Solidarité Guatemala 211

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Numéro 211 novembre 2014 Lettre d’information du Collectif Guatemala

Des peuples en résistance Sommaire

Edito: Des résistance

peuples

en p.1

Par Coralie Morand

L’autonomie des peuples niée et muselée Par Pau Dachs p.2-3 Mobilisation contre la « loi Monsanto », nouvelle étape du mouvement populaire au Guatemala? Par Cyril Benoit p.4-5 Six ans d’esclavagisme sexuel perpétré pendant la guerre civile peut-être enfin jugés Par Pauline Matteoni p.6-7 « Nous sommes les témoins de la vérité, ou l’espoir quand il n’y a plus d’espoir ». Par Pauline Matteoni p.8 Brèves

p.9-11

Collectif Guatemala 21 ter, rue Voltaire 75011 Paris - France Tel: 01 43 73 49 60

collectifguatemala@gmail.com collectifguatemala.org www.collectifguatemala.org

Par Coralie Morand

L

e peuple promenait ses drapeaux rouges Et avec lui dans cette pierre qu’il touchait Je m’avançai, dans la rumeur de la journée Et dans les chants sonores de la lutte. Je vis comment, pas à pas, l’homme conquérait. La résistance seule était pour eux chemin, Et ils étaient isolés comme des fragments brisés D’une étoile, sans bouche et sans scintillement. Groupés dans l’unité faite silence, Ils étaient le feu, l’hymne indestructible, La lente traversée de l’homme sur la terre, De l’homme devenu profondeurs et batailles. Ils étaient la dignité combattant Ce qui avait été piétiné, et se réveillait Comme un système, l’ordre des vies Qui frappaient à la porte et s’asseyaient Avec leurs drapeaux dans la salle centrale1.

© Marilyne Griffon

Comme toute l’Amérique latine, le peuple du Guatemala est marqué par une culture de lucha (lutte), de résistance, de renaissance et de refus de l’impunité. Ainsi de l’AJR2 qui s’était élevée contre le génocidaire Efraín Ríos Montt ; ainsi de ces organisations de femmes qui « parlent », pour que leurs souffrances ne soient plus une honte ; ainsi d’Helen Mack qui refuse un système judiciaire dont le fondement est la corruption3 ; ainsi de Claudia Escobar Mejía qui s’est levée contre les atteintes à l’indépendance judiciaire4 ; et ailleurs des étudiants mexicains qui s’insurgent face à la disparition de 43 des leurs 5 ; ainsi de toutes celles et ceux qui, quotidiennement, refusent la fatalité, refusent d’être écrasés par la loi du plus fort. Ce sont ces histoires que nous allons vous raconter ; nous vous parlerons des communautés paysannes qui s’opposent à un projet hydroélectrique sur leurs terres, à Huehuetenango, et ce malgré la criminalisation croissante dont ils sont victimes. Nous vous ferons également part de cette mobilisation nationale inédite contre la « loi Monsanto »6 et analyserons les raisons de son succès. Enfin, nous vous raconterons le combat des femmes de la communauté de Sepur Zarco pour que soient enfin jugés les militaires responsables des violations sexuelles et de l’esclavage domestique et sexuel dont elles ont été victimes dans les années 1980.

Directrice de publication : Directrice de publication: Isabelle Tauty Chamale Isabelle Tauty Chamale ISSN 1277 51 69 ISSN 1277 51 69

Nous vous raconterons comment, au Guatemala, « la lumière arrive en dépit des poignards »7.■

Ont participé à ce numéro : Ont participé à ce Amandine numéro : Bérénice Boukaré, Cyril Benoit, Pau Góngora, Dachs, Grandjean, Vanessa Amandine Grandjean, Marilyne Griffon, SandraPauline LengMatteoni, Clémence Minet, wiler, Thibaud Marijn, Zuleika Coralie Roudaut, Romero,Morand, IsabelleCyril Tauty, Martin Anaïs Taracena, Isabelle Tauty. Willaume.

1. Pablo Neruda, « Le peuple », Chant général. 2. Association pour la Justice et la Réconciliation 3. Voir l’interview d’Helen Mack : http://collectifguatemala.org/Ce-sont-les-Commissions-de 4. Voir l’article d’Oswaldo J. Hernández : http://collectifguatemala.org/L-avertissement-des-juges 5. Voir l’interview de Thibaud Marijn : http://politique-etrangere.com/2014/10/22/crise-de-securite-au-mexique-trois-questions-a-thibaud-marijn/ 6. Voir Solidarité Guatemala 210 : http://collectifguatemala.org/Les-especes-de-mais-mayas-menacees 7. Pablo Neruda, « Malgré la colère », Chant général.

Solidarité Guatemala n°211 novembre 2014

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Actualités L’autonomie des peuples niée et muselée

Par Pau Dachs

La communauté maya Q'eqchi' et San Juan Sacatepéquez sont les derniers témoins de la violente négation de l’autonomie des peuples autochtones au Guatemala. Les attaques contre des médias indépendants locaux comme à Chiquimula et au Nord de Huehuetenango montrent également les agressions à la liberté d’information et de manifestation. Pau Dachs, accompagnateur à Huehuetenango – San Marcos, vous livre son analyse des situations qu’il a observées depuis le début de sa mission dans la région.

U

n mois après l’épisode répressif à Semococh et Monte Olivo, en Alta Verapaz1, le conflit social a explosé à San Juan Sacatepéquez : huit personnes ont été assassinées entre le 19 et le 20 septembre lors d’un supposé nouvel épisode des divisions présentes depuis 2007 concernant le projet d’installation de la cimenterie Cementos Progreso et la construction d’une route régionale. Suite à ces morts, le gouvernement a décrété un état de prévention à San Juan Sacatepéquez qui a été prolongé un mois plus tard2. Le Haut -Commissariat des Nations Unies aux Droits de l'Homme (HCDH) s'est prononcé contre cette mesure, indiquant qu'elle n’était pas une solution efficace à San Juan Sacatepéquez, -se référant aux faits de 2008, lorsqu'un autre état de prévention avait été décrété et que la violence n’en avait pas diminué pour autant- et appelait le gouvernement à reprendre un vrai dialogue en suivant les standards internationaux relatifs aux droits des peuples autochtones3. Attaques visant les médias indépendants4 Ces dernières semaines, les medias indépendants ont fait l’objet d’actes de persécution de la part des appareils de l’État. Lors des violences en Alta Verapaz, deux journalistes du Centre des Médias Indépendants (CMI) du Guatemala5 ont été victimes d'attaques. Les médias alternatifs ont de nouveau été la cible de répressions lors des mobilisations nationales des 17 et 18 septembre contre

différentes lois visant la criminalisation de la protestation sociale et du droit à la manifestation. Cinq journalistes, parmi lesquels Norma Sut Sancir de Prensa Comunitaria, ont été arrêtés et emprisonnés par la Police Nationale Civile (PNC) le 18 septembre, alors que des rumeurs racontaiten qu’une communauté se faisait expulser, et que des violences commençaient à avoir lieu. Prensa Comunitaria a critiqué ces détentions illégales et dénoncé les violations des droits des cinq détenus6. La journaliste indépendante a affirmé que les photos qu'elle allait prendre ce jour -là « avaient pour but d'informer sur ce qu'aucun autre média n’allait diffuser ». Son inquiétude principale au moment de sa détention: « personne ne va documenter ce qu’il est en train de se passer, la violence contre les communautés Ch'orti'es »7. Rappelons que l’une des mesures contre lesquelles la protestation a été organisée est la « Loi pour la circulation par routes libres de tous types d’obstacles », connue sous le nom de « Loi des dos d’âne8 ». Mise en vigueur en mars, elle empêche d’entraver la libre circulation des véhicules, fixe une amende pour les personnes en infraction de 1.000 à 5.000 quetzales (100 à 500€) et, dans certains cas, une peine d’un an de prison. Au regard des mouvements sociaux et de l’Unité de protection des défenseur-es des Droits Humains (UDEFEGUA), cela constitue une violation flagrante du droit constitutionnel de réunion et de manifestation publique9. Diffamations et censure

© Quimy de León

La journaliste Norma Sancir, de Prensa Comunitaria, a été détenue quatre jours. 2

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Le nord de Huehuetenango a vécu récemment un autre exemple de bâillonnement imposé aux formes d’organisation des peuples. Le 23 septembre dernier, le Gouvernement Plurinational Q’anjob’al, Chuj, Akateco, Poptí et métis, constitué en décembre 2013 comme autorité de ces nations selon des principes ancestraux, organisait une manifestation pacifique devant la mairie de Santa Eulalia. Ses représentants y questionnaient le maire, Diego Marcos Pedro (parti UNE10), notamment quant aux agissements du conseiller municipal, Víctor López Pascual. Celui-ci s’est régulièrement autoproclamé représentant de 29 communautés dans la presse et a accusé le Gouvernement Plurinational de s’opposer de façon violente à tout genre de projets au nord de Huehuetenango11. La majorité de ces accusations visait Rigoberto Juárez, leader maya Q'anjob'al de Santa Eulalia et coordinateur du Gouvernement Plurinational.


Actualités López Pascual a également critiqué « l’indifférence » du gouvernement face aux problèmes sociaux de la région, véritable invitation à une intervention militaire et policière telle que celle mise en place en 2012 lors de l'état de siège de Barillas, la municipalité voisine.

Cruz Barillas), Saúl Méndez et Rogelio Velásquez est un exemple type. Tous deux avaient été arrêtés et placés en détention préventive le 2 mai 2012, avec sept autres leaders pour des faits ayant eu lieu lors d’émeutes provoquées par le meurtre d'un

Lors de ce rassemblement, le maire de Santa Eulalia a attaqué la légitimité du Gouvernement Plurinational tandis qu’un de ses collaborateurs qualifiait respectivement Rigoberto Juárez et les membres de ce Gouvernement de « guérillero » et de « gauchistes ». Le ton est rapidement monté et trois représentants du bureau régional du Procureur des Droits Humains (PDH), pourtant présents sur demande du Gouvernement Plurinational afin d’éviter de nouvelles accusations diffamatoires, ont immédiatement quitté les lieux. À la suite de ces événements, la radio communautaire Snuq’ Jolom Konob’ a été déconnectée de l’espace radiophonique depuis les installations de la municipalité. Quatre heures plus tard, une délégation de représentants du Gouvernement Plurinational est parvenu à © Prensa Libre reconnecter la fréquence communautaire. Bien que Manifestation à Santa Eulalia, Huehuetenango, qui a dégénéré contre les l'interruption n'ait été que temporaire, elle constitue une organisateurs attaque contre l'un des symboles du tissu social et de l'organisation communautaire de Santa Eulalia. Car cette radio communautaire, fondée entre autres par Daniel Pedro Mateo voisin. Ces arrestations avaient été jugées arbitraires par les –qui fut l’un des visages les plus connus de la lutte sociale du nord Nations Unies13. Après avoir retrouvé la liberté en janvier 2013, ils de Huehuetenango avant d’être séquestré, torturé puis assassiné sont à nouveau placés en détention préventive, le 27 août 2013, en avril 201312- est non seulement un outil pour la revendication en étant cette fois accusés de meurtre et féminicide, dans un cas de l'autonomie du peuple Q'anjob'al, mais également un élément datant de... 2010. En prison, lors de leur première arrestation, Saúl identitaire important pour la communauté. Méndez et Rogelio Velásquez, avaient reçu des pressions pour « passer du côté de » l'entreprise Hidro Santa Cruz, dont les La judiciarisation des luttes avocats pourraient les faire libérer sur-le-champ. Dans le cas contraire, leur accusation de lynchage, vieux de trois ans, serait Les publications et déclarations publiques diffamatoires font partie maintenue. Ce procès est désormais sur le point de s'achever. d’une stratégie qui vise à désarticuler la lutte pour la défense du L’audience de délibération du tribunal de féminicide de territoire et qui, souvent, préparent un terrain propice à la Huehuetenango, lors de laquelle sera rendu le jugement, est criminalisation des dirigeants communautaires. Alors que la prévue pour le 28 octobre14. Ainsi, Saúl Méndez et Rogelio Velázdiffamation prétend générer un climat social propice à la remise en quez ont déjà passé 21 mois en détention préventive, avec les question de la légitimité de la lutte sociale, le système de justice conséquences que cela implique: dommages psychologiques, accepte ces accusations en charges pénales au fondement pessimisme, conséquences économiques pour eux, leurs familles et les mouvements de résistance de Huehuetenango.■ douteux, et contribue à l'épuisement de la lutte. Le cas des leaders communautaires du village Santa Rosa (Santa 1. Voir Solidarité Guatemala 210: http://bit.ly/1wBS2Mj 2. Voir brève sur ce sujet. 3. Comuniqué du HCDH sur San Juan Sacatepéquez, 30.09.14. http://bit.ly/1t5ftP2 4. Voir Solidarité Guatemala 210: http://bit.ly/1wBS2Mj 5. http://cmiguate.org/ 6. « Periodista Norma Sancir : su detención violenta la libertad de expresión », Prensa Comunitaria, 22.09.14. http://bit.ly/1yYPyvL 7. Témoignage de Norma Sancir. Forum « Prisonniers politiques et la criminalisation des défenseur-es des droits humains », organisé par CALDH, Ciudad de Guatemala, 23.10.14. 8. Ley de Túmulos. Pour plus d’informations: http://bit.ly/1suqBQm 9. « Nueva ley causa polémica social », Prensa Libre, 21.02.14. http://bit.ly/1hdKXKe 10. Unité Nationale de l’Espérance 11. « Temen estallido social en el norte de Huehuetenango », Prensa Libre, 30.08.14. http://bit.ly/1CWM7mY 12. Voir Solidarité Guatemala 203, http://bit.ly/1yFP5vn 13. Résolution A/HCR/WGAD/2012/46 du Groupe de Travail sur les détentions arbitraires du Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU, adoptée le 15.11.12 (communiquée aux avocats des prisonniers politiques le 15.01.13, juste après leur libération, dictée le 09.01). 14. Date postérieure à la rédaction de cet article.

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Actualités Mobilisation contre la « loi Monsanto », nouvelle étape du mouvement populaire au Guatemala? Par Cyril Benoit Dans le dernier numéro de Solidarité Guatemala1, nous vous informions des menaces pesant sur les espèces de maïs cultivées par les paysans guatémaltèques, du fait de l’approbation du Décret-loi 19-2014, « loi pour la protection d’obtentions végétales », mieux connue sous le nom de loi Monsanto. Après une mobilisation massive de la population, la loi a finalement été abrogée le 4 septembre dernier. Toutefois, le combat pour la défense de l’agriculture paysanne est loin d’être terminé.

U

ne mobilisation nationale inédite

Tout avait pourtant été fait pour désamorcer la réaction de la population : comptant jouer sur la technique éprouvée du « sport opium du peuple », la loi a été adoptée le 10 juin, en pleine Coupe du monde de football. En août, cependant, la contestation de la loi arrive à occuper le premier plan de l’actualité nationale, portée notamment par le Congrès des Peuples mayas de l'Occident (CPO) et le Mouvement syndical, indigène et paysan guatémaltèque (MSICG), qui déposent des recours devant la Cour Constitutionnelle, tandis qu’au même moment des dizaines d’organisations et individus à travers le pays font connaître la loi et ses effets aux premiers affectés, les communautés rurales et paysannes. Devant la montée du mécontentement, les députés votaient le 3 septembre d’urgence nationale l’abrogation de la loi.

présentes du panorama politique et légal. Si cette loi fut le déclencheur de la colère, elle n’est toutefois qu’un élément d’une stratégie plus large, ne faisant que concrétiser les engagements pris nationalement et internationalement par l’État guatémaltèque. Plus précisément, elle n’est que le résultat de la logique établie par la Loi de propriété industrielle, modifiée « d’urgence nationale » en 2013 afin de se conformer aux dispositions de l’Accord d’association avec l’Union Européenne. Présentée dans les communautés comme la « mère » de la loi Monsanto -dont la fille avait été vaincue mais qui pouvait enfanter de nouveau-, la loi de propriété industrielle devient ainsi le principal objet de la seconde phase de la lutte.

Le résultat de la rencontre de Chimaltenango fut ainsi la convocation d’une journée nationale d’action le 17 septembre, afin de dénoncer la loi de propriété industrielle ainsi que Le 5 septembre, la mobilisation l’ensemble des lois allant à se poursuivait cependant avec l’encontre des intérêts de la une rencontre nationale population, notamment paysanne organisée à Chimaltenango. et autochtone. Cette journée Convoquée en vue de d’action fut marquée par une coordonner la lutte entre les cinquantaine de rassemblements, différents départements pour la assemblées, blocages de routes dérogation de la loi, elle n’en et manifestations, sur l’ensemble fut pas moins maintenue après du territoire national2. Une l’annonce de l’abrogation de mobilisation inédite qui démontre © CMI celle-ci. Les tentatives la prise de conscience du fait que, « Hommes et Femmes de maïs défendons nos semences locales, désespérées de certains en dépit des caractéristiques héritage de nos ancêtres : non à la loi Monsanto » secteurs politiques, notamment propres à chaque communauté, du Parti Patriote (PP, au les attaques subies par les pouvoir), de conserver au moins certains aspects de la loi, paysans et les peuples autochtones sont le produit d’une même permirent dans les faits à la mobilisation populaire de passer à un politique menée depuis le plus haut niveau de l’État. « Je crois que stade supérieur. En effet, le fait d’abolir la loi un jour seulement c’est la première fois que s’unit la région Ixil, car ce n’est pas le avant la tenue de la rencontre de Chimaltenango rendit inopérant problème d’une seule communauté, il nous concerne tous. l’effet recherché, à savoir la désactivation du mécontentement et Beaucoup de gens qui ont participé ne savent ni lire ni écrire, mais des manifestations. Déjà en route pour certains, les participants se ils connaissent l’histoire, ils savent ce qui se passe et les rencontrèrent donc non plus pour parler des moyens de lutter problèmes qui affectent le Guatemala », exprimait l’un des contre la loi Monsanto, mais pour analyser les conditions de leur organisateurs du rassemblement organisé sur la place principale à victoire et discuter plus profondément des causes réelles de la Nebaj. Au-delà de la démonstration de force et d’unité régionale, crise. Ainsi, en plus de constituer un espace pour le partage ce rassemblement fut également l’occasion de mettre en commun d’expériences et de situations vécues (mégaprojets, conflits et en relation les diverses menaces en présence, depuis la agraires etc.), permettant de se rendre compte de la similitude de privatisation des semences jusqu’à l’exploitation minière à ciel celles-ci, cette rencontre fut l’occasion d’informer les personnes ouvert, en passant par l’installation de centrales hydroélectriques. 4

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Actualités Les raisons d’un succès Comment expliquer le succès de la mobilisation contre la loi Monsanto ? En premier lieu, les organisations paysannes et autochtones ont su amplement faire comprendre que la loi en question mettait directement en jeu le principal moyen de subsistance et le centre-même du mode de vie des communautés rurales, des « hommes et femmes de maïs ». En s’attaquant au maïs, dont des épis étaient régulièrement brandis lors des manifestations, la loi a été perçue comme une menace directe contre les paysans, les convainquant de se mobiliser. Comme l’illustre l’exemple de la région Ixil, le caractère général de la menace a permis de surmonter l’obstacle des particularismes locaux et culturels, permettant ainsi une mobilisation nationale. Selon Mario Itzep, coordinateur de l’Observatoire autochtone, la loi « met en danger la souveraineté alimentaire non seulement des peuples autochtones, mais de toute la population du pays »3. C’est donc parce qu’elle représentait à la fois une menace directe, générale et facile à comprendre que la « loi Monsanto » a rallié contre elle une majorité de la population, y compris urbaine, et généré une mobilisation, rarement égalée, depuis la « Marche Autochtone, Paysanne et Populaire », de 20124. En dehors de la loi elle-même, le contexte économique, social et politique général du pays, de plus en plus tendu, permet également de comprendre les raisons de l’ampleur de la mobilisation, qui dénonçait aussi le non-respect systématique du droit à la consultation des peuples autochtones sur les questions les concernant, la loi de Servitude Obligatoire, la « loi de dos d’âne » ou encore la « loi Tigo »5. Les dates des 17 et 18 septembre coïncidaient de plus avec l’examen au Congrès de la Loi de Développement Rural Intégral, prévue par les Accords de paix de 1996 mais jamais adoptée. C’est donc sur un terrain fertile que la loi Monsanto a cristallisé de nombreux et divers mécontentements accumulés mais jusqu’ici en grande partie isolés les uns des autres. La rapide abrogation de la loi, obtenue le 3 septembre de députés ouvertement fébriles devant le mouvement de contestation, a représenté aux yeux d’un grand nombre de Guatémaltèques la possibilité de remporter des victoires importantes face aux puissants intérêts imposant leur volonté au pays, à la condition de construire une mobilisation au niveau national sur des bases claires, sur lesquelles s’articulent des revendications certes spécifiques, mais produit d’une même politique au service de quelques-uns. La poursuite du mouvement en dépit de l’abrogation de la loi montre l’exaspération croissante d’une partie toujours plus grande de la population, qui voit simultanément ses conditions de vie se dégrader et les espaces de revendications se fermer. Ainsi, les journées des 17 et 18 ne se sont-elles pas déroulées sans heurts,

les principaux médias de communication présentant les actions revendicatives comme une atteinte au droit de libre circulation de la part de groupes minoritaires et justifiant de la sorte l’intervention violente de la police en de nombreux points. Un exemple parmi d’autres de la répression fut l’arrestation de cinq personnes qui bloquaient un pont dans la ville de Camotán (Chiquimula), dont la journaliste communautaire Norma Sancir, qui couvrait les évènements.

© Cristina Chiquin pour Mujeres Ixchel

« Les peuples unis dans le lutte pour les semences ancestrales Monsanto=mort »

Au renforcement de la contestation dans le pays répond donc une politique étatique de plus en plus répressive et autoritaire. Pour préserver leurs intérêts, jusqu’où seront prêts à aller le gouvernement et ses sponsors ? Face à un contexte de plus en plus adverse, le mouvement populaire réussira-t-il à faire fructifier sa récente victoire ? ■

1. GRANDJEAN Amandine, « Les espèces de maïs mayas menacées par une nouvelle loi », Solidarité Guatemala 210, http://bit.ly/1tdd7vV. 2. «50 concentraciones: miles de voces: una misma resistencia», Centro de Medios Independientes, 18.09.14, http://bit.ly/1vrZ88S. 3. «Ley privatizaría semillas nativas», Prensa Libre, 19.08.14, http://bit.ly/1teL5QA. 4. « Marcha Indígena, Campesina y Popular llega a la Capital », MiMundo.org.,27.03.12. http://bit.ly/1sDwTlo 5. Sur la Loi de Servitude Obligatoire, voir MATTEONI Pauline, « L’électricité oui, mais à quel prix ? », Solidarité Guatemala, n°209, http://bit.ly/1FSERN2. La Loi pour la Circulation par Routes Libres de tous Types d’Obstacles, ou « Loi dos d’âne », est accusée de restreindre le droit de manifestation au nom de la libre circulation des personnes et marchandises. La loi sur les télécommunications, ou « loi Tigo », contre laquelle de nombreux recours ont été déposés par divers secteurs, viole entre autres, l'autonomie municipale, et permet l'installation d'antennes sur des terrains (privés ou municipaux) sans le consentement des propriétaires.

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Actualités Six ans d’esclavagisme sexuel perpétré pendant la guerre civile peut-être enfin jugés Par Pauline Matteoni Le 14 octobre dernier s'est déroulée la dernière audience d'étape intermédiaire pour le cas Sepur Zarco au Tribunal de Haut Risque B, au cours de laquelle le juge Miguel Angel Gálvez a décidé qu'il existait suffisamment de preuves à l'encontre des accusés pour ouvrir le procès (débat oral et public), après la présentation des preuves prévue pour le 29 octobre prochain1.

L

e cas Sepur Zarco est un cas emblématique de violences perpétrées à l'encontre de femmes mayas q'echi'es pendant la guerre civile. Plus précisément, il s'agit d'une affaire d'esclavagisme sexuel qui eut lieu entre 1982 et 1988 dans la base militaire de Sepur Zarco, entre les départements d'Alta Verapaz et Izabal. D'après les quinze femmes et les quatre hommes qui donnèrent leur déclaration en tant que preuves anticipées au tribunal entre le 24 et le 29 septembre 2012, les militaires seraient arrivés en 1982 dans la communauté et, d'emblée, ils accusèrent les familles de faire partie de la guérilla, ou du moins de la soutenir. En réalité, elles faisaient partie d'un Comité pour l'accès à la terre. Cela n'empêcha pas les militaires d'arrêter la majorité des hommes, de les torturer et finalement de les faire disparaître.

par trois soldats sur la rive du fleuve, une semaine après la disparition de son mari, et a souffert de terribles hémorragies ; une autre, enceinte de trois mois, a perdu son bébé trois jours plus tard alors qu'une autre est au contraire tombée enceinte, de son

© Alianza Rompiendo El Silencio

Tribunal de Haut Risque B de Ciudad de Guatemala lors des audiences de preuves anticipées en septembre 2012. Femmes q'eqchi'es appelées à témoigner.

Les femmes, alors veuves, furent violées à répétition par plusieurs groupes de soldats armés, dans leurs propres maisons, dans la montagne, sur les rives du fleuve Sepur, près du puits, dans le camp militaire et dans l'école. Puis, les soldats les obligèrent à se rendre régulièrement à la base militaire où elles devaient réaliser tâches ménagères et services sexuels.

bourreau. Certaines ajoutèrent qu'ils s'étaient aussi attaqués à leurs filles, leurs tantes, leurs belles-sœurs. Beaucoup s'enfuirent dans les montagnes où leurs enfants moururent de faim.

Chacune leur tour, le visage caché, par pudeur mais aussi pour des raisons de sécurité -les accusés et leurs familles vivant dans les mêmes communautés qu’elles-, elles ont raconté l'horreur vécue, la douleur, loin d'être simplement physique, l'humiliation à laquelle on les a soumises durant tant d'années. L'une fut violée

Une témoin raconta qu'elle s’était adressée au lieutenant. Celui-ci lui avait répondu que c'était elle qui avait habitué les soldats à avoir des relations sexuelles avec elle. C'est peu après qu'on annonça aux femmes qu'elles devraient travailler dans la base militaire. Certaines y restèrent six mois, d'autres six ans, elles se

© Quimy de León pour Prensa Comunitaria

Audiences d'étape intermédiaire, au Tribunal de Haut Risque B de Ciudad de Guatemala, du 3 au 14 octobre 2014. À gauche : Heriberto Valdez Asij . À droite : l'ancien Colonel Esteelmer Francisco Reyes Giron 6

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© Plaza Pública


Actualités Pour aller plus loin: - Oswaldo J. Hernández, « Sepur Zarco: la violencia será juzgada », Plaza Pública, 15/10/2014, http://bit.ly/1t96hHP. - « Caso Zepur Sepur Zarco: a juicio militares por violación sexual, esclavitud sexual y doméstica », Prensa Comunitaria, 15/10/2014, http://bit.ly/1yFOtpE.

© Plaza Pública

Tribunal de Haut Risque B de Ciudad de Guatemala lors des audiences de preuves anticipées du 24 au 29 septembre 2012. Femme q'eqchi'e donnant son témoignage face au juge Miguel Ángel Gálvez .

qui devait préparer à manger pour les soldats et ce que nous devions préparer »2. Tous deux sont accusés de crimes contre l'humanité, le premier pour violences sexuelles, esclavagisme sexuel et esclavagisme domestique, le deuxième pour le viol de deux femmes pendant l'opération militaire du 25 août 1982 au cours de laquelle une vingtaine d'hommes ont disparu, et pour laquelle il est également accusé de disparition forcée. Le colonel Reyes, quant à lui, devra aussi répondre de l'accusation d'assassinat pour l'exécution de Dominga Choc et ses deux filles.

relayaient tous les trois jours et travaillaient de 5 heures du matin à 5 heures du soir. Elles cuisinaient et lavaient leurs vêtements, Et, même s'ils nièrent les faits, le juge estima que les délits sans qu'on les paye, elles devaient même acheter le savon et la devraient être jugés et ce, dans leur contexte: celui de la guerre, nourriture avec leur propre argent. Pendant six mois, cette témoin où les massacres et les violences perpétrés par la dictature a été violée constamment. Après chaque viol, on lui injectait un militaire à l'encontre des peuples mayas étaient une pratique contraceptif pour qu'elle ne tombe pas enceinte. Plus tard, ils généralisée. On se rappelle également de la sentence dictée par brûlèrent sa maison et tuèrent ses animaux. Elles devront toutes Yassmín Barrios en mai 2013, qui condamnait à 80 ans de prison vivre près de la base militaire où la majorité d’entre elles travaillera le dictateur Efraín Ríos Montt pour crimes contre l'humanité et encore jusqu'en 1988. Six années durant lesquelles les viols ne génocide, et qui démontrait que les violences faites à l'encontre cessèrent jamais. A chaque fois des femmes furent récurrentes qu'elles venaient prendre leur lors du conflit armé. « service », elles étaient violées. « (…) les attaques contre les femmes furent Aujourd'hui encore au systématiques car elles faisaient partie Les hommes aussi subirent Guatemala, les femmes sont d'une stratégie ayant pour but de détruire le tortures physiques et morales. quotidiennement victimes de peuple ixil. (…) Les viols se produisirent de Quatre en témoignèrent le dernier violences ; un sujet qui reste manière continue et contribuèrent à la desjour des audiences et pourtant tabou. Les mesures truction du tissu social (…). La femme a été confirmèrent les dires des mises en place pour que cela un objectif de guerre (…). »3 femmes. L'un d’eux expliqua cesse ? Généralement, on notamment comment il fut frappé conseille aux femmes de ne pas et torturé pendant qu'il entendait sa femme être torturée et violée. sortir la nuit, seules et habillées de manière « provocante ». Le Il ne pouvait rien faire, les soldats le surveillaient. Dix soldats. Il viol, ou toute autre forme de violence sexuelle, sera toujours de ajouta que ses filles aussi étaient présentes lorsqu'ils la violaient. notre faute. Au Guatemala, oui, mais pas seulement. Plus jamais il ne revit ni sa femme ni ses filles, dont les restes ont été retrouvés lors d'une exhumation sur les rives du fleuve. Réussir à condamner ces violences qui constituent les crimes contre l'humanité les plus passés sous silence, permettra-t-il de Suite aux déclarations et aux preuves rassemblées, le 14 juin réveiller les consciences ? Beaucoup l'espèrent...■ 2014, l'ancien colonel Esteelmer Francisco Reyes Giron (souslieutenant à l'époque des faits) et l'ancien mandataire militaire 1. Date postérieure à la rédaction de l’article. Témoignage de l’une des femmes, lors des audiences de preuves anticipées. Heriberto Valdez Asij ont été capturés. « C'était lui qui montrait les 2. 3. Extrait de la sentence pour génocide prononcée par la juge Yassmín Barrios, le 10 mai maisons des gens aux militaires et lui qui nous donnait les ordres: 2013 lors du procès à l’encontre d’Efraín Ríos Montt. Solidarité Guatemala n°211 novembre 2014

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Témoignage « Nous sommes les témoins de la vérité, ou l’espoir quand il n’y a plus d’espoir1 » Par Pauline Matteoni Pauline, 7 mois dans la région Ixil auprès des témoins du procès pour génocide, 4 mois dans l'équipe mobile basée à la capitale. De retour en France depuis un mois. Oui, mais pas pour longtemps.

J

e voudrais me souvenir de chaque instant. Pouvoir rembobiner inlassablement et revoir chaque visage, revivre chaque moment. Je voudrais pouvoir ressentir encore et encore ces émotions. Et vous les transmettre. Je voudrais vous faire aimer Doña Juana comme je l'aime, vous faire partager mon admiration pour Elena et la force de vie de Don Gaspar. Je voudrais en fait vous dire : Levez-vous. Pleurez. Criez. « Indignez-vous !2 ».

Ecrire chaque mois sur le Guatemala, c'est parler d'un pays qui n'existe pas. Qui n'existe pas parce que

TOUT LE MONDE S'EN FOUT !

Le Guatemala c'est un trou noir. Un pays oublié sur un sous-continent oublié. Où ça ? Combien d'habitants ? Vous avez dit guerre civile ?! Génocide ?!! Le noir. Le silence.

S'il est bien réel. Là-bas. Ici, il tente de (sur)vivre à travers nous3. Entendez-vous ces cœurs qui battent ? Son nuestros corazones ixiles4. Ils battent au rythme des pas martelant les pavés. Ils souffrent pour chaque assassinat ou détention illégale d'un-e défenseur-e. Vous n'entendez plus rien ? Ils s'essoufflent ? C'est donc un jour difficile, où le courage manque, un de ces jours où les journaux semblent vouloir nous achever à coups de mauvaises nouvelles. Ils s'accélèrent ? Ils s'emballent ? C'est une victoire ! Infime victoire... Une libération méritée. Une sentence juste. Un corps de disparu localisé. Un criminel de guerre condamné. Próxima estación : ESPERANZA5.

ESPERANZA SIEMPRE !

Chaque jour je pense à vous, là-bas. Je parle de vous. Je rêve de vous. J'espère pour vous. Les mots sont trop faibles pour décrire presque un an à vos côtés, une page bien trop courte. Je sais que vous êtes en moi pour toujours. Héros et Héroïnes d'une histoire à la mémoire niée et au futur refusé. Vous êtes en moi parce que vous m'avez parlé, vous m'avez raconté votre histoire, celle de votre famille, de votre communauté : celle d'un pays qui a tenté de vous effacer. Vous m'avez confié la peur au détour d'un chemin, décrit la souffrance un soir auprès du feu, exprimé la douleur vos yeux dans les miens, murmuré les blessures mes mains dans les vôtres, illustré la perte les larmes aux yeux, matérialisé le désespoir dans le silence. IM-PUIS-SANCE ! Où est donc l'Eterna Primavera6 ? Eternelle défaite, éternel échec pour le monde et l'humanité. Vergüenza7. J'aurais pu refaire mes valises au bout de quelques jours. A quoi ça sert quand c'est perdu d'avance ? Comment ont-ils réussi à vous voler votre sentence ? Mais je suis restée. Je me suis convertie à votre religion : la lucha8. Parce que l'Histoire ne vous avait pas encore effacés tout à fait. Parce que pour la première fois, on avait entendu la voix du peuple maya ixil. Et votre voix portait la vérité. Guatemala nunca volverá a ser la misma, Guatemala florecerá9.

© Pauline Matteoni

Cette voix, je tente de la faire entendre, ici. Votre ennemi ? La pauvreté, la corruption, l'injustice, la discrimination,... Mais surtout le silence. Colonisation espagnole, guerre civile, génocide, et aujourd'hui mégaprojets. C'est une bataille sans répit dans laquelle vos seules armes sont votre courage et votre détermination. Vous avez vécu longtemps, vous vous êtes battus beaucoup. Vous êtes l'incarnation de la vie, le cœur de l'humanité. Pour certains, c'est désormais la fin. Vous gagnez le droit au repos. Le repos amer d'un combat sans victoire. La jeunesse reprend votre flambeau car, personne n'a le droit de vous oublier. Le monde entier a pour devoir de se rappeler.

Femme ixile de la municipalité de Chajul lors d'un atelier de femmes sur le corps. 1. « Somos los testigos de la verdad ». Gabriel, un accompagné, survivant du génocide et engagé dans la défense du territoire, lors d’un discours pour la journée nationale contre le génocide, le 23 mars 2013. 2. Titre de l'essai de Stéphane Hessel, paru en 2010 chez Indigène 3. Membres du Collectif Guatemala et d'ACOGUATE 4. « Ce sont nos cœurs ixils », phrase inspirée du slogan de solidarité « mi corazón es ixil » né pendant le procès pour génocide. 5. Titre du deuxième album solo de Manu Chao, sorti en juin 2001

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Solidarité Guatemala n°211 novembre 2014

Et ça marchera parce que nous y croyons : ¡otro mundo es posible10! Ta'ntiixh11. 6. « Printemps éternel ». Formule utilisée pour faire l'éloge du climat et des paysages naturels incroyables du pays. 7. « Honte » 8. « La lutte ». Selon l'expression de Gabriel, voir 1. 9. « Le Guatemala ne sera plus jamais le même. Le Guatemala fleurira ». Dernière phrase également en référence au soit disant « printemps éternel ». 10. « Un autre monde est possible ! ». 11. « Merci » en langue ixile.


Brèves Nouvelle vague de violences à San Juan Sacatepéquez Le 20 septembre dernier, une nouvelle vague de violences a opposé les habitants de San Juan Sacatepéquez en lutte contre l’implantation de la cimenterie de Cementos Progreso sur leur territoire à ceux qui y sont favorables. Les affrontements se sont soldés sur un bilan grave : huit personnes sont décédées, quatre autres ont été blessées, certaines familles ont été déplacées et les habitants ont également fait état de divers dégâts matériels. Deux jours plus tard, le gouvernement décrétait un « état de prévention »1 dans la communauté et déployait 600 agents de police et militaires chargés officiellement de maintenir l’ordre. Depuis la mise en place de « l’état de prévention », les organisations représentatives des communautés Kaqchikeles ainsi que plusieurs organisations de défense des droits humains s’insurgent face aux violations commises par les forces de l’ordre. Des associations de femmes ont ainsi défilé dans les rues de la capitale le 24 octobre afin de demander au gouvernement de suspendre « l’état de prévention »2. Lors d’une conférence de presse, des représentantes des Douze Communautés Mayas Kaqchikel de San Juan Sacatepéquez ont affirmé : « Nous rejetons catégoriquement l’implantation et la prolongation de l’état de prévention dans nos communautés »3. Un rapport réalisé par la Convergence des Droits Humains 4 fin septembre fait état de nombreuses violations des droits de la part des forces de l’ordre, ayant pour conséquence d’augmenter le sentiment de peur qu’elles sont justement sensées atténuer : dommages infligés aux récoltes, intimidations, pillages, harcèlement sexuel, tentatives de viol… Des plaintes ont été déposées au Ministère Public, les communautés attendent encore qu’elles soient traitées… Dernière minute: l’état de prévention a officiellement été levé le 3 novembre (http://bit.ly/1tTB5ho). 1. http://bit.ly/1t6YJBY 2. http://bit.ly/1ywsK3t

3. http://bit.ly/1DSVyEu 4. http://bit.ly/1tTEJI0

Libération conditionnelle des leaders de CODECA Les trois défenseurs du Comité de Développement Paysan ont été libérés, sous caution, le 29 septembre, lors de la phase intermédiaire du processus judiciaire ouvert à leur encontre, pour fraude et attentat contre la sécurité interne de la nation. Leur caution, initialement fixée à 1 million de quetzals (100.000€), a, lors de cette audience été diminuée, à 20 000Q par personne (2000€). Depuis le 26 juin, Mauro Vay, coordinateur national de CODECA, Blanca Ajtún, vice-présidente de CODECA et Mariano García, dirigeant communautaire, étaient en détention préventive à la prison de Huehuetenango et avaient été arrêtés de manière illégale 1. Ces défenseur-es sont criminalisé-es pour leur lutte pour la nationalisation de l'électricité au Guatemala, et pour dénoncer les abus de l'entreprise ENERGUATE, filiale de la multinationale britannique ACTIS. CODECA vient de publier un rapport intitulé « La privatisation du droit à l'énergie électrique. Impacts socio-économiques et convulsion sociale croissante ».2 1. Voir Solidarité Guatemala 209 : http://bit.ly/10yC2kh 2. Disponible en espagnol ici : http://bit.ly/1tiaCII

Justice pour Adolfo Ich : procès reporté à avril 2015 5 ans après l'assassinat de l'instituteur Adolfo Ich, leader de la lutte pour la terre d’El Estor, département d'Izabal, de nombreuses audiences ont été suspendues, et des actions judiciaires visant à retarder le procès, ont été menées par les avocats de l'accusé Maynor Ronaldo Padilla Gonzales. Déjà suspendu auparavant, le procès aurait dû commencer le 29 septembre dernier, à Puerto Barrios, Izabal. Comme dans de nombreux autres cas d'agressions contre des défenseur-es, c'est la sécurité privée, -fléau post-guerre du Guatemala*- de multinationales extractives, qui est en cause : l'ex-chef de la sécurité de la Compagnie Guatémaltèque de Nickel (CGN) et ancien colonel, est poursuivi pour l'assassinat de Adolfo Ich, et pour lésions graves contre 8 autres personnes, dont une est devenue physiquement invalide, après une fusillade dans la communauté Lote 16 – Chupón le 27 septembre 2009. Il a été détenu en septembre, puis inculpé en octobre 2012. L'impunité fait gagner du temps à l'accusé, et les victimes et témoins au procès souffrent de persécutions continues, dans le but de les faire renoncer à leurs plaintes, ce qui est déjà arrivé au cours de l'année passée. Les 27 et 28 septembre derniers, la famille, les amis et compagnons du leader communautaire, lui ont rendu hommage, accompagnés par des mouvements de solidarité nationaux et internationaux, constituant un acte d'unité et de résistance du peuple Q'echi' en défense de son territoire et en mémoire d'Adolfo Ich. D'autre part, une autre lutte est en cours au niveau international, afin de faire reconnaître la responsabilité de la maison-mère Hudbay Minerals au Canada : en juillet 2013, la justice canadienne marquait un précédent en admettant recevable la plainte des communautés Q'eqchi'es d’El Estor, appuyées par un cabinet d'avocats canadiens, ad honorem. La firme Hudbay Minerals, propriétaire du projet minier Fenix, de sa filiale CGN, pourrait alors être jugée pour violations sexuelles et assassinat par un tribunal canadien. Un grand espoir de justice pour les victimes donc, mais aussi le début d'une longue lutte... * Fondées par d'ex militaires ayant participé à la contre-insurrection pendant la guerre civile, les entreprises de sécurité privée totalisent un nombre d'agents exagérément supérieur à la Police Nationale Civile. Dans les cas Barillas (projet hydroélectrique espagnol – Hydro Santa Cruz) et Santa Rosa (mine canadienne – Minera San Rafael S.A.), des chefs de la sécurité privée sont inculpés pour meurtre et tentatives de meurtre.

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Brèves L’élection des Hauts Magistrats annulée. Suite à une vague de protestations nationales et internationales, la Cour Constitutionnelle a décidé d’annuler l’élection des plus Hauts Magistrats du pays et de la reporter à une date ultérieure. Pour plus d’informations sur le sujet, vous pouvez consulter notre site internet:  Oswaldo J. Hernández, « L’avertissement des juges », Plaza Pública, http://bit.ly/13oUQ6A  Interview de Claudia Paz y Paz, par José Gomar, pour El Mundo, http://bit.ly/1wNrmu0  Interview d’Helen Mack, par Carlos Arrazola, pour Plaza Pública, http://bit.ly/10EQabT  Communiqué de presse de diverses organisations internationales: « Les organisations internationales dénoncent le non-respect des normes internationales dans les processus de sélection judiciaire », http://bit.ly/1wkj50F  Rapport d’étude: « Observations et recommandations de la délégation d’avocats de divers pays d’Amérique qui ont voyagé au Guatemala en représentation du Collège d’avocats de la ville de New York », http://bit.ly/1wN62Uz.

Dernière minute Le recours en amparo déposé par la juge Yassmín Barrios en juillet dernier quant à la mesure de « réprimandes privées » édictée par le Collège des Avocats et Notaires du Guatemala a été refusé, la sanction reste donc applicable.

Ouverture du procès de l’incendie de l’Ambassade d’Espagne* Le 1er octobre 2014 marquait le début du débat oral et public contre Pedro García Arredondo, ex-chef du 6ème Commando de la Police Nationale. Le 31 janvier 1980, 36 personnes y moururent calcinées. Durant le procès tenu au Tribunal B de Haut Risque, 14 personnes et 6 experts témoigneront, tandis que seront mis à contribution plus de 110 éléments de preuve. Le seul survivant de l’incendie, l’Ambassadeur espagnol Máximo Cajal, avait témoigné en avril 2012, avant de décéder en 2014. Dans sa déclaration, il a raconté comment les forces de sécurité avaient entouré l’édifice, puis fait irruption par le toit et en brisant la porte, armées de fusils et de haches. Un paysan autochtone, Gregorio Xuya, avait également survécu et été transporté à l’hôpital, où il fut enlevé puis assassiné après avoir été torturé. Archives de la Fondation Rigoberta Menchú Tum Peu de temps avant l’incendie, les paysans du Quiché s’étaient rendus à la capitale pour exiger du gouvernement la fin de la répression dans leurs communautés. Bien que reçus par le Président du Congrès, ils ne purent que constater l’intensification de la répression dans leurs villages. Face au silence de l’État, ils cherchèrent un soutien international et se tournèrent vers l’Ambassadeur espagnol. Cette initiative connut la fin tragique que l’on connaît : l’incendie de l’Ambassade où furent brûlées vives 36 personnes. L’auteur et diplomate Fernando Schwartz écrivait : « La police prit d’assaut l’ambassade et y mit feu, avec l’intention délibérée qu’aucun témoin ne survive à cet épisode. Dans les premières informations diffusées (…), avant qu’elles n’eurent le temps d’être censurées, on entendait clairement le colonel (…) diriger l’assaut et crier « C’est l’ambassadeur! Tuez-le! ». » Pour la Fondation Rigoberta Menchú Tum et les proches des victimes, qui luttent depuis 34 ans pour que justice soit faite, la vérité et la justice sont fondamentales pour le futur du Guatemala. Ils voient dans ce jugement l’opportunité « de rompre définitivement l’impunité. Car, selon Carlos Chocooj, directeur de la Fondation, l’impunité est profondément incompatible avec la dignité ». Pedro García Arredondo est donc accusé de plusieurs crimes; assassinats, tentatives d’assassinats et crimes contre l’humanité. L’incendie de l’ambassade espagnole au Guatemala a été porté devant l’Audience nationale d’Espagne en 1999, selon le principe de juridiction universelle, et a été qualifié d’acte terroriste par l’Espagne. En mai 2014, le juge espagnol Santiago Pedraz a décidé de poursuivre l’enquête, car il s’agit « d’assassinats terroristes, perpétrés dans un contexte plus large de crimes contre la population guatémaltèque ». * Adaptation d’un article d’ACOGUATE traduit par le Projet Accompagnement Québec-Guatemala (PAQG), version originale : http://bit.ly/1BMWQzC.

Retourner chez mon grand-père Nous félicitons chaleureusement notre ami Miguel Ceto1 pour sa participation au reportage « Retourner chez mon grand-père » de la revue Contra Poder2. Miguel Ceto est spécialiste en sciences sociales appliquées à la culture maya. Il est l’auteur de « La pobreza del desarrollo y el desarrollo de la pobreza 3 » et travaille actuellement à une thèse intitulée « L’ethnorésistance, religiosité et ressources naturels en terres mayas : entre passé et avenir4 ». Il a longtemps fait partie des éléments centraux du Collectif Guatemala, notamment lors d’activités de sensibilisation, de conférences ou en milieu scolaire. Retourner chez mon grand-père « J'appartiens à la génération des ixiles qui ne sont pas nés, ceux qui ont été arrachés du ventre de leurs mères par les kaibiles, ceux qui n'ont pas pu grandir à Nebaj. J'ai vécu la plupart de ma vie entre le Mexique, Ciudad de Guatemala et Paris. Bientôt je serai le premier ixil à avoir un doctorat. J'ai toujours pensé que je reviendrai à l'endroit auquel j'appartiens. J'ai enfin réussi. » 1. http://collectifguatemala.org/_Miguel-Ceto_ 2. http://on.fb.me/1u016gq.

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3. http://bit.ly/1to2J6q. 4. http://bit.ly/1rGcuay.

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Brèves Décès d'Agustín Choc, ex-Président de l'association ACODET L’ancien Président d’ACODET (Association des Communautés pour la défense de la terre et des ressources naturelles) entre 2011 et 2012, Agustín Choc Chocooj, est décédé le 11 septembre de cette année, à l’âge de 34 ans. ACODET est une association que nous accompagnons, qui s’est fondée en 2007, en résistance à la construction du barrage hydroélectrique Xalalá. Ce mouvement de résistance est constitué de 32 communautés, réparties sur 3 municipalités : Ixcán, Cobán et Uspantán. Agustín était un homme très apprécié dans sa communauté pour son engagement dans la défense des droits humains, et respectait beaucoup la culture maya. Il était diplômé au Collège Maya de Quiché et suivait une formation pour être guide spirituel maya. Agustín a notamment participé comme observateur à la consultation de bonne foi organisée en Uspantán en 2009, relative au projet Xalalá. La communauté toute entière lui a rendu un bel hommage pour tout ce qu’il a fait dans la lutte. L’équipe d’ACOGUATE et le Collectif Guatemala joignent leurs pensées à celles de la famille et à toute la communauté face à cette perte si soudaine.

Décès de Jacobo Padilla le 5 octobre 2014 à Paris Jacobo Rodriguez Padilla, sculpteur et muraliste guatémaltèque exilé en France, nous quitte à 92 ans. Lucide et pointilleux, créatif, charmant, léger et profond tout à la fois. Ceux qui sont passés le voir dans son petit studio ont pu constater qu'il dormait au milieu d'esquisses, de gouaches, de sculptures, baignant dans un univers de couleurs aux teintes nostalgiques de son passé et de ses origines. Jacobo est un des fondateurs du Saker-Ti (« aurore » en K’iche), un mouvement d'artistes et d'intellectuels qui est né avec le Printemps Démocratique de 1944 au Guatemala. Il est également co-fondateur du Parti Guatémaltèque du Travail et un grand activiste du processus démocratique et révolutionnaire (qui dura 10 ans,) de 1944 à 1954. En 1953, Jacobo obtient une bourse après un concours et part étudier à Paris à l’école des Beaux-Arts. Le coup d'état de 1954 le prend par surprise, lui infligeant un exil forcé qui le marquera à vie. Quatre ans plus tard, il se rend à Mexico où il reste 18 ans et travaille comme peintre et muraliste. Il revient en bateau en France en 1974. Ses compatriotes le reçoivent avec ses malles remplies de graines, car il est désormais végétarien. Il s'installe de nouveau à Paris et survit en donnant des cours, en vendant quelques-unes de ses peintures, en travaillant comme illustrateur, muraliste ou comme assistant mal payé auprès d'autres sculpteurs. Il réalise cependant ses propres œuvres et expose au Salon d'automne ainsi qu'à la Grande exposition d'Art latino-américain de Paris. Les Guatémaltèques de France se souviennent affectueusement de lui comme « le petit Père », le papa des exilés, taciturne, têtu, authentique et fidèle à ses idéaux. Nous regrettons tous sa sincérité, bon voyage compagnon, ami, notre maître Jacobo.

Agenda LatinoDocs 2014 Depuis 2009, chaque année au mois de novembre, France Amérique Latine Toulouse organise un festival de documentaires engagés des peuples d’Amérique latine et des Caraïbes. Le Collectif Guatemala a été invité à participer à la soirée dédiée au Guatemala le jeudi 20 novembre. Au programme : divers documentaires, des débats sur le génocide et l’impunité, l’extractivisme et les violences faites aux femmes. Vous pourrez également nous rendre visite sur notre stand de vente d’artisanat et d’information au public! Jeudi 20 novembre, soirée spéciale Guatemala, Espace des diversités et de la laïcité, 38, rue d’Aubuisson, Toulouse. Le Festival se tiendra du 18 au 24 novembre, retrouvez le programme complet du Festival: http://bit.ly/1voS0oL Tournée de défenseurs Du 1er au 10 décembre, le Collectif Guatemala reçoit deux défenseurs du Petén, représentants de communautés menacées d’expulsion, accompagnées de leur avocat, Ruben Domínguez du Bufete Jurídico de Derechos Humanos, pour une tournée européenne de sensibilisation et de plaidoyer. Divers rendez-vous seront organisés avec des représentants de la société civile ainsi que des dirigeants politiques. Vous pourrez les rencontrer lors de la journée dédiée à l’extractivisme dans le cadre de l’Alternatiba COP 20. Alternatiba IDF - COP 20 En parallèle au sommet climatique COP 20 à Lima, Alternatiba Île-de-France organise des activités liées aux enjeux du changement climatique en Amérique latine. Le Collectif Guatemala a été invité à participer à ce bel événement afin de sensibiliser aux enjeux de l’extractivisme ainsi que d’informer sur la répression subie par les peuples en lutte pour leur territoire. Vous pourrez également venir nous rencontrer sur notre stand dans le Village des Alternatives. Les 6 et 7 décembre, Maison des Initiatives et de la Citoyenneté en l’Île-Saint-Denis Et du 1er au 11 décembre partout en Île-de-France Après plusieurs mois de travail, nous sommes très heureux de vous présenter notre nouveau site internet! Plus moderne, Pour plus d’informations, rendez-vous sur: http://alternatiba.eu/idf/alternatiba-cop20/ plus intuitif, plus complet; vous y retrouverez toute l’actualité du Guatemala ainsi que nos activités à venir! Fermeture hivernale Le bureau du Collectif Guatemala sera fermé du 20 décembre 2014 au 4 janvier Rendez-vous sur: 2015. Très bonnes fêtes à tous! collectifguatemala.org Solidarité Guatemala n°211 novembre 2014

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Le Collectif Guatemala Qui sommes-nous ? Fondé en 1979 par des réfugiés guatémaltèques et des militants français, le Collectif Guatemala est une association 1901 de solidarité internationale. Il est constitué de bénévoles et de deux coordinatrices sur lesquels repose la vie de l’association. Depuis mars 2006, l’association a ouvert un bureau de coordination pour ses activités au Guatemala (accompagnement international et campagne de soutien aux militants luttant contre le pillage de leurs ressources naturelles).

Les activités du Collectif au Guatemala

Les activités du Collectif en France

● L’accompagnement international

● L'appui aux organisations de la société civile guatémaltèque qui luttent pour plus de justice et de démocratie

√ des populations autochtones victimes du conflit armé, impliquées dans des procès contre les responsables de crimes de génocide, crimes contre l’humanité, disparitions forcées et violations sexuelles, √ des personnes et organisations menacées du fait de leurs activités de défense des droits humains et des droits collectifs (droits des peuples autochtones et défense du territoire). Comment ? √ à la demande des groupes, victimes ou témoins menacés, √ en recherchant et en préparant des volontaires qui resteront au minimum 6 mois sur le terrain. Pourquoi ? √ pour établir une présence dissuasive, √ pour avoir un rôle d'observateur, √ pour relayer l'information. Les accompagnateurs/trices sont des volontaires majeur-es, de tous horizons, désirant s’engager sur le terrain. Des sessions d’information et de préparation ont lieu en France avant le départ. Au Guatemala, les accompagnateurs sont intégrés au projet international d’accompagnement ACOGUATE.

● L’outil vidéo √ réalisation de films documentaires comme outil de campagne et de sensibilisation, √ soutien à la diffusion de films documentaires à la capitale Ciudad de Guatemala et dans les communautés au Guatemala.

√ en relayant des dénonciations de violations des droits humains, √ en organisant des campagnes pour soutenir leurs revendications, √ en recherchant des financements pour soutenir leurs projets, √ en recevant en France et en Europe des représentant-es de différentes organisations pour leur permettre de rencontrer des décideurs politiques ainsi que d’autres mouvements sociaux et de défense des droits humains.

● L’information et la sensibilisation du public français Sur quoi ? √ la situation politique et sociale au Guatemala, √ la situation des droits humains, √ l'action des organisations populaires, autochtones et paysannes. Comment ? √ par la diffusion d’une lettre d’information bimestrielle, Solidarité Guatemala, √ par l'organisation ou la participation à des conférences, débats, projections documentaires, √ par des réunions mensuelles ouvertes à toute personne intéressée, √ par la diffusion d’informations via les réseaux sociaux (Twitter, Facebook), √ par l’organisation de réunions de plaidoyer.

● Le travail en réseau avec différents types de partenaires présents au Guatemala √ associatifs, √ diplomatiques.

Contact: collectifguatemala@gmail.com

ADHÉSION / ABONNEMENT Le Collectif Guatemala vous propose plusieurs formules de soutien : 

Adhésion au Collectif, permettant de recevoir la Lettre d’information - Solidarité Guatemala

23 €

Adhésion à tarif réduit (étudiants, chômeurs etc. joindre justificatif)

15 €

Don, un soutien supplémentaire pour nos activités

Total :

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Nom .................................................................................... Prénom ....................................................................................................... Adresse ..................................................................................................................................................................................................... Code Postal ...................................................... Ville ............................................................................................................................... Téléphone ......................................................... Courrier électronique ....................................................................................................

□ Je souhaite être informé(e) par e-mail des activités du Collectif Guatemala □ Je souhaite faire partie du Réseau d’alertes urgentes électronique Les dons et cotisations peuvent être déductibles des impôts à hauteur de 66%.

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