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Préface
« Le cambodgien est doux et souriant, ce que l’on raconte sur ce qui se passe actuellement au Cambodge est impossible. » Voilà ce que me disait un de mes professeurs, « ancien du Cambodge » dans les années 1980. Personne n’imaginait alors ce que ces hommes, ces femmes, ces enfants étaient en train de souffrir. Depuis, chacun a pu réaliser l’horreur de ces quelques années sous le régime de l’Angkar 1 . Mais comment peut-on survivre à de tels traumatismes ? Les quelques cambodgiens qui m’ont parlé de ces années-là l’ont toujours fait avec beaucoup de pudeur. Ils n’ont fait qu’effleurer la surface de leur drame personnel comme pour s’excuser d’avoir survécu. Certains ont eu le courage de mettre par écrit ce qu’ils ont vécu, Sikith OUK est de ceux-là. Son témoignage est remarquable à plusieurs égards. C’est avec son regard d’enfant qu’elle décrit ce qu’elle et sa famille ont vécu et ce regard partiel est sinon neutre, du moins factuel. Un enfant accepte souvent les choses sans comprendre même s’il a un sentiment aigu d’injustice. Je ne dirai pas qu’il est sans passion car les sentiments qui ressortent de ce récit sont l’amour pour sa famille et pour ce pays si attachant. Sous-jacente dès le début se lit aussi la certitude qu’à travers leur drame, une main protectrice veillait sur eux. Si vous connaissez le Cambodge, des paysages, des couleurs, des visages vont vous venir à l’esprit. En lisant ces lignes vous verrez le vert des rizières, les étangs remplis de lotus aux pétales roses et de jacinthes d’eau bleues, les palmiers et les sous-bois, les vil
lages ombragés aux maisons sur pilotis avec leur petit étang. Vous entendrez les bruits de la nuit et ressentirez la brûlure du soleil. Si vous ne le connaissez pas, ces descriptions vous feront rêver et vous donneront sans doute l’envie d’aller voir par vous-même. Dieu a donné à cette petite fille un regard lui permettant de voir la beauté de sa création pour l’aider à échapper un peu à l’horreur quotidienne. Il était là, tout près d’elle, parlant à son cœur et à ses yeux et c’est dans un camp de réfugiés qu’elle l’a finalement rencontré. Ce n’est pourtant pas la fin. Il a fallu se reconstruire une nouvelle vie en terre étrangère. Après des années, beaucoup de questions restent bien sûr sans réponses et les blessures sont toujours là, mais le Dieu d’amour est venu apporter sa paix. Pour moi, il faut comprendre ce livre comme « Un chant d’amour et de reconnaissance au Dieu Créateur ». Laissez-vous emporter.
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