Ce dossier relate le travail mené par le Collectif Etc au sein du Bureau Éphémère d’Activation Urbaine (p.2), une expérience imaginée par l’association Carton Plein, dans le cadre de leur recherche-action sur le devenir des rez-de-chaussée du quartier Jacquard.
les vieux beaux mobiliers urbains dans le cadre du
Du 16 au 28 mars 2015, le Collectif Etc a emmenagé dans un local vacant du quartier et tenu la boutique des Vieux de préfiguration Beaux (p.4), un atelier de fabrication de mobiliers et d’aménagements urbains de proximité, dans l’idée de questionner projet de carton plein, et de nourrir les enjeux du projet urbain Jacquard (p.8), notamment au niveau de l’aménagement de ses espaces publics.
le b.e.a.u. et de l’appel à projets,
à partir d’une proposition retenue par l’appel à projets Banc d’Essai (p.12) dans le cadre de la Biennale du Design 2015, le Collectif Etc a proposé une déclinaison de mobiliers urbains de préfiguration (p.16), afin d’imaginer des espaces publics de proximité et des lieux de convivialité.
banc d’essai
Ces propositions et préfigurations d’aménagements urbains ont été critiquées et questionnées à travers une étude d’usages (p.20), qui soulève et propose des pistes d’interventions. L’essentiel des mobiliers et aménagements a été démonté ou déplacé, et une partie d’entre eux prolonge l’expérience à La Cartonnerie et sur le futur espace public de Grand Gonnet (p.30).
le bureau éphémère d’activation urbaine par carton plein Depuis près d’un an, Carton Plein porte une recherche-action au long cours afin de réactiver les nombreuses boutiques fermées du quartier Jacquard en s’appuyant sur les ressources locales et sur l’identité cosmopolite de Saint-Étienne. Le quartier Jacquard s’est en effet progressivement métamorphosée ces dernières années : le bouillonnement des rez-de-chaussée a laissé place à des vides pesants où des logements aux volets fermés impactent directement l’hospitalité du quartier. Le Bureau Éphémère d’Activation Urbaine est un temps d’expérimentation spécifique au sein de cette recherche, réalisé en collaboration avec de nombreux complices, notamment La Louce et le Collectif Etc. À plus long terme, ce travail cherche à cultiver la vitalité du territoire, le ré-investissement de ces rez-de-chaussée ayant pour aspiration la transformation de l’ambiance des rues délaissées. L’objectif est de mettre en lien les diverses initiatives locales, la population et ses spécificités, pour impulser une véritable action collective. Les outils et méthodologies développées sont au service du projet urbain afin d’apporter un éclairage différent sur le territoire, en complémentarité de l’expertise institutionnelle. Du 14 mars au 4 avril, le B.E.A.U. s’est installé dans une boutique vacante au croisement des rues J.Ledin, Grand Gonnet, Paul Bert et Honoré de Balzac. C’est un espace d’expérimentation collaboratif ouvert à tous ceux, professionnels ou non, qui veulent s’associer à cette démarche et l’enrichir. En parallèle, 6 autres boutiques ont été utilisées par différentes initiatives, dont les Vieux Beaux (cf page suivante), formant un maillage de compétences et d’expériences sur quelques rues du quartier. Pendant la Biennale, l’équipe a travaillé in situ pour mener l’enquête, donner à voir les particularités du quartier, imaginer collectivement des scénarios pour transformer de manière pérenne ou éphémère les espaces, en travaillant avec les propriétaires des boutiques vacantes, celles en activité, les commerçants, les aménageurs, les voisins, etc…
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CARTON PLEIN est une association stéphanoise qui porte un lieu de recherche expérimentation collectif. C’est un laboratoire, un lieu de travail partagé et stimulant articulé à un espace public expérimental et temporaire, La Cartonnerie, un espace de croisement vivant qui regroupe architectes, sociologues, artistes, jardiniers, designers, et tout autre citoyen intéressé par les transformations des espaces publics. 3
les vieux beaux trois semaines de chantier dans le quartier Nous avons passé notre première semaine de chantier à la mise en place du B.E.A.U., en construisant notamment les éléments de mobilier et d’affichage nécessaire à la tenue du Bureau Ephémère. Puis, pendant deux semaines, nous avons pris nos quartiers dans le local en rez-de-chaussée à l’angle des rues Grand Gonnet et Etienne Boisson, mis à disposition par son propriétaire, l’EPASE. Ce local étant en cours de rénovation en vue de l’implantation future d’une profession libérale médicale, nous n’avons exploité que la partie sur rue, aménageant sommairement notre atelier, avec son lot de matériels et son stock de bois. Pour seuls signes extérieurs de nouvelle activité, nous avons mis en place notre enseigne (réalisée par notre complice graphiste Costanza Matteucci), toiletté les careaux soulignés par le scoth fluo, commun aux boutiques du quartier utilisées par le B.E.A.U. Malgré cette installation relativement sommaire, notre activité a suscité l’intérêt des passants et voisins, curieux de notre initiative et du devenir de ce local. Et nous avons pu bénéficier de sa visibilité sur les rues adjacentes et à travers la percée nouvellement créée entre les rues Grand Gonnet et Honoré de Balzac.
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Le COLLECTIF ETC est une association d’architectes-urbanistes-bricoleurs, aujourd’hui basée à Marseille, ayant pour volonté de rassembler des énergies autour d’une dynamique de questionnement de l’espace urbain. Nos projets se veulent optimistes, ouverts et sont orientés vers le public spontané de la ville. Leur particularité commune est d’agir dans l’espace public en intégrant la population locale dans leur processus créatif. 5
les vieux beaux trois semaines de chantier dans le quartier La météo ayant été plutôt clémente en ce mois de mars, nous avons essentiellement travaillé dehors, de l’autre côté de la rue, sur cet espace dégagé par la démolition des immeubles qui s’y trouvaient. Cela nous a permis d’être disponibles pour échanger et discuter avec les passants, voisins et curieux, d’aller à la rencontre des commerçants du quartier, avec qui nous avions entamé les réflexions lors d’un workshop en février avec Carton Plein et l’équipe du B.E.A.U. Nous avons ainsi pu imaginer des dispositifs pour tester de nouveaux usages en lien avec leur activité, et d’autres façons d’occuper l’espace public devant leur devanture. Pendant ces trois semaines, nous avons par ailleurs travaillé avec plusieurs bénévoles, du quartier ou de Saint-Etienne, et plusieurs groupes issus de différentes structures. L’occasion pour nous de partager nos réflexions sur la fabrique de l’espace public et l’aménagement urbain en général, de croiser les regards et d’ouvrir la réflexion du B.E.A.U. à un public plus large. On peut citer les jeunes très motivés de l’AGASEF, association travaillant notamment pour la prévention spécialisée auprès des jeunes en risque de marginalisation, qui ont passé 4 demi-journées sur le chantier. Une autre aprèsmidi a été partagée avec un groupe d’enfants issu de l’Amicale Laïque Chapelon pour réaliser un mobilier dédié à la cour du nouveau bâtiment (voir p.15). Les 16 et 17 mars, ce sont 5 designers participant au workshop Human Cities, organisé par la Cité du Design, qui se sont joints à nous pour dessiner, concevoir et réaliser deux mobiliers (voir p.14).
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les enjeux du projet urbain Acupuncture d’interventions sur l’espace public Notre action sur les espaces publics du quartier Jacquard vise à nourrir et alimenter le projet urbain en cours mené par l’EPASE, sur la base du plan guide Entre Jacquard et Carnot, rédigé par l’équipe de maîtrise d’oeuvre urbaine Territoires Urbains Architectes Urbanistes, Atelier de Ville en Ville, Tribu et Arcadis. «L’espace sur lequel agir, est ici limité et les actions pouvant être engagées portent à la fois sur l’espace public et sur l’interface entre l’espace public et l’espace résidentiel, les rez-de-chaussée.» A moyen terme, ces interventions sur l’espace public doivent pouvoir accompagner les transformations des locaux en rez-de-chaussée et participer de leur qualité. Et pour agir sur l’espace public, différentes postures sont proposées suivant les grandes entités du quartier : D’une part, une intervention sur les rues Paul Bert, Grand Gonnet et Honoré de Balzac, «en cohérence, en écho, avec les travaux réalisés rue Praire», afin de «soutenir et renforcer» la zone de chalandise de la place Jacquard. D’autre part, le plan guide suggère d’intervenir autour de l’école Vittone, en annexant le square et l’allée attenante à l’école, aujourd’hui quelque peu à l’étroit. Cela induit une requalification de l’impasse Bourgneuf afin de créer un parvis d’accès à l’école, et un traitement des abords du square, futur espace récréatif de l’école. Enfin, la troisième grande préconisation concerne le coeur du quartier formé «par les rues Malon, Bourgneuf, Boisson et Grand Gonnet où l’objectif est d’abord de rompre son isolement et de le réinstaller comme une lieu passant et habité entre Jacquard et Carnot.» L’étude préconise d’intervenir sur l’espace public aux «entrées», aux carrefours, et de les traiter comme des seuils, des respirations le long de ces rues quelques peu étroites et denses en stationnements, pour redonner un peu de place au piéton, et offrir des aménités le long du parcours. Le plan ci-contre présente en bleu ces zones d’interventions identifiées, sur lesquelles nous nous sommes basées pour proposer nos interventions. Elles correspondent à des points stratégiques, que nous avons complétés par les «points chauds» que nous avons relevés avec nos complices de Carton Plein (voir p.17). L’étude propose enfin de mettre ne scène le passé commerçant (notamment de la rue Ledin), de proposer de nouveaux usages et de conforter ceux existants (voir illustrations 1 et 2). 8
1 : l’occupation de places de stationnement
2 : l’agrandissement des trottoirs aux carrefours
les citations sont tirées du document : «Mise à jour du plan guide, Entre Jacquard et Carnot», Territoires Urbains Architectes Urbanistes - Atelier de Ville en Ville - Tribu - Arcadis, 3 novembre 2014
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mobiliers urbains de prÊfiguration dans le cadre de banc d’essai
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Banc d’essai mobiliers urbains de préfiguration Dans le cadre de l’appel à projet BANC D’ESSAI lancé par la Cité du Design en partenariat avec la ville de Saint Etienne, le Collectif Etc a été sélectionné pour exposer deux prototypes de mobilier urbain pendant le temps de la Biennale du Design 2015. Le Collectif Etc, en collaboration avec le designer Malo Mangin, a proposé deux principes de détournement et de réemploi de mobiliers municipaux pour en faire de nouveaux éléments de mobilier urbain. Les premiers prototypes ont été construits dans les locaux de Carton Plein du 9 au 13 février 2015.
1- LES RECYCLEURS Le projet consiste en un détournement : la fonction initiale du container change, mais les atouts techniques existants sont conservés. L’ancien usage est lisible, mais il a été remplacé par quelque chose de plus généreux. Leur présence ne surprend pas, on est habitué à voir ces objets, leur nouvelle fonction nous invite simplement à les regarder, pour ne pas oublier qu’ils existent. Un scénario optimiste pour le devenir de ces structures qui pourraient venir meubler les rues au rythme des événements et des chantiers.
2- Les Redoublés Les mobiliers d’école font partie de la mémoire collective, ils renvoient aussi au partage, à la mise en commun, à la prise de parole publique, à la fête. Si ils ont traversé les époques, c’est qu’ils sont d’une robustesse à toute épreuve, mais malgré tout inadaptés à l’espace public. La proposition consiste à réaliser un assemblage de ces éléments de mobilier d’intérieur pour l’espace public. La démarche est presque opposée à celle du détournement des containers : nous proposons de conserver la fonction de chacun des éléments installés, mais d’adapter la structure et la composition.
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les recycleurs déclinaison et mise en place RECYCLEUR #1 Ce premier prototype a été réalisé dans les locaux de Carton Plein durant la semaine du 9 février. Le déplacement et la pose ont été assurés par les Services Municipaux de la ville le 11 mars. Il offre une alcove, un petit renfoncement pour faire une pause ou discuter. Le projet joue sur le contraste entre les deux entités, le container en plastique et un rajout fait de bois.
RECYCLEUR #2 Ce second container a été transformé directement sur l’espace Grand Gonnet-Balzac, lors de notre seconde semaine de chantier. La greffe ajoutée au container le traverse de part en part, créant un tunnel, un petit abri, en jouant sur la perspective offerte à travers l’ancien container.
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les redoublés déclinaison de mobiliers LE CULBUTO Angle des rues Grand Gonnet et Honoré de Balzac Exploitant la surlargeur du trottoir devant la pharmacie, ce mobilier a été dessiné, conçu et construit avec une partie des participants au workshop Human Cities. Composé de 4 chaises disposées sur un plateau en forme de diamant, il offre une dimension ludique au mobilier urbain de par son instabilité, à mi-chemin entre tourniquet et siège à bascule. Les bancs à bascule Angle des rues Jules Ledin et Grand Gonnet Ce mobilier a lui aussi été conçu dans le cadre du workshop Human Cities. Il reprend la notion d’instabilité développée à cette occasion avec deux bancs en vis-à-vis basculant suivant le nombre de personnes assises. Installé devant le local du B.E.A.U., il a monopolisé un stationnement en offrant un parvis au local.
L’ARCEAU Angle des rues Jules Ledin et Grand Gonnet à côté des bancs à bascule nous avons disposé un arceau, suite au constat de la présence permanente de vélos devant la boutiqe du B.E.A.U. Il exploite la structure métallique d’une ancienne table d’écolier, et n’empiète même pas sur la partie routière, étant placé entre le passage piéton et le premier stationnement.
LES DALTON début de la rue Paul Bert Ce mobilier a été conçu à partir de la fin de notre stock de mobiliers scolaires empruntés à la ville : un bureau et 3 chaises de tailles différentes. Il a été utilisé et géré par Amine, le propriétaire du salon de Coiffure Solidaire.
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MANGE-DEBOUT #1 9 rue Jules Ledin Ce mange-debout a été placé sur une place de stationnement face à deux des derniers commerces actifs de la rue Jules Ledin : la boulangerie Grain d’Ellebore et le magasin de producteurs Au Terroir. L’idée était de pouvoir offrir aux clients la possibilité d’une halte pour échanger quelques mots et pourquoi pas quelques produits.
MANGE-DEBOUT #2 22 rue Paul Bert Ce second mange-debout a été proposé à la boutique La Femme à Barbe, et exploité notamment à l’occasion d’un vernissage. Il a lui aussi monopolisé un stationnement, comme alternative à la perspective d’une voiture garée devant la devanture. Plus largement, les commerçants de la rue ont été plusieurs à marquer leur envie d’un endroit pour boire le café ensemble et discuter. LA CLASSE Espace public entre les rues Grand Gonnet et Balzac Cette configuration d’assises est née d’une réinterprétation de leur usage premier, la salle de classe, pour créer un groupe de sièges en hémicycle. Il a pris place là où il a été construit, sur l’espace en friche entre les rues Grand Gonnet et Honoré de Balzac, futur espace public, une fois les travaux des deux futurs bâtiments terminés.
l’assemblée Amicale Laïque Chapelon, place Jacquard Cet ensemble a été conçu et construit avec un groupe de jeunes lors d’un atelier avec l’Amicale Laïque Chapelon, dans l’idée dès le départ de le disposer dans l’une des cours du tout nouveau bâtiment. Il offre des assises dans cet espace minéral et stérile, anti-chambre du bâtiment et parfois stationnement inopportun.
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mise en situation des mobiliers espaces publics investis Durant ces deux semaines de chantier, nous avons ainsi construits ces mobiliers depuis notre local ou l’espace extérieur Grand Gonnet, et une fois achevés, une petite parade de rue se déroulait pour transporter l’encombrant objet jusqu’à sa destination, à quelques rues de là. La déclinaison de mobiliers a permis de tester différentes propositions d’usages, mais surtout de mettre en exergue une partie des lieux identifiés dans le plan d’aménagement des espaces publics du quartier ou d’en relever d’autres, liés à une activité en rez-de-chaussée. Malgré l’énergie développée, nous n’avons toutefois pas eu le temps ou la possibilité d’intervenir partout là où nous le souhaitions, et l’on pourrait aisément imaginer reproduire l’expérience dans le quartier par des dispositifs légers.
Parmi ces occasions manquées, deux sont à relever : LE FOCH Angle des rues Camélinat et Jules Ledin Il est l’un des derniers commerces de la rue Jules Ledin, à l’angle avec la rue Camélinat. Le bar/tabac le Foch a vieilli, et pourtant, avec son emplacement ensoleillé, un peu à l’écart des rues trop bruyantes, il attire quelques habitués et jeunes du quartier. Nous avons discuté à plusieurs reprises avec sa propriétaire afin de lui proposer de mettre en place un mobilier devant sa devanture et tester la possibilité d’une surlageur au trottoir, et d’une potentielle terrasse. Malheureusement, elle a refusé, pour différentes raisons, et par fatigue. Elle est notamment en conflit avec une partie des jeunes passant leur journée devant sa vitrine, et souhaite vendre son commerce. Néanmoins, cet angle de rues reste un espace important dans la structure du quartier et son développement potentiel. Place Vittone et impasse Bourgneuf On pourrait, à notre avis, imaginer facilement de prototyper, de tester l’évolution future de l’impasse Bourgneuf et du square Vittone. Voire pourquoi pas imaginer un processus phasé de co-création des aménagements à venir en lien étroit avec l’école, les écoliers et leurs parents, et un ou plusieurs designers stéphanois.
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1. le culbuto 2. les bancs à bascule 3. l’arceau 4. les daltons 5. mange-debout #1 6. mange-debout #2 7. la classe 8. l’assemblée 9. les recycleurs 10. square Vittone 11. impasse Bourgneuf 12. bar-tabac le Foch
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étude d’usage des mobiliers retours d’expériences, besoins et pistes pour la suite Ce retour d’expérience sur les mobiliers placés dans le quartier a été réalisé pendant et à la fin du B.E.A.U., sous forme d’interviews et de discussions plus ou moins formelles. Cette matière a été complétée par nos propres observations, du Collectif Etc et de l’équipe de Carton Plein. Sans être objective, elle permet de retranscrire les réactions et remarques suscitées par ces expérimentations et préfigurations.
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étude d’usage des mobiliers mange-debout #1 / grain d’elleborde et au terroir Boulangerie Grain d’Ellebore BILAN : Au premier abord, Dominique la boulangère ne semble pas très emballée par l’objet, pour plusieurs raisons : La taille du dispositif ne convient pas vraiment, «là il a un peu l’air coincé entre les bagnoles». Et c’est dommage de mobiliser une place de stationnement entière pour un usage ponctuel. Pourquoi pas un mobilier plus petit. D’autre part les clients ne comprenaient pas très bien l’objet car ils ne consomment pas sur place... Il serait plus utilisé s’ils vendaient un petit café à déguster. Au niveau des usages, c’était intéressant pour les clients de pouvoir y accrocher leur vélo. Une piste serait d’«imaginer un mobilier pour les vélos qui intègre tablette et assises, lors de degustations. Il arrive que les gens demandent un café...» Lorsqu’on lui a annoncé qu’on allait enlever le mobiler l’après-midi, Dominique était très déçue «finalement on s’y attache à ces ptites bêtes»... On a regardé ensemble pour le stocker dans leur cour mais ça ne passait pas. Intéressant de voir qu’elle n’est pas habituée à ce genre de démarche, l’objet ne lui convient pas vraiment mais le prototype permet de se projetter, de recalibrer les besoins, les usages et les possiblités. Cela lui a ouvert des perspectives, donné des envies... Pour information, le weekend avant le retrait du mobilier les jeunes de la rue Jules Ledin l’ont déplacé vers la Patate Rapée pour se poser. BESOINS: - Un mobilier avec «une esthétique plus en lien avec le Grain d’Ellebore». Enjeu de travailler avec eux sur la conception, l’univers de l’objet. - Un parking vélo, ou une série d’arceaux pour les clients. - Un espace dépose-minute pour la livraison du bois. - Pourquoi pas un mange-debout greffé au parking à vélo mais ils devront développer une activité pour que les clients consomment sur place.
crédit : Lajos Major
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Magasin de producteurs Au Terroir BILAN : Intéressant mais dommage de mobiliser une place de stationnement. De nombreux clients viennent de Saint-Etienne mais une grande partie de la clientèle fidèle vient en voiture depuis la périphérie. Pour eux, ils ne peuvent pas se permettre de bloquer une place de stationnement. Par contre ils sont intéressés comme le Grain d’Ellebore par un mobilier pour attacher les vélos... «Et le mange debout c’est pas mal, mais il faudrait l’animer...» Les clients se demandaient un peu ce que c’était. «Sans animation ils n’ont pas vraiment de raison de se poser là». Trois semaines de Biennale c’était trop court pour eux, et ils n’ont pas eu le temps de s’approprier le concept et animer le mobilier pour que les clients l’utilisent vraiment. Ils proposent de temps en temps des petites animations, par exemple à la fin du mois ils doivent organiser une animation pour inaugurer leur boutique réaménagée. ça leur a donné des idées. BESOINS : - Au final, ce qui les intéresserait vraiment c’est un objet mobile qu’ils pourraient rentrer et sortir, qu’ils puissent l’installer sur le trottoir en fonction des besoins, sans mobiliser une place de stationnement en permanence. - Un espace pour accrocher et laisser son vélo. - Un espace dépose-minute pour leur livraison des produits, et pourquoi pas le stationnement des clients.
Pistes pour la suite : Imaginer et proposer un mobilier pérenne qui ne mobilise pas en permanence une place de stationnement, qui puisse servir de mange-debout pour les évènements ponctuels, pour le Terroir et la boulangerie. Imaginer un dispositif ambulant mutualisé entre les commerçants pour des animations de dégustation ponctuelles. D’autre part, cette aération dans l’alignement de stationnements met en valeur les boutiques et accentue le lien visuel entre les deux. Peut-être imaginer un petit élargissement de trottoir pour mettre en valeur ce pôle reconnu de nourriture de qualité ? «On pourrait redessiner les places de stationnements pour gagner un peu de place et installer une borne pour garer les vélos.» 23
étude d’usage des mobiliers mange-debout #2 / la femme à barbe BILAN : Le mobilier a été très utilisé et approprié par l’équipe de créateurs qui prenait chaque jour leurs pause café et déjeuner dehors. Ils ont remarqués que la forme de l’objet, et le fait qu’ils s’installent dessus dans l’espace public, a généré de nouveaux liens sociaux : les gens s’arrêtaient pour observer la «bizarrerie» et se mettaient à discuter avec eux. Et certains rentraient peut-être plus facilement dans la boutique par curiosité. Comme un prolongement de l’atelier vers la rue, l’objet crée une forme de convivialité et de curiosité dans l’espace public, offrant une plus grande visibilité. «Il faut dire aussi que ça met la boutique en valeur, plus qu’une bagnole garée devant». Certains voisins ont fait remarquer que cela mobilisait une place de stationnement. D’ailleurs une voisine a poussée l’installation de quelques centimètres pour pouvoir se garer correctement. Finalement ils étaient très nostalgiques que l’objet soit déplacé.
BESOINS: - Ils souhaiteraient pouvoir mobiliser une place de stationnement devant chez eux pour avoir une terrasse et tester différentes occupations (cf. Parking Day). Ils sont prêts à discuter avec la municipalité de cette occupation plus pérenne. - Développer un mobilier plus en attente avec les autres commerçants, que cet espace soit aussi l’occasion de prendre un café avec les collègues de la rue, un endroit d’échanges et de convivialité.
Pistes pour la suite : Dans un premier temps, voir s’il y a possibilité de ramener le mobilier des vieux beaux devant la boutique en mettant en place avec la mairie une convention temporaire, pour retrouver la possibilité de manger dehors avec les beaux jours qui arrivent. Par contre ils se posent la question de la pérennité de cet objet. Donc imaginer un mobilier plus pérenne, proposant les mêmes usages (la pause café et déjeuner) en terme d’aménagement, peut-être aller jusqu’à un élargissement de trottoir, une micro placette pour proposer un espace de convivialité pour les commerçants de la rue. L’équipe des créateurs serait prête à s’impliquer dans la gestion de ce mobilier et petit espace sur la rue. 24
les daltons / coiffeur solidaire BILAN : Amine le coiffeur a adoré l’objet et se l’est complètement approprié. L’équipe a pris de nombreux goûters au soleil sur sa petite «terrasse». Prendre un café ou un thé, prendre le temps de discuter, est quelque chose qu’il propose déjà généreusement à ses clients à l’intérieur de sa boutique. Le mobilier est donc une sorte de prolongement naturel de ce service sur l’espace public.
BESOINS: - Une petite terrasse devant chez lui pour sortir du mobilier, profiter du soleil et offrir le café à ses clients. - Le format table et chaises est bien adapté mais peut-être imaginer une forme plus légère et plus mobile. Pendant la biennale, Amine déplaçait le mobilier en le traînant au sol pour laisser les gros véhicules stationner... - Pourquoi pas imaginer dégager le stationnement devant la boutique en journée au profit du commerçant et d’un mobilier léger, et le soir venu, rendre possible aux riverains de se garer.
Pistes pour la suite : Voir s’il y a possibilité de ramener le mobilier des vieux beaux sur la place en mettant en place avec la mairie une convention temporaire. Imaginer peut-être un élargissement de trottoir au début de la rue, sans mobiliser une place de stationnement (cf. plan guide des aménagements urbains). Imaginer un objet mobile/pliable qu’Amine pourrait sortir la journée et rentrer le soir dans son salon.
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étude d’usage des mobiliers culbuto / angle des rues grand gonnet et balzac BILAN : Le mobilier proposé a été diversemment reçu, certains passants le trouvant surprenant, d’autres se demandant «c’est quoi ce truc moche ?». L’équipe du BEAU et les employés de la pharmacie, avons vu beaucoup d’enfants jouer dessus, sur le chemin du retour de l’école. Et certains passants prenaient le temps de s’y poser, même si l’endroit est bruyant du fait des travaux alentours et de la circulation relativement intense. Néanmoins il a permis de soulever la possibilité de créer quelque chose à cet endroit. BESOINS : Nous n’avons pas identifié de besoins spécifiques, l’espace n’étant pas relié à l’un ou l’autre des commerces alentours, et la pharmacie n’ayant pas d’attentes particulières. Néanmoins, l’arrivée prochaine d’un ou de plusieurs commerces et activités aux rez-de-chaussée des bâtiments en travaux pourrait créer des envies. PISTES POUR LA SUITE : Voir avec l’arrivée de futurs commerces et activités si de nouveaux usages se dégagent. Quelques idées de mobilier d’agrément ont aussi été soulevées par des passants et les employés de la pharmacie, comme une jardinière partagée, une fontaine avec un endroit où s’asseoir.
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bancs à bascule et arceau / devant le b.e.a.u. BILAN : Ces mobiliers ont été placés à cet emplacement dans l’idée de prototyper un parvis, une terrasse pour les locaux en rez-de-chaussée occupés par le B.E.A.U. le temps de la biennale. L’arceau a été utilisé par l’équipe du B.E.A.U., et les bancs ont accueillis un public plus hétéroclite. Néanmoins la proximité de la voie de circulation n’incite pas vraiment à s’installer si près des voitures. L’emprise du mobilier, et l’emplacement des assises, est à travailler. Durant quelques heures, nous avons aussi testé de bloquer l’extrémité de la rue pour décharger du matériel, de façon officieuse et purement pratique. Cela correspond d’ailleurs à une préconisation du plan guide des aménagements potentiels de l’espace public (cf p.8). Cela n’a posé aucun problème à la très grande majorité des automobilistes qui empruntait la rue Pierre Barrallon, et nombre de riverains nous ont fait part que cela serait une bonne idée pour apaiser le traffic et le carrefour. BESOINS : Nous avons testé les mobiliers suivant nos propres besoins : garer son vélo et s’asseoir pour une pause. L’arrivée potentielle d’une crèche et de commerces en face vont susciter des besoins et possibilités. Rendre cette partie de la rue piétonne paraît très bien venu, et on imagine très bien le parvis du futur équipement, et pourquoi pas une terrasse de café ? PISTES POUR LA SUITE : Les travaux à venir dans l’immeuble qui a accueilli le BEAU, combinés à ceux en cours en face, vont sollicité cet espace pendant de long mois. Néanmoins, à l’occasion d’un évènement comme la fête de la rue Paul Bert, ce tronçon pourrait être rendu piéton.
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étude d’usage des mobiliers le futur espace public grand gonnet-balzac BILAN : à propos de l’espace créé en soit : - les voisins immédiats semblent apprécier la nouvelle percée visuelle, et nous ont questionné quant au devenir de l’endroit. - la traversée fonctionne bien, elle est empruntée, - pas de lien avec l’espace public enherbé à l’angle des rues Boisson et Grand Gonnet, fermé et inaccessible, mais qui offre un espace arboré et de verdure plutôt apréciable car rare dans le quartier. - cet espace manque d’identité, simple gravier et barrières, l’espace est partiellement encore en chantier, n’aidant pas à la perception positive du lieu. - action d’Astrid en parallèle, étudiante de l’école des Beaux-Arts : mise à disposition de boîte aux lettres pour que tout un chacun donne ses idées, envies et constats quant au devenir de cet espace. Le retour devrait être transmis à l’EPASE. - stationnements sauvage des voitures du quartier, devrait être résolu en disposant de nouvelles «pierres» le long de la rue. à propos de notre intervention : - nous sommes partis avant la fin du chantier de ravalement de façades, l’ensemble de l’espace n’était pas encore aménagé, et nous n’avons pas pu disposer de façon judicieuse les mobiliers. - l’image des mobiliers est ambigüe, anciens rebuts et poubelles à papier, alors qu’il n’y a pas de poubelle publique d’agrément, les mobiliers attirent donc les déchets.
Cet ensemble d’assises a été créé à partir des «bancs à bascule» démontés, et de «la classe». Il reprend l’alignement du futur passage et offre des assises dans quasiment toutes les directions de la place, contrairement aux containers, qui cadrent les vues offertes. 28
- les bancs et assises créées ont été et semblent utilisés. Durant notre présence, nous utilisions l’espace comme zone de chantier, donc les gens n’utilisaient les mobiliers que le soir venu ou à midi, quand nous ne bricolions pas. Et d’autre part, la démolition des immeubles permet à l’espace de prendre le soleil, au moins sur sa partie nord-est, ce qui est appréciable. - l’affichage mis en place par Astrid, nos sticker en complément, et l’affichage sur les barrières «pérennes», donnent une idée des dynamiques et réflexions en cours, mais pourraient être augmentés. BESOINS : - fermer l’accès aux véhicules, - prise en charge en terme d’entretien hebdomadaire ou quotidien de l’espace, - mise en place de plusieurs vraies poubelles, vidées régulièrement. - meilleure communication sur le projet à venir. Les panneaux présentant les futurs bâtiments et l’espace public ne sont pas en lien direct avec le lieu.
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l’après biennale suites des expérimentations menées
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l’après biennale futur espace public grand gonnet La question de la gestion de ce nouvel espace public se pose, notamment concernant la gestion des détritus. Les mobiliers créés et restés en place pourraient rester jusqu’à l’été voire plus, suivant leur vieillissement notamment en ce qui concerne les «Redoublés». Une intervention complémentaire au mobilier pourrait être imaginée afin de préfigurer ce passage et la sur-largeur en questionnement. L’endroit offre des possibilités, et on pourrait penser un déplacement pendant le temps du chantier des mobiliers-équipements créés, vers l’espace enherbé en vis-à-vis ou La Cartonnerie. Parmi les pistes évoquées : un alignement planté, des mobiliers «en vis-à-vis» complémentaires, un terrain de sport marqué au sol dans le stabilisé, un panier de basket sur le mur... Les murs pignons isolés et enduits vont certainement susciter l’intérêt des graffeurs. Une réflexion pourrait être intéressante sur cette thématique, en lien avec la Cartonnerie qui offre aujourd’hui un terrain reconnu aux graffeurs.
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les recyclés
les redoublés
futurs immeubles
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l’après biennale déplacement sur la cartonnerie à la fin du B.E.A.U., une partie des mobiliers construits ont été déplacés vers La Cartonnerie : le culbuto, les dalton et les mange-debout. Cela permet de prolonger l’expérience et la vie des créations jusqu’à l’été, suivant, là aussi, comment ils vieillissent et les usages qu’ils engendrent. Ils offrent de nouveaux mobiliers pour cet espace en transformation constante sous l’action de Carton Plein. Et la dimension ludique du culbuto semble en rapport avec l’essence de La Cartonnerie, véritable terrain de jeu urbain. D’autre part, l’association Carton Plein assure depuis cinq ans une veille sur cet espace et peut suivre la vie de ces mobiliers, observer au quotidien leur évolution, l’impact sur le lieu et les usages créés.
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Ce dossier relate le travail mené par le Collectif Etc au sein du Bureau Éphémère d’Activation Urbaine (p.2), une expérience imaginée par l’association Carton Plein, dans le cadre de leur recherche-action sur le devenir des rez-de-chaussée du quartier Jacquard.
les vieux beaux mobiliers urbains dans le cadre du
Du 16 au 28 mars 2015, le Collectif Etc a emmenagé dans un local vacant du quartier et tenu la boutique des Vieux de préfiguration Beaux (p.4), un atelier de fabrication de mobiliers et d’aménagements urbains de proximité, dans l’idée de questionner projet de carton plein, et de nourrir les enjeux du projet urbain Jacquard (p.8), notamment au niveau de l’aménagement de ses espaces publics.
le b.e.a.u. et de l’appel à projets,
à partir d’une proposition retenue par l’appel à projets Banc d’Essai (p.12) dans le cadre de la Biennale du Design 2015, le Collectif Etc a proposé une déclinaison de mobiliers urbains de préfiguration (p.16), afin d’imaginer des espaces publics de proximité et des lieux de convivialité.
banc d’essai
un projet porté par :
avec le soutien de :
Ces propositions et préfigurations d’aménagements urbains ont été critiquées et questionnées à travers une étude d’usages (p.20), qui soulève et propose des pistes d’interventions. L’essentiel des mobiliers et aménagements a été démonté ou déplacé, et une partie d’entre eux prolonge l’expérience à La Cartonnerie et sur le futur espace public de Grand Gonnet (p.30).