Projet de fin d'études 2019 : Réhabiliter la ville post-communiste

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PROJET DE FIN D'ETUDES

ECOLE NATIONALE SUPERIEURE D’ARCHITECTURE DE SAINT-ETIENNE ANNEE SCOLAIRE 2018 – 2019 DOMAINE 4 HABITAT CULTURE ENVIRONNEMENT ENSEIGNANTS ENCADRANTS ERIC CLAVIER, JEAN-MICHEL DUTREUIL, DANIEL FANZUTTI

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REMERCIEMENTS Je tiens tout d'abord à remercier l'ensemble de l'équipe enseignante, Jean-Michel Dutreuil, Daniel Fanzutti et Eric Clavier, pour leur encadrement tout au long de cette dernière année en École d'Architecture. Je remercierai également Rachid Kaddour, pour sa bienveillance et ses conseils avisés. Un grand merci aux habitants du bloc B1-5 23, et particulièrement à Kristia Erodotou, Céline Bessah et Zineb Diab pour leur précieuse aide quant aux informations et données concernant les blocs existants. Je souhaite exprimer ma reconnaissance envers Doamna Rodica Boazu, enseignante à la faculté d'Architecture GM Cantacuzino de Iași, qui m'a aiguillée sur les techniques de constructions de l'époque communiste en Roumanie. Une chaleureuse pensée à mes amies Mihaela Hurduc et Claudia Bonnefoy qui m'ont été d'une grande aide pour certaines traductions essentielles à l'élaboration de ce projet. Enfin, je remercie mes amis, architectes ou étudiants architectes, ainsi que ma famille et particulièrement mes parents et ma sœur Elise pour leur soutien et les précieux conseils qu'ils m'ont prodigué tout au long de mon cursus architectural.

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SOMMAIRE REMERCIEMENTS

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SOMMAIRE

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AVANT-PROPOS

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INTRODUCTION

p.11

1. SITE ET TERRITOIRE : IASI, UNE VILLE EN PERPÉTUELLE ÉVOLUTION 1.1. Une ville aux influences multiples

p.15 p.16

1.1.1. Situation géographique 1.1.2. Une ville à la limite des « mondes » 1.1.3. Un centre économique et religieux influant 1.2. L'après-guerre et les régimes communistes : d'hier à aujourd'hui

p.23

1.2.1. Le communisme et la systématisation du territoire en Roumanie 1.2.2. Iași sous le communisme, évolution urbaine 1.2.3. L'après 1989 : la nouvelle Iași 5


1.3. Le boulevard de l'indépendance, un nœud spatial au cœur de la ville

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1.3.1. Un axe ancien 1.3.2. Le boulevard aujourd'hui : édifices clefs et structure spatiale du quartier Des problématiques identifiées à l'échelle du quartier 2. BÂTI ET LOGEMENT : LE BLOC, UNE TYPOLOGIE ARCHITECTURALE SINGULIÈRE 2.1. Les blocs, des logements collectifs qui dessinent le nouveau paysage urbain

p.39

p.41 p.42

2.1.1. Les deux phases de construction : Gheorghiu Dej et Ceaușescu 2.1.2. L'après 1977 et les structures parasismiques 2.1.3. Une typologie architecturale clonée dans tout le pays 2.2. Les blocs A1-6, B1-5 et C1-5, état des lieux

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2.2.1. Chiffres et données sociales 2.2.2. Le quartier et les blocs 2.2.3. Les conditions sociales et spatiales à l'échelle de l'édifice Des problématiques sociales et architecturales entrecroisées 6

p.57


3. STRATÉGIE ET PROJET : UNE RÉHABILITATION EN INTERACTION AVEC L'ESPACE 3.1. Requalifier le quartier

p.59 p.60

3.1.1. Reconnexion nord/sud et requalification des abords en faveur du piéton 3.1.2. Le végétal, une liaison à l'échelle de la ville 3.1.3. Mise en valeur des rez-de-chaussées dans le contexte du quartier 3.2. Réhabiliter le bloc : entre conservation et extensions

p.66

3.2.1. Une structure efficace à préserver 3.2.2. Une circulation au service des logements et des habitants 3.2.3. La toiture, une terrasse sur la ville 3.3. Ré-habiter les logements : s'adapter aux besoins des habitants

p.70

3.3.1. Des logements traversants pour répondre aux problématiques thermiques 3.3.2. Des typologies au service d'une mixité sociale Un projet qui peut se développer à l'échelle de la ville

p.75

CONCLUSION

p.77

BIBLIOGRAPHIE/ICONOGRAPHIE

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AVANT-PROPOS L'habitat est pour moi une notion centrale de l'architecture. Elle touche directement à l'individu, à son intimité, à ses mœurs. Au sein du domaine Habitat – Culture – Environnement, j'ai pu étudier et appréhender des problématiques contemporaines essentielles à l'architecture. Ce choix s'est fait dans la continuité de mon travail de recherche réalisé au cours de ma licence et de mon Master en école d'architecture. A travers la problématique du logement collectif et de sa réhabilitation, j'ai choisi d'aborder mon projet de fin d'études dans une dynamique sociale, urbaine et architecturale. Le projet de fin d'études représente pour chaque étudiant une étape finale dans l'apprentissage (scolaire) de l'architecture. Il se définit à travers des sensibilités, des choix, des préférences mais aussi des questionnements, des hésitations et des dilemmes. C'est un projet qui se doit d'être à la fois complet et inventif, et nous pouvons le défendre au travers des directions que nous lui donnons. C'est pourquoi j'ai choisi d'aborder une question contemporaine que l'on peut observer en Roumanie, mais qui touche également à l'Histoire de ce pays, de sa population et aux choix architecturaux qui ont été opérés à une époque où les libertés de tout un chacun n'étaient que très peu respectées. Le Bloc : cette typologie d'habitat collectif a définitivement marqué le paysage roumain et m'a amenée à m'interroger sur cette architecture si particulière. Après un travail de mémoire sur le sujet, j'ai continué mes recherches et décidé de proposer pour ce projet de fin d'études des possibilité de réhabilitation qui offrent une deuxième chance à cette architecture aujourd'hui peu reconnue. C'est au cœur de la ville de Iași que se sont développés mon intérêt pour l'habitat et mes convictions profondes pour une évolution positive de ces blocs. C'est donc naturellement que j'ai fait le choix de travailler sur ce sujet, dans cette ville qui m'a touchée dès que j'ai posé les yeux sur son architecture. 9


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INTRODUCTION Avant de commencer à contextualiser le sujet d'étude et ses problématiques, il semble essentiel de définir quelques termes clefs qui nous permettront par la suite de comprendre d'une part les tenants et aboutissants de l'objet d'étude ainsi que les dynamiques qui construisent le propos, et d'autre part les choix de projets à venir. Tout d'abord, les notions d'habiter et d'habitat, qui seront le fil conducteur de ce projet de fin d'études, ont une force sociale importante : ils parlent à la fois d'un espace et de son appropriation. Selon Heidegger, l'habiter est une expression de l'être. En s'appropriant un espace, on le rend nôtre, il reflète les caractéristiques de l'individu qui se l'attribue. Dans le cas d'un logement, l'appropriation peut donc se faire de différentes manières : par les usages de l'espace, par l'usure du temps. L'habitat, s'il est vécu sur une période plus ou moins longue, va s'imprégner de souvenirs et de moments de vie qui seront une part importante du sentiment de chez-soi. Il se rapporte alors à l'affect, aux souvenirs, aux émotions. Il semble alors essentiel de réfléchir aux besoins de l'habitant, présent comme futur, pour proposer un lieu de vie, un logement adapté et adaptable, appropriable, autrement dit habitable. On peut également définir plus précisément une typologie d'habitat, l'habitat collectif. Si on définit l'habitat comme une appropriation personnelle d'un espace par un individu dans le but d'y vivre quotidiennement, l'habitat collectif inclurait la notion de société, de partage, voire même de communauté dans une vision plus utopique. Il est donc question de mutualiser des espaces et des services dans un souci d'économie d'énergie, d'espace, d'argent, tout en assurant l'intimité de chacun au sein de son propre logement. La France a connu une forte augmentation de la construction d'habitat collectif dans la deuxième moitié du XXème siècle avec les grands ensembles. 11


Avec la crise du logement d'après-guerre, les années 1950 voient fleurir les grands ensembles dans de nombreuses grandes villes françaises et principalement dans leurs périphéries. Dans Grand Ensemble, on entend à la fois une forme (tours et barres), une taille (plus de 500 logements), un mode de financement (aidé par l’État) et la globalité de la conception (conduisant à la rationalisation, la répétitivité et à l'inclusion réglementaire d'équipements), selon Hervé Vieillard-Baron. Les grands ensembles sont construits dans un système de production de masse, souvent industrialisée, utilisant les procédés de préfabrication en béton. Les grands ensembles étaient, à l'époque de leur construction, reçus comme des habitats nouveaux et modernes, destinés aux classes moyennes, et censés apporter un confort de vie supérieur aux logements jusqu'alors construits. Pourtant, il en a rapidement été autrement. L'éloignement des centre-villes et l'architecture plutôt frontale ont rapidement fait passer ces ensembles au second plan, au profit du nouveau système pavillonnaire, qui permettait alors aux familles d'avoir plus d'indépendance et d'intimité et de jouir d'un environnement plus malléable. Ainsi, les grands ensembles se voient décriés par l'ensemble de la population, et des problématiques apparaissent, plus ou moins fortes selon les villes : une mixité sociale faible qui tend parfois à une ghettoïsation, des habitants en difficultés financières et sociales, une forte précarité. En Roumanie, une typologie similaire voit le jour à la même période, dans un contexte politique toutefois différent. Le « bloc » est une forme d'immeuble d'habitat collectif construit pendant les décennies de totalitarisme. Ce terme vient du roumain « bloc » ou « blocul » (le bloc) et tiendrait sa racine de l'allemand « block » ou « blockhaus » qui se définit par un grand immeuble à plusieurs étages. On comprend aisément la notion de « bloc » en français pour définir cette typologie architecturale, qui appelle à la massivité, à quelque chose de compact et d'imposant, au monolithe, etc. Le terme est alors passé dans le langage courant comme la dénomination de l'immeuble type de logements collectifs construit entre 1947 et 1989. Les blocs se multiplient donc entre 1950 et 1989 en Roumanie, et redéfinissent le paysage urbain du pays. On peut toutefois aujourd'hui noter des problèmes grandissants avec cette typologie architecturale, tout comme le cas français des grands ensembles. D'un point de vue social tout d'abord, les appartements ne sont 12


plus adaptés aux usages contemporains des habitants. L'organisation des espaces, intérieurs comme extérieurs, demande à être repensée pour répondre aux nouveaux besoins de la population. La question de l'héritage de ce patrimoine parfois difficile à accueillir et à accepter se pose également, et les démarches de démolition font face aux timides réhabilitations mises en place. Ces réhabilitations s'attardent d'ailleurs systématiquement sur les fragilités structurelles et thermiques des blocs, qui mettent parfois en danger la vie de ses habitants. En faisant ressortir ces points spécifiques qui définissent aujourd'hui les blocs, on peut esquisser une problématique auquel le projet s'efforcera de proposer une solution plausible et potentielle : Comment proposer une réhabilitation de ce patrimoine du XX ème siècle adaptée aux problématiques actuelles de la population roumaine et en cohérence avec la structure urbaine des villes post-communistes ? Une seule définition manque alors à cette contextualisation, celle de la réhabilitation : Réhabiliter selon Le Larousse prend plusieurs significations, dont deux qui nous intéressent particulièrement : reconnaître la valeur, l'utilité de quelqu'un, de quelque chose après une période d'oubli, de discrédit, et restaurer et moderniser un quartier, un immeuble. Ainsi, pour comprendre les choix réalisés tout au long de l'élaboration de ce projet, nous pourrons développer un propos en trois parties, qui nous mènera tout d'abord à analyser et comprendre le site du projet, la ville de Iași, son histoire, sa construction et son contexte social et urbain. Nous pourrons ensuite découvrir un état des lieux détaillé des blocs existants choisis pour ce projet de réhabilitation, leurs enjeux sociaux, environnementaux et urbains. Enfin, nous pourrons découvrir les stratégies de cette réhabilitation et les points clefs qui permettront de répondre par le projet à la problématique précédemment présentée.

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1. SITE ET TERRITOIRE : IASI, UNE VILLE EN PERPÉTUELLE ÉVOLUTION 15


1. SITE ET TERRITOIRE : IAȘI, UNE VILLE EN PERPÉTUELLE ÉVOLUTION 1.1. Une ville aux influences multiples 1.1.1. Situation géographique Iași est une ville roumaine, située au Nord Est du pays, à la frontière moldave. Elle est le chef lieu du « județ » de Iași, équivalent d'une « région » française. C'est la deuxième ville de Roumanie, après sa capitale, Bucarest. Au dernier recensement de 2017, elle comptait 371 889 habitants pour une superficie de 94 km², mais sa métropole, regroupant 13 communes, compte un peu plus de 400 000 habitants. Iași s'est développée entre collines et rivière. Entourée de sept collines, la ville s'est étendue de manière diffuse, en se faufilant entre les méandres topographiques. La rivière Bahlui, un affluent du fleuve Prut (lui-même affluent du Danube), traverse la ville d'Est en Ouest.

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La ville se divise en quatre zones elles mêmes divisées en plusieurs quartiers. Parmi ceux-ci, les plus importants sont Copou et Agronomie (Nord Ouest), quartiers accueillant le premier campus universitaire de la ville, Tatarași et Moara de Vant (Est), quartiers les plus reculés de la ville, Nicolina et CUG (Sud), construits sous les régimes communistes et Dacia et Alexandru Cel Bun, longeant le Bahlui. Au centre (Centru), la ville historique reste le cœur touristique et économique de Iași, avec son Palais de la Culture et ses églises. Depuis 2011, Palas Mall, gigantesque centre commercial et pôle d'activité, regroupe d'importantes entreprises et se fait le terrain de jeux de toutes les manifestations culturelles de la ville. On peut noter une hétérogénéité bien visible dans le paysage de ces différents quartiers.

Tatarași

Copou

Entre terre battue, bitume et jardins, entre tôle, béton et tours de verre, Iași se dévoile sous de multiples facettes. 18

Tatarași


Nicolina

Centru

Bahlui

Palas Mall 19


1.1.2. Une ville à la limite des « mondes » Depuis le Moyen-Age, la Roumanie se voit tiraillée entre l'Empire Russe et l'Empire Byzantin puis Ottoman. Au fil des siècles, la ville de Iași prend une position stratégique, géographique et géopolitique. Elle devient capitale de la Moldavie entre 1566 et 1862, puis capitale roumaine pendant la Première Guerre Mondiale. Aux portes de l'Asie par la Mer Noire et de l'Europe par la Transylvanie, Iași est le cœur de nombreux échanges culturels et ethniques, se qui en fait une ville cosmopolite et imprégnée de mœurs divers et variés. On le ressent dans son architecture et dans son évolution culturelle. L'influence turque laisse une trace importante dans les habitudes de vie des roumains, à l'ouest du pays, tandis qu'à l'Est c'est la culture austro-hongroise qui prime. L'architecture présente d'un côté des coupoles, des ornements et des couleurs qui rappellent l'architecture ottomane, tandis que de l'autre on peut noter la finesse de l'architecture viennoise et allemande. Toutefois, à Iași, le mélange reste marqué, en laissant aussi la place à des théâtres, palais et églises orthodoxes qui puisent leur source en Russie. 20

Empire Ottoman : XVIème siècle

Empire Russe : XIXème siècle

1991 et la chute du bloc soviétique

XVIIIème siècle

Début du XXème siècle

2007 et l'Union Européenne


1.1.3. Un centre économique et religieux influant Avec ses 71 églises, Iași est la ville roumaine comptant le plus d'édifices religieux. La population est essentiellement orthodoxe (85 %), et on trouve également 10% de catholiques et quelques musulmans et juifs. On compte en effet avant la Seconde Guerre Mondiale 123 synagogues dans la ville. La communauté juive est très présente depuis le XVIème siècle et n'a cessé de prendre de l'ampleur jusqu'au Pogrom de Iasi, en 1941, qui affaiblit considérablement la communauté puisqu'elle ne compte aujourd'hui plus que 500 individus.

Targu Cucu, 1931

Toutefois, la population juive a activement participé au développement de la ville notamment grâce à ses activités commerciales. Targu Cucu, l'ancien quartier juif de Iași s'est développé aux portes de la ville, à l'Est, pour ensuite devenir une partie intégrante de la ville après son extension urbaine qui s'est réalisée entre le XVIème et le XIXème siècle. Targu Cucu, aujourd'hui 21


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1.2. L'après-guerre et les régimes communistes : d'hier à aujourd'hui 1.2.1. Le communisme et la systématisation du territoire en Roumanie A la fin de la Seconde Guerre Mondiale et à la victoire des Alliés en 1945, l'URSS prend possession de la majorité des États d'Europe de l'Est pour former le bloc soviétique. C'est Gheorghe Gheorghiu-Dej qui s'imposera petit à petit au pouvoir en Roumanie, jusqu'à devenir officiellement Président du Conseil d’État de la République Populaire Roumaine en 1952. S'en suit une période de soviétisation toujours importante jusqu'au début des années 1960, où la politique nationaliste économique roumaine se détache du pouvoir soviétique. En 1965, à la mort de Gheorghiu-Dej, c'est Nicolae Ceaușescu qui va rapidement s'imposer au pouvoir pour débuter une seconde dictature dans la lignée de celle de son prédécesseur. Le peuple admire sa force de manœuvre et le soutient dans ses choix politiques de se rapprocher des pays

Nicolae Ceaușescu devant la maquette du Bucarest « systématisé »,1974

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européens pour se détacher de l'URSS. Pourtant, en 1971, le régime va prendre peu à peu une tournure différente alors que Ceaușescu rentre d'un voyage en Chine où il a rencontré Mao. Il décide de radicaliser son propos et d'endurcir les lois. La dictature devient totale et en mars 1977, alors que l'un des plus violents séismes de l'histoire roumaine frappe la capitale (7,4 degrés sur l'échelle de Richter), Nicolae Ceaușescu lance l'un des plus importants projets de construction jamais réalisé, la Maison du Peuple, aujourd'hui Palais du Parlement. Pour cela, il s’appuiera sur les dégâts causés par le séisme pour justifier la destruction de quartiers historiques de l'hyper-centre de Bucarest afin d'y implanter son rêve architectural. Au cours de ces deux régimes dictatoriaux, les constructions de logements collectifs ont fleuri principalement dans les grandes villes comme Bucarest, Timișoara, Iași, Brasov. En effet, au début des années 1960, l’État construit entre 40 000 et 60 000 logements par an, exclusivement en milieu urbain. A la campagne, les constructions restent principalement des maisons individuelles réalisées par les particuliers. En 1971, Nicolae Ceaușescu 24

Décombres d'immeubles à Bucarest après le séisme de 1977

Chantier de la Maison du Peuple à Bucarest, 1984


Palais du Parlement (Maison du Peuple) aujourd''hui

Déplacement d'un bloc pour la systématisation, Alba Iulia, 1987

Village systématisé de Snagov, 1991

Travaux de systématisation à Oradea, 1960 25


parle pour la première fois de « systématisation du territoire ». L'idée est de densifier les tissus bâtis, en démolissant les anciens édifices, pour reconstruire des immeubles collectifs et modernes et restreindre les surfaces bâties au sol. En 1974, la loi n°58 de « systématisation du territoire et des communes urbaines et rurales » définit juridiquement cette politique urbaine (voir cicontre). A la suite de cette loi, la part de constructions de logements financés par l’État a explosé. On peut avancer que 97,9% des logements sont financés par l’État entre 1976 et 1980, soit presque la totalité. Parallèlement, d'un point de vue architectural et urbain, les villes et villages voient leur paysage se modifier considérablement : grands boulevards et grandes avenues, immeubles d'habitat collectif, édifices publics fleurissent de toute part. A été mise en place une sorte de catalogue national de plans standardisés et de typologies distinctes réalisés par les architectes d’État et repris dans chaque ville par les Instituts de Projet publics : le résultat a mené à des constructions rapides et des édifices presque clonés sur tout le territoire. 26

Introduction à la loi nr. 58/1974 : « La systématisation du territoire du pays et des localités est basée sur la politique du Parti Communiste Roumain, qui contribue à la croissance continue du bien-être matériel et spirituel de tous les travailleurs et de l'organisation, sur une base scientifique, rationnelle et harmonieuse, du cadre dans lequel vivent et travaillent les citoyens de notre patrie. Le 10ème congrès du Parti Communiste Roumain et la Conférence Nationale de 1972 ont défini les objectifs et directions principales de la systématisation du territoire et des localités, destinés à assurer une organisation harmonieuse du territoire national, de toutes les unités administratives territoriales, à contribuer à la répartition rationnelle et équilibrée des forces de production, en combinant de manière organique les critères d'efficience économique et sociale, à assurer l'organisation et l'aménagement planifié des villes et villages, en concordance avec la progression économique et sociale générale, la restriction du périmètre constructible des localités au strict minimum et à l'usage optimisé de leur territoire, la transformation de certaines localités rurales avec des perspectives de développement en centres économiques et sociaux à caractère urbain, relever toutes les activités économiques, sociales et culturelles des villages et rapprocher progressivement les conditions de vie des villages de celles des villes. »


District 6, Bucarest

Etudes de systématisation d'un quartier de la ville de Iași, 1975

Exemple de quartier systématisé, Bucarest 27


1.2.2. Iasi sous le communisme, évolution urbaine La ville de Iași a, elle aussi, subi la systématisation du territoire, et le paysage urbain a rapidement évolué ; la ville s'est étendue, les quartiers historiques se sont transformés. On peut noter l'apparition de nouveaux quartiers aux extrémités de la ville, principalement à l'ouest avec Dacia, Alexandru Cel Bun et Mircea Cel Batran, à l'est avec la zone industrielle et Tatarași sud, et enfin au sud avec CUG et Bucium. Tous ces quartiers se sont développés en parallèle d'importants pôles industriels, et principalement le Combinatul de Utilaje Greu (fabrication de machines et matériaux lourds), CUG, au sud de la ville, qui a employé entre 1977 et 2003 jusqu'à 15 000 ouvriers. Aujourd'hui, CUG a été rachetée, privatisée et renommée Fortus. Les quartiers alentours de Nicolina, Podu Ros, Bucium et Frumoasa ont été totalement repensés (ou créés) pour loger les ouvriers dans des blocs de logements tous construits en béton et brique. On peut facilement repérer ces typologies d'habitat sur le plan de la ville, qui se distinguent par leur forme des bâtis du tissu ancien. Mais la ville historique a aussi subi des 28

Combinatul de Utilaje Greu, Iași, 1989


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modifications importantes pendant la seconde moitié du XXème siècle. On peut mettre en évidence trois chantiers importants : le boulevard Stefan Cel Mare, le Centre Civique et le boulevard de l'Indépendance. Le but étant de relier visuellement des points clefs de la ville ou de représenter sa grandeur et plus largement la politique de l'époque, ces transformations ont amené des situations urbaines inédites pour la ville de Iași. De larges boulevards, de grands immeubles en béton tantôt post-modernes, tantôt brutalistes ponctuent la ville et s'imposent dans le paysage urbain. La place de l'Union (Piața Unirii), place centrale de la ville où les grands événements ont toujours eu lieu, s'est vue radicalement modifiée à partir des années 1960. Le boom moderniste et les préjugés des architectes envers le caractère non-urbain des villes roumaines ont contribué de manière significative à la destruction partielle du centre historique et les habitations ouvrières devinrent l’élément le plus important de la formation de la nouvelle image, annulant ainsi la différence entre le centre et la périphérie. Trois immeubles de logement ont donc été construits sur la place, accueillant au rez30

Boulevard Stefan Cel Mare

Piața Unirii

Piața Unirii


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de-chaussée des commerces et salles d'expositions, et faisant face à l'imposant hôtel Unirea (1969). Mais pour donner encore plus d'importance à cette place, le boulevard Stefan Cel Mare a, lui aussi, été modifié pour créer une percée et un lien visuel jusqu'à la place du Palais. Des blocs de logements ont également été construits pour border le boulevard et souligner cette percée linéaire. Boulevard Stefan Cel Mare

Le quartier du Centre Civique, jusqu'alors bourgeois et à l'architecture romantique, se voit fondamentalement modifié pour accueillir des édifices en béton qui mélangent exceptionnellement diverses fonctions : logements collectifs, administrations, centre commercial, théâtre... Tous ces immeubles encadrent la place du marché et lui donnent un aspect monumental. Pourtant, ce quartier n'a jamais été fini après la chute du régime en 1989 et les blocs s'arrêtent soudainement à leurs extrémités pour laisser place à de espaces verts qui contrastent avec la brutalité de l'architecture.

Centre Civique

Nous développerons le cas du boulevard de l'Indépendance, accueillant le site de projet, en aval, afin de comprendre l'évolution globale de ce quartier. Centre Civique 32


1.2.3. L'après 1989 : la nouvelle Iasi A la chute du régime, la ville a subi une autre phase d'évolution notamment avec l'ouverture au capitalisme. Les petites échoppes ou kiosques ont fleuri sur les trottoirs et en bas des blocs. Cependant, l'héritage communiste est toujours présent, et la réhabilitation des blocs commence lentement à se mettre en marche à partir de la fin des années 2000. On assiste alors à une réhabilitation « de surface », ne réglant pas spécifiquement les problématiques architecturales et d'usages des logements, mais s'attachant simplement à réaliser des réhabilitations thermiques et structurelles. En parallèle, la ville se développe et de nouvelles constructions sortent de terre, toutes plus luxueuses les unes que les autres. Le dernier chantier de grande ampleur que l'on peut nommer est celui de Palas Mall, terminé en 2011, qui accueille un immense parc aux pieds du palais de la culture ainsi qu'un centre commercial regroupant de grandes marques de luxes, des restaurants, bars et supermarchés.

Echoppes de fortune sur la Strada Nicolina, Iași

Quartier Alexandru Cel Bun et ses blocs réhabilités, Iași

Palas Mall et le Palais de la Culture après sa rénovation 33


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1.3. Le boulevard de l'Indépendance, un nœud spatial au cœur de la ville 1.3.1. Un axe ancien C'est à partir du XVIème siècle que le tracé du boulevard de l'Indépendance commence à se dessiner sur les cartes de la ville. Il devient rapidement une voie principale de traversée de la ville d'est en ouest, sous les noms de Targul Noua (la nouvelle petite ville), Targul de Sus (la petite ville d'en haut) ou encore Targul Hagioaia. Cependant il reste jusqu'au XVIIIème siècle en limite nord de la ville, jusqu'à en devenir une partie intégrante lors de l'expansion de la ville, en parallèle du quartier de Targu Cucu, quartier juif et commerçant de Iași à l'époque. Après le séisme de 1977, les autorités ont décidé de réaménager cette vieille rue pour lui donner le statut de boulevard. La voie est élargie, des blocs de logements collectifs l'encadrent, avec une première vague de construction en 1977 de six tours de dix

Le boulevard de l'indépendance, XVIIème siècle

Le boulevard de l'indépendance, XIXème siècle

Le boulevard de l'indépendance, aujourd'hui 35


étages et une seconde, en 1983, de trois blocs alignés de neufs étages, les blocs Independența, surnommés ainsi d'après leur façade accueillant les douze lettres du mot. Les six voies de circulation et les larges trottoirs bordés de tilleuls donnent à ce boulevard une monumentalité que la politique de systématisation du territoire cherchait à atteindre. Le boulevard de l'indépendance, 1986

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1.3.2. Le boulevard aujourd'hui : édifices clefs et structure spatiale du quartier Le boulevard de l'Indépendance a donc connu de nombreuses phases de développement et différentes strates architecturales qui le rendent relativement hétéroclite. On peut mettre en avant des édifices remarquables : l’hôpital Sfanțul Spiridon, l'université de médecine et pharmacie (UMF) Grigore T. Popa et le musée d'histoire naturelle datant respectivement de 1767, 1793 et 1834 prennent place le long du boulevard tandis que ses extrémités sont ponctuées par d'autres édifices historiquement riches : à l'ouest, la bibliothèque universitaire construite en 1930 ponctue la place Mihai Eminescu et annonce le début du quartier universitaire de Copou, tandis que le monastère Golia à l'est, construit à partir du XVIème siècle, amorce l'ancien quartier juif de Targu Cucu.

UMF

Musée d'histoire naturelle

Monastère Golia 37


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Des problématiques identifiées à l'échelle du quartier A travers cette analyse historique géographique de la ville de Iași on peut donc se rendre compte de la complexité de sa structure urbaine et de l'entrecroisement de différentes strates. On peut distinguer le tissu médiéval du tissu de l'époque communiste, bien qu'ils se mélangent aussi bien dans le centre-ville qu'en périphérie. Cela amène à une richesse urbaine hétérogène, ponctuée par des édifices dont les valeurs architecturale, culturelle et cultuelle sont reconnues. A l'échelle du quartier du boulevard de l'Indépendance, les mêmes strates urbaines se définissent et le boulevard crée une importante limite entre les quartiers nord et l'hyper-centre de Iași. L'enjeu sera de reconnecter ces deux quartiers par des passages qui permettront de traverser à la fois les bâtis et le boulevard, aujourd'hui adapté au piéton dans sa longueur mais pas dans sa largeur. Il sera donc nécessaire de restructurer cet axe dominant, et de l'adoucir pour, à terme offrir plus de place au piéton. On peut également relier ces enjeux à des notions économiques, qui façonnent elles aussi la ville. Les rez-de-chaussée commerciaux des blocs qui tiennent le boulevard fonctionnent aujourd'hui, pour la plupart, assez bien, mais il serait intéressant d'amener encore plus de dynamisme en proposant des services adaptés à la population du quartier, qu'elle y réside ou qu'elle le pratique au quotidien. 39


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2. BATI ET LOGEMENT : LE BLOC, UNE TYPOLOGIE ARCHITECTURALE SINGULIERE 41


2. BÂTI ET LOGEMENT : LE BLOC, UNE TYPOLOGIE ARCHITECTURALE SINGULIÈRE 2.1. Les blocs, des logements collectifs qui dessinent le nouveau paysage urbain 2.1.1. Les deux phases de construction : Gheorghiu Dej et Ceausescu Sous le régime de Gheorghe Gheorghiu-Dej, on commence à voir apparaître une typologie architecturale et une morphologie urbaine spécifiques, qui esquissent le projet de systématisation du territoire qui se renforcera dans les décennies suivantes. En effet, on peut noter que l'urbanisation, des villes comme des villages, s'accélère et les barres de bétons fleurissent de toutes parts. Ce sont majoritairement des petits immeubles, de quatre ou cinq étages, construits le long de boulevards et cachant en arrière-cour tantôt des parkings, tantôt des airs de jeux pour les enfants, à l'ombre des arbres. On retrouve les mêmes typologies, urbaines comme architecturales, dans toute la Roumanie avec des modèles d'immeubles standardisés et transposés dans les différentes villes du pays, sans se soucier des spécificités régionales, climatiques ou urbaines. 42

Modèle standardisé, 1960

Modèle standardisé, 1965


Bloc C2, Aleea Postavarul, District 3, Bucarest

Études pour la systÊmatisation de la Strada Victoriei, Pitesti, 1965

Bloc C7, Strada Nicolina, Podu Ros, Iasi 43


Après la mort de Gheorghiu-Dej et l'arrivée au pouvoir de Ceausescu, la systématisation s'accélère, et les modèles standardisés des blocs se multiplient dans l'ensemble du pays. On peut remarquer une évolution architecturale dans leur typologie: les immeubles sont plus hauts et plus longs. Ils s'imposent beaucoup plus violemment dans le paysage et encadrent les boulevards comme les rues plus petites. Allant de huit à parfois quatorze ou quinze étages, ces mastodontes de béton sont toutefois beaucoup plus présents dans les grandes villes que dans les campagnes. Les typologies de logements restent toutefois similaires à celles des blocs des années 60 : majoritairement mono-orientés, offrant toutefois systématiquement des loggias ou balcons, tantôt sur les chambres, tantôt sur les cuisines et séjours.

District 2, Bucarest, 1970's

Cependant, ces blocs vieillissent parfois mal, et aujourd'hui, après seulement 40 ans, ils demandent à être rénovés, voire réhabilités. Les typologies de logements ne sont plus adaptées aux conditions de vie contemporaines, l'isolation, thermique principalement, demande à être renforcée et la problématique structurelle dans un pays où les séismes sont fréquents, devient un souci majeur de sécurité de la population. 44

District 6, Bucarest, 1970's


Modèle standardisé, 1970

Modèle standardisé, 1980

Modèle standardisé, 1975

Modèle standardisé, 1985 45


2.1.2. L'après 1977 et les structures parasismiques A Bucarest sont recensés tous les immeubles classés à risque sismique. On en compte plus de 2700, dont près de 1600 classés en urgence et 720 classés en risque type 1. Cette répertorisation n'est effective qu'à Bucarest, pourtant, d'autres villes de la région Est de la Roumanie comme Iași, Galați ou Brașov sont également régulièrement concernées par ces séismes et sont donc sujettes à des risques importants d'effondrement des blocs. Pour cela, l’État roumain, à travers le Ministère du Développement Régional et de l'Administration Publique, a enclenché en parallèle d'un « programme de réhabilitation thermique des blocs de logements », un « programme d'intervention de première urgence sur les constructions vulnérables et qui présentent un risque de danger public ». Le plus gros du travail se trouve à Bucarest, où l'on trouve, comme dit précédemment, près de 1600 immeubles classés en urgence et donc en risque public en cas d'effondrement. La réhabilitation consiste donc à consolider les structures pour faire face à ce type de risque, en qualité de résistance et stabilité de 46

« Bulina rosie » sur la façade d'un immeuble classé risque sismique 1

Immeuble en réhabilitation structurelle, Iasi, 2018


l'ouvrage. En 2016, le budget alloué par l’État pour ce programme était de 5 millions d'euros pour un projet incluant 80 édifices, dont 47 bénéficiant en premier lieu d'un diagnostic et de l'élaboration d'un document technico-économique, afin de pouvoir exécuter les travaux de consolidation les années suivantes. Heureusement, après le séisme de 1977, l'un des plus violents de l'histoire roumaine (7,4 degrés sur l'échelle de Richter), le gouvernement décide de faire évoluer les modèles standardisés pour la construction, en introduisant l'obligation de répondre à des normes antisismiques. L'ensemble des blocs de logements construits après 1977 sont donc déjà tous aux normes et ne nécessitent pas de réhabilitation structurelle. C'est le cas des édifices sélectionnés sur le site de projet. Cette étape importante dans la systématisation du territoire continue d'accentuer le poids de ces constructions sur le nouveau paysage roumain. Avec une structure en poteaux et poutres de béton et une trame plus resserrée (d'environ six mètres par six mètres), les blocs prennent de la masse, de la stabilité, et donc de la hauteur et de la longueur. 47


2.1.3. Une typologie architecturale clonée dans tout le pays La ville de Iași n'est donc pas tout à fait unique dans son style architectural hétéroclite et dans sa morphologie urbaine qui mélange à la fois un tissu médiéval ancré et un tissu moderne qui s'est rapidement imposé dans le paysage. On retrouve dans toute la Roumanie des paysages urbains finalement similaires, composés de blocs en bétons et briques, ornés de balcons, et bordant de longs boulevards plantés. L'enjeu de ces villes est donc aujourd'hui de savoir « faire avec », en accueillant ces typologies architecturales et urbaines comme un héritage du passé, susceptibles d'être un terrain propice à de nouvelles évolutions spatiales.

Drumul Taberei, Bucarest

Ainsi, les points de vue urbain et architectural se rassemblent pour créer une entité propre, et les espaces intérieurs, communs comme privés, commerces, espaces de circulation ou logements, se prolongent dans une logique globale jusque dans la rue, dans le quartier, et dans la ville. District 2, Bucarest 48


Cluj-Napoca

Bulevardul Bucuresti, Brasov

Constanta

Piatra Neamt 49


50

Bacau

Ploiesti

Podu Ros, Iasi

Ploiesti


2.2. Bâti et logement : le bloc, une typologie architecturale singulière 2.2.1. Chiffres et données sociales L'une des particularités de ces blocs réside dans la privatisation de l'ensemble des logements à la chute du régime communiste en 1989. Auparavant propriété de l’État, les logements ont été vendus pour une somme symbolique aux habitants. A la suite de cela, ces derniers sont en général restés dans ces appartements, principalement par manque de moyens. Les types de logements, en grande majorité des T3, ne permettent donc pas d'assurer une hétérogénéité équilibrée des ménages. En effet, puisque les habitants restent dans les blocs, les ménages grossissent et les familles manquent de plus en plus d'espace. On assiste à un contexte de surpopulation des logements (33%), que l'on retrouve également dans l'ensemble de la Roumanie (40%). Cependant, on peut également remarquer un taux de sous-population important (40%) dans ces blocs, que l'on ne retrouve pas partout, et qui est certainement dû à la proximité de l'Université qui accueille de nombreux étudiants étrangers qui ont alors les moyens 51


de louer des logements plus grands pour le prix d'un studio dans leur pays. La deuxième raison de ce sous-peuplement des appartements rejoint l'évolution de propriété des logements : les propriétaires de 1989 étant restés, la majorité d'entre eux sont aujourd'hui âgés et, lorsque leurs enfants ont pu prendre leur indépendance et s'installer dans un autre logement, ils se retrouvent dans un T3, seuls ou à deux. Pour les autres, qui ont peu de moyens, ils sont parfois contraints de partager un appartement entre générations : enfants, parents et grand-parents. La surface des T3 n'est plus suffisante et il n'y a pas assez de T5 pour répondre à toutes les demandes. On assiste alors à des modifications et des redivisions des pièces : la plus grande chambre en devient deux, ou le séjour se transforme en chambre. Les surfaces, déjà assez restreintes par la structure, deviennent encore plus petites et les espaces communs ne sont plus que les circulations et la cuisine.

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2.2.3. Les conditions sociales et spatiales à l'échelle de l'édifice La structure du bloc est composée, comme pour un grand nombre de blocs aux normes parasismiques, d'une dalle en béton armé surmontée de poteaux en T et poutres en béton armé. Les murs de remplissages sont en brique, matériaux que l'on retrouve très souvent dans toute la Roumanie et particulièrement dans la région de Iași. Avec une trame de 5,80 mètres, cette structure contraint les espaces et les surfaces des pièces. On a donc des pièces principales relativement petites, et des espaces de circulation disproportionnés. Les chambres bénéficient cependant toutes de loggias, et les séjours parfois de balcons. Les logements exposés au sud gagnent de la chaleur en hiver mais deviennent des saunas en été, où les températures peuvent attendre les 45° C. Les logements exposés au nord sont donc plus vivables en été mais nécessitent un chauffage permanent en hiver, où les températures descendent jusqu'aux -25° C. 55


« Je vis ici depuis le début. 1984 ! C'est chez moi, c'est tout. De toute façon je ne pourrais pas aller ailleurs, je n'ai pas les moyens et puis finalement, j'y suis heureux. » DOMNUL C. RAILEANU, 83 ans (roumain)

« Le loyer est vraiment donné, même si je ne viens pas d'un des pays les plus riches d'Europe ! J'ai un T3 et j'y vis tout seul, les propriétaires s'en foutent, ils ont l'assurance que l'on payera toujours, comme on est étrangers. » P. ALEVRAS, 19 ans (grecque)

« Cet immeuble, moi j'y suis attaché. Il est solide. Il a des défauts, parfois l'électricité saute ou les ascenseurs tombent en panne mais il tiendra longtemps. Et puis les étudiants de l'UMF comblent en général la vacance de quelques logements. »

« L'isolation phonique est déplorable... Et l'immeuble vieillit trop vite. Heureusement que la femme de ménage garde les espaces communs propres. »

DOMNUL G. SAVESCU, 69 ans (roumain)

DOMNUL S. TUDOSE, 54 ans, (roumain)

« C'est un peu compliqué, on est à l'étroit. Les enfants dorment dans une chambre, mes parents dans la seconde, et nous, avec mon mari, on a aménagé le séjour pour en faire une troisième chambre. Par contre, avec l'exposition plein sud, on paye moins de chauffage, même en hiver, et ça compense notre consommation d'eau. »

« Le loyer est pas cher, mais à quatre c'est vrai qu'on manque un peu de place. La cuisine et même le couloir sont devenus nos lieux de rencontre entre colocs, plus que le séjour même, qui est beaucoup trop petit pour y faire quoi que ce soit. »

DOAMNA E. CRETU, 37 ans (roumaine)

C. BESSAH, 23 ans (française)

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Des problématiques sociales et architecturales entrecroisées A travers cet état des lieux des édifices et de leur contexte proche, on peut comprendre les difficultés spatiales introduites à l'intérieur comme à l'extérieur des logements. D'un point de vue esthétique et historique, l'architecture de ces bâtis rappelle une époque difficile et son insertion dans le tissu est aujourd'hui controversé. Pourtant, il est présent comme un héritage physique et fait partie du paysage urbain de nombreuses villes roumaines, et du quotidien de sa population. D'un point de vue constructif et technique, les points positifs et négatifs s'additionnent. On peut s'appuyer sur une structure parasismique efficace, mais qui néanmoins contraint les espaces intérieurs. Entre une matérialité brute et un soin apporté à la stabilité de l'édifice, les surfaces des pièces et des logements en général manquent de liberté. Les habitants ne sont pas toujours à leur aise dans leur habitat et leurs besoins fondamentaux, quant à leur qualité de vie, sont bafoués. Il serait nécessaire de réfléchir à des solutions adaptables à la demande des propriétaires, bien qu'économiquement parlant et dans la situation complexe d'une copropriété, on peut s'interroger sur les facilités de réhabilitation à l'échelle d'un ensemble aussi important de propriétaires et d'habitants divers. Pour autant, d'un point de vue architectural, on peut réfléchir à des propositions globales et durables pour offrir à ces édifices et à leurs habitants des solutions viables et surtout, habitables. 57


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3. stratégie et projet : UNE REHABILITATION EN INTERACTION AVEC L'ESPACE 41


1. STRATÉGIE ETPROJET :UNE RÉHABILITATION EN INTERACTIONAVEC L'ESPACE 3.1. Requalifier le quartier 3.1.1. Reconnexion nord/sud et requalification des abords en faveur du piéton La question du contexte proche des trois blocs du projet trouve son point central dans la rupture créée par le boulevard au cœur du quartier d'Indépendance/Targu Cucu. Avec six voies de circulations, le nord et le sud sont tenus à l'écart l'un de l'autre et le piéton ne trouve pas directement sa place dans cette immensité dessinée pour la voiture. Le projet vient adoucir cette rupture, par la mise en avant d'espaces piétonnisés, en totalité au nord des blocs, et partiellement sur le boulevard de l'Indépendance, de manière à offrir des espaces plus calmes et à échelle humaine tout en gardant une fluidité dans les échanges avec deux voies, l'une pour la voiture et l'autre pour le tramway qui optimisera l'utilisation du boulevard. 60


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3.1.1. Le végétal, une liaison à l'échelle de la ville Iași est une ville très verte. On y trouve de nombreux parcs en périphérie comme en centreville, et les rues sont majoritairement plantées, notamment de tilleuls. La présence de maisons en ville, toutes entourées de jardins, permettent une végétalisation en pleine terre qui contribue à ce voile vert qui recouvre la ville. Pourtant, certains tracés, souvent les plus imposants, manquent encore de végétal et appuient cette rupture précédemment soulevée. C'est le cas en effet du boulevard de l'Indépendance, pour lequel la végétation ne tient pas une place prépondérante. La piétonnisation d'une grande partie de cet axe permet donc de renforcer le végétal au travers de parcs, plus ou moins arborés, afin de relier les tissus nord et sud du quartier dans une logique s'appuyant simplement sur le déjà-là et sur la simplicité d'un apport végétal pour une ville. Cela s'inscrit également dans une dynamique environnementale, avec un climat continental relativement ardu pour lequel la végétation joue un rôle de régulateur thermique. 62


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3.1.2. Mise en valeur des rez-de-chaussées dans le contexte du quartier Cette liaison visuelle et spatiale se retrouve également à une échelle plus resserrée, celle du traitement des rez-de-chaussées et de leur contexte direct. Les aérations entre les trois blocs Independența déjà existantes ainsi que les passages au cœur des blocs sont renforcés, tantôt par l'accueil des cages d'escalier et tantôt par le prolongement de ces passages jusqu'à la rue Sfanțul Teodor, au nord, qui dessert à la fois l'église Sfanțul Teodor et un regroupement important d'écoles, collège et lycée. La traversée des blocs devient alors plus aisée pour le piéton et l'accès au nouveau boulevard devient plus intuitif et fluide. Les rez-de-chaussées, quant à eux, accueilleront toujours les nombreux commerces qui donnent vie au quartier, et se verront ponctués par des équipements divers adaptés aux besoins alentours, notamment tournés vers les écoles de la rue Sfanțul Teodor et la faculté de médecine UMF, à quelques pas à l'ouest des blocs. 64


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3.2. Réhabiliter le bloc : entre conservation et extensions 3.2.1. Une structure efficace à préserver Comme nous avons pu le présenter auparavant, la structure parasismique des blocs, formée de dalles, de poteaux en forme de T et de poutres en béton armé, est sans aucun doute une qualité technique à conserver et à valoriser pour la réhabilitation de ces bâtis. On propose alors de déshabiller l'édifice pour n'en garder que l'ossature, ou presque. Le matériau de remplissage des murs restera la brique, il semble donc judicieux de garder une partie de ces murs et de les inclure dans la reconfiguration des espaces. Ce sera le cas pour les loggias nord ou encore pour certains murs de séparation des logements. Mais la structure sera, quant à elle, entièrement sauvegardée, et jouera cette fois-ci un rôle dans le dessin des façades, au nord comme au sud, afin d'apporter un rythme visuel permettant d'adoucir la brutalité de ces 400 mètres de béton.

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3.2.2. Une circulation au service des logements et des habitants En parallèle de cette structure, la circulation sera modifiée. On offre une desserte des logements par coursives, au nord, et la circulation verticale peut alors aussi devenir horizontale. On viendra greffer cette sousstructure indépendante tout au long de la façade. On pourra ainsi offrir une esthétique moins statique et plus vivante de cette façade nord. Le choix de positionner les cages d'escaliers en pignon est et ouest des trois blocs permet de faire fonctionner les bâtis de tous côtés et de minimiser cette logique binaire qui laissait auparavant totalement de côté les pignons de brique de l'existant. On peut imaginer des coursives presque habitées, avec une largeur suffisante pour offrir à la fois une traversée confortable, des appropriations ponctuelles par les habitants, et une mise à distance des logements par les loggias existantes.

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3.2.3. La toiture, une terrasse sur la ville La toiture des trois blocs est aujourd'hui inutilisée et inutilisable. Pourtant, elle offre une surface de pas moins de 5000 m², tous blocs confondus, que l'on pourrait aisément utiliser comme un espace commun et de partage pour l'ensemble des habitants. Des possibilités de végétalisation légères, plus ou moins ponctuelles, semblent être en adéquation avec le projet plus large de re-végétalisation des alentours précédemment présenté, au nord comme au sud des blocs. On proposera également l'ajout de structures légères, qui s'appuieront sur la trame structurelle des immeubles, afin de créer des points centraux couverts ou semi-couverts, appropriables par les habitants de diverses manières : herbiers, potagers, terrasses, espaces de jeux, rangements, les activités pouvant évoluer en fonction des saisons et des besoins des habitants eux-mêmes. Les cages d'escaliers donneraient donc accès directement à cette toiture pour les habitants, en s'affranchissant du système de coursives pour n'offrir que trois points d'accès, l'un central et les deux autres aux extrémités de chacun des édifices. 68


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3.3. Ré-habiter les logements : s'adapter aux besoins des habitants 3.3.1. Des logements traversants pour répondre aux problématiques thermiques Aujourd'hui, mono-orientés, les logements au nord manquent cruellement de chaleur tandis que les logements au sud deviennent rapidement étouffants en été. Dans cette réhabilitation, on propose des logements en double orientation, afin de faciliter la circulation et le renouvellement de l'air, et également pour offrir une luminosité différente selon les pièces. Les chambres sont alors majoritairement placés sur la façade nord, et bordées des loggias existantes, permettant ainsi de créer un filtre d'intimité (face aux coursives) et un filtre thermique pour ces pièces. Au sud, on retrouve systématiquement les espaces de vie, séjours et cuisines, qui profitent de la lumière du sud tout en étant protégés par des loggias relativement profondes pouvant faire office soit de terrasses, soit de prolongement du séjour. 52


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3.3.2. Des typologies au service d'une mixité sociale Afin de palier aux problème de surpeuplement et sous-peuplement des logements, on propose dans cette réhabilitation un panel plus large et plus équilibré de types de logements. Allant du T2 au T5, le nombre de logements adaptés aux familles nombreuses ou à l'inverse aux personnes seules augmente. On offre également la possibilité aux familles générationnelles de jouir de deux logements indépendants mais interconnectés par un escalier direct entre les deux étages et une terrasse commune. Les surfaces des logements sont également plus adaptées : les espaces de circulations sont moins conséquents et redistribués au profit des pièces à vivre ou des chambres. Les T2 et T3 fonctionnent en simplex tandis que les T4 et T5 s'organisent en duplex. Enfin, les accès aux entrées des logements sont centrales, et offrent alors des possibilités de rangements à l'extérieur des logements, afin d'éviter d'utiliser les loggias comme espaces de stockage. 72

EDL

PROJET

T2

84

141

T3

308

105

T4

0

27

T5

30

90

TOTAL

422

363


73


74


Un projet qui peut se développer à l'échelle de la ville Ce projet de réhabilitation s'inscrit donc dans une dynamique à différentes échelles : celle du quartier, celle du bloc et celle du logement. Mais elle peut également s'inscrire dans un projet spatialement plus large et qui pourrait se développer sur une période plus longue. On peut imaginer un phasage pour un projet urbain qui tiendrait compte de tous les points abordés dans cette situation pour les appliquer au centre-ville de Iași. Il serait en effet intéressant d'imaginer que la restructuration des espaces urbains et du contexte du quartier de l'Indépendance/Targu Cucu puisse s'appliquer à une zone plus large, afin de redonner au centreville historique une dimension plus humaine et accessible. Avec la systématisation, non seulement les blocs de béton mais également la voiture ont pris une place prépondérante dans le paysage urbain. On peut alors proposer des solutions pour arriver à terme à un centre-ville piétonnisé, comme on tend à le faire dans un grand nombre de centres urbains aujourd'hui, notamment dans les pays occidentaux. Il serait par ailleurs judicieux d'intégrer cette notion dans un projet urbain, afin de redéfinir les espaces de vie d'une manière beaucoup plus adaptée à l'Homme, offrant à ce dernier un rythme de vie plus agréable et accessible. 75


76


CONCLUSION A travers ce travail de fin d'études, j'ai pu appréhender les nombreuses facettes qui constituent un projet dans son ensemble. Il est vrai qu'au cours de mes études, j'ai étudier des mises en situations de projets dans différents contextes ; j'ai analysé, projeté ou encore problématisé des situations architecturales toutes différentes. Mais ce projet de fin d'études a été l'occasion de regrouper tous ces outils pour les mettre au profit d'une problématique choisie et ancrée dans une réalité qui m'interpelle. La ville de Iași me semblait familière, y ayant passé un an et de nombreux étés, pourtant, en choisissant ce projet, je me donnais comme objectif de comprendre en profondeur le fonctionnement de cette ville, et d'un quartier choisi, pour découvrir à une échelle plus accessible quels étaient les besoins et les voies de développement qui pourraient porter la ville vers une évolution positive. Il était alors question d'aborder ce sujet par l'architecture, et plus largement par l'espace. Pourtant, l'espace n'est pas la seule clef en architecture, et les valeurs historiques, sociales, économiques et environnementales en sont des rouages essentiels. L'ensemble de ces notions, qui méritent d'être mises en lumière, m'ont intuitivement amenée – et c'est finalement une logique directement liée aux problématiques de la Roumanie contemporaine – à réfléchir à la question fondamentale de la réhabilitation comme solution pour répondre aux besoins actuels de la ville de Iași. 77


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Il est bien évidemment question de traiter cette proposition au travers de l'habiter, à différentes échelles, et c'est ce que j'ai essayé de faire à travers ce projet. Je souhaitais mettre en évidence des problématiques qui impactaient directement la vie des habitants des blocs, mais également d'une manière plus subtile, moins évidente à cerner, celles qui avaient des répercutions sur l'ensemble du quartier et de la ville. A travers ce projet, mon souhait n'était pas d'apporter une solution applicable dès aujourd'hui pour solutionner des problèmes architecturaux et sociaux dans l'organisation de ces blocs, mais plutôt de proposer une vision relativement ouverte de la réhabilitation. C'est une proposition fictive, qui s'inscrit dans un site réel, et qui tente simplement d'améliorer les conditions de vie des habitants par l'architecture. Il est vrai qu'aujourd'hui, on peut parfois oublier la simplicité d'une réponse architecturale au profit d'une réponse technique ou technologique. Pourtant, l'air, la lumière, l'ombre, la chaleur, la végétation, sont des points d'ancrage naturels et intuitifs auxquels l'architecture peut aisément répondre par la réflexion spatiale. Il n'est en aucun cas question dans ce projet de fin d'études d'imaginer inventer de nouvelles formes d'architectures qui pourraient révolutionner les espaces urbains, mais seulement d'apporter une vision critique à un débat qui ne fait que s'esquisser à l'heure actuelle. J'ai été agréablement surprise de découvrir, à quelques semaines de ma soutenance de projet, qu'un workshop à destination des étudiants de la faculté d'architecture de Cluj-Napoca dans l'ouest de la Roumanie, avait été organisé à Targu Mureș, dans le quartier de Tudor Vladimirescu, par l'association unDAverde, dans le but de proposer une réhabilitation fictive d'un bloc de l'époque communiste. C'est la première véritable réflexion architecturale qui s'est mise en place en Roumanie concernant la réhabilitation, et le projet a été testé à l'échelle 1 sous forme d'installation sur la façade du bloc. Les habitants du quartier, adultes comme enfants, ont accueilli ce projet avec beaucoup d'enthousiasme et c'est, je pense, une promesse quant aux possibilités de réhabilitations et de renouveau pour l'ensemble de ce beau pays qu'est la Roumanie. 79


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BIBLIOGRAPHIE Livres DURANDIN Catherine, Histoire des Roumains, Paris, Éditions Fayard, 1995, 573 pages DURANDIN Catherine et PETRE Zoé, La Roumanie post 1989, Paris, Éditions L'Harmattan, 2008, 218 pages GERMANN Georg et SCHNELL Dieter, Conserver ou démolir ? Le patrimoine bâti à l'aune de l'éthique, Gollion (Suisse), Éditions Infolio, 2014, 145 pages GRAS Pierre, KADDOUR Rachid, PAYEN Catherine, HLM & patrimoine : l'héritage de l'habitat social dans la Loire, Lyon, Éditions Lieux dits, 2008, 141 pages IONESCU Grigore, Istoria arhitecturii in România, de la sfirsitul veacului al XVI-lea pina la inceptul celui de al cincilea deceniu al veacului al XX-lea, Bucarest, Editura Academiei Republicii Sociliste România, 1965, 539 pages MOLEY Christian, (Ré)concilier architecture et réhabilitation de l'habitat, Paris, Éditions du Moniteur, 2017, 288 pages PAQUOT Thierry, LUSSAULT Michel, YOUNES Chris, Habiter, le propre de l'humain: villes, territoires et philosophie, Éditions Découverte, 2007, 388 pages SALIGNON Bernard, Qu'est-ce qu'habiter ? Éditions de la Villette, 2010, 143 pages VESCHAMBRE Vincent, Traces et mémoires urbaines, enjeux sociaux de la patrimonialisation et de la démolition, Rennes, Presse universitaire de Rennes, 2008, 315 pages ZAHARIADE Ana Maria, Arhitectura in proiectul comunist : Romania 1944-1989, Bucarest, 2011, 144 pages 81


Travaux de recherche FIRAN Carmen, « Le logement social en Roumanie », mémoire de master en sciences sociales, sous la direction de Alain Bertho, Paris, Université de Paris 8, 2007 VAGNER Iulian Ioan, « Corelarea intre reabilitarea structurala, functionala si estetica asupra cladirilor », thèse de doctorat en construction, sous la direction de Mihai Budescu, Iasi, Facultatea de Constructii si Instalatii din Universitatea tehnica Gheorghe Asachi, 2015 Articles AGERPRES, « PMB : 10 milioane de euro alocate in bugetul pe 2018 pentru reabilitarea si consolidarea cladirilor cu risc seismic » dans Economica.net, 2018, disponible en ligne : http://www.economica.net/pmb10-milioane-de-euro-alocate-in-bugetul-pe-2018-pentru-reabilitarea-si-consolidarea-cladirilor-cu-riscseismic_150777.html ANONYME, « Peste 130 de blocuri din sectoarele 3, 4 si 6 urmeaza sa fie reabilitate » dans Digi24, 2018, disponible en ligne : https://www.digi24.ro/stiri/actualitate/social/primaria-capitalei-vrea-sa-reabiliteze-peste-130de-blocuri-din-sectoarele-3-4-si-6-930031 CHEBANA Mehdi, « A Iasi, l'autre capitale de la Roumanie » dans Le Courrier des Balkans, 2015, disponible en ligne : https://www.courrierdesbalkans.fr/blog-o-ia%C8%99i-l-autre-capitale-de-la-roumanie DIACONU Adriana, « Construire contre l'État en République socialiste de Roumanie (1947-1989) » dans Le Mouvement Social, vol. 245, no. 4, 2013, pp. 71-82 FEZI Bogdan Andrei, « De la systématisation de Bucarest à la destruction des villages roumains » dans In Situ. Revue des patrimoines, 2013, n°21 GRIDAN Irina, « La Roumanie de Gheorghiu-Dej, satellite récalcitrant de l'URSS » dans Bulletin de 82


l'Institut Pierre Renouvin, 2014, n°39, pages 147-154 IVANOV Catiusa, COZMEI Victor, « Reabilitarea termica in Bucuresti. Cati bani a consumat acest program si ce probleme tehnice au aparut » dans HotNews.ro, 2013, disponible en ligne : https://www.hotnews.ro/stiri-administratie_locala-14708168-fotogalerie-reabilitarea-termica-bucuresti-catibani-consumat-acest-program-probleme-tehnice-aparut.htm PADURARIU Cezar, « Megastructuri comuniste la Iaşi. Istoria industrializării oraşului şi cum se laudă Iliescu că l-a fentat pe Nicolae Ceauşescu » dans Adevarul.ro, 2015, disponible en ligne : https://adevarul.ro/locale/iasi/megastructuri-comuniste-iasi-istoria-industrializarii-orasului-ajuns-triplezepopulatia-ridicarea-cug-1_550bf11b448e03c0fdbb69c3/index.html PAPAGEORGIADIS Ilias, « Blocurile vechi construite in anii comunismului : elemente pozitive si negative ale optiunilor principale rezidentiale ale tarii » dans HotNews.ro, 2011, disponible en ligne : https://economie.hotnews.ro/stiri-imobiliar-8500376-blocurile-vechi-construite-anii-comunismuluielemente-pozitive-negative-ale-optiunilor-principale-rezidentiale-ale-tarii.htm VAN DER GRAAF Peter, « The lost Emotion : feeling at home in sociology », RC21 Conference, Sao Paulo (Brésil), 2009, 29 pages Textes de lois ASSEMBLEE NATIONALE, « Lege nr. 58 din 1 noiembrie 1974 », publié dans Buletinul oficial nr. 135, Bucarest, 1974 CONSEIL DE L'EUROPE, « Convention pour la sauvegarde du patrimoine architectural de l'Europe », STE 121 3.X.1985, Grenade, 1985 MDRAP, « Programul de reabilitare termica a blocurilor de locuinte », 2009, disponible en ligne : http://www.mdrap.ro/programul-national-privind-cresterea-performantei-energetice-la-blocurile-de-locuinte 83


MDRAP, « Programul de interventii in prima urgenta la constructii vulnerabile si care prezinta pericol public », disponible en ligne : http://www.mdrap.ro/constructii/siguranta-post-seism-a-cladirilor/programede-prevenire-a-riscului-seismic/interventii-prima-urgenta Sites web ALERT, http://seismic-alert.ro/ Statistiques sur le logement, EUROSTAT, https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php? title=Housing_statistics/fr IASI TRAVEL, http://iasi.travel/ro/ File din istoria Iaşului, LA IASI, Orasul virtual, https://www.laiasi.ro/file-din-istoria-iasului/ MNEMONICS, http://www.mnemonics.ro/ TEMPO ONLINE, Baze de date statistice, http://statistici.insse.ro:8077/tempo-online/#/pages/tables/inssetable

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ICONOGRAPHIE Crédits photographies Iasi Travel Socialist Modernism / BACU Iasiworld Iasi fotografii vechi Visitclujnapoca Hai la Brasov Constanta city Piatra Neamt city I love Bacau Photos état des lieux : crédits personnels Cartes et plans Crédits personnels Google maps

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