Livret villes invisibles

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LES VILLES INVISIBLES

OCTAVIE

Les Villes Invisibles, Italo Calvino, 1972 : Roman poétique et utopique explorant l’imaginaire à travers les descriptions de 55 villes nous faisant voyager d’un bout à l’autre.

« Si vous voulez me croire, très bien. Je dirai maintenant comment est faite Octavie, ville-toile d’araignée. Il y a un précipice entre deux montagnes escarpées : la ville est audessus du vide, attachée aux deux crêtes par des cordes, des chaînes et des passerelles. On marche sur des traverses de bois, en faisant attention à ne pas mettre les pieds dans les intervalles, ou encore on s’agrippe aux mailles d’un filet de chanvre. En dessous, il n’y a rien pendant des centaines et des centaines de mètres : un nuage circule ; plus bas on aperçoit le fond du ravin. Telle est la base de la ville : un filet qui sert de lieu de passage et de support. Tout le reste, au lieu de s’élever par-dessus, est pendu en dessous : échelles de corde, hamacs, maisons en forme de sacs, porte-manteaux, terrasses semblables à des nacelles, outres pour l’eau, becs de gaz, tournebroches, paniers suspendus à des ficelles, montecharges, douches, pour les jeux trapèzes et anneaux, téléphériques, lampadaires, vases de plantes aux feuillages qui pendent. Suspendue au-dessus de l’abîme, la vie des habitants d’Octavie est moins incertaine que dans d’autres villes. Ils savent que la résistance de leur filet a une limite. »



LA METAMORPHOSE

DE LA VILLE

La ville verticale s’effile, profilant des mégastructures aérienne à habiter.

Tendu entre deux collines, Octavie est une ville imaginaire qui questionne le temps et l’instabilité face au reflet de la société par ce jeu entre la vie et la mort. A travers la description d’une ville dualiste à la notre, il met en éveil nos désirs et nos fantasmes. Comme celui de toucher le ciel et de construire de plus en plus haut mais également celui d’habiter la ville de demain, la ville détruite par l’homme, la surpopulation et ses menaces. C’est pourquoi, il imagine des citadins misanthropes ayant tourné le dos à la terre en s’isolant à

l’intérieur des villes effilées. Ainsi, à travers cette ville utopique, Calvino nous force à voir la verticalité des bâtiments. De plus, en classant Octavie dans une ville effilé on peut penser que l’auteur souhaite défaire la ville d’aujourd’hui pour la métamorphoser. Ainsi, à travers ses récits, Marco Polo cherche à inspirer les restaurateurs des villes anciennes et les inventeurs des villes nouvelles. Cependant comment peut-on imaginer la ville de demain à travers son récit utopique ?


Commençons par le commencement et retournons à l’époque des cathédrales pour comprendre où Calvino veut en venir...

«

Dans les années 1200, l’évêque Guillaume de Seignelay avait fait part de son mécontentement à se contenter d’un bâtiment identique et un cran au-dessous des autres. Depuis l’ego de l’homme et son envie de gigantisme ont poussé les architectes dans leurs retranchements, les forçant à créer une architecture toujours plus grande, plus imposante et plus prestigieuse.

Depuis nous faisons face à une nouvelle course qui a pour objectif d’avoir la plus grande tour. Un édifice plus grand, plus innovant, plus impressionnant ou plus incroyable que les autres devient un emblème pour la ville dans lequel il est édifié.


Aujourd’hui, l’évolution technologique nous a permis de transformer les tours et ainsi créer des architectures étonnantes venant ponctuer l’environnement urbain. Tel des œuvres architecturales ils recréent la ville et lui insufflent une nouvelle vie.

«

Actuellement, malgré cette avancé, la ville stagne dans une linéarité et une verticalité excédente. On a fait le tour des grattes-ciel ce qui bloque l’avancé de la ville.

Peut-être que si on essayait de tourner le dos aux tours,

qui épuisent le débat et bloquent la pensée métropolitaine, il

y aurait certainement autre chose à inventer!


Pendant que nous restons axés sur nos tours, des problèmes sont apparus : accroissement de la population urbaine, redensification des centres, montée des eaux, impératifs de logements durables et innovants ... dont, pourtant, l’architecture a toujours essayé d’envisager des solutions.

N, L’ATLANTIDE, PLATO

1578

VILLE YONA FRIEDMAN, LA 9 195 E, SPATIAL

ET CENO IENNE L TAPH OUIS BO E DE NEW ULLEE TON , 1784

«

Depuis très longtemps, des penseurs, philosophes et architectes imaginent les villes de demains, les ville visionnaire bâtie par l’impensable, la folie et de l’inattendue. Une ville qui résoudrais tout les problèmes à venir où en cours. Ces dessins viennent chambouler notre perceptions de la ville et notre relation avec l’architecture. Elles offrent une vision futuriste.


«

Cependant, ces scénarios relèvent souvent de la science-fiction et il est encore difficile d’imaginer une ville, aux voitures volantes, aux maisons gonflables... On reste alors sur nos acquis : les tours. On laisse alors ses architectures de papiers dans un coins et on continue à en construire, partout, tout le temps.

TER COOK, THE PLUG IN CITY, PE ARCHIGRAM, 1964 ES, OCTAVIE, LES VILLES INVISIBL ITALO CAVINO, 1972

On en rêve ...

mais c’est tellement

encore loin qu’il faut trouver

d’autres solutions en attendant.


C’est pour cela que Italo Calvino nous force à voir la verticalité des bâtiments, les parcours, les relations entre les habitants, ... Ainsi, nous découvrons ce que nous avons toujours vécu mais que nous n’avons jamais vu.

«

«

Les villes invisibles ne reproduisent pas le visible, elles rendent visible : La vie de la ville, notre vie dans la ville. Paul Klee

Tourner Doubler

Soulever

Plier


Ainsi, on peut lire les villes invisibles comme une notice. Retourné, chambouler … pour mieux habiter ? Il nous faut regarder le futur

habitat comme on regarde la tour, sous la forme d’une structure

habitable dont l’horizontalité se

substitue à la verticalité.

Tirer

Brisser

Ecarter





MÉTAMORPHOSE D’UNE VILLE MONOLITHE

EN UNE VILLE PLUS LEG

ERE

Calvino décrit Octavie comme une ville en suspension, légère et instable représentée à travers une accumulation de passerelles et de hamacs. Comme on le sais, entre la réalité et le rêve utopique, le pas est grand. On reste alors rêveur d’une ville nouvelle sans comprendre ce qui nous amène à y arriver. Cependant, on sousentends quand même un élément fort de la ville : les tours. En effet, dans son essai, l’auteur essaye de nous faire voir la ville autrement en la bousculant, la chamboulant, la tournant, la tirant ... Tel une notice, il nous invite à en faire de même avec la notre. D’ailleurs, Italo Calvino a classé et catégorisé cette ville dans «les villes effilées». Il nous invite donc à défaire

le tissu de la ville et à le détisser fil à fil afin de débloquer nos pensés arrêtées. Afin de matérialisé la ville aussi massive et linéaire d’aujourd’hui, j’ai choisi d’utilisé un matériau, celui du plâtre, qui vient figer tel des monolithes l’espace. De forme très rectangulaire et à la vue très lourde, la ville se dessine de manière lasse et monotone. La ville vient se transformer à travers différents principes de manipulations de la tour que j’ai pu imaginer à travers cette lecture. Ainsi, à l’intérieur, se déploie une structure toute autre. En effet, à l’inverse de notre ville, elle est suspendu, légère, filaire, délicate et gracieuse. Elle danse dans les airs tel une toile d’araignée.









IMAGINER LA VI(LL)E

INCERTAINE

Les citadins se tou rne vers une vie insolit e

A travers sa description, Italo Calvino nous décrit un mode de vie complètement loufoque et improbable : habiter dans des sacs de toiles dans les airs, suspendu par des cordes et des chaînes où la circulation se fait par des passerelles... La première lecture nous laisse penser à une ville aérienne surgit de l’impensable qui pourrait tout à fais répondre aux différents problèmes planétaires. On l’imagine alors comme une futur conception que l’on pourrait essayer d’imaginer.

Cependant, à la deuxième lecture, on se pose de plus en plus de question sur la vie des citoyens d’en haut. Mes principales questions tournait autour de celles de l’habitation. Comment l’espace intérieur est organisé ? Comment elle est accroché et suspendu dans le vide ? Comment réagitelle face à une tempête ? ... Tant de question que j’ai essayé de résoudre en réalisant un visuelle qui pourrait renvoyé à cette vie incertaine mais particulièrement ironique à imaginer.


Dans un premier temps, l’espace de la «maison» m’a énormément tourmenté. Comment peuvent-ils vivre dans des sacs ?

D’abords au niveau de l’organisation spatiale, comment l’espace s’organise ? Autour de quelle principe structurel et fonctionnel ? Mais si il y avait plusieurs niveaux ? Et si l’espace était rudimentaire ? L’espace se dessinerait-il en plateau ou en tourbillons ?


Comment sont-ils accrochĂŠs et suspendus ?

De quoi la structure principale est-elle composĂŠ ?


On peut également se demander comment les «maisons» réagissent face aux intempéries car, suspendu, elles doivent se balancer dans tout les sens et faire valser ses habitants.

Comment sont-elles relier entre elles ? Comment font-elles pour se stabiliser ?

Comment restent-elles accrochées aussi solidement sans perturber le système de circulation ?


Par où les différents réseaux comme l’eau et l’électricité passent-ils ?

Comment vit-on dans ces sacs ? Comment fait-on pour rester en équilibre ? Commen le mobilier reste fixé ? Comment sociabilisons nous à travers ses habitations ? Comment grandissons-nous dans cette nouvelle ville ? Comment la ville répond aux différents besoins que l’on a ? Comment nous pouvons éviter les problèmes sociales en hauteur ? ...






Célia NORMAND DSAA1 LES VILLES INVISIBLES


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