Numéro 214 mai 2015 Lettre d’information du Collectif Guatemala
Historique !
L
e 25 avril dernier, les profonds clivages qui divisent systématiquement la société guatémaltèque, ont momentanément été mis de côté pour exiger, à l'unisson, la démission du président Otto Pérez Molina et de la vice-présidente Roxana Baldetti Elías. Cette manifestation, sans précédent dans l'histoire démocratique du Guatemala est même comparée par certains aux mobilisations étudiantes de 1962, prémices d'une guerre civile sanglante.
Sommaire
Edito:
p.1
par Vanessa Góngora
Alliance pour la prospérité : nouveau départ ou vieux intérêts?
p.2
par Cyril Benoit
La mine Marlin : une violation continue des droits humains par Enrique Vidal
p. 4-6
San Rafael Las Flores: justice et répression
p.6 Affaire IGSS : le projet d’Otto Pérez en phase terminale
p.7
par Cyril Benoit
Brèves
Par Vanessa Góngora
p. 8-11
Collectif Guatemala 21 ter, rue Voltaire Collectif Guatemala 75011 Paris - France 21 ter, rue Voltaire Tel: 01 43 73 49 60 75011 Paris - France collectifguatemala@gmail.com Tel: 01 43 73 49 60 collectifguatemala@gmail.com www.collectifguatemala.org
Direction de publication: DirectriceTauty Isabelle de publication Chamale, : Isabelle ISSN 1277 Tauty 51 Chamale 69 ISSN 1277 51 69
Ont participé à ce numéro : Ont participé à ce numéro : Cyril Benoit, Agathe Bérénice Boukaré, Duvignau, Vanessa Amandine Góngora, Grandjean, Vanessa Góngora, Amandine Grandjean, Coralie Marilyne Sandra Tauty, LengMorand, Griffon, Isabelle wiler, Thibaud Enrique Vidal Marijn, Zuleika Romero, Isabelle Tauty, Martin Willaume.
A l'origine de ce rassemblement, un coup de théâtre que seule la vie politique guatémaltèque sait orchestrer. En effet, le 16 avril dernier, la Commission Internationale contre l'Impunité au Guatemala (CICIG) et le Ministère Public (MP) annonçaient le démantèlement de La Línea, réseau de corruption au sein de la SAT, l'administration fiscale nationale. Ce réseau opérait dans les plus importants bureaux de douanes du pays, en détournant plus de 60% des recettes fiscales en termes d'importations. Au cœur de cette opération, le secrétaire personnel de la vice-présidente, Juan Carlos Monzón Rojas. Tous deux se trouvaient en voyage privé en Corée du Sud, au moment de la mise à jour du réseau. Depuis, Monzón a pris la fuite. Ces révélations qui ont porté un coup fatal au peu de crédibilité dont jouissait Baldetti, ont conduit les Guatémaltèques à manifester devant le palais présidentiel et le Congrès. Elles ont également forcé le gouvernement à accepter le renouvellement du mandat de la CICIG, alors qu'il s'était appliqué tout au long de l'année dernière à mettre un point final à son travail, afin d'éviter de futures poursuites judiciaires à l'encontre du gouvernement en place. Dans un ultime rebondissement, le 6 mai, le patronat (CACIF) exige le retrait de l'immunité de la viceprésidente, pour corruption, et quelques heures plus tard la Cour Suprême de Justice annonce la mise en place de ladite procédure. Cette dynamique de collusion entre le secteur privé et le pouvoir judiciaire ne manque pas de rappeler l'annulation de la sentence historique contre Ríos Montt il y a deux ans déjà. Les habituels groupes d'intérêts qui manipulent, dans l'ombre, la politique du pays, œuvreront jusqu'à obtenir, le 8 mai, la démission de Baldetti, "sacrifiée" sur l'autel de la stabilité institutionnelle. La suivirent les ministres de l’Energie et des Mines et de l’Intérieur. Entre-temps, les détails de l'enquête de la CICIG et du MP, continuent de révéler l'envergure du réseau de corruption de La Línea, bien au-delà de l'administration fiscale, impliquant plusieurs magistrats et avocats. Les Guatémaltèques eux, continuent encore aujourd'hui, de manifester leur mécontentement sous le mot d’ordre #RenunciaYa. Ils sont entrés en résistance, récupérant leur esprit civique, longtemps en sommeil, et s'enchainant aux portes du palais présidentiel pour dénoncer un gouvernement qui est bien loin d'œuvrer pour le bien commun. Le 20 mai ce fut au tour des organisations paysannes de manifester dans la capitale, laissant espérer la convergence longtemps attendue entre mobilisations rurales et citadines. Nous oubliions de vous dire que les élections présidentielles auront lieu (normalement) en septembre prochain… Mesdames, messieurs, la campagne électorale est servie.■
Solidarité Guatemala n°214 mai 2015
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Actualités Alliance pour la prospérité : nouveau départ ou vieux intérêts ? Par Cyril Benoit
Le projet d’Alliance pour la prospérité, élaboré à la suite de la récente crise provoquée par l’afflux de mineurs centraméricains non accompagnés aux États-Unis, est présenté comme un nouveau départ et une opportunité inédite de développement conjoint pour les pays du Triangle nord de l’Amérique centrale. Toutefois, à contre-pied du discours officiel, de nombreuse voix s’élèvent pour dénoncer un projet vu comme inutile, voire nocif pour les peuples concernés.
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n mars 2014 éclatait aux États-Unis la crise des mineurs migrants. Si, du fait de l’amélioration du climat à cette époque, ce mois voit chaque année une augmentation du nombre d’interpellations de mineurs sans-papiers non accompagnés, les chiffres de 2014 atteignirent des records. En effet, pour l’année fiscale 2014, 67 339 mineurs furent arrêtés, contre « seulement » 38 045 pour 20131. Cette crise soudaine provoqua aux États-Unis une vague d’attention médiatique, partagée entre la pitié devant l es i ma ge s d’ en f an ts incarcérés et expulsés et l’agitation de la menace d’une invasion migratoire. Venus pour les trois quarts d’entre eux du Guatemala, du Salvador et du Honduras, ces migrants devinrent l’illustration des conséquences de la pauvreté persistante dans cette région du « Triangle nord » de l’Amérique centrale.
exemple à suivre.
Toutefois, malgré les affirmations d’une nouvelle ère dans les politiques de coopération, de nombreux acteurs pointent le fait que le Plan de l’Alliance pour la prospérité n’est en réalité que « la continuité de tout ce qui a été fait durant les cinq dernières décennies »4 et qui a mené à la situation actuelle. C’est ainsi que, selon Joe Biden, « les é c on om ie s d ’ Am é ri qu e centrale ne peuvent croître qu’en attirant les investissements internationaux » et les entreprises locales doivent « tirer le maximum des traités de libre-échange existants avec les États-Unis ». De telles politiques n’ont rien de neuf, bien au contraire. Depuis le renversement du gouvernement de Jacobo Arbenz en 1954, les politiques successives « d’exportations non-traditionnelles et de En réponse à cette crise, les maquila dans les années Mineurs non accompagnés dans un centre de détention aux Etats-Unis gouvernements des pays de 1970, d’ajustement structurel la région, aidés par la Banque interaméricaine de développement dans les années 1980, de privatisation dans les années 1990 et (BID), élaborèrent en septembre 2014 le document « Lignes du enfin de promotion des industries extractives et de l’agro-business Plan de l’Alliance pour la prospérité du Triangle nord ». Le but de destiné à l’exportation dans les années 2000 ont eu pour seul effet cette alliance, dont le nom rappelle furieusement l’Alliance pour le d’aggraver les inégalités économiques et sociales et de créer un progrès, fondée en 1961 par le président des États-Unis, John F. nombre réduit de puissants groupes économiques »5. Kennedy, pour contrer l’attrait de la révolution cubaine en Amérique latine, est de mettre fin aux causes de cette émigration. Cette continuité transparaît clairement dans les « Lignes Celles-ci sont identifiées comme étant le faible taux de croissance stratégiques d’action » du Plan, parmi lesquelles figurent la et le manque d’attractivité des économies nationales, provoquant « promotion de secteurs stratégiques et l’attraction des chômage et pauvreté ; le manque et la faible qualité des services investissements », la « réduction des coûts de l’énergie et la à la population (éducation, santé, logement) ; le haut niveau de fiabilité du service électrique », la « facilitation du commerce violence et d’insécurité et la faiblesse des systèmes judiciaires ; et international » ou encore la modernisation et l’extension des enfin le manque de confiance dans les institutions de l’État2. infrastructures et des corridors logistiques. Tout ici rappelle les politiques de « développement » mises en œuvre depuis des Le Plan de l’Alliance fut endossé par le gouvernement états-unien années par le gouvernement guatémaltèque et imposées contre en la personne de son vice-président Joe Biden, qui s’est fait leur volonté aux populations paysannes et indigènes l’avocat de l’adoption par le Congrès d’une aide d’un montant d’un milliard de dollars, soit une augmentation de 400%. Dans une Car ce sont bien les intérêts des « investisseurs » qui sont au colonne publiée dans le New York Times3, Biden proclame ainsi centre du Plan, l’amélioration des conditions de vie et de travail de le besoin d’un « changement systémique » en Amérique centrale la population pauvre n’étant conçue que comme conséquence du afin que la région devienne « la prochaine success story dans progrès de ces intérêts. Les politiques d’investissements publics l’Hémisphère occidental », prenant le Plan Colombie comme dans des domaines tels que la santé ou l’éducation ne figurent 2
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Actualités ainsi qu’au second plan des lignes directrices du Plan, sous l’optique de la « construction du capital humain ». De même, les municipalités concernées par les projets de développement n’ont pas été sélectionnées du fait de leur fort taux de pauvreté ou du taux de migration important de leurs habitants vers les États-Unis, mais du fait de leur potentiel à attirer les investisseurs privés, notamment étrangers. Difficile d’imaginer pourquoi, cette fois-ci, les vieilles recettes produiraient de meilleurs résultats. D’autant que, loin des intentions affichées dans leurs déclarations publiques quant au besoin de développer l’emploi formel et de qualité, ni le gouvernement guatémaltèque ni celui du Honduras ne respectent les droits fondamentaux du travail, comme l’illustre la récente instauration d’un « salaire différencié », inférieur au salaire minimum, dans quatre municipalités du Guatemala, mesure dénoncée par le Procureur des droits de l’homme comme « violant les principes fondamentaux de la Déclaration des droits de l’homme et de la Constitution »6. L’absence totale du Mexique dans le Plan interroge elle aussi, la totalité des migrants centraméricains transitant par ce pays, où ils sont victimes de nombreux abus.
Il apparaît donc que le véritable but du Plan est de renforcer les intérêts dominants dans la région et aux États-Unis. Mais cette concordance fondamentale entre les deux régions ne doit toutefois pas masquer les divergences entre les intérêts états-uniens et certains secteurs oligarchiques centraméricains. L’un des objectifs prioritaires des États-Unis est de renforcer la sécurité de ses investisseurs, en s’attaquant prioritairement à la corruption au sein des États du Triangle nord, ce qui entre en conflit direct avec les groupes de pouvoir politique et économique issus des forces armées de ces pays, au premier rang desquels le Parti patriote du président Otto Pérez Molina et le régime hondurien issu d’un récent putsch. Concernant le Guatemala, ce bras-de-fer s’est illustré dans les pressions ouvertes de Joe Biden visant à la prolongation du mandat de la CICIG8. Concluant une visite de deux jours au Guatemala en mars dernier, le viceprésident déclara ainsi que « la CICIG doit être prolongée. Bien sûr il s’agit d’une décision souveraine, mais elle doit être prolongée si quelqu’un espère que le Congrès des États-Unis se joigne à cette initiative en s’engageant sur des milliards de dollars ; vous devez vous engager à nettoyer le système ».
En dépit de certaines contradictions, le Plan L’autre sujet de préoccupation Les présidents du Honduras, du Guatemala et du Salvador et le vice-président reflète néanmoins une des Etats-Unis, lors d’une réunion à Ciudad de Guatemala, 2 et 3 mars 2015 majeur pour les organisations profonde convergence de défense des droits humains d’intérêts. Comme le est le fort risque que le Plan serve à approfondir les politiques de souligne Luis Solano, la migration de Centraméricains vers les répression et de militarisation de la région. Dans une lettre ouverte États-Unis est bénéfique tant pour les entrepreneurs du Nord, à destinée aux présidents concernés, des dizaines de ces qui elle fournit une main d’œuvre bon marché et peu revendicative, organisations ont ainsi affirmé que le Plan perpétuait « les mêmes que pour les élites guatémaltèques, jouant le rôle de soupape politiques de militarisation de la sécurité publique, qui sont dans une société reposant sur un modèle économique et social devenues synonymes des horreurs de la guerre contre les inégalitaire et excluant. Les remesas, l’argent envoyé au pays drogues », pointant notamment la militarisation des frontières par les migrants, représentent également une ressource centrale comme étant une source majeure de violation des droits des pour l’économie guatémaltèque, s’élevant en 2014 à 5,5 milliards migrants7. de dollars. En répétant les mêmes recettes à destination des mêmes personnes, le Plan de l’Alliance pour la prospérité est Le décalage flagrant entre les intentions annoncées et le contenu donc, plutôt qu’un plan « anti migration », un plan « pro réel du Plan conduit à s’interroger sur les véritables fins de celui- migration »9.■ ci. Une première indication se trouve dans le processus d’élaboration du plan. En effet, alors que celui-ci est présenté 1. Adam Isacson, «Latest Border Stats Suggest Higher Family, Child Migration in 2015 than comme une réponse aux besoins de la population pauvre, aucune Official Projections», WOLA, 10.04.15 2. Plan for the Alliance of Prosperity in the Northern Triangle: A Road Map, 09.14, organisation de la société civile n’a été consultée, les discussions 3. « Joe Biden : A Plan for Central America » NYT, http://nyti.ms/1yLSqGU se limitant à la BID, aux gouvernements du Triangle nord et à 4. Luis Solano, «Alianza para la Prosperidad : un proyecto de la élite empresarial», certaines des entreprises privées les plus puissantes de la région. 20.03.15, http://bit.ly/1I3sRX3 5. Ibid. Le CACIF et la Fondation pour le développement (FUNDESA, 6. «PDH rechaza salarios mínimos diferenciados en 4 municipios», La Hora, 02.01.15, composée des plus grands groupes industriels et financiers du http://bit.ly/1JxBvPI http://bit.ly/1KJGqht pays) ont ainsi été étroitement associés à l’élaboration du Plan et 7. 8. Luis Solano, «De la continuidad de la CICIG y la Alianza para la Prosperidad: un pulso lui ont exprimé leur plein soutien. de poderes», CMI, 04.03.15, http://bit.ly/1P31d5K © Prensa Libre
9. Luis Solano, op. cit., 20.03.15
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Actualités La mine Marlin : une violation continue des droits humains Par Enrique Vidal
« Si l'on touche à ma terre, on touche à mon sang. » - Dicton populaire de l'altiplano du Guatemala-
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'est là-bas, en altitude, dans un bois enveloppé par des couches de nuages, entre brouillard et ciel, à 300 kilomètres et 9 heures de bus au nord-ouest de Ciudad de Guatemala, que sont situées les 63 communautés mayas Mam formant la municipalité de San Miguel Ixtahuacán. Ce sont des territoires où, de façon ancestrale la cosmovision maya régit les règles de vie (la cohabitation pacifique), et où selon un habitant “l'eau était aussi bleue que le ciel cristallin et cela faisait 30 ans qu'elle arrivait jusqu'aux maisons” grâce aux projets communautaires. La violence et les cantinas, installées petit à petit au cours des 10 dernières années, se sont imposées quotidiennement, et cette eau, autrefois source de vie, est aujourd'hui rare et source de maladies et de mort, cette fois-ci par la faute des mégaprojets miniers. A cette pollution locale s’est ajoutée le réchauffement climatique au niveau global, qui a substitué une sécheresse de plus en plus pérenne aux traditionnels sept mois de précipitations annuelles. Une histoire en spirale: chronologie et situation de la mine Marlin En 2003, l'entreprise Glamis Gold obtient la licence d'exploitation et commence la construction de la mine Marlin avec l'aide d'un prêt de la Banque Mondiale. En 2006, elle fusionne avec Goldcorp, devenant ainsi une des entreprises minière la plus importante au monde. Les fonds de pension suédois ne s’y sont pas trompés et n’ont pas hésité à investir dans le capital de la compagnie. Au niveau national, l'entreprise opère via sa filiale Montana Exploradora de Guatemala, S.A. Fin 2005, le Projet Marlin I est lancé avec la mise en place d'une mine à ciel ouvert pour l'exploitation d'or et d'argent – creusant également une fosse ainsi que 60 tunnels – grâce à la lixiviation, méthode d'extraction utilisant du cyanure. L'exploitation de la mine était prévue pour 10 ans, jusqu'en 2015, mais avec des droits d'usufruit de 25 ans sur les terrains acquis. L'entreprise a même commencé à diffuser des informations annonçant la fermeture prochaine des activités du Projet Marlin I. Cependant, une nouvelle étape de construction de tunnels a commencé, étendant la zone d'exploitation souterraine vers d'autres communautés avoisinantes. D'après les habitants de ces communautés “les explosions ont augmenté depuis janvier (2015), les maisons tremblent, tous les jours, dès l'aube et jusqu'à 4 ou 5 fois par jour, de 5 heures du matin à 5 heures de l'après midi”,
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augmentant ainsi le nombre de maisons dont les murs et les fondations sont fissurés. Un mécanisme à contrastes, avec plus d'obscurs que de clairs : les mesures provisoires de la CIDH Le 20 mai 2010, la Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme -CIDH-, accorde des mesures provisoires en faveur des communautés du peuple maya Mam et Sipakapense, des municipalités de San Miguel Ixtahuacán y Sipakapa, concernant de possibles violations aux droits fondamentaux des populations provoquées par les activités de la mine. La CIDH a donné 20 jours à l'Etat pour ordonner la suspension des activités. Toutefois, la mine a continué ses opérations sans interruption jusqu'à ce jour. Néanmoins, le 19 décembre 2011, la CIDH modifia les mesures provisoires et – au lieu de réitérer la demande de suspension des activités de la mine Marlin – demanda à l'Etat de s'assurer que les 18 communautés les plus proches de la mine aient accès à une eau propice à la consommation humaine. La CIDH conclut actuellement un rapport de fond sur le cas, et les communautés espèrent que “dans deux ans l'affaire puisse se présenter à la Cour Interaméricaine des Droits de l'Homme”. On observe néanmoins que les mesures provisoires de la CIDH se sont révélées insuffisantes. L'eau est toujours polluée, et le processus de décision de l’institution est particulièrement long. De surcroît, le gouvernement a entravé le suivi des mesures, faisant du service de distribution d’eau aux populations le prétexte à un chantage politique. Tout ceci a fortement usé les communautés et organisations de défense des droits humains et du respect de la Madre Tierra; sans oublier les cas de criminalisation et les agressions physiques subies par les défenseur(e)s de San Miguel et Sipakapa. Rapports gênants : des études démontrent la pollution des affluents approvisionnant en eau les communautés affectées. La mine pollue l'eau des rivières et des affluents autour des communautés, provoquant ainsi une augmentation des maladies de peau, gastro-intestinales, mais aussi des atteintes au système neurologique, qui affectent principalement les enfants et les personnes âgées. On soupçonne qu’elle soit aussi la cause de la mort soudaine du bétail ainsi que de la pollution des terres cultivables, uniques moyens de subsistance de la majorité d’une population comptant 6000 habitants.
Actualités Une équipe technique de la Faculté d'Ingénierie de l'Université San Carlos du Guatemala (USAC) a réalisé, entre septembre 2013 et février 2014, trois prélèvements des eaux de surface et des eaux souterraines à proximité des lieux où opère la mine Marlin. Ces prélèvements ont été envoyés au laboratoire ALS à Vancouver, au Canada. Simultanément, entre septembre et novembre 2013, le Ministère de l'Énergie et des Mines a réalisé deux prélèvements et les a envoyés au laboratoire canadien Maxxam.
gouvernementale dérivée de la discrimination et du racisme qui existe au Guatemala”. De manière plus abstraite, il semble que l’approche très occidentaliste du Droit International des Droits Humains a méprisé pendant des années les voix des centaines de personnes ayant dénoncé ce genre d’agissements. Alors que la sagesse et les témoignages des peuples autochtones ne semblent pas suffire, seuls les résultats d'un groupe de scientifiques permettent de se rendre compte de l’évidence.
Selon un communiqué de plusieurs organisations de la société civile, les analyses du laboratoire ALS ont révélé que la teneur Autres effets transversaux : conflictivité sociale et rupture du d’arsenic contenue dans les prélèvements dépassait de 584% les tissu social limites de potabilité de l’eau fixées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Les analyses du laboratoire Maxxam, elles, font Depuis 10 ans, la socialisation de la violence a évolué. Au cours d e s p r em i è r e s état d’une teneur années de d’arsenic dépassant résistance contre les limites de 555%. l'exploitation minière, agents de Ces mêmes l’État et compagnies organisations avaient de sécurité privée également déclaré ont exercé une d a n s u n répression verticale communiqué en date au nom de “la du 20 février 2014, protec ti on des qu'un rapport de investissements”. l'Institut de sciences Actuellement, la médico-légale du répr es s i on es t Guatemala -INACIFdevenue de nature faisait état d’un horizontale, plus dépassement de silencieuse, voire 910% des limites socialement légales, dictées par normalisée, où la l'OMS, concernant la population elleprésence de plomb, même, polarisée en de nitrogène, divers groupe © Frauke Decoodt d’arsenic et de d'intérêts, s'attaque, manganèse. « En regardant la mine Marlin » s'agresse et se menace. Les organisations expliquent que de nombreuses pathologies, symptômes d'une intoxication chronique par arsenic (arsenicisme), Les défenseur(e)s de droits humains de la région signalent que la peuvent être causées par une consommation d’eau polluée “démocratie recule dès lors que le pouvoir de l'argent de pendant près de dix ans. Les médecins consultés confirment que l'entreprise entre en jeu”, et tout particulièrement lorsque les les lésions peuvent être irréversibles après 6 mois de autorités n’inspirent aucune confiance : “L'entreprise minière a consommation. Aujourd'hui, 110 cas présumés ont été déclarés créé divisions, discriminations, dominations, manipulations, mais auprès des Ministères de la Santé et de l'Energie et des Mines. le plus criminel reste l'élimination de la Madre Tierra”. “Aujourd'hui, nous vivons constamment avec la terreur et la peur dans nos Concrètement, les organisations de la société civile dénoncent esprits car nous ne pouvons pas marcher tranquillement”. “Nous une publicité mensongère et la complicité entre le gouvernement défendons l'héritage de nos enfants, c'est pourquoi la lutte ne doit et l'entreprise minière. De surcroît, le Ministère de la Santé, dans pas cesser. Le futur finit toujours par arriver”. “Au tout début ils un rapport daté du 30 mai 2014, s'efforce de démontrer que les voulaient nous faire tuer, maintenant si l'on continue de parler ils pathologies précitées ainsi que la pollution de l'eau des affluents nous envoient en prison. Et moi c'est ce que je dis à mes enfants avoisinant la mine sont imputables à des “questions culturelles et quand ils me disent qu'ils veulent bloquer des routes et participer de mode de vie, à l'entassement dans les foyers et à la pauvreté aux manifestations: vous allez finir en prison”. dans laquelle vit la population”, et non à l'activité minière. Pour les Pour finir, il convient de se pencher sur la dernière Extension de la communautés, cet argument reflète une “ position Convention-Cadre de Coopération Interinstitutionnelle et Solidarité Guatemala n°214 mai 2015
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Actualités d'Alliance Stratégique, en date du 11 avril 2014, signée par l'entreprise Montana Exploradora, l'Institut d'Equipement Municipal et les mairies de San Miguel Ixtahuacán y Sipakapa. Cette convention se base sur un prêt de la Banque Interaméricaine de Développement (BID) d'un montant de trois millions et demi de quetzales (environ 350 000 euros). Ce prêt est administré par la fondation Sierra Madre, instance représentant la politique sociale de l'entreprise Montana Exploradora. L’entreprise s’y dissocie de toute obligation contractuelle concernant des travaux
© Prensa comunitaria
« Non à l’exploitation minière, Oui à la vie ! », commémoration des huit ans de la consultation populaire de Sipakapa, 18/06/13
d'approvisionnement d'eau et d'assainissement, qui constituent pour elle “un appui additionnel à la communauté”. Les exigences de la population et des organisations dénonçant les violations continues des droits humains dans les communautés de San Miguel Ixtahuacán du fait des activités de la mine sont les suivantes : Réparer l’ensemble des dommages causés à la santé de la population, à l'environnement, et de façon générale aux communautés autochtones et paysannes affectées. Indemniser les personnes et les communautés pour les dommages passés, présents et futurs, en tenant compte que la pollution peut persister pendant 100 ans. Suspendre toute activité minière sur les territoires des communautés, du fait de la violation du droit à la consultation préalable, libre et informée des peuples autochtones affectés. Garantir la non-répétition des faits énoncés.■
1. Selon des documents de Goldcorp, la mine Marlin se compose de six entités souterraines, cinq d’entre elles ayant été autorisées en 2003 (Marlin, Delmy, Coral, Virginia, West Vero) et une sixième en 2006 (La Hamaca). En 2014 et 2015, un nouveau cycle d’exploration a été lancé dans la communauté de Los Chocoyos, faisant partie du municipio de Sipakapa. 2. Communiqué de presse de FREDEMI, Conseil Maya Sikapense, Plurijur et Calas, 17.02.15 3. Entre autres maladies reliées à l’arsenicisme figurent le cancer hépatique, divers pathologies neurologiques comme la paralysie, ou encore les leucémies. 4. Ministère de la Santré, Situacion de salud en comunidades dentro del radio de 5 kilometros alrededor de operacion de Mina Marlin, Guatemala , 30.05.14, pp.16-18
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Solidarité Guatemala n°214 mai 2015
San Rafael Las Flores: justice et répression Autre cas emblématique des violences liées à l’activité minière au Guatemala, la situation autour du projet El Escobal à San Rafael Las Flores, département de Santa Rosa s’est de nouveau détériorée. Le dimanche 5 avril était ainsi assassiné Telésforo Pivaral, agriculteur et membre actif du Comité pour la défense de la vie et de la paix de San Rafael. Dans un communiqué1, plusieurs organisations ont salué son fort engagement contre l’activité minière et souligné le fait que cet assassinat intervenait quelques temps après la réalisation d’études préparatoires par des employés de Minera San Rafael (filiale guatémaltèque de l’entreprise canado-étatsunienne Tahoe Resources) dans la communauté de El Volcancito, où résidait M. Pivaral. Peu de temps après, l’activiste écologiste et des droits humains Roberto de Jesús Pivaral y Pivaral était quant à lui arrêté sur ordre de la juge Carol Patricia Flores. Précandidat aux élections municipales de septembre prochain à San Rafael pour le parti Lider, il était accusé d’avoir commandité l’assassinat d’un soutien du parti UNE. Défendu par le Centre d’action légaleenvironnementale et sociale (CALAS), Roberto Pivaral a été libéré le 30 avril, après que fermeture du dossier faute de preuves. Il semble que, comme dans le cas de Rigoberto Juárez, le but de cette arrestation est de l'exclure du prochain processus électoral en lui imputant des délits ouvrant la voie à une procédure judiciaire. Parallèlement à l’augmentation de la répression, certaines avancées étaient obtenues. Le 13 avril, suite à une plainte déposée par CALAS, un tribunal pénal de Santa Rosa inculpait et envoyait en prison préventive Carlos Roberto Morales Monzón, gérant de Mina San Rafael, pour délit de pollution industrielle de plusieurs cours d’eau, une première dans le pays2. Il a depuis été remis en liberté. Au Canada s’est ouvert devant la Cour suprême de Colombie britannique le procès intenté contre Tahoe Resources par sept hommes blessés par des tirs d’agents de sécurité privés de la mine El Escobal contre la résistance pacifique le 27 avril 2013 3. La veille de l’audience, le 7 avril, a été rendu public l’un des principaux éléments de preuve sur le site tahoeontrial.net. Il s’agit d’enregistrements audio mettant directement en cause Alberto Rotondo, ancien chef de la sécurité de la mine. Celui-ci, actuellement détenu au Guatemala, y déclare notamment « Oui, je les ai criblés de balles. Qu'ils aillent se faire foutre. Ils arrivent en crevant de faim. Qu'ils aillent gagner leur vie ailleurs, qu'ils se trouvent un travail, non? Ils disent qu'il y en a un avec une blessure par balle au visage eh... Si ça leur explose en pleine face, c'est avec des balles qu'ils apprennent. »4 1. Traduit en français sur le site du CG, http://bit.ly/1J4jNXo 2. « Gerente de mina San Rafael es enviado a prisión por caso de contaminación », Prensa Libre, 13.04.15, http://bit.ly/1HO61VO 3. « Suite des évènements à San Rafael Las Flores », Collectif Guatemala, 04.07.13, http:// bit.ly/1KrGSR9 4. Melisande Seguin, « «Qu’ils aillent se faire foutre» : Des preuves accablantes contre Tahoe Resources Inc. au Guatemala », PAQG, 15.04.15, http://www.paqg.org/node/416
Actualités Affaire IGSS: le projet d’Otto Pérez en phase terminale par Cyril Benoit
Le 20 mai 2015 restera sans doute comme une date noire pour l’oligarchie guatémaltèque. En pleine vague de contestation populaire à la suite du scandale de corruption au sein de la SAT, après la démission de la vice-présidente Roxana Baldetti et de plusieurs ministres, le jour même de la manifestation des organisations rurales et paysannes dans la capitale, la CICIG assénait un nouveau coup au gouvernement déjà chancelant d’Otto Pérez Molina.
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ous l’impulsion de l’instance internationale, le Bureau spécial du procureur contre l’impunité (Fiscalía especial contra la impunidad, FECI) du Ministère public lançait un mandat d’arrêt contre 17 personnes, membres du comité directeur et du comité soumissionnaire de l’Institut guatémaltèque de sécurité sociale (IGSS) et de la direction de l’entreprise pharmaceutique PISA de Guatemala, S.A.
secrétaire personnel d’Otto Pérez dès la prise de fonction de celuici. Il devient dirigeant de l’IGSS en décembre de cette année, après la destitution de Luis Reyes Mayén alors à ce poste et représentant du CACIF, dans une lutte de pouvoir entre militaires et oligarques pour le contrôle de l’une des institutions les plus riches du pays5.
Car, avec cette arrestation et l’affaire SAT, c’est tout le projet du Parti patriote (PP) qui est remis en cause. Ce projet, au-delà des élections de septembre 2015, vues comme perdues d’avance, visait à poursuivre le processus d’installation de la hiérarc hie mi l i tai re comme acteur © Sandra Sebastián,/Plaza Pública économique central du Juan de Dios Rodríguez et les autres accusés dans l’affaire IGSS Guatemala, initié durant les années du conflit armé, dans une alliance/concurrence avec Ce n’est pas la première fois qu’un scandale de corruption éclate l’oligarchie traditionnelle. Dès son arrivée à la présidence en 2012, au Guatemala. Une telle affaire pourrait même sembler banale le gouvernement d’Otto Pérez s’attela ainsi à « créer une structure dans un pays classé 115ème sur 175 dans l’index de perception de derrière chaque institution de l’Etat pour piller celui-ci » et à la corruption de l’ONG Trial International3. construire une véritable barrière d’impunité afin d’empêcher toute poursuite judiciaire6. Ceci s’est traduit d’un côté dans la Mais, au-delà du contexte dans lequel surgit l’affaire, c’est manipulation du processus d’élection des juges en novembre également son caractère inhumain qui a provoqué l’indignation. Du 2014 et, de l’autre par les structures mises en place au sein du fait du manque d’infrastructures et d’hygiène dans l’administration SAT ou de l’IGSS. des dialyses par Pisa, depuis février 2015, ce sont 13 patients qui ont trouvé la mort et 107 autres qui souffrent d’infections4. Selon l’analyste Edgar Gutiérrez, les arrestations du 20 mai changent tout, retirant toute utilité au maintien en poste d’Otto Le profil des accusés est, lui aussi, inhabituel dans un pays où Pérez, jusque-là souhaité par les diplomates et entrepreneurs au l’impunité règne. Parmi eux se trouvent notamment Julio Roberto nom de la préservation des institutions. « Aujourd’hui c’est le Suárez Guerra, président de la Banque du Guatemala, Otto contraire. Maintenant, c’est lui l’obstacle (…) Les manifestations, Fernando Molina Stalling, fils de la présidente de la Chambre qui ne connaissent plus de frontières idéologiques, vont continuer pénale de la Cour suprême de justice, Max Erwin Quirín Schoder, à augmenter. Il ne gouverne plus, mais il est le seul qui ne s’en représentant du CACIF et membre éminent de l’oligarchie rend pas compte »7. ■ cafetière. 1. « #CasoIGSS : La CICIG golpea de nuevo », Plaza Pública, 22.05.15, Ces personnes sont accusées d’avoir préparé et approuvé un contrat anormal entre l’IGSS et Pisa, d’un montant de 116,2 millions de quetzales (environ 11,6 millions d’euros) pour la fourniture d ’ un s er vi ce d e di al y s e péritonéale, alors que l’entreprise ne disposait ni de l’équipement ni du personnel adéquat1. Selon la CICIG, une commission de 15 à 16% de la valeur du contrat aurait été versée aux dirigeants de l’IGSS2.
Mais le personnage central dans l’affaire est sans conteste le président du Comité directeur de l’IGSS, Juan de Dios Rodríguez. Cet avocat et colonel en retraite est l’un des plus proches collaborateurs d’Otto Pérez, qu’il a connu alors que tous les deux étaient officiers de renseignements dans les années 1990. Grand financier de la campagne du PP en 2012, Rodríguez devient
http://bit.ly/1AyLqVO 2. CICIG, « Capturan a presidente y directivos del IGSS por contrato irregular », 20.05.15, http://bit.ly/1cPM9H0 3. http://bit.ly/1FI7UT2 4. « Un soborno de Q18 millones que costó 13 vidas », Nómada, 21.05.15, http://bit.ly/1KttdZQ 5. « Otto Pérez se queda manco : primero cae Baldetti y ahora su más cercano exmilitar », Nómada, 21.05.15, http://bit.ly/1BuxzuL 6.Ibid. 7. Plaza Pública, op. cit., 22.05.15
Solidarité Guatemala n°214 mai 2015
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Brèves Défenseurs de Barillas Saúl Méndez et Rogelio Velásquez : la Cour d’appel de Huehuetenango ne confirme pas la condamnation et ordonne le renvoi du cas à Quezaltenango. Le 29 avril 2015, les défenseurs Saúl Méndez et Rogelio Velázquez, de Santa Cruz Barillas, condamnés en novembre dernier à 33 ans et quatre mois de prison, ont comparu devant la Cour d’appel de Huehuetenango, chargée de se prononcer sur le recours en appel spécial interjeté par les avocats de la défense en décembre 2014. Après avoir écouté les arguments du recours, la magistrate présidente a cité à comparaître les parties pour le 15 mai, audience durant laquelle elle a laissé sans effet la condamnation et ordonné le renvoi du cas à la phase de débat oral devant un tribunal de Quezaltenango. Bien que la demande des avocats de la défense d’annuler la condamnation n’ait pas été acceptée, celle-ci n’a pas non plus été confirmée. C’est pourquoi, jusqu’à ce que le processus arrive à un nouveau verdict, Méndez et Velásquez restent en prison préventive, bien qu’ils ne soient l’objet d’aucune condamnation. Pour les organisations, communautés et personnes qui ont accompagné le cas depuis deux ans, la résolution de répéter le débat dans une autre cour est une grande victoire dans la lutte pour la liberté des deux défenseurs, ainsi qu’une opportunité de régulariser un procès qu’ils caractérisent comme « rempli d’irrégularités ».
© Gustavo Illescas - CMI
Saúl Méndez et Rogelio Velásquez, à l’issue de l’audience du 29 avril 2015
Dans leur lecture du recours, le 29 avril, les avocats ont demandé l’annulation de la condamnation illégale prononcée en novembre et la mise en liberté immédiate de leurs clients, présentant de nombreux vices de forme et de fond de la part du Ministère public (MP), tels que : la remise de documents hors du délai consacré à l’enquête, l’utilisation de témoignages contradictoires et le manque de précision quant à la forme précise de collaboration prise par les accusés dans les faits incriminés. Malgré ces plaintes, le procureur a continué à demander une condamnation. Quand Saúl Méndez et Rogelio Velásquez furent appeler à déclarer, ils affirmèrent une fois de plus qu’ils étaient des défenseurs des droits humains, emprisonnés pour des raisons politiques du fait de leur opposition aux projets extractivistes transnationaux imposés à leurs communautés et demandèrent à pouvoir retourner libres dans leurs familles le plus tôt possible. Carmelia Mérida et Zenayda Mérida, épouses respectives de Rogelio et Saúl, ont exprimé la dure réalité à laquelle elles font face depuis l’absence de leurs époux, ainsi que leur espoir tenace qu’ils soient bientôt libérés. Durant les jours et semaines autour de ces audiences, diverses organisations civiles solidaires de Saúl, Rogelio et leurs familles ont mené des activités publiques de sensibilisation sur le contexte de criminalisation dans le nord de Huehuetenango. Le 28 avril, s’est tenu à Huehuetenango un forum portant sur le sujet, ainsi que des conférences de presse dans cette ville et à la capitale. Depuis fin avril, la Plateforme de solidarité avec le Chiapas et le Guatemala, de Madrid, l’un des dix comités membres du projet ACOGUATE, anime une campagne internationale de collecte de signatures pour exiger la liberté immédiate tant de Saúl Méndez et Rogelio Velásquez, que celle des autres défenseur-es emprisonnés dans le nord de Huehuetenango1. L’an dernier, l’ONU et l’Organisation mondiale contre la torture ont déjà exprimé leur préoccupation quant à la nature « arbitraire » de la détention de ces personnes et aux conditions de justice dans lesquelles sont menés les procès en cours.
Poursuite de la répression à Barillas et Santa Eulalia Trois autres leaders de Barillas sont également en détention préventive depuis le 26 février et incarcérés actuellement à Guatemala Ciudad. Arturo Pablo Juan, Adalberto Villatoro et Francisco Juan Pedro sont accusés de plusieurs charges dont séquestration, par l'entreprise hydroélectrique de capital espagnol, Hidro Santa Cruz. La première audience depuis leur mise en détention, notifiée seulement début mai, est prévue le 29 mai. Rigoberto Júarez et Domingo Baltazar, deux défenseurs du territoire et leaders du Mouvement Social de Santa Eulalia (municipalité voisine de Barillas) où la population, lutte contre l'installation du projet hydroélectrique Hidro San Luis de l'entreprise Cinco M. ont été arrêtés le 24 mars à Guatemala Ciudad. Bénéficiant de la liberté conditionnelle pour une 1ère accusation, ils sont recapturés à la sortie d'une audience la même semaine, pour une autre plainte. Ils sont toujours en attente de leur audience de première déclaration, leurs avocats ayant récusé le juge de Santa Eulalia, responsable de leur dossier, pour être lié à la partie accusatrice. Rigoberto Juárez est une autorité ancestrale Maya Q'anjobal, et coordinateur du Gobierno Plurinacional des Nations Mayas du nord de Huehuetenango. Tous deux sont criminalisés pour leurs activités de défenseurs du territoire et des droits collectifs de la population Maya Q'anjobal, du nord de Huehuetenango. Bernardo Ermitaño López Reyes, leader de la Société Civile de Barillas a été arrêté le 2 juin et inculpé le 9 pour séquestration et autres charges d'accusation. Il est actuellement en prison préventive et sa prochaine audience est fixée pour le 24 août 2015.
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Brèves Un juge pro-establishment à la vice-présidence Suite à la démission contrainte de la vice-présidente Roxana Baldetti, s’est ouvert l’ardu processus de désignation du prochain titulaire de ce poste jusqu’à la fin de la mandature. Il aura fallu qu’Otto Pérez Molina s’y prenne à trois fois avant que le Congrès ne se décide à élire l’une des personnes proposées par le président pour occuper ce poste décrédibilisé. C’est finalement Alejandro Maldonado Aguirre qui a été élu. Précédemment juge à la Cour constitutionnelle, c’est un vieux routier de la politique guatémaltèque. Député d’extrême-droite dans les années 60 puis successivement ministre de l’Education, deux fois candidat aux élections présidentielles, ministre des Affaires étrangères puis de nouveau député et juge, l’homme aura eu le temps de démontrer sa fidélité aux secteurs dominants du pays. Parmi ses dernières décisions à la Cour constitutionnelle ressortent la validation de l’élection des juges (manipulée par le PP et Líder), la réduction du salaire minimum, le refus de l’augmentation des impôts aux entreprises téléphoniques, le renvoi anticipé de la procureure Claudia Paz y Paz ou encore l’annulation du jugement contre Ríos Montt*. Dans un contexte troublé pour l’oligarchie et ses partis politiques, celui que ses partisans et adversaires surnomment « le stabilisateur » est donc là pour assurer la continuité du système. © Guatevision.com
* «El juez del establishment llega a Vicepresidente», Nómada, 14.05.15. http://bit.ly/1PvkVqP
La CICIG demande la levée de l’immunité de la juge Flores Dans un communiqué en date du 30 avril, la CICIG et le Ministère public ont conjointement demandé à la Cour suprême de justice (CSJ) le retrait de l’immunité à la juge de haut risque A Carol Patricia Flores, afin de pouvoir mener une enquête pénale pour de possibles délits de blanchiment d'argent et autres actifs et d’enrichissement illicite, entre autres*. Réalisant une enquête suite à la candidature de la juge pour intégrer la Cour suprême, la CICIG a en effet découvert que celle-ci vivait dans « un immeuble luxueux qui, à première vue, dépasse le pouvoir d’achat d’un juge de première instance », logement dont elle cherchait de plus à cacher l’existence. La juge Flores avait dicté en avril 2013 une résolution visant à suspendre le procès pour génocide à l’encontre de José Efraín Ríos Montt, mené par le Tribunal de sentence présidé par la juge Yassmín Barrios. Cette résolution ordonnait de faire revenir le dossier à novembre 2011, alors l'ex-dictateur n'était pas encore inculpé pour génocide et crimes contre l'humanité. Le 14 mai, la CSJ a décidé à l’unanimité d’accepter la demande de jugement préalable déposée par la CICIG, ouvrant la voie à une procédure judiciaire. *CICIG, « Antejuicio contra jueza Carol Patricia Flores Polanco », 30.04.15. http://bit.ly/1LBmrlE
La pression s’intensifie sur les communautés du Petén Lors de leur venue en Europe en décembre dernier, les défenseur-es du Petén et l’avocat Rubén Domínguez nous confiaient leur crainte de voir expulser six communautés, inquiètes de la présence croissante de militaires et de représentants du Conseil national des aires protégées (CONAP) dans la zone. Ces inquiétudes se sont accentuées récemment et une délégation de dirigeants communautaires est venue à Guatemala Ciudad le 24 mars, afin de dénoncer de possibles expulsions de communautés situées dans les zones protégées de la Laguna del Tigre et Sierra Lacandón Le lendemain, les avocats Rubén Domínguez et Ramón Cadena participaient à une réunion où était convoqué le directeur du CONAP -par le député Amílcar Pop, du parti WINAQ. Ils y ont présenté la situation complexe -au sujet de l'appartenance des terres- des communautés de la Laguna del Tigre et de la Sierra Lacandón, et ont dénoncé les expulsions, la précarité de la situation humanitaire précaire et le manque de services de base, ainsi que l'injustice et les différences de traitement entre les communautés et l'entreprise pétrolière PERENCO. Les avocats ont de nouveau demandé la création d'un processus de dialogue interinstitutionnel, dans lequel devrait participer le Bureau du Procureur des Droits Humains, également représenté lors de cette réunion et vont continuer en ce sens à soutenir la juste lutte de nos compañer@s petener@s !
© Listindiario.com
Projet Xalalá: l'INDE annule le contrat avec l'entreprise Intertechne L'INDE (Institut National d'Electrification) a mis fin au contrat avec l'entreprise brésilienne Intertechne Consultores, S. A., d’un montant de 5,3 millons de dollars, conclu pour réaliser les études de faisabilité du projet hydroélectrique Xalalá en Ixcán*. L’institut public cherche désormais à récupérer les 10 millions de dollars avancés à cette entreprise. Ce contrat, signé dans le plus grand secret fin 2013 entre l'entreprise et l’INDE et pour lequel il n'y avait pas eu de publication d'appel d'offres, avait été vivement critiqué et les communautés affectées par le projet de barrage avaient déposé des recours contre celui-ci. Le Ministère de l'Energie et des Mines a défendu ce contrat alors que la Cour des Comptes guatémaltèque avait dénoncé des anomalies dans de dernier ainsi qu’au sujet de la somme d'argent avancée à l'entreprise.
*« Intertechne no llenó las expectativas », Prensa Libre, 28.04.15, http://bit.ly/1J6pOQ1
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Brèves La condamnation d’Erwin Sperisen confirmée en appel Le 12 mai dernier, la Cour pénale de la Cour de justice de Genève a confirmé la condamnation à vie d’Erwin Sperisen, prononcée en première instance le 6 juin 2014. L’ancien directeur de la Police nationale civile (PNC) du Guatemala, surnommé « le Viking », a été reconnu coupable de l’exécution extrajudiciaire de sept détenus du pénitencier Pavón lors d’un soulèvement en 2006. Contrairement à la première sentence, il a de plus été reconnu coupable de l’assassinat de trois autres détenus qui s’étaient évadés de la prison de haute sécurité El Infiernito dans le département d’Escuintla et qui avaient été exécutés après leur capture. De nationalités guatémaltèque et suisse, Erwin Sperisen s’était enfui en Suisse afin d’échapper à une action judiciaire lancée sur initiative de la CICIG en 2010. La Confédération ne pouvant constitutionnellement pas extrader ses ressortissants, c’est la justice helvétique qui était seule compétente pour juger les faits incriminés, © Keystone/Gilles-Emmanuel Fiaux dénoncés par une coalition d’ONG il y a près de huit ans1. Cette condamnation revêt une importance particulière au Guatemala, démontrant que des individus considérés comme intouchables peuvent être jugés pour leurs actes. Des hauts fonctionnaires impliqués dans ces exécutions extrajudiciaires, Sperisen est en effet le seul à avoir été condamné, Alejandro Giammattei, directeur du système judiciaire au moment des faits, ayant été absout au Guatemala en 2012 et Javier Figueroa, sous-directeur des enquêtes criminelles de la PNC, reconnu non-coupable par un tribunal autrichien en 20132. Selon Philip Grant, directeur de l’ONG TRIAL : « Nous souhaitons que la condamnation d’Erwin Sperisen serve d’exemple, notamment aux autorités espagnoles, qui doivent maintenant juger son supérieur direct, l’ancien Ministre Carlos Vielman, pour les même faits ». 1. Communiqué de presse de TRIAL, OMCT, CGAS et ACAT. 12.05.15. http://bit.ly/1Fikhq9 . 2. WOLA, La CICIG: un instrumento innovador contra redes criminales y para el fortalecimiento del Estado de derecho, 03.15, http://bit.ly/1BMu3ue
Commémoration du deuxième anniversaire de la sentence pour génocide Le 10 mai 2013, l’ancien dictateur José Efraín Ríos Montt était condamné à 80 ans de prison, reconnu coupables de génocide et de crimes contre l’humanité commis contre le peuple maya-ixil durant le conflit armé interne. Ce verdict historique, où pour la première fois au monde un ancien chef d’Etat était condamné par un tribunal national pour génocide, fut, comme on le sait rapidement annulé, dix jours plus tard, par une Cour constitutionnelle aux ordres de l’oligarchie. Deux ans plus tard, le procès est toujours bloqué, du fait de la stratégie dilatoire menée par la défense. Malgré la nomination d’un nouveau juge, Jaime Delmar González Marín le 10 avril dernier, en remplacement de Jeannette Valdés, récusée le jour même de la réouverture des audiences le 5 janvier 2015, aucune date n’a été fixée pour la reprise du deuxième procès*. Pendant ce temps-là, les témoins vieillissent ou meurent et l’état de santé de Ríos Montt fait craindre que ce second procès n’ait jamais lieu. Cependant, la mobilisation des survivants du génocide et de leurs proches ne faiblit pas. Sous le mot d’ordre « La sentence pour génocide appartient au peuple et est valide », un défilé a été organisé dans la ville de San Juan Cotzal, tandis qu’à Santa María Nebaj, capitale de la région ixil c’est sous une banderole affirmant « La vérité est dite, la justice s’est prononcée, il y a eu un génocide » que s’est déroulée une activité publique comprenant prises de parole et représentations artistiques. Une vérité qui appartient tout autant aux peuples quiché, achí, q’anjob’al, q’eqchi et à toutes les victimes de la répression d’Etat. * « Nombran a juez contralor para juicio por genocidio contra Ríos Montt », La Hora, 10/04/15, http://bit.ly/1cOKukQ
Le projet ACOGUATE fête ses 15 ans Fondé en 2000 à la demande des organisations AJR (Association pour la justice et réconciliation) et CALDH (Centre d'action légale pour les droits humains) au moment du dépôt de leur plainte contre l’ancien chef de l’Etat, le général Romeo Lucas García, le projet ACOGUATE regroupe aujourd’hui 10 comités issus de 9 pays d’Europe et d’Amérique du Nord. En 15 ans, plus de 600 accompagnateurs se sont engagés en solidarité avec les luttes sociales et pour la justice ! Le Collectif Guatemala, membre fondateur d’ACOGUATE, y prend toute sa place avec l’envoi de deux à cinq volontaires par an et la présence sur le terrain de coordinateurs. Gregory, Cynthia et Amandine s'y sont succédés. Suivant l’évolution du Guatemala, l’accompagnement s’est diversifié et concerne actuellement tant les organisations de défense des droits humains que celles luttant pour les « droits du territoire », c’est-à-dire le droit des communautés et des peuples autochtones à l'auto-détermination, et notamment à décider de l’utilisation de leurs ressources naturelles. A l’occasion de cet anniversaire, ACOGUATE publie Lazos que perduran. Caminamos juntos aunque nos vamos*, qui présente l’histoire du projet ainsi que les témoignages de défenseur-es des droits humains accompagné-es et d’accompagnateur/rices, le tout illustré par de nombreuses photos. « Célébrer un quinzième anniversaire représente les deux faces d’une même pièce : d’un côté, nous valorisons l’effort de nombreux volontaires venus de différents pays qui poursuivent leur engagement dans le projet ; de l’autre, nous constatons la précarité persistante d’un Etat de droit qui devrait garantir les droits humains de tous ses citoyens sans exception ». *Des liens qui persistent. Bien que nous partions, nous cheminons ensemble, disponible au prix de 8 euros sur demande écrite au Collectif Guatemala
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Brèves Des nouvelles du terrain Agathe, 24 ans, accompagnatrice en Ixcán C’est d’abord par le PAQG*, alors que j’étudiais à Montréal, que j’ai découvert l’histoire du Guatemala et le sens de l’accompagnement international. A défaut de pouvoir partir, je me suis plongée dans l’étude de ce pays mal connu, sidérée par ma propre ignorance et plus généralement celle du reste du monde, de son passé pourtant si lourd. Alors, quand l’occasion s’est représentée 3 ans plus tard de partir à mon tour, je me suis jetée dessus. Me voilà 7 mois plus tard, accompagnatrice en Ixcán, une région qui m’a définitivement séduite. Bien que mes débuts aient été un peu difficiles, j’ai eu la chance d’apprendre à connaître la région avec la meilleure binôme dont je pouvais rêver, qui s’était fixé pour objectif de me transmettre son amour pour l’Ixcán. C’est pari réussi ! Durant ces 7 mois sur le terrain j’ai suivi et complètement partagé la lutte des communautés contre le projet de construction du barrage hydroélectrique Xalalá, qui menace leurs terres et donc leur survie. Je suis admirative du combat mené par ces femmes et ces hommes pour la vie. Les ressources intellectuelles et l’incroyable solidarité dont ils font preuve pour la préservation de leurs « terres ancestrales », leur ont permis de gagner de belles batailles contre les géants auxquels ils doivent faire face. Mais la guerre pour l’énergie est malheureusement loin d’être terminée au Guatemala et il leur faudra encore beaucoup de courage et de force pour résister à cette (nouvelle) invasion. L’Ixcán c’est aussi une terre de lutte pour la justice et la reconnaissance des crimes du passé. Par l’accompagnement des témoins et membres de l’AJR, j’ai eu la chance de pouvoir écouter les témoignages et apprendre de l’histoire du Guatemala directement de la bouche des victimes du conflit. Ces moments ont été aussi riches que chargés en émotion. Je finirai les 3 derniers mois de ma mission au sein de l’équipe mobile à la capitale, au sein de laquelle je suis convaincue de faire encore de très belles connaissances et découvertes. De toutes ces expériences, je retiendrai que l’accompagnement international est une grande leçon de vie, d’humilité et une sacrée source d’inspiration et de motivation pour un parcours solidaire et professionnel qui ne fait que commencer ! *** Enrique Vidal, autre accompagnateur du Collectif, a quant à lui prolongé sa mission au Guatemala jusqu’en novembre. Après avoir fait partie de l’équipe mobile, il rejoint désormais celle de Huehuetenango. Bonne continuation et bon courage à lui et Agathe pour la suite de leur mission! Nous en profitons pour remercier chaleureusement nos autres accompagnateurs/rices partis en 2014 : Cyril Benoit (maintenant en poste à la coordination siège du Collectif Guatemala, à mi-temps), Clémence Minet, tous deux accompagnateurs de juillet 2014 à janvier 2015 et Pau Dachs, en mission de juillet 2014 à mars 2015. Nous souhaitons bonne chance à Clémence pour sa recherche d'emploi, et du courage à Pau pour son projet de documentaire sur les luttes de Huehuetenango, qu'il a initié en avril 2015, après de courts congés en Espagne. * Le Projet Accompagnement Québec-Guatemala est le comité québécois faisant partie du projet ACOGUATE. http://www.paqg.org/
Assemblée générale
Nouvelles accompagnatrices
L’assemblée générale annuelle du Collectif Guatemala, ouverte à tous les adhérents, se tiendra le dimanche 14 juin 2015 de 10 à 17h au:
Les 30 et 31 mai s’est tenu le week-end d’orientation et de sélection annuel organisé par le Collectif Guatemala, au CICP, à Paris.
14 bis rue Alphonse Pallu, 78110 LE VESINET
Histoire et actualité du Guatemala, présentation de l’action du Collectif et du projet ACOGUATE, réflexion sur l’accompagnement international et la non-violence...en bref, deux jours intenses et enrichissants.
RER A, Le Vésinet-Centre
A l’ordre du jour: rapport moral, rapport financier, perspectives et élection du bureau de l’association.
C’est donc avec grand plaisir que nous accueillons Anaïs, Kim et Maria Paola, la relève des accompagnatrices du Collectif, qui partiront sur le terrain entre août et septembre. Merci également à Antoine et Charlotte, nouveaux adhérents du Collectif, pour leur participation! Solidarité Guatemala n°214 mai 2015
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Le Collectif Guatemala Qui sommes-nous ? Fondé en 1979 par des réfugiés guatémaltèques et des militants français, le Collectif Guatemala est une association loi 1901 de solidarité internationale. Il est constitué de bénévoles et de deux coordinatrices sur lesquels repose la vie de l’association. Depuis mars 2006, l’association a ouvert un bureau de coordination pour ses activités au Guatemala (accompagnement international et campagne de soutien aux militants luttant contre le pillage de leurs ressources naturelles).
Les activités du Collectif au Guatemala
Les activités du Collectif en France
● L’accompagnement international
● L'appui aux organisations de la société civile guatémaltèque qui luttent pour plus de justice et de démocratie
√ des populations autochtones victimes du conflit armé, impliquées dans des procès contre les responsables de crimes de génocide, crimes contre l’humanité, disparitions forcées et violations sexuelles, √ des personnes et organisations menacées du fait de leurs activités de défense des droits humains et des droits collectifs (droits des peuples autochtones et défense du territoire). Comment ? √ à la demande des groupes, victimes ou témoins menacés, √ en recherchant et en préparant des volontaires qui resteront au minimum 6 mois sur le terrain. Pourquoi ? √ pour établir une présence dissuasive, √ pour avoir un rôle d'observateur, √ pour relayer l'information. Les accompagnateurs/trices sont des volontaires majeur-es, de tous horizons, désirant s’engager sur le terrain. Des sessions d’information et de préparation ont lieu en France avant le départ. Au Guatemala, les accompagnateurs sont intégrés au projet international d’accompagnement ACOGUATE.
● L’outil vidéo √ réalisation de films documentaires comme outil de campagne et de sensibilisation, √ soutien à la diffusion de films documentaires à la capitale Ciudad de Guatemala et dans les communautés au Guatemala.
√ en relayant des dénonciations de violations des droits humains, √ en organisant des campagnes pour soutenir leurs revendications, √ en recherchant des financements pour soutenir leurs projets, √ en recevant en France et en Europe des représentant-es de différentes organisations pour leur permettre de rencontrer des décideurs politiques ainsi que d’autres mouvements sociaux et de défense des droits humains.
● L’information et la sensibilisation du public français Sur quoi ? √ la situation politique et sociale au Guatemala, √ la situation des droits humains, √ l'action des organisations populaires, autochtones et paysannes. Comment ? √ par la diffusion d’une lettre d’information bimestrielle, Solidarité Guatemala, √ par l'organisation ou la participation à des conférences, débats, projections documentaires, √ par des réunions mensuelles ouvertes à toute personne intéressée, √ par la diffusion d’informations via les réseaux sociaux (Twitter, Facebook), √ par l’organisation de réunions de plaidoyer.
● Le travail en réseau avec différents types de partenaires présents au Guatemala √ associatifs, √ diplomatiques.
Contact: collectifguatemala@gmail.com
ADHÉSION / ABONNEMENT Le Collectif Guatemala vous propose plusieurs formules de soutien :
Adhésion au Collectif, permettant de recevoir la Lettre d’information - Solidarité Guatemala
23 €
Adhésion à tarif réduit (étudiants, chômeurs etc. joindre justificatif)
15 €
Don, un soutien supplémentaire pour nos activités
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Total :
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Nom .................................................................................... Prénom ....................................................................................................... Adresse ..................................................................................................................................................................................................... Code Postal ...................................................... Ville ............................................................................................................................... Téléphone ......................................................... Courrier électronique ....................................................................................................
□ Je souhaite être informé(e) par e-mail des activités du Collectif Guatemala □ Je souhaite faire partie du Réseau d’alertes urgentes électronique Les dons et cotisations peuvent être déductibles des impôts à hauteur de 66%.
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Chèque à l’ordre du Collectif Guatemala, à envoyer à l’adresse suivante: Collectif Guatemala 21ter, rue Voltaire 75011 Paris