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Durant la guerre d’Algérie, le terme « Harki », stricto-sensu, désigne un Algérien ayant servi comme supplétif, c’est-à-dire auxiliaire de l’armée française, dans une « harka » durant le conflit entre 1954 et 1962. Etymologiquement, le terme « harki » (la personne physique) et « harka » (l’unité supplétive) proviennent de la langue arabe. De la racine trilitaire H-R-K, ce terme signifie l’activité, le mouvement (sans aucune connotation politique).

« […] ce qui est à noter – et c’est là une dimension essentielle pour comprendre ces phénomènes – c’est que les harkis ne nourrissaient aucun projet politique, ni pour eux-mêmes ni pour les populations dont ils étaient originaires. Ils n’ont d’ailleurs produit aucune idéologie de la collaboration, sorte de manifeste pour un parti de la France. […] » Mohammed Harbi, historien, ancien dirigeant du FLN, Dire enfin que la guerre est finie, in le Monde, 4 mars 2003

« […] Dans un cas comme dans l’autre, des paysans algériens se trouvent transformés, à leur corps défendant, en « fidèles serviteurs de la France » ou en « traîtres absolus » à la patrie algérienne […] » Benjamin Stora, historien, Histoire de l’Algérie coloniale 1830-1954, Paris, Éditions La Découverte, 2004

« […] Une guerre d’Algérie qui prend dès le départ comme enjeu la population. Autant du côté de l’Armée française que de l’Armée de Libération Nationale (ALN), la population rurale est un objectif à conquérir : de gré ou de force […] S’effectue ainsi un « jeu macabre » de double pression réciproque des deux protagonistes essentiels de cette guerre. La population est au centre de ce cycle infernal, de ce diptyque : attentat / répression. L’Armée française règne le jour, la loi du FLN s’impose la nuit. » Abderahmen Moumen, historien et Fatima Besnaci-Lancou, écrivain, Les harkis, Paris, Le cavalier bleu, Coll. Idées reçues, 2008

« […] Actuellement, les universitaires qui abordent cette question distinguent trois séries de raisons : le patriotisme français lié à la tradition des troupes coloniales (dont tout le monde s’accorde aujourd’hui à dire qu’il ne fut certainement pas un facteur principal), les motifs économiques (souvent présents chez ces paysans pauvres mais dont l’importance relative est difficile à mesurer), et les facteurs propres au conflit, relevant aussi bien des pressions de l’armée française (c’est-à-dire de ses incitations directes au ralliement) que de la réaction aux exactions du FLN. Ce sont ces facteurs propres au conflit qu’on considère aujourd’hui comme l’explication principale de l’engagement des supplétifs. »

© Djamel Chaouaou, © Gabriel Mélikian

François-Xavier Hautreux, historien, Les harkis dans la colonisation et ses suites, Paris, Editions de l’Atelier, 2008, sous la direction de Fatima Besnaci-Lancou et Gilles Manceron

Dans les Aurès, une fille de harki pendant la guerre.

En 1959, près de Palestro, des harkis et des militaires français se font photographier autour d’un drapeau pris au FLN. Cette mise en scène est étonnante.

Quelques raisons qui ont amené à devenir supplétifs de l’armée française : • par conjugaison entre misère sociale, aliénation coloniale et peur ; • suites aux exactions ou à l’assassinat d’un proche par des membres de l’ALN (Armée de libération nationale) ; • par solidarité ou parfois par opposition familiale, clanique ou tribale ; • pour des raisons économiques, en particulier suite aux déplacements des paysans dans les camps de regroupements ; • par enrôlement forcé : être arrêté par l’armée française puis relâché, devenant ainsi suspect aux yeux de l’ALN, et donc condamné à mort ; • par loyauté à la France et à l’armée française pour certains anciens combattants de la seconde guerre mondiale.

1954-1962 Les harkis dans la guerre


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