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2. Évacués de Phnom Penh
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Évacués de Phnom Penh
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Les soldats sur leurs chars débarquent à Phnom Penh et nous évacuent de force de notre maison. Tout commence avec les voix au micro qui résonnent dans ma tête. Il s’agit d’une évacuation provisoire. On nous dit que nous allons revenir dans peu de temps… Si nous ne partons pas, nous allons être blessés par des bombardements. Dans les rues de Phnom Penh les gens se bousculent, baluchon à la main. Tous se rendent dans la même direction, suivis par des chars ; des coups de fusils et la fumée causée par des bombardements éclatent. Ma main toute tremblante tient fort celle de Mak, de l’autre main je tiens celle de Soka, mon petit frère. Sur le dos de Mak est accrochée la petite dernière Pow Sisa, la benjamine. Mak l’a nouée avec un grand foulard pour qu’elle ne se détache pas en cours de route. Moi, je la regarde d’en bas avec envie. Le tissu aux gais motifs a les couleurs du printemps.
Tout à coup, j’entends mon père qui nous appelle, il essaie de nous rattraper. Il semble vouloir dire quelque chose d’important à Mak, mais très vite, son visage se fond dans la masse, parmi tant d’autres visages affolés. Peu à peu, il disparaît dans la foule et devient un visage flou parmi tant d’autres. C’est la dernière image que j’ai de mon père.
Grand-maman, « Mak-Yieil » marche à pas vifs à côté de nous avec ses trois filles, Lain, Ly et La. En groupe, en file indienne les autres marchent aussi. C’est le reste de ma famille : ma grand-tante