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bridge par christian berst présents
misleidys castillo pedroso casa cubana curated by lucas djaou
Dansles paysages ensoleillés de la province de La Havane se dresse un immeuble à la façade bleu outremer. Entouré d’une nature luxuriante et baigné par les reflets scintillants de la mer des Caraïbes, cet édifice est le lieu de vie de la famille Castillo Pedroso. Au troisième étage, offrant une vue imprenable sur ce paysage, les murs blancs du modeste appartement familial se recouvrent au fil du temps d’une assemblée de personnages multicolores. Misleidys Francisca Castillo Pedroso, après avoir été placée dans un institut spécialisé, a fait de cet appartement son lieu de création. Sur sa table en bois, face à la mer, elle peint des figures sur papier, qu’elle découpe et auréole ensuite de languettes de rubans adhésifs afin d’orner ses murs. Outre les liens maternels et fraternels qui lui sont chers, ces figures apparaissent comme une singulière famille avec laquelle l’artiste, née avec un trouble du spectre de l'autisme, s’adonne à des conversations muettes. Les premières silhouettes prennent la forme de bodybuilders, un hommage probable à Sergio Oliva, légende du culturisme et premier homme noir à remporter le titre de Mr. Olympia. Viennent ensuite ses séries d'animaux, évoquant ceux des paysages insulaires, des porcs et des sangliers sauvages, mais aussi des vaches, probablement en référence à Ubre Blanca, une icône bovine populaire à Cuba. Des danseurs et des joueurs de conga rappellent les traditions carnavalesques de l’île. Parmi les autres motifs récurrents, on trouve également des maternités, organes et anatomies du corps humain, sans doute observées dans les manuels de son jeune
frère médecin. Figures démoniaques, créatures thérianthropes et hybrides oniriques s’ajoutent enfin à la curieuse assemblée. L’ensemble donne à voir la mythologie intime de l’artiste, imprégnée de son histoire personnelle et de la culture cubaine.
Cette mise en scène pour la galerie Christian Berst évoque l'atmosphère particulière du lieu où Misleidys vivait et créait, mettant en lumière l'importance de cet environnement dans son processus créatif. Née près de La Havane à Cuba en 1985, Misleidys Francisca Castillo Pedroso vit et travaille désormais en Espagne.
Texte par Lucas Djaou, commissaire de l'exposition.
Depuis sa découverte par la galerie en 2014, son travail a été acquis par diverses institutions muséales, dont le Centre Pompidou. Son œuvre a été présenté dans plusieurs expositions internationales notamment à Miami, New York, Los Angeles, Tokyo et tout récemment à la Kunsthalle Wien.
In the sunny countryside of La Havana stands a building with an ultramarine-blue façade. Surrounded by lush greenery and bathed in the sparkling reflections of the Caribbean Sea, this building is home to the Castillo Pedroso family. On the third floor, offering a breathtaking view of this landscape, the white walls of the modest family apartment are increasingly covered over time with an assembly of multicolored characters. Misleidys Francisca Castillo Pedroso, after having been placed in a specialized institute, has made this apartment her creative home. On her wooden table, facing the sea, she paints figures on paper, which she then cuts out and decorates with strips of adhesive tape. In addition to the maternal and fraternal ties that are dear to her, these figures appear as a singular family with whom the artist, born with a disorder close to autism, silently converses. The first silhouettes take the form of bodybuilders, a likely tribute to Sergio Oliva, bodybuilding legend and the first black man to win the title of Mr. Olympia. Next come her series of animals, evoking those of island landscapes, wild pigs, and boars, but also cows, probably in reference to Ubre Blanca, a popular bovine icon in Cuba. Dancers and conga players recall the island's carnival traditions. Other recurring motifs include maternities, organs, and anatomies of the human body, no doubt observed in the medicine books of his young doctor brother. Demonic figures, therianthropic creatures, and dreamlike hybrids add to the curious mix. The ensemble reveals the artist's intimate mythology, steeped in his personal history and Cuban culture.
This scenography for the Christian Berst gallery evokes the special atmosphere of the place where Misleidys lived and created, highlighting the importance of this environment in her creative process. Born near Havana, Cuba, in 1985, Misleidys Francisca Castillo Pedroso now lives and works in Spain.
Text by Lucas Djaou, curator.Since her discovery by the gallery in 2014, her work has been acquired by various museum institutions, including the Centre Pompidou. Her work has been shown in several international exhibitions in Miami, New York, Los Angeles, Tokyo and most recently at Vienna (Kunsthalle)
dessins préparatoires pour la scénographie par
Lucas Djaouvue de la fenêtre de l'appartement de la famille
Castillo Pedrosoimmeuble de la banlieue de la Havane où logeait la famille
Table de travail de Misleidys Castillo Pedroso dans le salon de l'apparteent familial, 2014.
Toutes les oeuvres sont réalisées à la gouache sur papier et entourées de languettes de papier adhésif brun.
/ 45 x 30 cm
/ 77 x 74 cm
Chambre de Misleidys Castillo Pedroso, 2019. dans le salon de l'apparteent familial.
/ 43.5 x 17.5 cm
/ 29 x 21 cm
/ 39 x 30 cm
/ 19 x 24 cm
/ 25 x 42 cm
/ 175 x 91 cm
/ 165 x 104 cm
Misleidys Castillo Pedroso couvre tous les murs de l'apparteent familial de ses œuvres, 2014.
/ 156 x 87 cm
/ 187 x 108 cm
Misleidys Castillo Pedroso couvre tous les murs de l'apparteent familial de ses œuvres, 2014.
Misleidys Castillo Pedroso devant l'un de ses "géants", 2014.
/ 210 x 155 cm
2017 / 24 x 35 cm 38 x 40 cm
/ 118 x 60 cm
/ 126 x 84 cm
/ 144 x 113 cm
/ 184 x 97 cm
Pièce à vivre de l'appartement familial à Cuba, 2014.
© Nicolas KuttlerLucas Djaou est commissaire d’exposition indépendant. Son travail de recherche s’attache principalement à faire découvrir des artistes méconnus ou oubliés. Il a notamment participé à la redécouverte d’artistes comme Maryan, peintre juif-polonais rescapé de la Shoah ; Gérard Tisserand, figure majeure de l’art engagé en France et membre fondateur de la Coopérative des Malassis, ou encore l’indonésienne Ni Tanjung, créatrice autodidacte. En explorant la notion de trace et de mémoire, la conversation et l’écriture occupe une place primordiales dans ses recherches. En parallèle, il orchestre des expositions de la scène contemporaine et accompagne des institutions, des municipalités et des galeries à l’acquisition d’oeuvres et à la concrétisation de projets artistiques. Il est le fondateur de la structure curatoriale YES, WE LOVE, qui a pour ambition de définir de nouveaux formats d’expositions pensés comme des expériences, des cadres de rencontres et d’échanges entre les générations, les disciplines et les arts.
Lucas Djaou is an independent curator. His research focuses on the discovery of little-known or forgotten artists. He has been instrumental in the rediscovery of artists such as Maryan, a Polish-Jewish painter and survivor of the Holocaust; Gérard Tisserand, a major figure in committed art in France and founding member of the Coopérative des Malassis; and the self-taught Indonesian artist Ni Tanjung. Exploring the notion of trace and memory, conversation and writing play a key role in his research. At the same time, he orchestrates exhibitions on the contemporary scene and assists institutions, municipalities and galleries with the acquisition of works and the realization of artistic projects. He is the founder of the curatorial structure YES, WE LOVE, whose ambition is to define new exhibition formats conceived as experiences, frameworks for encounters and exchanges between generations, disciplines and arts.
remerciements acknowledgements
élisa berst, adriana bustamante, misleidys castillo pedroso et sa famille, jérôme clermont, jeanne fournier, antoine frérot, amanda jamme, indya khayat, carmen et daniel klein, alejandro labrador, guillaume oranger, jeanne rouxhet, zoé zachariasen.