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Quelques mots d’histoire
Avant de partager avec vous mon histoire personnelle, il me semble important de faire un petit rappel d’une page de l’histoire de mon pays afin de mieux situer l’époque dont je vais vous parler dans La rosée matinale. Après avoir été placé sous protectorat français de 1863 à 1953, le Cambodge acquiert son indépendance. Sihanouk (1922-2012), le Prince du Royaume Kamputchea dirige alors le pays jusqu’en 1970, lorsqu’il est lui-même destitué. Saloth Sâr, connu sous le nom de Pol Pot, prend alors le contrôle du pays avec un groupe de nationalistes d’extrême gauche : les Khmers rouges. Le principal objectif de Pol Pot est de réduire le Cambodge en autarcie. Le pays se voit alors isolé du reste du monde et régresse totalement. Tout ce qui a trait à la culture et à la civilisation passée est proscrit : écoles, hôpitaux, machines et jusqu’aux vêtements de couleur qui sont interdits ! L’élite intellectuelle est éliminée. Pour donner un petit exemple, le simple fait de porter des lunettes est considéré comme un signe d’intellectualisme, donc passible de mort. Tous les citadins de Phnom Penh et de ses banlieues sont contraints et forcés de quitter leur demeure pour travailler dans les campagnes, la valeur suprême étant l’agriculture. C’est ainsi qu’en 1975, alors que ma famille et moi vivions paisiblement, nous sommes chassés de chez nous à coups de canons. On nous place dans différents camps selon notre âge et notre sexe, nous séparant ainsi les uns des autres pendant quatre ans. Le pays traverse une période terrible, car l’Angkar (l’Organisation) exige des habitants du pays une obéissance aveugle au moyen d’une cruauté démentielle. Cette ty
rannie s’illustre bien par la devise de Pol Pot : « Qui proteste est un ennemi, qui s’oppose est un cadavre. » Pendant cette tragique période, c’est un tiers de la population de mon pays qui disparaît à cause des exécutions, de la torture, de la maladie et de la famine. En 1979, les Vietnamiens prennent Phnom Penh. La Croix-Rouge internationale intervient pour aider la population des survivants, dont un certain nombre quitte le pays. Le Cambodge est totalement libéré en 1990 mais reste l’un des pays les plus pauvres du monde. Moi qui étais une jeune enfant, avec toute mon innocence, je faisais partie de la jeunesse malléable qui représentait l’espoir des Khmers Rouges. Nous étions les « enfants de la patrie ! » Il est temps de vous ouvrir mon cœur pour partager cette tranche de ma vie, de mon histoire…
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