of longing. The work of André Breton is to use images of all their combinations. It full of aquatic metamorphoses: fountains, wishes her favourite element to penetrate rivers, vessels, rain, tears, surface glare, all the others, to become the substance of cascades. Botticelli’s Venus was born of a the entire world. But the resistance to this conch, Verlain saw in the shell the female basic unity longs for preserving cosmic di- gender and in the vulgar tongue pet names versity. This is answered by the concept of like shell and clam are used poetically to permeation, which is the equivalent of the symbolise the female genitals. conception, since it gives rise to new ma- Although the body bestows on Zemánková terial. Zemánková’s maternal symbolism pictures its own morphology, this serves is founded on a marriage of aquatic and firstly as a material base for creating a satellurous principles. The permeation of the cred act of creation, in which there is no earth with fluid gives rise to new substance, difference between body and soul, matter malleable, soft and sensuous… Her water and energy, the material and the spiritual. though is not just stagnant, fertile, nutrient, All comes together in a perfect primordial providing shelter – therefore feminine – unity. but it also on occasion takes on masculine
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Anna Zemánková.
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In the moment in which Zemánková through her creative work underwent a catharsis and came to terms with her physiological traumas, she began to express in her work a longing to extricate herself from all matter, free her spirit from the marasmus of earthly existence and reach out towards transcendence. Her drawings are marked by a tendency to aim upwards, towards the light. This is found in symbolic pictures of childbirth, as well as in those unnamed works that only reflect this experience subconsciously, which is accompanied by a shining light. This acquires the religious value of a halo and adds a mystical meaning to the event. Light is the bringer of the Spirit, which endows and at the same time cleanses the material. It shines in Zemánková’s drawings, often coming from an anticipated source in the background, it is mysterious and reminiscent of the luminous aura in the depiction of the Birth of our Lord or the Annunciation. The light element even entered her work factually, or to put it precisely, physically: the author enjoyed perforating the paper, as this would generate pores in its texture, which would allow it to breathe and, at the same time, let the sun rays, situated opposite the light source, into the drawing, to penetrate it as if it were the stained-glass windows of a cathedral. To the perforation of the paper were soon added relief extrusions, collages of paper and textile plastic elements, crochet applications, ornamental beads, spangles and
6. Bachelard, Gaston. Voda a sny (Water and dreams). Prague: Mladá Fronta, 1997.
glass diamonds. In some cases a rich decoration stifles the original drawing. It functions like a bride’s ostentatious wedding gown, like the golden-embroidered robes of the saints or gem-embossed relics laid on their coffins in their shrines. As if to honour the sacred, Anna tried ro eliminate any sort of trace of earthly fortuity. It is as though she articulated the spiritual principle, which is the ecstatic phenomenon solving the problem of the transformation between physical earthly existence and posthumous etherealisation. This visual manifestation represents joy, as well as fear from living on the border between mortal existence and eternity7.
7. Cardinal, Roger. « L´art et la transe ». In Lusardy, Martine (Ed.). Art spirite, médiumnique et visionnaire: Messages d´Outre-Monde. Paris: Hoëbeke, 1999
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manuel anceau essay indecipherable, or almost...
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a teacher and writer, he became interested in Art Brut at a very early age and has collaborated on numerous projects related to his artists such as Rouge ciel, un essai sur l’art brut, a film by Bruno Decharme (2009) and Adolf Wölfli: Creator of the Universe (2013). He wrote the afterword to Ruines by Perrine Le Querrec (2017), etc. He has also worked on a number of other projects related to his work.
Indecipherable, or almost, like a music score seemingly made only for the inner ear, or a display of a succession of such vertical walls with so few holds to climb with, that the eye takes a knock, as irritated as if hit by nothing but reflections of glass, and that all that it can make out of these drawings is no more than an interminable crystal cockfight. Thus Anna Zemánková’s work drags a deserved reputation for being inviolable.
The few remarks Zemánková made herself (including the sentence, “I grow flowers that grow nowhere else”) go some way in strengthening this first impression, that there are shields it seems vain to want to emblazon the smallest piece of furniture with. It is stupefying heraldry for which we have no terms.
weighed down lately by the dust from tournaments that lead nowhere but to deepening disaster. Consider these drawings as the wax seals of a medium’s activity, persistent because unavowed. But this path, which quickly proves to be an impasse, is nonetheless,
perhaps, the most tempting. For my part,
True, the work seems to defy any decipherwith all theoretical aspects put aside, I can ment, though it is made up with enough burning fires to raise our eyelids, somewhat never praise too highly the abilities of com-
[...] There is nothing childlike in Zemánková: nothing specifically “feminine” either; is it that she drew “pretty coloured flowers”, that she “gave birth” to them that makes her an artist, one whom it is impossible to forget was a little “loopy”? [...]
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mon people to build and maintain such intellectual clandestine spinning. What does the poverty of the label matter if we are given the drunkenness of the shapes? There is not a single one of these drawings that can reasonably bear to be reduced to intoxicating vapours. Rather, they are a cascade, and a somewhat strange one at that, which, although it seems to fall quite straight, all at once, and as one would say, falls from one well to another well.
What could have triggered such effervescence that lasted for so long that it could truly be called deep sea navigation, never completing the voyage around its own world? The strange, the beautiful and the perfectly executed have arranged an appointment in these drawings, encountering one another with such punctuality that, one thinks, only a profound motivation, a sort of survival reflex, must have presided over these almost-daily meeIt is also rather tempting, but no doubt tings. It is easy to imagine this woman more relevant to bypass the obstacle: rolling down the slope towards some unwhat purpose is there in understanding? known destruction. Urged on relentlessly Let us rather praise these works for being by her family and her circumstances to so difficult to define and interpret. This take the bull of colours by the horns, she would only be backtracking, like crabs, lived again, was born again, she recovered, to the “original” hiding place, the hub of when, one fine morning, just in front of her, the world, the honeycomb of the first hive, at hand, a well sprang up. the primordial crib. Declared friends of Anna Zemánková’s life is a bubble whose poetry, let us declare that Anna Zemán- iridescence (her work) can be explained ková’s drawings are elves’ huts or sprites’ solely by the undeniable fact that at a gicottages. And they could just as well be ven time, this bubble seemed to appear in the sexual organs of a fairy-woman. Wha- a ray of sunshine unknown to all, herself tever it is about this firework display, let first and foremost, and it would have taus not talk about “flowers”. Here, despite ken practically nothing for the bubble not appearances, or perhaps exactly because only to cross the ray, but more importantly of these appearances, let us not talk any to remain there for years. more about flowers than about justice and So here we have drawings representing continuous happiness in this lowly world. everything we might want them to except It seems that everything conspires against flowers, even imaginary. Yet Zemánková the fact that this is the issue of a represen- says nothing, or almost nothing other than, tation of flowers, even imaginary flowers.
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“these are flowers”. They “bloom nowhere else”, of course, but they are flowers and not worms or apples.
And to continue in the same vein, this gives this impression that there is a lot to understand about what we mean by artisCommon sense here is somewhat sad, yet tic “genius”: for example, if we could deI want to give it hope. They are not flowers; termine why Anna Zemánková’s drawings we can agree that they are not represen- seem to hide something, while simultatations of flowers, not even of extravagant neously seem just as well to hide nothing, flowers. This simple acknowledgement is nothing at all, not even the fact that they a start in characterising what constitutes are mere pastel drawings, even if they are the “genius” of the work. Zemánková did sometimes enhanced with beads, thread not draw flowers; yet she drew nothing and buttons. else but flowers, quite simply because But now I believe we have to turn the sandZemánková did not draw at all. glass over. I do believe we are on the wrong Common sense, to which I wanted to give a little happiness, opens its eyes like saucers. It is crazy. It no longer knows what to say.
track if we continue to think that Zemánková’s final goal and vanishing point was the flower, and that the bizarre, splendid botany of which she soon became the Common sense may rest assured. I know only specialist was the result of the obsesvery well that these are drawings. But sion to draw a flower, every day a flower. how is it, indeed, that no one can honestly And since there are billions of billions consider them “flowers”, even extravagant of possible shapes, with mixed colours ones, for any longer than a few seconds? juxtaposed ad infinitum, so Zemánková Is it due to the power of the execution I plunged head first into the pursuit of the mentioned earlier – a timely, impeccable idealised flower, drawing a flower on the meeting? The execution is so powerful – smallest pretext – a piece of music heard, some drawings of impressive size are so a birth, a christening, a meeting, who forceful, so imposing that the words “pe- knows… But a flower, because it was as if tal” and “stem” suddenly seem to belong her life was reduced to this sole horizon: to light artillery when compared to this drawing a flower. One might wonder if the cannonade of colours and shapes, which flower is youth, childhood, death, abandonment, lost love – a list to be completed are remarkable, to say the least.
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depending on the mood of the spectator and his own questioning.
but start from it. They are sculptures created in flower-matter. And what results is no But I do not believe in this escape; I do not more a flower than the dog is “in marble”. believe at all in this obsession. To express No matter that the dog has marble ears it more clearly, Zemánková did not draw and marble hair (his tongue is rather cold) the least flower; she never wanted to do and that Zemánková’s drawings express what is commonly called “draw a flower” grace, folly and suppleness, all qualities of (even if we stretched the expression like the flower seen as “matter” (qualities that an elastic band so much that it became marble does not have to the same degree). unrecognisable). What she wanted, what There lies, in my opinion, Zemánková’s she did, what she did before wanting to “genius”: tackling the flower-shape with do it and once she’d learned the trick and the same energy that a sculptor tackles a seized the bull by the horns, she wanted to block of marble. – continuously improving: sculpt flowerAll the same, I do not claim that this womatter. man immediately found, at her fingertips, Where we see a wonderful flower, an ama- ready to face up to the heavy fire of her zing flower, a flower… so unbelievable that violent thirst for what is marvellous in this we quickly have to talk of something else low world, the matter of which I talk. (“flower” spirit, female organs, etc.), well, no doubt there is nothing of all that. There What do we see? is perhaps only flower-matter. The early drawings certainly seem to be a Imagine that you are in an exhibition of fumbling in a dark corridor (just as when marble sculptures (does anyone still make one reluctantly peels an onion, the tears marble sculptures?). Here is a naked man, well up and we are impatient on seeing a dog, a tortoise, a woman (the sculptor everything in a blur). But her path is not is bad, but no matter). The dog is the only accepted, it is sought for, preferred marble-matter sculpted in such a way that to others given that one makes far better we recognise something like a dog. Well, progress in the shade, fumblingly, than you will understand me just as I unders- in the light at a fast pace. Smooth light tand myself if I tell you that Zemánková’s and mouldy pace of “artistic” injunctions. drawings do not culminate in the flower, (There is, perhaps, outsider art only in this
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demonstration: we are not worthy of creating, expressing, bringing to life anything at all – the onion expresses our relationship to the world – if we do not first accept first that our vision may be clouded. And sometimes the tears are real.)
of the extent of her means) that she had found in these “flowers” not a banal motif in which to drop the sediments of her distress (which all those around her believed – and it was then normal to believe it), not a “floral” motif, but a veritable sea that had the flower as foam, the flower as a wave, the flower as a condition of its existence. Why not say it? It is not sure that Zemánková’s work did not suffer from a certain excessive salting of this sea. I’m referring to the flow at a given time, an inrush of alluvial deposits such as the threads, buttons, etc. The embossing, for example, was this salt that tended to change the sea, almost bubbling at first, into a “dead” sea, impressive, certainly, with its appearance of a perfect mirror, but nevertheless leaving us with nostalgia for the absence of waves.
The early drawings, matchlessly effusive, seem to me to stem from a finger game, thrown as if randomly, a game, I was saying, with an agreement to be blinded and a blindfold willingly accepted over the eyes (the famous morning ritual). By this game of blind man’s buff, Zemánková made fumbling into her water-divining rod. The fingers thrown pierced the ground and the spring gushed forth with the value of an oracle: heart, sex, spirit, soul are as one. She had to discover, all alone, the truth of this source. In return, her fingers became even more pure, even more powerful. No more is needed to start the virtuous circle. Because the waves, of course, take us somewhere. The crux of the matter is here: Zemánková did not find the “flower-matter” I was To get back to her beginnings, it is not surtalking of “all ready”. She needed, before prising that these thrown fingers could, she could feel free to use it, to throw her from time to time, give the impression fingers – just thinking of how many times that Zemánková was taking a “glance” at is scary, scary and splendid – countless the world above, so much does the cosmos prick its horn in these drawings (I times, as one flings a net into the sea. am thinking of some of the drawings from So the immense merit of this woman was the early 1960s that seem to have been not to seek to name the fish brought back impaled on who-knows-what stake from to the shore, understanding instinctively another world), so much does the astral (though no doubt increasingly conscious fluidity seem to create waves in these
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“flowers”, like an accordion player on the bellows of his instrument.
spirit-sex-soul and nothing else (or rather, other things are blown out by this truth There is no doubt some truth to this. But as is the candle flame by the north wind.) then, it is all the more remarkable that the The same certitude as death, or let’s say works do not offer, neither on first nor on the fear of death, can be held at a distance second sight, the mystic sedimentation if not overcome, not by silence, with hands of medium-like works. I mean that these joined and murmuring, but by ceaselessly drawings are definitely not receptacles, sweeping the chimney-matter, at the base not the depths of some cosmic ocean of the chimney, one lighting his stone where tiny starred animals of astral light fires while the other lights her flower fires. have sunk. This is felt by the real “sen- Here are two artists, two great forces at suality”, I dare to say the debauchery of the service of the Fire of Life. shapes and colours that her work uncom- There is nothing childlike in Zemánková: promisingly shows, even in its most “hie- nothing specifically “feminine” either; is ratic” parts. The spray of mental saliva is it that she drew “pretty coloured flowers”, not refused here, but then, if I may use the that she “gave birth” to them that makes expression, it is sputum that always falls her an artist, one whom it is impossible to to the ground. forget was a little “loopy”? There again, this is at best shrinking a spectrum that The sophisticated cut of the shapes, the was far bigger simply because the work increasingly sure hand, an unbelievable exhales violence, energy, tenacity barely energy, “spat out” rather than infused: compatible with the trembling, regressive Zemánková the sculptor, Zemánková search for any sort of shelter. throwing her arms into the scrum of matter with the violence, sureness and obsession It is surprising, so it is said, that a mere of a great sculptor. The shades of Rodin mother could raise a flag with such exwill not mind if I say that Zemánková and traordinary folds every morning for a Rodin are on the same side (I don’t know quarter of a century; I don’t know if, in this whether I should continue: of the fence or disbelief, there isn’t a little jealousy. But of the barricade). Both have dishevelled if we think of the energy needed to raise hair. Desperate, jubilant, wonder-filled this fantastical flag (increasingly well combatants. The same truth at the tips of sewn, even though it increasingly tended their fingers: all there is in the world is the to wave less in the wind), this energy, it is evident that a mere mother has so much
more than many others. And the surpri- if not the sensual delight, of this discovery sing thing, rather, is to see that we can be implies that Zemánková, freed from all surprised about it. vanishing points, could set festive tables The woman who prepares breakfast for all and pour the wines of light without a care the members of her family, whose hands for convention. The folded, pleated, sewn clink the cups and shine the teaspoons, is serviettes – I mean the drawings – were exactly the same as the one who, earlier, there to signify the unbelievable luxury of had left her imprints on the marvellous the reception. What importance if the serdagger of sublime artistic creation. No viettes look more like “flowers” than like separation between the one who lives paper hens? And it’s too bad if the menu tranquilly and the killer with hands bloody is written a language known by no one, with dreams and strangeness, born each including the hostess. morning in the mist, solitary, incorruptible. I don’t say that this killer never existed; on the contrary, I’d like to say how the ordinary woman with a life that had been shattered (but not so much more than that of many other women from her milieu and times) was also this killer. And so it is for all the men and women that we condemn by calling them “ordinary” when we know nothing of them. Zemánková’s merit was to oh-so-formally deny all the classifications that sought only to pin her down like a butterfly, one of those beautiful creatures, taking it from its silent, interior and terribly unknown flight.
The upstream-downstream folded up like a now superfluous fan, as soon as the river has faced its truth that it is water flowing without banks or direction, under the sun, Zemánková could only sacrifice everything, or almost everything, to the streaming that her deeply lyrical nature called for. With increasingly sensual familiarity with the “flower-matter” in a field where there is an abundance of pretexts to draw flowers, Zemánková had no need of pretext, whether aesthetic, metaphysical or other, given that the function of the pretext is to capture the motif in its net, while her net was never thrown except into the motif itself.
No joking. Would one say of a sculptor of ivory that he hunted elephants, or of a sculptor of marble that he only likes Zemánková’s art, from the seamstress’s staircases and bathtubs? We must come small output it was supposed to be iniback to the “flower-matter”. And the joy, tially, became monumental art, since it
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was no doubt inevitable that the work become a demonstration of force with the cold drunkenness of technical feats of strength, as if the “flower-matter”, initially of unsurpassed ductility, had hardened, turning from earth to marble so much so that the fibres of the paper cracked dangerously. Henceforward, Zemánková no longer seemed concerned, only wanting to contain the threat. So she resorted to buttons, thread, etc. – a set of admirable techniques that can ordinarily be seen as attacks targeting the bi-dimensionality of paper – but which could, on the contrary, reveal themselves to be the means to avoid moving into the third dimension whatever the cost, so important was it for our artist that the matter remain the motif itself. When I talk of cold drunkenness, I’m thinking of everything that makes some of the drawings of the 1970s objects as much as drawings per se – and the relative weakness of these so-called drawing-objects, given that Zemánková’s firing power would depend precisely on the specificity of pastel (less on pencil and ink) to be as one with the motif. Any other technique she used is like the attitude of the sculptor who, overcome with giddiness because of the erotic force of his statues, throws veils over them. But in truth Zemánková used the veil to make clothing so sumptuous that one cannot but be impressed by her
courage, her tenacity, her enthusiasm, that even the painful crumbling away of her own body could not wear away. This work is strong and forceful: when entering an exhibition of Anna Zemánková’s works, with the drawings facing me, most of them standing monumentally, here and there I might regret a little too much hardness, a spark missing – but this perfectly intellectual caveat jumps away, like a champagne cork. There is certainly no more sumptuous reception. The work is strong and forceful. It can only be compared to those from an unknown statuary, never seen, that in one thousand years, blasé archaeologists will discover by accident below crevassed ground, beneath the ruins of some Ideal Palace.
anna zemànkovà hortus deliciarum 54 screenshots of the movie "Carlos Augusto Giraldo: codex" (13'30") co-produced in 2020 by christian berst art brut and Paula Diaz
œuvres works
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sans titre untitled, circa 1970 stylo à bille, pastel et gaufrage sur papier, 60 x 41 cm ballpoint pen, pastel and embossing on paper, 23.5 x 16 in
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sans titre untitled, circa 1970 stylo à bille, pastel et gaufrage sur papier, 62,5 x 45 cm ballpoint pen, pastel and embossing on paper, 24.5 x 17.75 in
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sans titre untitled, circa 1970 stylo à bille et pastel sur papier, 62 x 45 cm ballpoint pen and pastel on paper, 24.5 x 17.75 in
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sans titre untitled, 1969 stylo à bille et pastel sur papier, 62 x 45 cm ballpoint pen and pastel on paper, 24.5 x 17.75 in
sans titre untitled, circa 1970 stylo à bille, pastel et perforation sur papier, 60.5 x 39.5 cm ballpoint pen, pastel and and perforation on paper, 24 x 15.5 in
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sans titre untitled, circa 1970 stylo à bille et pastel sur papier, 62 x 45 cm ballpoint pen and pastel on paper, 24.5 x 17.75 in
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sans titre untitled, circa 1970 stylo à bille et pastel sur papier, 62 x 45 cm ballpoint pen and pastel on paper, 24.5 x 17.75 in
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au-delà
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sans titre untitled, circa 1970 stylo à bille, pastel et gaufrage sur papier, 63 x 45 cm ballpoint pen, pastel and embossing on paper, 24.8 x 17.75 in
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sans titre untitled, circa 1970 stylo à bille, pastel et gaufrage sur papier, 62 x 45 cm ballpoint pen, pastel and embossing on paper, 24.5 x 17.75 in
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sans titre untitled, circa 1970 stylo à bille et pastel sur papier, 62 x 45 cm ballpoint pen and pastel on paper, 24.5 x 17.75 in
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sans titre untitled, circa 1970 stylo à bille, pastel et gaufrage sur papier, 61.5 x 42.5 cm ballpoint pen, pastel and embossing on paper, 24.5 x 16.75 in
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sans titre untitled, circa 1970 pastel sur papier doré, 62 x 45 cm pastel on golden paper, 24.5 x 17.75 in
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sans titre untitled, circa 1970 stylo à bille, pastel et gaufrage sur papier, 39.5 x 29 cm ballpoint pen, pastel and embossing on paper, 15.5 x 11.5 in
sans titre untitled, circa 1970 stylo à bille, pastel et gaufrage sur papier, 40 x 29 cm ballpoint pen, pastel and embossing on paper, 15.5 x 11.5 in
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[...] Before, I was not as I am now! I was so aggressive, really sort of aggressive and unstable. Now I’m rather mild, balanced, calm. [...] anna zemánková
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[...] Avant je n’étais pas comme je suis maintenant ! J’étais très agressive, vraiment assez agressive et instable. Maintenant je suis plutôt douce, équilibrée et calme. [...] anna zemánková
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sans titre untitled, circa 1970 stylo à bille, pastel et gaufrage sur papier, 39.5 x 29 cm ballpoint pen, pastel and embossing on paper, 15.5 x 11.5 in
85
anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 86
sans titre untitled, circa 1970 stylo à bille, pastel, découpage et gaufrage sur papier, 42 x 30 cm ballpoint pen, pastel, cutting and embossing on paper, 16.5 x 11.75 in
87
anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 88
sans titre untitled, circa 1960 crayon de couleur sur papier, 41 x 30.2 cm coloured pencil on paper, 16.25 x 12 in
sans titre untitled, circa 1960 crayon de couleur sur papier, 41.4 x 29.8 cm coloured pencil on paper, 16.25 x 11.75 in
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anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 90
sans titre untitled, 1960 crayon de couleur sur papier, 41 x 30 cm coloured pencil on paper, 16 x 12 in
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anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 92
sans titre untitled, circa 1960 pastel sur papier, 40 x 29 cm pastel on paper, 15.75 x 11.5 in
sans titre untitled, circa 1960 pastel sur papier, 40 x 29 cm pastel on paper, 15.75 x 11.5 in
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œuvres / works
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anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 96
sans titre untitled, circa 1960 pastel sur papier, 61 x 43 cm pastel on paper, 24 x 17 in
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anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 98
sans titre untitled, circa 1960 pastel sur papier, 88 x 62.5 cm pastel on paper, 34.5 x 24.5 in
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anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 100
sans titre untitled, circa 1960 pastel sur papier, 61 x 43 cm pastel on paper, 24 x 17 in
sans titre untitled, circa 1960 pastel sur papier, 61,5 x 43 cm pastel on paper, 24.25 x 17 in
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anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 102
sans titre untitled, circa 1970 crayon de couleur, stylo à bille, broderie, collage et pastel sur papier, 62 x 86.5 cm coloured pencil, ballpoint pen, embroidery, collage and pastel on paper, 24.4 x 34 in
103
anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 104
sans titre untitled, circa 1965 pastel sur papier, 88 x 62.5 cm pastel on paper, 34.5 x 24.5 in
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anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 106
sans titre untitled, circa 1960 pastel sur papier, 88 x 62.5 cm pastel on paper, 34.5 x 24.5 in
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[...] And when I later look and see what I’ve done, I tell you, I feel good. I feel really good. And not out of pride, no. [...]
œuvres / works
anna zemánková
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[...] Plus tard lorsque je regarde ce que j’ai fait je me sens bien. Je me sens vraiment bien. Mais ce n’est pas de l’orgueil, non. [...] anna zemánková
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anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 110
sans titre untitled, circa 1960 pastel sur papier, 62.5 x 88 cm pastel on paper, 24.5 x 34.5 in
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anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 112
sans titre untitled, circa 1960 pastel sur papier, 87.5 x 65 cm pastel on paper, 34.5 x 25.5 in
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anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 114
sans titre untitled, circa 1960 pastel sur papier, 89 x 62.5 cm pastel on paper, 35 x 24.5 in
115
anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 116
sans titre untitled, circa 1960 pastel sur papier, 87 x 62.5 cm pastel on paper, 34.5 x 24.5 in
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anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 118
sans titre untitled, circa 1960 pastel sur papier, 62.5 x 88 cm pastel on paper, 24.5 x 34.75 in
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œuvres / works
anna zemánková : hortus deliciarum
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anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 122
sans titre untitled, circa 1970 stylo à bille, pastel et gaufrage sur papier, 60.5 x 85 cm ballpoint pen, pastel and embossing on paper, 24 x 33.5 in
123
anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 124
sans titre untitled, circa 1960 pastel sur papier, 62.5 x 88 cm pastel on paper, 24.5 x 34.75 in
125
anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 126
sans titre untitled, circa 1960 pastel sur papier, 42 x 30 cm pastel on paper, 16.5 x 12 in
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anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 128
sans titre untitled, circa 1960 pastel sur papier, 41 x 30 cm pastel on paper, 16.5 x 12 in
sans titre untitled, circa 1960 pastel sur papier, 40 x 29.5 cm pastel on paper, 15.75 x 11.5 in
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œuvres / works
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anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 132
sans titre untitled, circa 1970 stylo à bille, pastel et gaufrage sur papier, 30.5 x 21 cm ballpoint pen, pastel and embossing on paper, 12 x 8.27 in
133
anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 134
sans titre untitled, circa 1970 stylo à bille, pastel et gaufrage sur papier, 30 x 20 cm ballpoint pen, pastel and embossing on paper, 12 x 8 in
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anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 136
sans titre untitled, circa 1960 stylo à bille, crayon de couleur et gaufrage sur papier, 16 x 22 cm ballpoint pen, coloured pencil and embossing on paper, 12 x 8.25 in
sans titre untitled, circa 1970 stylo à bille, crayon de couleur et gaufrage sur papier, 30 x 21 cm ballpoint pen, coloured pencil and embossing on paper, 12 x 8.25 in
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anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 138
sans titre untitled, circa 1960 collage, acrylique et crayon de couleur sur papier, 16.5 x 22 cm collage, acrylic and coloured pencil on paper, 6.5 x 8.5 in
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[...] I can even tell you what music I was listening to while drawing. I really love janácek. [...] anna zemánková
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[...] Je peux même vous dire quelle musique j’écoutais pendant que je dessinais. J’aime vraiment Janácek. [...] anna zemánková
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anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 142
sans titre untitled, circa 1960 stylo à bille, pastel et gaufrage sur papier, 15 x 21 cm ballpoint pen, pastel and embossing on paper, 6 x 8.27 in
sans titre untitled, circa 1960 stylo à bille, pastel et gaufrage sur papier, 15 x 21 cm ballpoint pen, pastel and embossing on paper, 6 x 8.27 in 143
anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 14 4
sans titre untitled, circa 1960 stylo à bille, pastel et gaufrage sur papier, 15 x 20.5 cm ballpoint pen, pastel and embossing on paper, 6 x 8in
145
anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 146
sans titre untitled, circa 1970 stylo à bille, pastel, acrylique et gaufrage sur papier, 15 x 20.5 cm ballpoint pen, pastel, acrylic and embossing on paper, 6 x 8in
147
anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works 148
sans titre untitled, 1968 stylo à bille et pastelsur papier, 15 x 21 cm ballpoint pen and pastel on paper, 6 x 8.25 in
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anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works
sans titre untitled, circa 1960 tylo à bille, pastel, acrylique et perforations sur papier, 15 x 20 cm 150
ballpoint pen, pastel, acrylic and perforations on paper, 6 x 8in
sans titre untitled, circa 1960 tylo à bille, pastel, acrylique et perforations sur papier, 16 x 22 cm
ballpoint pen, pastel, acrylic and perforations on paper, 6.3 x 8.66 in
151
anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works
sans titre untitled, circa 1960 tylo à bille, pastel, acrylique et perforations sur papier, 20 x 15.3 cm 152
ballpoint pen, pastel, acrylic and perforations on paper, 8 x 6 in
sans titre untitled, circa 1960 tylo à bille, pastel, acrylique et perforations sur papier, 14.5 x 20.7 cm
ballpoint pen, pastel, acrylic and perforations on paper, 5.75 x 8.in
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œuvres / works
anna zemánková : hortus deliciarum
[...] I don’t know why I have such an aversion towards black, but sometime I need to put it in, see how I’m always in twist, you know ? [...] anna zemánková
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[...] Je ne sais pas pourquoi j’ai une telle aversion pour la couleur noire, mais parfois je ressens le besoin d’en utiliser, vous voyez comme je suis confuse ? [...] anna zemánková
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anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works
sans titre untitled, circa 1960 stylo à bille, pastel et gaufrage sur faux cuir, 13.5 x 17 cm 156
ballpoint pen, pastel and embossing on false leather, 5.3 x 6.7 in
157
anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works
sans titre untitled, circa 1960 stylo à bille, pastel et gaufrage sur faux cuir, 14 x 17 cm 158
ballpoint pen, pastel and embossing on false leather, 5.5 x 6.7 in
sans titre untitled, circa 1960 pastel, gaufrage et faux diamant sur faux cuir, 11 x 15 cm
pastel, embossing and false diamond on false leather, 4.3 x 6 in
159
anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works
sans titre untitled, circa 1960 stylo à bille, pastel et gaufrage sur papier, 10 x 15 cm 160
ballpoint pen, pastel and embossing on paper, 4 x 6 in
161
anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works
sans titre untitled, circa 1960 stylo à bille, pastel, gaufrage et découpage sur papier, 7.5 x 10.5 cm 162
ballpoint pen, pastel, embossing and cutting on paper, 2.95 x 4.13 in
163
anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works
sans titre untitled, circa 1960 stylo à bille, pastel et gaufrage sur papier, 7.5 x 10.5 cm 164
ballpoint pen, pastel and embossing on paper, 3 x 4 in
sans titre untitled, circa 1960 stylo à bille, pastel et gaufrage sur papier, 8 x 10.5 cm
ballpoint pen, pastel and embossing on paper, 3.25 x 4 in
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anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works
sans titre untitled, circa 1960 stylo à bille, pastel et gaufrage sur papier, 7.5 x 10.5 cm 166
ballpoint pen, pastel and embossing on paper, 3 x 4 in
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œuvres / works
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anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works
sans titre untitled, circa 1960 stylo à bille, pastel et gaufrage sur papier, 8 x 10.5 cm 170
ballpoint pen, pastel and embossing on paper, 3.2 x 4 in
sans titre untitled, circa 1960 stylo à bille, pastel et gaufrage sur papier, 7.5 x 10.5 cm
ballpoint pen, pastel and embossing on paper, 3.25 x 4 in
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sans titre untitled, circa 1960 stylo à bille, pastel et gaufrage sur papier, 7.5 x 10.5 cm 172
ballpoint pen, pastel and embossing on paper, 3.2 x 4 in
sans titre untitled, circa 1960 stylo à bille, pastel et gaufrage sur papier, 7 x 10.5 cm
ballpoint pen, pastel and embossing on paper, 2.75 x 4 in
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anna zemánková : hortus deliciarum œuvres / works
sans titre untitled, circa 1960 stylo à bille, pastel, acrylique et perforations sur papier, 8 x 10.5 cm 174
ballpoint pen, pastel, acrylic and perforations on paper, 3.15 x 4 in
sans titre untitled, circa 1960 stylo à bille, pastel et gaufrage sur papier, 7 x 10.5 cm
ballpoint pen, pastel and embossing on paper, 2.75 x 4 in
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christian berst art brut catalogues publiés published catalogues
le fétichiste anatomie d'une mythologie textes de marc donnadieu et magali nachtergael, édition bilingue (FR/EN), 250 p., 2020
éric benetto in excelsis texte de christian berst, édition bilingue (FR/EN), 212 p., 2019
zdeněk košek dominus mundi textes de barbara safarova, jaromír typlt, manuel anceau, édition bilingue (FR/EN), 250 p., 2020
anton hirschfeld soul weaving texte de nancy huston et jonathan hirschfeld, édition bilingue (FR/EN), 300 p., 2018
in abstracto #2 texte de raphaël koenig, édition bilingue (FR/EN), 264 p., 2020
lindsay caldicott x ray memories texte de marc lenot, édition bilingue (FR/EN), 300 p., 2018
albert moser scansions textes de bruce burris et philipp march jones, édition bilingue (FR/EN), 200 p., 2020
misleidys castillo pedroso fuerza cubana #2 texte de karen wong, édition bilingue (FR/EN), 300 p., 2018
jacqueline b. l’indomptée texte de philippe dagen, édition bilingue (FR/EN), 280 p., 2019
jean perdrizet deus ex machina textes de j.-g. barbara, m. anceau, j. argémi, m. décimo, édition (FR/EN), 300 p., 2018
jorge alberto cadi el buzo texte de christian berst, édition bilingue (FR/EN), 274 p., 2019
do the write thing read between the lines #2 texte de éric dussert, édition bilingue (FR/EN), 220 p., 2018
japon brut la lune, le soleil, yamanami textes de yukiko koide et raphaël koenig, édition bilingue (FR/EN), 264 p., 2019
giovanni bosco dottore di tutto #2 textes de eva di sefano et jean-louis lanoux, bilingue (FR/EN), 270 p., 2018
anibal brizuela ordo ab chao textes de anne-laure peressin, karina busto, fabiana imola, claudia del rio, 240 p., 2019
john ricardo cunningham otro mundo édition bilingue (FR/EN), 180 p., 2017
josé manuel egea lycanthropos II textes de graciela garcia et bruno dubreuil, édition bilingue (FR/EN), 320 p., 2019
hétérotopies architectures habitées texte de matali crasset, édition bilingue (FR/EN), 200 p., 2017
au-delà aux confins du visible et de l’invisible texte de philippe baudouin, édition bilingue (FR/ EN), 220 p., 2019
pascal tassini nexus texte de léa chauvel-lévy, édition bilingue (FR/EN), 200 p., 2017
anna zemànkovà hortus deliciarum
gugging the crazed in the hot zone édition bilingue (FR/EN), 204 p., 2017 in abstracto #1 texte de raphaël koenig, édition bilingue (FR/EN), 204 p., 2017 dominique théate in the mood for love texte de barnabé mons, édition bilingue (FR/EN), 200 p., 2017 michel nedjar monographie texte de philippe godin édition, bilingue (FR/EN), 300 p., 2017 marilena pelosi catharsis texte laurent quénehen, entretien laurent danchin, édition bilingue (FR/EN), 230 p., 2017 alexandro garcía no estamos solos II texte de pablo thiago rocca, édition bilingue (FR/EN), 220 p., 2016 prophet royal robertson space gospel texte de pierre muylle, édition bilingue (FR/EN), 200 p., 2016 josé manuel egea lycanthropos textes de graciela garcia et bruno dubreuil, édition bilingue (FR/EN), 232 p., 2016 melvin way a vortex symphony textes de laurent derobert, jay gorney et andrew castrucci, édition (FR/EN), 268 p. 2016 sur le fil par jean-hubert martin texte de jean-hubert martin, édition bilingue (FR/EN), 196 p., 2016 josef hofer transmutations textes de elisabeth telsnig et philippe dagen, édition bilingue (FR/EN), 192 p., 2016 franco bellucci beau comme... texte de gustavo giacosa, édition bilingue (FR/EN), 150 p., 2016
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soit 10 ans états intérieurs texte de stéphane corréard, édition bilingue (FR/ EN), 231 p., 2015 john urho kemp un triangle des bermudes textes de gaël charbau et daniel baumann, édition bilingue (FR/EN), 234 p., 2015 august walla ecce walla texte de johann feilacher, édition bilingue (FR/EN), 190 p., 2015 sauvées du désastre œuvres de deux collections de psychiatres espagnols (1916-1965) textes de graciela garcia et béatrice chemama steiner, bilingue (FR/EN), 296 p, 2015 beverly baker palimpseste texte de philippe godin, édition bilingue (FR/EN), 148 p., 2015 peter kapeller l’œuvre au noir texte de claire margat, édition bilingue (FR/EN), 108 p., 2015 art brut masterpieces et découvertes carte blanche à bruno decharme entretien entre bruno decharme et christian berst, édition bilingue (FR/EN), 174 p., 2014 pepe gaitan epiphany textes de johanna calle gregg & julio perez navarrete, bilingue (FR/EN), 209 p., 2014 do the write thing read between the lines textes de phillip march jones et lilly lampe, édition bilingue (FR/EN), 2014 dan miller graphein I & II textes de tom di maria et richard leeman, édition bilingue (FR/EN), 2014 le lointain on the horizon édition bilingue (FR/EN), 122 p., 2014
james deeds the electric pencil texte de philippe piguet, édition bilingue (FR/EN), 114 p., 2013
joseph barbiero au-dessus du volcan texte de jean-louis lanoux, édition bilingue (FR/EN), 158 p., 2011
eugene von bruenchenhein american beauty texte de adrian dannatt, édition bilingue (FR/EN), 170 p., 2013
henriette zéphir une femme sous influence texte de alain bouillet, édition bilingue (FR/EN), 2011
anna zemánková hortus deliciarum textes de terezie zemánková et manuel anceau, édition bilingue (FR/EN), 146 p., 2013
alexandro garcia no estamos solos texte de thiago rocca, édition trilingue (FR/EN/ES), 2010
john devlin nova cantabrigiensis texte de sandra adam-couralet, édition bilingue (FR/EN), 300 p., 2013
back in the U.S.S.R figures de l’art brut russe texte de vladimir gavrilov, édition bilingue (FR/EN), 2010
davood koochaki un conte persan texte de jacques bral, édition bilingue (FR/EN), 121 p., 2013
harald stoffers liebe mutti texte de michel thévoz, édition bilingue (FR/EN), 132 p., 2009
mary t. smith mississippi shouting textes de daniel soutif et william arnett, édition bilingue (FR/EN), 121 p., 2013
made in holland l’art brut néerlandais texte de nico van der endt, édition bilingue (FR/EN), 2009
albert moser life as a panoramic textes de phillip march jones, andré rouille et christian caujolle, édition (FR/EN), 208 p., 2012
american outsiders the black south texte de phillip march jones, édition bilingue (FR/EN), 2009
josef hofer alter ego textes de elisabeth telsnig et philippe dagen, édition bilingue (FR/EN), 2012 rentrée hors les normes 2012 découvertes et nouvelles acquisitions édition bilingue (FR/EN), 2012 pietro ghizzardi charbons ardents texte de dino menozzi, trilingue (FR/EN/IT), 2011 guo fengyi une rhapsodie chinoise texte rong zheng, trilingue (FR/EN/CH), 115 p., 2011 carlo zinelli une beauté convulsive texte par daniela rosi, édition trilingue (FR/EN/IT), 72 p., 2011
anna zemànkovà hortus deliciarum
remerciements acknowledgements manuel anceau, elisa berst, adriana bustamante, bruno decharme, antoine frérot, france jacob, lola jallet, carmen et daniel klein, alice pepey, barbara safarova, zoé zachariasen, terezie zemánková.
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christian berst art brut Ce catalogue a été publié à l’occcasion de l’exposition anna zemánková, hortus deliciarum à christian berst art brut, du 31 mai au 20 juillet 2013. édition revue et augmentée
This catalog has been published to mark the exhibition anna zemánková, hortus deliciarum at christian berst art brut from may 31 to july 20, 2013. revised and enlarged edition
design graphique et réalisation graphic design and production élodie fabbri & élisa berst traduction translation armella abramowitz-moreau © christian berst art brut, 2021
3-5 passage des gravilliers 75003 paris contact@ christianberst.com
du mercredi au dimanche 14h à 19h ou sur rendez-vous