Solidarité Guatemala 203

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Numéro 203 avril 2013 Lettre d’information du Collectif Guatemala

Ríos Montt - Un procès pour l'histoire, la mémoire et l'avenir du Guatemala Par Nicolas Krameyer

© Maxime Verdier

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Tribunal du Guatemala, mars 2013

e 19 mars 2013, les survivants ixils du génocide maya écrivent ce jour l'histoire du Guatemala. Ils y sont : plus de trois décennies après les principaux massacres, quinze ans après la publication du rapport de la Commission d'éclaircissement historique qui concluait à des actes de génocide, douze ans après le dépôt de la première plainte, ils témoignent devant un tribunal : face à eux, Ríos Montt, l'homme symbole de la répression sans nom qui s'est abattue sur les peuples mayas entre 1975 et 1985. Après tant de temps, les mots des victimes, dans cette langue ixil douce, feutrée, rugueuse et claquante, sont assénés avec calme, précision et émotion par les dizaines de témoins qui se succèdent, en contraste avec l'immense cruauté des faits racontés. Un procès historique pour l'Amérique latine, a-t-on dit ; une première aussi et surtout dans les annales de la justice internationale, puisque c'est le premier procès dans le monde à l'encontre des auteurs intellectuels d'un génocide jugé par des juges nationaux dans le pays même où les crimes ont été commis1. (suite page 2)

Collectif Guatemala 21 ter, rue Voltaire 75011 Paris - France Tel: 01 43 73 49 60 collectifguatemala@gmail.com www.collectifguatemala.org

Directrice de publication : Isabelle Tauty Chamale ISSN 1277 51 69 Ont participé à ce numéro : Quentin Delpech, Amandine Grandjean, Vanessa Góngora, Nicolas Krameyer, Thibaud Marijn, Isabelle Tauty, Maxime Verdier, Martin Willaume.

SOMMAIRE Edito par Nicolas Krameyer

p.1-2 Chronique d’un meurtre annoncé

p.8

par Thibaud Marijn

Trente ans après, la lumière sera faite sur la Des syndicats réprimés discrètement période la plus sombre du conflit armé par Maxime Verdier et Vanessa Góngora

p.9

p.3-5 par Quentin Delpech

La résistance pacifique contre l’entreprise Brèves espagnole Hidro Santa Cruz s’intensifie à Bloc-notes et agenda Barillas par Amandine Grandjean

p.10 p.11

p.6-7 Solidarité Guatemala n°203 avril 2013

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Edito David contre Goliath : les membres de la communauté maya ixil, représentants d'un peuple historiquement discriminé, marginalisé, que l'on voulait éradiquer de l'histoire du pays, contre Ríos « de Sangre » Montt, le principal homme fort du Guatemala des 40 dernières années2. Comment en est-on arrivés là ? A 86 ans, nombre d'analystes estiment que la faction de l'oligarchie militaire qu'il représente a de moins en moins de pouvoir par rapport à d'autres clans aujourd'hui à la tête du pays. Pourtant, l'essentiel n'est pas là : la persévérance, la soif de justice et de dignité des témoins des massacres réunis au sein de « l'Association pour la Justice et la Réconciliation » (AJR) ; le courage et l'intelligence des avocats et des associations de défense de droits humains qui les ont accompagnés depuis 15 ans dans ce processus ; les centaines d'accompagnateurs internationaux qui se sont succédés depuis 2000 à leurs côtés ont permis que l'espoir de rendre leur mémoire aux morts, et leur avenir aux descendants, ne s'éteigne pas. La flamme, fragile, a vacillé de nombreuses fois pendant toutes ces années, sous le coup des menaces et intimidations, de la peur gravée dans le corps des survivants, de la corruption d'un système judiciaire national érigeant l'impunité en système, de l'indifférence, de l'autisme et du mépris d'une partie de la société et des élites guatémaltèques. Elle a failli s'éteindre, à mesure que les plaintes étaient rejetées, contestées, enterrées, que les témoins vieillissaient. Et la flamme a ressurgi, grâce à un contexte enfin un peu plus favorable : quelques changements clés survenus depuis deux ans au sein du monde judiciaire, des juges et procureurs qui ont, dans un climat de dénigrement permanent, voulu montrer que même au Guatemala, justice pouvait rimer avec indépendance ; et la perte par Ríos Montt, l'an dernier, de son immunité parlementaire. Aujourd'hui, techniquement et légalement, Ríos Montt et Rodríguez Sánchez, son directeur des services des renseignements de l'époque, sont jugés « uniquement » pour les actes génocidaires commis contre la population ixil, et non contre les autres peuples mayas. Il manque sur le banc des accusés de nombreux autres auteurs intellectuels et matériels qui ont participé à la tentative d'extermination des peuples mayas. Le président actuel, Otto Pérez Molina, en est un exemple, commandant militaire de cette même région ixil à l'époque, comme l'a rappelé, au 10e jour du procès, un témoin en vidéoconférence mis sous protection du Ministère public. Mais à travers ce procès historique, à travers les mots et témoignages des survivants ixils, ce sont toutes les victimes mayas du conflit qui donnent de la voix, comme en témoigne la présence des survivants des peuples maya qeq'chi, chuj, quiché, qanjo'bal, mam, kaqchikel, achi à leurs côtés dans la salle d'audience. A travers ces voix, c'est toute une société divisée, percluse de siècles de racisme, qui apprend peu à peu, enfin, à se regarder. Alors que les médias, les élites et jusqu'à l'école n'accordaient que peu de place et de crédit à ce qui s'est passé, tous les médias nationaux sont aujourd'hui à l'audience, se rendent compte, et tant bien que mal rendent compte. Les forces de l'ombre tentent tout ce qu'ils peuvent pour empêcher un verdict historique : encarts payants dans la presse des associations de militaires dénonçant des survivants payés ou accusés de terrorisme; tentatives d'obstruction de la justice des avocats de la défense, avec des recours plus absurdes les uns que les autres, menaces de mort ... Et jusqu'à ce que le verdict soit rendu, des représailles de tout type ne sont pas à exclure. Une chose pourtant est sûre : ces forces semblent avoir perdu le soutien tacite de l'opinion publique: alors qu'ils appelaient à un grand rassemblement pour dénoncer ce procès « commandité de l'étranger », ils n'ont réuni que 40 personnes sur la place présidentielle, qui se sont dispersées au bout d'une heure... Les survivants écrivent l'histoire et ils en sont conscients, comme le dit le président de l'AJR, qui regroupe les victimes parties civiles dans le procès, quand on lui demande ce que représenterait pour le Guatemala un tel jugement : « Cela signifierait qu'il y a une justice pour tous, quel que soit le grade ou le niveau économique de la personne. On n'a jamais réussi cela avant au Guatemala. Cela resterait comme un précédent pour notre peuple, mais aussi pour les autres pays qui cherchent à obtenir justice. Ce serait aussi un précédent pour la nouvelle génération, pour celle qui est là et celles qui viendront, pour qu'elles connaissent la vérité. Pour qu'elles sachent ce que signifie la guerre sale, une guerre contre des gens qui ne pouvaient se défendre, et qui n'étaient pas coupables de ce dont on les accusait »3.■ 1 Les juges du tribunal de Nüremberg étaient constitués de représentants des pays alliés ; au Cambodge, le tribunal spécial avait à sa tête des juges et procureurs internationaux; au Rwanda, et pour l'ex-Yougoslavie, des tribunaux pénaux internationaux spéciaux ont été installés, respectivement à Arusha (Kenya) et à la Haye (Pays-Bas). 2 Candidat présidentiel en 1974, il est porté au pouvoir par un putsch au sein de l'armée, le 7 mars 1982, discrètement appuyé par la CIA. Ses 15 mois à la tête du pays sont les plus sanglants des 36 ans de conflit armé interne. En 1985, il est décoré par le Pentagone d'une Commendation Medal. Par 3 fois candidat à l'élection présidentielle, président de l'assemblée nationale guatémaltèque, installant un homme-lige à la présidence, de 2003 à 2007, il ne perd son immunité parlementaire qu'en janvier 2012. 3 http://acoguate.org Interview parue sur le blog d'ACOGUATE, plateforme des organisations d'accompagnement international au Guatemala. Un compte-rendu de chaque journée d'audience y est aussi publié en français, espagnol et anglais.

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Actualités Trente ans après, la lumière sera faite sur la plus sombre époque du conflit armé Par Maxime Verdier et Vanessa Góngora Depuis le 19 mars 2013, deux anciens généraux sont assis sur le banc des accusés pour génocide et crimes contre l’humanité. Treize ans après la signature des accords de paix, les victimes et survivants de la répression des années 1982 et 1983 voient leur lutte entrer dans le débat national et entrevoient l’espoir que soient enfin reconnues les violences du passé et l’injustice de leurs souffrances. 1982, prise de pouvoir dans un Etat militaire et totalitaire En 1982, le conflit armé guatémaltèque était au cœur des préoccupations politiques du pays, tous les candidats à la présidence de la République prétendaient y apporter l’explication et la solution. Le 7 mars 1982, le général Angel Aníbal Guevara, Ministre de la Défense du gouvernement militaire putschiste de Romeo Lucas García, remporte l’élection présidentielle. Les partis politiques de droite et de gauche dénoncent des fraudes massives et remettent en question la légitimité de sa victoire. Le 23 mars, porté par l’opportunité du scandale, le général José Efraín Ríos Montt et des hauts officiers de l’armée organisent un coup d’Etat (contre le général Romeo Lucas García) et empêche le nouveau président élu d’accéder au pouvoir. Immédiatement, la nouvelle junte militaire suspend la constitution, et toutes les garanties et droits individuels, déclare l’état d’urgence, et choisit son représentant comme chef d’Etat de facto : le général José Efraín Ríos Montt. Celui-ci prônera l’interprétation et la solution la plus radicale des trente-six années de conflit armé interne (1960 - 1996). Dans un discours empreint de fondamentalisme religieux et de rhétorique guerrière, les Mayas, sans distinction, deviendront les coupables systématiquement désignés. Les gouvernements précédents ayant échoué à contenir les revendications démocratiques du peuple et à lutter contre la guérilla, sa politique répondait à une terrible et implacable logique : agir jusqu’à la destruction totale de « l’ennemi interne », sans toutefois le définir avec précision. Son gouvernement créera et mettra en œuvre les plans militaires les plus radicaux et fera systématiquement taire toutes les voix divergentes de la société. Durant ses 16 mois au pouvoir, Ríos Montt sera responsable de la période la plus sanglante de l’histoire récente du Guatemala, et de toute l’Amérique latine. Les études indépendantes de l’Eglise et des Nations Unies estiment que, sur les 200 000 morts du conflit armé, plus de 95% auront été provoquées par l’armée régulière guatémaltèque ; la plupart des victimes ayant été civiles ; une majorité en 1982 et 1983, soit sous le gouvernement de Ríos Montt. « Nous ne nous défendrons pas avec l’armée et les épées, nous vaincrons grâce à l’esprit saint »1 Diplômé de l’Ecole des Amériques où il réalisera son apprentissage militaire, Ríos Montt participa au coup d’Etat contre le président Jacobo Arbenz en 1954. Il travailla également à

l’ambassade du Guatemala aux Etats-Unis puis, plus tard, comme attaché militaire à Madrid. Ses ambitions politiques commencent auprès du parti conservateur catholique qu’il quittera en 1978. Il deviendra pasteur de la Iglesia del Verbo, secte évangélique affiliée à l’église nord-américaine Gospel Outreach, et proche des sphères politiques et économiques conservatrices et anti-marxistes. Ces années marqueront la radicalisation de son discours, s’inscrivant dans la lutte idéologique internationale des Etats-Unis contre le communisme. Il prêchera tous les dimanches à la télévision guatémaltèque, faisant de son discours politique un discours religieux appelant à un combat au nom de Jésus Christ. Le radicalisme et le racisme dont il fera preuve l’amèneront à considérer le peuple indigène (60% de la population du Guatemala) comme l’ennemi à éradiquer, comme le terreau de la rébellion et du marxisme. Ses soutiens grandiront jusqu’en 1982, où le coup d’Etat qui le portera au pouvoir sera appuyé par la CIA. Une extermination silencieuse L´arrivée au pouvoir de Ríos Montt est immédiatement marquée par la mise en œuvre des plans militaires qui seront utilisés comme preuves à charge dans le procès actuel : Opération Sofía et Plan Victoria 82. « Les guérilleros sont le poisson, la population est la mer, si vous ne pouvez attraper le poisson, il faut assécher la mer » résumait le général en 19822. Ce type de rhétorique laisse présager du sort qui sera réservé aux Mayas. L’Etat du Guatemala n’a pas souhaité connaître la dérangeante vérité du massacre commis au nom de la religion et de la lutte contre-insurrectionnelle et soi-disant anti-communiste. Récemment, le quotidien Siglo 21 relayait les mots de l’actuel président (et ancien chef militaire dans la région qui a connu le plus grand nombre de massacres) Otto Pérez Molina : « pour les Guatémaltèques, parler de génocide est une insulte, il n’y a pas eu de génocide.»3 Dans un pays où les hautes sphères politiques et économiques sont souvent contrôlées par les mêmes acteurs que ceux impliqués dans la lutte anti-marxiste, parler de vérité dérange. Faire la lumière sur le passé et déduire les responsabilités des massacres reviendrait à remettre en cause la gouvernance de l’Etat, des institutions, et de l’oligarchie économique. Or, nous le savons tous, la vérité implique la prise de responsaSolidarité Guatemala n°203 avril 2013

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Actualités bilité ; comprendre le passé, c’est aussi admettre qui sont les victimes et qui sont les coupables. Ceux qui nient l’existence du génocide avancent l’argument que ce pays ne doit plus se diviser sur le passé ; il doit pardonner. Or, les partisans de la justice avancent une autre analyse : « Rechercher la justice n’est pas un acte de terrorisme ou de déstabilisation de l’Etat, les génocides ne sont pas des fleurs venimeuses au milieu d’un jardin d’orchidées, elles sont issues des graines de la discrimination » affirme Edgar Pérez Archila, avocat de l'Association pour la Justice et la Réconciliation.

(Quiché), d'Alta et Baja Verapaz, victimes de ces atrocités, le chemin pour sortir du silence et de la peur fut plus long. Ces communautés se regrouperont finalement en 2000 dans l’Association pour la Justice et la Réconciliation (AJR) pour porter plainte contre les généraux Romeo Lucas García et Efraín Ríos Montt pour génocide et crimes contre l’humanité, avec l’aide du Centre d’Action Légale en Droits Humains (CALDH). Les familles des victimes et les survivants des massacres dans la région Ixil, auront attendu douze ans pour que cette plainte porte ses fruits.

La naissance de la lutte : accepter et agir

« Pendant longtemps j’ai refusé de penser à tout cela, j’ai refusé de m’approcher de ceux qui avaient connu les mêmes souffrances, je ne voulais pas entendre parler des associations de familles de disparus. Un jour j´ai décidé de chercher le corps de mon père, et aujourd´hui j’en suis là ». Ces mots sont ceux de l'ancienne présidente de l’AJR.

Les victimes et les survivants de cette période de massacres massifs, de disparitions forcées et de tortures se sont organisés en associations après la signature des Accords de Paix (1996) pour la vérité, la justice et pour la mémoire, « pour que nos enfants ne connaissent pas la guerre que nous avons connue » comme le disait une survivante de la région Ixil devant le tribunal. Beaucoup sont nées à la capitale, dans la clandestinité et y sont restées même après la signature des Accords de Paix. Pour les communautés autochtones de Huehuetenango, Ixil et Ixcán

15 ans de lutte pour la vérité et la justice 24 mars 1998 : publication du REMHI, connue comme le rapport Nunca más, projet en quatre tomes de récupération de la mémoire historique du bureau des droits de l'Homme de l'archevêché du Guatemala : 3 jours plus tard, l'archevêque Monseigneur Gerardi est assassiné. février 1999 : publication de la « Mémoire du silence », par la commission d'éclaircissement historique sous l’égide de l'ONU. Le rapport identifie les noms de 42 275 victimes et conclut que 83% des victimes sont mayas et que 93% des exactions ont été commises par les forces militaires et paramilitaires. Ces deux initiatives concluent toutes deux à l'existence d'actes de génocide et à la nécessité de poursuivre en justice les auteurs des crimes les plus graves 1999 : L'association CALDH, composée de nombreux enquêteurs ayant participé au recueil de témoignages publiés dans Nunca mas et « Mémoire du silence », proposent à plusieurs témoins issus de cinq régions particulièrement touchées par le conflit de porter plainte collectivement pour crimes contre l'humanité et génocide contre les hauts responsables des régimes de Roméo Lucas García (1978 – 1982) et Ríos Montt (82-83). 1999 : la prix Nobel de la Paix Rigoberta Menchu, des victimes et associations de victimes déposent plainte pour génocide, et disparitions forcées devant les tribunaux espagnols, au nom de la compétence universelle. 2000 : création de l'Association pour la Justice et la Réconciliation (AJR), qui regroupe plus de 120 témoins de massacres ayant eu lieu dans 22 communautés. L'AJR devient partie civile. 2001 : dépôt de la première plainte devant les tribunaux guatémaltèques basée sur 11 massacres ayant eu lieu sous le régime Lucas García 4

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30 ans après, enfin l’espoir et la vérité Le 19 mars 2013 commençait enfin le procès contre Efraín Ríos Montt et Mauricio Rodríguez Sánchez, son chef des service de renseignement, pour génocide et crimes contre l’humanité.

2003 : dépôt de la seconde plainte, basée sur 12 massacres sous le régime Ríos Montt 2005 : la Cour Interaméricaine des Droits de l'Homme condamne l'Etat guatémaltèque pour le massacre de Plan de Sanchez, après une plainte déposée en 1999. 2006 : rejet des plaintes pour génocide au Guatemala 2007 : après de nombreux allers retours judiciaires, la plainte espagnole est jugée recevable par la Cour constitutionnelle espagnole et aboutit à la demande d'extradition de Ríos Montt pour génocide, terrorisme et torture. Cette demande d'extradition est rejetée par la Cour constitutionnelle du Guatemala. 2008 : Le juge espagnol Santiago Pedraz est autorisé à se rendre au Guatemala pour auditionner les témoins et accusés, mais est empêché par de nombreux recours des avocats des accusés. Un mandat d'arrêt international est lancé contre Ríos Montt, qui ne peut plus sortir du Guatemala. Plusieurs mandats d'arrêt sont émis au Guatemala contre de hauts responsables de la police et de l'armée. 2012 : perte de l'immunité parlementaire de Ríos Montt le 14 janvier 2012 Ríos Montt, âgé de 85 ans, apparait en audience préliminaire le 26 janvier 2012 devant une cour de justice pour répondre des accusations de génocide. Il est assigné à résidence. 29 janvier 2013 : le juge Miguel Ángel Gálvez décide d'ouvrir le procès pour génocide et crimes contre l'humanité contre Ríos Montt et l'ex-directeur du service de renseignement G-2, Rodríguez Sánchez, en considérant qu'il existe suffisamment d'éléments concernant les massacres commis à l'encontre du peuple des Ixils dans le département de Quiché. 19 mars 2013 : ouverture du procès


Actualités Les militaires, anciens membres des patrouilles d’autodéfense civiles, et hommes politiques du Guatemala se sont violemment opposés à ce procès. Pour eux, le droit de la défense aurait été bafoué dans la mesure où il n’y a pas eu de génocide et qu’il s’agirait de manipulations pour déstabiliser l’État. Or, nous avons déjà évoqué les chiffres, plus de 95% des victimes, pour la plupart civiles, ont été tuées par l’armée régulière. Ce chiffre ne permet pas de nier l’évidence des crimes contre l’humanité perpétrés. Les victimes et survivants des massacres ont dû attendre plus de 30 ans pour voir un tribunal s’interroger sur la vérité et mettre les responsables militaires de l’époque face à leurs responsabilités. Pour la première fois aujourd’hui, ils peuvent s’exprimer sur ce qu’ils ont vécu, ils peuvent compter leur histoire et celle de leur famille et de leurs amis massacrés au nom d’un combat qui n’était pas le leur. Ce procès, contrairement aux arguments de la défense, n’a pas la prétention de traiter l’éternel débat de la guerre contre la guérilla ; ce procès nous parle de crimes inhumains face à des populations paysannes et mayas qui ne connaissaient même pas le concept de « guérilla ». Ce procès nous parle de justice, pour les milliers d’innocents qui ont injustement perdu la vie et vécu les pires atrocités. Nous mettons beaucoup d’espoir dans ce processus juridique. Nous avons l’espoir que ces familles puissent enfin sortir de l’ombre et de l’oubli, que soit reconnue l’histoire de leurs vies et leur courage face à la plus grande des injustices. Nous avons l’espoir que la vérité soit enfin faite, que les futures générations en tirent les leçons, et que pour cela, l’histoire ne se reproduise pas.■

Suivez le procès en ligne sur notre site internet Depuis le 19 mars, les représentants de notre association au Guatemala assistent aux audiences du procès. Découvrez leur comptes rendus hebdomadaires sur notre site internet ainsi que les bulletins quotidiens de l’AJR et de CALDH. « Nous n’avons commis aucun délit, nous ne sommes coupables de rien, je ne comprends pas pourquoi l’armée nous persécutait. Mais aujourd’hui, je me sens enfin libre parce que devant le dieu qui m’a sauvé la vie et ce tribunal je peux enfin éclaircir la vérité. Parce que je suis ce qui reste des massacres et aujourd’hui je me sens enfin libre » Un témoin www.collectifguatemala.org Rubrique Projets / Lutte contre l’impunité

1 « Guatemala : la religion du général Ríos Montt ». Bulletin Dial (diffusion de l’information sur l’Amérique latine), n° 835, 17 février 1983. http://bit.ly/XsDDVT 2 « L’homme derrière la « terre brulée » . El periódico, 28 janvier 2013. http://bit.ly/10faY8d 3 « Procès du dictateur Montt : Le Guatemala pourrait être prêt à faire justice ». Le Monde, 21 mars 2013. http://bit.ly/WFUj9z

Quatrième sentence pour disparition forcée Le 26 mars dernier, une douzaine de personnes attendait les trois juges du tribunal de haut risque de la capitale afin d’écouter enfin la sentence dans l’affaire de la disparition forcée du jeune étudiant de 19 ans, Edgar Leonel Paredes Chegüen, en 1982 Élève de l’institut pour garçons d’Orient (INVO) de Chiquimula, excellent orateur, il dénonce alors les abus des autorités de l’Etat, critique la réalité sociale et récite les poèmes de Otto René Castillo ; une voix qui s’oppose au statu quo. Un « ennemi interne », dans la phase la plus violente du conflit armé, cette étiquette est une condamnation à mort. La nuit du 12 janvier 1982, Mario, frère cadet d’Edgar, assiste, canon sur la tempe, à l’enlèvement de son frère par un groupe de quatre comisionados (ex-paramilitaires) qui recrutaient par la force les jeunes pour l’armée, et remplissaient des fonctions de renseignement et de contrôle social. Le principal accusé, Isidro Cardona Osorio, voisin de la famille Chegüen, avait déjà été absous dans cette affaire un an et demi auparavant, quand elle avait été instruite à Chiquimula. Il jouissait encore d’une certaine autorité, et les juges n’étaient pas enclins à traiter des affaires de crimes du passé. La persévérance de la famille d’Edgar épaulée par l’Association de familles de détenusdisparus du Guatemala (FAMDEGUA) et les nouvelles preuves trouvées par le Ministère public, ont su convaincre le tribunal de la disparition forcée du jeune étudiant. Ce verdict vient compléter la jurisprudence déjà existante, dans le sens où il réitère le caractère imprescriptible du crime de disparition forcée. Extrait de Vámonos patria a caminar, yo te acompaño, un des poèmes préférés de Chegüen (1965. Otto René Castillo -originaire de Quetzaltenango, martyr des Forces Armées Rebelles, torturé et assassiné auprès de sa compagne Nora Paiz, en mars 1967) Vámonos patria a caminar, yo te acompaño. Yo bajaré los abismos que me digas. Yo beberé tus cálices amargos. Yo me quedaré ciego para que tengas ojos. Yo me quedaré sin voz para que tú cantes. Yo he de morir para que tú no mueras, para que emerja tu rostro flameando al horizonte de cada flor que nazca de mis huesos. Allons-y patrie marchons, je t'accompagne. Je descendrai au fond des abîmes que tu me diras. Je boirai tes calices amers. Je deviendrai aveugle pour que tu aies des yeux. Je resterai sans voix pour que tu chantes. Je dois mourir pour que tu ne meures pas, pour qu’émerge ton visage flamboyant à l'horizon de chaque fleur qui naîtra de mes os.

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Actualités La résistance pacifique contre l'entreprise espagnole Hidro Santa Cruz s'intensifie à Barillas un an après l'état de siège Par Amandine Grandjean

Alors qu'au Guatemala se tient actuellement le procès pour génocide contre l'ancien chef d'Etat de facto Efraín Ríos Montt, la répression se poursuit contre le mouvement social et particulièrement contre les activistes défenseur-es du territoire, et s'est gravement intensifiée au cours des derniers mois1. Le cas Barillas en est un exemple. Il illustre la stratégie de criminalisation croissante –utilisant notamment le système judiciaire– contre les défenseur-es des droits humains, preuve en est la mise en détention de l'activiste Rubén Herrera, le 15 mars dernier. Récemment, les voisins du projet hydroélectrique ont installé un blocage pacifique empêchant en partie l'accès aux installations de l'entreprise Hidro Santa Cruz.

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imanche 7 avril. Les habitants voisins du lieu-dit Poza Verde initient un blocage pacifique à deux endroits sur le chemin communautaire qui passe devant les installations de l'entreprise Hidro Santa Cruz, filiale de la mutinationale espagnole Ecoener-Hidralia Energía2. L'entreprise prétend tirer profit de la rivière Cambalam, par la construction de deux centrales hydroélectriques, alors que le gouvernement guatémaltèque n'a ni informé ni consulté au préalable la population sur ce projet, tel que le prévoit la convention 169 de l'Organisation Internationale du Travail (OIT). La population du municipio de Santa Cruz Barillas a pourtant réalisé elle-même une consultation populaire, en 2007, refusant la construction de mégaprojets sur son territoire. Alors que la presse nationale mentionne un groupe violent d’une cinquantaine de personnes, les médias alternatifs et accompagnateurs internationaux présents auprès des habitants en ce premier jour de manifestation, font part de centaines de personnes opposées à la présence de l'entreprise, qui, face à l'arrivée de nombreuses patrouilles de police et forces anti-émeutes, se mettent à prier. Inspirées par la résistance pacifique de La Puya, elles recevront au cours de cette première journée des appels de solidarité des municipios de San José del Golfo et San Pedro Ayampuc, où les habitants ont occupé de la même manière l'accès au projet minier El Tambor. Mai 2012 : l’attaque de dirigeants communautaires provoque soulèvement populaire Poza Verde : c'est là qu’est assassiné, le 1er mai 2012, le dirigeant communautaire Andrés Francisco Miguel, par deux employés de sécurité privée de Hidro Santa Cruz, selon Pablo Antonio Pablo et Esteban Bernabé, témoins qui survivent – avec de graves blessures– à l'attaque et aux coups de feu3. Suite à cela, une foule se soulève dans le centre urbain de Barillas, provoquant blessés et dégâts matériels, notamment au niveau d’une caserne militaire. Le président Pérez Molina décrète alors un état de siège qui se matérialise par une invasion des forces armées dans la municipalité de Barillas et une suspension des droits tels que la liberté personnelle et de réunion – prétexte pour briser l'organisation et la résistance sociales–, un climat de terreur s'établit. Rappelons que Santa Cruz Barillas, un des 32 municipios de Huehuetenango, situé à plus de 12 heures de trajet de Ciudad de Guatemala, a souffert, au début des années 80, neuf massacres perpétrés par les armées de Romeo Lucas García (19786

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« Le conflit est résolu » selon Pérez Molina En février, le président Pérez Molina assiste à un forum économique en Espagne et offre littéralement le territoire guatémaltèque aux investisseurs privés en leur assurant une sécurité totale pour entrer au Guatemala. Il affirme que le conflit lié à l'entreprise Hidro Santa Cruz est réglé, et que l'opposition provient d'une minorité d'habitants manipulés par des organisations environnementales.

82) et Efraín Ríos Montt (1982-83) –originaire de ce même département4. La population, à majorité maya Q'anjob'al, ayant connu la guerre civile, revit avec terreur la présence de l'armée. Les habitants des communautés fuient dans les montagnes, pour échapper à la menace des « listes noires » établies par des civils liés à Hidro Santa Cruz, qui à partir du 2 mai 2012, se chargent personnellement d'arrêter et de livrer des leaders communautaires à la base militaire et au commissariat de police. Détentions arbitraires et prisonniers politiques C'est dans ces conditions que commence l'incarcération des prisonniers politiques de Barillas, accusés entre autres de « terrorisme », les huit derniers (de douze) étant libérés en janvier 2013, après plus de huit mois de prison, dans les conditions carcérales plus que précaires du Guatemala5. Suite à une plainte déposée auprès des Nations Unies par leur avocat, il a été résolu qu'il y a eu détention arbitraire6. Aujourd'hui, vingtdeux personnes sont toujours sous la menace de mandats d'arrêt, et plusieurs ont fui leur foyer de peur d'être arrêtées. ■ Assassinat d'un ami du Collectif Guatemala Daniel Pedro Mateo, Daniel Maya pour ses amis, leader communautaire de Santa Eulalia (Barillas) et fervent défenseur de la madre tierra, avait été kidnappé dimanche 7 avril et porté disparu. Son corps a été retrouvé sans vie, avec des marques de torture, le visage défiguré, 10 jours plus tard. Daniel, fondateur de la radio communautaire de Santa Eulalia Snuq' Jolom Konob, avait participé aux ateliers vidéo du Collectif Guatemala. Humble, etsouriant, il était profondément engagé dans la lutte contre les mégaprojets notamment l'entreprise hydroélectrique de Barillas. Amandine Grandjean, notre coordinatrice terrain, a assisté à son enterrement pour marquer sa solidarité et celle de notre organisation avec sa famille et ses compagnons de lutte. Combien encore de défenseurs de la terre seront assassinés pour le simple fait de vouloir informer que : la madre tierra no se vende, se ama y se defiende (la Terre mère ne se vend pas, elle s’aime et se défend) ?


Actualités Extraits d'un entretien avec l'avocat défenseur Carlos Bezares « Ils ont été accusés de terrorisme et il est nécessaire d’établir clairement ce que recouvre ce délit. [...] Aux yeux de la loi, les faits violents du 1er mai sont parfaitement condamnables mais il reste à déterminer si la foule voulait un changement constitutionnel et essayait réellement de transformer l’Etat. Si ce n’était pas leur l’intention, alors on ne peut pas parler de terrorisme. Le fait d’avoir une opinion contraire à un modèle de développement national ne fait pas de toi un terroriste. Maintenant, si l’Etat continue à affirmer que les opinions contraires à ce modèle relèvent du terrorisme, on se rapproche d’un Etat anti-démocratique et répressif, frisant de près, toutes proportions gardées, un Etat fasciste.

Criminalisé par plusieurs mandats d'arrêt, depuis 2009, l'activiste membre de l'Assemblée Départementale des peuples de Huehuetenango (ADH), Rubén Herrera — prenant la parole le 21 décembre 2012 à Huehuetenango sur cette photo — a été arrêté le 15 mars dernier. Depuis 2006, il accompagne les processus de consultations communautaires du département et est co-fondateur du Conseil des Peuples de l'Occident (CPO)7. Au cours de nombreuses actions pacifiques, interpellations des autorités municipales et gouvernementales et réunions avec des instances de droits humains nationales (PDH) et internationales (Haut-Commissariat aux Droits de l'Homme), les leaders ont exprimé leur rejet à l'installation de l'entreprise, dénoncé les intimidations et menaces continues, et exigé l'arrêt des persécutions. La situation est très tendue : la population demande à ses leaders des résultats de ces rencontres organisées jusqu'à la capitale. Une explosion du conflit social est à craindre si la persécution contre les défenseur-es du territoire continue au-delà du 1er mai.

Nous sommes préoccupés parce que la problématique sociale de Barillas n’a pas été résolue et qu’il est nécessaire de trouver une solution pour que le droit ne soit pas utilisé comme un instrument de répression. En ce sens, oui, nous restons inquiets si l’Etat n’assume pas son rôle de résolution dans ce conflit. Il ne s'agit pas tant d'essayer d'établir un dialogue entre l’entreprise et la communauté, mais plutôt que l’Etat écoute la population au travers de ses institutions, qu’il réponde à ses demandes, et que finalement il s’érige comme médiateur vis-à-vis de l’entreprise dans un souci de responsabilité envers sa population. Il est nécessaire, pour la paix sociale de Barrillas que l’Etat dise « nous reportons l’installation de ce barrage hydroélectrique », et ce sera à l’Etat d'assumer les coûts de l’investissement étranger, c'est-à-dire : « en tant qu'Etat, nous avons commis une erreur en donnant l'autorisation [de la construction] sans avoir écouté notre population et donc nous allons vous dédommager pour cela. On ne pourra pas établir votre entreprise parce que ma population ne le souhaite pas. Et ce sera à moi [Etat] de répondre à la demande populaire. » Il faut considérer qu’au-delà du cas juridique, il s'agit d'un cas politique. Des forces parallèles qui n'apparaissent pas pendant les audiences exercent un ensemble de pressions. Le juge sait qu'il convient d'ordonner la remise en liberté dès la première audience. Cependant, il est sous le coup de tant de pressions politiques qu'il ne peut pas prendre cette décision à ce moment-là, et maintient la détention afin que les tensions politiques s'apaisent, et qu'il puisse par la suite exercer le droit en toute liberté et objectivité. Si notre démocratie a aujourd’hui 27 ans et que 16 ans ont passé depuis la signature des Accords de paix, le renforcement de l’indépendance de l'organisme judiciaire reste insuffisant. Aujourd’hui encore, nous pouvons voir qu’il n’existe pas de réelle division des pouvoirs comme le montrent ces pressions politiques sur les juges. C’est pourquoi l'indépendance de l'organisme judiciaire reste une préoccupation dans cette transition démocratique. »

1 Voir brève p. 10. Au sujet de Barillas, voir brèves de Solidarité Guatemala n°198, n°200 et n°202. 2 Voir vidéo : « Manifestación pacífica en Santa Cruz Barillas ». radiosantacruz.org, 7 avril 2013. http://bit.ly/149g9bb 3 Les deux supposés employés de l'entreprise ont été arrêtés et sont en cours de procès. 4 P. Kobrak. Huehuetenango: historia de una guerra. Guatemala: CEDFOG, 2003. Le pire massacre, de Puente Alto (7 juillet 1982), a fait 353 morts. 5 Au Guatemala, il faut payer à l'entrée une tacha, « impôt » obligatoire pour éviter d'avoir des ennemis une fois en prison. Il faut payer pour tout (douche, bassine d'eau...). Les détenus ont vu leur santé affectée à cause des conditions sanitaires et leurs familles se sont endettées pour pouvoir leur rendre visite ponctuellement à la capitale. Ils ont été libérés, bénéficiant d'une procédure pénale simplifiée, qui les maintient liés à l'affaire. Si le ministère public ne trouve pas de preuves supplémentaires à présenter lors de la prochaine audience, prévue le 18 juin, et avec le versement de nouvelles pièces des avocats de la défense au dossier, telles que la résolution des Nations-Unies sur la détention arbitraire, ils pourraient bénéficier d'un non-lieu. 6 Voir entretien complet de Carlos Bezares : Les premières détentions de Barillas sont arbitraires, selon le Haut-Commissariat aux Droits de l'Homme des Nations Unies. 7 Voir portrait : « Rubén Herrera NO es delincuente, Rubén debe ser puesto en libertad » Comunicarte, 30 mars 2013. http://bit.ly/12GBp3d

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Livre David Grann – Chronique d’un meurtre annoncé Par Thibaud Marijn

sur son chemin… Dans cet entre soi où la suspicion est reine, à qui profite le crime ? Aux opposants ? Au pouvoir ? Aux intérêts économiques ? À mi-chemin entre l’Histoire, le documentaire, l’enquête et l’intime, l’auteur navigue habilement entre l’action, ses personnages et le constat sociétal sans jamais assécher ou désincarner son récit. Pour cela, il dispose d’une galerie de personnages en or massif : Mendizabal l’intrigant ; Sandra de Colom l’ambitieuse éminence grise ; Castresana, le héros dramatique broyé par les intérêts de tous. Le véritable personnage principal de l’œuvre est pourtant ailleurs : du côté de ce “ils” omniprésent, ce “leur”, ce “eux”, ce “tous”, ce “pouvoir parallèle”, ce “on ne sait jamais”… Dans sa description – assez systématique – d’un système de corruption généralisé où nul ne peut avoir confiance en personne, l’Autre est un pion déplacé par les mécanismes de la peur, de la violence, de l’intimidation et de l’intérêt. La faiblesse des institutions est patente : mise en scène de preuves, soustraction de témoins à l’enquête, contre information permanente dont, in fine, l’opinion publique n’est que le jouet.

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avid Grann, journaliste et écrivain, revient dans un court ouvrage – d’abord publié en tant qu’article dans le New Yorker – sur l’affaire Rodrigo Rosenberg, qui avait enflammé la société guatémaltèque en 2009.

L’avocat Rodrigo Rosenberg a été assassiné le 10 mai 2009. Coïncidence ou non, il enquêtait sur l’exécution de son ami Khalil Musa, homme d’affaires renommé, et de sa fille, Marjorie, avec qui il entretenait une relation ; ce dernier aurait selon lui soupçonné un vaste système de détournement et de blanchiment d’argent. Dans une vidéo diffusée le jour de sa mort, Rodrigo Rosenberg accuse le président en place, Alvaro Colom d’être responsable de son assassinat. S’en suit alors une partie de billard à trois bandes entre déstabilisation politique, mobilisation populaire et ouverture d’une enquête internationale menée par Carlos Castresana qui dirige la CICIG (Commission Internationale Contre l’Impunité au Guatemala); une partie macabre où l’Etat de droit est bien trop inexistant pour faire face à l’impunité et aux innombrables chausse-trapes placées 8

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La population n’est pas exempte du récit de David Grann, qui évoque la répression politique face aux embryons de mouvements sociaux ou la place grandissante du web. L’auteur va plus loin en décrivant une population victime d’un cercle vicieux jouant contre la démocratie : échaudée par les affaires et coups de Trafalgar permanents, l’opinion publique devient plus pulsionnelle que rationnelle, gagnée par le rejet et la résignation… Elle est donc plus malléable et sensible à chaque retournement de situation, à chaque campagne “négative” de dénigrement… Les espoirs d’hier peuvent, en quelques semaines et quelques rumeurs, devenir les oubliés de demain : Rosenberg comme Castresana connaîtront ce triste sort… Le célèbre politologue Guillermo O’Donnell rappelait que la notion d’Etat de droit ne se limite pas au respect du pluralisme politique et à la polyarchie, mais aussi et surtout au respect des droits civils de toute la population ainsi qu’à l’établissement de réseaux de responsabilité pour contrôler la légalité de tous les actes des agents de l’Etat. Une définition simple à laquelle le récit (bien réel) de David Grann offre un écrin aussi passionnant que glaçant. ■

En français : David Grann, « Chronique d’un meurtre annoncé », trad. Damien Aubel, Allia, 112 p., 3.10 €. En anglais : David Grann, « A murder foretold » : www.newyorker.comreporting/2011/04/04/110404fa_fact_gra nn?currentPage=all


Analyse Des syndicats réprimés discrètement

Par Quentin Delpech

Quentin Delpech est l’auteur d’une thèse intitulée « ¡ A Puro Golpe ! Mobilisations syndicales transnationales, luttes locales et répressions au Guatemala». Il a travaillé sur la diffusion de techniques et d’ingénieries du développement en Amérique centrale. Il présente ici les résultats de ses recherches sur les mobilisations ouvrières et donne un éclairage sur cet autre visage de la répression au Guatemala.

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e Guatemala est aujourd’hui le pays d’Amérique latine avec le taux d’affiliation syndicale le plus faible du continent latino-américain : moins de 3% de la population active serait syndiquée et, dans de très nombreux secteurs économiques, la syndicalisation reste un phénomène extrêmement limité. Cette faiblesse syndicale est souvent attribuée à la persistance de la gestion répressive des organisations syndicales par les entreprises et le laissezfaire des institutions d’Etat. L’OIT souligne à ce titre, depuis maintenant plus de quinze années, la persistance de violences antisyndicales (menaces de mort, agressions physiques, détentions illégales, homicides, tentatives de séquestration, disparitions forcées ou encore des cas de torture) et le climat d’impunité qui entoure ces actes. Au cours des cinq dernières années, 53 syndicalistes ont en effet été assassinés au Guatemala1. Ce pays partage avec la Colombie les chiffres d’assassinats d’activistes syndicaux les plus élevés au monde. De nombreuses enquêtes réalisées par des militants ou des chercheurs soulignent comment la répression du syndicalisme au Guatemala passe par une délégation diffuse de la violence à des « entrepreneurs de violence », notamment des groupes paramilitaires ou des hommes de main recrutés par les patrons locaux.2

ployés de maquilas auraient atteint la somme de 11 millions de quetzales (soit 1,5 million de dollars3). Dans certains cas, la présence de maras dans l’usine est instrumentalisée par les employeurs à des fins de répression antisyndicale. Les employeurs mobilisent ainsi des membres de maras employés dans l’usine sur le risque que fait peser l’organisation syndicale sur l’emploi. Les employeurs délèguent en quelque sorte le travail de répression aux maras en encourageant les pratiques d’harcèlement et de menaces réalisées auprès des ouvriers syndiqués. Dans d’autres cas, les employeurs laissent faire les actions des maras à l’encontre du syndicat et, en particulier, des leaders syndicaux. Ces derniers sont en effet régulièrement visés par les maras qui exigent d’eux qu’ils s’impliquent dans les trafics d’extorsion dans l’usine. César, le secrétaire général d’une maquila de Mixco (SAE-A International), en a fait les frais : pendant plusieurs semaines, il a été harcelé par des membres d’une mara pour qu’il organise les extorsions. Josué, un syndicaliste d’un autre syndicat de la zone (Winners), a lui reçu une lettre de menace de mort signée Mara Salvatrucha. Tous deux ont pensé mettre un terme à leur engagement syndical tant ils vivent la peur au ventre au travail.

Laisser faire la violence ordinaire Pourtant, à côté des assassinats, une nouvelle forme de répression antisyndicale voit le jour au Guatemala, moins visible mais tout aussi efficace. Les usines de l’habillement dans la périphérie de la capitale très nombreuses depuis les années 1970, offrent un exemple de pratiques antisyndicales « discrètes » mais très opérantes. Les syndicats dans cette industrie principalement détenue par des capitaux sud-coréens sont très rares : seulement quatre ont vu le jour depuis les années 2000 et ils ne rassemblent qu’une poignée d’ouvriers véritablement actifs. Pour lutter contre l’émergence d’organisations syndicales dans le secteur, les employeurs ont mobilisé toute sorte de techniques, certaines bien connues des union busters (casseurs de grèves aux Etats-Unis) comme l’intimidation (listes noires des « fortes têtes ») ou la création d’organisations d’employés opposés à la mobilisation et soutenues par le management. D’autres stratégies consistent à diviser les centres de travail en plusieurs sites pour éviter que les protestations ne fassent tâche d’huile. Les salariés soupçonnés de s’organiser sont alors identifiés, puis licenciés ; dans d’autres cas où la mobilisation syndicale finit par prendre, les usines sont déclarées en faillite (illégal mais validé par les autorités) et réinstallées ailleurs après avoir évacué l’ensemble de la main d’œuvre. Mais, les employeurs ont aussi trouvé un allié de circonstance dans la lutte contre le syndicalisme dans les usines. Des groupes criminels – les maras – ont progressivement investi certains grands centres manufacturiers afin d’étendre leurs activités criminelles. Selon certaines estimations, les montants des extorsions organisées par ces groupes criminels auprès d’em-

Cette forme de répression n’a que des avantages pour les employeurs tant que l’activité des maras ne met pas en péril les impératifs de production : la répression est déléguée à moindre frais et leur responsabilité est ainsi « invisibilisée ». Cette répression s’appuie sur un projet de démobilisation assuré par la généralisation d’un climat quotidien de violences particulièrement peu propice à l’activisme politique sous toutes ses formes. Plus dissimulée, elle n’a pour visage que la délinquance ordinaire sur laquelle la responsabilité des actions antisyndicales est invariablement rejetée. Ainsi, au-delà d’effets négatifs sur les engagements syndicaux, cette répression a enfin un avantage : elle n’a en apparence aucun responsable ou coupable. Tout s’explique par la violence sociale endémique que l’Etat ne peut contenir. On en oublierait que cette violence sert finalement les intérêts de certains secteurs économiques. Les patrons des maquilas par exemple n’ont parfois même plus besoin de mobiliser des stratégies antisyndicales pour lutter contre les mobilisations de salariés, ils n’ont qu’à laisser faire la violence ordinaire et quotidienne. En ce sens, les groupes criminels sont devenus des alliés de circonstance. Toujours dénoncés publiquement, ils sont néanmoins régulièrement utilisés dans l’ombre pour faire le « sale boulot ». ■

Une répression sans visage

1 Selon les chiffres de la mission de haut niveau de l’OIT de 2011 2 De nombreuses organisations syndicales comme la Confédération syndicale internationale (CSI) ou la fédération internationale des travailleurs de l’alimentation (UITA) dénoncent régulièrement les violences antisyndicales dans les zones rurales au Guatemala et en Colombie notamment. 3 Lorena Alvarez, « Economia illegal : el diez por ciento del PIB », El Periodico, 29/01/2010.

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Brèves Vague de persécution et assassinats de leaders sociaux « Au cours des 3 premiers mois de 2013, plusieurs dirigeants sociaux qui défendent les droits de leurs communautés ont été assassinés ou kidnappés, alors que se met en place une politique de criminalisation, diffamation et répression »1 Daniel Pascual (Comité d’Unité Paysane - CUC) a été menacé à San Juan Sacatepéquez au mois de janvier, alors qu'il rendait visite aux 12 communautés Mayas Kaqchikeles en lutte contre la cimenterie Cementos Progreso ; Tomas Quej, leader communautaire de Purulhá (Baja Verapaz) engagé dans la lutte pour la récupération de terres illégalement spoliées en 2011, a été enlevé fin février et son corps apparut sans vie trois jours plus tard ; Carlos Hernández Mendoza, membre de Frente Nacional de Lucha (FNL) et engagé dans la lutte pour la défense du territoire à Camotán (Chiquimula) a été assassiné le 8 mars2 ; Jerónimo Sol Ajcot, intégrant la coordination paysanne CONIC a été assassiné à Santiago Atitlán (Sololá) le 11 mars ; Rubén Mazariegos Vásquez syndicaliste de la UASP a souffert une tentative d'assassinat le 12 mars. Le 17 mars, 4 leaders communautaires Xincas de Santa María Xalapán (Jutiapa) ont été enlevés, parmi lesquels Rigoberto Aguilar et Roberto López ont pu s'échapper, alors que le secrétaire du Parlement Xinca, Exactación Marcos Ucelo, a été retrouvé assassiné, et le président du Parlement Xinca, Roberto González, est apparu le jour suivant. Tous revenaient d'une consultation communautaire de San Rafael Las Flores. Malgré l'opposition sociale et la réalisation des consultations aux communautés, le gouvernement vient d'autoriser, début avril, la licence d'exploitation minière de Minera San Rafael, filiale de la multinationale canadienne Tahoe Resources. Dans la lutte contre le projet minier, CALAS soutient au niveau légal les communautés et des membres de cette organisation ont également souffert, le même jour, d'intimidations et attaques. Les journaliste Jaime Napoleón Jarquín Duarte et Luis Alberto Lemus Ruano ont été assassinés le 20 mars et le 7 avril dans le département de Jutiapa, faits condamnés par Reporters Sans Frontières 3. La syndicaliste de l'IGSS (sécurité sociale) afficiliée au syndicat MSCICG María Teresa Chiroy Pumay a été assassinée le 21 mars. Le jour suivant, Kyra Zulueta Enríquez Mena, secrétaire générale du syndicat des employés de la mairie de Nueva Concepción (Escuintla), affilié au syndicat FESTRAS, était assassinée à son tour à Escuintla. Suite à une réunion avec des dirigeants syndicalistes, le président attribuait « les attaques contre dirigeants à la délinquance ».4 1 « Ola de persecución y asesinatos de líderes sociales ». Alainet, 26 mars 2013. http://bit.ly/YRCvWQ 2 « Asesinan a luchador social que dedicó su vida a defender la vida ». Prensa comunitaria, 8 mars 2013. http://bit.ly/ZbwXd7 3 « Demande d’enquête rapide après l’assassinat d’un journaliste du département de Jutiapa ». 22 mars 2013. http://bit.ly/ZF8M5O et « Deuxième assassinat de journaliste dans le département de Jutiapa: le mobile reste à déterminer », 9 avril 2013. http://bit.ly/148mcNk 4 « Pérez atribuye ataques contra líderes a delincuencia ». El Periódico, 26 mars 2013. http://bit.ly/Zbx9sN

Recrutement de volontaires pour des missions d’accompagnement au Guatemala en 2013 Le Collectif Guatemala recrute des volontaires pour des missions d’accompagnement international au Guatemala. Trois postes sont à fournir en 2013 pour des missions de 6 mois. Le volontaire est amené à travailler auprès des témoins des massacres ayant déposé une plainte pour actes de génocide (19811983) qui sont aujourd’hui entendus dans le cadre du premier procès pour crimes de génocide débuté en mars dernier contre le général Ríos Montt et l’ancien responsable des renseignements militaires, Rodríguez Sánchez. Les accompagnateurs sont aussi présents auprès de nombreuses organisations ou activistes menacés du fait de leur travail dans la défense des droits humains. La mission du volontaire consiste à dissuader par sa présence physique les agresseurs potentiels et donc permettre de limiter les menaces et intimidations. Il doit également observer les éventuelles violations des droits de l´Homme et les documenter pour permettre à la structure d´accompagnement de transmettre l´information au niveau national et international afin de dénoncer les éventuelles violations et ainsi de permettre un travail de pression politique si le cas le justifie. Les candidats doivent envoyer une lettre de motivation ainsi qu’un CV à recrutement.collectifguatemala@yahoo.fr avant le 2 mai. Des entretiens seront organisés pour sélectionner ceux qui participeront au Week end d’orientation des 25-26 mai. Plus d’informations sur notre site internet, rubrique « Partez avec le CG » www.collectifguatemala.org/index.php?page=partez_avec_le_cg

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Bloc-notes et agenda Des nouvelles du terrain - Départ de Maxime: Maxime Verdier termine fin avril un engagement de 8 mois avec le Collectif Guatemala dans le projet d'accompagnement international sur le terrain. A partir d'août 2012, Maxime a accompagné les communautés de la région Ixcán, puis s'est intégré à l'équipe mobile, basée à Ciudad de Guatemala. Il observé la plupart des audiences du procès pour génocide, depuis son ouverture le 19 mars. Un grand merci Maxime pour ton engagement et tout ce que tu as apporté au projet, nous te souhaitons un bon retour ! - Rencontre des comités : 9 des 11 comités internationaux qui font partie du Projet ACOGUATE étaient présents au Guatemala la semaine du 18 mars pour l’organisation de cette rencontre qui a lieu tous les 2 ans. Après un échange inédit avec des représentants des organisations accompagnées de plusieurs régions du pays, les représentants des comités ont pu aborder l’actualité du projet, les progrès constatés ainsi que les nouveaux défis avec notamment la criminalisation croissante et la diffamation des défenseurs du territoire. Notre coordinateur siège, Martin, était présent auprès de la coordinatrice terrain, Amandine, et de Vanessa. - Suivi du procès de Ríos Montt depuis le Guatemala: grâce à la présence de nos représentants aux audiences du procès, vous pouvez suivre en direct le déroulement de ce procès historique sur notre site internet (www.collectifguatemala.org). Comptes rendus des témoignages, analyse de la stratégie de la défense, rapports d’experts… Plus de 30 ans après les faits, la parole est enfin donnée aux victimes.

AGENDA Convocation à l’Assemblée Générale, samedi 1er juin 2013, à partir de 10h Lieu: Chez Isabelle Tauty (trésorière), 8 rue du haut Chapelet—78100 Saint Germain-en-Laye Vous êtes cordialement conviés à cette assemblée ouverte. Nous y présenterons, entre autres, le rapport d’activités, le rapport moral, l’approbation des comptes 2012 et procéderons à l’élection du nouveau bureau. Si vous souhaitez mettre en débat un point particulier, vous pouvez nous en faire part dès maintenant par email ou courrier.

Projection « Des dérives de l’art aux dérivés du pétrole » le samedi 27 avril à 16h Dans le cadre du 7ème festival du film engagé à Romagnat, Université populaire et citoyenne du Puy-de-Dôme, salle des fêtes André Raynoird

Week-end de formation à l’Intervention Civile de Paix 6-7 juillet—Paris La section française des Brigades de Paix Internationales (PBIFrance) propose un week-end de formation à l'Intervention Civile de Paix (ICP) et à l'accompagnement des défenseurs des droits de l'Homme pour découvrir les principes de l'ICP et les mandats des différentes organisations de défense des droits de l'Homme sur le terrain, identifier et comprendre les types de mission et expérimenter les dimensions du travail. Cette formation s’adresse à toute personne engagée dans la défense des droits de l'Homme, qu'elle souhaite ou non partir sur le terrain. Elle sera assurée par Cécile Dubernet, formatrice des intervenants à l'ICP depuis 2007 et Justin Scherer, ancien Non-Violence XXI, qui finance depuis de nombreuses années volontaire pour le Collectif Guatemala, aujourd’hui traducteur les activités du Collectif Guatemala, organise une journée pour découvrir et mieux connaître la non-violence. Un stand sera et enseignant à l'Institut Catholique de Paris . organisé autour des volontaires de la paix. Participation demandée : 60€ par personne (deux repas fournis) 15 mai 2013 de 14h à 19h Maison de la Mutualité—24, rue Saint Victor 75005 Paris Inscription : auprès de PBI-France (joindre un acompte de 30€) inscription conseillée sur www.nv-day.org Pour en savoir plus et s’inscrire: pbi.france@free.fr Solidarité Guatemala n°203 avril 2013

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Le Collectif Guatemala Qui sommes-nous ? Fondé en 1979 par des réfugiés guatémaltèques et des militants français, le Collectif Guatemala est une association 1901 de solidarité internationale. Il est composé d’associations et de particuliers, dont une bonne dizaine de membres actifs, sur lesquels repose la vie de l’association. Depuis octobre 2002, l’équipe s’est étoffée avec l’arrivée d’un permanent à mi-temps. Depuis mars 2006, l’association a ouvert un bureau de coordination pour ses activités au Guatemala (accompagnement international et campagne de soutien aux militants luttant contre le pillage de leurs ressources naturelles).

Les activités du Collectif au Guatemala

Les activités du Collectif en France

● L’accompagnement international √ des populations indigènes victimes du conflit armé impliquées dans des procès contre les responsables de violations massives des droits humains, √ des personnes menacées du fait de leurs activités militantes. Comment ? √ à la demande des groupes ou personnes menacées, √ en recherchant et en préparant des volontaires qui resteront au minimum 6 mois sur le terrain. Pourquoi ? √ pour établir une présence dissuasive, √ pour avoir un rôle d'observateur, √ pour relayer l'information.

Les accompagnateurs/trices sont des volontaires majeurs, de tous horizons, désirant s’engager pour une durée minimum de 6 mois. Des sessions d’information et de préparation ont lieu en France avant le départ. Au Guatemala, les accompagnateurs sont intégré au projet international d’accompagnement ACOGUATE. ● L’outil vidéo √ organisation d’ateliers vidéo destinés aux membres d’organisations communautaires pour la réalisation documentaire √ soutien à la diffusion de ces films à la capitale et dans les communautés √ réalisation de film-documentaires comme outil de campagne et de sensibilisation en France

L'appui aux organisations de la société civile guatémaltèque qui luttent pour plus de justice et de démocratie

√ en relayant des dénonciations de violations des droits de l'Homme, √ en organisant des campagnes pour soutenir leurs revendications, √ en recherchant des financements pour soutenir leurs projets, √ en recevant en France et en Europe des représentants de différentes organisations pour leur permettre de rencontrer des décideurs politiques et financiers. ● L’information et la sensibilisation du public français Sur quoi ? √ la situation politique et sociale au Guatemala, √ la situation des droits humains, √ l'action des organisations populaires, indiennes et paysannes. Comment ? √ par la diffusion d’une lettre à l’adhérent bimestrielle, √ par l'organisation ou la participation à des conférences, débats, réunions, projections documentaires √ par des réunions mensuelles ouvertes à toute personne intéressée. ● Le travail en réseau avec différents types de partenaires présents au Guatemala

√ associatifs, √ institutionnels. Contact: collectifguatemala@gmail.com

ADHÉSION / ABONNEMENT Le Collectif Guatemala vous propose plusieurs formules de soutien : 

Adhésion au Collectif, permettant de recevoir la Lettre à l’Adhérent - Solidarité Guatemala

23 €

Adhésion à tarif réduit (étudiants, chômeurs etc. joindre justificatif)

15 €

Don, un soutien supplémentaire pour nos activités

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Total :

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Nom .................................................................. Prénom ................................................................................ Adresse ............................................................................................................................................................. Code Postal ........................................ Ville ..................................................................................................... Téléphone ........................................... Courrier électronique ..........................................................................

□ Je souhaite être informé(e) par e-mail des activités du Collectif Guatemala □ Je souhaite faire partie du Réseau d’alertes urgentes électronique Les dons et cotisations peuvent être déductibles des impôts à hauteur de 66%.

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