Solidarité Guatemala 190

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Solidarité Guatem la

Lettre des adhérents du Collectif Guatemala Bimestriel

n° 190 Mai-juillet 2010

Guatemala : l’impunité sous les projecteurs. par Marie Bard

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e 7 juin dernier, lors d’une conférence de presse au siège de l’ONU, Carlos Castresana Fernández a annoncé sa démission de la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG). Depuis, le Guatemala et son gouvernement font face à une crise politique et à une vague de violence. Ce n’est pas souvent qu’un commissaire des Nations unies renonce à sa mission en alléguant qu’il ne peut faire plus. Sa démission survient dans un contexte marqué par les avancées de l’enquête et l’arrestation des auteurs intellectuels de la mort de Rodrigo Rosenberg, l’avocat dont l’assassinat avait failli coûter son mandat à Alvaro Colom en mai 2009. Pour autant, c’est l’élection du nouveau procureur général, Conrado Reyes, qui aura été l’élément déclencheur dans la décision de Castresana de se retirer. Lors de la conférence, le Commissaire a évoqué deux raisons principales à sa démission : d’une part la campagne de calomnies que des organisations mènent contre lui, calomnies qui risquent à terme de gêner les travaux de la Commission, et d’autre part le manque d’implication et de collaboration du gouvernement guatémaltèque qui n’a pas suffisamment tenu ses engagements. Castresana a ensuite donné le coup de grâce à l'État guatémaltèque en demandant à son président la destitution de Conrado Reyes, connu pour son degré de corruption et dont la nomination serait le fruit d’un pacte entre des cabinets d’avocats défendant les intérêts de narcotrafiquants. Comment est - il possible qu’ une telle aberration puisse encore se produire à des postes phares, et que le gouvernement guatémaltèque -sous couvert d'une lutte contre l’impunité feinte- laisse faire ? Comment un homme à l’intégrité aussi douteuse que Conrado Reyes peut-il briguer et obtenir un poste clé comme celui de procureur général ? Ainsi, la démission de Castresana fait apparaître clairement, une fois de plus, que le président guatémaltèque ne souhaite pas véritablement tirer partie de la présence de la CICIG pour affronter les ennemis qui rongent les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire du pays. Il est certain que sans ce coup d’éclat de Carlos Castresana, Conrado Reyes serait encore à sa

place de procureur général, poursuivant les manœuvres entamées dès sa nomination. Mais la pression internationale a enfin porté ses fruits, Reyes a été destitué de ses fonctions et la Cour constitutionnelle a décrété qu’il fallait reprendre et rectifier tout le processus de nomination depuis le début. Reste à voir qui sera le nouvel élu, étant donnée l’importance de ce poste clé dans la conduite de la lutte contre l’impunité et les pressions et trafics d’influence mis en place pour protéger des intérêts particuliers obscurs. Si l’élection de Reyes et la demande de sa destitution par Castresana n’a pas fait bonne presse au gouvernement guatémaltèque, il a néanmoins maintenant une possibilité de s'amender, de récupérer un espace libéré et de faire ses preuves. Néanmoins pour comprendre un peu mieux les enjeux du départ de son Commissaire, il faut revenir un instant sur les travaux menés par la CICIG depuis plus de deux ans. Sa mission depuis le début est d’aider le Guatemala à retrouver un système judiciaire intègre et à démanteler les filières du crime organisé qui tient les manettes des secteurs de la justice et de la sécurité. Accueillie avec scepticisme au début, elle a réussi à faire sa place dans la sphère judiciaire guatémaltèque et elle est reconnue et soutenue par une grande partie de la population et des organisations sociales, ainsi que par l'ensemble de la communauté internationale. La Commission a certainement remporté quelques victoires, comme l’a fait remarqué Castresana lors de son discours : elle a permis l’incarcération de 130 personnes, dont l’ancien président Alfonso Portillo, le licenciement pour corruption de 2 000 officiers de police (15 % des effectifs nationaux) et la radiation d’un ministre de la Justice, 10 procureurs et trois juges de la Cour suprême. Elle a abouti à l’arrestation des auteurs intellectuels et matériels de la mort de Rodrigo Rosenberg mais elle a également proposé un certain nombre de lois et de réformes qui n’ont pas toutes été entendues ni approuvées par l'État (5 sur 16). Si la Commission n’a pas réussi à identifier, démanteler et empêcher le renforcement des structures criminelles qui gangrènent le pays, elle a pu mettre en évidence leur mode opératoire et

Sommaire Édito

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Guatemala : l’impunité sous les projecteurs. par Marie Bard Actualités

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Visite aux peuples autochtones par Amandine Grandjean « Malgré la demande de la CIDH de fermer la mine Marlin, le contexte de crise économique mondiale prime : nous ne retirerons pas nos inves tis s em ents de Goldcorp Inc. » (Un fond de pension « éthique » canadien) par Grégory Lassalle Brèves

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Bloc-Notes

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Collectif Guatemala

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Collectif Guatemala 21 ter, rue Voltaire 75011 Paris - France Tel/Fax : + 33 (0) 1.43.73.49.60 collectifguatemala1@libertysurf.fr http://collectif-guatemala.chez-alice.fr/

Permanence : mercredi, jeudi, vendredi Directrice de publication : Isabelle Tauty Chamale ISSN 1277 51 69 Ont participé à ce numéro : Marie Bard, Cynthia Benoist, Anne Boucher, Amandine Grandjean, Grégory Lassalle, Isabelle Tauty.

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Actualités parfois les mettre en danger. Car si des groupes occultes traditionnellement en concurrence se sont alliés dans une campagne visant à jeter le discrédit sur la personne du Commissaire, c’est probablement parce qu’ils se sont sentis menacés par l’arrestation d’Alfonso Portillo et des assassins de Rosenberg et qu’ils ont pris au sérieux la détermination de Castresana. La stratégie diffamatoire développée par ces réseaux ressemble à une campagne de pub de mauvais goût : diffamation sur sa vie privée, blagues, autocollants... une véritable conspiration attestée par des indications écrites dans un agenda confisqué lors d’une perquisition. Toute une campagne –ils auraient utilisés les services d’un ancien chargé de communication- visant donc à déstabiliser l’homme pour déstabiliser l’enquête et par conséquent l’institution. Car s’en prendre à Castresana, c’est s’en prendre à ses supérieurs et donc à l’ONU. C’est alors toute la mission de la CICIG, sa légitimité, son efficacité qui sont remises en question avec la démission de Castresana, car cela signifie que ses supérieurs l’ont acceptée et n’est-ce pas aussi d’une certaine façon un aveu de faiblesse ? Les dénonciations du Commissaire ont exposé au regard international une corruption stratifiée. Ce mal n’est pas seulement installé dans le pays, il est l'une des fondations les plus robustes de la société politique et économique du Guatemala et ce qui, il y a quelques mois encore semblait porteur d’espoirs (même ténus), a laissé la place à un immense doute. Aussi peut-on se demander quelles sont les véritables raisons de cette démission et de ce coup d’éclat : se substituer à des dangers que le Commissaire ne veut plus assumer ? ou faire exploser un système corrompu en portant à la connais-

sance internationale un réseau très complexe et obscur d’intérêts économiques? Que la sphère politique et économique soit corrompue au Guatemala n’est pas un scoop, en revanche qu’elle soit clairement dénoncée comme étant une entrave aux agissements de l’ONU est une nouveauté. Doit-on donc y voir une stratégie de la dernière chance ? En effet le mandat de la Commission doit prendre fin en 2011, et il semble délicat d’envisager un autre renouvellement de son mandat si le gouvernement ne fournit pas l’aide fondamentale à son travail, celui de lutter contre le crime organisé et son impunité. Ce serait alors une façon d’accentuer la pression sur le gouvernement guatémaltèque en lui rappelant publiquement ses engagements et ses faiblesses. Coup médiatique et stratégique, essoufflement ou intimidation, la démission de Castresana a néanmoins surpris tout le monde, lui qui « regardait le monstre dans les yeux », et a une fois de plus souligné que le combat contre l’impunité au Guatemala est un travail de longue haleine, épuisant et déroutant, même pour une institution comme l’ONU. Comme l’a fait remarqué Edgar Gutiérrez, analyste politique, il s’agit d’un échec de la CICIG et donc de l’ONU, qui aura pour conséquence un refroidissement ou une déception de la communauté internationale, non pas à l’encontre de Castresana et de l’institution qu’il représente, mais envers le Guatemala. C’est donc une fois de plus le pays et sa population qui seront les victimes de ce système corrompu et favorisant l’impunité. Rappelons que sur les 6 000 assassinats commis en 2009, seuls 120 ont abouti à des condamnations et d’ailleurs, trois jours après l’annonce de Castresana, quatre têtes ont été retrouvées à différents endroits de la ville... un

clin d'œil macabre de l’impunité, un rappel à l’ordre de la crise structurelle que semble traverser le pays depuis plus d’un demi siècle maintenant. En effet, on ne peut que constater que le Guatemala est secoué aujourd’hui par une double crise1 : sectorielle en ce qui concerne les systèmes judiciaire et sécuritaire, structurelle en ce qui concerne le contrôle des institutions démocratiques par des groupes oligarchiques, corporatifs et criminels. Or cette crise n’a rien de nouveau puisque, entre 1997 et 2006, la lutte contre l’impunité a bénéficié d’environ 90 millions d’euros de la part de la coopération européenne. Ce problème d’impunité au Guatemala est donc identifié depuis longtemps mais rien n’y fait ou personne ne fait assez et cela conduit à un constat amer aujourd’hui : une « criminalisation de la démocratie »2. En effet l’impunité devient structurelle, comme un processus de légalisation de tout ce qui est illégal. Alors que peut faire une commission internationale contre un mal structurel, certainement peu de choses, et d’autant plus en seulement 4 ans. A sa conférence de presse, Castresana a annoncé que pour venir à bout des structures criminelles au Guatemala, il faudrait au moins une dix ans. Pour autant, la CICIG n’a pas pour mission d’aller jusque-là. On parle de béquilles judiciaires qui ont vocation à être ôtées. Le nouveau Commissaire costaricain Francisco Dall’Anese Ruiz, nommé début juillet, a un chantier énorme devant lui et peu de temps pour en venir à bout si une prolongation de l'engagement de la CICIG au Guatemala n'est pas négociée d'ici là.■ 1

Voir article de Andrés Cabanas Mas allá de Castresana y el Fiscal General : la crisis estructural. 2 Idem. 1- Arrivée du Rédacteur de l’ONU James Anaya (au centre) et de sa délégation à San Miguel Ixtahuacán, accueilli par des représentants lo-caux d’ADISMI. 2- Représentants de Huehuetenango dans les ruines de la cité maya de Zaculeu, venus de tout le département assister à la visite du Rapporteur. Photos : Amandine Grandjean article p 3

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Actualités Visite aux peuples autochtones par Amandine Grandjean

James Anaya, Rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits humains et des libertés fondamentales des peuples autochtones1, en mission au Guatemala du 14 au 18 juin, s’est rendu dans différentes régions du pays affectées par l’exploitation minière afin d’évaluer la situation des peuples indigènes, particulièrement sur les droits liés au territoire et à la consultation2, et sur la criminalisation des luttes et des revendications des communautés, avec une attention spéciale pour le cas de la mine Marlin dans les municipios de Sipakapa3 et de San Miguel Ixtahuacán.

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a visite a été sollicitée par diverses organisations et communautés qui dénoncent les violations de droits humains et droits des peuples autochtones et a requis un immense travail de mobilisation de la part de la population et des organisations locales. Environ 30 000 personnes des zones les plus touchées ont accueilli le Rapporteur et assisté aux discours et témoignages exposés. Témoignages des populations affectées

James Anaya s’est d'abord réuni à Guatemala Ciudad avec des représentants d’institutions de l'État4. Ensuite, il s’est déplacé dans plusieurs régions où la problématique minière provoque une haute conflictualité sociale : San Juan Sacatepéquez5, San Miguel Ixtahuacán et Huehuetenango. Les représentants des peuples autochtones ont présenté les luttes qu’ils mènent pour la défense de leurs territoires, se référant régulièrement à la cosmovision maya, au respect de la Madre Tierra et de leurs ancêtres. Ils ont dénoncé le néocolonialisme opéré par les entreprises transnationales et les méga-projets pillant leurs ressources naturelles, et le non respect de leurs droits, notamment celui à être consultés. Lors de ses visites, le Rapporteur a entendu des témoignages directs sur les impacts sociaux, environnementaux et sanitaires de l’activité minière : maladies, pollution des terres arables et des cours d’eau, maisons endommagées, dépossessions de terrains et déplacements forcés, attaques, menaces, harcèlement et assassinats perpétrés contre des dirigeants communautaires et autres autochtones défendant leurs droits, viols et abus sexuels à l'encontre des femmes. A San Miguel Ixtahuacán, la population affectée par la mine Marlin a demandé à James Anaya de plaider devant l’ONU la fermeture de celle-ci. Quelques discours insistaient sur les stratégies de duperie utilisées6 par l’entreprise Montana Exploradora, ainsi que sur la destruction du tissu communautaire et de la paix sociale – au sein même des familles– qui en résultent.

Inquiétudes du Rapporteur spécial et recommandations au gouvernement Au terme de sa mission, James Anaya a exprimé lors d’une conférence de presse à la capitale, et dans son rapport d’observations préliminaires7, sa grande inquiétude au sujet de la situation des peuples autochtones quant à l’exploitation minière. Il dénonce « le climat d’instabilité et de conflit social lié aux activités des entreprises privées dans les territoires traditionnels des peuples indigènes du Guatemala ». A propos des persécutions menées, il affirme que : « les informations reçues sur les différents processus judiciaires ouverts [et la rapidité de leur exécution] contre des membres de communautés indigènes pour des actes de protestation sociale contre les activités des entreprises sont préoccupantes ». Il souligne également que « l’évident manque de réponse aux requêtes des communautés liées aux actes attentatoires à leurs droits » est interprétable comme « une discrimination dans l’accès à la justice ». D’un point de vue législatif, James Anaya exhorte le gouvernement guatémaltèque à avancer plus vite vers l’approbation de la Loi de consultation, qui devra « respecter les exigences internationales, et ce, avec la pleine participation des peuples intéressés ». Il insiste de la même façon sur l’urgence d'adopter une Loi sur les mines, et d’y inclure pleinement l'obligation de l'État de protéger les droits des peuples autochtones. D'autre part, il recommande comme mesure provisoire « la création d’espaces de dialogue institutionnalisés dans lesquels les peuples autochtones puissent recevoir l’information objective et complète, sur tous les aspects du projet qui les affecte et puissent clarifier et communiquer à l’État et à l’entreprise leurs préoccupations respectives ». Reprenant le discours tenu au cours des différentes rencontres avec la population, le Rapporteur a affirmé prendre au sérieux et être conscient de la situation et a exprimé son désir d’agir, dans les limites de son rôle, pour que celle-ci s’améliore. Concernant

la mine Marlin, il a déclaré que « le gouvernement guatémaltèque doit remplir ses obligations internationales et suivre la résolution de la CIDH [Commission interaméricaine des droits de l'Homme] ». Ces observations préliminaires seront développées dans un rapport final qui sera présenté devant le Conseil des droits humains des Nations unies, et qui comprendra une série de recommandations à l'État du Guatemala ainsi qu’à d’autres acteurs concernés. « Face à un projet d’industrie extractive qui apporterait uniquement des impacts négatifs, qui affecterait la terre sur laquelle j’ai toujours vécu, qui provoquerait des conflits dans ma communauté, et qui n’amènerait aucune amélioration de mes conditions de vie, moi aussi je dirais non à la mine » affirme le Rapporteur dans son rapport d’observations préliminaires7.■ 1

Des États-Unis et d’origine autochtone, il est le 2ème Rapporteur spécial des droits indigènes. Nommé en mars 2008 par le Conseil des droits humains de l’ONU, il occupe ce poste pour une durée initiale de trois ans. 2 Droit à la consultation des peuples autochtones, Article 6.1 de la Convention de l’OIT, ratifiée par le Guatemala en 1996. 3 On entend par municipio (municipalité) un regroupement de communautés, autour d’un village ou petite ville principale. A Sipakapa, municipio voisin de la mine Marlin, on célébrait ce 18 juin, le cinquième anniversaire de la consultation populaire où 45 738 personnes se sont prononcées contre l’exploitation minière sur leur territoire. 4 Ministère de l’Environnement, ministère de l’Énergie et des Mines, Procureur des droits de l’Homme et Commission présidentielle pour les droits de l’Homme. Lors de cette réunion, Sergio Morales (PDH) rappelait l’enquête ouverte contre le Président de la République Álvaro Colom pour non application des mesures protectrices que la CIDH avait émises deux semaines auparavant. Ces mesures visent à protéger les populations affectées par la mine Marlin, exigeant la suspension des activités de celle-ci. 5 Municipio affecté par la cimenterie Cementos Progreso, projet contre lequel 12 communautés s’étaient prononcées en 2007 lors d’une consultation populaire. 6 Vidéo filmée à San Miguel comportant des témoignages à ce sujet dans un article publié sur le site Internet de la Commission paroissiale paix et écologie : http://www. resistencia-mineria.org/espanol/?q=node/288 7 Communiqué de presse et rapport préliminaire en espagnol : http://www.oacnudh.org.gt/actualizacion2010/ UPLOAD/ComunicadoPrensaRelatorAnaya(18jun10).pdf

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Actualités « Malgré la demande de la CIDH de fermer la mine Marlin, le contexte de crise économique mondiale prime : nous ne retirerons pas nos investissements de Goldcorp Inc. » (Un fond de pension « éthique » canadien) par Grégory Lassalle

Fin juin, le Projet d’Accompagnement Québec - Guatemala1 (PAQG) organisait une série de rencontres sur le thème de la possible conciliation entre un investissement « responsable » et l’industrie extractive, en insistant sur la transnationale Goldcorp Inc. et en invitant Grégory Lassalle, co-auteur du documentaire : « Le business de l’or au Guatemala ». Alors qu’au Guatemala, les mouvements de résistance commencent à récolter les fruits politiques de leurs luttes malgré la rigidité du gouvernement guatémaltèque, la rencontre avec la logique de l’actionnariat « responsable» du secteur extractif nous donne quelques clés pour comprendre la limite de leurs actions et le poids des compagnies minières dans l’économie et la diplomatie canadienne.

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ugmentation des demandes internationales contre le gouvernement guatémaltèque Après l’Organisation internationale du travail (OIT) en avril, c’est donc au tour de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) de demander officiellement le 20 mai, « la fermeture provisoire de la mine Marlin » en raison de la supposée pollution de la rivière Tzabal et de l’assèchement de sources d’eau qu’utilisent les communautés de San Miguel Ixtahuacan et Sipakapa. En juin, le rapporteur des Nations unies sur les populations indigènes demandait à Alvaro Colom de rendre effective cette demande de la CIDH. Le gouvernement guatémaltèque, après avoir dit qu’il suspendrait la mine Marlin et respecterait ainsi ses compromis internationaux en matière de droits humains, vient de se rétracter et a déclaré que la mine ne polluait pas et que la santé des habitants n’était pas mise en danger par les activités d’extraction. Le gouvernement Colom semble ainsi vouloir se protéger politiquement en évitant une confrontation directe avec le secteur économique et en préférant négocier avec Goldcorp Inc. la mise en place de timides mesures de contrôle. Pendant ce temps, la situation sociale continue de se dégrader à San Miguel. Preuve en est la tentative de meurtre par balle le 7 juillet sur la personne de Diodora Antonia Hernandez, membre du groupe en résistance contre la mine, alors qu’elle était dans sa maison avec sa fille. La situation de menaces et intimidations, de destruction du tissu social et d’impact sur l’environnement à San Miguel n’est malheureusement pas un cas isolé : il n’existe pas un projet mi4

nier sans que ces phénomènes se produisent. Cet état des lieux a poussé certains actionnaires, les fonds de pension gérant les retraites de travailleurs, à développer des stratégies de dialogue avec les compagnies. Mais quel est le réel impact de ces fonds de pension auto-proclamés « responsables » ou « éthiques » sur la vie des populations autochtones affectées par un projet minier ? À Montréal, dans une salle de l’Université du Québec, un gestionnaire de portefeuille en investissement responsable (IR) nous en explique la logique : L’IR est une notion qui serait née au 16ème siècle de la volonté d’actionnaires des compagnies d’améliorer les conditions de travail dans les colonies. Même s’il n’a jamais bénéficié d’un véritable label (il n’existe que des principes), l’IR est un mécanisme utilisé par les actionnaires d’une entreprise afin que cette entreprise développe des conduites conséquentes en matière de gouvernance (conflits d’intérêts), de respect de l’environnement et de pratiques sociales. Les gestionnaires « éthiques » de portefeuilles justifient l’importance de leurs interventions « car il y a des vides juridiques qui empêchent l’État (canadien) d’avoir une expertise et un contrôle sur les entreprises ». Dans les faits, ce sont souvent des fonds de pension « éthiques » qui espèrent produire un effet de levier sur les entreprises à travers l’échange d’informations, le dialogue, l’éventuel dépôt de résolutions lors des Assemblées générales, la création de listes noires d’entreprises et dans certains cas, le désinvestissement. Cela dit, ces fonds de pension « éthiques» reconnaissent que cette préoccupation pour les conséquences des activités des entreprises dont ils sont actionnaires n’intervient

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qu’après l’exigence financière : « Nous conseillons les entreprises afin qu’elles améliorent leur conduite, mais notre priorité est la rentabilité ». Rentabilité des actions investies et donc des activités de l’entreprise. Depuis les premières plaintes des communautés de Sipakapa et San Miguel Ixtahuacan contre la mine Marlin, des syndicats ayant des fonds de pension investis dans Goldcorp, sont devenus les protagonistes d’une médiation entre les demandes des communautés et les pratiques de la compagnie. En mai 2008, lors de l’Assemblée générale des actionnaires de Goldcorp, 4 fonds de pension « éthiques »2 déposent une résolution demandant la réalisation d’une étude indépendante d’impact de la présence de la mine sur les droits humains des populations de San Miguel et Sipakapa, résolution acceptée par les actionnaires de la Compagnie. Cette étude « indépendante » mais paradoxalement financée par Goldcorp et réalisée par une ONG experte en consulting pour le secteur minier, On Common Ground3, est alors saluée dans les secteurs miniers canadiens comme une initiative sans précédent afin d’améliorer les négociations avec les populations autochtones. Rapidement les choses se compliquent pour On Common Ground devant le refus d’une partie de la population de participer à cette enquête et devant le retrait, en mars 2009, du syndicat PSAC de ce processus. Deux ans plus tard, le rapport final, rédigé prioritairement en anglais, fait état d’une déficience de la gestion sociale de l’entreprise et demande à Goldcorp un « aménagement » de ses pratiques afin de diminuer la tension sociale. En aucun cas, l’étude n’envisage la fermeture de la


Actualités mine et convertit finalement cette initiative en une mesure dilatoire au bénéfice de la Compagnie puisque celle-ci a extrait plus de 450 000 onces d’or depuis la résolution de 2008. Les résultats mitigés de l’IR dans le cas de la mine Marlin, sont symptomatiques du pouvoir et de la place centrale de l’industrie minière dans l’économie et la politique canadienne. C’est à Ottawa que se trouve le siège de l’Association minière du Canada. Cette association « défend les intérêts de l’industrie aux échelons national et international ». Son rapport annuel 2009 traduit en chiffres le poids de ses compagnies membres sur l’économie nationale : « l’industrie minière canadienne c’est : 350 000 employés, 4% du PIB, 900 mines sur le territoire national, 70% du trafic portuaire, plus de 3 000 fournisseurs d’expertises aux compagnies et une place boursière, celle de Toronto (TSX), qui est devenue la plaque tournante des transactions financières minières mondiales4. Toronto, c’est aussi le siège des principales compagnies d’exploitation alors que Vancouver est le centre mondial de l’exploration minérale (plus de 850 sièges d’entreprises)… »5. Malgré la crise, les indicateurs de l’industrie extractive sont au vert : « les économies chinoises et indiennes sont très demandeuses de métaux de construction et les nouvelles découvertes mondiales de gisements peuvent facilement devenir exploitables en raison des progrès technologiques »6. Les investisseurs ne se trompent pas : les compagnies minières sont des valeurs sûres de placement. Les fonds de pension, eux, investissent les retraites de leurs cotisants sur ces compagnies : soit en achetant directement des actions, soit en achetant des produits offerts par des compagnies financières, composés d’actions de plusieurs entreprises minières. L’or est un cas emblématique. La crise économique a permis une remontée spectaculaire du prix du métal jaune qui a presque quintuplé depuis 2001 : « il est aujourd’hui plus que jamais, un actif de refuge de premier choix, indispensable dans tous les portefeuilles »7. Dans un récent article paru dans The Globe and Mail, le président et actuel CEO de Goldcorp, Chuck Jeannes, a déclaré : « Je fais le meilleur boulot au monde »8. En effet, il est à la tête de la 2ème compagnie auri-

fère mondiale : « Les stocks de production sont en pleine expansion… La compagnie propose les coûts de production les plus bas du marché. De plus, elle possède ses mines dans des zones supposées stables politiquement (l’Amérique latine) »9. Une diplomatie au service des intérêts miniers. Même si la majorité des mines mondiales se concentrent toujours au Canada, les compagnies minières canadiennes prospectent de plus en plus dans les pays du sud : « À moins que l’on entreprenne de nouveaux projets d’exploration, les réserves canadiennes de minéraux clefs demeureront à un niveau dangereusement bas »10. D’où l’arrivée massive de compagnies en Afrique et en Amérique du Sud11 et un réajustement de l’activité politique d’Ottawa au service de leurs intérêts. Y.E, un journaliste spécialisé dans la politique étrangère canadienne explique : « Les compagnies minières ont un besoin élevé d’appui diplomatique pour affronter la tendance des populations locales à vouloir défendre leurs ressources naturelles… La politique étrangère canadienne utilise différents mécanismes afin de soutenir les intérêts corporatifs : pression pour la réforme des codes miniers, action de l’Agence canadienne de développement international (ACDI) et signature de Traités de libre échange ou d’Accords d’investissements afin de protéger les investissements des compagnies ». Au Guatemala, l’ambassade canadienne est montée plusieurs fois au créneau afin de défendre les intérêts de Goldcorp : invitation de députés guatémaltèques à Toronto afin de participer à des forums sur l’industrie extractive, invitation de leaders autochtones canadiens pro-mine afin de « dialoguer » avec les représentants mayas, prise de position dans la presse, etc. Bénéficiant historiquement d’une fausse image de « peace keeping », la diplomatie canadienne continue d’appuyer ouvertement son secteur minier, un des principaux piliers de sa croissance économique. Le pouvoir de résistance aux transnationales réside dans des gouvernements souverains ou dans les résistances locales. Cette rapide lecture du panorama canadien nous permet de comprendre pourquoi l’ambition de protestation

des fonds de pension « éthiques » passe après les considérations économiques. Des membres du syndicat PSAC -un des actionnaires de Goldcorp-, pourtant bien conscients des violations des droits des populations au Guatemala, avouent avec sincérité: « Dans le contexte actuel de crise économique, nous ne retirerons pas nos investissements». Les travailleurs canadiens se retrouvent donc indirectement obligés de défendre leurs intérêts au détriment des droits des populations autochtones. La marge de manœuvre des fonds de pension « responsables » étant limitée, la principale crainte des multinationales est qu’un gouvernement changeant les règles du jeu prenne le pouvoir. Encore faut-il que celui-ci ose résister aux pressions du secteur économique. Le jour de la décision du gouvernement du Guatemala d’accepter la demande de la CIDH de suspendre la mine, l’action de Goldcorp à Toronto (G) n’a perdu que 36 cents. Marlin représente 10% de l’actuelle production totale de la compagnie mais le risque politique n’était pas vraiment important. Preuve en est le changement de cap de Colom quelques jours plus tard et la décision de continuer finalement comme si de rien n’était. Dans ce contexte et en attendant un gouvernement réellement progressiste, la résistance locale dès l’arrivée de la compagnie semble la seule manière d’empêcher le début d’un projet et la seule garantie d’un respect des droits des populations.■

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http://www.paqg.org/ Public Service Alliance of Canada (PSAC) Staff Pension Fund, The Ethical funds Company, The First Swedish National Pension Fund and The Fourth Swedish National Pension Fund. 3 www.oncommonground.ca 4 Au cours des 5 dernières années, 31% du capital minier et 81% de toutes les transactions de capitaux y ont été faites. 5 Rapport annuel 2009 de l’Association minière du Canada 6 Idem 7 www.banquegonet.ch 8 http://www.theglobeandmail.com/report-onbusiness/rob-magazine/top-1000/goldcorps-bigshoes/article1603664/ 9 Idem 10 Rapport annuel 2009 de l’Association minière du Canada 11 Environ 50% de l’investissement canadien en Amérique latine se fait au Mexique, 30% dans les Andes, les 20% restant dans le reste des pays. 2

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Brèves Le Guatemala frappé de plein fouet par la tempête Agatha Deux jours après l’éruption du volcan Pacaya qui a provoqué une pluie de sable volcanique sur toute la capitale à la fin du mois de mai, le Guatemala a souffert des conséquences de la tempête tropicale Agatha, première de la saison cyclonique qui s’annonce beaucoup plus intense que l’année passée, en termes de précipitations. Ces deux catastrophes naturelles ont provoqué une crise alimentaire, politique, économique, énergétique et sociale sur tout le territoire national. Selon la Coordination nationale pour la réduction des désastres (CONRED), la tempête Agatha a provoqué la mort de 172 personnes, 101 disparitions et a fait au moins 344 814 sinistrés. Une dizaine de jours après la tempête, près de 30 000 personnes étaient toujours hébergées dans des centres d’urgence. En plus des victimes, s’ajoutent des milliers de personnes qui restent en situation de risque. Le Gouvernement avait décrété l’État de Calamité Publique et s’en suivirent trois jours de deuil national. Le Guatemala est le quatrième des dix pays les plus vulnérables aux changements climatiques, pour sa situation géographique mais aussi pour des raisons structurelles. Dans un article du Monde Diplomatique (17.06.2010)*, il est expliqué que « l’analyse situationnelle des tempêtes tropicales au Guatemala démontre que les problèmes fonciers et les inégalités socio-économiques historiques sont à l’origine de phénomènes de détérioration environnementale qui, eux-mêmes, aggravent les dévastations engendrées par les évènements climatiques ». Les populations qui vivent dans des habitations inadéquates, dans des zones à hauts risques (à flanc de ravin par exemple) sont les premières victimes des glissements de terrains, et dans ces conditions, viennent s’installer à la ville capitale un grand nombre de paysans fuyant les conditions de misère de la campagne. Le secteur agricole est une fois de plus fortement affecté puisqu’une énorme partie des récoltes, premières ressources du pays a été complètement anéantie, ce qui aggravera la crise alimentaire causée par la sécheresse de 2009 et rend la situation très inquiétante. Le coût économique de la tempête Agatha s’élève encore avec les dégâts sur les infrastructures : des axes routiers importants et 400 ponts ont été gravement endommagés. Sur la côte Sud (département de Retalhuleu), les membres du groupe Pro Justicia Nueva Linda, amis et partenaires du Collectif Guatemala, ont également souffert de la tempête Agatha (Voir communiqué joint à la Lettre à l’adhérent n°189). Ce groupe en lutte pour la justice occupe de façon permanente, depuis 2004, des tentes – cabanes au toit en feuilles de palmier – au bord de la route, le long de la finca Nueva Linda, de laquelle ils ont été expulsés. La pluie, les vents violents et la chute de grands arbres ont détruit totalement 31 cabanes et d’autres ont été partiellement endommagées. Les pertes totales s’élèvent à environ 8 000 euros. Par chance, selon le représentant du groupe, le jour de la tempête beaucoup de personnes étaient rentrées à leur domicile, et les dégâts sont uniquement matériels. Grâce au soutien des adhérents ayant transmis leurs dons, les amis du groupe de Nueva Linda ont reçu jusqu’à aujourd’hui un total de 600€ du Collectif Guatemala. Cet argent est utilisé pour la reconstruction des cabanes installées au bord de la route et pour permettre de restaurer les conditions de sécurité pour se maintenir dans le campement. D’autres comités de solidarité avec le Guatemala (Autriche, Royaume-Uni, États-Unis) qui participent au projet d’accompagnement international sur le terrain ont également apporté un soutien économique à l’association Pro Justicia. * « La tempête Agatha dévaste le Guatemala ». Le Monde Diplomatique, 17 juin 2010.

Le TPP accuse les multinationales installées au Guatemala Le Tribunal Permanent des Peuples (TPP) s’est déroulé à Madrid du 14 au 17 mai 2010, en même temps que le sommet entre chefs d’États d’Amérique latine et Caraïbes et de l’Union Européenne (Voir Éditorial LA n°189). Les conclusions ou sentence du TPP sont recueillies dans le rapport intitulé « L’Union européenne et les entreprises transnationales en Amérique latine : Politiques, instruments et acteurs complices des violations des droits des peuples »*. Pour le Guatemala, le TPP a condamné les violations aux droits des peuples indigènes commises par l’entreprise multinationale minière Goldcorp (mine Marlin dans le département de San Marcos) accusée de violation des droits à la santé, à la protection de l’environnement et de l’accès à l’eau, entre autres. Ce cas était présenté par le FREDEMI (Front de défense miguelense, de San Miguel Ixtahuacán), le Conseil des peuples de l’Occident (Guatemala), le Collectif Guatemala, ainsi que deux associations de Norvège et Suède, qui dénonçaient la participation de fonds de pension européens – notamment de Suède, de Norvège et d’Irlande –, actionnaires de la corporation canadienne. Dans le cas d’Unión Fenosa, entreprise d’électricité à capital espagnol, le Tribunal met en évidence la complicité du gouvernement espagnol et des banques et institutions financières multilatérales (Banque Mondiale, Fonds Monétaire International, Banque Interaméricaine de Développement,…) dans les impacts de l’entreprise en Amérique latine. De plus, le TPP souligne « l’existence d’une relation privilégiée entre Unión Fenosa et les gouvernements où se trouvent ses filiales, comme au Guatemala où en 2009, après de fortes protestations populaires, le gouvernement a déclaré l’État de prévention, semblable à l’état de siège ». Dans sa sentence, le TPP a également reconnu l’entreprise pétrolière française Perenco de violation des droits des populations autochtones au Pérou. La possible rénovation du contrat de cette entreprise fait toujours polémique au Guatemala, à un mois de son expiration, notamment après la récente découverte –début juillet – de modifications frauduleuses dans le plan de gestion de l’aire protégée Laguna del Tigre, où se situe l’exploitation pétrolière (Voir LA n°189). Le jugement du Tribunal des Peuples, qui a pour objectif d’influer sur l’opinion et de donner de la visibilité à des situations d’injustice, dénonce les acteurs économiques comme les multinationales qui « jouissent de l’impunité et cela parce qu’ils ont des complices au sein de l’espace politique (gouvernements, institutions multilatérales entre autres) » signale le directeur de Políticas Alternativas para el Cono Sur (PACS), Marcos Arruda. * Rapport en espagnol consultable sur http://www.enlazandoalternativas.org/IMG/pdf/TPP_MADRID_2010_ES.pdf 6

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Bloc notes AGENDA AVEC LE SOUTIEN DE L’AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT, DU M OUVEMENT POUR UNE ALTERNATIVE NON-VIOLENTE, DE L’IFMAN RHÔNE LOIRE ET DE NON-VIOLENCE XXI.

Formation ICP : Partir en zone de conflit Du 3 au 11 septembre 2010 ( à Poissy, Yvelines) Cette formation intensive d’une semaine a 2 objectifs principaux : 1- Présenter aux participants le concept d’Intervention Civile de Paix 2- Leur permettre d’en expérimenter différentes dimensions A la fin de la formation, les participants : Auront acquis une connaissance approfondie : - des principes et valeurs clés de l’ICP, à savoir : la non-violence, la position non-partisane et la sensibilisation au conflit ; - des stratégies clés pouvant être utilisées par les volontaires pour protéger et créer des espaces sécurisés afin que les civils transforment leurs propres conflits ; - des acteurs clés sur le terrain, de leurs liens avec les autres acteurs et de leur rôle dans la protection des civils ; - des conditions (locales, nationales et internationales) nécessaires à ce type d’intervention (opportunités et limites de ce travail) ; - des règles et des procédures minimum de la sécurité personnelle et collective. Auront fait l’expérience : - des outils de base de la compréhension et de l’analyse des conflits ; - de leurs compétences en matière de travail en équipe (participation, écoute, coopération, leadership, processus de décision, analyse de groupe, etc.) ; - de leurs capacités à travailler sous pression (calme, patience, résilience, etc.) ; - des mécanismes d’empathie qui les animent et de leurs capacités à travailler diplomatiquement avec les différents acteurs du conflit. Méthodes proposées : jeux de rôle, mises en situation, études de cas, partages d’expériences, exposés, conférences, projection de films. Travail en français et en anglais. Prix total maximum : 500€ (tout compris en pension complète). Acompte de 150€ à verser au moment de l’inscription. (possibilité de prise en charge partielle). Pour tout contact : +33 (0)1 45 44 48 25 / comiteicp@free.fr www.interventioncivile.org

NUITS D’ÉTÉ ARGENTINES 8 JUILLET - 8 AOÛT 2010 / PARIS THÉÂTRE, DANSE, CONCERTS, BALS, EXPOSITIONS, CINÉMA, CABARET, CONFÉRENCES … HÔTEL GOUTHIÈRE, 6 RUE PIERRE BULLET 75010 PARIS TÉL: 09.70.40.53.28 GILBERTO GIL EN CONCERT 19 JUILLET À 21H: ESPACE GRADLON / AMPHITHÉÂTRE DE LA RÉSISTANCE,PLACE DE LA RÉSISTANCE 29000 QUIMPER TÉL: 02.98.55.53.53 24 JUILLET À 19H: PORT DE MÈZE 34140 MÈZE TÉL: 04.67.18.70.83. 1 AOÛT À 17H30: STADE DES BURGONDES 74160 ST JULIEN EN GENEVOIS 3 AOÛT À 21H: SOUS CHAPITEAU, LA SAPE 32230 MARCIAC TÉL: 08.25.08.82.30 FESTIVAL TEMPO LATINO DU 22 AU 25 JUILLET 2010 AVEC: CALAMBUCO, SALSA CELTICA, GRUPO FANTASMA, CHOCO ORTA, LA SUCURSAL SA,… AUX A RÈNES , 32190 V IC -F EZENSAC TÉL : 05.62.06.40.40 OMARA PORTUONDO EN CONCERT 13 AOÛT À 18H30: PLEIN AIR CENTRE VILLE 40430 LUXEY TÉL: 05.58.08.05.14 FÊTES LATINO-MEXICAINES 9—15 AOÛT / BARCELONNETTE AVEC: LOS TAÍNOS DE MAYARÍ, KARAMELO SANTO, OTROS AIRES, MARIACHI SERMBLANZA… CONTACT : 04.92.81.04.71 HTTP://WWW. BARCELONNETTE . COM / FR / IL 4-1_ P 237- FETES LATINO-MEXICAINES.ASPX VOYAGES ENTRE CARAÏBES ET AVANT-GARDES DE WIFREDO LAM JUSQU'AU 29 AOÛT / NANTES PEINTURES, ILLUSTRATIONS, DESSINS ET CÉRAMIQUES. UNE SOIXANTAINE D’ŒUVRES ISSUES DE COLLECTIONS PRIVÉES ET PUBLIQUES EUROPÉENNES

SONT

MUSÉE DES

POUR L’OCCASION RASSEMBLÉESAU BEAUX-ARTS DE NANTES.

Des nouvelles du terrain Accompagnement Amandine Grandjean continue à accompagner dans l'équipe mobile où elle effectue différentes missions, notamment avec le CCDA. Deux nouvelles accompagnatrices du CG viennent également d'arriver! Il s'agit de Marilyne Griffon et de Vanessa Gongora. Elles viennent de terminer la formation de ACOGUATE et resteront 6 mois dans le projet d'accompagnement. Maryline accompagnera dans la région de Huehuetenango / San Marcos, région coordonnée par la coordinatrice terrain du CG, Cynthia Beoist. Vanessa intègrera l'équipe mobile. Bienvenue à elles ! Nueva Linda (NL) La première année du projet productif de Nueva Linda, financé par le Canton de Genève grâce à l’association Km 207 Suisse Guatemala, arrive à son terme. Malgré les difficultés qui ont marqué la mise en oeuvre de ce projet, plusieurs objectifs ont été atteints : - la réalisation d'une étude productive pour NL, afin de définir les besoins de chacun et de planifier la production quand le groupe NL obtiendra une terre - les cours d'informatique pour 4 représentants de NL -2 hommes et 2 femmes- se réalisent actuellement. - les réunions mensuelles avec les organisations d'appui, dont le CG, se sont tenues sans exception tout au long de l'année, ce qui a permis d'améliorer la coordination entre les organisations et d'assurer un suivi plus efficace du projet. Alerte à San Miguel Ixtahuacan Le mercredi 7 juin, à environ 19h30, à San José Nueva Esperanza, San Miguel Ixtahuacán, département de San Marcos, Diodora Antonia Hernández Cinto a reçu un impact de balle par un inconnu. Ses jours ne sont pas en danger mais l'on ignore encore les possibles séquelles de la blessure. Doña Diodora Antonia Hernández Cinto fait partie du mouvement de résistance contre les violations aux droits humains de l'entreprise Montana Exploradora, filiale de Goldcorp Inc., qui exploite le projet minier Marlin. Elle a été menacée à plusieurs reprises pour sa participation à ce mouvement. Cette agression est préoccupante et confirme les craintes des défenseurs du territoire de San Miguel qui redoutaient une augmentation des menaces et agressions suite à la décision du gouvernement de se plier aux mesures conservatoires de la CIDH. Bien que la fermeture paraît encore bien lointaine, les menaces et les attaques sont, quant à elle, bien réelles et c'est à l'exécutif de mettre en place les mesures afin d'assurer l'intégrité physique des personnes qui défendent les droits collectifs à San Miguel. Solidarité Guatemala n °1 9 0 m a i - j u i l l e t 2 0 1 0

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Le Collectif Guatemala Qui sommes-nous ? Fondé en 1979 par des réfugiés guatémaltèques et des militants français, le Collectif Guatemala est une association 1901 de solidarité internationale. Il est composé d’associations et de particuliers, dont une bonne dizaine de membres actifs, sur lesquels repose la vie de l’association. Depuis octobre 2002, l’équipe s’est étoffée avec l’arrivée d’une permanente à mi-temps. Depuis mars 2006, l’association a ouvert un bureau de coordination pour ses activités au Guatemala (accompagnement international et campagne de soutien aux militants luttant contre le pillage de leurs ressources naturelles)

Les activités du Collectif au Guatemala ● L’accompagnement international √ des populations indigènes victimes du conflit armé impliquées dans des procès contre les responsables de violations massives des droits de l'Homme, √ des personnes menacées du fait de leurs activités militantes. Comment ? √ à la demande des groupes ou personnes menacées, √ en recherchant et en préparant des volontaires qui resteront au minimum 4 mois sur le terrain. Pourquoi ? √ pour établir une présence dissuasive, √ pour avoir un rôle d'observateur, √ pour relayer l'information. Les accompagnateurs/trices sont des volontaires majeurs, de tous horizons, désirant s’engager pour une durée minimum de 4 mois. Des sessions d’information et de préparation ont lieu en France avant le départ. Au Guatemala, les accompagnateurs sont accueillis et suivis par le Centre d’action légale pour les droits de l’Homme (CALDH). ● L’organisation de voyages pour découvrir le Guatemala autrement

√ séjour annuel de 2 semaines √ rencontres avec nos associations partenaires

Les activités du Collectif en France

L'appui aux organisations de la société civile guatémaltèque qui luttent pour plus de justice et de démocratie

√ en relayant des dénonciations de violations des droits de l'Homme, √ en organisant des campagnes pour soutenir leurs revendications, √ en recherchant des financements pour soutenir leurs projets, √ en recevant en France et en Europe des représentants de différentes organisations pour leur permettre de rencontrer des décideurs politiques et financiers. ● L’information et la sensibilisation du public français Sur quoi ? √ la situation politique et sociale au Guatemala, √ la situation des droits de l'Homme, √ l'action des organisations populaires, indiennes et paysannes. Comment ? √ par la diffusion d’une lettre à l’adhérent mensuelle, √ par l'organisation ou la participation à des conférences, débats, réunions, √ par des réunions bimensuelles ouvertes à toute personne intéressée. ● Le travail en réseau avec différents types de partenaires présents au Guatemala

√ associatifs, √ institutionnels.

ADHÉSION / ABONNEMENT Le Collectif Guatemala vous propose plusieurs formules de soutien :

Adhésion au Collectif, permettant de recevoir la Lettre à l’Adhérent

23 €

Adhésion à tarif réduit (étudiants, chômeurs etc. joindre justificatif)

15 €

Don, un soutien supplémentaire pour nos activités

Total :

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Nom ................................................................... Prénom ................................................................................ Adresse ............................................................................................................................................................ Code Postal ......................................... Ville..................................................................................................... Téléphone ........................................... Courrier électronique ..........................................................................

□ Je souhaite être informé(e) par e-mail des activités du Collectif Guatemala □ Je souhaite faire partie du Réseau d’alertes urgentes électronique Les dons et cotisations peuvent être déductibles pour moitié des impôts. Un reçu fiscal vous sera adressé sur demande.

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