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Chronologie

1962 13 avril : loi (n° 62-421) fixant les conditions dans lesquelles « les personnes de statut civil de droit local originaires d’Algérie » peuvent continuer à bénéficier de la qualité de Français après l’accession à l’indépendance de ce territoire : contrairement aux « Français de statut civil de droit commun » (d’origine européenne) qui « conservent la nationalité française quelle que soit leur situation au regard de la nationalité algérienne », ils perdent la nationalité française s’ils restent en Algérie. Cette loi recrée une distinction que la constitution de la Ve République avait abolie et est en contradiction avec celle-ci. 23 avril : massacre de 22 supplétifs à Bou Alam, dans le sud oranais. 26 avril : le nouveau Premier ministre Georges Pompidou assure à l’Assemblée nationale que « toutes les dispositions seront prises pour qu’il n’y ait pas de représailles après l’autodétermination en Algérie ».

Avril-juillet : de nombreux supplétifs (et soldats FSNA) rejoignent les maquis de l’ALN avec armes et bagages dans toute l’Algérie. L’effectif des harkis diminue de plus de 70 % en mars et avril, sur les 12 000 restant, seuls 6 % s’engagent dans l’armée et 11 % choisissent un contrat civil. 12 mai : Pierre Messmer interdit toute initiative individuelle pour le rapatriement des harkis. 16 mai : le ministre d’État chargé des Affaires algériennes Louis Joxe annonce le renvoi en Algérie des « supplétifs débarqués en métropole en dehors du plan général de rapatriement » tout en demandant « d’éviter de donner la moindre publicité à cette mesure » (il ne semble pas que cette menace de sanctions ait été suivie d’effet).

18 mai : arrivée à l’aérodrome militaire d’Istres dans les Bouches-du-Rhône du Bachaga Boualam et de membres de sa famille. 22 mai : 4 930 anciens supplétifs et civils menacés, accompagnés de leurs familles demandent à être accueillis en métropole, 1 700 personnes sont regroupées par l’armée française en Algérie. 26 mai : note du ministre des Armées pour la prise en charge des « supplétifs et leurs familles depuis leurs points de regroupement en Algérie jusqu’au camp du Larzac où ils seront rassemblés en attendant leur recasement ultérieur en France ». Ouverture au Larzac du premier camp d’accueil pour les harkis en France. Celui de Bourg-Lastic le sera le 1er juin : le quotidien Combat titre : « En limitant à l’excès leur rapatriement en métropole, le gouvernement livre les harkis aux représailles de l’ALN ».

De nombreux anciens harkis ont été utilisés pour déminer des terres que l'armée française avait parsemées de mines antipersonnel. Le long des 460 kilomètres de frontières avec la Tunisie et des 700 kilomètres de frontières avec le Maroc, lors de la construction, de 1956 à 1959, de la Ligne Morice et de la Ligne Challe – mais aussi dans d’autres secteurs que l’armée française voulait protéger, on estime qu’elle a disséminé onze millions de mines antipersonnel, dont les plans de pose ne seront communiqués par elle à l’Algérie qu’en octobre 2007. Des milliers d’anciens supplétifs ont connu après 1962 une mort tragique alors qu’ils étaient contraints d’effectuer des travaux forcés de déminage.

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1962

L’abandon et les massacres des harkis


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