MEMOIRE MASTER 1: La reconversion d'usine machine. 2017

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JOUANAS CINDY

LA RECONVERSION D' «USINES-MACHINES» EN ESPACE DE VIE.

Master «Architecture, Ville, Ressources»





LA RECONVERSION D' «USINES-MACHINES» EN ESPACE DE VIE. Directeur de mémoire : GOLAY Florian 2017 E.N.S.A.G.



SOMMAIRE INTRODUCTION

p. 2

1 MONTAGE DE PROJET ET JEUX D’ACTEURS 1.1 Gazomètres : Un objet du patrimoine à transformer, légèrep. 12 ment. 1.2 Klara Zenit : Quand les lois sont modifiées pour permettre p. 14 une reconversion. 1.3 Battersea Power Station : Quand les habitants s’emparent d’un symbole.

p. 17

1.4 Un jeu d’acteur propre à chaque projet.

p. 22

2 DE L’ARCHITECTURE MONOFONCTIONNELLE A L’ESPACE DE VIE 2.1 Gazomètres : Transformer les contraintes en atouts.

p. 26

2.2 Klara Zenit : Quand la structure propose des possibilités insoupçonnés.

p. 31

2.3 Battesea Power Station : Quand la reconversion engendre la p. 35 conquête d’une partie de la ville. 2.4 Quand les architectes utilisent leur créativité.

p. 40

3 LE PATRIMOINE COMME OPPORTUNITÉ DU RENOUVELLEMENT URBAIN 3.1 Gazomètres : Une réussite à nuancer.

p. 44

3.2 Klara Zenit : Un quartier qui a repris vie.

p. 48

3.3 Battesea Power Station : Un projet controversé qui n’est pas p. 52 encore sorti de terre. 3.4 L'acceptation a différentes vitesses.

p. 57

CONCLUSION

p. 60

BIBLIOGRAPHIE/ICONOGRAPHIE


INTRODUCTION

2

Au début du XXème siècle, les sites industriels étaient le témoin du développement économique des villes. Ces usines étaient dotées de machineries et de technologies spécifiques, nécessitant des espaces particuliers et adaptés. La conception de ces espaces a induit des innovations formelles constituant ainsi des dispositifs, des « usines-machines »1: les gazomètres, les silos céréaliers, les souffleries… Ces dispositifs sont le témoin de l’innovation mise en place à cette époque. Cependant, leur spécificité rend leur réutilisation complexe. L’évolution de l’activité industrielle a peu à peu transformé ces lieux d’activités en friches. Ces espaces désormais abandonnés, autrefois symboles d’une activité économique forte, deviennent le territoire d’ «opportunités pour repenser la ville»2. Ces opportunités ne font pas l’unanimité, un parallèle se fait « entre rejet et fascination, fierté du travail pour les uns, évocation de la souffrance qu’il provoque pour les autres, les friches déchaînent les passions. L’effacement de sites fortement symboliques va cependant agir comme un révélateur et faire évoluer les mentalités »3. De nombreuses associations de sauvegarde du patrimoine industriel se mettent en place comme « le CILAC (Comité d’information et de liaison pour l’archéologie, l’étude et la mise en valeur du patrimoine industriel) »4. En 1986, le ministère de la Culture réalise un inventaire « rapide et exhaustif du patrimoine industriel. […] En 2010, en France, sur 43 720 édifices protégés, 830 relèvent du patrimoine industriel »5. Dans ce mémoire, nous nous intéresserons à ces dispositifs industriels, ces usines-machines. Le choix de préserver ces vestiges a un coût. « En effet, si la protection au titre des monuments historiques représente une étape fondamentale dans le processus de reconnaissance, elle ne constitue pas une garantie de pérennité, faute de projets viables de réutilisation. Nombreux sont les bâtiments protégés qui tombent en ruines. À titre d’exemple, la filature Godet à Elbeuf, inscrite au titre des monuments historiques en 1994, est détruite en 1999 suite à un arrêté de péril, le silo à céréales de Strasbourg, inscrit en 1995, est démoli en 1996 en cours d’instance de classement, l’usine Renault de l’île Seguin (site non protégé, mais fortement symbolique) est rasée en 2005 ainsi que la grande REAL Emmanuelle, « Reconversions. L’architecture industrielle réinventée », In Situ [En ligne], 26 | 2015, mis en ligne le 06 juillet 2015, URL : http://insitu.revues.org/11745 ; DOI : 10.4000/insitu.11745, Consulté le 02 avril 2017. 1

Association des directeurs immobiliers (France). “Reconvertir les friches industrielles et urbaines: de la transformation réussie des sites à la mutation des territoires” Edition le moniteur. Paris. 2015 2

REAL Emmanuelle, « Reconversions. L’architecture industrielle réinventée », In Situ [En ligne], 26 | 2015, mis en ligne le 06 juillet 2015, URL : http://insitu.revues.org/11745 ; DOI : 10.4000/insitu.11745, Consulté le 02 avril 2017 3

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Ibidem

5

Ibidem


halle de la manufacture d’allumettes de Trélazé en 2010, pourtant labellisée «Patrimoine du XXe siècle” par le ministère de la Culture»6. L’investissement effectué sur ces sites industriels, représentant pour la majorité plusieurs hectares, pour les protéger ne serait pas rentable. « En 1995, le rapport du préfet Loiseau intitulé “Une politique pour le patrimoine industriel” concluait : “Protéger est une chose. Animer, faire vivre, supporter les charges d’entretien et de fonctionnement en est une autre” »7 . Nous pouvons dire qu’il ne suffit pas de protéger ces vestiges du passé, mais il faut leur donner une seconde vie, une nouvelle activité. C’est pourquoi il faut réaliser une reconversion totale du bâtiment pour ne pas démolir ces friches ou les voir tomber en ruine.

REAL Emmanuelle, « Reconversions. L’architecture industrielle réinventée », In Situ [En ligne], 26 | 2015, mis en ligne le 06 juillet 2015, URL : http://insitu.revues.org/11745 ; DOI : 10.4000/insitu.11745, Consulté le 02 avril 2017. 6

7

Ibidem

SMITH Paul, « La reconversion des sites et des bâtiments industriels », In Situ [En ligne], 26 | 2015, mis en ligne le 07 juillet 2015, URL : http://insitu.revues.org/11802. Consulté le 02 avril 2017 8

REAL Emmanuelle, « Reconversions. L’architecture industrielle réinventée », In Situ [En ligne], 26 | 2015, mis en ligne le 06 juillet 2015, URL : http://insitu.revues.org/11745 ; DOI : 10.4000/insitu.11745, Consulté le 02 avril 2017. 9

3 INTRODUCTION

D’après le CAUE, « La reconversion affecte un bâtiment à un autre usage que celui pour lequel il a été conçu». « Née dans les années 1970 avec l’émergence d’une nouvelle sensibilité à l’égard des vestiges physiques de l’industrialisation, la reconversion s’est imposée, faute de pouvoir créer partout des musées de l’industrie, comme une démarche susceptible de préserver quelque chose des valeurs de témoignage de ce patrimoine. Elle s’est parée depuis lors de nouvelles vertues sous les enseignes du développement durable et de la requalification urbaine. Pour les professionnels et les amis du patrimoine industriel, cette question de la reconversion semble constituer l’un des quatre grands enjeux auxquels ce patrimoine se trouve confronté en ce premier quart du XXIe siècle»8. Emmanuelle Real, auteur de Reconversions. L’architecture industrielle réinventée, chargée d’études sur le patrimoine industriel au service régional de l’inventaire différencie la reconversion de la réutilisation «par son intentionnalité et la mise en œuvre qu’elle implique. Elle (la reconversion) exprime la volonté consciente et raisonnée de conserver un édifice dont la valeur patrimoniale est reconnue tout en lui redonnant une valeur d’usage qu’il a perdu. Contrairement à la réutilisation, le changement d’usage qui s’opère lors d’une reconversion nécessite l’adaptation du bâti à ce nouvel usage, mais ces transformations s’effectuent dans le respect de l’esprit du lieu et en conservant la mémoire de la fonction originelle. En cela, la reconversion constitue une véritable démarche de préservation du patrimoine et l’évolution naturelle de tout édifice, n’en déplaise aux plus stricts défenseurs du patrimoine qui tendent à considérer qu’un édifice doit, pour conserver sa valeur patrimoniale, être figé dans sa configuration d’origine. Néanmoins, la reconversion d’un monument historique est un exercice combiné qui associe la restauration des parties protégées et la réinvention de celles qui ne le sont pas»9. Ce procédé est de plus en plus utilisé, cela est dû au « décalage temporel


entre le cycle court et le cycle long »10. Le cycle court correspond aux usages, aux changements d’activités dans un lieu tandis que le cycle long correspond à ce qui est construit. Ces deux cycles évoluent dans des temps différents, les usages se modifient plus rapidement que les murs ne s’usent. C’est pourquoi, en plus de la patrimonialisation, les dispositifs industriels sont plus souvent soumis à ce procédé de reconversion qu’à une démolition totale.

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« La destination et la fonction des édifices sont les conditions passagères de l’architecture»11. Cette citation d’Auguste Perret nous montre dans un certain sens que l’architecture pensée pour une seule fonction ne peut évoluer. Une construction est plus pérenne que son usage, elle doit être évolutive et permettre de possibles transformations programmatiques. C’est lors d’un voyage d’études à Bâle que la question de la reconversion d’usines-machines m’a interrogée. L’ancienne brasserie Warteck, située à 1 km du centre-ville de Bâle, a été reconvertie en atelier, restaurant, et logements (Figure 1). En effectuant des recherches, j’ai découvert que l’ancienne brasserie Warteck avait été le support de deux projets différents. Construite entre 1890 et 1935, la brasserie est constituée de plusieurs bâtiments. « Lors de sa fermeture en 1991 ses infrastructures étaient destinées à être entièrement démolies pour laisser place à une nouvelle construction » dessinée par Suter+Suter « s’implantant sur tout le périmètre de la parcelle »12. Mais ce schéma n’a pas convenu à la population locale, qui ne voulait pas voir l’ancienne brasserie disparaître. « En réaction à cela, la ville a proposé de répertorier ces constructions dans le registre de protection des monuments historiques »13. L’agence Diener & Diener s’est alors associée à cette intervention pour concevoir un nouveau projet sur ce site. Ils ont proposé de garder le bâtiment principal de Warteck « qui sera réaffecté à une activité non lucrative à caractère culturel, ainsi que le maintien de l’ancien immeuble de décoction avec son château d’eau, qui accueillera un bar-restaurant »14. Les autres bâtiments seront détruits pour redensifier la parcelle, créer du logement et rendre ainsi le projet économiquement viable. La destruction d’une partie de l’ancienne brasserie me contraint à sortir cette intervention de la catégorie des reconversions. Autrefois qualifié de « Bâle de seconde zone », le quartier de Wettstein « jouit aujourd’hui d’une grande popularité »15. Cette Association des directeurs immobiliers (France). “Reconvertir les friches industrielles et urbaines: de la transformation réussie des sites à la mutation des territoires” Edition le moniteur. Paris. 2015 10

La citation d’Auguste Perret nous explique que le programme d’une architecture n’est pas pérenne et qu’il peut évoluer dans le temps. L’architecture doit permettre ce changement. Le bâtiment et son programme évoluent suivant deux temporalités distinctes. Les murs évoluent sur un temps long tandis que les usages évoluent sur un temps court. 11

Col’Schick. “La réhabilitation de la brasserie Warteck à Bâle, un modèle à suivre?” [En ligne], mis en ligne le 30 mai 2015 URL : http://www.colschick.org/2015/05/30/la-rehabilitation-dela-brasserie-warteck-a-bale-un-modele-a-suivre/, Consulté le 17avril2017. 12

BEGERT David, DINI Claudio. “Reflexion autour d’une transformation. Une fabrique de pianos à Bienne.” Enoncé théorique de diplome, ENAC-Architecture-Decembre 2003. [En ligne] URL : http://archivesma.epfl.ch/2004/003/Enoncé_déf.pdf/, Consulté le 21 janvier 2017 13

14

Ibidem

Site web de la ville de Bâle. https://www.basel.com/fr/Les-quartiers-balois/QuartierKleinbasel#basel. Consulté le 29 avril 2017. 15


popularité est due aux nouvelles activités, qui créent de l’animation dans ce quartier essentiellement résidentiel. Cet exemple nous montre que le nouveau programme introduit dans la reconversion est important pour que la population locale accepte le projet. C’est cette acceptation qui permettra au projet de prendre racine et de donner un second souffle au bâtiment.

5 INTRODUCTION

Figure 1: La brasserie Warteck, Basel, Entre passé et présent.

La réussite d’une reconversion diverge selon les points de vue : « Pour l’ami du patrimoine industriel, la réussite d’une opération relèverait de considérations comme le choix d’un programme approprié à la morphologie des bâtiments reconvertis, le respect des matériaux de ces bâtiments ou encore l’intégration dans l’opération d’un espace consacré à l’interprétation de l’histoire du site. Pour un architecte, la réussite peut être une question d’équilibre et d’harmonie entre le bâti neuf et le déjà-là ; pour un aménageur, l’impact positif de l’opération sur son environnement urbain ; pour un promoteur, l’économie globale de l’opération, comprenant le cachet supplémentaire qu’apporte un patrimoine préservé ; pour un élu, les retombées médiatiques et la contribution à l’image et à l’attractivité de sa ville ; pour un usager, un


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environnement agréable à voir et à vivre...»16. Avant de devenir de nouvelles expériences urbaines acceptées par les habitants, ces futurs quartiers font l’objet de plusieurs discussions sur les usages possibles qu’offrent les dispositifs industriels. « Il s’agit en effet de définir et de proposer de nouveaux usages à une zone précédemment affectée à une seule activité, industrielle, logistique ou commerciale. Le plus souvent, le territoire concerné est appelé à accueillir un mélange plus ou moins harmonieux de logements, de bureaux, et de commerces »17. Aujourd’hui, les quartiers les plus attractifs sont en effet ceux où l’on retrouve une grande mixité programmatique. « Dans ce contexte de renouvellement urbain et de reconstruction de “la ville sur la ville”, la reconversion du patrimoine industriel a pris une importance considérable. Elle représente, en effet, la possibilité pour une commune de densifier son tissu urbain en récupérant du foncier situé à des endroits stratégiques, au cœur de la ville ou en proche périphérie »18. Le temps où l’on allait travailler à l’usine et où l’on rentrait dormir dans les cités-dortoirs a montré ses limites. « “Le zoning est une connerie. Il faut du travail dans la ville. La vraie mixité, c’est celle des fonctions, qui entraîne la mixité sociale”, estime Paul Chemetov. Cette diversité permet notamment de ne pas utiliser la voiture pour aller faire ses courses, travailler ou dépenser son temps libre. Ces nouveaux quartiers sont présentés « comme garant d’espaces urbains vivants, avec une mixité d’usage et permettant aussi une répartition des risques économiques entre différents produits immobiliers»19. En effet, la reconversion des sites industriels n’est plus une “simple conservation d’un monument”. «On passe de l’échelle du bâtiment à celle du territoire, dans une perspective plus large de recomposition globale du tissu urbain, avec les multiples enjeux culturels, sociaux, économiques et écologiques que cela induit. De fait, la reconversion devient un moyen de repenser le territoire dans sa globalité »20. En fonction de l’emplacement de ces différents sites, la nécessité de créer de l’attractivité varie. Plus le site est éloigné, plus l’attractivité devra être forte. Un site qui se trouve en centre-ville demandera moins de moyens pour s’y rendre tandis qu’un site en périphérie nécessitera de nouvelles ressources en terme de mobilité. Cependant, il faut faire attention à ce que ces quartiers ne deviennent pas les témoins d’«une gentrification de quartier autrefois populaire ». Les sites industriels doivent devenir des espaces de vies à l’échelle d’un quartier avec une mixité programSMITH Paul, « La reconversion des sites et des bâtiments industriels », In Situ [En ligne], 26 | 2015, mis en ligne le 07 juillet 2015,. URL : http://insitu.revues.org/11802 Consulté le 02 avril 2017. 16

Association des directeurs immobiliers (France). “Reconvertir les friches industrielles et urbaines: de la transformation réussie des sites à la mutation des territoires” Edition le moniteur. Paris. 2015 17

REAL Emmanuelle, « Reconversions. L’architecture industrielle réinventée », In Situ [En ligne], 26 | 2015, mis en ligne le 06 juillet 2015, URL : http://insitu.revues.org/11745 ; DOI : 10.4000/insitu.11745, Consulté le 02 avril 2017. 18

Association des directeurs immobiliers (France). “Reconvertir les friches industrielles et urbaines: de la transformation réussie des sites à la mutation des territoires” Edition le moniteur. Paris. 2015 19

REAL Emmanuelle, « Reconversions. L’architecture industrielle réinventée », In Situ [En ligne], 26 | 2015, mis en ligne le 06 juillet 2015, URL : http://insitu.revues.org/11745 ; DOI : 10.4000/insitu.11745, Consulté le 02 avril 2017. 20


matique. Mais quel est le jeu d’acteur qui se met en place pour rendre ces reconversions possibles ? Est-il plus économique de reconvertir un bâtiment ou d’en construire un de toute pièce ? Qui prend la décision de protéger ou de détruire ces vestiges du monde industriel ? Comment créer des espaces de vies dans des dispositifs industriels où l’homme avait pour seule fonction d’activer des machines ? Comment s’opère cette mutation entre dispositif monofonctionnel et espace de vie ? Ces interventions sont-elles acceptées par les habitants ? Quel impact a une reconversion sur la ville ? Ces reconversions sont-elles des réussites ou des échecs ?

Figure 2: Les gazomètres de Vienne. Le début d'une histoire.

Le Klara Zenit, construit en 1971, renfermait le centre de traitement des chèques postaux ce qui demandait des machines lourdes. Pour beaucoup La libre, “ La vie dans un gazomètre.” La libre [En ligne], mis en ligne le 03 août 2002, URL : http://www.lalibre.be/archive/la-vie-dans-un-gazometre-51b879a7e4b0de6db9a76715, Consulté le 10 mars 2017. 21

7 INTRODUCTION

Dans ce mémoire, nous étudierons la reconversion de dispositifs industriels en espace de vie au travers de trois projets qui nous permettront de répondre à ces questions. Les projets que nous allons étudier sont les témoins d’innovation technique et architecturale en matière d’industrie : Les Gazomètres de Vienne, le Klara Zenit de Stockholm et le Battesea Power Station de Londres. Les gazomètres, construits en 1900, servaient de réservoir pour la plus grande usine à gaz, produit par la combustion de charbon, de Vienne (Figure 2). Pour détourner l’aspect technique de ces cuves de 65 mètres de diamètre et 75 mètres de hauteur, les réservoirs ont été habillés par une enveloppe de brique rouge, décorée par des fenêtres et un dôme. Ces quatre Gazomètres furent construits en périphérie de la ville, car la possibilité d’une explosion n’était pas négligeable. Dans les années 70, le gaz est devenu très couteux à cause de la concurrence du Gaz de Sibérie. C’est en 1985 que l’usine de charbon et ses quatre réservoirs ferment leurs portes. “Les bulldozers étaient déjà là lorsque brusquement, un fonctionnaire s’enquit de la valeur historique des quatre tours, admirables vestiges d’une architecture industrielle propre au tournant du siècle »21. Nous découvrirons ce qui est advenu de ces quatre gazomètres lors de leur reconversion effectuée par les architectes Jean Nouvel, Coop Himmelb(l) au, Wehdorn et Holzbauer en 2001.


d’habitants, le quartier de Klara est synonyme d’une grande destruction du centre-ville entre 1950 et 1970. Le centre-ville dynamique a laissé place à un quartier de bureaux qui s’éteint à partir de 18h. C’est lorsque la ville décide d’installer une station de métro dans le parc Kungsträdgården que les habitants réagissent à la transformation urbaine. De violents affrontements avec la police ont lieu, connus sous le nom de « Almstriden ». Cela a marqué «la fin de la négligence officielle de Stockholm sur le patrimoine culturel du centre-ville »22(Figure 3). Néanmoins, le quartier de Klara est déjà vidé de tout logement. La ville demande d’inclure des logements dans tout nouveau projet. Nous verrons ce qu’est devenu le Klara Zenit à la suite de la reconversion confiée à l’agence d’architecture Equator Stockholm en 2003.

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Figure 3: Le quartier de Norrmalm, quand les bureaux s'emparent de la ville

La Battersea Power station, construite en 1939, fut une des premières super-centrales électriques au charbon construit le long de la Tamise. Il représente «le plus grand bâtiment en briques d’Europe, 27 200 mètres carrés d’emprise sur un terrain de 17 hectares»23. Il est caractérisé par ses quatre cheminées blanches que l’on distingue au loin. Cette centrale a vu le jour par une décision du Parlement britannique qui avait pour but de regrouper les lieux de production d’électricité. Elle fut construite en deux temps, la première fut achevée dans les années 30 et la seconde ne fut terminée que dans les années 50 (Figure 4). En 1975, une première partie de la centrale est arrêtée, le pétrole prenant de plus en plus place dans la production d’énergie. « Le 31 octobre GOLLING Daniel, “Home in Stockholm.” ArchitectureWeek [En ligne], mis en ligne le 17 mars 2004,. URL : http://www.architectureweek.com/2004/0317/design_1-1.html, Consulté le 10 mars 2017 22

DELESALLE-STOLPER Sonia, “Battersea la centrale qui branche Londres”, Libération [En ligne], mis en ligne le 30 septembre 2014,. URL : http://www.liberation.fr/planete/2014/09/30/ battersea-la-centrale-qui-branche-londres_1111808, Consulté le 10 mars 2017 23


1983, le silence tombe sur l’ensemble du site, si grand qu’il pourrait abriter la cathédrale Saint-Paul»24. Cependant, malgré son arrêt, la Battersea Power Station a continuer à vivre en devenant un symbole culturel que nous découvrirons lors de son analyse. Le nouveau projet est encore en cours et devrait être terminé d’ici 2020, par l’architecte Rafael Vinoly avec la participation de Franck Gehry et Norman Foster.

9 INTRODUCTION

Figure 4: Construction de la première moitié de la Battersea Power Station.

Ces trois projets vont nous permettre de voir des opérations montées par différents acteurs à des périodes différentes. Ces trois “usine-machine” étant différentes nous verrons comment elles se transforment en un quartier à mixité programmatique. Ils nous permettront aussi de voir, pour les projets déjà réalisés, l’impact de la reconversion sur le territoire et pour la Battersea Power Station les actions des habitants pour avoir leur mot à dire quant au futur de la centrale. Ces trois projets sont en effet représentatifs de trois approches différentes de la reconversion. Dans un premier temps, nous nous pencherons sur la construction du jeu d’acteurs pour monter ces opérations de reconversions. Par la suite, nous étudierons comment l’architecture permet de passer des espaces monofonctionnels disponibles dans les dispositifs industriels à des espaces de vies. Pour finir, nous observerons comment le patrimoine a créé des opportunités pour repenser les villes et les répercussions que cela a engendrées.

DELESALLE-STOLPER Sonia, “Battersea la centrale qui branche Londres”, Libération [En ligne], mis en ligne le 30 septembre 2014,. URL : http://www.liberation.fr/planete/2014/09/30/ battersea-la-centrale-qui-branche-londres_1111808, Consulté le 10 mars 2017 24



1. MONTAGE DE PROJET ET JEUX D’ACTEURS

La reconversion de dispositifs industriels est le fruit de longues réflexions sur les besoins de la ville et sur l’importance de ces architectures dans le patrimoine industriel. Comme nous avons pu le voir précédemment, ces dispositifs peuvent faire l’objet de protection de patrimoine par l’intervention des habitants ou de la ville. Nous pouvons nous demander quelles sont les motivations qui poussent la ville ou d’autres acteurs à faire de ces dispositifs des opportunités. Nous allons voir que les motifs de reconversion varient au travers des trois projets que nous allons analyser.


1.1 GAZOMÈTRES: UN OBJET DU PATRIMOINE À TRANSFORMER, LÉGÈREMENT.

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Les Gazomètres de Vienne sont d’anciens réservoirs de gaz alimentant la ville ( Figure 5). Dès leur construction, la vue sur ces réservoirs depuis la ville dérangeait les habitants ce qui a requis une enveloppe en brique rouge pour amener un peu d’esthétique à ces cuves. La fonction des gazomètres est arrivée à son terme en 1985. “Menacés de mort quelques semaines auparavant, voici soudain les cylindres rouges frappés du sceau protecteur de Monuments historiques. « C’est cela qui, finalement, a retardé le plus longtemps le réaménagement des tours, le ministère de la Culture nous interdisant de toucher à la moindre brique des édifices, se souvient Günter Bishof »25. Une fois le bâtiment protégé, il est devenu difficile de lui faire subir des transformations ce qui a ralenti les prises de décisions pendant près de 15 ans. Pendant ce temps, quelques activités culturelles ont pris forme dans ces gazomètres qui ont néanmoins commencé à se détériorer. Ils ont été le décor de James Bond, Tuer n’est pas jouer, et ont aussi été le lieu des « gazometer-raves ». En effet, ces grandes structures cylindriques convenaient parfaitement à ce type de musique. Puis la ville de Vienne, étant propriétaire des gazomètres, a décidé d’utiliser cette surface foncière pour le développement urbain. Dès les années 80, la politique de la ville tend vers une densification du tissu urbain. Vienne entreprend une réhabilitation du site et lance un concours d’architecture en 1995 afin de trouver un nouveau programme aux gazomètres. Plusieurs projets ont commencé à émerger de ces usines-machines. « Le plus généreux d’entre eux étant d’en faire un Musée de la technologie. L’idée, cousine de celle de la «New Tate Galery» de Londres, n’a jamais abouti, faute d’argent. C’est finalement les projets des architectes Jean Nouvel, Coop Himmelb(l) au, Wehdorn et Holzbauer qui remporte le concours. «Le seul moyen de rentabiliser le coût des travaux (estimé à 180 millions d’euros DLNdlR) était d’y installer des appartements et des magasins, puis de les mettre en vente», admet Günter Bishof, un léger regret dans la voix. Mais pour cela, il a fallu se battre contre le département des monuments historiques, qui refusait non seulement l’ouverture des coupoles, mais aussi le percement de quelques ouvertures à travers les murs»26, ( Figure 6 ) nécessaires pour rendre les gazomètres habitables. La ville de Vienne possède une très ancienne politique de logements sociaux ce qui a permis un généreux programme de subvention municipale. Ce qui a donné la possibilité d’avoir un prix moyen au mètre carré de 1800 € dans certains logements soit la moitié de ce que l’on trouve dans d’autres quarLa libre, “ La vie dans un gazomètre.” La libre [En ligne], mis en ligne le 03 août 2002, URL : http://www.lalibre.be/archive/la-vie-dans-un-gazometre-51b879a7e4b0de6db9a76715, Consulté le 10 mars 2017 25

26

Ibidem


Figure 5: Les Gazomètres de Vienne à l’origine.

Figure 6: Les Gazomètres de Vienne après leur reconversion

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tiers. Nous nous attarderons sur le programme qui compose cette opération dans une prochaine partie. Cet exemple nous montre que le fait de classer un bâtiment aux monuments historiques influence sur la reconversion dont il est le sujet. Ici, les acteurs en jeu sont la ville, les architectes et l’institution des monuments historiques. Nous verrons que cela a demandé une grande créativité aux architectes pour y insérer un nouveau programme. En Suède, le Klara Zenit n’a pas été classé, cependant la politique de la ville a saisi l’opportunité de se reconstruire sur elle même. C’est pour cela que ce bâtiment a été reconverti. Nous allons voir que ce projet a demandé à certaines lois d’être assoupli pour permettre au projet de voir le jour.

1.2 KLARA ZENIT: QUAND LES LOIS SONT MODIFIÉES POUR PERMETTRE UNE RECONVERSION. 14

Cet ancien bâtiment du traitement des chèques postaux est un bloc de 8000 m2 construit en 1971 et qualifié d’« usine-bureau »27. Comme nous l’avons vu précédemment, cet édifice a vu le jour dans une période où la ville de Stockholm a transformé des quartiers vivants en bureaux qui s’éteignent à 18 h. En effet, dans les années 60, « le joli quartier résidentiel d’anciennes maisons et arboré de Klara, en plein centre de Stockholm a été complètement détruit pour faire place à des immeubles de bureaux»28 (Figure 7). Il s’est alors vidé de tous ses habitants. « Le Klara Zenit est un exemple des séquelles héritées de cette période. […] Construit au cœur de la vieille ville pour abriter des équipements et le personnel chargé du traitement des chèques postaux, (le Klara Zenit) suivait alors les directives les plus pointues en matière d’organisation du travail, arrivée des États-Unis via l’Allemagne.»29. Le peu de fenêtres donnant sur l’extérieur ne permettait pas aux employés de penser à autre chose qu’à leur tâche. « La guerre froide et la crainte du conflit atomique avaient de plus conduit à doter l’immeuble d’équipements hors normes comme la plus grande installation de rafraîchissement de Suède pour refroidir les ordinateurs, des planchers techniques de un mètre de hauteur ou une structure surdimensionnée. Rapidement obsolètes, les systèmes informatiques encombrants ont été évacués, transformant le bâtiment en une grande boîte vide»30. Après de fortes manifestations connues sous le nom de « Almstriden », la ville a changé de politique de développement urbain (Figure 8). Aujourd’hui qualifié de « capitale verte », « Stockholm […] est touNAMIAS Olivier, « Opération Klara Zenit, Stockholm. Histoire d’un village sur le toit. » Ecologik numéro 9, juin-juillet 2009 pages 94-103 27

Association du développement foncier aérien, “Une réalisation exemplaire de foncier aérien à Stockholm » ADFA [En ligne], mis en ligne le 20 janvier 2015 URL : http://www.foncieraerien. fr/actualite/une-realisation-exemplaire-de-foncier-aerien-a-stockholm/ Consulté le 1 mai 2017 28

NAMIAS Olivier, « Opération Klara Zenit, Stockholm. Histoire d’un village sur le toit. » Ecologik numéro 9, juin-juillet 2009 pages 94-103 29

30

Ibidem

F


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Figure 7: Quartier de Klara avant le remplacement d’habitation par des bureaux.

Figure 8: Almstriden, manifestation 1971


jours en pointe dans les solutions innovantes en matière d’urbanisme, pour améliorer la qualité de vie en centre urbain, et développer des solutions ambitieuses pour diminuer l’impact carbone. Les émissions de gaz à effet de serre par habitant ont diminué de 25 % depuis 1990, l’objectif est d’arriver à moins de 40 % d’ici 2020 »31. Pour cela, Stockholm impose pour chaque nouveau projet ou réhabilitation un pourcentage de logement, ce qui donne naissance à des quartiers mixtes et dynamiques. Il est d’ailleurs désormais courant de voir des logements prendre place sur les toits des immeubles de bureaux.

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L’administration des postes vend le bâtiment à un investisseur privé en 1990. Cependant, la reconversion du Klara Zenit n’est pas évidente du point de vue technique et administratif. « La définition et la mise en œuvre d’un programme mixte (…) nécessitent la coopération entre les investisseurs, l’architecte et la ville, d’autant que la loi suédoise impose qu’un bâtiment abritant une institution ne puisse être loué qu’à une autre institution ou administration»32. Cependant, aucun organisme étatique ne veut louer les locaux. La ville assouplit alors la loi qui empêchait toutes autres entreprises de prendre place dans le futur Klara Zenit, mais en échange elle impose un programme mixte et le dessin de la façade. Cela impose aux investisseurs et à l’agence d’architecture de créer des logements, bureaux et commerces. Nous verrons plus tard comment l’agence d’architecture Equator Stockholm à traiter ce programme mixte dans cet édifice composé de grands plateaux ouverts en 2003 (Figure 9). La future « offre résidentielle inédite dans le centre-ville de Stockholm (…) a été maintenue socialement mixte par la municipalité qui a imposé l’attribution de 20% de l’opération au parc HLM, le reste aux employés des bureaux et commerces du site et à des groupes d’habitants intéressés par le projet»33. Ce projet nous montre que des négociations entre la ville et les acteurs du projet peuvent être mises en place pour atteindre un but commun. Au Royaume-Uni, la question de la reconversion pour la Battersea Power Station est tout aussi complexe, voir plus. Nous allons voir que le symbole que représente ce monument a ajouté un certain nombre d’acteurs dans le jeu de la reconversion.

Figure 9: Quartier de Klara aujourd’hui. Association du développement foncier aérien, “Une réalisation exemplaire de foncier aérien à Stockholm » ADFA [En ligne], mis en ligne le 20 janvier 2015 URL : http://www.foncieraerien. fr/actualite/une-realisation-exemplaire-de-foncier-aerien-a-stockholm/ Consulté le 1 mai 2017 31

NAMIAS Olivier, « Opération Klara Zenit, Stockholm. Histoire d’un village sur le toit. » Ecologik numéro 9, juin-juillet 2009 pages 94-103 32

LEONARDI Cécile, GOLAY Florian, « Vers une ville-ressource… Penser l’avenir de l’urbain sous l’angle d’une économie d’usage. » Master Architecture Ville Ressource. Accomoder les restes urbains - Urbanisation verticale d’un mastodonte urbain. Cours de Master 1 année 20162017. Ecole Nationale supérieur d’Architecture de Grenoble. 33


1.3 BATTERSEA POWER STATION: QUAND LES HABITANTS S’EMPARENT D’UN SYMBOLE.

PETITE Mathieu, «L’usine électrique de Battersea : le pouvoir d’un objet symbolique.», EspacesTemps.net, Objets, [En ligne], mis en ligne 18.04.2011, URL : http://www.espacestemps. net/articles/usine-electrique-de-battersea/. Consulté le 17 mars 2017 34

35

Ibidem

17 MONTAGE DE PROJET ET JEUX D’ACTEUR

L’ancienne centrale électrique de Londres baptisé Battersea Power Staion, a été le lieu de nombreuses activités culturelles après sa fermeture. Elle a été le décor de défilé de mode, de concert et a même été le lieu de tournage du film Help ! des Beatles en 1965. En 1977, les Pink Floyd immortalise la Battersea Power Station sur leur album Animals où flotte entre ses cheminées blanches leur emblème, un ballon rose en forme de cochon (Figure 10). Tout en se dégradant, elle a été le sujet de diverse transformation accueillant tantôt un skatepark, un cirque et même une piste de ski (Figure 11). « La centrale est souvent définie comme un symbole de la ville de Londres. La matérialité de l’objet est contraignante parce qu’elle est pensée comme fixe et immuable ; elle n’est pas seulement conditionnée par les règlements et les lois qui le figent en tant que patrimoine, mais aussi par toutes les représentations iconographiques qui contribuent à nous faire percevoir l’usine d’après une silhouette immuable»34. La population tient à cet édifice et à ce qu’il représente (Figure 12), dès sa fermeture une forte mobilisation sociale se met en place autour de la protection du bâtiment. Grâce à l’intervention d’association pour la sauvegarde du patrimoine : « Save Britain’s Heritage (SAVE) et Thirties Society », l’usine est classée en 1980. « La première a été fondée en 1975 pour protéger des bâtiments historiques menacés et a proposé nombre de réutilisations de ceux-ci. La seconde a été fondée en 1979 afin de contribuer à la protection d’objets construits durant le 20e siècle qu’elle estimait insuffisamment protégés. L’association a été rebaptisée « Twentieth Century Society ». L’usine est également classée dans le registre des bâtiments à risque d’English Heritage, et considérée en très mauvaise condition, en priorité D (« Slow decay; solution agreed but not yet implemented ») (English Heritage, 2010, p. 106). English Heritage est un organisme public financé par le Département de la culture, des médias et du sport du gouvernement britannique. Il vise à conserver l’environnement bâti par des mesures de classement et de restauration. English Heritage doit donner son aval pour tous les projets qui concernent Battersea Power Station»35. En plus des associations de protection, les habitants aussi veulent protéger cet emblème. « En novembre 1983 est fondé le « Battersea Power Station Community Group » qui vise à permettre aux populations des environs de maîtriser la réaffectation de l’usine et qui va agir, pendant vingt ans, comme un « contre-pouvoir» face aux projets des propriétaires successifs. La Première ministre de l’époque, Margaret Thatcher, consciente des enjeux importants qui s’y jouent déjà, annonce à Battersea le lancement de la construction d’un parc d’attractions en 1988. En janvier 1989, les travaux, budgétés à 1.5 million de livres, démarrent. Mais ils sont arrêtés quelques mois plus tard, devant l’esca-


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Figure 10: Pochette de l’album des Pink Floyd-Animals 1977


Figure 11: Red Bull X-Fighters World Series tour 2009.

Figure 12: Holi Festival of Colours at Battersea Power Station 2013

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lade des coûts. L’ensemble de la machinerie de l’ancienne centrale a été retiré et le toit a été détruit. Le projet de parc de loisirs ne se réalisera pas et laissera Battersea Power Station vulnérable aux intempéries»36 (Figure 13). Chaque proposition d’intervention sur l’usine déclenche des protestations venant de chaque partie, les associations de protection, les porte-paroles des habitants, et les institutions responsables de l’aménagement de Londres. Entre 2006 et 2012, elle est rachetée par différents groupes qui n’arrivent pas à mener leur projet à bien. Le premier qui consiste à créer un parc d’habitation autour de la centrale est lancé par un groupe immobilier irlandais. La crise financière stoppe le projet. Le second propriétaire, Roman Abramovitch, propose de transformer la centrale en stade de football pour le club de Chelsea (Figure 14). Mais le projet ne sera pas retenu. Enfin en 2012, « le groupe Malaisien SP SETIA rachète le site pour la somme de 512 millions d’euros»37.

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Avant de lancer le projet, il a fallu se mettre d’accord entre les propriétaires du site « et ceux qui revendiquent leur mot à dire dans le futur du site, et qui disent représenter la « population locale », auquel s’ajoutent les associations de défense du patrimoine»38. La première proposition de l’architecte Rafael Viñoly, en charge du projet, fait l’objet de nombreuses controverses. Il est contraint d’abandonner l’idée d’une « écochimney », qui aurait permis une empreinte zéro-carbone, à cause des pressions politiques et populaires exercées. Cela montre à quel point le projet de la Battersea Power station est complexe dans son jeu d’acteur, en cause son fort symbole dans la culture locale. Le début des travaux a lui aussi été perturbé par un autre acteur qui est venu se placer dans le jeu : les écologistes.««Nous avons eu un problème lorsque nous avons voulu lancer le chantier, explique le guide qui nous fait visiter les lieux. Un couple de faucons pèlerins avait élu domicile dans une des cheminées de la centrale et avait à plusieurs reprises pondu des œufs d’où sont nés des petits. Or c’est le seul couple de faucons pèlerins à Londres à s’être reproduit.»Le chantier gigantesque, supposé durer au moins six ou sept ans, risquait de perturber les volatiles, espèce protégée, et donc l’agenda des travaux, en déchaînant la colère des écologistes. Même Elton John a dû plier devant les impératifs de survie des faucons. Alors qu’il avait prévu en juin une immense fête sous une tente montée au pied de la Battersea Power Station, les spécialistes ont prévenu que le niveau sonore risquait de gêner les féconds faucons. Qu’à cela ne tienne, la fête a été déplacée au dernier moment à l’intérieur de la centrale, pour un modeste surcoût de 385 000 euros, et le son a été sensiblement baissé»39. Ce nouvel acteur, représenté par les écologistes, a PETITE Mathieu, «L’usine électrique de Battersea : le pouvoir d’un objet symbolique.», EspacesTemps.net, Objets, [En ligne], mis en ligne 18.04.2011, URL : http://www.espacestemps. net/articles/usine-electrique-de-battersea/. Consulté le 17 mars 2017 36

DELESALLE-STOLPER Sonia, “Battersea la centrale qui branche Londres”, Libération [En ligne], mis en ligne le 30 septembre 2014, URL : http://www.liberation.fr/planete/2014/09/30/ battersea-la-centrale-qui-branche-londres_1111808. Consulté le 10 mars 2017. 37

PETITE Mathieu, «L’usine électrique de Battersea : le pouvoir d’un objet symbolique.», EspacesTemps.net, Objets, [En ligne], mis en ligne 18.04.2011, URL : http://www.espacestemps. net/articles/usine-electrique-de-battersea/. Consulté le 17 mars 2017 38

DELESALLE-STOLPER Sonia, “Battersea la centrale qui branche Londres”, Libération [En ligne], mis en ligne le 30 septembre 2014,. URL : http://www.liberation.fr/planete/2014/09/30/ 39


le rôle de préserver la biodiversité qui a pris place dans ces espaces inoccupés. Nous verrons que cela a modifié un des aspects du projet, car il a fallu mettre en place un endroit pour les faucons pèlerins. Ces différents acteurs montrent l’enjeu de la reconversion du Battersea Power Station ou chacun expose son opinion.

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Figure 14: Projet de stade pour le Chelsea Football Club Limited. battersea-la-centrale-qui-branche-londres_1111808, Consulté le 10 mars 2017

MONTAGE DE PROJET ET JEUX D’ACTEUR

Figure 13: La station A de Battersea en 1981,avant la démolition du plafond mais après celle des turbines


1.4 UN JEU D’ACTEUR PROPRE À CHAQUE PROJET.

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Ces trois projets nous ont permis de voir le jeu d’acteur qui se met en place lors d’une opération de reconversion. Il varie en fonction du propriétaire, de la politique de développement urbain en cours, mais aussi de l’attachement de la population envers ces dispositifs. Il peut alors comprendre les institutions de la ville, les investisseurs, les écologistes, mais aussi des associations porteparoles de la population locale et les architectes. Nous avons aussi pu observer que certaines lois étaient un barrage pour la réalisation de certains projets, mais que la ville pouvait les assouplir pour atteindre un but commun. De plus, la force du symbole que représente le dispositif industriel peut devenir un frein au projet et en même temps une force demandant aux architectes une inventivité quant à sa reconversion. Enfin, la reconversion d'une usine-machine a un cout. Il faut réhabiliter le bâtiment pour pouvoir y intégrer le nouveau programme. Le coût varie en fonction de l'état de la structure. Reconvertir, ou détruire pour reconstruire dépend de l'état dans lequel se trouve le bâtiment en plus de la marque de protection de monuments historiques. On peut aussi voir apparaître des projets où des habitants transforment des bâtiments pour y vivre. C’est ce que peut illustrer le projet de la Sargfabrik à Vienne, une ancienne fabrique de cercueils transformée en quartier avec des habitations, et différents équipements. En 1986, le VIL se constitue, c’est une association pour un mode de vie intégratif. « Un ensemble de personnes souvent politiquement et/ou socialement engagées insatisfaites de l’offre en logement et ayant une idée très claire de ce qu’ils désiraient : vivre dans la ville, mais bénéficier des caractéristiques sociales d’un village»40. Le groupe de 30-40 personnes chercha un lieu pour créer leurs villages en pleine ville jusqu’à trouver cette ancienne fabrique de cercueils (Figure 15). Le premier projet proposé par BKK-3 membre de la VIL ne fut pas retenu et l’intégralité de ce bâtiment fut détruite pour être reconstruite en suivant son ancienne implantation. La Sargafabrik est utilisée ici comme exemple d’une mise en place d’un jeu d’acteurs et non pas comme un exemple de reconversion (Figure 16). En effet, le bâtiment d'origine a été entièrement détruit pour être reconstruit en suivant l'implantation d'origine. Nous pouvons alors nous demander quelles formes nouvelles peuvent prendre ces anciens dispositifs industriels. C’est ce que nous allons voir dans la prochaine partie, comment ces architectures passent d’un édifice monofonctionnel à un espace de vie en s'appuyant sur le bâti existant.

Ulbba1atelier09, Sargfabrik analyse, consulté le 19 mars 2017. URL https://ulbba1atelier09. files.wordpress.com/2011/05/sargfabrik-analyse.pdf 40


Figure 15: Habitant et membre du projet de la Sargfabrik Vienne 1996

Figure 16: Sargfabrik-Vienne

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2. DE L’ARCHITECTURE MONOFONCTIONNELLE A L’ESPACE DE VIE

Une fois le projet de reconversion lancé, il faut adapter l’ancien édifice monofonctionnel à un quartier avec une mixité programmatique. Les modifications et les nouvelles formes apportées aux bâtiments sont induites par le programme qui s’y insère. Nous allons voir comment les architectes ont transformé ces friches industrielles en nouveau quartier.


2.1 GAZOMÈTRES: TRANSFORMER LES CONTRAINTES EN ATOUTS.

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Les architectes Jean Nouvel, Coop Himmelb(l)au, Wehdorn et Holzbauer remportent le concours lancé par la ville de Vienne en 1995 pour trouver un nouveau programme aux Gazomètres. «On a d’abord pensé à utiliser les gazomètres comme espace muséal, mais des raisons financières ont empêché de faire aboutir le projet», explique sans ambages Manfred Wehdorn, un des quatre architectes impliqués dans l’entreprise. Car qui dit musée dit subvention de l’État. Or, des 2,5 milliards de schillings (180 millions d’euros) que le projet a coûté, seul un dixième provient des deniers publics, le reste ayant été apporté par des promoteurs privés. D’où le côté parc commercial du résultat»41. D’autres programmes ont été envisagés «allant du musée aux archives en passant par la salle de concert, l’idée la plus absurde à première vue s’imposa: remplir les tours de logements»42. En effet, le pari d’intégrer des logements dans d’anciens réservoirs à gaz, en périphérie de la ville et cerné par des entrepôts, un abattoir et une usine d’incinération des ordures, était assez risqué. C’est pourquoi d’autres programmes se sont ajoutés aux logements: des bureaux, des commerces, un foyer étudiant, un cinéma, des restaurants, une salle de concert: un nouveau quartier dans quatre gazomètres. «Le projet rassemble en effet 625 logements, 11 000m2 de bureaux ainsi que 22 000m2 de surfaces commerciales et de loisirs. Une salle de 4 000 places destinées à des concerts de rock occupe le socle de l’un des gazomètres, et un complexe de salles de cinéma, situé sur une parcelle voisine, bénéficie de sa propre mall (rue piétonne) reliée au mall principal par un pont»43. La grande contrainte qui domine le projet est la forme d’origine des gazomètres. Ces cuves en forme de cylindre de 65 mètres de diamètre et 75 mètres de hauteur sont complexes à habiter. Leurs dimensions et les petites ouvertures empêchent la lumière de se répandre à l’intérieur ce qui en fait un objectif majeur de la reconversion. Jean Nouvel s’occupe du gazomètre A, situé à côté de la station de métro. «La jeune architecte Suzanne Priesner, familière de Vienne, l’aidera à démêler l’écheveau compliqué de la réglementation locale pour adapter un programme sans cesse affiné entre le concours et l’appel d’offre Européen en cours»44. La solution pour faire entrer la lumière dans le cylindre apporté par Jean Nouvel est de retirer la coupole historique en laissant uniquement la structure. Les trois autres coupoles des gazomètres B, C et D suivront la même transformation. Dans le gazomètre A, pour accentuer la lumière apportée par l’ouverture de la coupole, Jean Nouvel a fait le choix d’utiliser un revêtement d’inox polymiroir DAUM Pierre, “Vienne emménage dans ses usines à gaz.” Libération [En ligne], mis en ligne le 21 juin 2001 URL : http://next.liberation.fr/culture/2001/06/21/vienne-emmenage-dans-sesusines-a-gaz_368670 Consulté le 18 mars 2017 41

KUHN Christian, « Hétérotope domestiqué, logement, Vienne, Autriche. » Architecture d’aujourd’hui numéro 337, Decembre 2001 pages 106-110 42

43

Ibidem

F.A, “ Les gazometres de Vienne: de l’impérial au social, un destin hors du commun” L’empreinte numéro 42, Septembre 1998, pages 7 44


sur les surfaces latérales des tours (Figure 17). «Tel de la nacre de coquillage (ce matériau) démultiplie l’intensité lumineuse et piège les vues»45. La lutte avec le département des Monuments historiques avait donc avancé d’un pas, mais ce n’était pas fini. Il fallait encore faire accepter le percement de nouvelles fenêtres dans l’enceinte historique en brique rouge (Figure 18).

Figure 19: Plan des neuf tours double le long du mur d’enceinte. F.A, “ Les gazometres de Vienne: de l’impérial au social, un destin hors du commun” L’empreinte numéro 42, Septembre 1998, pages 7 45

KUHN Christian, « Hétérotope domestiqué, logement, Vienne, Autriche. » Architecture d’aujourd’hui numéro 337, Decembre 2001 pages 106-110 46

47

Ibidem

DAUM Pierre, “Vienne emménage dans ses usines à gaz.” Libération [En ligne], mis en ligne le 21 juin 2001 URL : http://next.liberation.fr/culture/2001/06/21/vienne-emmenage-dans-sesusines-a-gaz_368670 Consulté le 18 mars 2017 48

27 DE L’ARCHITECTURE MONOFONCTIONNEL A L’ESPACE DE VIE

En effet, Jean Nouvel a développé un principe «d’organisation intérieure à partir d’une analyse fine de l’ordre géométrique existant. Pour répondre à la rythmique des façades, il a réparti les logements dans des tours élancées, entre lesquelles sont dégagées des vues sur le mur d’enceinte»46. À l’origine du projet, Jean Nouvel avait prévu de répartir les logements dans dixhuit tours indépendantes répondant à l’emplacement des fenêtres d’origines. « Finalement, pour des raisons pragmatiques, ce ne sont pas dix-huit tours indépendantes, mais neuf tours doubles qui ont été construites, ceci ôtant un peu de radicalité au projet. Le Gazomètre de Nouvel est toutefois le seul qui laisse transparaître non seulement la dimension intrinsèque de l’espace intérieur, mais aussi son affectation d’origine : ses tours d’habitation évoquent les pistons d’une machine extrêmement élégante, qui pourrait se remettre en marche à tout moment»47. Les logements étant accrochés sur ces murs concentriques, il a fallu oublier les angles droits (Figure 19). «Seule l’excroissance de verre construite sur le gazomètre du Coop Himmelb(l)au offre des appartements d’un type « normal». Pour les autres, heureusement, les inspecteurs des Monuments historiques ont accepté que des fenêtres soient creusées dans la brique, ce qui permet des ouvertures vers l’extérieur. Et des vues sur Vienne à couper le souffle»48. Les logements sont conçus en duplex, les plus grands font 140m2 et possède une terrasse au dernier étage. Chaque habitant possède une place de parking avec un ascenseur qui les emmène jusqu’à chez eux.


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Figure 17: Gazomètre de Vienne- Revêtement inox polymiroir

Figure 18: Gazomètre de Vienne- Percement de nouvelle fenêtre dans le mur d’enceinte


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Figure 20: Gazomètre de Vienne- Patio


Les neuf tours indépendantes sont tournées vers un grand vide central. « Quitte à offrir cette impression, pas forcément agréable pour les habitants, de se retrouver enfermés avec leurs voisins à l’intérieur d’une tour, la plupart des fenêtres donnant sur ce grand vide central ( Figure 20 ), avec vue plongeante sur les appartements d’en dessous. «C’est vrai qu’au début, ça m’a fait un peu bizarre, avoue Neringa, jeune Lituanienne installée de fraîche date en Autriche. Mais je me suis habituée très vite. Et surtout, même si ça n’en a pas l’air, mon appartement est très lumineux »»49. Cet espace est un « jardin suspendu que l’architecte a aménagé sur le troisième niveau, autour de la coupole surbaissée»50 (Figure 21). Sous cette coupole, on trouve une Grande Allée commerciale qui relie les quatre gazomètres. Le jardin suspendu crée la séparation entre l’activité commerciale et les zones de logements. Il permet d’apporter de la lumière au rez-de-chaussée. Cependant, il diffuse aussi le bruit dégagé par cette zone de loisir.

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Nous avons pu voir que dans le cas des gazomètres de Vienne, la structure existant avait été un élément complexe pour la reconversion et qu’elle avait demandé une certaine innovation de la part des architectes. Nous allons voir que dans le cas du Klara Zenit de Stockholm, la structure existante a défini un grand nombre de nouvelles possibilités.

Figure 21: Gazomètre de Vienne- Coupe persepective Gazometre A.

La libre, “ La vie dans un gazomètre.” La libre [En ligne], mis en ligne le 03 août 2002, URL : http://www.lalibre.be/archive/la-vie-dans-un-gazometre-51b879a7e4b0de6db9a76715, Consulté le 10 mars 2017. 49

KUHN Christian, « Hétérotope domestiqué, logement, Vienne, Autriche. » Architecture d’aujourd’hui numéro 337, Decembre 2001 pages 106-110 50


2.2 KLARA ZENIT: QUAND LA STRUCTURE PROPOSE DES POSSIBILITÉS INSOUPÇONNÉES. Comme nous avons pu le voir précédemment, c’est l’agence d’architecture Equator qui est chargée de la reconversion du Klara Zenit. Nous allons voir que ce bâtiment, à la structure surdimensionnée avec ces planchers de 1 m de hauteur, offre de nombreuses possibilités. À la place de l’ancienne Poste nationale, le bâtiment abrite désormais « des bureaux, des magasins, des zones de stockage, des garages et des appartements: au total, la surface est de 65 000 m2 »51, comme l’a demandé la ville de Stockholm. Le bâtiment a pour vocation à redynamiser ce quartier de la ville. En effet, comme nous avons pu le voir dans la partie précédente, le quartier de Klara est depuis une dizaine d’années vidé de ces habitants et rempli de bureaux. L’agence Equator a utilisé les qualités structurelles du bâtiment pour le transformer.

Figure 22: La coupe longitudiale révèle les trois périodes du Klara Zenit: à gauche, un bâtiment à cour datant de1964, l’extansion monolithique par plateau en 1972 et la surélévation/restructuration de 2005 avec la construction des maisons sur le toit et la création de puit de lumière.

« C’est sur la toiture, plus vaste qu’un terrain de football, que réside tout l’intérêt de l’opération Klara Zenit. Plutôt que de construire des logements sous un large toit en pente, ainsi que le suggère la municipalité, les architectes de l’agence Equator proposent l’implantation, en surplomb, d’un véritable village composé de cinq rues de maisons en bande (Figure 23). « La volonté de la ville était que l’on ressente jusque sur le toit une continuité avec Sévrine, « Klara Zenit: Village sur un toit de Stockholm», Stockholm guide pratique de la capitale suédoise. [En ligne], mis en ligne 14 juillet 2011, URL : http://www.guide-stockholm. fr/2011/07/klara-zenit-village-sur-un-toit-de-stockholm.html . Consulté le 19 mars 2017 51

52

Ibidem

DE L’ARCHITECTURE MONOFONCTIONNEL A L’ESPACE DE VIE

En effet, les grands plateaux qui composent le bâtiment ne laissaient pas entrer la lumière. Les architectes ont alors décidé de mettre en place des puits de lumière. Ces puits de lumière ont été crée grâce «à la suppression de quelques piliers porteurs non nécessaires (Figure 22). Les bureaux profitent ainsi de la lumière naturelle»52. Ces piliers ont pu être enlevés, car la structure avait été surdimensionnée pour supporter le poids des machines. Ce mastodonte a aussi permis la création d’un village sur le toit composé d’appartements à deux étages sans ajouter de renfort.

31


32

Figure 23: Vue du village sur le toit du Klara Zenit.

Figure 25: Vue sur l’esapce public des allÊes du village sur le toit.


Figure 24: Diagramme d’organisation par niveau du Klara Zenit.


la rue. Nous pensions au contraire que les logements en toiture devaient entrer dans un tout autre système, qui n’avait pas tant à voir avec l’espace de la rue qu’avec le grand paysage » explique Stefan Börjesson, architecte associé»53. Les bandes de logements ont été implantées sur la diagonale du bâtiment, car sa structure composée d’une trame carrée de 7,20 mètres de côté définissait une diagonale de 10 mètres ce qui correspond à une largeur optimale pour un logement (Figure 24). Cette implantation a été associée à une redéfinition des sols du public au privé. Le village sur le toit « s’organise autour de cinq allées , regroupées par une petite venelle autorisant les parcours transversaux. Devant les maisons, des platelages en bois surélevés de quelques centimètres marquent le début du domaine privé : il s’agit d’éviter la prolifération de fermeture et de clôtures – « Parfois, les habitants nous appellent pour nous demander les références de l’essence de bois, sourit Stefan Börjesson. Cela signifie souvent qu’ils souhaitent privatiser une petite partie du sol public... »»54. Cela nous montre que les habitants s’approprient l’architecture. Les cent logements présents sur le Klara Zenit sont composés de studios et vont jusqu’aux quatre pièces.

34

Les façades des logements « sont sobres, beiges et grises avec des balcons en plaques métalliques perforées (Figure 25). Les intérieurs ont été soignés et les vues depuis certains appartements sont spectaculaires. Une trace du passé subsiste grâce aux plaques de métal de l’ancienne façade qui ont été conservées et placées comme décorations dans les parties communes»55. Les façades mettent en valeur les espaces verts présents sur le toit du Klara Zenit. Le dessin de la façade a été imposé par la ville de Stockholm en contrepartie du changement de loi concernant l’affectation d’un nouveau programme. En ce qui concerne les niveaux de bureaux et de commerces, le matériau dominant est le verre. De larges ouvertures donnent ainsi sur la rue d’où l’on peut voir le nom des enseignes commerciales. Certains coins de la façade ont été végétalisés ce qui ramène un peu de végétal dans le centre-ville où les espaces verts sont peu présents. En plus de ces qualités architecturales, le Klara Zenit fait preuve de qualité environnementale. En effet, « Le surplus de chaleur des bureaux et des magasins situés aux étages inférieurs permet le chauffage des habitations. Les bardages sont bio, et ne nécessitent aucun entretien. De plus, les techniques de construction des logements en préfabriqués ont permis une installation rapide, et n’ont pas nécessité beaucoup de transport et de fret»56. Le Klara Zenit fait la démonstration qu’en évitant la table rase, les NAMIAS Olivier, « Opération Klara Zenit, Stockholm. Histoire d’un village sur le toit. » Ecologik numéro 9, juin-juillet 2009 pages 94-103 53

54

Ibidem

Sévrine, « Klara Zenit: Village sur un toit de Stockholm», Stockholm guide pratique de la capitale suédoise. [En ligne], mis en ligne 14 juillet 2011, URL : http://www.guide-stockholm. fr/2011/07/klara-zenit-village-sur-un-toit-de-stockholm.html . Consulté le 19 mars 2017 55

Association du développement foncier aérien, “Une réalisation exemplaire de foncier aérien à Stockholm » ADFA [En ligne], mis en ligne le 20 janvier 2015 URL : http://www.foncieraerien. fr/actualite/une-realisation-exemplaire-de-foncier-aerien-a-stockholm/ Consulté le 1 mai 2017 56


architectes ont su utiliser le point fort du bâtiment qui était sa structure tout en améliorant les espaces à l’intérieur. Les anciens plateaux sombres sont devenus une zone de bureaux et de commerces agréables, éclairés par des patios et ouverts sur l’extérieur. Les logements implantés sur le toit ont servi d’exemple à de nombreux projets en démontrant que la surface de toiture pouvait être utilisée et ainsi limiter l’étalement urbain. Nous allons maintenant voir comment la Battersea Power Station de Londres est devenue plus qu’une reconversion de bâtiment et représente le contraire de la reconversion du Klara Zenit.

2.3 BATTESEA POWER STATION: QUAND LA RECONVERSION ENGENDRE LA CONQUÊTE D’UNE PARTIE DE LA VILLE. 35

PERINEL Quentin, “ A Londres, le plus grand projet d’aménagement urbain au monde.” Le figaro, [En ligne], mis en ligne 30.10.14, URL : http://immobilier.lefigaro.fr/article/alondres-le-plus-grand-projet-d-amenagement-urbain-au-monde_272fd076-6026-11e4-a1b799bc9a5282eb/ Consulté le 09 avril 2017 57

58

Ibidem

DELESALLE-STOLPER Sonia, “Battersea la centrale qui branche Londres”, Libération [En ligne], mis en ligne le 30 septembre 2014,. URL : http://www.liberation.fr/planete/2014/09/30/ battersea-la-centrale-qui-branche-londres_1111808, Consulté le 10 mars 2017 59

DE L’ARCHITECTURE MONOFONCTIONNEL A L’ESPACE DE VIE

La Battersea Power Station de Londres a changé à plusieurs reprises de programme de reconversion. Comme nous avons pu le voir, chaque nouveau propriétaire imaginait un nouveau programme et se voyait obligé de revendre devant les frais demandés par les travaux. C’est donc le groupe Malaisien SP SETIA qui rachète en dernier la super centrale et confie la réalisation du projet à l’architecte Rafael Viñoly en 2013. ««Il s’agit de construire une ville dans la ville», souligne à l’AFP David Twohig, directeur de la conception à la BPS Development Company »57. Le projet comprend trois niveaux de commerces représentant 325 000 mètres carrés, avec un hôtel de 227 chambres et un cinéma, six étages de bureaux, soit 150 000 mètres carrés et 250 appartements de grands standings. « Un projet ultra ambitieux, qui a vocation à devenir le nouveau «joyau de la couronne», selon les propres termes du Premier ministre David Cameron »58. Ce quartier ne sera donc pas une cité dortoir, mais un complexe avec une mixité programmatique. Mais ce projet ne s’arrête pas là. En effet, le projet de reconversion comprend non seulement «le plus grand bâtiment en briques d’Europe, 27 200 mètres carrés d’emprise»59 au sol, mais aussi son terrain de 17 hectares (Figure 26). Sur la totalité du projet, 4 000 logements seront crées dont 1 350 réalisés par Norman Foster et Franck Gehry (Figure 27). ««Tout le projet s’articule autour du bâtiment de la centrale, qui sera le point d’ancrage de tout ce nouveau quartier», explique Rob Tincknell, directeur général de la Battersea Power Station Development Company, la société chargée de superviser tout le programme qui devrait être achevé en


36

Figure 26: Projet de reconvertion de la Battersea Power Station et conquète des 17hectares.

Figure 27: Maquette Gehry Partners et Foster+ Partners du projet de logements autour de la Battersea Power Station


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Figure 28: Reconstruction des cheminĂŠes.

Figure 29: Chantier de la Battersea Power Station 2016


2020»60. L’importance de cet emblème pour les habitants de Londres a demandé une attention particulière sur sa transformation. Nous retrouvons d’ailleurs nos fameux féconds faucons pèlerins qui ont déménagé dans une tour en acier de 50 mètres de hauteur construite spécialement pour eux à l’aide d’expert, d'où sont nés Giles, Gilbert et Scott61.

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La Battersea Power Station a été immortalisée à plusieurs reprises ce qui lui donne un caractère immuable. C’est pourquoi, « «L’architecture du bâtiment va être préservée, les éléments art déco restaurés, les immenses baies vitrées refaites à l’ancienne, les cheminées démontées et reconstruites à l’identique, et les mosaïques nettoyées. Même certains graffitis, apparus au cours des années, seront conservés. Les deux salles de contrôle seront, elles aussi, maintenues en l’état et ouvertes, d’une manière ou d’une autre, au public. Le seul élément neuf sera une fine ligne de verre qui courra autour du bâtiment, formant les baies vitrées de nouveaux appartements. «Nous avons voulu conserver le côté unique de ce bâtiment, mais aussi mettre en avant la Tamise, qui coule juste devant», raconte Rob Tincknell»62. À première vue, le contrat semble avoir été respecté et la Battersea Power Station devrait garder son aspect visuel. Mais le simple fait de détruire les cheminées, atteintes par la corrosion et non réparables, pour les reconstruire à l’identique ne convint pas les habitants (Figure 28). «C’est alors que la Battersea Power Station Company, le World Monuments Fund et la Twentieth Century Society mènent une campagne contre cette démolition qu’ils jugent infondée.[...] La proposition de Parkview de remplacer simplement les cheminées originelles par des répliques n’est pas tolérée, comme l’exprime Brian Barnes, l’un des directeurs de la Battersea Power Station Company, invoquant ce lien indéfectible entre formes matérielles (immuable) et ce statut de symbole : « Battersea Power Station is nothing without those chimneys, that’s what makes it a landmark, there will be nothing to it after that. We don’t believe making replicas is the same as repairing the structures » (BBC news, 13 Juillet 2005). Pour English Heritage, qui soutient Parkview dans sa démarche, la question de l’authenticité est secondaire. « We are confident that the new chimneys will match the existing stacks in form and materials and that the power station’s iconic appearance [...] will be unaffected ». (The Independent, 20 septembre 2005). L’altération de l’objet risquerait d’être définitive, selon les détracteurs : « There is no reason for the chimneys to be destroyed – their condition has been exaggerated and we don’t believe they will be rebuilt » (The Independent, 20 septembre 2005). Encore une fois, la modification de l’objet porte une atteinte intolérable au paysage, en témoigne le titre du communiqué de presse produit par la Twentieth Century Society en février 2006 : « London skyline to be shorn »»63. 60

Ibidem

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Nom de l'architecte de la Battersea Power Station.

DELESALLE-STOLPER Sonia, “Battersea la centrale qui branche Londres”, Libération [En ligne], mis en ligne le 30 septembre 2014,. URL : http://www.liberation.fr/planete/2014/09/30/ battersea-la-centrale-qui-branche-londres_1111808, Consulté le 10 mars 2017 62

PETITE Mathieu, “ L’usine électrique de Battersea : le pouvoir d’un objet symbolique.”, EspacesTemps.net, Objets, [En ligne], mis en ligne 18.04.2011, URL : http://www.espacestemps.net/ articles/usine-electrique-de-battersea/. Consulté le 17 mars 2017 63


Cependant, la reconstruction des cheminées aura bien lieu, mais elle n’est pas la seule préoccupation des opposants au projet.

Coupe de la Battersea power Station. Rafael Vinoly DELESALLE-STOLPER Sonia, “Battersea la centrale qui branche Londres”, Libération [En ligne], mis en ligne le 30 septembre 2014,. URL : http://www.liberation.fr/planete/2014/09/30/ battersea-la-centrale-qui-branche-londres_1111808, Consulté le 10 mars 2017 64

Kollewe Julia, «Battersea is part of a huge building project - but not for londoners» The guardian [En ligne], mis en ligne le 14 février 2015, URL: https://www.theguardian.com/business/2015/feb/14/battersea-nine-elms-property-development-housing. Consulté le 4 mai 2017 65

39 DE L’ARCHITECTURE MONOFONCTIONNEL A L’ESPACE DE VIE

En effet, ce n’est pas uniquement les quelques modifications apportées à la centrale électrique qui déclenche la polémique, mais la construction de l’espace qui l’entoure restées vides jusqu’à présent. Le projet a pour but de densifier les 17 hectares et donne lieu à une conquête d’une partie de la ville. La Battersea Power Station serait entourée d’immeuble à la forme organique qui boucherait certaines vues reconnues notamment en direction des maisons du parlement et qui camouflerait la centrale dont seules les cheminées seraient visibles au loin. Le bord de la Tamise va être transformé en espace public, et un quai sera mis en place avec une desserte pour les bateaux-taxis. L’amplitude de ce projet est due au coût important de réhabilitation du bâtiment qui a été contraint de faire face aux intempéries après les premiers travaux qui ont supprimé le toit de la centrale. C’est pourquoi le projet propose des appartements à loyers modérés ainsi que de luxueux appartements en penthouse avec «une verrière courant entre deux des cheminées pour qui aurait 13 millions d’euros à investir»64. Certains Londoniens pensent que le projet n’est pas destiné aux habitants de Londres, mais pour de riches investisseurs. Ils ont la sensation de perdre un de leur emblème. Keith Garner, architecte local et membre du Battersea Power Station Community Group a déclaré : «This famous London landmark will disappear behind this wall of flats. And the housing isn’t very nice – it’s crammed in. The power station will become a big Westfield with a shopping centre inside»65. Nous pouvons voir à quel point ce projet qui n’est pas encore sorti de terre déclenche les passions (Figure 29). Nous verrons plus tard les impacts de ce projet sur ce qui l’entoure. Mais tout d’abord, faisons un point sur les trois architectures que nous venons de voir.


2.4 QUAND LES ARCHITECTES UTILISENT LEUR CRÉATIVITÉ

40

Les trois projets que nous venons d’analyser nous ont permis de voir à quel point les architectes font preuve d’inventivité pour transformer ces témoins de la période industrielle. Les Gazomètres, complexes par leur forme cylindrique, ont demandé un grand travail pour apporter de la lumière. Les architectes ont dû se battre pour enlever la coupole et ainsi laisser rentrer l’air et la lumière dans ces espaces en modifiant le monument. Jean Nouvel a réussi à multiplier l’apport lumineux en jouant avec de l’inox polymiroir sur les façades. Cependant, il est vrai que les appartements se font face, ce qui crée un grand vis-à-vis, mais il semblait difficile d’apporter une autre solution. Seul le Gazomètre B réalisé par Coop Himmelb(l)au, présente une excroissance dans laquelle se trouve des logements étudiants, ce qui permet de s’affranchir des contraintes liées au cylindre. Cependant, une telle opération sur chaque gazomètre n'aurait pas été envisageable, les excroissances auraient brouillé la lecture des façades d'origines. Lorsque l’on compare ce projet avec le Klara Zenit, on peut voir que dans ce cas, la structure et la forme du bâtiment ont été un atout pour les architectes. La structure surdimensionnée a permis de créer des puits de lumière pour éclairer les grands plateaux sombres et a aussi donné la possibilité de créer un village sur le toit. À la différence de ces deux projets, le Battersea Power Station ne se limite pas à la reconversion du bâtiment, mais des 17 hectares qui l’entoure. Ce projet devient donc un projet d’aménagement urbain. Nous avons pu voir qu’en opposition aux deux autres projets, les habitants de Londres portent un oeil attentif aux modifications effectuées sur leur emblème ce qui crée certaines tensions. Les architectes doivent alors redoubler d’inventivité pour mener le projet à bien tout en respectant l’âme de la Battersea Power Station. Nous pouvons voir l’inventivité des architectes dans divers projets de reconversion. Lorsque le sujet du projet est complexe, les architectes savent utiliser les contraintes pour les transformer en atout et créer des bâtiments parfois surprenants. C’est le cas de la soufflerie d’Hispano-Suiza à Bois-Colombes qui a été reconvertie en école primaire par Patrice Novarina et Alain Béreau (Figure 30). Ces souffleries ont été créées pour tester les avions en grandeur réelle. La soufflerie de Bois-Colombes est réalisée par Hispano-Suiza en 1937. En 2000, elle est protégée au titre de monuments historiques. Différentes transformations ont été proposées, et c’est la reconversion en école maternelle qui est retenue. «Le bâtiment est évidé, les façades largement vitrées, mais le filtre conique anti- vortex caractéristique des souffleries est conservé. L’école de la Cigogne est inaugurée en 2005»66. Nous pouvons maintenant nous demander quel impact ces reconversions ont eu sur leur territoire et si elles sont l’exemple de réussite ou d’échec. REAL Emmanuelle, “ Reconversions. L’architecture industrielle réinventée ”, In Situ [En ligne], 26 | 2015, mis en ligne le 06 juillet 2015, URL : http://insitu.revues.org/11745 ; DOI : 10.4000/insitu.11745, Consulté le 02 avril 2017. 66


Figure 30: Photographie de la Soufflerie de Bois-Colombes

41



3. LE PATRIMOINE COMME OPPORTUNITÉS DU RENOUVELLEMENT URBAIN La reconversion de ces usines-machines et leur transformation architecturale a été souvent discutée. Elles ont néanmoins été des opportunités pour le renouvellement urbain. Dans cette partie, nous allons voir que certaines de ces renaissances représentent de grandes réussites tandis que d’autres restent critiqués


3.1 GAZOMÈTRES: UNE RÉUSSITE À NUANCER.

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Nous avons pu voir dans les différentes parties que la reconversion des gazomètres de Vienne est un projet lancé par la ville par l’intermédiaire d’un concours. Ce concours a été remporté par quatre architectes, Jean Nouvel, Coop Himmelb(l)au, Wehdorn et Holzbauer, qui ont chacun développé un des gazomètres. Le programme développé dans ces cylindres est composé de logements, de bureaux et de commerces. Nous avons pu constater que la ville de Vienne était inscrite dans une ancienne politique de logement social ce qui a permis d’avoir des subventions et donc d’atteindre un prix moyen de 1 800€ au mètre carré. Ce qui correspond a un prix inférieur aux autres quartiers. ««Jamais je n’aurais pu me payer un aussi bel appartement, 70 m2 avec terrasse et une vue de rêve, dans un autre arrondissement», explique Ralf»67, scénographe de 35ans (Figure 31). Ce projet propose une nouvelle façon d’habiter dans d’anciennes usines où l’homme n’avait pour place que l’activation de la machine. Et pour cela, ce projet semble être une réussite. «Quand j’ai annoncé à mes amis que je déménageais dans un gazomètre, ils m’ont pris pour un fou. Mais maintenant, ils n’arrêtent pas de m’appeler pour venir me voir!»68, continue Ralf. Mais ce pari n’était pas gagné.

Figure 31: Appartement avec terrasse. La libre, “ La vie dans un gazomètre.” La libre [En ligne], mis en ligne le 03 août 2002, URL : http://www.lalibre.be/archive/la-vie-dans-un-gazometre-51b879a7e4b0de6db9a76715, Consulté le 10 mars 2017. 67

68

Ibidem


La popularité de ce quartier n’est pas son seul atout. En effet, une ligne de métro a été rallongée de trois stations pour atteindre la G-Town. «Ce métro, c’est absolument extraordinaire, s’exclame Claudia, qui partage une chambre d’étudiante avec une amie du Burgenland, la région d’où elle vient. Quand j’ai un cours à la fac à 9 heures, je quitte ma chambre à 8 heures et demie. Et souvent, j’arrive même quelques minutes en avance»72. Ce n’est pas le cas en voiture. Les gazomètres, visibles depuis l’autoroute en direction de l’aéroport, sont mal indiqués et aucune sortie n’est présente à cet endroit. Il faut rentrer dans la ville et revenir sur ces pas pour trouver la G-Town, un peu par hasard. ««Quand on connaît le chemin, et qu’il n’y a pas trop de circulation, ce n’est pas trop terrible, s’empresse de préciser Ralf. Et en plus, on a tous une place de parking en sous-sol, avec un ascenseur qui nous monte directement chez nous»73. Comme nous avons pu le voir, pour rentabiliser les travaux estimés à 180 millions d’euros, un centre commercial a été mis en place dans les trois La libre, “ La vie dans un gazomètre.” La libre [En ligne], mis en ligne le 03 août 2002, URL : http://www.lalibre.be/archive/la-vie-dans-un-gazometre-51b879a7e4b0de6db9a76715, Consulté le 10 mars 2017. 69

70

Ibidem

DAUM Pierre, “Vienne emménage dans ses usines à gaz.” Libération [En ligne], mis en ligne le 21 juin 2001 URL : http://next.liberation.fr/culture/2001/06/21/vienne-emmenage-dans-sesusines-a-gaz_368670 Consulté le 18 mars 2017 71

La libre, “ La vie dans un gazomètre.” La libre [En ligne], mis en ligne le 03 août 2002, URL : http://www.lalibre.be/archive/la-vie-dans-un-gazometre-51b879a7e4b0de6db9a76715, Consulté le 10 mars 2017. 72

73

Ibidem

45 LE PATRIMOINE COMME OPPORTUNITÉS DU RENOUVELLEMENT URBAIN

L’implantation des logements en périphérie de la ville, entourée d’entrepôt et d’abattoir, n’aurait pu fonctionner sans l’ajout de commerce et de bureaux. ««Quand nous avons mis en vente les premiers appartements, j’ai eu quelques sueurs froides, avoue Günter Bishof, responsable du projet à la Mairie de Vienne. Mais avant même que les travaux soient finis, ils étaient déjà tous vendus.» Un an après l’ouverture officielle du nouveau quartier, le pari s’est transformé en immense succès. La «G-Town» est en train de devenir un des lieux les plus branchés de la capitale autrichienne»69. Dans les quatre tours, on retrouve des «jeunes sans être gamins, diplômés d’une école ou d’une université, plutôt tournés vers un métier culturel ou intellectuel. Souvent célibataire, ou en couple, mais rarement avec des enfants. Même si l’on peut en apercevoir certains jouant et rigolant sur les rares terrasses verdoyantes de quelques logements privilégiés, car grands (140 m2 maximum) et situés au dernier étage d’un des réservoirs»70. La nouvelle popularité du quartier a eu des répercussions sur les terrains alentour. Bonheur pour les propriétaires, malheur pour de futurs locataires, ««Depuis que les travaux ont commencé, le prix du terrain aux alentours a été multiplié par dix!», s’exclame fièrement Günter Bischof, qui compare son projet avec celui de Beaubourg dans le Marais. Grâce à des prix particulièrement alléchants, les espaces à louer ou à acheter ont déjà presque tous trouvé preneur.»71


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premiers étages. Cet espace fait le sujet de nombreuses critiques. «Dans la Grande Allée commerciale du rez-de-chaussée, qui traverse de bout en bout les quatre réservoirs, il n’y a pas une seule boutique ni un seul restaurant qui n’appartienne pas à une chaîne nationale ou internationale, se lamente Gunda, graphiste dans une agence de publicité. C’est vraiment la victoire de la société de consommation à l’américaine!»74 Les critiques se dirigent rarement vers l’architecture des gazomètres, mais plutôt contre les enseignes qui ont élu domicile à l’intérieur et la spéculation immobilière dont font preuve les gazomètres. «Utiliser ces monuments historiques uniques en Europe en objet de spéculation immobilière, c’est de la profanation!», s’insurge Walter Zschokke, un critique d’architecture très reconnu en Autriche. Nous pouvons nous demander si ce quartier ne serait pas victime d’une gentrification. Mais la présence de foyers étudiants et la politique de logement social présente à Vienne permettent de maintenir une mixité sociale dans ce quartier. « Il est une critique, que les habitants de la G-Town réfutent catégoriquement: celle de l’anonymat. «Même si on peut avoir l’impression de vivre dans une cité extra-terrestre, atterrie par hasard au beau milieu d’une zone industrielle, les possibilités de relation avec mes voisins ne sont pas pires que dans n’importe quel vieil immeuble du centre-ville, soutient Nora, jeune critique d’art dans un magazine viennois, et célibataire. Elles sont même peut-être meilleures.»En effet, les habitants peuvent échanger via un site internet créé pour la G-Town. Cependant, certains commentaires présents sur les réseaux sociaux témoignent d'un centre commercial laissé à l'abandon, où les vendeurs attendent que la journée se termine. Certains sites parlent aussi de la nécessité d'embaucher de nouveaux agents de sécurité.75 Les Gazomètres de Vienne sont devenus une ville dans la ville (Figure 32). Le projet a eu certains impacts sur ce qui l’entoure notamment au niveau du prix des terrains et de la popularité du quartier. Un parc serait même prévu à quelques kilomètres des gazomètres. Les nouvelles constructions ne doivent pas dépasser une certaine hauteur pour ne pas être en compétition avec les cylindres. Seul le Gazomètre B reconvertit par Coop Himmelb(l)au sort de l’ordinaire avec son excroissance de logement et vient dynamiser les gazomètres identiques de l’extérieur (Figure 33). Nous allons voir que dans le cas du Klara Zenit, le quartier a entièrement repris vie et le parti pris adopté par les architectes a servi d’exemple dans d’autres projets.

La libre, “ La vie dans un gazomètre.” La libre [En ligne], mis en ligne le 03 août 2002, URL : http://www.lalibre.be/archive/la-vie-dans-un-gazometre-51b879a7e4b0de6db9a76715, Consulté le 10 mars 2017. 74

STUHLPFARRER Martin, " Bonjour tristesse: Das Leiden der Gasometer", Diepresse. com [En ligne], mis en ligne le 24 mars 2010, URL : http://diepresse.com/home/panorama/ wien/548501/Bonjour-tristesse_Das-Leiden-der-Gasometer. Consulté le 12 juin 2017 75


Figure 32: Les quatres gazomètres.

LE PATRIMOINE COMME OPPORTUNITÉS DU RENOUVELLEMENT URBAIN

Figure 33 : Quand le passé et le présent se rencontrent.

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3.2 KLARA ZENIT: UN QUARTIER QUI A REPRIS VIE. La reconversion du Klara Zenit, réalisé par l’agence d’architecture Equator, a permis de dynamiser le quartier de Norrmalm. Aujourd’hui, le quartier abrite de nombreux commerces et une grande partie est piétonne. Malgré les nombreuses critiques dont ce quartier a fait l’objet dans le passé pour sa transformation en quartier d’affaires, il est aujourd’hui l’un des plus populaires de par sa mutation en quartier dynamique (Figue 34). De nombreux forums vantent les qualités de ce quartier sans mentionner qu’il abrite un village sur l’un de ces toits. Le Klara Zenit semble s’être noyé dans la conversion de la totalité du quartier. Cependant, il est tout de même compté dans les grandes oeuvres architecturales qui ouvrent leurs portes lors de journée portes ouvertes.

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Si l’on retourne au moment de la naissance du projet, nous pouvons voir qu’il a été le sujet de nombreuses demandes. « 8000 demandes ont été enregistrées durant la phase d’attribution pour ces logements qui vont du studio au quatre pièces»76. Cela nous montre l’amplitude du projet sachant qu’il y avait une centaine de logements disponibles. Une mixité sociale persiste dans ce projet, «la maîtrise d’ouvrage comme la maîtrise d’oeuvre ne voulant en aucun cas créer un ghetto de riches en plein ciel, 20% des logements ont été attribués au parc HLM. Le reste se répartit entre les trois autres listes de demandeurs: les employés des bureaux, ceux des commerces et un groupe de personnes ayant manifesté leur intérêt pour l’opération.»»77. Le fait d’avoir des personnes qui vivent et travaillent sur le même lieu permet de diminuer l’impact des déplacements sur l’environnement, mais ce n’est pas la seule solution apportée par le Klara Zenit pour réduire l’émission de gaz à effet de serre de chaque logement. Ils sont chauffés en partie grâce à la chaleur dégagée par les bureaux et commerces comme nous avons pu le voir précédemment. En construisant la ville sur la ville, le Klara Zenit offre une alternative à l’étalement urbain. Le principe d’habiter les toits a inspiré de nombreux jeunes architectes notamment lors du Solar Decathlon 2014. Le Solar Decathlon est une compétition interuniversitaire qui réunit des étudiants de diverses disciplines autour d’un sujet commun : comment habiter demain? En répondant aux problématiques de chaque pays en construisant des prototypes à grande échelle. Dans cette compétition, de nombreux projets répondaient aux questions de l’étalement urbain en construisant de nouveaux logements au sommet des tours. Ce nouvel élément créerait à la fois des logements supplémentaires, et permettrait de réduire l’émission de gaz à effet de serre sur la totalité de l’immeuble en ajoutant de nombreux panneaux solaires et d’autres technologies. La volonté de construire la ville sur la ville pose néanmoins NAMIAS Olivier, Opération Klara Zenit, Stockholm. “ Histoire d’un village sur le toit. ” Ecologik numéro 9, juin-juillet 2009 pages 94-103 76

77

Ibidem


quelques complications au moment des travaux.

49

Le Klara Zenit a fait l’objet de critique au moment de sa construction. En effet, le bâtiment est situé en centre-ville ce qui rend l’accès difficile (Figure 35).Les travaux ont dû se dérouler dans un périmètre réduit ce qui a demandé l’utilisation de préfabriqué. « Les riverains ont aussitôt réagi, dénonçant pour certains cette «intrusion de la banlieue dans la ville », reprenant paradoxalement un reproche adressé aux grands immeubles de tours et aux bâtiments tels que ce centre postal dans les années 1960 ! Ces critiques se sont tues depuis et la réhabilitation est aujourd’hui très prisée. Elle inspire les villes d’Europe dans la façon de transformer des ensembles modernes en créant des lieux originaux et attractifs»78. La modification d’un bâtiment industriel est souvent sujette aux critiques, il faut souvent du temps avant que les habitants reprennent leurs habitudes ou en trouvent de nouvelles. C’est ce que nous allons voir au sujet de la Battersea Power Station de Londres.

NAMIAS Olivier, Opération Klara Zenit, Stockholm. “ Histoire d’un village sur le toit. ” Ecologik numéro 9, juin-juillet 2009 pages 94-103 78

LE PATRIMOINE COMME OPPORTUNITÉS DU RENOUVELLEMENT URBAIN

Espace public entre les maisons sur le toit.


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Figure 34 : Les façades du Klara Zenit ouverte sur la rue. Le village sur le toit disparait.

Figure 35 : Construction d’une ville sur la ville


51

Vue sur l’église Klara depuis le village sur le toit.

Les puits de lumières, entre espaces privés et espaces publics.


3.3 BATTESEA POWER STATION: UN PROJET CONTROVERSÉ QUI N’EST PAS ENCORE SORTI DE TERRE.

52

Nous avons pu voir que la Battersea Power Station est un bâtiment symbole pour les habitants de Londres, les fans des Pink Floyd et plus particulièrement pour les habitants du quartier de Nine Elms. Chaque phase du projet a déchainé les passions dont nous pouvons voir la trace sur de nombreux forums. «Nous sommes allés voir cette usine iconisée sur l’album Animals des Pink Floyd et quelle déception de la découvrir en travaux ... elle devrait devenir la nouvelle mégapole culturelle et commerciale de Londres. Espérons que l’architecte saura conserver l’originalité de cette usine plébiscitée par les fans» s’exprime Estelle L. sur le site Tripadvisor. Ce commentaire, ainsi que de nombreux autres nous montrent l’inquiétude des visiteurs quant à la reconversion du bâtiment et la déception de certains quant à l’image commerciale qui prend place sur le site. « I love this Art Deco building. It’s beautiful. But today I visited the public consultation and got disappointed by the redevelopment plan. It’s all about commercial stuff (shops, offices and residential flats). You should use some of the space for more useful and ethical projects. I was upset especially by the plan for those surrounding expensive flats. Most of people wouldn’t be able to afford and they will block most of the beautiful building from view.» s’exprime Momoko Abe sur la page Facebook de la Battersea Power Station. La société Battersea Power Station s'est même senti obligé de créer une page sur leur site internet démontrant la nécessité de reconstruire les cheminées79. Cependant, nous pouvons aussi voir que les avis restent mitigés, une partie des habitants ont hâte de voir la Battersea Power Station rénovée. De plus, de nombreux événements ont eu lieu sur le site pendant la durée des travaux, une façon de laisser les habitants profiter de cette icône et de mettre le chantier en scène. Par exemple, du 14 juin au 27 juin 2017, le London festival of architecture at Battersea Power Station s’emparera des lieux (Figure 36). D’autres événements ont eu lieu allant de la fête des Mères au Street Food Festival (Figure 37).

Figure 36 : Mise en scène d’un chantier. 79

https://www.batterseapowerstation.co.uk/#!/go/view/app/chimney?view=updates


Une manière de communiquer le projet et de faire comprendre aux habitants que la Battersea Power Station leur appartient toujours. Des visites du chantier ont été organisées et ont permis aux habitants de découvrir l'ampleur du projet de reconversion de la centrale (Figure 38-39-40).

DELESALLE-STOLPER Sonia, “Battersea la centrale qui branche Londres”, Libération [En ligne], mis en ligne le 30 septembre 2014,. URL : http://www.liberation.fr/planete/2014/09/30/ battersea-la-centrale-qui-branche-londres_1111808, Consulté le 10 mars 2017 80

HIAULT Denis, AFP, « Battersea Power Station va renaître au monde », Dhnet.be [En ligne], mis en ligne le 29 octobre 2014, URL : http://www.dhnet.be/lifestyle/battersea-power-stationva-renaitre-au-monde-5450cd5c3570a5ad0ededabc. Consulté le 1 mai 2017 81

LELOGEAIS Elisabeth, «Battersea Power Station: Habiter Londres dans les pas de Pink Floyd», Seloger.com [En ligne], mis en ligne le 27 avril 2015, URL: http://edito.seloger.com/ actualites/monde/battersea-power-station-habiter-londres-dans-les-pas-de-pink-floyd-article-4161.html. Consulté le 11 juin 2017 82

83

Ibidem

DELESALLE-STOLPER Sonia, “Battersea la centrale qui branche Londres”, Libération [En ligne], mis en ligne le 30 septembre 2014,. URL : http://www.liberation.fr/planete/2014/09/30/ battersea-la-centrale-qui-branche-londres_1111808, Consulté le 10 mars 2017 84

53 LE PATRIMOINE COMME OPPORTUNITÉS DU RENOUVELLEMENT URBAIN

La reconversion de la Battersea Power Station semble être une réussite immobilière. « Pour la première phase du projet - la mise en vente d’appartements sur plans - qui concernait un immeuble d’habitations construit à l’ouest de la centrale, 565 appartements ont été vendus en trois semaines. Pour la phase 2, dans la centrale elle-même, les 250 appartements sont partis en un temps record. Il en reste à peine une vingtaine à vendre, dont un penthouse doté d’une verrière courant entre deux des cheminées pour qui aurait 13 millions d’euros à investir. Mais tous les logements ne sont pas destinés à une clientèle richissime. Lancée fin octobre, la troisième phase concerne trois bâtiments construits par les célèbres architectes Norman Foster et Frank Gerhy [...]. Dans l’immeuble dessiné par Foster, 564 appartements seront proposés à loyers ou prix modérés»80. Pour vendre la totalité des logements et faire connaitre le projet, une «offensive marketing» a été mise en place dans «les principales métropoles asiatiques, aux États-Unis, dans les pays du Golf et à Paris, Milan»81. Pour se rendre compte du prix des logements de Battersea Power Station, voici quelques chiffres : Un studio coûterait 695 000€, un deux pièces 827 000€, un trois pièces 1 683 350€, un quatre pièces 2 665 170€ et il faudrait débourser 4 489 000€ pour un cinq pièces82. D'après le site BeaLondoner.com, le prix moyen d'un studio dans le quartier de Nine Elms serait de 599 807€, ce qui nous montre une différence de près de 95 000€. La ville de Londres connait une forte augmentation du prix de l'immobilier ces dernières années et empêche certains Londoniens de se loger. La question est alors, «ces milliers d'appartements profiteront-ils aux Londoniens qui en ont besoin ?»83. «Notre projet n’a jamais été de faire un quartier exclusif, ni même un immense centre commercial encadré par des appartements, se défend Rob Tinckell. Nous voulons créer un esprit de village, parce que c’est ce qui fait l’essence de Londres, une multitude de villages.»»84. Cependant, le projet n'étant pas encore livré il est difficile de dire si l'esprit de village sera une réalité dans ce nouveau quartier. En parallèle de ce projet, Londres est en train de subir une mutation. En effet, 237 tours de plus de 20 étages sont sur le point de sortir de


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Figure 37 : Photographie prise lors du Street Food Festival at Battersea Power Station. Entre Jeux et Construction.

Figure 38 : Photographie prise lors du Street Food Festival at Battersea Power Station. Communication du projet.


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Figure 39 : Communication du projet, mĂŠdiation avec les habitants

Figure 40 : Communication du projet, mĂŠdiation avec les habitants


terre ou sont en projet ce qui promet un changement paysager. «Tony Travers, expert à la London School of Economics évoque une «Hong-Kongification de la capitale»»85. Cette mutation, et la conquête de ces morceaux de villes nécessitent un nouvel aménagement des transports en commun. En effet, le site de Battersea Power Station était accessible uniquement par train ou bus. « La construction à 500 mètres à vol d'oiseau de la futuriste ambassade américaine a contribué à emporter le morceau: deux nouvelles stations de métro permettront bientôt de relier le centre en quelques minutes»86. Cela devient un nouvel argument concernant l'achat d'appartements ou de locaux pour les enseignes commerciales.

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La mise en scène du chantier par de petits événements et la volonté de créer un village caractérise la volonté de montrer aux habitants que la Battersea Power Station leur appartient et permet d'apaiser les tensions qui ont pu se créer lors du lancement du projet. Ainsi, les habitants prennent leur marque avant même que le projet soit livré. Une fois, la promenade le long de la Tamise bordant la centrale ouverte, les habitants auront surement déjà l'habitude de s'y rendre. Ce qui permet d'avoir une acceptation progressive du projet.

HIAULT Denis, AFP, « Battersea Power Station va renaître au monde », Dhnet.be [En ligne], mis en ligne le 29 octobre 2014, URL : http://www.dhnet.be/lifestyle/battersea-power-stationva-renaitre-au-monde-5450cd5c3570a5ad0ededabc. Consulté le 1 mai 2017 85

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Ibidem


3.4 L'ACCEPTATION A DIFFÉRENTES VITESSES. Les trois projets que nous venons de voir nous ont montré que le Patrimoine devenait une opportunité pour le renouvellement urbain. Dans le cas des gazomètres de Vienne, le projet a fait augmenter les prix et a transformé un monument historique en parc commercial comme diront certains. Mais d'un autre côté, la G-Town semble être un quartier où les habitants se plaisent. La mise en place d'un réseau social via un site web facilite les échanges entre voisins et démontre qu'habiter dans une usine-machine peut ressembler à n'importe quel autre quartier. L'implantation d'une nouvelle ligne de métro a contribué à la réussite du quartier, car malgré son emplacement en bordure de la ville il reste connecté. Ce projet nous montre une acceptation à la fois très rapide des habitants, mais un certain oublie d'après quelques critiques en devenant un centre commercial quelque peu abandonné.

La Battersea Power Station démontre, à l'inverse, une grande force de communication. Le projet étant le sujet de nombreuses tensions, il a fallu que la reconversion s'effectue de manière transparente avec les habitants. C'est pourquoi des visites du chantier ont eu lieu et des événements sont programmés sur le site en mettant la reconversion de la centrale en scène. Les acteurs du projet présentent la volonté de créer un village comme il en existe déjà à Londres tout en créant un espace public. La ligne de métro rallongé permettra d'intensifier sa connexion à la ville comme pour le cas des Gazomètres de Vienne. Le travail sur la communication dont ont fait preuve les acteurs de la Battersea Power Station permet une acceptation lente, mais presque totale du projet. Ces trois projets sont les témoins de divers renouvellement urbain qui ont eu lieu dans des capitales. L'acceptation de ces projets par les habitants a été plus ou moins rapide et démontre à quel point chaque projet peut être différent. Nous pouvons voir que d'autres projets en impactant le moins possible la structure existante ont permis une acceptation totale de la part des habitants et cela dès le début des travaux. C'est le cas de La Friche de la Belle

LE PATRIMOINE COMME OPPORTUNITÉS DU RENOUVELLEMENT URBAIN

À l'inverse, le Klara Zenit se trouve déjà en centre-ville ce qui a compliqué sa reconversion, rappelant à certains l'échec de la transformation en quartier d'affaires. L'usine-bureaux a cependant permis de réimplanter une vie commerciale dans le quartier de Norrmalm. Elle a été le sujet de nombreuses demandes de logement. En revanche, le Klara Zenit est très peu présent sur les réseaux sociaux et semble avoir disparu dans la popularité dont fait preuve le quartier. Lorsque l'on se promène dans les rues piétonnes, il est difficile de croire qu'une telle reconversion a eu lieu et que des personnes ont formé un village sur l'un de ces toits. Cependant, ce projet montre une nouvelle possibilité pour lutter contre l'étalement urbain, coloniser les toits. L'acceptation de la part des habitants a donc été très rapide d'une part parce qu'elle est peu visible, mais surtout parce que cette usine-bureau n'était pas un emblème pour les habitants.

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de Mai dans le 3e arrondissement de Marseille (Figure 41). Cette ancienne usine de manufacture de tabac a fermé ces portes en 1992 pour devenir trois ans plus tard : « Un projet culturel pour un projet urbain»87. L'objectif du projet est de favoriser toute forme d'expression. ««Les architectes perdent ici leurs repères. La friche n'est pas un modèle. Elle est un exemple où chacun peut imaginer la ville qui se dédouane de tout programme», souligne Matthieu Poitevin»88. Les interventions des architectes ont uniquement concerné l'adaptabilité du lieu pour permettre une appropriation totale de l'ancienne manufacture. Aujourd'hui, La Friche de la Belle de Mai propose toutes sortes d'activités culturelles ainsi que des logements sociaux. Elle est le lieu de rendez-vous, chaque été, de milliers de Marseillais venus profiter des soirées sur son toit-terrasse où ont lieu divers concerts. La Belle de mai rassemble, entre amis ou en famille tout le monde profite de ce nouvel espace public(Figure 42-43). Ainsi nous pouvons dire que les projets de reconversion du patrimoine industriel peuvent devenir une opportunité pour le renouvellement urbain.

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Figure 42: Un vrai train transformé en aire de jeux pour les enfants dès 3 ans

HUGRON Jean-Philippe, «Belle de Mai, spontanéité exemplaire.» lecourrierdelarchitecte.com [En ligne], mis en ligne le 13 novembre 2013,. URL : http://www.lecourrierdelarchitecte.com/ article_4989, Consulté le 14 juin 2017 87

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Ibidem


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Figure 41: Toit-terrasse de la Friche de la belle de mai.

Figure 43: Cette aire urbaine ouverte Ă tous permet Ă ceux qui le souhaitent de se retrouver autour du sport.


CONCLUSION Tout au long de ce mémoire nous avons observé trois reconversions d'usines-machines effectuées dans des capitales européennes : Les gazomètres de Vienne, Le Klara Zenit de Stockholm et la Battersea Power Station de Londres. Ces reconversions ont été analysées suivant différents angles pour nous permettre de comprendre les projets dans leur totalité. Ainsi nous avons pu voir les projets sous l'angle du jeu d'acteurs, de l'architecture, mais aussi du point de vue des habitants et l'impact de ce projet sur la ville. Chacun de ces angles a permis de nourrir cette réflexion autour de la reconversion de dispositifs industriels en espaces de vie.

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La reconversion est un moyen de construire la ville sur la ville. Ces usines-machines vidées de tout usage dépérissent et se transforment en friche. Construites dans le centre ou en proche périphérie des villes, la reconversion de ces usines-machines permettrait de lutter contre l'étalement urbain en réutilisant un bâti déjà présent. Elles deviennent alors des opportunités pour repenser la ville, dont les institutions, ou des investisseurs, se saisissent. Nous avons pu voir que certaines villes comme Stockholm poussent à la reconversion des anciennes usines-bureaux qui habitent le centre-ville. Ce foncier arrêté dans le temps est néanmoins complexe dans sa transformation. En effet, ces bâtiments ont été conçus pour répondre à un seul usage. L'homme avait pour seule place l'activation des machines. Dans le cas des Gazomètres de Vienne, les fenêtres étaient factices, car l'usine ne contenait qu'une cuve contenant du gaz pour alimenter la ville. Dans le cas de l'usine-bureau qui est représentée par le Klara Zenit de Stockholm, seule la production était importante. C'est pourquoi le bâtiment était conçu pour que les travailleurs ne soient pas distraits. Les usines-machines représentaient le temple du travail, composées de peu d'ouvertures, et ne laissant pas entrer la lumière. Cependant, la difficulté de la reconversion ne s'arrête pas là. Les usines-machines sont souvent le sujet de protection par l'institution des Monuments Historiques. C'est grâce à cette protection que nous pouvons, encore aujourd'hui, admirer ces vestiges du passé, mais c'est aussi cela qui complique leur reconversion. En effet, ces bâtiments étant protégés de toutes destructions restent dans le même état pendant des années. Ils rentrent alors peu à peu dans le quotidien des habitants. Certains devenant même une attraction touristique. C'est le cas de la Battersea Power Station qui comme nous l'avons vu a été immortalisé sur l'album Animals des Pink Floyd et est ainsi devenu le symbole de nombreux fans. Comme nous l'avons vu précédemment, entretenir ces vestiges a un coût. “Protéger est une chose. Animer, faire vivre, supporter les charges d’entretien et de fonctionnement en est une autre” concluait le rapport du préfet Loiseau en 1995.89 Ainsi, la marque de protection des Monuments Historiques a tendance à figer le bâtiment. Le REAL Emmanuelle, « Reconversions. L’architecture industrielle réinventée », In Situ [En ligne], 26 | 2015, mis en ligne le 06 juillet 2015, URL : http://insitu.revues.org/11745 ; DOI : 10.4000/insitu.11745, Consulté le 02 avril 2017. 89


temps défile, mais les coûts d'entretien et la complexité de la transformation font que le bâtiment est abandonné, et tombe peu à peu en ruine. Lorsqu'il est racheté ou que la ville décide de le réinvestir, les coûts de réhabilitation pour le remettre en état sont démesurés. Nous avons pu voir que différents acteurs pouvaient entrer dans le jeu de la reconversion. La ville est souvent le propriétaire, mais peut aussi vendre son bien à des investisseurs. La ville garde toutefois un œil sur le nouveau projet dans le cadre du renouvellement urbain. Dans certains cas, en plus des architectes, certaines associations défendent la vision des habitants quant à la modification irréversible de leur symbole, c'est le cas pour la Battersea Power Station de Londres. De même, quand la nature a repris ses droits sur l'environnement bâti et que certaines espèces protégées y ont trouvé un abri, des écologistes défendent leurs droits et font en sorte qu’ils soient pris en compte dans le projet de reconversion. Les architectes doivent alors jouer de leur créativité pour répondre à toutes les attentes du projet: réhabiliter le bâtiment, le transformer pour intégrer un nouveau programme, sans trop le dénaturer lorsqu'il représente un symbole pour les habitants, et préserver les espèces qui ont élu domicile dans la friche.

En effet, l'analyse de ces différents projets m'a permis de me rendre compte des actions qui pouvaient être menées pour communiquer le projet, particulièrement pour la reconversion de la Battersea Power Station. Le projet n'étant pas totalement accepté par la population, il a fallu trouver des moyens pour que les habitants prennent conscience, ou pensent, que la Battersea Power Station leur appartenait toujours. Des évènements sont organisés pendant la période de travaux pour que les habitants investissent les lieux. Le chantier devient un lieu de rencontres où les habitants échangent et profitent de la Tamise avec la centrale et ses grues en fond. Les habitants voient le projet avancer et n’auront donc pas la surprise de voir le projet une fois fini. Ils s'habituent ainsi à l'idée que le quartier change de visage. Est-ce que ce lieu

CONCLUSION

Dans le projet des Gazomètres de Vienne et du Klara Zenit, le plus grand enjeu du projet est d'apporter de la lumière dans ces espaces obscurs. Les architectes ont dû utiliser le "déjà-là " pour transformer les contraintes en atout. Les Gazomètres ont vu leur coupole retirée pour laisser entrer l'air et la lumière, mais pour cela il a fallu convaincre l'institution des Monuments historiques. Dans le cas du Klara Zenit, la structure est devenue un atout et a permis de créer des puits de lumière dans la mégastructure. Ainsi ils ont mis au point des dispositifs à partir du bâti, et ont pu faire entrer la lumière et même l'amplifier à l'aide de matériaux comme l'inox polymiroir utilisé par Jean Nouvel. Dans le cas de la Battersea Power Station l'enjeu était tout autre. En effet, il était presque impossible pour les architectes de transformer le bâtiment tant il était un emblème pour les habitants. C'est pourquoi, pour répondre aux coûts importants de rénovation dus à la suppression du toit dans les années 90, les architectes ont opté pour la construction des 17 hectares vides entourant la centrale. Ces constructions de logements permettent de rentabiliser l'important investissement effectué pour répondre aux exigences des habitants. Cependant, c’est justement la construction de la parcelle qui pose le plus de problèmes. La société de la Battersea Power Station a donc eu recours à diverses actions pour communiquer le projet et le faire accepter par l'opinion publique.

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leur appartiendra toujours une fois la reconversion achevée ? Il faudra attendre 2020 pour découvrir les impressions des habitants quant à la transformation de leur emblème. Cette analyse m'a permis de voir que la reconversion a franchi un cap. En effet, les différents projets que nous avons analysés montrent que l'action d'habiter un ancien objet industriel est devenue une pratique "courante". Ce n'est plus le fait d'habiter un objet qui est controversé, mais comment la reconversion est effectuée. Nous avons pu voir tout au long de l'analyse que de nombreux architectes se sont intéressés à la transformation de friches industrielles et usines-machines en espaces de vie. Chacun abordant un programme différent répondant à la politique du renouvellement urbain présente en ville et en utilisant les atouts du bâti. Chaque architecture met en valeur les codes de l'industrie pour les adapter aux nouveaux modes de vie. Ainsi, les villes ont compris que leur patrimoine industriel pouvait devenir des opportunités et qu'elles représentaient des atouts.

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Auguste Perret a dit : «La destination et la fonction des édifices sont les conditions passagères de l’architecture»90. Cette réflexion autour de la reconversion d'usines-machines nous mène vers une autre étape. En effet, ces dispositifs industriels ont déjà subi une reconversion, mais serait-il possible de reconvertir à nouveau ces bâtiments si leur usage devient un jour obsolète? La reconversion a-t-elle annulé toute la capacité de ces bâtiments à être réinventée? Nous pouvons supposer que si un jour les bâtiments perdent leur activité commerciale il faudra les repenser. Cependant, cette étape dépendra des nouveaux besoins de la ville et de la politique de renouvellement urbain sans cesse changeante. Les architectes ont néanmoins déjà permis à l'homme d'habiter ces objets, mais est-ce que l'homme aura toujours le besoin de vivre dans ces usines? Pour répondre à ces questions, il faudra surement attendre de nombreuses années comme nos grands-parents ont attendu la reconversion de leur ancien lieu de travail.

La citation d’Auguste Perret nous explique que le programme d’une architecture n’est pas pérenne et qu’il peut évoluer dans le temps. L’architecture doit permettre ce changement. Le bâtiment et son programme évoluent suivant deux temporalités distinctes. Les murs évoluent sur un temps long tandis que les usages évoluent sur un temps court. 90


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ICONOGRAPHIE Figure 1: La brasserie Warteck, Basel, Entre passé et présent. Jouanas Cindy, Wateck, Basel, Suisse. 2 mai 2015 Figure 2: Les gazomètres de Vienne. Le début d'une histoire. Photographe iconnu, Vienne, 1900. URL: https://babb2014cets.wordpress.com/2014/05/16/vienna-wachau-valley-vineyards/ Figure 3: Le quartier de Norrmalm, quand les bureaux s'empare de la ville


Photographe iconnu, Stockholm, 1962. URL: https://stockholmskallan.stockholm.se/post/27323 Figure 4: Construction de la première moitié de la Battersea Power Station. Photographe iconnu, Londres 1934, ©Andy Dingley. URL:https://theculturetrip.com/europe/united-kingdom/england/london/ articles/battersea-power-station-the-transforming-british-icon/ Figure 5: Les Gazomètres de Vienne à l’origine. Photographe iconnu, Les Gazomètres, Vienne, dans les années 1900. URL: http://easydoor.over-blog.com/article-archi-renovation-de-gazometresa-vienne-37458101.html Figure 6: Les Gazomètres de Vienne après leur reconversion. Photographe iconnu, Les Gazomètres, Vienne, 2004. URL: http://www.coop-himmelblau.at/architecture/projects/apartment-building-gasometer-b/ Figure 7: Quartier de Klara avant le remplacement d’habitation par des bureaux. CLAESSON Erik via Wikimedia Commons, Nedre Norrmalm under omdaning, Stockholm 1967. URL : http://hjak.se/wp-content/uploads/2012/09/sthlm_klara_1967.jpg Figure 8: Almstriden, manifestation 1971 Scanpix, För 40 år sedan stod striden om almarna i Kungsträdgården i Stockholm, Stockholm, 1970. URL:http://sverigesradio.se/sida/artikel.aspx?programid=83&artik el=4499771 Figure 9: Quartier de Klara aujourd’hui. ArildV via Wikimedia Commons, Stockholm February 2013, Stoskholm, 14 mars 2013. URL: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Stockholm_February_2013_03.jpg#file Figure 10: Pochette de l’album des Pink Floyd-Animals 1977. THORGERSON Storm, Pochette de l’album Animals des Pink Floyd, Londres, 1977. URL: http://www.feelnumb.com/2009/09/23/pink-floyd-animals-cover-atbattersea-power-station/ Figure 11: Red Bull X-Fighters World Series tour 2009. Photographe iconnu, Londres, 2009.©Getty Image URL: http://www.dailymail.co.uk/news/article-1208757/Hold-bikes-Motorbike-stuntmen-thrill-crowd-Battersea-Power-Station.html#ixzz4k4L7c5uX Figure 12: Holi Festival of Colours at Battersea Power Station 2013. COHEN Gary, Rainbow Clouds Explode At Battersea Power Station, Londres, 2013. URL: http://londonist.com/2013/08/rainbow-clouds-envelop-batterseapower-station Figure 13: La station A de Battersea en 1981,avant la démolition du plafond,


mais après celle des turbines. Photographe iconnu, Londres, 1981. URL: http://www.arretsurimages.net/breves/2014-12-02/Battersea-Londrespolemique-sur-une-rehabilitation-id18266 Figure 14: Projet de stade pour le Chelsea Football Club Limited. Image de Synthèse, ©2012 Chelsea Football Club Limited URL: http://www.dailymail.co.uk/sport/football/article-2163169/Chelseaimages-Battersea-Power-Station-stadium.html Figure 15: Habitant et membre du projet de la Sargfabrik Vienne 1996 ZINER Wolfgang, Gruppenfoto, Vienne 1996.©Wolfgang Ziner URL: http://www.sargfabrik.at/Home/Die-Sargfabrik/Verein Figure 16: Sargfabrik-Vienne HURNAUS Hertha, Ansicht bei Nacht, Vienne © HERTHA HURNAUS URL: https://www.nextroom.at/building.php?id=2631 Figure 17: Gazomètre de Vienne- Revêtement inox polymiroir. Photographe iconnu, Vienne. URL: http://www.jeannouvel.com/fr/desktop/home/#/fr/desktop/projet/ vienna-austria-gazometer1 Figure 18: Gazomètre de Vienne- Percement de nouvelle fenêtre dans le mur d’enceinte Photographe iconnu, Vienne. URL: http://www.jeannouvel.com/fr/desktop/home/#/fr/desktop/projet/ vienna-austria-gazometer1 Figure 19: Plan des neuf tours double le long du mur d’enceinte. Plan du Gazomètre A, dans L’empreinte. ©D. Ghislain. F.A, “ Les gazometres de Vienne: de l’impérial au social, un destin hors du commun” L’empreinte numéro 42, Septembre 1998, pages 7. Figure 20: Gazomètre de Vienne- Patio BlaU AnnA, dans Architecture d’aujourd’hui numéro 337, Vienne ©AnnA BlaU KUHN Christian, « Hétérotope domestiqué, logement, Vienne, Autriche. » Architecture d’aujourd’hui numéro 337, Decembre 2001 pages 106-110 Figure 21: Gazomètre de Vienne- Coupe persepective Gazometre A. Plan du Gazomètre A, dans L’empreinte. ©D. Ghislain. F.A, “ Les gazometres de Vienne: de l’impérial au social, un destin hors du commun” L’empreinte numéro 42, Septembre 1998, pages 7. Figure 22: La coupe longitudiale révèle les trois périodes du Klara Zenit. Coup longitudiale du Klara Zenit, dans Ecologik. NAMIAS Olivier, « Opération Klara Zenit, Stockholm. Histoire d’un village sur le toit. » Ecologik numéro 9, juin-juillet 2009 page 100 Figure 23: Vue du village sur le toit du Klara Zenit. PLUNGER Max, Equator Stockholm Architekten, Stockholm, 2003. URL: http://informationsdienst-holz.de/urbaner-holzbau/kapitel-2-die-urbane-gesellschaft/mehrgeschossiger-holzbau-gestern-und-heute/


Figure 24: Diagramme d’organisation par niveau du Klara Zenit. Diagramme montrant l’empilement vertical des fonctions. NAMIAS Olivier, « Opération Klara Zenit, Stockholm. Histoire d’un village sur le toit. » Ecologik numéro 9, juin-juillet 2009 page 100 Figure 25: Vue sur l’esapce public des allées du village sur le toit. Sévrine, Klara Zenit, Stockholm, 2011. URL: http://www.guide-stockholm.fr/2011/07/klara-zenit-village-sur-untoit-de-stockholm.html Figure 26: Projet de reconvertion de la Battersea Power Station et conquète des 17hectares. Battersea Power Station, Image de Synthèse. ©Battersea Power Station URL: http://www.citymetric.com/horizons/much-affordable-housing-couldbe-banished-battersea-power-station-1291 Figure 27: Maquette Gehry Partners et Foster+ Partners du projet de logements autour de la Battersea Power Station. Photgraphie de maquette. URL: https://www.dezeen.com/2015/10/22/foster-partners-building-hotelbattersea-power-station-rooftop-infinity-pool/ Figure 28: Reconstruction des cheminées. Reconstruction des cheminées, Londres,2016 ©Battersea Power Station URL: https://www.batterseapowerstation.co.uk/#!/go/view/app/ chimney?view=updates Figure 29: Chantier de la Battersea Power Station 2016 O’SULLIVAN Kilian, Restauration, Londres, 2016 © Kilian O’Sullivan URL: https://www.batterseapowerstation.co.uk/#!/go/view/app/buildingBatt ersea?view=restoration Figure 30: Photographie de la Soufflerie de Bois-Colombes GOULARD Alain, Bois-Colombes Ecole la Cygogne, Bois-Colombes, © Atelier Novarina Architecture. URL: http://www.novarina.org Figure 31: Appartement avec terrasse. VAN RAAIJ Michiel, Living in the Gasometers, Vienne URL: http://www.eikongraphia.com/?p=1564 Figure 32: Les quatres gazomètres URL :https://autrecarnetdejimidi.wordpress.com/2015/10/17/gazometres/ Figure 33: : Quand le passé et le présent se rencontrent. SKOF-PESCHETZ Roland, Gasometer, Vienne, 2007 URL: https://www.flickr.com/photos/rpeschetz/660484675 Figure 34: Les façades du Klara Zenit ouverte sur la rue. Le village sur le toit disparait. URL: http://www.alskadestad.se/artikel/miljovinst-dag-ett/ Figure 35: Construction d’une ville sur la ville Agence d’architecture Equator.


URL: http://www.equator.se/projekt/kontor/klara-zenit-2/ Figure 36: Mise en scène d’un chantier. Photo de couverture de la page facebook de l’évenement London Festival of Architecture at Battersea Power Station. ©Battersea Power Station URL:https://www.facebook.com/events/136448530263239/?acontext=% 7B%22source%22%3A5%2C%22page_id_source%22%3A4345824166 63391%2C%22action_history%22%3A[%7B%22surface%22%3A%22p age%22%2C%22mechanism%22%3A%22main_list%22%2C%22extra_ data%22%3A%22%7B%5C%22page_id%5C%22%3A4345824166633 91%2C%5C%22tour_id%5C%22%3Anull%7D%22%7D]%2C%22h as_source%22%3Atrue%7D Figure 37: Photographie prise lors du Street Food Festival at Battersea Power Station. Entre Jeux et Construction. Photgraphie sur la page facebook de la Battersea Power Station. ©Battersea Power Station URL: https://www.facebook.com/batterseapwrstn/photos/a.4345824566633 87.1073741825.434582416663391/1368661989922091/?type=3&theater Figure 38: Photographie prise lors du Street Food Festival at Battersea Power Station. Communication du projet. Photgraphie sur la page facebook de la Battersea Power Station. ©Battersea Power Station URL: https://www.facebook.com/batterseapwrstn/photos/a.5222173045665 68.1073741839.434582416663391/1294716720649952/?type=3&theater Figure 39: Communication du projet, médiation avec les habitants Photgraphie sur la page facebook de la Battersea Power Station. ©Battersea Power Station URL: https://www.facebook.com/batterseapwrstn/photos/a.5222173045665 68.1073741839.434582416663391/1084977774957182/?type=3&theater Figure 40: Communication du projet, médiation avec les habitants Photgraphie sur la page facebook de la Battersea Power Station. ©Battersea Power Station URL: https://www.facebook.com/batterseapwrstn/photos/a.5222173045665 68.1073741839.434582416663391/1084977874957172/?type=3&theater Figure 41: Toit-terrasse de la Friche de la belle de mai. DUTREY Caroline, Le toit-terrasse, Marseille 2013. ©Caroline Dutrey URL: http://www.lafriche.org/fr/les-lieux/le-toit-terrasse Figure 42: Un vrai train transformé en aire de jeux pour les enfants dès 3 ans Normand Sebastien, Le wagon jeux, Marseille 2013. © Sébastien Normand URL: http://www.lafriche.org/fr/les-lieux/wagon-jeux Figure 43: Cette aire urbaine ouverte à tous permet à ceux qui le souhaitent de se retrouver autour du sport. DUTREY Caroline, Le playground, Marseille 2013. ©Caroline Dutrey URL: http://www.polvillemarseille.fr/fr/page.htm?_ref=757


LA VILLE RESSOURCE, mémoires 2016.2017 - «Grandeur, Déclin, Décadence : à la reconquête des espaces commerciaux délaissés, reconversions de la grande distribution au commerce de proximité.» Emilie Lairet - « Habiter en hlm dans un hameau, les bogues du Blat. " Perrine Faure - « Global Award for Sustainable Architecture : Évolutions et échos du débat durable en France.» Gaëtane Eche - « Les tactiques d'occupations de la vacance.» Lucie Rousset - « Bunkers anti-atomique : La spatialisation de la survie... une affaire de typologies.» Alexandre Peteul - « Regard Féministe : lecture du Prix des femmes architectes françaises.» Coline Verluise - « Etude de cas: Villeneuve Grenoble-Echirolles ou la Bigness grenobloise? Éprouver les concepts koolhaassiens sur un quartier "anti-sarcelles".» Sarah Bengoua - « Patrimoine partagé et revitalisation rurale, l’étude de cas de l’atelier communal de Rochefort en Valdaine.» Célest Giffon - « Réinvestir les friches industrielles en milieu périurbain: volonté et capacité à travers ses propres démarches.» Tatsiana Smykovskaya - « Retour de flamme : l'héritage Olympique en question.» Arthur Mombazet - « Nuit Debout, L’espace [de la Ré]publique : spatialisation d’une revendication.» Chloé Monchalin - « Les jeunes collectifs d’architectes à l’heure des réseaux sociaux : Démarches, constructions et stratégies de communication.» Camille Ducros - « Les camps de Calais et de Grande-Synthe : L'organisation spatiale d'une politique de fermeture.» Geoffroy Maffei-Giordanengo - « Une hybridation architecturale: entre une architecture diagrammatique et phénoménologique.» Matthieu Brochier -« Street art l'envers du décor, le cheminement d'une fresque.» Nihel Mechmeche


Au début du XXe siècle, les sites industriels étaient le témoin du développement économique des villes. Ces usines étaient dotées de machineries et de technologies spécifiques, nécessitant des espaces particuliers et adaptés. La conception de ces espaces a induit des innovations formelles constituant ainsi des dispositifs, des « usines-machines ». Cependant, la mutation des villes a induit l'arrêt progressif de ces bâtiments. Ils sont alors devenus des friches et ils se sont figés dans le quotidien des habitants. La politique du renouvellement urbain a su s'emparer de ces opportunités pour repenser la ville. Peu à peu, ces « usines-machines » ont été transformées en quartier avec une mixité programmatique. Ce mémoire propose une réflexion autour de la reconversion de ces dispositifs industriels au travers de trois projets : Les Gazomètres de Vienne, le Klara Zenit de Stockholm, et la Battersea Power Station de Londres. Il sera question d'analyser comment ces projets se sont montés, comment les architectes ont su utiliser les atouts et transformer les contraintes de ces bâtiments et quelles sont les répercussions de ces interventions sur le territoire.

Juin 2017 . Ecole Nationnale Supérieure d’Architecture de Grenoble


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