Dossier pédagogique - Musée Wurth

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DOSSIER PEDAGOGIQUE Secondaire


INFORMATIONS PRATIQUES L’exposition « L’ombre des mots. Gao Xingjian – Günter Grass, encres et aquarelles » sera présentée jusqu’au 16 mai 2010. Le musée est ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h. Pour des questions de gardiennage, il ne nous est pas possible d’organiser des visites de l’exposition en dehors de ces horaires. De même, nous ne pouvons accueillir plus de deux classes à la fois dans le musée. L’entrée au musée ainsi que l’utilisation de la salle pédagogique est gratuite pour les groupes scolaires. Nous proposons également des visites accompagnées par notre médiatrice. Sa rémunération (60€) sera prise en charge pour moitié par le musée, la seconde moitié, soit 30€ sera facturée à l’établissement. Pour toute visite, accompagnée ou non, nous vous demandons de bien vouloir nous en faire la demande au minimum 15 jours avant la date souhaitée. Contact : Claire Hirner Mail : claire.hirner@wurth.fr Tel Direct: 03 88 64 54 65 Tel Accueil : 03 88 64 74 84 Dans le but d’organiser votre visite au mieux, voici quelques consignes qui nous permettrons à tous de travailler dans de bonnes conditions : Avant la visite, il est nécessaire de préparer les élèves au lieu spécifique qu’est un musée. Le musée est un lieu de partage d’un bien commun, il est nécessaire de le respecter, de respecter les objets qu’il présente ainsi que les autres personnes qui peuvent en profiter. Cela signifie : ne pas toucher aux œuvres et, pour cela, ne pas courir, se bousculer, ne pas s’approcher trop près ; ne pas crier, respecter les mêmes règles de prise de parole qu’en classe. Pendant la visite, l’enseignant et les accompagnateurs sont là pour encadrer le groupe et permettre aux élèves de participer au mieux à la visite menée par notre médiatrice. Le matériel nécessaire est fourni par le musée, l’élève ne doit pas prendre avec lui ni trousse, ni cahier, tout doit être déposé au vestiaire. Le parc qui borde le musée est accessible aux visiteurs et peut vous permettre de faire une pause avant ou après la visite.


INTRODUCTION Ce document vous propose des pistes pédagogiques autour des thématiques abordées dans l’exposition L’ombre des mots. Gao Xingjian – Günter Grass, encres et aquarelles. Les éléments complémentaires vous sont donnés à la fin du dossier dans les annexes : biographies, illustrations, textes. L’exposition L’ombre des mots propose un dialogue entre deux artistes, à la fois poètes, romanciers, peintres et hommes de théâtre. Connus pour leurs travaux littéraires, ils revendiquent chacun une pratique picturale. La rencontre entre ces artistes pluridisciplinaires permet d’esquisser deux portraits singuliers marqués par l’histoire du XXe siècle. Gao Xingjian, artiste dépossédé de son art et de ses racines par la Révolution culturelle chinoise, reste cependant empreint d’un idéal de beauté. Tout son œuvre participe d’une quête des origines de la peinture et de la littérature qui tend à révéler la primauté de l’individu hors de toute doctrine idéologique. Tout l’œuvre de Günter Grass est imprégné de l’histoire de l’Allemagne. Artiste engagé, ouvert sur le monde, il maîtrise de nombreux registres, tous foisonnant de mots et de formes. Les deux artistes se rejoignent dans une forme de quête, celle de l’enfance perdue, de la liberté de l’individu et de l’utopie d’un monde plus juste.

L’HISTOIRE L’ouvrage Mon siècle, publié en 1999, est composé d'une centaine de courts récits, partiellement autobiographiques. Chaque texte représente le regard d’un narrateur différent sur des événements très divers de l’Histoire, mais aussi des épisodes de la vie personnelle de Grass. Les récits sont tous accompagnés d’une aquarelle qui illustre et date l’événement. Il existe deux versions de cette série. Dans la première, Grass recouvre toute la surface de la feuille d'écriture et de peinture. La deuxième, présentée dans cette exposition, est constituée uniquement de dessins. Elle est davantage conçue selon un principe de mise en page éditoriale ; les parties blanches étant destinées à accueillir le texte imprimé. En annexe : des textes de Günter Grass, extraits de Mon siècle, les années 1943 et 1989. PISTES PEDAGOGIQUES • • •

Demander aux élèves de faire une recherche sur les évènements politiques, sociologiques et culturels qui ont eu lieu l’année de leur naissance. Ils réalisent ensuite une illustration qui résume le fruit de leur recherche. Réaliser un cycle de dessin sur une période donnée pendant laquelle chaque élève réalise une illustration par jour. Ce travail permet d’aborder la thématique du carnet de bord. Dans chacun des récits de Mon siècle, Grass plonge dans l’univers intérieur de personnages très divers pour mieux se fondre dans la multiplicité des registres de langue tout en variant les procédés de composition du texte littéraire : lettre, récit, dialogue. De la même manière, à partir


d’un évènement historique, les élèves peuvent en faire le récit du point de vue d’un personnage de fiction du même type que ceux choisis par Grass : Une petite fille Un vieillard Un photographe Un soldat OUVERTURE Ce cycle peut permettre d’aborder différents genres littéraires tels que : le roman, la fable, les notes de voyages, le conte, le témoignage, le dialogue, le slam…

L’OMBRE ET LA LUMIERE Les encres de Gao sont loin d’êtres monochromes. En effet, la gamme variée de noirs, de gris et de blancs qu’il utilise lui permettent d’échapper à ce qu’il appelle le « trou noir de l’encre » à savoir un espace saturé, sans profondeur. En plus de l’encre de Chine et du papier, l’eau est son troisième matériau de prédilection : il réalise des lavis afin de nuancer les gris qu’il applique par couches successives. Les nombreuses nuances de gris, les jeux d’ombres et de lumière donnent à ses œuvres une profondeur qu’un simple noir n’aurait pas permis. En annexe : GAO Xingjian, Nuit silencieuse, 2008. PISTE PÉDAGOGIQUE • A partir d’un objet posé sur une table (trousse, gobelet, pomme…) observer les différents éléments d’ombre et de lumière : ombres sur l’objet, ombres portées, sources de lumière, etc. • A partir des échantillons donnés en annexe : faire retrouver aux élèves les gestes du crayon. • Demander aux élèves de reproduire une première fois l’œuvre Nuit silencieuse en utilisant ces techniques. Afin d’explorer les notions de contraste, de dégradé, de clair-obscur, la reproduire à nouveau en utilisant une ou deux couleurs, si possible éloignées de la symbolique de la lumière (pas de jaune par exemple) et différentes techniques : encre, aquarelle, découpage, peinture, en réserve (en préservant le support) ou en rehaut (en ajoutant du blanc). OUVERTURE La lumière est un sujet récurrent dans l’histoire de l’art, un véritable outil de création empli d’une symbolique forte. Voici quelques artistes qui ont exploré cette thématique : Caravage, Georges de la Tour, Claude Monet, Dan Flavin.


LA QUÊTE La notion de quête est au cœur du travail littéraire et pictural de Gao Xingjian. Son roman La montagne de l’Âme relate le voyage initiatique d'un homme qui quitte la capitale chinoise pour fuir les violences politiques de la Révolution culturelle. Les errances du personnage constituent un double voyage à la fois géographique, à travers des régions reculées attachées à leurs traditions millénaires, et intérieur, au travers d’une réflexion philosophique sur l’individu. L’évocation de la quête apparaît chez Gao Xingjian comme un éloge de la fuite ; dans ses œuvres, la fuite est toujours conçue comme une quête de liberté : elle est moteur de la création et permet à l’artiste de se sentir « vivant ». PISTES PÉDAGOGIQUES Les peintures de Gao ne se dévoilent pas à la première lecture ; d’abord abstraites, elles prennent sens à travers le regard du spectateur qui interprète les formes, les lignes, les surfaces. Il y a un décalage entre le motif qui est vu et les associations d’idées que cette forme suggère. Un trait vertical, par exemple, représente pour Gao la figure humaine. Kandinsky fut le premier à utiliser les formes pour ce qu’elles sont en les libérant de toute représentation figurative. Cependant, il reconnaissait à chaque forme une signification : le cercle signifie la perfection et le triangle, l’énergie. L’orientation a aussi son importance : une ligne horizontale signifie le calme tandis que la ligne ascendante manifeste la joie. Il établit ainsi un vocabulaire totalement nouveau qui sous-entend que chaque forme a un sens dénoté et un sens connoté. 1. Commencer la séance en montrant des exemples « d’images signe » : Pictogrammes, Idéogrammes chinois, hiéroglyphes égyptiens, A.R. Penck, Cy Twombly, Keith Haring, Paul Klee… 2. Proposer aux élèves des formes géométriques simples et leur demander de faire la liste des associations d’idées qu’elles suggèrent. Par exemple : Carré = ordre, limite, masculin, rigueur, cadre, … 3. Dictée graphique : l’enseignant dicte aux élèves une série de mots issus des titres des œuvres de Gao (liste ci-dessous). les élèves, à l’aide d’un simple crayon, produisent un signe graphique évoquant ce mot, sans tomber dans le dessin illustratif. Afin d’aller à l’essentiel, le temps imparti pour chaque mot doit être de moins d’une minute. Le signe peut être inspiré par la sonorité du mot ou bien par une représentation du sens qu’on lui donne. Liste : l’angoisse, l’éclat, la fuite, l’évocation, la dispersion, l’absorption, la mémoire, le songe, l’expression, l’instant, l’impulsion, la perspective, l’illusion, la nostalgie, la mémoire. OUVERTURE Le thème de l’exil est au centre de l’œuvre de Gao. L’artiste affirme que la fuite de son pays vers la France a été le seul moyen de sauver sa veine créatrice, elle lui a permis de faire émerger ce qu’il porte au fond de lui. L’étude de l’œuvre de Gao permet de mener à une réflexion sur l’exil : quels hommes célèbres ont connus l’exil, qui sont les exilés anonymes, en quoi l’exil peut-il devenir un moteur ?


LE MYTHE Tirer la langue Conçu à la suite du troisième voyage en Inde de Günter Grass, l’ouvrage Tirer la langue constitue un triple reportage autobiographique avec un cycle d'une soixantaine de dessins, un journal en prose et un poème. Günter Grass part se confronter à la misère, la surpopulation et la pollution des bidonvilles de Calcutta. Il se retrouve ainsi face à un sujet qui lui est cher : la discrimination sociale. Il consigne en notes et en croquis ses impressions et ses visions de la ville dans des carnets de voyage. Les lignes sinueuses et tourmentées des dessins traduisent tout à la fois l’état de nervosité, d’effroi et de fascination de l'écrivain. Grass choisit comme thème central de ses recherches réalisées en Inde le récit mythologique de la déesse noire Kali, à la fois incarnation et symbole de la destruction et de la fécondation. PISTE PÉDAGOGIQUE •

À l’image du travail d’appropriation du mythe de Kali par Grass, les élèves transposent à leur tour un personnage mythique dans leur univers quotidien. Ils étudient sa représentation traditionnelle puis le réinterprètent à travers une représentation graphique.

OUVERTURE Le travail de Günter Grass va permettre d’aborder la question du mythe contemporain véhiculé par les médias de communication moderne (publicité, cinéma, musique et télévision). Les mythes ont changé de forme, mais sont aussi présents qu'autrefois. Les sémiologues comme Roland Barthes et Umberto Eco ont étudié ces mythes contemporains : comme Hercule dans l'Antiquité, Superman lutte contre les injustices et combat les méchants. Comme la belle Hélène de Troie, les tops modèles font soupirer les coeurs d'envie et de désir!

LA NATURE Gao Xingjian est un marcheur solitaire pour qui la nature est à la fois une référence directe à la campagne chinoise qu’il aimait parcourir mais aussi une évocation des paysages intérieurs qui l’habitent. En arpentant la nature, le rythme de la marche devient source de méditation pour l’homme, sa pensée se libère. De même, ce sont les scansions de la musique répétitive de compositeurs tels que Bach, Messian, Glass ou Schnittke qui permettent à l’artiste d’atteindre la concentration à laquelle il aspire. Dans l’acte de création, il retranscrit le souffle et les rythmes puisés dans le paysage. Ainsi l’exploration des quatre éléments, la terre, l’eau, le feu et l’air, au moyen de l’encre de Chine participe de la volonté de Gao Xingjian de retrouver l’essence du paysage.


PISTES PÉDAGOGIQUES • •

Chaque élève choisit un élément et détermine ses caractéristiques en fonction de chaque contexte. Par exemple l’eau de la mer peut être calme, étendue ou agitée, sombre ; celle d’un torrent rapide, blanche, etc. Dans un second temps l’élève représente l’élément choisit dans ses différentes formes avec de l’encre de Chine uniquement. Les élèves ont à leur disposition différents outils (pinceaux brosse, plume, éponge, rouleau, chiffons…) et des supports de différente nature (papier aquarelle, papier bristol, carton, tissus, …)

Ce travail permet d'expérimenter les supports, les outils, les actions et de se rendre compte de l’étendue des solutions. OUVERTURE La nature est très présente dans l’œuvre de Gao, aussi bien dans ses peintures que dans ses romans : La Montagne de l’Ame le montre dans une nature intacte, originelle où l’homme n’est pas encore intervenu. Cette problématique se rapproche des questionnements écologiques actuels.


ANNEXES Illustration partie Ombre et lumière :

GAO Xingjian, Nuit silencieuse, 2008, Encre de Chine sur papier, Collection de l’artiste


Echantillons Ombre et lumière :

Le Mythe de Kali Günter GRASS, Tirer la langue, 1987, Encre de seiche sur papier.

Représentation traditionnelle de Kali Kali est un personnage mythique indien qui possède des récits très variables et différents, cependant quelques constantes existent. Kâlî est considérée comme la force qui détruit les esprits mauvais et qui protège les dévots. Elle est représentée nue, avec la peau noire (à l'inverse de son époux, Shiva, couvert de cendres, qui est blanc), le regard féroce et la langue tirée, portant un long collier, composé de crânes humains, dansant sur le corps de Shiva, qui en position de cadavre réclame son indulgence, allongé sur le dos. Elle porte souvent un pagne formé de bras coupés, tient une tête décapitée dans une main, une épée, le pouvoir de la destruction, dans l'autre. Son culte est surtout développé dans le Bengale.


BIOGRAPHIES 1940 : Gao Xingjian naît le 4 janvier à Gangzhou en Chine. 1951-57 : Études au lycée américain de Nankin, Chine. 1962 : Diplômé de l'Institut des langues étrangères de Pékin. 1962-1970 : Traducteur de français à Pékin. 1966 : Début de la Révolution Culturelle chinoise. 1970-75 : Envoyé en camp de rééducation à la campagne pour travailler la terre. 1978 : Premier voyage en Europe en compagnie d’une délégation d’écrivains chinois. Découverte des grands musées européens. 1983-84 : Quitte Pékin et effectue plusieurs longs voyages dans la campagne chinoise. 1985 : Séjourne huit mois en Europe. 1989 : Événements de la place Tien’anmen. La pièce La Fuite provoque l'interdiction totale des œuvres de Gao en Chine. 1995 : Parution de La Montagne de l'âme en français

1927 : Günter Grass naît le 16 octobre à Danzig. 1947-1956 : Formation à l’Académie des BeauxArts de Düsseldorf et à l’École supérieure des Beaux-Arts de Berlin. 1959 : Parution du roman Le Tambour. 1960 : Installation à Berlin. Gleisdreieck (poèmes et dessins au fusain). Prix de la Critique de Berlin 1961 : Soutient pour la première fois la campagne électorale du parti social-démocrate SPD et de Willy Brandt. 1965 : Prix Georg Büchner (prestigieuse distinction littéraire allemande). 1977 : Parution du roman Le Turbot. 1979 : Adaptation cinématographique du Tambour par Volker Schlöndorff. 1986-87 : Séjour à Calcutta (Inde) qu’il relate en 1988 dans Tirer la langue. 1997 : Parution de Fundsachen für Nichtleser. 1999 : Parution de Mon siècle. Lauréat du Prix Nobel de littérature 2002 : Inauguration de la Günter-Grass-Haus à Lübeck.

1997 : Obtention de la nationalité française 2000 : Publication française du roman autobiographique Le Livre d'un homme seul. Lauréat du Prix Nobel de littérature. 2006 : Écriture d’un premier long métrage La Silhouette sinon l’ombre.

2006 : Pelures d’oignons, livre de souvenirs qui provoque la polémique en Allemagne.


EXTRAITS DE « MON SIECLE » DE GÜNTER GRASS





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