Conception d'une école d'architecture et de paysage à Bois-Blanc- Rapport de PFE

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C’EST À L’ÉCOLE QUE L’ON APPREND DES

BELLES RUINES Une école d’architecture et de paysage à Lille: pour une éthique de la conception durable sur la friche Standart S.A de Bois-Blancs.

Rapport de présentation de projet de fin d’études. Martin COBB Domaine d’étude Conception & Société Sous la direction de Cédric Michel, Juliette Pommier, Francesco Cingolani et Jean-Marie Dillies.



REMERCIEMENTS

Je tiens tout d’abord à remercier Séverine Egal, avec qui j’ai co-conçu de projet durant l’ensemble du semestre. Mes compagnons de groupe de scénario Juliette Muller, Clarisse Marchand, Justine Dozier et Esther Vénague Mes professeurs, Cédric Michel, Juliette Pommier, Francesco Cingolani, Jean-Marie Dillies qui ont pu m’accompagner et enrichir ma vision de l’architecture au cours de ce semestre. Mes amis et ma famille, qui auront suivi avec moi ma formation d’architecte à l’ENSAPL. Amélie Bouarah, pour ses conseils et relectures avisées durant ce semestre.

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ÊTRE ARCHITECTE Concevoir une école d’architecture et de paysage, plus qu’un projet, est un exercice manifeste et hautement introspectif. Que doit véhiculer un bâtiment conçu pour apprendre l’architecture et le paysage? En tant qu’étudiant et futur architecte, ce projet permet de marquer une étape, faire le point sur des convictions architecturales, des obsessions forgées durant le cursus, des idées qui m’attirent mais aussi d’énoncer une méthode de conception. Écrire ce rapport de présentation est un moyen de se regarder concevoir, de comprendre, sans oublier ce pourquoi nous faisons les choses. C’est avant tout un moyen de raconter une histoire par le biais de l’écriture, des images.. Dans notre société française, parler de durabilité est devenu un tropisme contemporain, alors quel position prendre vis à vis de ce terme? Qu’est ce qui doit être durable? La fin, les moyens? En 2016, le monde a consommé près de 50 millions de tonnes de sable, une denrée non renouvelable, dont au moins 30 millions dans le secteur de la construction1. Plus de 2/3 des constructions terrestres sont réalisées en béton armé, un matériau difficilement recyclable dans le bâtiment. En France, le domaine du BTP a produit 227.5 millions de tonne de déchets en 2014, dont 42 millions pour le bâtiment2, soit 80% des déchets nationaux. Malgré une amélioration du recyclage des déchets «inertes», les déchets «non dangereux et non inertes» représentent encore 10 millions de tonne de déchets pas ou peu valorisés. Je pense que la recherche sur la durabilité de l’architecture est aujourd’hui encore trop concentrée sur l’efficacité physique et mécanique des matériaux, la normalisation technique du confort et des procédés de construction et peut-être pas as-

1 DELESTRAC D, Le sable, Enquête sur une disparition [Film] (2013) 2 Dont 31 T pour le gros oeuvre et 11.2 pour le second-oeuvre. Http://statistiques.developpement-durable.gouv.fr/fileadmin/documents/ Produits_editoriaux/Publications/Datalab_essentiel/2017/datalab-essentiel96-btp-mars2017-b.pdf

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sez sur la complexité de la conception des espaces en fonction d’une situation et d’une culture constructive spécifique. Je considère qu’en tant qu’architecte, qu’en tant que constructeur et intellectuel, il est de mon devoir de cesser de fabriquer l’architecture grâce aux méthodes de conception hérités de la seconde moitié du XXème siècle. ViolletLe-Duc, dans son onzième entretien sur l’architecture, nous donne pourtant au XIXème siècle la clé d’une méthode de conception qui, je pense, redouble de sens à notre époque: « Je sais bien qu’il est plus aisé de composer sur le papier une

façade, sans tenir compte de ces moyens variés, et de laisser le soin à un appareilleur habile de reproduire cette image au moyen de la matière qu’il a sous la main. Mais n’est-il pas dans les attributions de l’architecte de désigner lui-même l’emploi des divers matériaux, de les choisirs, d’éviter la profusion, les déchets inutiles? [...] Or comment procède-t’on aujourd’hui dans l’atelier de l’architecte? On compose une forme, une apparence, avant de s’enquérir des hauteurs de bancs des pierres que l’on mettra en oeuvre [...] Il semblerait bien plus raisonnable de procéder ainsi que le faisaient les anciens, qu’on nous donne comme modèles, et les constructeurs du moyen âge, dont on repousse les méthodes, avant de tracer l’image, de savoir avec quels matériaux on pourra la traduire : tout le monde y trouverait son compte et l’architecture n’y perdrait rien ; au contraire, elle y gagnerait, la variété des hauteurs et qualités des matériaux devant produire une variété d’aspect.»3 Réintégrer le matériau au début de ma pensée modifie également les moyens que je me donne pour concevoir. Expérimenter la matière, sans à priori sur les outils, les formes, pour comprendre ce qu’elle a à offrir et lui faire raconter ce que j’ai envie. Recenser, glaner les matériaux disponibles, tester leur agencement , leur faire parler de l’urbanité d’un lieu et essayer de penser en tant que constructeur.

3 VIOLLET-LE-DUC.E, Mardaga, 1977

Entretiens sur l’architecture,

Paris, Pierre

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SOMMAIRE ♥ÊTRE ARCHITECTE.........................................................5 ♦INTRODUCTION...............................................................9 ♣IMAGINAIRE.................................................................... 15 CHAPITRE 1//CONCEVOIR ET APPRENDRE À CONCEVOIR PAR RÉACTION.........................................19 •

Une architecture entre artisanat et industrie: fabriquer une pratique autour du réemploi ....................................19 Apprendre l’architecture et le paysage dans un contexte post-industriel: célébrer la matière et l’interdisciplinarité....................................................................................... 27 La rencontre, la pérénnité et la f lexibilité: les statuts d’un lieu d’enseignement.........................................................37

CHAPITRE 2//PENSER PAR OPPORTUNISME...........49 • • •

Le quartier des Bois-Blanc: un terrain d’application......49 Les cycles de la matière à Bois-Blanc: enviseager le projet grâce à l’intelligence des situations...........................69 Améliorer le cursus actuel et intégrer l’école au territoire.......................................................................................77

CHAPITRE 3// CONTEXTURER1 L’ARCHITECTURE...83 • •

La ville, l’école et le paysage: entrer dans le projet par l’urbanité et les temporalités............................................81 Une architecture qui célébre la matière: le rapport entre architecture, espace et pédagogie..................................91

CONCLUSION.................................................................102 ANNEXE.............................................................................110

1 Voir lexique des notions opératoires

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«Nous ne pouvons créer quelque chose de neuf qu’en interprétant différemment des images existantes, en les réévaluant et les adaptant à notre situation1»

1 HERTZBERGER, H, Homework for more hospitable form, dans Forum, n°3, 1973

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INTRODUCTION Le programme de recherche inter-écoles «HENSA 2020: Histoire de l’enseignement de l’architecture au XXème siècle» explore depuis 2016 l’évolution des pratiques pédagogiques en architecture. Depuis 1968, l’enseignement des métiers de la ville et des territoires est en mutation permanente, tandis que les espaces qui leurs sont associés, fortement repensés au cours des années 1970, connaissent une nouvelle période de renouvellement. Le sujet de ce semestre, la conception d’une nouvelle école d’architecture et de paysage et la définition d’une méthode de conception, est une invitation à se questionner de manière prospective sur l’avenir de l’enseignement, des espaces de la pédagogie, mais aussi sur les professions de l’architecture et du paysage:

«En réinterrogeant des cultures d’écoles, tant en France qu’à l’étranger, il s’agira d’envisager un modèle pédagogique repensé, et les espaces pédagogiques qui lui seraient associés. En somme, il s’agira de requestionner tant le programme pédagogique que le programme fonctionnel, tant les espaces de la pédagogie que leur relation à la ville et aux acteurs de la ville comme de l’enseignement» (Livret de présentation du semestre) _Réformer la manière de concevoir l’architecture en France? Dans le contexte général qui est le notre, celui de la désindustrialisation massive du Nord de l’Europe depuis la fin des années 1970 et de la migration des centres de production en dehors des villes et des territoires, la manière de produire une grande partie de notre environnement a également vu disparaitre avec eux son lien avec les outils, les savoirs-faire et les matières locales. Pour Matthew. B Crawford, «La dispa-

rition des outils de notre horizon éducatif est le premier pas sur la voie de l’ignorance totale du monde d’artefacts que

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nous habitons»4 La globalisation des moyens de production a également modifié durablement la manière de produire et de concevoir l’architecture par rapport aux contextes, non pas tant dans sa forme conceptuelle que dans sa forme sociale et matérielle. D’autre part, les architectes du monde entier se sont emparés durant les vingt dernières années d’un vocabulaire spécifique qui ne décrit plus l’objet d’une composition procédurale5 mais plus l’objet de préoccupations plastiques et formelles: nous extrudons, nous scellons, nous plions, nous enveloppons, nous creusons, nous tordons. Je peux dire qu’aujourd’hui, la méthode de conception architecturale «contextuelle» telle que je l’ai apprise durant mes études repose sur trois étapes consécutives: la définition d’une implantation urbaine cohérente, la recherche structurelle et formelle et la définition d’une matérialité. Ces trois étapes se suivent chronologiquement et font l’objet d’allers-retours spécifiques voire réciproques mais sans bouleverser leur ordre intrinséque. Que se passe t’il cependant si la matière devient la première étape de cette méthode? Repenser le modèle pédagogique et les espace qui lui sont associés est l’occasion de réintéroger la manière dont la ville et le paysage sont produits dans un contexte d’urgence écologique. Retrouver le temps long de la vie, remettre les gens et les usages au centre du processus plutôt que la forme et faire le lien par la matière, l’expérimentation et le savoir-faire des individus, sans à priori sur les outils. _Rendre aux ENSA une mission d’intérêt public? L’ENSAPL est entré en 2018 dans une phase de renouvellement de son projet d’établissement pour le quinquennat 2019-2024. «Adapter les outils» et «Diffuser la culture architecturale & paysagère» sont deux des points qui m’ont parus fondamentaux pour ce projet de nouvelle école.

4 CRAWFORD.B, Matthew. Éloge du carburateur, essai sur le sens et la valeur du travail. Trad. Marc Saint-Upéry. Paris: La Découverte, 2010. 5 Voir lexique des notions opératoires.

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Diffuser la culture architecturale & paysagère: rendre à l’école une mission d’utilité publique? La culture d’école de l’ENSAPL, qui invite les étudiants à porter une grande attention aux contextes dans lesquels ils interviennent, me semble particulièrement en phase avec cette approche. Comment faire sortir l’école de ses murs, permettre à l’enseignement du projet et à la recherche de dépasser le papier pour confronter les étudiants et chercheurs aux situations, aux autres disciplines, à les préparer à exercer ensemble dans un contexte où il faut encore convaincre pour agir durablement? Adapter les outils: repenser le projet par la matière et les ressources à disposition nécéssite de repenser le statut d’une école d’architecture, d’anticiper des espaces aux encombrements beaucoup plus importants qui permettent de manipuler à échelle réelle les constructions et les paysages conçus par les étudiants. _Décrire une méthode de conception. Le projet qui va être présenté est le fruit d’un travail de co-conception avec ma camarade Séverine Egal. Aurait-il été pensé de la même manière si je l’avais conçu seul? Probablement pas et c’est ce qui, je l’espère, en fait sa richesse. À Bois-Blanc, notre choix s’est porté sur la reconversion et l’extension d’un édifice abandonné au beau milieu du site: le silo Standard S.A. Cette ancienne malterie fait partie du riche corpus d’édifices industriels remarquables encore debout dans cet ancien faubourg ouvrier de Lille. Ce rapport de présentation aura donc pour objectif de narrer la méthode de conception que nous avons tenté de mettre en œuvre durant ce semestre,que je souhaite en raccord avec les idées que j’ai développé précédemment et peut-être d’en produire une pièce «manifeste» de ma pensée architecturale. Dans un premier chapitre, je présenterai les fondamentaux d’une architecture que je souhaite explorer et défendre et les supports théoriques que j’ai tenté de rendre opératoire lors de la conception de ce projet. Dans un second chapitre, je présenterai le site de projet en-

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viseagé comme un terrain d’application à ces fondamentaux, et la manière dont le territoire est devenu opérant dans la conception du projet. Dans un dernier chapitre, nous reviendrons sur le processus de conception architecturale, de la manière dont le projet s’empare des deux précédentes parties et les outils développés dans ce but. Bonne lecture !

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♣IMAGINAIRE Le site du Silo Standard S.A et la presqu’île Boschetti ne m’étaient pas inconnus lors de la première visite du semestre. L’arpentage du lieu fut davantage retrouvailles que découverte, comme celle avec un vieil ami que vous n’auriez pas vu depuis quelques années. Cinq années qui me séparent d’un projet de première année de licence proposant de sélectionner une friche de la ville de Lille et d’en élaborer une « photo-cartographie », une carte sensible mise en parallèle avec une photo d’artiste et personnelle, ainsi qu’un projet de paysage. La presqu’île qui m’était alors inconnue m’avait séduit par la poésie qui s’en dégage, un lieu solitaire et profondément paysager, comme oublié de la civilisation. Aujourd’hui, rien, ou quasiment rien n’a changé. En longeant la gare d’eau familière, gardée depuis des années par des péniches habitées, ces géants immobiles aux ref lets métalliques, le Silo à grain de Standard S.A nous apparait comme un phare urbain qui survit, impassible, à la ville autour de lui. Le silo n’est pas un de ces chefs d’œuvre dont on ne discute pas, mais il a l’élégance de ces constructions générées par leur fonction, ces constructions qui ne bavardent pas davantage. Les volumes sont puissants, posés au centre d’une grande étendue d’herbe, mais nous les regardons presque avec tendresse. Ici, la ville s’offre à nous de manière incomplète. Une impression de bout du monde dont personne ne sait plus quoi faire, un entre-deux qu’on aurait laissé pour compte depuis de nombreuses années. Pourtant, la vie subsiste. Au détour de la promenade, on y découvre quelques curiosités, un entrepôt de garagiste, les montagnes de cuivre rougeâtres d’un ferrailleur encore en activité, un café bondé, un beau mur de brique, un alignement de peuplier, une rangée de maison 1930 incomplète, comme si le coup n’était pas parti. La tranquillité du lieu n’est perturbée que par le bal incessant des voitures qui parcourent la rue Hegel. Parfois, l’une d’elle s’engage timidement vers la presqu’île Boschetti, sans que l’on ne sache trop ce qu’elle est venu y faire. Pour y accéder, il faut traverser l’ancien bras d’eau rebouché lors de la construction du canal à grand gabarit de la Deûle. La rue est une impasse. La végétation foisonnante

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UN OBJET FANTASMAGORIQUE: BOMBARDEMENT SPECULATIF Illustrations personnelles


bouche la perspective. Une sensation de malaise s’installe en s’engageant sur la route : on ne sait jamais vraiment si l’on a le droit d’être ici. En s’enfonçant davantage dans la presqu’île, le monde extérieur se ferait presque oublier. Le bruit des voitures se fait plus distant, les limites du lieu deviennent f loues. Lorsque l’immense entrepôt aujourd’hui occupé par des associations ne bloque pas la vue sur la gare d’eau, une butte de terre s’en charge. Au centre de la presqu’île, je constate avec tristesse que deux imposants hangars de béton ont été démantelés. Leur emprise est encore visible grâce aux épaisses dalles de fondation. Leurs voûtes, leurs fermes en béton et leurs grandes portées structurelles auraient pu être des réceptacles intéressants. Une odeur étrange de café torréfié nous parvient aux narines. En levant la tête, je peux apercevoir l’étrange fumée rose qui émane de l’usine de torréfaction des cafés Méo, située sur la berge opposée. En atteignant les rives de la presqu’île lorsque la végétation en friche n’en empêche pas l’accès, la puissance du paysage environnant frappe au visage. La balade le long des berges est un travelling paysager intense nous amenant de l’étendue huileuse de la gare d’eau jusqu’à l’immense plaine horizontale du port industriel de Lille, constellé de conteneurs multicolores, tas de sable et granulats roses, jaunes et gris, de camions, pont-roulants et entrepôts gigantesques. Seules d’imposantes tours et cuves perchées, hautes d’une trentaine de mètres, osent perturber la linéarité du paysage, ponctuant avec poésie la ligne d’horizon. En quittant la presqu’île, j’ai l’impression d’avoir échappé à la ville le temps d’un instant. Entre la ville et le port, entre le ciel, la terre et l’eau. Des couleurs reviennent en mémoire pour me remémorer le site, comme imprimées sur mes rétines.

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«Ces pierres que tu défends, pour moi, pour Paul, pour tous, ne sont, tu le sais bien, que des matériaux de fortune. -Pourquoi? -Parce qu’il n’y en a pas d’autres! nous sommes obligés de nous en contenter. Avoue! ce n’est pas de la pierre?» J’ouvris de grands yeux, je ne me doutais pas que tous, et Bernard en tête, taillaient quinze heures par jour sans croire que cette matière était de la pierre, sans espérer que la beauté qu’elle inspirerait provoquerait l’admiration.» 1

1 POUILLON, Fernand, Les pierres sauvages, Paris: Éditions du Seuil, 1964.

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CHAPITRE 1// CONCEVOIR ET APPRENDRE À CONCEVOIR PAR RÉACTION Une architecture entre artisanat et industrie: fabriquer une pratique autour du réemploi _Etat des lieux. En Décembre 2017, l’article «Vers une industrie du réemploi» du numéro 422 de la revue l’Architecture d’aujourd’hui affirmait que «le vocabulaire du réemploi se fait désormais incontournable6» et que «d’une pratique quasi artisanale re-

levant autant du bon sens que de la débrouille, le réemploi s’institutionnalise et promet - ironie de l’histoire - de s’industrialiser7».

Dans le cadre de la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV), le domaine de la construction en France devra quant à lui valoriser 70% de ses déchets d’ici 2020, dont une part non négligeable pourrait être réutilisable. Si nous en faisont le choix, la remise en circuit des matériaux de construction va donc devenir, plus qu’une simple pratique marginale de l’architecture contemporaine, une composante essentielle de notre production. Cette démarche implique le remaniement d’un système de production de l’ar-

6 HUGRON, J-P, Vers une industrie du réemploi, dans l’Architecture d’aujourd’hui, n°422, déc 2017. 7 Ibid

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Croquis représentant les principe d’hybridation et de symbiose. L’union des partie est plus riche que leur somme. Dessin personnel.

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chitecture, ou la place dédiée au monde sensible du rapport de l’homme à son environnement, au stockage de la matière et à la manière d’anticiper la réversibilité des matériaux deviennent des éléments de premier plan. Le réemploi repose à priori essentiellement sur une logique d’opportunité : l’homme de la Renaissance n’hésite pas, après avoir soigneusement mis à jour et relevé une ruine antique, à détruire le monument pour tirer parti des matériaux dans un nouveau projet. Nos ruines contemporaines proviennent quant à elles d’une période d’industrialisation massive de l’occident qui a multiplié les composants de l’architecture et qui sont devenus autant d’éléments communéments voués à la décheterie. _Sortir de la vision romantique du réemploi: les concepts d’hybridation et de symbiose. Quelle attitude d’architecte et quelle logique adopter façe au réemploi? Comment dépasser la vision du réemploi comme simple «décor», comme catalogue de matériaux de façade? Pour Julien Choppin et Nicolas Delon, les auteurs de Matière grise, «La spécialisation des produits industriels va par

principe à l’encontre de toute polyvalence d’usage dans la construction et, par conséquent, de toute adaptation possible à une autre fonction. Au point que le réemploi des produits industriels est souvent affecté de cet esprit de détournement, voire de subversion, qui le maintient nécessairement dans les marges de la production, hors des constructions réglementées de professionnels et du marché de l’immobilier.»8 Pour sortir de cette marge,j’estime que l’intention générale (qu’elle soit urbaine, sociale, architecturale) prévaut sur la matière disponible. Il ne s’agit pas de subir les exigences qu’imposent ces ressources glanées, mais de composer conjointement avec matière et matériaux. La manière dont j’enviseage la conception change à ce détail que j’ai choisi les matériaux qui le com-

8 CHOPPIN Julien ; DELON Nicola. Matière grise - Matériaux, réemploi, architecture, Editions du Pavillon de l’Arsenal, 2014

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DNA HOUSE, BLAF ARCHITECTEN 2013 Une «ruine intelligente», la brique de réemploi est ici mise en oeuvre comme une architecture cadre dissociée d’une structure intérieure en bois.

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posent en amont et qu’ils n’auront pas en totalité été dessinés pour le projet. Le terme de «réemploi» est aujourd’hui déjà tombé dans une débauche de significations toutes différentes en architecture. Réemployer, est-ce simplement utiliser des matériaux d’occasion de la même manière que l’on aurait employé des matériaux neufs? Ou est-ce le processus qui conduit à mettre en oeuvre une matière existante de la manière la plus intelligente possible? Pour éviter les écueils, je préfère donc utiliser les concept d’hybridation et de symbiose. J’enviseage le réemploi par le biais de l’hybridation car je pense que son processus implique le croisement des savoirs, des savoirs-faire et des assemblages entre le neuf et l’ancien. Également par le biais de la symbiose car le réemploi ne peut être valable que si son but est l’association durable et réciproquement profitable du neuf et de l’ancien. Le projet de maison en brique de réemploi des architectes belges de l’agence BLAF est pour moi un exemple probant du fait qu’il est possible de concevoir une architecture qui s’enrichi matériellement et théoriquement du réemploi sans tomber dans un esthétisme de façade. _Ce que le numérique nous offre: Actuellement, de nouvelles plateformes numériques permettent de dépasser la logique d’opportunité du réemploi. Des sites internet comme Matabase.fr en France, Opalis. be en Belgique, SalvoWeb.com au Royaume-Uni sont des bases de données géolocalisées qui encouragent la mise en réseau locale de fournisseurs et de particuliers autour de matériaux neufs inutilisés ou de matériaux d’occasion issus de chantiers de déconstruction. Opalis propose même un guide de déconstruction destiné aux maîtrises d’ouvrages publiques, tandis qu’en France, l’association Bellastock a produit pour l’ADEME une série de fiches-diagnostic des matériaux réemployables et de projets exemplaires. Le stockage, la manutention, la gestion de l’offre et de la demande sont désormais des élements qu’il est possible de prévoir en amont même de la déconstruction d’un édifice. En naviguant sur ces sites, j’ai donc été capable de répérer dans un rayon de 200km autour de Lille un gisement

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Westvlaamse Steencentrale Nv Briques de réemploi Courtrai à 25KM du site Opalis.be

Briqueterie du Nord

Briques neuves et de réemploi Lomme à 2.5KM du site

SmartModulConcept

Modules de construction en bois. à 120 mètres du Site

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de matériaux qui m’ont semblé faire sens dans le cadre de ce projet, à priori de toute intention de projet. D’une part, la terre. Celle-ci fait sens de plusieurs manières: c’est une matière qui permet de fabriquer des matériaux présentant une durée de vie extrêmement intéréssante (jusqu’à 150 ans pour une brique) et d’autre part elle est profondément associée aux savoirs-faires architecturaux du Nord de l’Europe. Sa présence en quantité chez les revendeurs de matériaux témoigne également de son emprunte locale. D’autre part le bois est un matériaux facilement réutilisable si il est pensé pour être désassemblé avec facilité (assemblages non-abrasifs) et présente un gisement intéréssant à proximité du site autant neuf que d’occasion. Je peux alors commencer à dépasser la vision selon laquelle le réemploi ne serait qu’un moyen de produire de l’architecture (façade, ornementation) et non pas une fin. Je considère que l’objectif du réemploi peut se trouver dans une réconciliation des savoir-faires constructifs artisanaux avec les matériaux désincarnés issus de la production industrielle. La matière première industrielle est aujourd’hui surtout comprise par ses caractéristiques physiques et mécaniques et moins par ses caractéristiques sensibles, tactiles et matérielles. Sa réutilisation au sein de nouveaux projet peut conduire à une forme de valorisation par le biais de l’artisanat, de l’art du charpentier, du maçon et des différents constructeurs qui participent à la fabrication d’un bâtiment.

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La friche Saint-Sauveur: un terrain d’expérimentation récurent à l’ENSAPL Image issue du site de la ville de Lille: www.lille.fr

Les zones d’activité désafectées de la région Nord: Une opportunité pédagogique.

Image issue du site: www.hauts-de-france.developpement-durable.gouv.fr


Apprendre l’architecture et le paysage dans un contexte postindustriel: célébrer la matière et l’interdisciplinarité _Pour une vision prospective de l’enseignement de l’architecture et du paysage dans le nord de la France. En 2015, L’ADEME chiffrait 150 000 hectares de friches industrielles disponibles en France et la plus forte concentration d’entre-elles dans la région des Hauts-de-France. Les friches et leur réhabilitation massive depuis les années 1980 sont aujourd’hui devenu l’un des fait culturel marquant de la région. Ces espaces ambigus qui allient certaines qualités urbaines (patrimoine industriel, réservoirs fonciers) et environnementales (reconquête de la nature en ville, biodiversité) à des problèmes écologiques (pollution des sols, toxicité des bâtiments, urbanisation galopante) sont donc des laboratoires à ciel ouvert pour développer une approche durable et écologique de l’apprentissage architectural et paysager. Afin de définir le rapport voulu entre espace et pédagogie, le projet architectural fut abordé par une première phase de programmation en petit groupes. Nous avons décidé de partir du constat d’urgence environnementale afin d’orienter la philosophie du scénario vers des problématiques liées à la transition écologique de l’architecture. Il s’agit de requestionner le projet pédagogique par rapport à nos convicitons personnelles. En Juillet 2017, l’appel de l’ENSA Lyon pour l’enseignement de

la transition écologique dans les écoles d’architecture et de paysage9 proposait trois points qui nous ont permis d’initier le scénario : créer une éthique d’école autour des questions de durabilité, construire une pratique du projet collaborative et interdisciplinaire et enfin mettre en oeuvre la transition par l’expérimentation et la recherche.

9 Consultable sur le site http://ensaeco.archi.fr/

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LES GRANDS ATELIERS DE L’ISLE D’ABEAU Une halle mutualisable et ouverte aux écoles d’architecture de France

©http://www.lesgrandsateliers.org/

HALLE D’EXPERIMENTATION ARCH-TECH-LAB Un outil de fabrication numérique où l’homme et la machine travaillent ensemble.

©Gramazio Kohler

HOOKE PARK ARCHITECTURAL CAMPUS Une halle conçue et co-construite par étudiants et charpentiers

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©http://hookepark.aaschool.ac.uk/


Cette éthique d’école est essentielle afin de réunir autour d’un même objectif les métiers de l’architecture qui aujourd’hui ne se cantonnent plus uniquement à la maitrise d’oeuvre mais se diversifient autour de la maitrise d’ouvrage, de l’urbanisme ou de la recherche. Je considére cependant que les étudiants architectes comme paysagistes, même si ils n’aboutiront pas à la maitrise d’oeuvre, seront amenés à jouer un rôle d’une manière ou d’une autre dans l’action d’intervenir sur la surface de la terre et donc de construire. L’école d’architecture et de paysage forme des constructeurs au sens large du terme. Notre but est donc d’intégrer à la formation deux formes de «réalismes» contemporains: l’élaboration collective et non plus individuelle du projet architectural, urbain et paysager et la gestion de la finitude des ressources terrestres. La confrontation des étudiants avec une certaine réalité de la construction et de la commande architecturale est une idée qui a fait chemin dans toute l’histoire de l’enseignement de l’architecture (Bauhaus, Taliesin Fellowship, Rural Studio...). Ce type de pédagogie par l’expérience (ou pédagogie expérientielle) m’a semblé correspondre avec la vision d’une architecture qui interroge les conditions actuelles de production normalisées des bâtiment. Alors comment s’en emparer dans notre contexte actuel et la mettre à profit pour ce projet? _Définir des situations pédagogiques et leurs espaces associés. Le dossier «Peut-on innover en apprennant? Le design-build et l’apprentissage expérientiel»10 publié dans la revue d’architecture D’A en 2016 posait la question «Est-ce que la pé-

dagogie design/build peut se positionner sur des problèmes plus larges tels que le changement climatique ou le rôle social de l’artisanat?»11. Par la mise en place de situations où

10 GAUZIN-MULLER, Dominique, MANIAQUE, Caroline, ZAWISTOWSKI, Marie, Peut-on innover en apprenant?Le design/build et l’apprentissage expérientiel, dans D’A n°250, Décembre 2016 11 MANIAQUE, Caroline, Se former en construisant: l’expérience à l’échelle 1, dans Peut-on innover en apprenant? Le design /build et l’apprentissage expérientiel, D’A n°250, Décembre 2016.

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SE RENCONTRER, OBSERVER, MANIPULER

CO-CONCEVOIR, TRANSMETTRE, COMMUNIQUER

PROTOTYPER/ CONSTRUIRE / DÉCONSTRUIRE 30


les étudiants ne doivent pas répondre à la norme mais observent et analysent les qualité de ce qu’ils produisent sans appriori sur la technique, une forme d’apprentissage de la conception peut émerger avec une attention portée à la manière dont l’architecture et le paysage créent de la durabilité. A Lille, cette approche par l’expérience peut acquérir du sens si elle s’empare des problématiques liées à la culture locale: l’industrie, les friches, les savoirs-faire et la ref léxion écologique qui peuvent leur être associées. Ce serait l’occasion pour l’école de ne plus projeter en milieu fermé mais d’organiser autour de la pratique de projet une véritable production collective, visible, citoyenne, locale et festive. Quels dispositifs favorisent l’émergence de cette production ? J’ai dans ce sens défini des situations pédagogiques concrètes et les espaces qui leur sont associés antérieurement à toute forme d’implantation sur site, dans le but de fabriquer un début d’imaginaire matériel et sensoriel au projet. Un exemple de projet collectif sur un temps long pourrait se dérouler tel quel: Déconstruire: L’école repère un chantier de démolition dans un contexte proche et s’engage pour récupérer les matériaux viables dans un processus de déconstruction participative. Les étudiants appréhende et observent les matériaux avant de les désassembler et d’en comprendre la mise en oeuvre Mesurer: Les matériaux récupérés font l’objet d’une observation de la part des étudiants. Ceux-ci doivent en trouver la spécificité des modes de fabricaton et des composants, la qualité des textures, des couleurs, des mises en oeuvre. Manipuler: Les étudiants sont amenés à réaliser des premiers test d’assemblages qui fabriquent un espace intérieur en alliant à leur guise matériaux récupéré et matériaux neufs et standardisés. Ils appréhendent les possibilités de chaque matériaux grâce à leur assemblages. Observer: Les étudiants prennent le temps d’observer et de comprendre par le biais du dessin leur réalisation, d’en tirer un concept général, ses qualités et ses défauts ainsi que

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des variantes. Se regrouper: Les étudiants constituent des petite équipe interdisciplinaire de projet ayant pour objectif la réalisation d’un espace public dans une friche de la métropole. Les étudiants s’emparent d’un site et constitue des équipe d’ingénieurs, sociologues, paysagistes , artisants ou habitants. Co-concevoir: Sur la base du concept d’assemblage dégagé par le première exercice, l’équipe conçoit ensemble le projet d’espace public et enrichi la proposition grâce à leur compétences respectives. Les étudiants ont le choix de réutiliser ou non les matériaux provenants des déconstructions. Prototyper: Afin de valider les choix constructifs, les étudiants prototypent des détails à échelle 1/10ème ou réelle. Construire: Une fois le projet abouti, les étudiants peuvent lancer le chantier de construction ouvert au public et à la participation sous la responsabilité de la collectivité et de l’école. Des événements festifs sont ouvert au quartier tout au long du chantier. _Les enquêtes sociologiques à l’ENSAPL: des outils de spatialisation. La particularité de ce semestre, concevoir une école d’architecture et de paysage dans une école d’architecture et de paysage, c’est avoir accès à des ressources humaines illimitées: chercheurs, concepteurs, administratifs, praticiens, étudiants, personnel d’entretien sont tous autant d’éléments de projet à disposition immédiate. Il s’agit de cerner les façons d’habiter et les usages qui «recouvrent un vaste en-

semble d’activités et d’expériences qui dépassent de loin, dans leurs contenus et leurs échelles, le domaine de l’architecture12». Cette approche du projet par l’usage nous a conduit a ré-

12 BESSE, Jean.-Marc, Habiter, un monde à mon image. Paris: Flammarion, 2013

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aliser des enquêtes sociologiques décomposées en deux temps: l’interview par petits groupes de profils «types» afin d’obtenir leur appréciation de l’école actuelle et leurs attentes pour une future école13 ainsi que l’observation commentée d’un lieu spécifique de l’école, puis la mutualisation des résultats sous forme de recueil. En réalisant l’une de ces enquêtes, je me suis rendu compte que les propos reccueillis se concentraient en grande partie sur l’inéquation majeure entre les espaces actuels de l’école jugés contraignants et peu f lexibles. La halle de prototypage de l’école, échelle 1, souffre par exemple de son manque de visibilité et de l’inadaptabilité d’une structure expressive tout béton dès qu’il s’agit de stockage, d’acoustique ou de f lexibilité. Les termes employés par les interviewés nous ont permis de dégager des usages qui ont initié le travail de spatialisation en maquette du programme. Le manque actuel de connexion physique à la ville et de partenariats avec le monde extérieur à l’architecture la volonté d’espaces qui privilégient la fonctionnalité; la facilité d’utilisation à l’esthétique; le désir de développer une pratique du projet interdisciplinaire et d’intérêt public font partie des attentes majeures que nous avons pu convoquer. Un autre outil, un «wiki collaboratif» cette fois mis en place par l’école elle même dans le cadre de la révision de son projet d’établissement quinquennal pour 2019-2024, permet à tous les usagers de l’école de commenter librement les objectifs de l’école. C’est un outil qui m’a permis de découvrir les idées et attentes de très nombreuses personnes sur chacun des points que le projet d’établissement développe. Il permet entre autre de prendre connaissance des attentes des professeurs et de l’administration qui sont souvent différentes de celles des étudiants. Pour chacun des points, certains commentaires14 d’usager ont été particulièrement éclairants pour développer le projet pédagogique et spatial.En voici un sélection ci-après.

13 Voir en annexe un exemple de ces «fiches usager»

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SÉLECTION DE COMMENTAIRES DU WIKI COLLABORATIF : https://wiki.lille.archi.fr ÉRIC MONIN, Professeur Membre du LACTH

«L’école affirme depuis de nombreuses années une spécificité autour de la question de la culture matérielle de l’architecture (une approche commune à plusieurs domaines d’étude). Il faut penser la mise en place d’une matériauthèque comme un moyen de développer cette approche qui fait partie du code génétique de notre établissement.» VINCENT DUCATEZ: maître assistant, Théories et pratiques de la conception architecturale urbaine.

«L’atelier échelle 1, le fab-lab, etc. sont importants pour l’identité de l’école. Comment diffuser cela à la manière de l’EPFL? de Delft? de Stuttgart? Des grands ateliers? C’est-à-dire viser l’excellence et l’innovation tant pédagogique que de recherches (quels doctorats pour l’atelier échelle 1 ou le fab_lab?) Comment inscrire l’Ecole depuis ses outils dans un réseau d’acteurs universitaires locaux: par son offre propre avec une halle de fabrication ou d’assemblage (exemple de Matrice) ou par sa complémentarité avec d’autres fab-lab (prioriser les questions liées au bois par exemple).» AMÉLIE FONTAINE, maître assistant Théories et pratiques de la conception architecturale urbaine.

«S’intéresser à des sites différents et interagir plus fortement avec le terrain Ateliers en immersion complète pendant un semestre ? qui pourraient s’investir différemment sur le site, dans des structures éducatives (écoles, cadre périscolaire,...) ou culturels, notamment en milieu rural où la diffusion d’une culture architecturale et paysagère s’opère avec encore plus de difficultés qu’en milieu urbain.» SABINE EHRMANN, maître assistant, Sciences de l’homme et de la société pour le paysage.

- Poursuivre et renforcer la réf lexion sur les moyens d’articuler l’enseignement des savoirs et des pratiques (enseignement des savoirs par la pratique et par l’expérience) - Apprendre (le) dehors, sortir de l’école, de la classe, fonder une connaissance hors les murs, à découvert, au contact.

La maquette comme outil de spatialisation. 34


Définition d’une spatialisation abstraite PRO

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Définition du programme par des ambiances sensibles

Définition du programme par des degrés d’ouverture à l’extérieur

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L’atrium: un espace de rencontre appropriable Architectes : Philippe Chaix, Jean-Paul Morel, Rémy Van Nieuwenhove, Benoît Sigros responsable du projet Surface utile pour l'École des Ponts ParisTech : 19 500 m²

Coupe transversale

Les entre-deux appropriables

Plan de RDC

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Le grand atrium: le lieu de rencontre

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L’ENTRE-DEUX, LA PÉRÉNITÉ ET LA FLÉXIBILITÉ: LES STATUTS D’UN LIEU D’ENSEIGNEMENT. Depuis la fin des années 1970, il est communément admis que l’enseignement de l’architecture en France ne repose plus sur la présence d’un «patron» délivrant ses dogmes mais plus sur «un dialogue d’égal à égal entre l’enseignant et l’enseigné»15, comme le précise Juliette Pommier: «Les

séances d’atelier deviennent dès lors de longues discussions autour des projets, durant lesquelle le professeur accouche des intentions de l’étudiant, l’aide à les cerner, à identifier les questions sur lesquelles il travaille sans en avoir tout à fait conscience, finalement à comprendre le sens et la logique émergeant de son dessin.»16 Cette pédagogie «débat» s’est globalement stabilisée dans les écoles d’architecture. Aujourd’hui, l’étudiant se déplace moins à l’école pour absorber un savoir (qu’il pourrait obtenir par ses propres moyens) mais davatange pour bénéficier d’un cadre de travail proposant les outils (au sens large du terme) qui lui permettent d’apprendre à concevoir. Alors comment positionne t’on une école d’architecture et de paysage dans un réseau universitaire lorsqu’elle est précisement de moins en moins utilisée pour «étudier»? _L’école des Ponts&Chaussé de Chaix&Morel: un exemple d’efficacité spatiale. Parmis les éléments qui ont pu inf luencer en amont mes premières envies de projet, la visite de début de semestre d’un corpus d’écoles d’architecture et d’ingénieurs de la région parisienne, et plus particulièrement l’école des Pont et Chaussées sur le campus universitaire de la Cité Descartes à

15 POMMIER, Juliette, Déclin et renouvellement des modèles pédagogiques à l’Ecole des Beaux-arts : l’Atelier Collégial n°1 (1960-1970) , dans L’atelier et l’amphithéâtre : les écoles de l’architecture, entre théorie et pratique, sous la direction de Guy Lambert et Estelle Thibault, Wavre : Mardaga, 2011, p. 173-196. 16 Ibid

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PROTOTYPER: LA HALLE D’ESSAI

S’ISOLER: LA BIBLIOTHÈQUE LESAGE

38 INNOVER: LA RUCHE


Champs-sur-Marne, ont été des découvertes qui m’ont sensibilisé aux dispositifs spatiaux et pédagogiques développées par chacune d’entre-elles. Construite par l’agence d’architecture Chaix&Morel entre 1889 et 1996, l’école des Ponts représente pour moi une référence de projet opérante en termes de cohérence pédagogie/espaces. Le programme de l’établissement prévoyait la construction au beau milieu des champs d’un édifice regroupant sous le même toit l’école des Sciences Géographique de Paris et des Ponts Paristech, historiquement située dans le 6ème arrondissement. Le projet pédagogique propose de former des ingénieurs aptes à construire les mondes de demain face à la finitude des ressources. Cette vision pédagogique qui enviseage le monde de la construction sous l’angle des ressources finies m’est apparue intéréssante, même si l’esthétique technique et sophistiquée de l’école ainsi que l’emploi de matériaux industriels peu renouvelables m’apparaît en contradiction avec le message originel. Le bâtiment s’implante en trois bandes orientées Est-Ouest le long de l’avenue Blaise Pascal. Une rue intérieure toute hauteur vient à la foi servir d’entre-deux écoles, de grand atrium central librement appropriable et permet une grande lisibilité de l’organisation interne du bâtiment. L’atrium est scandé par le passage de deux voutes en verres qui permettent d’accueillir des espaces supplémentaires entre chacune des barres. La structure en ossature mixte acier-béton permet de libérer volumes et façades des points porteurs tandis que l’homogénéité totale de la façade rideau contreventée par des cables extérieurs confère au bâtiment une allure hightech et intemporelle qu’on imagine permettre une mutabilité aisée. L’école met en place des dispositifs spatiaux en accord avec sa pédagogie: la visite du bâtiment «Coriolis» spécialement construit pour être un pôle de recherche sur la construction durable nous a fait découvrir une halle de prototypage de 300m² munie d’un pont roulant, un fablab ouvert au campus et d’espaces polyvalents dédiés au cursus «designthinking» proposés par l’école. Situé sous l’une des voutes de l’atrium central, la Ruche est un espace entièrement modulable en

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Une toiture Un entre-deux Un sol La f lexibilité? Un sol et une toiture qui libérent un entre-deux où l’appropriation est possible.

Maquette conceptuelle d’intention

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double hauteur qui permet d’accueillir les workshops ou les conférences avec les différents partenaires de l’école. Cette référence, qui tente par l’atrium de recréer une urbanité absente du lieu dans lequel elle s’implante, m’a ainsi permis de prendre conscience de volumes nécéssaires à pédagogie marquée par le prototypage et l’expérimentation. Elle a dégagé certains dispositifs spatiaux (la mezzanine, la double hauteur, la voute), lumineux (l’éclairage zénital controlée, la grande transparence) et principes structurels (les grandes portées, la libération du plan) dont je souhaite m’inspirer dans le cadre de ce projet. _Entre pérénnité et flexibilité. Le recul que nous avons désormais sur l’histoire de l’enseignement de l’architecture et du paysage en France nous démontre que les écoles sont des bâtiments où la question de la f lexibilité est primordiale afin d’accueillir sereinement l’évolution des pratiques pédagogiques. Je considère la f lexibilité d’un bâtiment d’une part comme la capacité de sa structure primaire à absorber plusieurs cycles de vie et d’autre par comme la capacité de ses espaces à offrir une liberté d’usage. Les bâtiments à ossature sont naturellement plus aptes à répondre à ce genre de critères. Un cas probant et réussi se révèle être l’école d’architecture de Nantes érigée par Lacaton&Vassal, où l’architecture devient un dispositif structurel global qui pourrait aussi bien accueillir un centre commercial qu’une école d’architecture. J’ai dégagé deux méthodes de conception pour parvenir à une forme de f léxibilité. La première consiste à anticiper dès le départ la démontabilité de l’édifice en vue de pouvoir changer son organisation structurelle ou bien réutiliser ses composants. Les architectures à ossature bois ou métal aux assemblages non abrasifs font naturellement parti de cette catégorie. La deuxième consiste à accorder à l’édifice assez de liberté spatiale et de résistance (autant dans la qualité des matériaux employés que dans sa capacité à reprendre d’importantes charges d’exploitation) pour lui permettre d’accueillir plusieurs fonctions au cours du temps, en d’autres termes de fabriquer un «abri souverain».

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LA MAISON OUVRIÈRE «1930»: Une structure mixte (enveloppe maçonnée et charpente légère) permettant la f lexibilité des espaces intérieurs.

Une structure secondaire flexible en charpente bois.

Une structure primaire rigide en maçonnerie

LES PROJETS DÉMONTABLES JEAN PROUVÉ: des constructions modulaires légères aux assemblages réversibles.

Illustrations personnelles 42


Afin de rendre opératoire ces énoncés, je souhaite m’appuyer sur deux dispositifs architecturaux qui génèrent des formes de f lexibilité. Premièrement, l’exemple local de la maison ouvrière lilloise, dite maison 1930, qui se révèle très réceptive aux transformations en plan grâce à son principe structurel: une enveloppe rigide en brique et charpente bois délimitent une surface libérée où se déploient des solivages réversibles. Les maisons, accolées les unes aux autres le long de rues, pourraient chacune être totalement évidées de leur contenu intérieur sans compromettre la stabilité et la cohérence de la rangée. Deuxièmement, la série des maisons modulaires conçues par Jean Prouvé pour les besoins de l’après Seconde Guerre Mondiale. La structure de ces maisons constituée d’un portique en tôle pliée soutenant une toiture légère et de panneaux de façade standardisés permet un montage et un démontage rapide de l’édifice et une libération des espaces intérieurs. Le dispositif est intéressant pour la réversibilité totale de ces constructions: tous les assemblages sont nonabrassifs et permettent de réutiliser ou de remplacer les composants standardisés qui constituent la maison. Jean Prouvé profitera même de ce système lorsqu’il concevra sa propre maison familiale à partir de plusieurs panneaux de façades réemployés. _Le thème de l’entre-deux pour favoriser la rencontre. Depuis 2015, l’ENSAPL a intégré le «Collégium des grandes écoles publiques de Lille»17 ayant pour but de rapprocher ces différentes formations autour de projets communs. La cartographie du paysage institutionnel de l’enseignement supérieur de l’ENSAPL se développe également autour d’autres partenariats, comme par exemple au sein de l’i-site Lille Nord Europe, un label d’universités européen. Plus que jamais, l’école d’architecture et de paysage du XXIème siècle enviseage sa formation par le biais de la rencontre entre plusieurs disciplines afin de générer des formes d’innova-

17 Le collégium se compose en plus de l’ENSAPL des écoles suivantes: l’Ecole Centrale de Lille, l’Ecole Nationale Supérieure des Mines de Douai, l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Lille, l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Industries Textiles de Roubaix, l’Ecole Supérieure de Journalisme , Sciences Po Lille, Télécom Lille

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«Coupes d’Edgar Rubin illustrant les rapports entre contour et fond dans la théorie de la Gestalt»

«Dessin montrant comment la démarcation entre la mer et la côte varie en fonction des marées»

L’entre-deux comme lieu privilégié de la rencontre Illustrations tirées de L’ordre caché: Tokyo, la ville du XXIème siècle?, Yoshinoby Ashihara

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tion lors de recherche ou projets communs. Ces différents partenariats ne doivent pas seulement se limiter au domaine scientifique ou universitaire mais s’étendre aux entreprises, aux artisants et aux quartiers afin d’intégrer la production de l’école à son contexte immédiat. Le statut de l’école en tant que catalyseur de rencontres à l’échelle territoriale, urbaine et communautaire est donc pour moi l’un des autres fondamentaux du projet. Comment conçoit-on et génère t’on la rencontre? Je me rappelle que l’on se rencontre autour des seuils, aux portes des villes, au pied des repères urbains, dans les couloirs et entre les arbres. La rencontre est un événement qui se pratique toujours dans l’entre-deux généré par deux formes pleines, jamais dans l’une d’entre-elle. Afin de mieux définir ce concept, l’architecte japonais Yoshinobu Ashihara utilise l’analogie de la ligne côtière séparant terre et mer :

«Une ligne côtière n’est donc pas un contour aussi net et tranché que la limite entre figure et fond. Nous sommes obligés d’admettre l’existence d’un espace intermédiaire, qui change constamment, physiquement et conceptuellement, au gré de phénomène comme les marées montante et descendante»18 L’entre-deux renvoit à un concept abstrait d’espace-temps s’intéressant autant aux espaces « transitionnels » qu’aux espaces «intermédiaires», à l’interface entre l’intérieur et l’extérieur d’un édifice, aux distances qu’instaurent les êtres humains lorsqu’ils dialoguent entre-eux ou aux différentes temporalités d’un lieu. L’entre-deux est un type d’espace qui n’accueille pas de fonction déterminée précise et laisse ainsi une grande liberté quant aux usages qui s’y développent. L’école doit donc se positionner comme un entre-deux à plusieurs échelles: un entre-deux urbain qui organise la rencontre entre la ville et son étude, un entre-deux qui célébre la rencontre entre l’étudiant et son territoire, un entre-deux qui stimule la rencontre entre les personnes dans l’école.

18 ASHIHARA, Yoshinobu. L’ordre caché: Tokyo, la ville du XXIème siècle? Trad. Henri Gaudin. Paris: Hazan, 1994.

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L’ILE DE BOIS-BLANCS 46


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CHAPITRE 2// PENSER PAR OPPORTUNISME19 Le quartier des Bois-Blanc: un terrain d’application. _Une histoire. Le quartier des Bois-Blancs est historiquement un ancien faubourg extra-muros situé à la frontière avec la ville de Lomme. Son identité de quartier ouvrier s’est forgée au cours du XXème siècle via une urbanisation massive réalisée en parallèle à l’implantation rapide d’activités liées au transport de matière le long du canal de la Dêule. Dans les années 1950, l’aménagement du port de Lille et la construction du canal à grand gabarit sépare géographiquement le faubourg du reste de la ville. Cette situation urbaine et géographique rare d’île « artificielle » a contribué à forger l’identité du lieu au niveau métropolitain. Le poids des coupures infrastructurelles engendrées par les grands travaux de l’après seconde-guerre mondiale et la désertification rapide d’activités structurantes lors des années 1960-1970 ont conduit le quartier à d’importantes mutations urbaines. Friche géante à ciel ouvert en plein coeur de la métropole, l’abandon du secteur participa à l’enclavement des populations locales vivant directement du travail industriel. La presqu’île Boschetti et le secteur du Silo Standard, si-

19 Voir l’exique des notions opératoires

1) Parcelle d’intervention 2) Friche Boschetti 3) Entrepots TCF 4) Gare d’eau 5) Usine Cafés Méo

6) Transfo-plastiques 7) Ports de Lille 8) Faubourg de Lomme 9) STB matériaux 10) Cité des aviateurs 49


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tués entre une partie du Marais de Lomme et la ville de Lille, constituent de véritables franges urbaines où les faubourgs résidentiels et le projet des Rives de la Haute Deûle laissent progressivement place au secteur industriel du port de Lille. Le site abrite historiquement des activités liées au canal (tertiaire, artisanales voire industrielles avec la métallurgie). Il est racheté en 1971 par l’entreprise de travaux publics Boschetti qui lui donnera son nom, puis par Lille Acier, devenu Arcelor Mital. Anciennement rattaché à l’île des BoisBlancs, le terrain devient une presqu’île lors du comblement d’une partie du bras de Canteleu, inadapté au passage de péniches importantes, au profit d’un nouvel accès entre l’île et la gare d’eau. Le site est aujourd’hui occupé par des activités économiques (stockage de métal, garagiste, café, entrepots) ayant subsisté et par une quinzaine d’associations. La halle Arcelor Mital, en face de la gare d’eau, est mise à disposition de l’association Transport Culturel Fluvial et de diverses troupes théâtrales. On y travaille le bois, le métal, la sérigraphie, on y fabrique et stocke des décors de théâtre, marionnettes, instruments de musique. L’association TCF propose différentes manifestations festives sur le canal autour de dispositifs f luviaux originaux (« hydroplane », péniche sous-marin). Le site de projet dispose d’ors et déjà d’un terreau fertile lié à la production locale et associative qui vient renforcer l’idée d’une potentielle synergie entre l’école d’architecture et son environnement proche. En effet, ces premières investigations sur l’histoire du site et sur les structures qui l’occupent nous ont permis d’orienter les différentes analyse vers l’hypothèse que la programmation de l’école d’architecture et sa vision de la pédagogie puissent être intimement liées à l’univers industriel du quartier ainsi qu’à la vision productive globale/ locale de la ville proposée par le plan guide du précédent semestre. _Un paysage ponctué d’événements naturels et urbains. À Lille, le canal de la Deûle est un véritable traveling urbain qui fait découvrir successivement les berges naturelles du parc de la citadelle et de l’île des Bois-Blancs, les grandes étendues aux allures désertique du port de Lille, les barres

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LA MADELEINE

SAINT ANDRÉ-LEZ-LILLE

LAMBERSART

LILLE

LOMME

LOOS SEQUEDIN

Alignement d’arbre Promenade piétonne Voie automobile Franchissement Quais urbains Esplanade Parc et espace vert Agricole Berge inactivée Berge activée (Stockage à ciel ouvert) 300

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La Deûle: un interface-paysage illustration personnelle

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Berge activée (Bâti)


de logement de la Cité des Aviateurs, la plaine sportive Youri Gagarine et les usines en bord d’eau où des activités à risque sont maintenues (produits chimiques de Loos). La diversité de ces lieux est rendue cohérente sur le territoire grâce au paysage linéaire fabriqué par le canal, les chemins de hallages et leurs alignements d’arbres continus. L’eau joue ici le rôle d’entre-deux paradoxal : elle sépare physiquement mais relie visuellement et par les f lux deux univers totalement opposés : les quais bétonnés côté port et la lisière naturelle côté île des Bois-Blanc.

Mettre à profit la question du travelling urbain: s’insérer dans paysage fragmenté constituté d’événements. _Un site en mutation: le projet des rîves de la HauteDeûle En 2006, la ville de Lille engage un vaste programme de reconversion urbaine et économique du quartier des BoisBlancs. Avec pour ambition la création d’un pôle d’excellence métropolitain dédié aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, le projet des Rives de la Haute Deûle réaménage depuis une dizaine d’années plus de 25 hectares de friches industrielles situées de part et d’autre du bras de Canteleu. La programmation centrée sur le tertiaire et le logement accueille aujourd’hui 3700 salariés journaliers et près de 1600 nouveaux habitants. La seconde phase de concertation prévoit encore la construction de plus de 2000 logements au cours des dix prochaines années. Euratechnologies est par conséquent devenu l’un des 5 pôle majeur de la politique urbaine de la métropole lilloise et abrite aujourd’hui de nombreuses entreprises qui sont autant de sources possible de partenariats.

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L’UNION ECRIN DE FILIÈRE TEXTILE

EURAALIMENTAIRE CONSOMMATION PRODUITS FRAIS/ LOCAUX)

CAMPUS INNOVATION EURATECHNOLOGIE TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION, FILIÈRE NUMÉRIQUE

EURALILLE QUARTIER D’AFFAIRES ET PÔLE TERTIAIRE

7EME POLE : « CIRCUIT COURT, CO-RENOVATION, ARTISANAT »

EURASANTE PÔLE D’EXCELLENCE SANTÉ ET BIOLOGIE

HAUTE BORNE PARC SCIENTIFIQUE HAUTE ENVIRONNEMENTAL

Les 7 pôles d’excellence de la métropole. Document réalisé par Clarisse Marchand

BIOTOPES

FLUX DE CONNAISANCE FLUX DE MATIÈRES INERTES FLUX DE MATIÈRES ORGANIQUES FLUX D’ÉNERGIE

SOLEIL

FLUX D’EAU

POLE BOIS

ATELIER MOBILIER

MONDE

ATELIER VÉLO

VENT

EAU DE PLUIE RESSOURCERIE Métaux, éléctronique, bois, matières synthétiques

ROUTES

TOITURES

LOGEMENTS MARCHÉ Composte

Eaux grises

CENTRE CULTUREL

FABLABS

TRAITEMENT DES SOLS POLLUÉS (ARCELOR ET DECHÉTERIE SAUVAGE)

ATELIER FLUVIAL

CULTURES

Eaux grises

BASSINS DE PHYTOÉPURATION

NOUES

PAPETERIE IMPRIMERIE

RECHERCHE ET ENERGIE

Produits frais

FABLABS

BIBLIOTHÈQUE LEARNING CENTER

CUVES DE RECUPERATION D’EAU ECOLE D’ARCHITECTURE

TRANSPORTS FLUVIAUX

DEULE

Penser la programmation urbaine par les flux de matière et de savoir. illustration personnelle


_S’inscrire dans la continuité de la FabCity: Le plan-guide urbain du précédent semestre que j’ai pu réaliser avec un groupe de 12 étudiants du domaine conception & complexité est un outil fondateur de la démarche de conception suivie pour le projet. Le sujet du semestre, ,la ville productive, habiter/travailler, proposait de révéler le potentiel d’un site tant à l’échelle du macro que du micro, de s’interroger sur sa capacité à intégrer certaines productions dans la ville (nourriture, énergie, produits artisanaux et industriels…), à générer une diversité de circuits de production et de distribution, à produire un habitat et des espaces publics ancrés dans un tissu productif et qui se nourrissent l’un et l’autre. L’atelier proposait ainsi de fabriquer un fragment de ville productive sur le site du concours Europan 14, la presqu’île Boschetti, où la ville de Lille a l’ambition de développer un 7ème pôle d’excellence dédié à l’artisanat, aux circuits courts et à l’économie circulaire. L’élaboration de ce plan guide est également habité par l’idéologie «Fab City», un réseau international de villes qui partagent l’ambition de fabriquer un nouveau modèle économique de production grâce aux enseignements tirés du réseau mondial des « Fablabs », des « tiers-lieux » ateliers de fabrication numérique apparus à la fin des années 1990 au sein du MIT: «Fab city prend les idéaux des fablabs – connexion, créativité,

collaboration, science, culture et technologie – et les étend à l’échelle de la ville. C’est un modèle urbain innovant dans le sens où les villes changent leur manière d’extraire et d’utiliser les matériaux, en passant du schéma « Produit entrants, déchets sortants (Product In/Trash Out) au schéma « Données entrantes, données sortantes (Data In/ Data Out)20» La première phase du plan guide envisage une stratégie de programmation « in-situ » reposant sur la création de cinq pôles de production. Ces pôles sont des structures rayon-

20 DIEZ, Thomas, EDE, Sharon, TOOZE, James, Whitepaper Fab City, Fab. city/whitepaper.pdf

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Ilot modifiable pour l’école d’architecture

Ilot modifiable pour l’école d’architecture

N

L’îlot productif naval L’îlot productif bois L’îlot productif artisanat L’îlot productif de la nourriture

La plaine f luviale Bâti existant conservé

Schéma d’implantation du plan guide Travail de groupe du semestre d’automne 2017

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nantes qui témoignent d’une stratégie de valorisation des savoir-faire locaux : ce sont des lieux d’interactions organisés autour de thèmes productifs (matières, culture, artefacts, énergie, nourriture…) issus d’activités et de f lux existants. Ils reposent sur plusieurs considérations : d’une part, la création à partir du déjà-là de chaînes programmatiques cohérentes à l’échelle de la Fab City et de la métropole. La Fab City est en effet l’occasion de mettre en place des synergies locales et des circuits courts de production. Ressourceries, fab-lab, ateliers de production d’objets, de nourriture et d’énergie deviennent les programmes principaux. Il s’agit de repenser la manière dont sont produits, acheminés, consommés et recyclés les artefacts de notre quotidien en tirant parti des échanges possibles au sein du territoire. Penser la ville comme un organisme parcouru de f lux de matières, de personnes et d’énergie plutôt qu’en formes urbaines nous a conduits à questionner la Fab City en termes de structure hiérarchique : une hiérarchie du vide, une hiérarchie du sol. Il s’agit d’interroger le principe de l’entre-deux, de l’interface entre habiter et produire, de la limite entre les choses, de la considérer non pas comme de simples lignes administratives mais comme de réelles épaisseurs urbaines et biologiques. Cette seconde trame d’organisation vient ainsi outrepasser le caractère autonome de l’ilot productif afin d’irriguer la ville et supporter sa croissance. Cette infrastructure est paysagère. Elle participe également à la définition esthétique de la ville productive, une esthétique basée sur l’imaginaire du lieu, considéré comme un tiers-paysage : « Si l’on cesse de regarder le paysage comme l’objet d’une

industrie on découvre subitement […] une quantité d’espaces indécis, dépourvus de fonction sur lesquels il est difficile de porter un nom. Cet ensemble n’appartient ni au territoire de l’ombre ni à celui de la lumière. Il se situe aux marges121» Cette infrastructure de paysage constitue le squelette im-

21 CLÉMENT, Gilles. Manifeste du Tiers paysage. Paris: Éditions Sujet/Objet, 2004.

57


La ville dans son paysage

Une artère productive le week-end

58

Le quai productif la semaine Illustrations personnelles


muable de la ville. Elle est définie par une alternance d’artères « écologiques » et « productives » qui relient du Nord vers le Sud deux rives de la presqu’île. Elles constituent un tracé rigide, quasi abstrait qui vient se confronter à l’existant pour se déformer et créer des événements particuliers. . Elle met en lien, crée des entre-deux, des vues sur l’eau depuis les intérieurs d’ilots. Les cheminements ainsi créés sont des entre-deux à plusieurs temporalités où les f lux de personnes, d’activités et de matières sont privilégiés. Ils sont la vitrine de la Fab City et des différentes activités qui l’habitent, le support des échanges entre les disciplines, accueillent les livraisons, mettent en scène la production au sein de la ville. Au grès des saisons et des heures de la journée, elles offrent des espaces d’extension sur l’extérieur et permettent de donner une place à l’imprévisible, aux usages urbains citoyens et spontanés. La FabCity pose également la question de la propriété, du «chacun chez soi» indifférent aux besoins et temporalités réelles de la ville. Un atelier fermé tout le week-end ne peut-il pas accueillir d’autres usages pendant ces moments de vie? Le rôle des rez-de-chaussée est dans ce sens déterminant. Ceux-ci sont demandés reconfigurables, largements ouverts sur la rue et majoritairement traversants, ce qui permet d’établir physiquement et visuellement le lien entre habiter et produire et de générer des potentiels de mutualisation. Ces principes de gestion des f lux, de rapports à la ville, aux savoirs faire locaux, au paysage et à la rue dans une éthique de ville durable deviennent ainsi des fondamentaux.

59


STANDARD S.A Un phare urbain Ă valoriser Photographie personnelle


_Le silo Standart S.A: vestige ou monument?

«Leur visage architectural est d’une telle fermeté que le spectateur saisit sans ambiguïté devant une force si convaincante le sens de ces édifices. L’évidence de ces bâtiments ne découle pas de la supériorité matérielle de leurs dimensions gigantesques – ce n’est pas dans cette direction qu’il faut chercher la raison de leur présence monumentale -, mais c’est bien davantage le sens de ces grandes formes exactes autonomes, claires et nettes de leurs constructeurs qui s’exprime.22» Le bâtiment est un ouvrage de béton armé et de maçonnerie d’après seconde guerre mondiale. Les silos agricoles, qui avaient connu leur âge d’or en France au cours de la période 1936-1945 grâce à la création de l’Office National Interprofessionnel du Blé, sont largement conçus à partir de modèles étrangers qui permettent une maîtrise croissante de ce nouveau programme. La révolution mécanique agricole de l’après seconde guerre mondiale permet aux silos d’évoluer au cours de la décénie suivante: de simples lieux de stockage, ceux-ci deviennent des édifices techniques où se cotoient machines de transformation, trémies de chargement en vrac et systèmes de ventilation qui assurent la bonne conservation du grain. Le silo Standart S.A, ancien centre céréalier à l’allure massive devenu malterie, est témoin de cette évolution typologique: celui-ci dépasse la simple fonction de conservation pour accueillir les différentes étapes de fabrication du malt, du stockage de l’orge jusqu’aux procédés de germination. Abandonné depuis plus de quarante ans, le silo s’est petit à petit libéré de l’emprise des divers entrepots qui l’accompagnaient et trône désormais seul au milieu d’une étendue laissée en friche. L’édifice présente une volumétrie simple conçue en rapport direct avec le canal de la Dêule et composée d’un bloc de stockage de 15 cellules verticales en proue, et de 16 autres cellules ainsi que des plateaux horizontaux destinés aux ac-

22 GROPIUS, W. «Die Kunst in Industrie und Handel», Werkbund 1912-1915.

61


VUE DEPUIS LA PRESQU’ILE BOSCHETTI

VUE DEPUIS LA RUE HEGEL

VUE DEPUIS LA PRESQU’ILE BOSCHETTI Photographies personnelles


VUE DU PLATEAU DE DÉVERSEMENT

VUE D’UNE TRÉMIE VRAC

VUE DU GERMOIR


COUPE LONGITUDINALE COUPE LONGITUDINALE A-A’

SILO ARRIÈRE

JOINT

SILO AVANT

Échelle: 1:100-A’ 0

5 Ech 1:100

m

Toiture

+21.20

320 300

340

390

555

145 390 420

310

360

200

350 320

Silo 70m³ Capacité: 4.5 T

225

343

345

Planchers écroulés

335 305

927

Silo 110m³ Capacité: 7.15 T

Attique

+17.80

2123

Touraille

344 314

145

966 800

281 480

Germoir SOL

RDC

+0.90

+0.40

SOL

+0.00 Vide sanitaire

-0.90

Avenue Arthur Notebart

Rue Hegel

N

PLAN DE RDC 1:1000

64


6 1

SCHEMA DE FONCTIONNEMENT 6 1

2

2

3

4

1

Acheminement du grain brut sur le toit-terrasse

2

La préparation: On fait mûrir le grain dans des silos, où il doit être oxygéné au maximum. Le grain, en respirant, libère de l'eau et de la chaleur. Ces produits de combustion doivent car ils pourraient entraver le vieillissement du grain.

ement du grain brut surêtre le toit-terrasse évacués

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3

page: Le trempage consiste une suite de variant trempages douze heures une en température ded'environ 12 à 14°C. entrecoupés de périodes d'aération. Le but de cette étape est de fournir à l'orge Le grain està stocké environ dix jours dans une immense pièce Laàgermination: u et l'oxygène nécessaire la germination. Cette étapehumide dure de 40 60 heures à pérature variant de 12 àgermoir) 14°C. où il est constamment en mouvement afin qu'il ne pourrisse pas. La pièce doit

4

à

(le

avoir un taux d'humidité et une température ination: Le grain humide est stocké environ dix joursélevé dans une immense pièce (le entre 12 et 15°C. où il est constamment en mouvement afin qu'il ne pourrisse pas. La pièce doit Les 12 grains sont transférés dans la touraille. C'est un taux d'humidité élevé etLe unetouraillage: température entre et 15°C.

5

immense four où l'on va griller les grains d'orge. Cette étape permet au grain de trouver sa coloration. Le grain température de 45 °C.

6

Acheminement du grain germé sur le toit-terrasse

3

4

5

7

1

Acheminement du grain brut sur le toit-terrasse

2

La préparation: On fait mûrir le grain dans des silos, où il doit être oxygéné au maximum. Le grain, en respirant, libère de l'eau et de la chaleur. Ces produits de combustion doivent être évacués car ils pourraient entraver le vieillissement du grain.

3

Le trempage: Le trempage consiste en une suite de trempages d'environ douze heures chacun entrecoupés de périodes d'aération. Le but de cette étape est de fournir à l'orge toute l'eau et l'oxygène nécessaire à la germination. Cette étape dure de 40 à 60 heures à une température variant de 12 à 14°C.

4

La germination: Le grain humide est stocké environ dix jours dans une immense pièce (le germoir) où il est constamment en mouvement afin qu'il ne pourrisse pas. La pièce doit avoir un taux d'humidité élevé et une température entre 12 et 15°C.

5

Le touraillage: Les grains sont transférés dans la touraille. C'est un immense four où l'on va griller les grains d'orge. Cette étape permet au grain de trouver sa coloration. Le grain restera environ 30 heures dans la touraille, à une température de 45 °C.

6

Acheminement du grain germé sur le toit-terrasse

7

Le dégermage: On effectue un dégermage des grains, on élimine les grains non germés. Puis on laisse vieillir les grains deux ou trois semaines avant de brasser.

5

illage: Les grains sont transférés dans la touraille. C'est un immense four où l'on environ 30 heures dans la touraille, à une les grains d'orge. Cetterestera étape permet au grain de trouver sa coloration. Le grain nviron 30 heures dans la touraille, à une température de 45 °C.

ement du grain germé sur le toit-terrasse

7

dégermage: Onon effectue un grains dégermage des grains, on élimine les grains rmage: On effectue un Le dégermage des grains, élimine les non germés. Puisouontrois laisse vieillir les de grains deux ou trois semaines avant de brasser. aisse vieillir les grains deux semaines avant brasser.

R+1

R+3

PLANS D’ÉTAGES 1:1000

non germés.

R+2

R+4

65


Structure du silo Illustration personnelle


tivités de la malterie en poupe. Ces deux parties indépendantes sont séparées par un joint creux qui forme un espace de circulation vertical. La superstructure se compose d’une ossature en béton armé basée sur une trame carrée de 4.25 mètres reprise en façade par d’épais murs de brique de 45 cm d’épaisseur. Même si les performances du béton sont déjà largement ancrées dans le domaine industriel, le dessin traditionnel des façades du silo affirme peu les possibilité architecturales que le matériaux autorise au niveau de l’enveloppe. La modénature de façade et les différents pilastres qui la ponctuent permettent cependant de lire la vérité structurelle du bâtiment. La compréhension spatiale et structurelle de l’édifice me permet d’entamer le processus de conception: elle permet de définir une posture générale à adopter face à un existant destiné à accueillir un nouveau programme d’ERP. La volumétrie simple et la structure rationelle permettent d’enviseager l’édifice comme un réceptacle qui offre des espaces aux vues atypiques sur la ville et aux charges d’exploitation extrêmement importantes. Les 16 cellules arrières possèdent chacune une capacité volumétrique de 7 tonnes, ce qui permet à l’ossature de supporter des charges d’exploitations dépassant aisément les 600kg/m². La valeur patrimoniale et le statut de repère urbain que possède l’édifice sont en réalité fortement associés aux cellules monumentales qui font directement façe à la rue Hegel. La partie arrière du silo, destinée au stockage et à la germination du grain, ne permet pas et n’a pas été conçue en vue de développer des usages liés à l’école d’architecture. En effet, la profondeur importante du bâtiment (23 mètres) et la hauteur de l’allège des fenêtres ne permettent pas d’éclairer convenablement les plateaux ni de leur offrir des vues directes sur le paysage. La grande lisibilité structurelle de l’édifice, les matériaux laissés à l’état brut,les nombreux graffitis et la générosité des volumes lui confèrent pourtant une ambiance particulière et de nombreuses qualités spatiales.

67


Comar Lambersart : carrelage Ternois fermetures Lambersart : porte de garage

Diguet Pascal : Menuisier

Art couture: tissus

Garage Matléo

SARL Garage Paunet : réparation automobile

Waeterloos Stéphane : Menuisier

Amanite Roses : couturière

Lille mini centre : pièces automobiles Kalysse : métallerie

Bollen Sté : tôlerie

Bibi : magasin meuble

Ligier microcar : carrosserie

Vancar : carrosserie

Favier : équipement climatisation

DT Froid : système climatisation

Strada : fabricant meubles

Worms Services maritime : transport international marchandise

New LOG : service transport

Favier Setrem :

TechShop Ateliers Leroy Merlin

First pack : fabrication emballages

CIGL : logistique et transport

TITC : négociant bois

ENECSOL : équipement photovoltaïque

Garage Chahed CMDU : centre multimodal de distribution urbaine Asturienne : fournisseur matériaux construction

Haesebrouck Ets : Fabricant outils

Garage Descamps Bricorama : magasin bricolage

CULTURELLES Nord Carrelage : Carreleur

De-Ruyter : Couvreur

e

Sogetra : Logistique et transport

Kiloutou : fournisseur engins chantier

DMS : bois de Isoldry : magasin isolation thermique

Smart module concept : fabrication de logement en modules en kit

Transfo plastique A. Novreze et Fils : Outillage de précision

Diatek : location matériel

Briqueteries du Nord : fabricant matériaux Scanroad : transport de construction et marchandise à l’international récupération déblais chantier

Galloo : recyclage métaux Cashmetal Sequedin Métallurgie

Fonderie

FRT : feraillage

Euromaster : garage

Panalpina France : transport international de marchandise

Cémex Bétons : unité de production de Loos

Triselec : entreprise de recyclage

CGL : location de matériel

Nord benne : mise à disposition équipements lourds

Unostra : transporteur marchandise

Bartin recycling : recyclage et valorisation déchets

Garage Peugeot

Coats : fabricant

Catrybayart : matériel plomberie

N

1:1000

Transformation de la matière

Transformation de la matière Transformation de la matière Transformation de la matière Transformation de la matière Transport du matériau Transformation de la matière Transport du matériau

Transport du matériau

Transport du matériau Transport dudu matériau Distribution matériau Transport dudu matériau Distribution matériau Distribution du matériau Distribution du matériau Outils à disposition Distribution du matériau Outils à disposition Outils à disposition Outils à disposition Recyclage de la matière Outils à disposition Recyclage de la matière Recyclage de la matière Recyclage de la matière Recyclage de la matière

Distribution du matériau Outils à disposition Recyclage de la matière

Ressources économiques liées aux cycles de vie de la matière Haesebrouck Ets : Fabricant outils

Haesebrouck Ets : Fabricant outils Haesebrouck Ets : Fabricant outils Haesebrouck Ets : Fabricant outils Haesebrouck Ets : Fabricant outils

Ech. 1/10 000e A. Novreze et Fils : Outillage de précision A. Novreze et Fils : Outillage de précision


Les cycles de la matière à BoisBlanc: envisager la projet grâce à l’intelligence des situations L’importante concentration d’activités économiques liées à la matière dans le quartier et le long de la Deûle s’est révélé être une des clés d’entrée dans le projet, dans la continuité du plan-guide. Le port industriel de Lille23, situé en plein centre-ville mais quasiment méconnu du grand public, est pourtant le troisième port intérieur de France en termes de trafic et de tonnage. L’analyse des ressources économiques du quartier met en évidence une chaîne d’activité représenTransformation de la matièrede la matière Transformation Transformation de la tative matière des cycles de vie de la matière, de la transformation Transformation de la matière Transformation de la matière Transport du matériau des matières premières brutes, à leur transport jusqu’au reTransformation de la matière Transport du matériau Transport du matériau Transport du matériau cyclage des déchets liés à l’industrie du bâtiment. La Dêule Transport dudu matériau Distribution matériau Transport dudu matériau Distribution matériau est ainsi un formidable outil de mise en relation de ces difDistribution du matériau Distribution du matériau Distribution du matériau Outils à disposition férents maillons jusqu’à une échelle beaucoup plus large. Distribution du matériau Outils à disposition Outils à disposition En dézoomant jusqu’au grand territoire, le canal permet de Outils à disposition Outils Recyclage deàla disposition matière Outils à disposition Recyclage de la matière relier sur toute la région un réseau d’entreprises liées à la Recyclage de la matière Recyclage de la matière Recyclage de la matière récupération, au stockage et à la transformation des déchets. Recyclage de la matière De plus, l’usage et la présence de bateaux sur le canal de la Deûle tend à augmenter significativement dans les prochaines années. La Deûle et le port de Lille sont en effet les théâtres d’une dynamique territoriale importante : le projet du canal Seine Nord-Europe prévoit la réalisation d’un canal au gabarit européen Vb25 reliant Compiègne à Aubencheul-au-Bac en passant par Lille, tandis que le Connecting Citizen Ports 21, dont l’objectif est « d’accroitre la prise de Haesebrouck Ets : Fabricant outils

Haesebrouck Ets : Fabricant outils Haesebrouck Ets : Fabricant outils Haesebrouck Ets : Fabricant outils Haesebrouck Ets : Fabricant outils

Ech. 1/10 000

e

A. Novreze et Fils : Outillage de précision

A. Novreze et Fils : Outillage de précision

conscience et l’acceptabilité des ports intérieurs par les villes», a pu permettre la création au port de Lille du Centre Multimodal de Distribution Urbaine (CMDU), une infrastructure logistique qui propose aux entreprises lilloise de stocker à leur place des marchandises et d’en assurer la livraison en développant une mobilité intelligente.

23 Le port de Lille est en réalité une entité de douze ports intérieurs (Arques, Santes, Marquion, Halluin, Haubourdin, Wanbrechie…) gérés par la CCI Grand Lille.

69


déchetterie Marquilles

déchetterie Fromelles

La Deûle

Unité territoriale Marcq La Bassée

Emmaüs Tourcoing

déchetterie Tourcoing

déchetterie Seclin

l na x Ca ubai Ro de

Recyclage Matériaux du Nord

Unité territoriale Lille Seclin Dorchies & Cie

déchetterie Rumes

Dcument réalisé par Juliette Muller

Déchetterie et centre de tri

déchetterie Avelgem

déchetterie Antoing

déchetterie Tournai

ressourcerie Tournai

déchetterie Tournai

ressourcerie Froyennes

futur déchetterie Villeneuve-d’Ascq déchetterie Tournai

déchetterie Mons-en-Baroeul

ut ca

s L’E

déchetterie Spiere Helkjn

déchetterie Estaimpuis

Briqueterie du Nord Unité territoriale Roubaix Villeneuve d’Ascq

Briqueterie du Nord

ressourcerie Mouscron

déchetterie Mouscron

déchetterie Kortrijk

déchetterie Kortrijk

déchetterie Mouscron déchetterie Mouscron

déchetterie Roubaix

Matériaux authentiques

déchetterie Lille

déchetterie Lille

centre de tri Loos

Briqueterie du Nord

déchetterie La Madeleine

déchetterie Menen

centre de tri Halluin

Remy Motte

Emmaüs Wambrechies

sur le territoire

Strada

Emmaüs Saint-André

déchetterie Quesnoy-sur-Deûle

Briqueterie du Nord

déchetterie Chapelle d’Armentières

Emmaüs Armentières

unité territoriale Tourcoing Armentières

déchetterie Halluin

déchetterie Harelbeke

Euro-recycling déchetterie Kortrijk

déchetterie Kortrijk

déchetterie Kortrijk

Westviaamse Steencentrale Nv

déchetterie Kortrijk

déchetterie Menen déchetterie Wervik

déchetterie Wervik

déchetterie Zonnebeke

déchetterie Ledegem

de dépose connu des habitants et ancré Mise en réseau des ressources par le1. Lieu transport fluvial.

déchetterie Comines

déchetterie Leper

Antiekbouw NV

Ly s La

2. Lieu de transformation et de recondition

Emmaüs et ressourcerie

Déchetterie et centre de tri

1. Lieu de dépose connu des habitants et a sur le territoire


71

EspacE blEu

é om ur

Lille

pole tro

Le Havre

Lille

M EL

Kortrijk

na i

Tournai

Lille - Kortrijk - T our

Paris

Lille

l Seine Nord

Rotterdam

Cana

Atout attractivité

Atout commun, à valoriser, à protéger et à gérer

Atout mobilité

Dcoument réalisé par Clarisse Marchand

Les différentes échelles de l’espace bleu

E

Valoriser les canaux

Valoriser les anciens canaux

Installer des points d’eau

Co-création transfontalière

Une participation active des citoyens dans l’animation et la valorisation du territoire de l’eau

Une métropole urbaine et rurale avec une culture commune du savoir-vivre avec l’eau

Fédérer autour d’actions innovantes liées à l’eau

Un territoire durable relevant les défis climatiques

Nouveau système durable de transport fluvial


LE DÉJÀ-LÀ : RESSOURCES LATENTES DE LA DECONSTRUCTION Inventaire des délaissés urbains

1

6

Aujourd’hui : ancien lycée hôtelier Michel Servet

Aujourd’hui : cité HLM Concorde

Projet en cours : Centre hébergement SDF - en attente de projet

Projet en cours : rénovation des logements HLM

2

7

Aujourd’hui : station essence Total Access / marchand de meubles

Aujourd’hui : ancienne usine de grillages Netten Projet en cours : université de l’innovation

Projet en cours : logements et activité en rez-de-chaussée

3

8

Aujourd’hui : Activité tertiaire

Aujourd’hui : Etablissements Millon & Construction (fourniture et outillage industriel)

Projet en cours : future mairie de quartier

Projet en cours : 74 logements

4

9

Aujourd’hui : ancien halle Transpole, site EDF Transpole

Aujourd’hui : A rechercher Projet en cours : 14 logements

Projet en cours : nouveau parc urbain + 400 logements

Stockage

5

10

Aujourd’hui : ancien collège Madame de Staël et son gymnase

Aujourd’hui : Demeco déménagement Projet en cours : en attente de projet

Projet en cours : centre de secours et logements

Ressources latentes bâties inventoriées à Bois-Blanc Document réalisé par Justine Dozier type de matériaux

Inventaire

MINÉRAUX

a

MÉTAUX

Evaluer la valeurs des composants

b Prise de contact avec démolisseurs

c

exercice cycle 1 élaboration fiche technique et propriétés du matériau

plâtres

briques

aluminiums tole ondulée

agglomérés

massif non traités

BOIS

PVC

revêtement sol

PLASTIQUES

verre

plafonds

bétons

cloisons

poutres

menuiseries

COMPOSITES Démontage

Chantier

Déconstruction

Second oeuvre

Démolition/abbatage

Planchers

1

Gros oeuvre

2

pied de biche / dévisseuse

3

isolation menuiseries revêtements

appréhender École matériau d’architecture le manipulation participation

récupération des matériaux de réemploi pour contruction recherche régénération/ démontabilité utilisation de matériau régénerés

moquettes revêtements sol agglo bois valorisation

tôles

RÉ-EMPLOI

menuiseries

RÉGÉNÉRATION

verre plastiques agglomérés

RECYCLAGE

pelle hydraulique / BRH

planchers moquettes

poutres bois profilés Ipn / nettoyage de briques

granulats de béton en remblai routier

recherche recyclage utiliser le réseau de recyclage

Définir une méthodologie de déconstruction Document réalisé par Séverine Egal

72

parpaings

fers de béton profilés acier

bétons aciers ferraillages


Le quartier de Bois-Blanc possède également un important gisement de bâti latent voué à la destruction. Nous avons choisi d’élaborer dans ce sens une méthodologie de projet qui se base dans un premier temps sur le repérage des futures démolitions proches du site ainsi que des veilles foncières à plus long terme, dans le but de pouvoir intégrer des éléments de réemploi dans notre projet. En effet, l’activité industrielle du quartier encore maintenue et certains bâtiments désafectés construit au cours des années 1960-1970 subissent de plus en plus la pression foncière corrélée au projet des Rives de la Haute-Deûle, contraignant les entreprises à rejoindre des zones industrielles périphériques où sont concentrées les nuisances liées à leurs activités. Que faire de cet existant? La destruction et la déchetterie sontelles les seules alternatives possibles pour ces édifices? La mairie de Lille affiche d’ors et déjà une volonté de penser le devenir de ces bâtiments abandonnés avant de définir tout nouveau projet. L’ancien lycée hôtelier Michel Servet, dont les locaux ont été deserté à la rentrée 2016, est actuellement un projet pilote. Toutes ces ressources bâties vouées à la démolition sont donc à enviseager au mieux comme de potentielles sources de reconversion ou comme des sources de matériaux de réemploi. Dans le cadre de l’école d’architecture et de paysage, il s’agit en effet de considérer ce contexte riche en industrie du bâtiment comme une opportunité de projet et de programmation, comme un élément de déjà-là qui fait sens vis à vis de l’architecte conscient de la finitude des ressources terrestres que l’école vise à former. Nous avons pu visiter au début du semestre l’un de ces site voué la destruction cet été. L’entrepot Netten, situés à 500 mètres de notre parcelle de projet, est un ancien site industriel de 1,8 hectares dédié à la fabrication de grilles de clôture métalliques. Il a aujourd’hui été racheté par la ville dans le but d’y construire un campus universitaire de l’innovation numérique et une résidence étudiante. Cette opportunité nous a intéréssé par ses structures de grande portées. Deux types de pièces sont démontables: une série de portiques métalliques IPE articulés et une série d’arcs à trois articulations en bois lamellé-collé.

73


RÉCUPERATION DES STRUCTURES DE NETTEN Photographie personnelle

Portique BLC 70 pièces Portée 12.90cm Chevron bois 5*25*500cm Plus de 100 pièces

Poteau IPE 35*15*600 24 pièces Chevron métallique 15*5*600 128 pièces

Poutrelle alvéolaire 20*60*1330 12 pièces

Poutrelle IPE 20*58*1235 32 pièces

Briques de réemploi Dimensions variables

INVENTAIRE DES PIÈCES UTILISEES 74


Récupérer ces structures afin de les hybrider dans le projet d’école fait sens vis à vis de la pédagogie et de la manière de produire de l’architecture que nous souhaitons mettre en valeur dans l’école. En privilégiant l’expérimentation par la matière et la construction à l’échelle, l’école nécéssite des espaces ouverts qui s’apparentent plus à des échelles de types industrielles qu’à des échelles bureaucratiques. Ce qui correspond parfaitement à l’objectif de ces structures glanées dont l’expressivité formelle se révèle intéressante. Nous savons à présent que le projet sera donc réalisé majoritairement grâce à quatre matériaux: la terre, le bois, le verre et le métal. La définition d’une méthodologie de la déconstruction dans un second temps nous a ensuite permis de crédibiliser et rationnaliser le processus de déconstruction d’un bâtiment afin de comprendre tous les acteurs et les besoins qu’une telle opération implique. Les architectes et paysagistes que nous souhaitons former dans cette nouvelle école seront entre-autres amenés à savoir inventorier, sélectionner et organiser les ressources lors de leurs projets personnels. Il s’agit d’enrichir le processus conceptuel par de telles démarches en amont des premières phases d’implantation. Nous souhaitons ainsi rétablir cet acte de gestion des ressources comme une éthique de conception durable, qui doit se positionner au même niveau que les préoccupations techniques et formelles du confort d’usage.

75


PROPOSER PROPOSERDE DENOUVEAUX NOUVEAUXPARTENARIATS PARTENARIATSPERMANENTS PERMANENTS PROPOSER DE NOUVEAUX PARTENARIATS PERMANENTS

minmin 3030 in m 30

Partenaires Partenaires ComUE ComUE Partenaires ComUE

1 Université 1 Université Catholique Catholique dede Lille Lille (Fédération (Fédération UniversiUniversi-

taire taire et Polytechnique et Polytechnique de de Lille) Lille)

1 Université Catholique de Lille (Fédération Universi2 CNRS 2 CNRS delegation delegation Nord-Pas Nord-Pas de de Calais Calais et Picardie et Picardie

taire et Polytechnique de Lille)

2

Partenaires Partenaires àà venir venir Partenaires à venir

2 2 4 4 11 11 1 1

1 1

11

1

1 1 1

1 1

1

1

4

4 4 4

6 6

CNRS delegation Nord-Pas de Calais et Picardie

1 ESJ 1 ESJ Ecole Ecole supérieure supérieure de de journalisme journalisme

2

6

1 ESJ Ecole supérieure de journalisme 2 Sciences 2 Sciences PoPo LilleLille

7 7 5 95 9 2 28 8 7 1 5 1910 10 3 3 2 2 82 3 1 10 2

2

1

Sciences Po Lille

Partenaires Partenaires potentiels potentiels Sciences Sciences techniques techniques : : Partenaires potentiels 1

HEI HEI Hautes Hautes Etudes Etudes d’Ingénieur d’Ingénieur Sciences techniques : 1 HEI Hautes Etudes d’Ingénieur Artisanat Artisanat : :

2 Chambre 2 Chambre dede Métiers Métiers et et dede l’Artisanat l’Artisanat

Artisanat :

3 Ingénieurs 3 Ingénieurs Arts Arts et et Métiers Métiers ParisTech ParisTech 2 Chambre de Métiers et de l’Artisanat

4 5

6 7 8

9 10

11

3 Ingénieurs Arts et Métiers ParisTech Arts Arts appliqués appliqués : : 4 ECV ECV Lille Lille Quai Quai et et Lille Lille Paris Paris Arts appliqués : 5 MJM MJM Graphic Graphic Design Design 4 ECV Lille Quai et Lille Paris 5 MJM Graphic Design Communication Communication : : 6 EFAP EFAP LILLE LILLE Communication : 7 ISCOM ISCOM 6 EFAP LILLE 8 EFFICOM EFFICOM Lille Lille 7 ISCOM 8 EFFICOM Lille Commerce Commerce : : 9 EFAB EFAB Lille Lille Commerce : 10 ISEFAC ISEFAC 9 EFAB Lille 10 ISEFAC Informatique Informatique : : 1Aston 1 Aston Ecole Ecole Informatique : 11 Aston Ecole

Partenariats Partenariats lillois lilloispour pourlalafuture futureENSAPL ENSAPL Des partenariats un contexte proche Partenariats lillois pour ladans future ENSAPL Cartographie réalisée par Juliette Muller PONCTUELS PROPOSER PROPOSERDE DE NOUVEAUX NOUVEAUX PARTENARIATS PARTENARIATS PONCTUELS PROPOSER DE NOUVEAUX PARTENARIATS PONCTUELS 1 1 1

Partenaires PartenairesComUE ComUE Partenaires ComUE

1 Université 1 Université dudu Littoral Littoral Côte Côte d’Opale d’Opale (Dunkerque) (Dunkerque) 2 Université 2 Université d’Artois d’Artois (Arras) (Arras) 1 Université du Littoral Côte d’Opale (Dunkerque) 3 Université 3 Université dede Valenciennes Valenciennes et et dudu Hainaut Hainaut 2 Université d’Artois (Arras)

-Cambrésis 3 -Cambrésis Université (Valenciennes) de(Valenciennes) Valenciennes et du Hainaut -Cambrésis (Valenciennes)

1 1 2 2 31 34 54 5 6 6 2 3 4 5 6

Partenaires Partenairespotentiels potentiels Métiers Métiers dede l’industrie l’industrie : : Partenaires potentiels

1 CFAI 1 CFAI Région Région Nord-Pas Nord-Pas de de Calais Calais

Métiers de l’industrie : 1 CFAI Région Nord-Pas de Calais Commerce Commerce : :

7 7

2 CEPRECO 2 CEPRECO

7

3 IMMD 3 IMMD 2 CEPRECO 4 EDHEC 4 EDHEC 3 IMMD

Commerce :

EDHEC Communication Communication : : 4

5 SUP 5 SUP DEDE CREATION CREATION

Communication : 5 SUP DE CREATION Arts Arts appliqués appliqués auau textile textile : : ENSAIT & ENSAIT Arts appliqués au textile :

6 ESAAT 6 ESAAT &

6 ESAAT & ENSAIT Arts Arts appliqués appliqués et et architecture architecture : : 7 ESA 7 ESA Saint-Luc Saint-Luc

Arts appliqués et architecture : 7 ESA Saint-Luc Sciences Sciences techniques techniques : :

8 IMT 8 IMT Lille Lille Douai Douai

8 8 8

3 3 3

2 2 2

Partenariats régionaux régionauxpour pour lalafuture futureENSAPL ENSAPL DesPartenariats partenariats régionaux et européens Partenariats régionaux pour la future ENSAPL SE SECONNECTER CONNECTER AU AURESEAU RESEAU INTERNATIONAL INTERNATIONAL FABCITY CITY Cartographie réalisée par Clarisse MarchandFAB SE CONNECTER AU RESEAU INTERNATIONAL FAB CITY

76

8

Sciences techniques : IMT Lille Douai


Améliorer le cursus actuel et intégrer l’école au territoire. L’ensemble de ces nouveaux paramètres contextuels nous à permis de d’enrichir le scénario pédagogique développé en première partie. Le cycle master licence est ainsi repensé en connexion avec différents éléments issus de la FabCity et du territoire ainsi que de la connaissance de la construction et des matériaux. Il s’agit d’enseigner dans les domaines d’étude conception&société, matérialité, histoire, théories et projets ainsi que territoire à tirer au maximum profit de opportunités et des ressources locales dans la pratique du projet et de la recherche. La première application concrète de cet enseignement se trouve dans le choix même de l’implantation de l’école aux côtés de l’ancien silo. Seul et impassible au beau milieu du site, l’édifice devient un objet d’étude à part entière, un «cobaye» architectural pour tous les étudiants de l’école. Pour cette raison, l’intention est de conserver au maximum son état d’origine, de cultiver une culture du «as found» en distinguant nettement les interventions architecturales effectuées. De cette manière, le silo peut rester ce qu’il est actuellement: un terrain de jeu collectif et expérimental qui fascine les explorateurs d’urbex en même tant qu’il devient un cas d’étude permanent et in-situ pour les domaines Histoire, théorie et projets et matérialité. Deuxièmement, nous avons pu établir une carte des partenariats actuels et potentiels de l’école dans un périmètre de 30 minutes autour du site et à échelle plus régionale voire européenne. Ces partenariats amènent donc à penser les espaces de l’école sous différentes temporalités, notamment lorsque celle-ci est amenée à recevoir des personnes extérieures lors d’un workshop court où à concevoir des projets interdisciplinaire sur un temps plus long. La mise en avant de la co-conception de la ville et des territoires plutot que de la consultation cloisonnée des disciplines permet également de rétablir un équilibre aujourd’hui in-

77


ETRE MOBILE POUR APPRÉHENDER LE TERRITOIRE ET DIFFUSER LES SAVOIRS Deulémont

Tourcoing Quesnoy-sur-Deule

Nieppe

20 minutes en péniche Wambrechies

Frelinghien

Marc-en-Baroeul

Voies navigable en péniche

Armentière

Verlinghem

Roubaix

10 minutes en péniche

Houpline

20 minutes en péniche

Saint-André-les-lille

Périmètre accessible en 30minutes à pied

Wasquehall

La Madeleine

Lambersart

Lille

Périmètre accessible en 30minutes à vélo

Agence Opérationnelle Fixe Lille

Bâtiments à caractère industriel, commerciale ou agricole

Loos

Santes

Wavrin

Agence Opérationnelle Mobile

Espaces Forestiers (v1, v2)

10 minutes en péniche

Ecoles (Maternelles, collèges, lycées, université, enseignement supérieur, établissement de recherche)

Houplin-Ancoise

Musée Gondecourt 20 minutes en péniche

Équipement fluviale

Don Herrin

et

association

Entreprise de recyclage

Annoullin

Industries

Etre mobile pour connecter et diffuser les savoirs. Document réalisé par Juliette Muller

Fab-city géstion stock

textiles

fibres

histoire

terre

bois

sociologie

économie

théorie

matériaux organiques matériaux minéraux

ressource rie

théorie

pierre

propriétés

verre

aciers

numérique

rendre des matériaux opérationnels

u ia

potentielles déconstructions

thé or ie

du

ma té r

béton

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cours publics

dém on ta bi l

matéria

CYCLE 1

re euv

ion cept con co-

en o ise

En fonction des matériaux dispos

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définir les necessités propre au lieu

visites de chantier

(école de Ré-Emploi)

m

co-conception

Habitants du quartier

connexion au quartier

on

pratique concrète du projet

déco ruc nst ti

CYCLE 2

rut ub

prototypage

pratique exp érime ntal e

fab lab assemblages recherche

workshop projet long

manipulation expérimentation

workshop projet cours

artisans du quartier

Les cycles d’étude en connexion au contexte 78

Document réalisé par Séverine Egal.


certain entre l’enseignement de l’idée constructive24 et celui des sciences humaines. Il s’agit, comme l’évoque Edoardo Benvenuto, «d’élaborer une méthode par laquelle le conf lit

dont il est question ci-dessus trouve une issue positive dans le respect des diverses compétences, et ne cède pas à des attitudes décevantes de compromis.»25

Troisièmement, la proximité immédiate avec la Deûle permet d’enviseager la mobilité des étudiants à l’échelle du territoire grâce à l’eau et la mise en place d’une péniche-atelier sillonant les canaux du Nord. De cette manière, la pratique du projet pourrait se tourner vers l’extérieur, permettrait aux architectes et paysagiste d’accèder à des contextes ruraux et d’organiser une pratique du projet et de la recherche tournée vers des situations locales d’intérêt général. Un dernier niveau de lecture, à l’échelle du quartier cette fois-ci, a pu être fourni grâce à l’enquête urbaine26 que nous avons réalisé au cours du semestre précédent à Bois-blanc. Cette enquête, qui avait pour objectif d’interroger les habitants et les usagers d’Euratechnologie sur les temporalités du quartier, à permis de mettre en évidence plusieurs problématiques, notamment sur le paradoxe entre les temps du quartier en semaine et le week-end, sur le chantier perpétuel depuis le lancement du projet d’Euratechnologies, sur le déconnexion entre les activités prévues pour les travailleurs et pour les habitants ou sur le génie de l’eau qui participe grandement au charme du lieu.

24 Voir lexique des notions opératoires. 25 BENVENUTO, Edoardo, L’idée constructive, dans L’idée constructive en architecture; sous la direction de Xavier MALVERTI, Grenoble: Picard éditeur. 26 L’enquête est disponible sur Youtube en suivant le lien https://www. youtube.com/watch?v=uYygJSlJyPk

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Un jeune cadre travaillant à Euratechnologies

«C’est plutôt sympa comme cadre de travail, nouq avons tout ce qu’il faut pour manger à côté, nous avons un bel espace vert, la Deûle , les foodtrucks qui arrivent le midi facilement[...]Ca construit encore de plus en plus, bientôt on aura une salle de sport là-bas, c’est vraiment en plein essor. Je trouve que ça va devenir un bel endroit pour travailler.»

Un habitant du quartier vivant sur une péniche.

«Nous avons une vraie convivialité et une solidarité que je n’ai retrouvé nulle part ailleurs. C’est un quartier qui devient à la mode. Il y’a Euratechnologie qui est là, il y’a tout un tas de promoteurs qui ont acheté ici, ils veulent tout péter et construire pas que de l’habitat social, mais commencer à mettre du standing. Avant c’était un peu social, mixité, maintenant c’est du standing, et les bateaux gênent un peu. C’est dingue parce que quand tu parles à des Lillois, il y’en a très peu qui connaissent l’endroit.»

Un habitant des nouveaux logements des Rives de la Haute Dêule.

«Les travaux sont là à être fait, donc on a pas le choix. Il faut se dire qu’un bâtiment, c’est un an, on peut pas faire mieux. Le seul problème, c’est qu’ils en batissent trop d’un seul coup. Il y’a dix grues à moins de 800 mètres à la ronde. Ca énerve tout le monde. On ne les connait pas les nouvelles activités qui sont en place, on en connait aucune [...] Très peu d’appartements, beaucoup de bureaux. Après 18h, c’est calme. Le week-end il n’y a rien, pas d’activités. Il n’ya a rien pour ramener de l’activité dans le quartier. Dans le nouveau quartier ici, nous sommes 1500 nouveaux habitants plus les bureaux, il y’a juste un petite pelouse derrière qui existe. Ils mettent de la ville pour les ouvriers. Au milieux des bureaux, il y’a quelque chose, il y’a des tables, des bancs, mais pour le public il n’y a rien.»

80


81


L’anologie au forum antique romain comme idéal d’urbanité 82

Illustration personnelle

N


CHAPITRE 3// CONTEXTURER L’ARCHITECTURE27 La ville, l’école et le paysage: entrer dans le projet par l’urbain et les temporalités. _Penser l’urbain avant l’architecture: partir des caractéristiques de l’ilot et de la FabCity. L’ilot d’intervention est actuellement un ensemble extrêmement fragmenté ayant subi les démolitions successives des édifices qui l’occupaient lors de la pleine activité du quartier. Il abrite cependant une richesse insoupçonnée à plusieurs niveaux: les sauts d’échelle sont brusques mais participent à la diversité d’une déambulation urbaine ponctuée d’évenements; des potentialités sont aujourd’hui inactivées : la malterie abandonnée, la place de la République, le vis-à-vis immédiat avec l’eau, l’entrée de ville depuis Loos, la porositée de l’ilot. Le manque de cohérence urbaine et de clarté des frontières empêche pourtant de définir un statut des sols qui invite à la déambulation. Le plan-guide de la FabCity requalifie programmatiquement ce lieu en tant qu’ilot productif dédié au travail et à la culture du bois. L’objectif énoncé par le cahier des charges demande notamment de restructurer les angles urbains de l’ilot afin de lui offrir une meilleur cohérence et visibilité. Un édifice abritant un fablab dédié au bois en rez-de-chaussée et des logements collectifs aux étages amorce dans ce sens le travail à l’angle Sud-Est de l’ilot et l’entrée de ville depuis le pont Kuhlmann Le reste de l’ilot réserve une parcelle pour l’école d’architecture et de paysage. Le projet est donc l’occasion de le

27 Voir lexique des notions opératoires.

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Un repère urbain

La fragmentation de l’ilot dégage de nombreux cadrages sur le silo à conserver

Une nouvelle rue productive potentielle 84


requalifer dans sa globalité. Le silo dans son état actuel de délabrement, la fragmentation du tissu domestique et la richesse des typologies sur le site nous a conduit à développer un imaginaire lié aux ruines et aux formes urbaines de la Rome antique. Il s’agit, pour fabriquer une urbanité actuellement absente du site, de concevoir une analogie avec le dispositif du forum qui organise une série d’élements autonomes rendus cohérents par leur articulation autour d’un grand vide central. La friction entre ces différentes entités génère une richesse d’entre -deux et de lieux aux statut de sols variés: publics, extérieurs, intérieurs, semi-extérieurs... et qui participent à la qualité de la promenade. Si le temple de Jupiter était l’élément phare du forum de Pompei, c’est indéniablement le Silo Standart S.A qui occupe cette place sur la presqu’île Boschetti. La qualité de l’édifice réside en effet dans son statut de repère urbain. Afin de préserver cette qualité, le plan guide se proposait déjà d’établir une règle de gabarit relativement basse (r+3/4 maximum) qui pouvait être brisée en certains points ponctuels. En observant le site à plus large échelle, nous avons pu distinguer la présence d’une nouvelle connexion potentielle depuis la rue Jules Noutour jusqu’au stade Léo Lagrange, qui donnerait l’occasion d’irriguer l’école et le coeur d’ilot. Cette connexion, qui vient se superposer perpendiculairement aux bandes de sols prévus par le plan-guide, offre la possibilité de relier physiquement et visuellement l’eau et la presqu’île Boschetti au faubourg de Lomme, de l’est à l’ouest. Elle devient la colonne vertébrale qui permet à l’école de se déployer autrement qu’en tant qu’événement concentrique, davantage en tant que mayon d’une chaîne plus importante, en tant qu’élément générant une continuité urbaine manquante. Elle permet à l’école d’afficher sa production et son caractère expérimental, de déborder sur un troisième type de rue productive, perpendiculaire aux anciennes. La question des circulations à l’échelle de la ville, de l’extension et du silo s’est révélée déterminante lors des différentes tentatives d’implantation du projet. Le silo, en tant qu’élément signal, doit accueillir une programmation spécifique qui n’est pas de l’ordre des fonctions individuelles (ateliers, bureaux...). Il s’agit de tirer parti de ses qualités spatiales

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Toiture

LIEU DE VIE STOCKAGE SALLE COMMUNE INFORMATIQUE

+11.60

ASSOCIATIONS SALLES POLYVALENTES

+8.00

ACCÈS LIVRAISONS SOL

SOL

+0.00

+0.40

MATÉRIAUTHÈQUE

BIBLIOTHÈQUE

TOITURE JARDIN

+15.30

DÉAMBULATION

+21.20

+19.50

Attique

+17.80

SALLES POLYVALENTES

ESCALIER D’HONNEUR

RDC

+0.90

Vide sanitaire

TOITURE TERRASSE

BIBLIOTHÈQUE

HALL

SOL

+0.00

PARVIS D’EXPÉRIMENTATION

-0.90

Principe programmatique du Silo: un lieu de vie ouvert à la ville. Illustration personnelle

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afin de le rendre à la ville et aux usagers de l’école. Nous avons donc considéré le silo comme un élément éminemment collectif. De ce fait, celui-ci devient un lieu à part entière de l’école, un édifice au statut extrêmement public et poreux qui joue le rôle d’articulation entre toutes les fonctions de l’école: un lieu de vie. _Travailler une échelle domestique en partant de l’atelier de projet. Afin de mettre en valeur au maximum les structures récupérées et profiter de leur grande quantité, nous avons décidé de ne pas les reléguer au rang d’éléments secondaires mais de les utiliser en tant qu’éléments structurels principaux. De plus, la volonté d’intégrer l’école dans un tissu domestique d’ancien faubourg ouvrier nous a conduit a rechercher une forme d’échelle domestique et fragmentée pour l’extension afin de ne pas imposer le projet comme une grande structure publique qui nuirait à la visibilité du Silo. A partir de ces deux intentions, de quelle manière inscrire les objets récupérés dans cet environnement? Comment s’emparer en tant qu’architectes de structures conçues pour des bigboxes, des édifices a priori dépourvus d’intention contextuelles? Le projet organise une série de volumes fragmentés qui gravitent autour du silo et possèdent chacun une fonction propre. De cette manière, le programme est éclaté en neuf entités bâties autonomes répartis de part et d’autre de l’ilot . Cette réponse architecturale permet de garantir une liberté conceptuelle tout en offrant aux usagers une f lexibilité du bâtiment à l’épreuve du temps: Au fur et à mesure de l’évolution de la ville et des besoins de l’école, le projet peut s’étendre au sein de l’ilot tandis que l’un des fragment peut totalement changer de fonction sans que le projet ne soit pour autant endommagé. L’objectif est de brouiller les limites claires de l’école afin de l’intégrer à un tissu lui même poreux. Chaque édifice appartient à une famille programmatique re-

Dégager des percées visuelles et mettre en valeur le silo Maquette d’implantation urbaine au 1/500ème.

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N

Plan masse conceptuel: les fragments et la galerie de circulation Illustrations personnelles

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connaissable et hierarchisée autour de trois types de vides aux statuts différents. Le premier, à la manière du forum romain, organise les fragments autour d’un grand axe central, celui de la rue en coeur d’ilot, qui permet à l’école de générer une micro-urbanité. Le décalage des fragments le long de cette rue renforce l’aspect autonome des volumes et leur procure une richesse de perceptions, de situations et d’orientations qui brise la linéarité d’une rue classique. Le deuxième type, le parvis, représente pour l’école une manière plus institutionelle de se présenter à la ville, notamment pour distinguer les accès principaux des accès secondaires et pour offrir aux étudiants de vastes espaces extérieurs où il est possible d’expérimenter à échelle réelle. Enfin, le troisième type d’espace est formé par le dessin de deux patios intérieurs , à la manière des jardins romains, qui offrent aux usagers de l’école un rapport plus intime et délimité à l’extérieur. La position de chacun des fragments a pour objectif de tenir des points particuliers de l’ilot afin de restructurer ses limites. Chacune de leur face est considérée à ce titre comme une façade à part entière, en évitant de fabriquer un «devant» ou un «derrière». _Mettre en valeur la rencontre entre les savoirs et les personnes. Comment s’établit le dialogue entre ces entités à priori autonomes? Nous avons décidé de convoquer la question de l’entre-deux précédemment évoquée afin de définir un troisième type de lieu, un espace en plus, celui où les événements informels deviennent possible. A la fois galerie, péristyle ou jardin d’hiver, la circulation de l’école permet de relier physiquement les différents fragments qui constituent cette micro urbanité. Nous avons voulu qu’elle dépasse le statut de couloir et deviennent un véritable lieu d’appropriation en opérant des contractions et des dilatations. Son rapport privilégié avec les patios intérieur t avec la rue ou les parvis en font un lieu aux statuts variés tantôt introverti, tantôt vitrine de l’école. Elle permet également d’offrir des accès variés en fonction de la manière dont on arrive à l’école.

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Centre de jeunesse d’Ermont, Jean Prouvé

Un système de coque voutée et une éléboration collaborative des aménagements intérieurs.

Un prototype d’atelier au 1/50ème, 90

Définir un principe de couverture qui permet d’abriter plusieurs usages.


_Penser la construction de l’école comme acte collectif sur un temps long: Afin de rendre opératoire l’enquête urbaine sur les temporalités du quartier, nous avons établi un phasage opérationnel fictif de la conception/construction de l’école. Celui-ci témoigne de la volonté d’organiser une appropriation durable et écologique du morceau de territoire sur lequel nous bâtissons et de la rendre visible dans le projet, L’analyse du livre Construire autrement de Patrick Bouchain au cours du semestre nous as permis de comprendre que la richesse de l’acte de construire résidait autant dans les processus de fabrication du projet que dans le résultat fini. Nous avons enviseagé la construction de l’école sur le temps long pour insérer cet équipement public comme un lieu festif et collaboratif dans l’imaginaire des lillois. La question du phasage sur un temps long permet également d’éclaircir l’intention du projet: si l’édifice n’atterit pas sur le site f lambant neuf, en une année, comment se déroule sa construction? Derrière cette hypothèse, l’objectif était également de pouvoir rendre acteurs les étudiants dans la construction de leur école afin donner sens à la pédagogie voulue. Qu’est ce qui est de l’ordre de la structure pérenne qui ne peut se faire qu’avec le concours de professionnels? Qu’est-ce qui est de l’ordre des constructions et des paysages réalisables en co-construction? La première phase consiste en la mise en sécurité du Silo afin de pouvoir y implanter la maison du projet, un lieu ou étudiants, professionnels et habitants peuvent commencer à s’approprier le silo en prenant connaissance du projet et en participant à l’aménagement des espaces intérieurs des ateliers. La seconde phase consiste en un processus d’appropriation des sols par leur dépollution progressive en concours avec habitants et étudiants paysagiste et l’activation des premiers espaces publics et plantés de l’école, dont la VRD de la nouvelle rue productive. De cette manière, l’école entre sur l’ilot en mettant en scène son tiers-paysage autour d’actions participatives. La construction des différents volumes qui constituent le projet peut ensuite s’étaler sur une période plus longue. La fragmentation des programmes de l’ensemble de l’école permet en effet de rendre opérationnel l’un d’entre-eux sans qu’il n’ai à souffrir de l’absence

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Test d’hybridation des structures en coupe Dessins personnels

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de l’un des autres. Les noyaux programmatiques durs que sont l’amphithéâtre, l’administration et la halle d’expérimentation sont des édifices en totalité définis et construits sans participation. Les ateliers suivent quand à eux un autre phasage: leur enveloppe pérenne est définie et construite par l’architecte et les entreprises tandis que leurs aménagements intérieurs peuvent être issus d’un travail participatif dans un second temps. Les hauteurs dégagées peuvent accueillir des mezzanines construire par les élèves en collaboration avec des entreprises comme SmartModulConcept. La réhabilitation du silo suit quant à elle les mêmes principes de noyaux programmatiques durs réalisés en priorité (la bibliothèque, le stockage des matériaux, les toitures terrasses) tandis que son aménagement intérieur peut s’étaler sur un temps plus long afin de servir de cobaye pédagogique pour l’école.

Une architecture qui célèbre la matière: le rapport entre architecture, espace et pédagogie. _Rendre opératoires les thèmes de travail développés précédemment. Pour arriver à concevoir les espaces de travail, nous sommes parti du statut des ateliers existants pour comprendre ce qui faisait la spécificité et la culture d’école de l’ENSAPL. Ce sont actuellement des espaces d’une trentaine de m² aux typologies différentes selon les extensions, affectés durant un semestre entier à un atelier de projet. Leur petite dimension sont à la fois leur principale qualité et défaut: leur échelle domestique et leur disponibilité permanente pour un groupe d’étudiant en font des lieux communautaires où l’appropriation est visible mais leur manque d’espace et de rangements limite énormément les possibilités qu’ils offrent et empêche la visibilité et la rencontre entre les différents ateliers. Nous avons choisi de conserver le meilleur de ces ateliers (la variété des espaces, des ambiance et des lumières ; leur échelle domestique et communautaire) et d’en supprimer

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Le principe d’atelier de projet: le noyau dur en pisé et l’atelier d’expérimentation 94

Prototype d’atelier au 1/50ème


le principal défaut (l’enfermement des étudiants dans des pièces exigues qui empechent la rencontre et la visibilité). Les ateliers de projet sont pensés comme des lieux d’expériementation qui font cohabiter théorie et pratique. Ce sont des entre-deux échelles, celle domestique qui fait sens par rapport au contexte immédiat et à la culture d’école actuelle et celle industrielle rendu possible grâce aux portées des structures récupérées. Le processus nous a conduits à manipuler les objets récupérés directement au 50ème afin de définir plusieurs variantes de structures et recréer au sein de cette micro-urbanité une diversité de formes revendiquée. En effet, la position unique de chacune des entités par rapport au contexte, à l’orientation solaire et aux vues ainsi que l’expressivité de la forme des portiques en bois appelle une variété de réponses que nous souhaitions mettre en valeur. Pour ce, l’ensemble des cinq ateliers de l’école sont réalisés grâce aux portiques BLC, tandis que les programmes majeurs d’amphitéâtre et de halle d’expérimentation mettent à profit les éléments en métal aux géométries plus standard. L’idée est de rendre opératoire les notions de perénnité et de f lexibilité que l’on peut retrouver au sein du silo (une enveloppe de briques et une ossature intérieure) ou de la maison lilloise. Les édifices sont donc considérés comme des récéptacles qui génèrent entre sol et toiture de larges espaces appropriables. Afin de réduire l’emprise des portiques BLC d’origine quiconstituent par deux un arc articulé de 25 mètres de portée, la struture des ateliers met en oeuvre un seul de ces portiques tenu aux deux extrémités. Cette structure constitue l’atelier de base, qui offre un espace de 8 mètres sous plafond divisable en 2x4mètres. Le concept d’hybridation entre neuf et ancien est ensuite mis à profit par une extension structurelle de la charpente. Cet ajout de charpente en bois massif permet entre-autre d’enrichir la coupe de base, d’agrandir la portée d’un demi portique et d’offrir des possibilité d’éclairage et d’aération en toiture. Afin de libérer totalement les ateliers des contraintes qui pourraient entraver leur grand volume, ceux-ci sont combinés à une construction en pisé provenant des sols très argi-

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Retrouver les qualités tectoniques du silo. 96

Crédit photo: FAE59


leux de la région. Ces volumes définissent des noyaux durs qui permettent d’abriter les espaces techniques de chaque bâtiment ainsi que des salles de cours plus classiques. De cette manière la cohabition entre la théorie et la pratique devient un élément physique et palpable de l’atelier. Leur mise en oeuvre en terre pisée leur assure une inertie thermique naturelle et les démarquent du reste des volumes en brique de réemploi. _Développer une expression tectonique de l’architecture: un moyen de redécouvrir le monde sensible des matériaux. Afin de correspondre aux idéaux pédagogiques que nous avons développé et raconter le réemploi des matériaux et l’hybridation du neuf et de l’ancien, l’architecture que nous tentons de mettre en oeuvre veut affirmer son rapport à la matière autant dans les processus que dans l’expression générale du projet. L’ensemble des moyens constructifs développés tendent à affirmer une vérité constructive qui nous semble indispensable à renvendiquer au sein d’une école d’architecture et de paysage. Cette convergence entre la dimension constructive de l’architecture et son aspect visuel est pour moi l’essence du concept de tectonique en architecture. Pour Kenneth Frampton, la tectonique «ne fait pas référence

à la simple affirmation de la technique de construction, mais plutôt à son potentiel d’expression28». Il s’agit de développer

une architecture qui ne cherche plus en dehors d’elle même ses moyens d’expression. Ainsi, lorsque l’architecture repose sur l’alliage entre des matériaux sauvés consciemment de la décheterie et des matériaux neufs, cette expression repose sur les moyens mis en oeuvre pour qu’ils défient la gravité. Je pense que la question contemporaine autour du réemploi , si elle cherche à raconter une forme d’architecture, est ca-

28 FRANMPTON, Kenneth, La tectonique revisitée, dans Le projet tectonique, sous la direction de Jean-Pierre Chupin et Cyrille Simonnet, Paris: Infolio éditions, 2005

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Portique BLC Netten Ossature bois

Poteau moisé 2*2 tasseaux bois massif Panne faitière

Linteau béton

Panneau de contreplaqué

Ouate de cellulose

Maçonnerie en brique de réemploi

Détail du principe d’enveloppe des ateliers:

redonner une cohérence à des éléments réemployés par la symbiose. Illustration personnelle.

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pable de s’inscrire pleinement dans la lignée théorique du brutalisme. Le brutalisme en architecture est défini selon le critique anglais Reyner Banham par une série de principes: « La construction en tant qu’image visuelle, claire et facile à

retenir, claire exhibition de sa structure, une grande appréciation des matériaux bruts, non traités. Le brutalisme a une prédilection pour les objets architectoniques indépendants, placés agressivement dans leur environnement. L’affirmation des Brutalistes qu’il est possible d’avoir une attitude morale en matière de dessin29»

Photomontage d’ambiance, halle d’expérimentation où l’expression des matériaux bruts cadre le paysage. Pour Banham, la posture brutaliste possède donc une valeur éthique et morale en architecture. Cette idée redevient d’actualité dans un contexte où l’industrialisation des enveloppes et des structures a tendance à éloigner l’usager d’un rapport concret et direct à la matière. Ce rapport est pour moi une étape indispensable dans l’appréciation sensible et non normée d’un bâtiment. Il permet de concevoir un espace autrement que par son aspect visuel, de prendre en compte les autres sens dans la définition du projet d’architecture. La réactualisation des principes moraux et esthétiques du brutalisme est donc une piste de filiation et un support théorique

29 BANHAM, Reyner, Le brutalisme en architecture: éthique ou ésthétique?, Paris : Dunod , 1970

99


2000 cardboard elements 70x70cm

Museum für Zeitgenössische Kunst (MNAC) Bucarest (Roumanie), 2011. Zimoun et Hannes Zweifel

100


qui m’est utile pour organiser une pratique du réemploi. En fragmentant les programmes de l’école et en leur conférant à chacun les caractéristiques d’un matériaux particulier, nous nous ancrons dans l’idée que la parenté entre les parties d’un bâtiment et ses matériaux constitue un acte durable d’architecture. La logique structurelle des ateliers consiste en une première enveloppe maçonnée autoportante en terre cuite issue de sources de réemploi locales. Cette enveloppe a pour but de servir de socle aux charpentes, de marquer l’emprise urbanistique du bâtiment et de lui donner la forte inertie qu’offre une épaisseur importante de brique. Ce mur est cependant insatisfaisant en terme d’isolation thermique contemporaine, c’est pourquoi il est doublé d’une ossature en bois massif qui permet à la fois d’alléger la charpente afin de compenser le changement de charge, d’accueillir les épaisseurs techniques nécéssaires à l’isolation du bâtiment et de soutenir l’enveloppe intérieure. De cette manière, l’assemblage des éléments tente de démontrer que l’union réciproquement profitable du neuf et de l’ancien dépasse la somme de chacune des parties. Cette union est mise en scène par la charpente qui devient l’expression de cette idée constructive. Le travail plastique et sonore de l’artiste Zimoun m’a tout particulièrement intéréssé au sujet des questions de textures, de tectoniques et de rapport sensoriel à la matière. L’artiste assemble de manière répétitive une série d’éléments à priori banals, des cartons de récupération, au sein de gigantesques mécanos qui génèrent des parois longues de plusieurs métres. Au delà du potentiel plastique de tels assemblages, le module est généralement animé d’une installation mécanique qui permet d’offrir un autre niveau de lecture aux parois. La collision entre les éléments donne en effet un son à cette matérialité,. Celui-ci confère à l’assemblage d’éléments aussi basique que du carton de récupération une forme d’expression visuelle, tactile et sensiorelle. Cette référence nous sert pour accompagner le prototypage d’une portion de mur d’atelier. Il s’agit de retrouver l’expressivité plastique et sensorielle de ces textures dans l’appareillage des briques de réemploi et dans la perception tectonique de ces murs épais.

Nettoyage de briques de réemploi et test d’appareillages en atelier échelle 1.

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CONCLUSION La question légitime que beaucoup d’architectes se posent au commencement de chaque projet pourrait se formuler de la sorte: «Comment est-ce que la manière dont je vais intervenir ici va rendre meilleur ce morceau de surface terrestre?» Car si il ne le rend pas meilleur, à quoi bon faire de l’architecture? C’est en me posant cette question au début du projet, chose qui n’a pas été toujours si évidente pour moi en tant qu’étudiant, que j’ai saisi l’opportunité de réf léchir sur la manière dont je concevais l’architecture. Derrière le mot concevoir se cache à la fois la forme, la manière d’aboutir à un résultat grâce à une méthode et son processus, ainsi que le fond, ce qui anime et ce que devrait être pour moi un édifice. J’ai ainsi décidé d’entreprendre une démarche orientée vers la question du rapport à la construction en tant qu’acte éthique et théorique, un acte qui se positionne face à un déjà-là. L’acte de concevoir n’est jamais neutre. L’architecture et le paysagisme sont deux domaines amenés à jouer un rôle dans la transformation de la surface terrestre à un moment donné de son histoire. De ce fait, concevoir devient un acte qui se positionne forcément vis à vis de nos situations contemporaines. La question du rapport au contexte est aujourd’hui devenue hégémonie dans la manière dont nous sommes censés concevoir. Mais que se cache t’il réellement derrière cette question? S’arrête t’elle à la seule manifestation formelle de ce qui a été pensé par rapport au contexte? Je pense que ce rapport doit dépasser en architecture le simple fait formel et se positionner de manière plus large en réaction vis à vis de situations spécifiques. De cette manière, je ne reste plus passif face à l’acte de construire. Je suis capable d’analyser une situation et de m’emparer de thèmes de travail sans à priori, à partir du moment où je les pense propice à raconter une histoire qui fait sens vis à vis de celle-ci. J’ai également certaines idées sur tel ou tel pro-

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gramme, la manière dont il devrait être selon moi car j’ai déjà eu l’occasion de le pratiquer. C’est donc de cette façon que j’ai enviseagé le thème du réemploi au cours de ce projet, abordé pour la première fois au cours de mon cursus. L’acte de concevoir s’enrichi par opportunisme. Alors que la fabrication de thèmes de travail et de prises de positions en réaction à une situation spécifique peut, je pense, se passer en dehors de l’espace-temps du site de projet, l’acte de concevoir s’enrichi indubitablement de son contact avec le lieu et les personnes qui donneront vie à la construction. Il s’agit de s’emparer dans leur globalité des opportunités que nous offre un projet afin de les sélectionner et d’en tirer profit. De l’usager jusqu’au paysage, des références jusqu’aux savoir-faire locaux, les opportunités ne peuvent émerger que grâce à un travail d’analyse problématisée, de mémoire et de recherche. Dans le cas du réemploi, l’architecte devient également un «chercheur d’or» qui s’empare d’un gisement et en tire le meilleur parti dans le respect des cultures locales. Loin de lui affecter une consonnance péjorative, l’opportunisme est donc une manière de se fabriquer une matériauthèque à consulter sans limitation lors de la fabrication du projet. Une architecture qui remet en question les fondements industriels de la construction. En mettant à profit une opportunité de déconstruction de structures industrielles à proximité du site de projet, l’objectif n’était pas de recréer un édifice aux logiques industrielles. Il était de comprendre leur essence et de mettre en valeur leur expressivité propre par l’association du neuf et de l’ancien. Nous avons choisis d’associer la brique, la terre, le bois, le béton, le verre et le métal au sein d’un même projet. Non pas afin de fabriquer un catalogue de matériaux de façades ou de sytèmes constructifs destinés aux étudiants de l’école d’architecture mais simplement parce que nous les avions pour certains trouvés, pour d’autres convoqués. Pour Jean-Marc Huygen, «On se contente de dire aux étu-

diants qu’il y’a trop de matériaux dans leur projet ; qu’ils

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doivent opérer des choix pour atteindre la simplicité, non pas en réduire le nombre mais les assembler de façon différente. Or on ne leur donne aucune clé. En conséquence, lorsque des objets récupérés à droite et à gauche sont réemployés, cela conduit souvent à une sorte de pollution sémiotique, à un grand désordre de matières, de couleurs, qui rend l’objet réalisé extrêmement bavard. Nous voyons ici le résultat de la toute puissance du béton, dont l’unicité de matière ne nécessite pas de savoir-faire dans l’association des matériaux.»30 Je revendique une architecture dont les processus de fabrication, les fondements théoriques et l’esthétique témoignent de la richesse des matières, des matériaux et des savoirs constructifs qui émanent d’un territoire. Il ne s’agit pas de rejeter en bloc les procédés industriels de construction et de cantonner l’architecture à une échelle artisanale dont elle ne peut se satisfaire à l’heure actuelle. Il s’agit de s’emparer de ce que le meilleur des deux mondes nous propose, le concept de préfabrication, la beautée des détails réalisés à la main, le rapport du corps à la matière et aux outils. Cette architecture donne pour moi un sens au mot durabilité et la manière dont j’ai tenté de la concevoir, je l’espère, constituera un socle pertinent pour le début de ma pratique professionnelle.

30 HUYGEN, Jean-Marc, La poubelle et l’architecte, Paris: Actes Sud, 2008.

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LEXIQUE DES NOTIONS OPÉRATOIRES Architecte: «Dans le monde grec [...] l’architecte, c’est le chef-constructeur. L’arché, c’est ce qui indique le commandement en même temps que la connaissance des principes. La techné, c’est l’habilité du faire. Mais le poiein grec ne distingue pas le faire pratique du faire poétique.» (Architectes et/ou ingénieurs: du nom de l’architecte, QUEYSANNE Bruno, dans «L’idée constructive en architecture», Éditions Picard, 1987.) Pour moi, l’architecte contemporain mets son statut de chef-constructeur au service de la transition écologique Architecture: Pour Auguste Perret, «l’architecture, c’est ce qui fait de belles ruines.» Je reprendrais donc sa définition en y ajoutant que l’architecture, c’est ce qui s’inspire des belles ruines dans le but d’en faire de meilleures. Contexture : Dérivation savante de contexte d’après texture : Organisation des éléments formant un tout complexe, généralement fonctionnel (Défintion CNRTL) Entrelacement, assemblage d’éléments, organisation de parties qui forment un tout (Définition Larousse) Durabilité : Caractère, qualité de ce qui est durable (Définition CNRTL). Pour moi, la durabilité correspond à la manière dont nous sommes capable de transformer la surface de notre planète en harmonie avec un moment donné de son histoire. Hybridation : Concept utilisé afin de mieux définir ma vision du réemploi. Je défini l’hybridation comme le croisement durable et réciproquement profitable du neuf et de l’ancien.

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Symbiose: Concept utilisé afin de mieux définir ma vision du réemploi. La symbiose signifie que l’union entre le neuf et l’ancien dépasse leur simple addition. (1+1=3) Méthode procédurale: Méthode qui amène à concevoir un bâtiment en suivant une procédure et des règles connues avant son élaboration. Pour définir l’architecture moderne, Le Corbusier fabrique cinq règles qu’il applique scrupuleusement à la Villa Savoye. J’ai ainsi tenté en partie 1 de me donner les règles de conception que j’estimais appropriées au sujet du réemploi et de l’école d’architecture. Méthode processuelle: Méthode qui amène à concevoir un bâtiment par expériences successives à partir d’une intention initiale. Le résultat n’est généralement pas connu et dépend uniquement d’un arrêt du processus à son moment d’aboutissement. J’ai tenté de m’emparer des règles précédentes afin de les rendres opératoire au sein des expériences qui m’ont servies à contexturer le projet. Paysage : «Expériences sensorielles, repères, mémoire, imaginaire, actions en cours, tout s’aborde, tout s’inscrit dans le paysage. Tout s’en exhale, tout s’y cache et s’y révèle pour peu qu’on prenne le temps de regarder, d’écouter, de se souvenir ou d’imaginer. Le paysage est comme un puzzle à plusieurs épaisseurs de temps et d’espaces qui réunit en un tout les pièces de notre mémoire» (MAGERAND, Jean et Elizabeth MORTAMAIS. Vers l’hyperpaysage. Paris: L’Harmattan, 2009) Opportunisme: Comportement d’une personne qui agit en fonction des circonstances et sait exploiter les occasions; aptitude à saisir toutes les occasions avantageuses. (Définition CNRTL) Dans le cas de la conception architecturale, ne doit pas être enviseager de manière péjorative mais comme un moyen d’action intelligent et durable. Réemploi: Je définis le réemploi réemploi comme l’action qui consiste à réutiliser de manière intelligente un élément physique ou non physique afin de l’adapter à un nouvel usage.

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BIBLIOGRAPHIE: Sur le réemploi: - HUYGEN, Jean-Marc, La poubelle et l’architecte, Paris: Actes Sud, 2008. - HUGRON, J-P, Vers une industrie du réemploi, dans l’Architecture d’aujourd’hui, n°422, déc 2017 - CHOPPIN Julien ; DELON Nicola. Matière grise - Matériaux, réemploi, architecture, Editions du Pavillon de l’Arsenal, 2014 Sur la conception architecturale: - VIOLLET-LE-DUC, Eugène, Entretiens sur l’architecture, Paris, Pierre Mardaga, 1977 - BESSE, Jean.-Marc, Habiter, un monde à mon image. Paris: Flammarion, 2013 - POUILLON, Fernand, Les pierres sauvages, Paris: Éditions

du Seuil, 1964.

- ASHIHARA, Yoshinobu. L’ordre caché: Tokyo, la ville du XXIème siècle? Trad. Henri Gaudin. Paris: Hazan, 1994. Sur l’enseignement de l’architecture et du paysage: GAUZIN-MULLER, Dominique, MANIAQUE, Caroline, ZAWISTOWSKI, Marie, Peut-on innover en apprenant?Le design/build et l’apprentissage expérientiel, dans D’A n°250, Décembre 2016 -

- POMMIER, Juliette, Déclin et renouvellement des modèles

pédagogiques à l’Ecole des Beaux-arts : l’Atelier Collégial n°1 (1960-1970) , dans L’atelier et l’amphithéâtre : les écoles de l’architecture, entre théorie et pratique, sous la direction de Guy Lambert et Estelle Thibault, Wavre : Mardaga, 2011, p. 173-196.

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Sur la construction en architecture: - BENVENUTO, Edoardo, L’idée constructive, dans L’idée constructive en architecture; sous la direction de Xavier MALVERTI, Grenoble: Picard éditeur. - BANHAM, Reyner, Le brutalisme en architecture: éthique ou ésthétique?, Paris : Dunod , 1970 FRANMPTON, Kenneth, La tectonique revisitée, dans Le projet tectonique, sous la direction de Jean-Pierre Chupin et -

Cyrille Simonnet, Paris: Infolio éditions, 2005 Sur le paysage: - CLÉMENT, Gilles. Manifeste du Tiers paysage. Paris: Éditions Sujet/Objet, 2004.

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ANNEXE: Un exemple de fiche usager réalisée par l’atelier ANDRIEUX François

NOM Prénom

Vieux Lille métro

Lieu de résidence Moyen de locomotion

directeur 8+21+3 non renseigné

Statut / Profession Années dans l’école Âge

Lieux de vie en France / Etranger

Loisirs / Activités non renseigné non renseigné

Lille Nantes

Engagements non renseigné non renseigné

20 20

10

00

CEAU Paris Malaquais

20

90

80

70

19

60

Parcours ENSAPL

1993 - 1996 2003 - titularisation ENSAN Enseignement St-Luc 1983 diplôme Directeur Etudiant ENSAPL ENSAPL 1995 - Enseignement 2011 ENSAPL titulaire ENSAN Fréquentations hebdomadaires Lun

Mar

Mer

Jeu

Ven

Sam

Dim

Mat A-M

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Parcours commenté Lieux du parcours

_ l’école _hall (neuf) JJJ JJJ _hall (ancienne entrée) JJJ JJJ JJJ JJJ _salle des collones _aquarium JJJ _ escalier rouge _bâtiment Seraji

_banane

_salle Mallet Stevens _salle de communication _bureau du directeur

Photos

2018 . enquête programmatique / corps administratif

Mots/expression employés

_mal située dans la ville _ difficile à habiter _on bute sur un mur, _pas de vue _ nostalgique de l’esthétique brute _ belle vue sur le RDC bas _ bonne lumière zénitale _ la prolifération _la trame capable _l’open space : éfficace _ «le pire c’est l’aquarium post moderne avec ses lignes figuratives» _rien _ l’esthétique brute _ entre-deux appropriable _différents usages : étalement des ateliers, affichages, expositions _ forme courbe qui bloque la prolifération _ programmation du «non sens» _atelier trop petit _couloir trop étroit pour y développer une appropriation éfficace _ usage contraignant _«pourquoi un poteau au milieu ?» _«future salle des profs» _ ouvert c’est meiu mais problème de vol

2

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Entretiens / Questions communes 1.relation à la ville ? espace enclavé et caché derrière V2 2.confort ? _ Il a fait acheter une cuisinière _ difficile à habiter _ manque d’espaces pour afficher _ ateliers trop petits, trop repliés sur eux même et sur la discipline dispensée

Approche critique 1. que voudriez vous changer ? _ Les salles accolées à la salle des colonnes: il voudrait retrouver l’open-space originel car les petits ateliers cloisonnés ne répondent plus à la pédagogie actuelle _ Réouverture : on peut faire varier les formats, permettre un croisement plus aisé avec les paysagistes. 2. que vous manque-t-il ? _ une bibliothèque dans son bureau ( en cours) _ un atelier comme La Fable ouvert sur la ville et sur l’atelier échelle 1 _ accueillir des publics autres lors d’événements _ ouverture de la cafèteria sur l’espace d’exposition

Entretiens / Questions particulières 1.Qu’est-ce-qu’une école d’architecture ? un lieu spacieu conformable, adaptable aux différentes pédagogies évoluant au court des années.- On ne peux pas tout anticiper ... Une école d’architecture c’est une « machine capable », pouvant absorber différentes pédagogie dans le temps. 2.Votre vision de la pédagogie d’une école d’architecture en 2 mots ? _ ouverture (en interne et à son environnement) _ l’expression d’un collectif

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Journée type Jour

8

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Journée particulière (rendus, visite) Jour / particularité

arrivée à l’école

Le jeudi

pause clope sur la terasse haute du R+1

idem

RDV / bureau aller-retour entre son bureau et celui de JeanPierre Houssier

idem

pause repas avec le personnel de l’administration dans la thesanerie ou achat à la cafétériat

8

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pause repas avec les professeurs.

RDV/bureau 16

pause clope sur la terasse haute du R+1

16 idem

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Annexes et ajouts complémentaires un espace appropriable en temps de temporalité courte

Son espace préféré : le plus en lien avec l’évolution pédagogique d’aujourd’hui

Son expérience à l’ENSAN POSITIF : l’emplacement, l’ouverture à la ville, les open-spaces, les espaces informels devenant des espaces appropriables au travail autonome, les espaces doublés de L&V par rapport au programme, espaces lumineux. NÉGATIF : espaces doublés L&V moins qualitatif (peu chauffé), 30% en plus que dans le programme, avec pourtant, le même confort. Le RDC ne marche pas : pas fonctionnel, pas vivant, pas de cafet. Trop lumineux pour projeter sur diapos mais pas insurmontable : ajouter des stores? 5

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